Développer la médiation culturelle pour les jardins

Comment développer la médiation culturelle pour les jardins ?

L’important à retenir dans cet article :

 Les parcs et jardins constituent, au même titre que les châteaux, une part de notre histoire. C’est un patrimoine qu’il faut protéger et valoriser. 

Dans cet article découvrez :
– Pourquoi mettre en place une médiation dédiée à vos parcs et jardins ;
– Des idées d’activités, d’outils et de supports pour valoriser votre domaine ;
– Comment retirer un profit de cet investissement et communiquer sur votre offre.

Expert arboricole et paysagiste, passionné par le patrimoine, Marc Brillat-Savarin accompagne les propriétaires dans la gestion et la valorisation de leurs parcs et jardins historiques.

Après une première expérience à l’ONF où l’a naturellement conduit sa formation d’ingénieur des eaux et forêts, il souhaite appréhender le végétal sous l’angle du paysage. Il intègre alors la Direction des Parcs et Jardins de la Ville de Paris comme expert arbres, travaillant à la sauvegarde du patrimoine arboré de la capitale et de ses jardins. De retour dans le secteur privé, il crée sa propre structure, BRILLAT SAVARIN PAYSAGES. « Nos parcs et jardins constituent un patrimoine vivant fragile qu’il est essentiel de soigner, restaurer et renouveler, au même titre que la demeure qu’ils agrémentent ». Chacune des missions qu’il conduit, du diagnostic phytosanitaire des arbres à la conception de projets de restauration paysagère, pour le compte de parcs de châteaux renommés, mais également de demeures familiales, est toujours animée par cette conviction forte.

Désirant faire partager au visiteur « l’esprit des lieux », Marc Brillat-Savarin s’implique également dans la création d’outils de médiation à destination du public.


Pour quelles raisons développer une médiation autour des parcs et jardins de son château ?

 Pour apprendre 

Un jardin est un formidable espace de connaissance. Il se trouve en effet au carrefour de multiples disciplines comme la botanique, l’histoire, l’art des jardins ou encore l’écologie. Or, ces thématiques sont généralement peu développées en médiation. Pourtant l’expérience montre qu’elles sont très appréciées des visiteurs. « Quelle est l’origine des noms Camellia ou Magnolia ? », « Comment s’appelle cet arbre au feuillage si lumineux à l’automne ? », « Pourquoi le parc est-il qualifié de pittoresque ? », « Comment cultiver un potager sans herbicide ? ». Autant de questions qui peuvent rejoindre le visiteur dans son propre rapport à la nature. Un rapport qui commence souvent par la culture d’un petit bout de jardin en milieu urbain. Si les échelles spatiales et historiques sont différentes, l’attrait pour la beauté et la richesse des plantes demeure le même.

Pour tisser des liens entre l’histoire de son château et celle de son jardin

Parler d’un parc ou d’un jardin permet également de mieux faire découvrir le patrimoine bâti. L’architecture et l’histoire sont des sciences complexes qui requièrent des connaissances faisant aujourd’hui souvent défaut au sein du grand public, notamment chez les jeunes générations. Il est précieux de pouvoir s’appuyer sur le végétal pour mieux comprendre la pierre, l’un faisant écho à l’autre. 

Par exemple, il peut être passionnant pour le visiteur d’apprendre que l’histoire de l’arbre au pied duquel il se trouve. Ramené d’Amérique par un ancêtre des actuels propriétaires, à son retour d’exil outre-Atlantique après la révolution ! Un lien est alors établi entre la Grande Histoire et une « petite » histoire racontée. Le tout est rattaché au lieu par un marqueur concret comme l’arbre « témoin » observé aujourd’hui. Cette association dans l’esprit du visiteur vaut tous les panneaux explicatifs du monde ! Et la mémorisation est garantie, sans effort. N’est-ce pas la base d’une médiation réussie ?

Pour développer son offre touristique 

 Sur un plan commercial, développer de tels outils permet de transformer une simple visite extérieure, par nature difficile à valoriser économiquement, en une véritable offre touristique. Elle pourra faire l’objet d’une tarification et d’une communication externe. Quel que soit le support, choisi (brochures, réseaux sociaux…), c’est une opportunité d’accroître la notoriété du site. Se différencier en termes d’image est également primordial. Le propriétaire pourra ainsi rentabiliser l’investissement de départ consenti pour créer l’outil, mais aussi autofinancer tout ou partie des coûts d’entretien du parc. Il y a un réel modèle économique à développer, en accompagnement d’une offre plus classique dévolue aux intérieurs.

Quels publics peuvent être intéressés ?

Par nature, la découverte d’un jardin sera susceptible d’intéresser petits et grands. Le tout est de bien adapter la médiation au public visé. Du support ludique pour les enfants et les familles à un outil plus technique et/ou scientifique pour un public averti, en passant par une activité de type « incentive » pour les publics professionnels (séminaire, etc…), tout est possible. 

La réponse aux questions suivantes pourra aider à définir la(les) cible(s) potentielle(s) :
– Quel est actuellement le type de public que je reçois majoritairement ? 
– Est-ce cette clientèle que je souhaite développer ou retenir sur le site par une médiation autour des jardins ?
– Un support en différentes langues est-il nécessaire ?
– Pourrais-je me différencier de l’offre alentour en touchant un public particulier ?
– En cas d’activité hôtelière ou de type « séminaire », suis-je en mesure de proposer des animations originales sur le site ?
– Quel(s) espace(s) puis-je dédier à une activité de médiation : jardin(s), potager, parc, bois,… ?

 Ce travail est essentiel, car un produit « passe-partout », accessible à tous en théorie, peut finalement se révéler déceptif pour tous dans la pratique. Trop facile pour les uns, trop ardu pour les autres, peu adapté à un challenge en équipe, trop long… 

Quelles sont les différentes actions de médiation pouvant être mises en place dans un jardin et un parc ?

Il existe mille façons de transmettre une information à un visiteur, des plus traditionnelles comme les panneaux explicatifs aux plus modernes comme les applications sur tablettes… Cela peut passer aussi par des réalisations concrètes comme un labyrinthe végétal ou encore un jardin des senteurs à base de plantes aromatiques.

Une fois encore, une réflexion préalable permettra de bien définir ses besoins, ses moyens (humains, financiers), le public visé, les capacités d’accueil du site ainsi que les diverses alternatives sur le marché.

Sans constituer une liste exhaustive, voici dix idées qui ont fait leurs preuves, accompagnées de leurs atouts et contraintes :

Ces quelques exemples illustrent la variété des supports possibles. Mais au-delà des moyens matériels et financiers déployés et des outils existants, les questions essentielles doivent être les suivantes. Quel(s) message(s) ai-je envie de faire passer ? Qu’est-ce que je souhaite que les visiteurs retiennent de leur venue dans mon parc ou mon jardin ? La question du support est secondaire. Elle se trouvera d’ailleurs souvent éclairée par la justesse de la réflexion sur le message.

Par expérience, un autre point nous apparaît important à souligner : celui de l’équilibre à trouver entre l’intérêt du visiteur pour les lieux exposés et le support lui-même.Autrement dit, la sophistication du support peut nuire dans certains cas à l’expérience vécue par le visiteur, en cela qu’il accapare l’attention, au détriment de l’observation du paysage, des plantes, de la nature, … À ce titre, les outils numériques doivent être à notre sens maniés avec prudence : la lecture d’un écran ne doit jamais se substituer au regard porté sur la réalité des choses. L’« esprit des lieux » qui se cache dans un jardin ou un bosquet ne pourra jamais être enfermé derrière un écran ou fixé sur un panneau !

À qui peut-on faire appel pour réaliser ces actions de médiation ?

La conception puis la mise en œuvre d’un projet de médiation autour d’un jardin requièrent différentes compétences complémentaires, rarement réunies dans une seule et même main.
Pour simplifier, nous pouvons séparer la partie « conception » de la partie « fabrication »,qu’il s’agisse d’un support réel ou virtuel. 

L’étape initiale de conception comprendra :
– La fourniture de contenu (historique du jardin, inventaire des végétaux…) ;
– La réflexion sur l’outil le plus adapté à la médiation et une fois celui-ci trouvé ;
– La scénarisation de l’activité (conception d’une chasse au trésor ou d’une application interactive avec son « game play » par exemple). 

L’idéal est de se tourner vers des professionnels impliqués tout à la fois dans le monde des jardins et celui de la valorisation à destination du public. Il n’existe pas de profil type. Dans notre cas par exemple, la passion des jardins se conjugue à un intérêt personnel marqué pour l’écriture et la scénarisation d’activités d’extérieur (parcours, jeux de piste, …). L’apport de connaissances techniques et historiques dans les outils créés se fait ainsi naturellement. Il est également possible de solliciter des professionnels de l’ingénierie touristique (Tams Consultant, …), de la scénographie ou encore de l’éducation à l’environnement (LPOCPIE, …).

Dans un second temps, la création de l’outil lui-même peut nécessiter le recours à des spécialistes dans les domaines suivants :
– Infographie pour le dessin, la mise en page ;
– Reprographie ;
– Signalétique : support (bois, trespa, forex, …), impression (sérigraphie, gravure, adhésif, …) ;
– Éditeur d’applications interactives (Furet Company, …) ou de « visites augmentées » (Histovery, …) ;
– Associations (troupe de théâtre, amateurs de jardins, …). 
Enfin, certaines sociétés comme Château des Énigmese peuvent fournir des outils « clé en main », prenant en charge le projet de A à Z.

À quel prix ?

L’investissement à consentir est naturellement fonction du projet et donc difficile à estimer a priori. Rappelons cependant qu’un produit existant qui sera simplement déployé dans votre jardin par un professionnel sera beaucoup moins coûteux qu’un produit créé de toute pièce et donc par définition unique. L’originalité, si elle est souhaitée, aura bien entendu un prix !

De manière générale, il faudra compter autour de 1500 euros pour un support simple (type parcours de reconnaissance des végétaux, …) à plusieurs milliers d’euros pour l’équipement du site en panneaux explicatifs. Quant au déploiement d’un support numérique, la facture pourra grimper de 5000 à 50 000 euros, selon la technologie et l’outil choisi.
Mais n’oublions pas que le retour sur investissement pourra être rapide avec la commercialisation de l’activité.

 Comment communiquer autour de ses actions de médiation ?

Il sera primordial de communiquer largement autour du projet de valorisation. Parmi les multiples canaux possibles, en voici quelques-uns qu’il ne faut pas négliger :
– Les offices de tourisme qui pourront orienter les visiteurs vers votre propriété et distribuer vos prospectus
– Les associations départementales et régionales de parcs et jardins
– Les réseaux sociaux avec par exemple une page Facebook spécialement dédiée à l’activité (mise en ligne de photos, d’infos, de teasers…)

Le patrimoine a aujourd’hui le vent en poupe, notamment les parcs et jardins. Alors, forts de ces quelques conseils, n’hésitez pas à vous lancer !  

Pour aller plus loin :

 JARDINS & ESPACES PAYSAGERS D’EXCEPTION – Quelques astuces pour entretenir soi-même son jardin

 EXTERNALISER L’ENTRETIEN DE SON JARDIN REMARQUABLE – Des techniques ancestrales aux techniques modernes

 LES AVANTAGES D’UN JARDIN BIEN ENTRETENU AUTOUR D’UN CHATEAU – Les prix à gagner et les aides à solliciter