Le label de la Fondation du patrimoine : une aide fiscale au petit patrimoine

L’important à retenir dans cet article :

Le label de la fondation du Patrimoine est un dispositif d’aide pour le patrimoine rural et à ce que l’on appelle communément le « petit patrimoine de proximité ». Il s’agit d’une aide dite « passive ». Il permet en effet aux propriétaires de ces monuments, ni inscrits ni classés, de déduire de leur revenus imposables une partie des montants engagés dans les travaux de restauration.

Introduction : Un label unique en son genre

Depuis 2000, la Fondation du Patrimoine encore toute jeune, obtient du Ministère de l’Economie et des Finances une habilitation à créer un label octroyant des réductions fiscales. Aujourd’hui encore, elle est aussi la seule fondation à avoir une pareille habilitation. Celle-ci lui a d’ailleurs permis de décerner pas moins de 1365 labels depuis sa création, soit plus de 58 401 000€ de travaux. Le montant moyen des travaux est en effet de 48 106 € par dossier. 

Les avantages liés à l’attribution du label :

– Aide financière de la Fondation correspondant au minimum à 2% des travaux ;

– Avantage fiscal, sous forme de déduction de 50% minimum du montant des travaux du revenu imposable ;

– Mobilisation de mécénat, sous condition et sous forme d’appel aux dons de particuliers et d’entreprises ;

– Aide des collectivités, variable selon les régions.

1. Les critères d’éligibilité

Ces conditions sont définies par les articles 156-I-3° et 156-II-1° ter du Code Général des Impôts. L’instruction fiscale 5 B-5-05 du Bulletin Officiel régissant le dispositif du Label est disponible sur simple demande.

Le label a pour but de favoriser la conservation et la mise en valeur d’immeubles particulièrement caractéristiques du patrimoine mais aussi de l’architecture locale. 


Il peut être délivré à des « propriétaires privés, à des personnes physiques ou à des sociétés transparentes » (de type SCI, SNC, GFR…), souhaitant réaliser des travaux de réhabilitation d’un immeuble non protégé au titre des monuments historiques. Le label reconnait l’intérêt patrimonial d’un immeuble privé, bati ou non-bati (parcs et jardins), répondant à l’un ou plusieurs des critères suivants :

– Situé dans les zones rurales, bourgs et petites villes de moins de 20 000 habitants. Cette caractéristique est une nouveauté du label, qui se limitait avant aux communes de moins de 2 000 habitants ;

– Localisé dans un Site Patrimonial Remarquable (SPR) ; 

– Situé en site classé au titre du code de l’environnement.

En dehors de ces zones, le label se destine aussi aux immeubles non-habitables caractéristiques du patrimoine rural, ce qu’on classifie en « petit patrimoine » : pigeonnier, lavoir, four à pain, chapelle, etc.


Le label s’applique à un programme de travaux réalisés sur l’extérieur du bâtiment et visibles de la voie publique
 ayant reçu un avis favorable de l’Architecte des Bâtiments de France : toitures (couvertures et charpentes), façades, huisseries, menuiseries extérieures, etc. 

Nota Bene : pour que le label soit attribué, il est impératif que les travaux n’aient pas encore débutés.

attention

Les travaux d’intérieurs ne sont normalement pas éligibles sauf dans le cas d’immeubles non-habitables. Dans ce cas, les propriétaires s’engagent à les rendre accessibles au public. 

Les étapes pour obtenir le label
  1. Obtention du ou des devis
  2. Obtention de la validation de l’ABF ou d’un avis favorable
  3. Constitution d’un dossier de demande de label à faire parvenir en suite au délégué régional de la Fondation

Il convient de solliciter la fondation au lancement du projet, après l’obtention du ou des devis, mais impérativement avant le lancement des travaux. 

En outre, le label est valable pendant 5 ans, ce qui correspond à la durée laissée aux propriétaires pour entreprendre les travaux à l’occasion desquels la fondation a été sollicitée.

2. Le fonctionnement du Label – Fiscalité et contreparties

Le label se décline en deux versions :
– Celle dédiée aux propriétaires non imposables : aide financière active
– Celle décernée aux propriétaires imposables : aide financière passive

Le label dédié aux propriétaires non imposables


Sont concernés : les propriétaires non imposables ou dont l’impôt sur le revenu est inférieur à 1300€ (avant l’application des déductions, réductions ou crédits d’impôt). Le label leur permet donc d’obtenir de la Fondation du Patrimoine une aide financière directe au lieu d’une déduction fiscale.

Le label dédié aux propriétaires imposables


Pour ces propriétaires, le label permet de bénéficier de déductions fiscales :
Si l’immeuble ne génère aucun revenu (généralement des propriétés principales ou secondaires), déduction sur leur revenu global de :
50% du montant TTC des travaux de restauration ;
100% du montant TTC des travaux de restauration s’ils ont été financés à auteur d’au moins 20% par des subventions publiques ou par la Fondation du Patrimoine

Si l’immeuble est loué nu et génère des revenus fonciers, déduction de leurs revenus fonciers : 100% du montant TTC des travaux de restauration, avec report du déficit éventuel sur le revenu global pendant les 5 ans et sans limitation de montant.

En contrepartie de ces avantages fiscaux, le dispositif n’est d’ailleurs pas particulièrement intrusif.

Liberté dans le choix des entreprises. Les propriétaires peuvent choisir librement les entrepreneurs qui réaliseront les travaux. Ils doivent néanmoins respecter les potentielles prescriptions de l’ABF. 
Ouverture au public non obligatoire. La labellisation du monument n’implique pas de l’ouvrir au public. En revanche, l’édifice, ou du moins une de ses façades principales doit, être visible depuis la voie publique. C’est-à-dire une route, un chemin de randonnée, un chemin de fer, une voie fluviale ou encore une autoroute. 

A vous de jouer ! Si vous avez d’autres questions, n’hésitez pas à nous écrire : contact@hephata.fr

Pour aller plus loin

Le guide du Label

Protéger un monument – MH ou ISMH ?

Les règles des abords de monuments historiques

Restaurer un château et sa chapelle : la méthode. Hephata a interviewé Bruno Lestrat, president de l’Association de Sauvegarde du Patrimoine de l’Aisne Meridionale

L’important à retenir dans cet article :

Préserver le patrimoine ? Volontiers ! Participer à la restauration du monument ? Volontiers ! Valoriser les savoir-faire locaux ancestraux ? Cela n’est pas réservé au château de Guédelon ! Pour beaucoup, cette association du patrimoine et des savoir-faire est devenue une action prioritaire. Quelques clés pour se lancer.
L’Association de Sauvegarde du Patrimoine de l’Aisne Méridionale intervient sur la conservation et l’animation de deux monuments classés : le château et l’église de Berzy-le-Sec, dans l’Aisne. Il s’agit d’une action de « préservation de patrimoine » à travers l’organisation de chantiers internationaux de bénévoles. Le chantier a débuté en 1998, et l’Association fête ses 20 ans cette année.
Bruno Lestrat président de l’ASPM raconte comment le château et l’église servent de support à une transmission de savoir-faire, et une conservation d’un patrimoine médiéval.

En préambule…

La restauration du château et de la chapelle permet de valoriser et de transmettre le savoir-faire technique et traditionnel de l’époque médiévale.

La transmission des métiers artisanaux privilégie le contact entre la matière et le geste.L’intervention d’engins mécanisés n’est pas souhaitée, afin de rester en adéquation avec le monument, par exemple retailler la pierre à la main, tailler le bois à la hache pour la charpente…

L’association va jusqu’à fabriquer au sein du chantier les matériaux dont elle a besoin pour la préservation du monument. Par exemple, le toit de la chapelle est en restauration et pour retrouver le panel de couleurs disparues des tuiles, elles sont fabriquées à la main et cuite au feu de bois dans un four de tuilier construit pour l’occasion.

Comment se déroule la restauration du château ? Quelles sont les différentes étapes ?

Il y a plusieurs étapes pour restaurer un beau patrimoine :

1ère étape

Établir un lien juridique entre l’association et le propriétaire sous forme d’une convention, d’un bail… En effet, l’association n’est pas propriétaire du monument et il est nécessaire de constituer un ou plusieurs contrats afin de sécuriser l’opération et définir le rôle de chacun.

2ème étape

Si l’intervention porte sur un monument protégé (classé MH ou inscrit), certaines règles doivent être respectées, notamment la réalisation d’études afin de définir un projet de programme de travaux à effectuer pour la restauration : 
o Une étude préalable à la restauration, c’est-à-dire un diagnostic, une analyse de la problématique qui se trouve dans le monument, 
o Une étude archéologique et historique du château. 

3ème étape

La connaissance des « maux » établie, il faut dresser les priorités dans l’intervention et les techniques qui seront appropriées. Tout cela en concertation avec les autorités compétentes (DRAC, Architectes des Bâtiments de France…) si le monument est protégé.

4ème étape

Les travaux déterminés, il convient d’en assurer le financement (voir comment monter un bon dossier de financement et quels financements conviennent à quels types de projets).

5ème tape

Ensuite, nous entamons les travaux. S’agissant d’un chantier de bénévoles, il nous faut au minimum un encadrant technique afin qu’il puisse transmettre ses connaissances, sur un savoir-faire particulier, aux gens qui n’en connaissent pas les rudiments.

6ème étape

Établissement d’un calendrier prévoyant les différentes phases de travaux de restauration, avec les financements dédiés…

Sur un chantier, il est possible de voir travailler ensemble entre 2 à 10 corps de métiers différents (forgeron, céramiste, menuisier…). On retrouve cet échange qu’il y avait entre les artisans à l’époque médiévale !

Il est intéressant de rencontrer les mêmes problématiques qu’à l’époque, bien qu’aujourd’hui, nous profitons de meilleures conditions de sécurité (échafaudages par exemple) et d’un temps disponible plus important.

Dans le cadre de l’association, le but est la préservation et la restauration du patrimoine. Nous n’avons ni les contraintes de rentabilité, ni les contraintes d’échéance, que les entreprises rencontrent. La seule véritable contrainte est celle dictée par l’état du monument, les risques d’effondrements… qui peuvent d’ailleurs nécessiter une intervention rapide et efficace.

Comment financez–vous ce chantier ?

Nous sommes un chantier international de bénévoles. Malgré la présence de personnes qui donnent gracieusement de leur temps, nous nous sommes entourés de partenaires pour soutenir le projet, en menant une politique de financements croisés. Cette stratégie nous a permis de collecter des fonds pour réaliser les travaux :
– Les collectivités territoriales : commune, département et région,
– Les services de l’Etat : les DRAC pour l’achat des matériaux, le paiement des artisans ; la Direction Régionale de la Jeunesse et des Sports pour l’aspect animation, éducation populaire et jeunesse…,
– La Fondation du Patrimoine pour la transmission des savoir-faire techniques traditionnels liés à la conservation du patrimoine… Il s’agit d’un financement qui participe à la préservation de ce patrimoine immatériel menacé parfois de disparition.
– Les opérations de formation : nos chantiers servent également de support à des stages de formation liés aux métiers du patrimoine. Les financements levés contribuent à la sauvegarde de nos monuments.
– Les souscriptions : nous sollicitons directement le public, grâce à notre partenariat avec la Fondation du Patrimoine. 
– La participation des bénévoles : ces derniers règlent auprès de l’association des frais d’inscription dont le montant est variable selon la nature et la durée du chantier choisi.

Comment avez-vous convaincu les personnes de l’association de vous suivre dans cette voie ? Quel est le projet que vous leur aviez proposé ?

La présentation s’est réalisée en plusieurs étapes :

Dans un premier temps, la restauration était réduite à des actions simples. 

Elle était ouverte aux habitants du village et aux amis. C’était donc une occasion de se retrouver autour d’un projet commun.

Progressivement, les interventions sont devenues plus techniques

Il a fallu structurer nos chantiers, se former et s’entourer de professionnels dans l’encadrement de certains de nos ateliers,… et le recrutement des bénévoles s’est élargi en conséquence.

Ensuite, nous nous sommes rattachés à l’Union Rempart

Intégré au sein du réseau, nous avons pu communiquer sur l’existence de notre chantier et de notre besoin croissant de bénévole. Le réseau Rempart nous a ainsi permis d’attirer de nouveaux volontaires et de bénéficier de précieux conseils !

Au fur et à mesure, nous avons élargi le cercle des recrutements, jusqu’à l’international (brésiliens, israéliens, chiliens…) !

Nous avons lié des partenariats internationaux, comme par exemple ICOMOS Israël, toujours par le biais d’Union Rempart. 

Aujourd’hui, l’ampleur des travaux s’est accrue et diversifiée

Grâce notamment à la relation de confiance qui s’est créée entre l’association et les services de l’Etat en charge de la surveillance des opérations.

Ainsi, plus notre champ d’action s’ouvre, plus les activités sont multiples et attirent davantage de bénévoles. Cette progressivité permet de fidéliser un public de plus en plus nombreux tout en préservant l’ambiance de départ.

Le nombre de personnes évolue régulièrement : au cours de l’année 2017, nous avons accueilli plus de 500 bénévoles répartis sur 65 sessions et 22 thématiques différentes (bois, pierre, vitrail…).

Néanmoins, nous n’y travaillons pas toute l’année, l’hiver n’étant pas propice aux travaux. Ces derniers se déroulent du printemps à l’automne et nous profitons du reste de l’année pour rédiger nos demandes de subvention, faire nos compte-rendus, nos bilans, nos études préalables, nos commandes de matériels, nos ajustements liés aux financements,… Il s’agit d’une phase de préparation et de recherche d’encadrants indispensables qui s’inscrit dans un mouvement perpétuel.

Quelle est votre journée type heure par heure ?

Nous dormons tous sur place, soit en campement, soit chez l’habitant, dans un gîte, en caravane…

Il y a un échange singulier entre les volontaires qui participent à la conservation de ce patrimoine et les habitants qui profitent de celui-ci. L’existence de cette relation entre acteurs et spectateurs de la sauvegarde du patrimoine crée une véritable émulation autour de ce projet.

Étiez-vous formé à lancer un tel chantier ?

Au départ, je n’étais pas du tout formé. A travers mes études autour de la conservation du patrimoine historique, je connaissais les protocoles d’intervention et le volet administratif sur les Monuments Historiques. Cependant, l’aspect pratique et technique de la restauration m’était inconnu, j’ai pu l’apprendre en participant à d’autres chantiers de bénévoles et en côtoyant les professionnels des métiers du patrimoine.

Fort de ces expériences, j’ai pu assurer un encadrement des chantiers de manière plus adaptée. Toutefois, rien n’est figé et l’apprentissage demeure riche et permanent. Ce qui est intéressant c’est l’apprentissage permanent du savoir-faire.

Avez-vous retrouvé des archives concernant le château et pouvant vous aider à la restauration ? Par qui êtes-vous accompagnés ?

Nous avons déjà retrouvé de nombreuses archives et nous continuons à le faire. Nous avons la chance de disposer d’une documentation assez riche : des photographies, des écrits, des témoignages d’architectes ou de personnes qui ont travaillé ou vécu sur place, des découvertes archéologiques… La mise en place d’une session « Relevé & archéologie du bâti » a permis à l’association de dresser les plans des monuments, de dresser des relevés « pierre à pierre » des élévations, d’obtenir des informations sur l’histoire de la construction du monument. Nous entourer de techniciens et d’historiens permet donc de véritablement approcher l’histoire de ce patrimoine.

Mais, à présent, nous ne pouvons plus nous contenter d’une étude historique. Nous faisons appel à des spécialistes des matériaux, des archéologues, des artisans… Le champ d’action doit être le plus large et le plus ouvert possible. A travers nos interventions, nous entrons dans l’intimité du bâtiment pour mieux apprécier les différentes techniques utilisées dans sa construction, savoir lire et interpréter les traces d’outils laissées par les « oeuvriers » de chaque époque. … L’archéologie du bâti constitue aujourd’hui une source historique à part entière. L’approche de l’homme et de la matière constitue, en effet, à mon sens une problématique importante dans l’étude d’un monument et de l’art de le bâtir. 

Chacun de nos ateliers, par l’apprentissage des techniques d’autrefois, apporte également des informations très précieuses. L’archéologie expérimentale ainsi pratiquée complète nos chantiers de fouilles archéologiques plus traditionnelles. 

Au delà de la consultation d’archives, de monographies…, les sources historiques apparaissent désormais plus riches que celles que j’ai pu imaginer lors de la création de l’association.

Quelles difficultés et quelles joies avez-vous ? Une anecdote à raconter…

Les difficultés essentielles que nous rencontrons sont inhérentes à : 

– L’accueil de 20 à 80 personnes qui vont vivre ensemble de quelques jours à plusieurs semaines, et la fédération de toutes ces énergies autour du projet commun. 

– La formation des personnes qui ne sont pas du métier, afin qu’elles puissent apporter leur part dans la restauration du bâtiment.

Nous devons à la fois canaliser, fédérer, et transmettre un savoir faire. Mais aussi répondre à leurs attentes, car ils donnent de leur temps : comprendre des métiers, découvrir une région, apprendre une langue… Tout faire pour leur donner envie de revenir.

Evidemment, il y a énormément d’anecdotes, par exemple un moment magnifique : un couple d’israéliens qui étaient venus en voyage de noces sur le chantier.

Il y a un brassage des cultures extraordinaire ! Il va jusqu’au partage de la gastronomie. En effet, chaque jour, des bénévoles s’occupent du repas et nous pouvons déjeuner un jour espagnol, le lendemain bourguignon, le surlendemain brésilien…

Quels sont les résultats ? Combien de temps cela a t’il pris ?

Depuis 1998, nous travaillons dans la sauvegarde du château mais aussi de l’église de ce village. Actuellement, nous achevons une phase de travaux sur la restauration de la façade sud du château, qui combine d’ailleurs plusieurs corps de métiers (charpente, menuiserie, vitrail, taille de pierre, forge…).

Cette campagne a commencé il y a 4 ou 5 ans et sera vraisemblablement finie au terme de l’année 2018-2019. Chaque phase de travaux terminée constitue donc un résultat important dans la préservation de notre patrimoine, chaque étape compte.

Quelles sont les retombées économiques d’un tel projet ?

Nous privilégions les circuits courts : approvisionner les matériaux et les vivres en local. Une dynamique économique se met donc en place et un impact local direct est établi.

Nous accueillons les visiteurs pour découvrir ce que nous proposons. Naturellement, ils consomment sur place….
Quoique modeste, notre impact est réel, en plus de celui de faire découvrir la région.
 A présent, les personnes nous contactent pour voir s’il est possible de venir, de faire des visites guidées mais aussi d’organiser des ateliers pour enfants… Nos actions contribuent à valoriser notre belle région si méconnue.

Quelles clés donneriez-vous à un propriétaire désirant restaurer son château à l’aide de chantiers participatifs ?

Quelques conseils :

– Prendre soin de définir un cadre juridique sain, de soigner le périmètre d’intervention de chacun des acteurs (qui fait quoi et pourquoi…).

– Définir les moyens d’action, les supports à utiliser pour restaurer son monument :
o soit je fais appel à des professionnels qui vont facturer leur intervention ; 
o soit créer un chantier de bénévoles qui permettra une interaction entre le public, les artisans, l’administration, le propriétaire….

– Ne pas négliger l’importance de l’énergie à consacrer, notamment lorsque le projet est de taille significative. En effet, animer et conserver un monument : c’est le travail d’une vie ! strong>Il faut réellement en prendre conscience dès le départ, car cela occupe une grande partie de son temps.

Une fois que les personnes savent tout cela, il faut se lancer !

Il est donc urgent d’agir pour la sauvegarde de notre patrimoine sous toutes ses formes et le transmettre aux générations futures dans les meilleures conditions possibles !

Pour aller plus loin

Les chantiers participatifs au service du patrimoine

Le Crowdfunding : un nouvel outil de financement

Trouver un financement

Quelles associations autour des monuments historiques ? Hephata partage son interview de la Fondation du Patrimoine pour répondre à cette question.

L’important à retenir dans cet article :

La création d’une association loi 1901 est très répandue dans le secteur du patrimoine culturel, et notamment dans le cadre de la gestion de monuments historiques. Sa mise en place n’est pas très contraignante. Elle peut être utile pour gérer des activités ou organiser des chantiers. En outre, elle peut servir à accueillir des visites, simplement s’entourer ou encore financer ses projets de restauration.

La création d’une association est aussi une occasion de partager une passion commune avec d’autres personnes autour d’un même projet. 

Quelles associations autour des monuments historiques ? Julien Guinhut, Directeur de la Communication de la Fondation du Patrimoine, nous permet de bien comprendre les différents modèles d’associations existants et leurs rôles spécifiques. Hephata précise les points d’attention, notamment concernant le développement d’activités commerciales.

La mission de la Fondation du Patrimoine 

La Fondation du Patrimoine  mène différentes actions autour du patrimoine historique. Son objectif est de restaurer et de valoriser, notamment en accompagnant les propriétaires publics ou privés, dont font partie bon nombre d’associations, dans leurs projets de financement.  

La finalité de la Fondation du Patrimoine est la valorisation du patrimoine souligne Julien Guinhut, sous des formes différentes. En tant qu’expert dans le domaine associatif, le Directeur de la Communication offre des pistes pour ceux qui souhaiteraient s’y aventurer.

Qu’est-ce qu’une association ? 

Les associations sont régies et définies par la loi du 1er juillet 1901 : 
 « L’association est la convention par laquelle deux ou plusieurs personnes mettent en commun d’une façon permanente, leurs connaissances ou leur activité dans un but autre que de partager des bénéfices. » 

Attention : Une association est nécessairement à but non lucratif. Autrement dit, si vous souhaitez créer une structure dans le but d’en tirer des bénéfices, il s’agira de s’orienter plutôt vers un statut d’entreprise.

Quels sont les différents modèles d’associations ?

Il existe les associations non déclarées et les associations déclarées. 

1. L’association non déclarée

Julien Guinhut constate que de nombreuses associations du patrimoine ne sont pas déclarées. Il prévient que l’absence de déclaration revient à n’avoir aucun droit. Autrement dit, « si l’association non déclarée « existe » c’est parce qu’elle répond à la définition d’une association. Juridiquement elle est pourtant nulle ».

L’association non déclarée, ou de fait, aussi appelée « collectif », est un groupe qui n’a pas procédé aux formalités de déclaration. Pour autant, elle reste parfaitement légale. En revanche, elle n’est titulaire d’aucun droit car elle ne dispose pas de personne morale. Une association non déclarée peut suffire si l’objet ou le projet ne requiert pas de relations avec des personnes tierces. 

2. L’association déclarée

Déclarer son association lui confère un statut juridique. Cela permet d’avoir accès à de multiples droits, mais aussi, à des obligations. 

Les associations déclarées se distinguent en 3 catégories.

Les associations loi 1901 « classiques »

Une association est « classique » si elle concerne un cercle restreint de personnes. Autrement dit, si son objet ou son accès est « fermé » et qu’il ne sert que les intérêts personnels de ses membres. 
 Par exemple : l’association des anciens propriétaires du château de Tartuffle. Son objet est de réunir mensuellement des personnes qui ont réalisé des actions autour du château pour partager et s’informer de nouvelles actualités

Par ailleurs, une association sera également caractérisée de « classique » si elle pratique des activités commerciales qui lui permettent de dégager plus de 61 145€ de recette par an. Pour en savoir plus

L’association d’intérêt général

Une association est considérée d’intérêt général si elle a un caractère philanthropique, éducatif, scientifique, social, humanitaire, sportif, familial ou culturel. 

Si elle concourra à la mise en valeur du patrimoine artistique, à la défense de l’environnement naturel ou à la diffusion de la culture, de la langue et des connaissances scientifiques françaises, il s’agit également d’une association d’intérêt général.

En outre, rentre aussi dans cette catégorie, l’association qui répond à trois critères précis :  
1) L’association n’agit pas au profit d’un cercle restreint de personnes. L’action de l’organisme doit pouvoir bénéficier à toute personne désirant y adhérer.
2) Elle a une gestion désintéressée
3) Elle pratique une activité non-lucrative

 Par exemple : L’association pour la Renaissance du Château de Portes (RCP). « Cette association a pour but de mettre en œuvre, soit directement soit indirectement, tout moyen juridique, technique ou intellectuel pour l’organisation de chantiers ayant pour objet la sauvegarde, la réhabilitation et l’entretien du château de Portes ainsi que d’assurer son utilisation dans un but culturel et d’intérêt général. L’association peut aussi exercer ce but sur d’autres monuments et autres lieux que le château selon la demande qui lui est faite. » 

Julien Guinhut précise qu’en cas de moindre doute sur la bonne attribution du caractère « intérêt général », depuis la loi du 1er août 2003 il existe une procédure dite « du rescrit » qui permet d’interroger l’administration fiscale à propos de la situation particulière de l’association :

« Un organisme d’intérêt général peut donc s’assurer auprès de l’administration fiscale qu’il a bien cette qualité par la procédure du rescrit fiscal.
Pour cela, ils doivent faire la demande selon un modèle de lettre définie réglementairement, en courrier recommandé avec accusé de réception, à la direction départementale des finances publiques de leur siège »
.

L’association reconnue d’utilité publique

Le monde associatif perçoit cette reconnaissance d’utilité publique comme un label conférant à l’association une légitimité particulière dans son domaine d’action. 

Pour Julien Guinhut : « la reconnaissance d’utilité publique est décrétée, absolue, et juridique. C’est une image qui est claire pour les gens et qui rassurent donc les propriétaires et les mécènes ». 
La reconnaissance d’utilité publique n’est pas automatique. C’est le Conseil d’État qui décide par décret. En outre, la demande se fait à partir d’un dossier adressé par courrier au ministère de l’intérieur (Bureau des associations et des fondations – Ministère en charge de l’intérieur). 

Attention : l’association s’engage, en contrepartie, à accepter toutes les contraintes et tous les contrôles imposés par l’administration. Mais, il y a certains avantages… En effet, par exemple, concernant les subventions publiques, le statut de l’association peut avoir un impact. 

Pour Julien Guinhut, « plus le statut de l’association est difficile à obtenir, plus en réalité, l’association semble mériter des subventions ».

Mais, dans la pratique, le dispositif ne concerne que les organisations à vocation nationale. 

Quelle gestion pour les associations ayant des activités commerciales ? 

Une association peut pratiquer des activités commerciales générant des revenus tant qu’elles servent l’objet non lucratif de l’association. Au contraire, il peut être intéressant pour cette dernière de développer une activité lucrative. 

En réalité, pour Julien Guinhut, tout dépend de l’objet de l’association et du choix de stratégie que l’association adopte :
« Pour les petites associations, il vaut mieux ne pas avoir d’activités lucratives pour ne pas être imposé mais pour d’autres, il peut être intéressant de faire des calculs… Il est parfois plus intéressant de développer une activité commerciale et de payer des taxes, plutôt que de ne rien faire du tout !

Il faut aussi tenir compte de la différence entre les bénéfices commerciaux et ceux considérés comme non commerciaux. Les recettes qui ne sont pas
commerciales (billets de visites, etc.) ne sont donc pas soumises aux impôts, contrairement aux recettes commerciales (produits dérivés, etc.). »

Comment distinguer les activités qui sont « lucratives » de celles qui ne le sont pas ?

Une activité sera considérée comme lucrative si elle a un caractère « intéressé », et notamment si elle concurrence des entreprises commerciales. Au contraire, les spectacles, produits dérivés sont des revenus qui servent l’objet non lucratif. 

Un moyen de savoir si l’on exerce une activité lucrative ou non est d’appliquer la règle des 4P. Tout d’abord, le produit ne doit pas rentrer dans le marché concurrentiel, ou peu. Puis, le public ne doit pas être trop large. Ensuite, il faut que le prix soit raisonnable. Enfin la publicité, doit être inexistante (sauf campagne d’appel aux dons).

Qu’en est-il des activités lucratives telles que les chambres d’hôtes, l’organisation de réceptions, l’exposition de galeries… ? 
Julien Guinhut affirme qu’une telle activité lucrative peut effectivement « poser problème quant à la reconnaissance du caractère d’utilité publique ou d’intérêt général », en particulier si on ne respecte pas les critères précédents.  

Point sur les impôts et la TVA


Les associations bénéficient d’une franchise d’impôts et de TVA sous trois conditions cumulatives. L’association doit avoir une gestion désintéressée. Ensuite, les activités non lucratives doivent être largement dominantes. Enfin, le montant des recettes provenant des activités lucratives ne doit pas excéder 61 145 € *(par organisme et par année civile).

*Attention le seuil de 61 145 € pour bénéficier d’une franchise d’impôts et de TVA concerne l’année 2016. Le seuil peut évoluer chaque année. Celui de 2020 est de 72 000 €.

Six fois par an maximum, toute association a d’ailleurs le droit de percevoir des recettes commerciales sur des activités de bienfaisance. Ces recettes ne sont pas prises en compte dans le calcul des 61 145€.

Il existe des exceptions fiscales pour certaines associations : les associations qui aident les personnes défavorisées, les associations dont la mission principale est la représentation de spectacle, et les associations autour d’une galerie d’art contemporain, ne se voient pas imposer la TVA. 

L’article « Quelles associations autour des monuments historiques ? » Les associations des monuments : interview de la Fondation du Patrimoine » permet de mieux comprendre les différents types d’associations qui existent autour des monuments historiques.

Pour aller plus loin

Association pour la sauvegarde d’un château

Créer une association pour son château

Les acteurs du patrimoine : conseil, sensibilisation et lobbying

Signalétique et orientation du public dans un monument – quelles actions mener ?

L’important à retenir dans cet article :

Accueillir du public dans un monument historique ou dans des jardins n’est pas une simple affaire. Eviter les dérapages, les entrées dans les espaces dangereux ou privés, guider vers les points de vue qui ont de l’intérêt, mener une visite… ces éléments se préparent avec soin, et l’efficacité de l’accueil repose en partie sur la signalétique. 

En tant que designer diplômé en Art Graphique et option signalétique en dernière année, Antoine de Saboulin – freelance depuis 5 ans et directeur artistique de start-up à ses heures – accompagne les établissements dans la réalisation d’identités visuelles, de logos… et de leur signalétique.

Il nous donne quelques clés d’expert pour bien orienter son public.

Qu’est-ce qu’une « bonne signalétique » ? 

Une bonne signalétique doit répondre à 2 critères principaux : 
– être visible
– être adaptée au lieu et à l’environnement

Pour cela, les codes visuels du lieu sont importants. Par exemple, si la signalétique du métro est vive et colorée pour attirer l’attention, celle du Château de Chambord doit épouser les mêmes styles architecturaux que le domaine, aussi bien que des critères visuels qui évoquent la culture.

Quel type de signalétique installer ? (Fléchage, panneaux de couleurs, typographie…) 

La signalétique est sélectionnée suivant le lieu et le message à véhiculer. 

Par exemple, celle d’une exposition ne sera pas la même que pour orienter son chemin dans le métro, où les couleurs nous indiquent quelles lignes suivre pour se diriger vers la destination souhaitée.

Pour l’exposition, le cheminement sera davantage « littéraire », avec quelques textes, plus lisibles sur un mur uni. Des panneaux doivent pouvoir être installés pour attirer l’œil et être mobiles, pour se fixer n’importe où, là où les besoins de la visite l’imposent.

Avant de commencer à développer la créativité, le designer cherchera à s’imprégner du lieu et vérifier les conditions extérieures… Par exemple, en plein air, la signalétique doit résister au temps et à l’eau. Alors qu’en intérieur elle répondra à d’autres critères, tels que la hauteur du plafond, les couleurs des murs…

Quelles sont les démarches pour bien installer ses indications ?

Il y a plusieurs étapes pour cette démarche.

La phase de compréhension

Les clients qui commandent une signalétique posent dès le début un cahier des charges avec leurs souhaits.

Le designer échange avec le demandeur, qui nous fait part du projet. Si le propriétaire / gestionnaire décide de le faire lui-même, cette étape consistera en la clarification de ses propres besoins, de l’image qu’il veut renvoyer selon la thématique de la visite ou des lieux. Les formaliser sur un papier se révèle souvent indispensable pour éviter toute imprécision…

La phase d’immersion créative

Le designer se rend sur place et s’imprègne de l’identité visuelle du lieu. Accompagné de la personne en charge du projet, il comprend en détail ce qui est attendu, comment est élaboré le cheminement de la signalétique lors du parcours de la visite. 

Il commence alors à hiérarchiser les niveaux d’information : ce qui relève de la visite, ce qui relève du lieu, ce qui relève éventuellement d’autres choses (toilette, buvette, indications liées aux normes ERP…).

Si le propriétaire / décide de le faire lui-même, il doit « jouer le jeu » du parcours. S’il s’agit d’une visite guidée ou orientée, il s’agira pour lui de réaliser le parcours et de formaliser l’ensemble des choses qu’il imagine. S’il s’agit d’orienter des personnes dans un lieu « libre », il pourra être utile de faire évoluer dans les espaces une tierce personne afin de comprendre le cheminement « naturel » à réorienter… 

C’est à ce moment-là que les questions de type « pourquoi ce lieu n’est pas accessible ? Que se cache-t’il ici ? Je vais où juste après ? » ne doivent pas être contournées. 

La « bonne signalétique » s’accompagne d’une « bonne protection » des espaces privés. 

La phase de réalisation simplificatrice


Après la construction des supports, un travail d’épuration est effectué, de traitements des couleurs, de typographie… Le designer choisit parfois des objets pour mettre en mouvement l’espace et la dynamique.

Personnellement, la plupart du temps, j’ai eu la chance de pouvoir exprimer une liberté de créativité totale, mais cela peut dépendre de certains projets. Par exemple, si l’identité du lieu est déjà très forte, comme au château de Versailles, la signalétique possèdera les mêmes codes visuels pour que cela soit cohérent, et il y aura alors un peu moins de liberté créative.

A contrario, si dans un petit château l’identité graphique n’est pas forcément aboutie, il est possible de créer beaucoup d’éléments et de s’amuser : les couleurs, la typographie, le traitement des images…

La plupart du temps les propriétaires désirent des choses nouvelles et innovantes. Et c’est ce qui marche auprès du public !

Deux exemples :
– Lorsque nous rentrons dans le Centre Georges Pompidou, la signalétique est un peu « dans tous les sens » mais les informations sont inscrites en « énorme ». La signalétique est à l’image du Centre qui brasse de nombreuses œuvres et un public très riche. In fine, le tout est homogène et compréhensible : cohérent. C’est ce qui est attendu de la signalétique ! 
– À Montmartre, a contrario, ce sont de petits panneaux à hauteur des yeux, afin de ne pas envahir et gâcher l’architecture intérieure qui est plus « discrète ». Il faut davantage chercher l’information, mais la signalétique n’a pas besoin d’être trop visible, car le touriste y passe peu de temps. Le touriste cherche à « faire un tour dans le bâtiment ».

Y-a-t’il des « trucs » spécifiques à connaitre? Des codes de signalétique ?

Dans l’édition, il existe une mise en page et une hiérarchisation des titres normée : gros titre, sous titre et le texte.

Pour la signalétique, c’est la même chose : il faut la considérer comme une porte d’entrée visuelle afin de savoir quel cheminement emprunter. 
Cela commence avec un grand panneau à l’entrée, comme les gros titres des magazines. Puis cela diminue jusqu’aux petits cartels ou aux brochures de l’exposition. Comme un entonnoir, petit à petit, les tailles se rétrécissent, du global au singulier.

A quoi faut-il faire particulièrement attention lorsqu’on installe sa signalétique à l’intérieur d’un monument ?

La difficulté principale est le budget : la signalétique est importante mais elle doit être fixée dans un budget.

Le but est qu’elle soit évocatrice, visible, « imprégnante » pour le visiteur et qu’elle dure dans le temps. 

Pour trouver les solutions et les bonnes personnes, il faut l’intégrer dans le budget. Par exemple, si le propriétaire cherche un designer en Bretagne, il faudra penser éventuellement aux coûts de transports, et nous devrons faire des choix pour respecter les coûts limites.

Mis à part le budget, il faut prêter particulièrement attention à respecter l’architecture du lieu : cela peut être compliqué selon les bâtiments. Par exemple, si le plafond est trop haut, au lieu d’y fixer des panneaux nous pouvons installer des bandes de couleurs au sol.

Une « bonne signalétique » coûte combien ? Existe-t-il des « astuces » pour limiter les frais ?

Cela dépend du degré d’exigence du porteur de projet !

S’il désire des néons, des volumes suspendus, cela coûte très cher. Sinon il existe déjà des supports de communication, des cadres A4 par exemple, avec une possibilité de renouvellement qui est moins cher.

Pour les budgets intermédiaires, cela peut être de l’adhésif collé sur des supports plats et des murs, mais cela prend beaucoup plus de temps car cela nécessite un travail manuel dans un atelier.

Où la signalétique doit-elle être positionnée dans le lieu de visite ?

Cela dépend du lieu mais surtout du message : de nombreux critères existent, notamment le respect du lieu et du sujet. 

De même, il faut que la typographie « épouse le lieu ». Par exemple, pour une exposition contemporaine, elle sera plutôt fine et géométrique, tandis que pour Montmartre une typographie littéraire, fine, douce… Pour cet espace, il s’agit de respecter le lieu. La signalétique sera alors peu visible au milieu des photographies des touristes.

Quels conseils donneriez-vous à un propriétaire qui désire installer une signalétique efficace ?

Si le propriétaire désire conserver son lieu et ne pas le dénaturer, cela nécessitera une signalétique discrète.

Cependant, s’il préfère mettre en avant des évènements et des activités touristiques, il y a la possibilité de créer des choses plus imposantes et de s’amuser un peu dans la création.

Pour aller plus loin

La réglementation ERP dans les MH

Comment faciliter l’accès d’un monument éloigné ?

Recevoir du public dans les jardins classés

Processus et demande de financement MH et ISMH auprès de la DRAC

L’important à retenir dans cet article :

Le processus de demande de subventions est long et complexe, et il est normal de s’y perdre, que ce soit dans l’ordre des démarches à faire ou dans les interlocuteurs auprès de qui les faire. 
Cet article présente :
– Un schéma explicatif du processus de demande de subvention
– Des notes sur les différents acteurs du processus de demande de subvention
– Les liens vers les sites qui permettent de retrouver « facilement » les bons interlocuteurs

Une aide pouvant prendre plusieurs formes

Avant toute chose, il convient de rappeler ce qu’est une subvention mais aussi en quoi elle consiste. Définie par le Ministère de la Culture et de la communication (source), une subvention est :
– une contribution facultative de l’administration,
– sous forme pécuniaire ou en nature (par exemple, la mise à disposition d’un local), 
– justifiée par un intérêt général
– destinée à la conduite d’une action ou au financement de l’activité du bénéficiaire. Ces actions ou activités sont initiées, définies et mises en œuvre par les bénéficiaires.

Attention : Les Directions Régionales des Affaires Culturelles (DRAC) fournissent une aide technique qui va bien au-delà des seules subventions financières. De manière non-exhaustive, elles peuvent fournir selon les besoins et leurs disponibilités : des conseils, l’appui de leurs compétences, leur expertise et leur soutien financier. 

Bien que ces aides aillent souvent de pair, cet article se concentre sur le dernier point, à savoir le processus de demande de subvention financière. Mais, nous vous encourageons à bénéficier tout autant des bons conseils des experts disponibles que des enveloppes.

Qui est concerné et comment s’y prendre ?

Les monuments protégés, c’est-à-dire classés, inscrits ou détenant le label d’aide au patrimoine décerné par la Fondation au Patrimoine, peuvent être éligibles à des subventions accordées de la part des DRAC. 

Il est possible d’obtenir ces aides substantielles à condition de bien les demander. Il faut également respecter un certain nombre de contreparties ou de conditions spécifiques.

Le processus de demande de subvention peut être complexe et de ce fait les démarches à suivre peuvent paraître parfois contradictoires. Le schéma suivant récapitule un processus de demande de subvention financière dans ses grandes lignes. 

Pour bénéficier d’une subvention, l’opération doit avoir fait l’objet d’une autorisation de travaux ou d’un permis de construire. Elle doit également être inscrite à la programmation de l’année en cours. Enfin, l’opération ne doit pas avoir reçu de commencement d’exécution (les devis ne doivent pas être signés).

Attention : Chaque projet mérite un fonctionnement qui lui est propre. Néanmoins, bon nombre d’entre eux ont globalement suivi le processus suivant.

(1) AMO (Assistant à Maîtrise d’Ouvrage) : a pour mission d’aider le maître d’ouvrage (porteur de projet) à définir, piloter mais aussi réaliser le projet. Il a également un rôle de conseil/assistance, le décideur restant le maître d’ouvrage. Certains AMO travaillent en bureau d’étude.

(2) Bureau d’étude : cabinet d’expertises à caractère scientifique mais aussi technique (état des lieux, conception d’un produit ou l’organisation d’un service…).

(3) CRMH (Conservation Régionale des Monuments Historiques) : ce service de la DRAC recense et met à jour l’inventaire de sa région. Il a donc une compétence scientifique et technique. 

(4) Architecte du patrimoine : Diplômé de l’École de Chaillot, c’est un architecte spécialisé dans la restauration, la réhabilitation et l’aménagement des sites patrimoniaux, notamment des bâtiments protégés au titre des Monuments Historiques. 

(5) ACMH (Architecte en Chef des Monuments Historiques) : œuvre à la restauration des monuments historiques classés appartenant à l’État, notamment les cathédrales et les palais nationaux. Seuls des Architectes du patrimoine peuvent, par un concours public, devenir ACMH. 

(6) ABF (Architecte des Bâtiments de France) : appartient au corps des AUE (Architectes et Urbanistes de l’État) ayant choisi l’option « patrimoine ». Il a pour mission d’entretenir et conserver les monuments historiques, qu’ils soient protégés ou non. Il veille également au respect de la qualité de l’habitat (constructions neuves et réhabilitations) aux abords des monuments historiques et dans les autres espaces protégés.

(7) UDAP (Unité Départementale de l’Architecture et du Patrimoine) : est le service où exercent les ABF. Il répond aux directives de la DRAC et du préfet.

(8) DGP (Direction Générale des Patrimoines) : est l’une des quatre principales entités du ministère de la Culture et de la Communication. Elle est elle-même constituée de quatre services consacrés à l’architecture, aux archives de France, aux musées de France et au patrimoine. 

Attention : chaque dossier, chaque projet, chaque DRAC, chaque partie prenante ayant ses spécificités et ses modes de fonctionnement, des actions peuvent différer. N’hésitez donc pas à demander conseil auprès de ces intéressés.

A qui s’adresser et comment ?

Il vous sera nécessaire de contacter la DRAC de votre région. La liste des DRAC ainsi que leurs contacts est disponible sur le site du Ministère de la Culture ici

Le document relatif aux travaux sur les monuments historiques et à la demande de subvention adéquate est le cerfa n°15459*01. Vous pouvez le récupérer ici.

A vous de jouer ! Si vous avez d’autres questions, n’hésitez pas à nous écrire : (contact@hephata.fr)

Pour aller plus loin

Protéger un monument – MH ou ISMH ?

Les règles des abords de monuments historiques

Trouver un financement

La photographie au service des châteaux. Hephata a interrogé Didier Saulnier et Thomas Garnier, des photographes qui rendent hommage aux monuments.

L’important à retenir dans cet article :

 La mise en valeur du patrimoine, c’est aussi une question de « point de vues ». A ce sujet, les photographes jouent un rôle particulièrement important pour rendre hommage aux monuments, leurs jardins et leurs occupants.

A l’occasion de la sortie de l’ouvrage « Les Paradis Secrets de Marie-Antoinette », paru le 2 novembre 2017 en co-édition Albin Michel / château de Versailles – un ouvrage de photographies sur le Hameau de la Reine et le Petit Trianon à Versailles, nous avons interrogé Didier Saulnier et Thomas Garnier. Les 4 photographes du domaine comptent aussi Christophe Fouin et Christian Millet, co-auteurs de l’ouvrage. Ils mettent la photographie au service des châteaux.

Avant d’arriver au château de Versailles, quels parcours avez-vous choisis ?

Didier Saulnier : J’ai un parcours atypique pour un photographe de Versailles : en effet, j’ai commencé en 1979 au Sri Lanka et j’ai ensuite été photographe de presse. J’ai donc été en free-lance quasiment toute ma vie, prenant mes propres décisions pour construire les images.
A une certaine période, le monde a commencé à changer. Et celui que nous connaissions s’est en quelque sorte « terminé » avec la numérisation. Il a fallu trouver une jolie voie pour continuer, et celle-ci a été Versailles.

Thomas Garnier : J’ai commencé au château de Versailles en 2008 en tant que médiateur culturel pendant 3 ans, puis j’ai effectué un Mastère de management dans la culture, l’art et le patrimoine, avec option dans le numérique (graphisme…). Cette formation était donc assez transversale, située entre l’art et la communication.
Je suis ensuite revenu au château en 2011 en tant que photographe et chef de projet audiovisuel, et à présent s’est ajoutée également la fonction de Community Manager.

Quelle est votre façon de travailler autour du château de Versailles, et plus particulièrement dans le cadre de votre ouvrage ?

D. S. : Aujourd’hui, je travaille au sein de la direction de l’information et de la communication du château de Versailles.

Cela demande une implication quotidienne étant donnée la permanence des évènements, des chantiers, des actualités, des personnalités qui s’y rendent… J’y ai vécu des rencontres étonnantes comme avec Bernard Arnault en 2013, ou encore Pierce Brosnan pour une interview réalisée avec l’un de mes collègues !
En parallèle de l’actualité, il y a des travaux de plus longue haleine à suivre. Par exemple, en ce moment, le chantier sur la Chapelle Royale me sollicite beaucoup.

T. G. : De mon côté, je réalise des photographies en début de semaine, où j’effectue des reportages le lundi, jour de fermeture du Château. Le reste de la semaine, je m’occupe d’autres projets au sein du service du développement numérique, par exemple la création de supports audiovisuels, des expériences de réalité virtuelle…

D’une manière générale, il s’agit souvent de photographies « de commande », bien que je puisse avoir des occasions et du temps pour faire d’autres belles photos et de proposer de nouvelles idées créatives.

Dans le cadre du livre « Les Paradis Secrets de Marie-Antoinette » – qui est la suite du premier (« Le Château de Versailles vu par ses photographes ») – nous avions pour but de mettre en valeur des éléments un peu particuliers…

Nous avons voulu montrer « ce que nous ne voyions pas », « ouvrir les portes fermées »… En quelque sorte, faire partager au plus grand nombre le privilège d’être photographe au château, avec l’accès à tous ses secrets et tous les mystères de l’architecture de Versailles.

Nous avions le désir de faire découvrir un point de vue historique, une passion pour le lieu et la photographie. Ce travail fut une belle émulation créative entre nous, chacun avec son œil différent parmi les photographes du château de Versailles.

Photographier des châteaux, c’est un métier particulier… Quelles sont les raisons de votre choix ? Et du choix de Versailles en particulier ?

D. S. : Je souhaitais enrichir mes travaux à côté de la presse et le château de Versailles m’en a donné une belle occasion. Travailler dans un tel endroit est une chance inouïe !

T. G. : En premier lieu, j’aime ce château… ! Versailles a une particularité. C’est un lieu qui s’appréhende à la fois dans l’infiniment grand et à la fois dans l’infiniment petit. Par exemple, nous pouvons observer la galerie des Glaces dans son ensemble mais le moindre détail est travaillé : il n’y a pas de faux semblant !

A Versailles, tout est quasiment parfait. Pour nous, photographes, c’est une source inépuisable de travail car nous trouvons toujours quelque chose à renouveler. 
Dans le livre, c’est exactement ce que nous avons pu pointer : les détails que les visiteurs ne voient pas. Il s’agit d’une relation privilégiée avec les œuvres, et le fait de s’imprégner du travail du sculpteur, de l’ébéniste, du peintre…

Qu’est-ce que la photographie vous inspire ? Quel est votre regard sur le château… ?

D. S. : Il est difficile de répondre, le domaine étant tellement vaste entre les jardins, les bosquets, le parc, le château…

C’est un site que j’affectionne particulièrement depuis toujours : tout petit déjà je m’y baladais avec ma grand mère, je faisais des compétitions de vélos de 7km autour du canal, j’y rencontrais mes premiers amours… Aujourd’hui j’habite à côté !

Ayant longtemps travaillé en Asie, je trouvais cela important de revenir en France à un moment de ma vie : c’était là l’occasion de retrouver mes racines, d’avoir un retour aux sources de mon enfance. La boucle est à présent bouclée !

T. G. : Je pense que je m’attache très particulièrement aux détails : ce que je préfère, c’est mettre en valeur les choses.

J’apprécie également rendre hommage à toutes ces personnes qui ont rendu son image au château, sa perfection : les conservateurs, les restaurateurs, la mise en scène, l’éclairage…

Ce lieu ne laisse pas vraiment de place à l’approximation, nous devons être efficaces, et être précis dans nos photographies.

Quel temps cela prend-il de faire de « bonnes photographies » ? Et d’en constituer un recueil ?

D. S. : J’en prends tous les jours mais cela a pris plus de temps pour le livre que nous avons publié, « Les Paradis secrets de Marie-Antoinette ». Le premier ouvrage de la série, « Le château de Versailles vu par ses photographes » est principalement centré sur le château, celui sur Marie Antoinette – il est magnifique – a demandé un travail de recherche plus important.

Dans ce projet, il y avait la façon habituelle de chacun, pour travailler les images. Christian Millet, au service de Versailles depuis 39 ans, connaissait parfaitement toutes les photographies possibles du château ou presque. 

Nous devions alors compléter et ajuster au mieux les photos pour le livre, sachant qu’il est difficile de faire des choix : les images doivent « se parler », être homogènes entre elles (au niveau des couleurs, des lumières…). Nicolas de Cointet était le chef d’orchestre, pour nous faire jouer, nous, les quatre photographes du livre !

T. G. : Pour le livre, nous avons d’abord été chercher dans nos albums personnels. Par exemple, certaines photographies montrent de la neige à Versailles alors que cela faisait 5 ans qu’il n’avait pas neigé…

Chacun de nous a accumulé des visuels, nous avons procédé à des recherches dans nos archives récentes. Ensuite, il nous a fallu 4 à 5 mois pour ajouter le reste des clichés, et obtenir la cohérence : une vraie visite du château pour le spectateur.

Quels sont vos projets futurs en terme de patrimoine ?

D. S. : Je vais rester au château de Versailles, car il y a tellement de choses à y voir qu’une vie n’y suffirait pas ! Tout change en permanence : la lumière, les saisons, les œuvres, les restaurations…

Par exemple, en me promenant petit avec ma grand mère dans le parc, les statues magnifiques que nous pouvons voir aujourd’hui n’étaient pas du tout entretenues, il y avait de la mousse, du lichen… Aujourd’hui, ce parc statuaire est sûrement l’un des plus grands au monde et n’a pas d’équivalent.
A ce sujet, la politique de restauration est vraiment intéressante : les statues les plus dégradées sont restaurées puis mises à l’abri et des copies sont installées à leur place. Nous y voyons tous les détails avec une précision de 5 microns, c’est incroyable.

T. G. : Je reste à Versailles ! Quoique l’un de mes projets serait de l’aborder par le ciel. J’ai récemment obtenu une licence de pilote pour pouvoir réaliser des vues aériennes du château par drone.
C’est intéressant car ce lieu est conçu pour être vu du ciel : au niveau de ses perspectives, de ses jardins… il y a une véritable correspondance aérienne.

Néanmoins, il est difficile de « créer du nouveau » en terme de photographies à Versailles : tout ou presque, a déjà été réalisé par les prédécesseurs et les visiteurs. Notre travail nécessite donc une vraie humilité. Nous trouvons beaucoup d’éléments dans les archives, la créativité se rejoint partout, mais il sera peut être possible de créer des choses différentes grâce aux nouvelles technologies. Qui sait ?

Que cherchez-vous à communiquer du patrimoine dans vos photos ?

D. S. : Cela dépend pour qui nous les prenons. Pour les conservateurs qui nous sollicitent, nous cherchons d’abord à rendre visibles un maximum de détails. La photographie doit être la plus nette et la plus éclairée possible. C’est souvent difficile avec le soleil, il faut que ce soit ni trop sombre ni trop clair…

Pour la communication et la presse, des images fortes, dynamiques, qui flashent sont nécessaires. Il y a certains codes évidents : par exemple pour les magazines, toujours décentrer le sujet du bon côté. Il ne doit jamais être au milieu. Mais aussi penser à la largeur de l’image, les endroits d’insertion du texte et du chapeau…
Ce sont des détails propres à chaque situation qui sont primordiaux.

T. G. : Chaque photographie a un message différent. Pour ce livre, le Petit Trianon, par exemple, arrive à faire sentir l’intimité, à entrer dans le domaine privé des personnages et à mieux imaginer qui ils étaient à leur époque.

Avez-vous d’autres exemples en terme de patrimoine ?

D. S. : J’ai travaillé pour les éditions Flohic, sur le patrimoine des communes de France, qu’il soit religieux, militaire, agricole…C’était des ouvrages collectifs, deux tomes de plusieurs centaines de pages, sur des châteaux, des abbayes… Et cela dans de nombreux endroits magnifiques : la Sartre, l’Essonne, la Garonne, le Maine et Loire…

Mon plus beau souvenir a été le château de Saumur, car j’ai pu prendre des photos en paramoteur (parapente à moteur), avec un vol en basse altitude. Le moment a été tout simplement magique.

T. G. : En tant que simple visiteur, j’ai parcouru de nombreux châteaux.
En tant que professionnel, j’ai déjà travaillé à Fontainebleau ; mais aussi dans divers endroits dans le cadre de Versailles, pour des expositions extérieures : Rambouillet, le Château d’Angers, l’Hermitage…

Quels autres photographes de monuments ont réussi à transmettre quelque chose de particulier ?

D. S. : Il y en a énormément. Ce qui me marque chez les photographes c’est surtout la puissance des images. Les premiers noms qui me viennent à l’esprit sont Philippe Baudille qui travaille beaucoup sur les châteaux de la Loire mais aussi Jean-Baptiste Le Roux, qui photographie entre autre Versailles.

T. G. : Mes collègues de Versailles évidemment !

Si vous deviez donner des techniques aux propriétaires qui cherchent à prendre de belles photos (mis à part vous contacter !) quels conseils leur donneriez-vous ?

D. S. : D’après moi, les bons « trucs » seraient :
– Cadrer correctement le sujet, sachant que le cadrage dépend de ce que chacun souhaite donner comme image,
– tourner autour du sujet, y revenir plusieurs fois et à différents moments de la journée,
– prendre la « belle lumière », soit tôt le matin ou tard le soir de préférence,
– faire très attention à la balance automatique des blancs sur un appareil photo !
– Etre vigilant à la définition (petite, moyenne, large) avec le conseil se mettre plutôt « au large » avec un maximum de pixels,
– c’est mieux d’avoir un pied pour construire la photo et ainsi qu’elle soit bien définie,
– éviter de laisser le stabilisateur optique, surtout pour les pauses longues,
– et enfin, prendre son temps !

T. G. : Pour moi :
– En priorité, il faut acheter un pied pour pouvoir faire des photos en pose des intérieurs. Cela est impossible sans, il n’y aura pas de qualité. 
– Acheter des objectifs, et pourquoi pas un drone !

Il est aussi pratique de savoir faire des retouches sur Photoshop, pour obtenir exactement ce que nous voulons. Il est possible pour cela de regarder des tutos sur Youtube, ainsi tout le monde peut l’effectuer.

Est-ce que vous exposez ?

D. S. : Je ne suis pas très demandeur car cela prend beaucoup de temps. Mes plus belles expositions sont mes photographies dans les magazines.
Une image dont je suis fier est celle d’Agnès B. au château de Versailles (dans le magazine éponyme), où elle raconte ses souvenirs du lieu.

T. G. : Nous avons exposé notre travail il y a un an dans le domaine de Marly-le-Roi, tous les quatre. Sinon, nous nous voyons davantage dans les nombreuses éditions du château de Versailles, ou bien dans la presse et les campagnes d’affichages du métro, puisque nous sommes dans la communication.

Pour aller plus loin

Comment recevoir des tournages dans son château ?

Diversifier les activités dans un site historique

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Association pour la sauvegarde d’un château : ce qu’il faut savoir

L’important à retenir dans cet article :

La création d’une association loi 1901 est une « astuce » très répandue dans le secteur du patrimoine culturel. Sa mise en place n’est pas très contraignante. Elle peut être utile pour gérer des activités, organiser des chantiers, accueillir des visites. Enfin, elle peut simplement permettre de s’entourer de soutien ou de financer ses projets de restauration. Mais au-delà de ces avantages, la création d’une association est aussi une occasion de partager une passion avec d’autres personnes ! 

L’association se décline selon plusieurs modèles. Vous trouverez dans cet article les avantages associés aux associations, les nuances de fonctionnements et quelques conseils pratiques pour bien choisir son statut.

Pour en savoir plus : 
La définition et les différentes variantes d’associations, leur rôle respectif, accompagné d’exemples représentatifs 
Les démarches à suivre pour créer sa propre association
– Les alternatives aux associations (à venir)

Conditions de création et de statut des associations

Caractéristiques générales à savoir pour toutes les associations :
Les dirigeants doivent exercer leur activité à titre bénévole (sauf au bout de 3 ans d’exercice avec des fonds propres excédant 200 000 euros, l’association a le droit d’avoir un salarié dirigeant. Pour en avoir trois, il faut atteindre 1 million d’euros de fonds)

Les dirigeants de l’association sont responsables civilement et pénalement des éventuelles fautes de gestion (en cas de mauvaise déclaration des statuts : activités commerciales ou non, déduction fiscales…). En outre, les apports des membres en numéraire, en nature ou en industrie sont autorisés. La responsabilité des membres est limitée à leurs apports et les fonds propres de l’association sont les cotisations de ses membres. L’association ne dispose pas de capital (c’est-à-dire qu’il n’y a pas d’actionnaires).

Que veut dire « Transparence et désintéressement » ?

Il s’agit de prouver : 
– La cohérence des buts et des moyens de l’association, 
– L’existence de règles permettant un fonctionnement démocratique, – La gestion financière désintéressée.

Que veut dire « Solidité financière » ?

Il s’agit d’un état financier qui repose sur les acquis suivants : 
– Un montant annuel minimum de ressources estimé à 46000 € provenant des ressources propres, 
– Un montant de subventions publiques qui n’excède pas la moitié du budget, afin de garantir son autonomie, 
– Des résultats positifs au cours des 3 derniers exercices.

Avantages dont bénéficient les associations

Qu’est-ce que les reçus fiscaux ?

Ils permettent aux donateurs de déduire de 60 à 75% du montant de leurs dons de leurs impôts, selon la personnalité juridique. Pour plus de détails, voir l’article correspondant sur le mécénat dans le patrimoine.

Attention : A compter du 1er janvier 2018, l’administration fiscale contrôle sur place que les montants portés sur les reçus correspondent bien aux dons et versements effectués.
Sont concernés les dons et les cotisations d’adhésion versées à l’association, à condition que l’adhérent ne reçoive aucune contrepartie à son versement.

A quoi correspondent les droits de mutations ?

Aussi appelé frais de notaire, ils correspondent à tous les droits et taxes perçus par le notaire pour le compte de l’État et des collectivités à chaque changement de propriétaire d’un bien immobilier.

Modalités de gestion des biens d’une association

Les associations peuvent être propriétaire ou locataire :
Celles qui sont simplement déclarées ne peuvent acquérir à titre onéreux, posséder et administrer que le local destiné à l’administration de l’association et à la réunion de ses membres ainsi que les immeubles strictement nécessaires à l’accomplissement du but qu’elle se propose (Article 6 de la loi du 1er juillet 1901). 
Les associations reconnues d’utilité publique ne peuvent posséder ou acquérir d’autres immeubles que ceux nécessaires au but qu’elles se proposent (Article 11 de la loi du 1er juillet 1901). Toutefois, elles peuvent acquérir, sans limitation, à titre onéreux ou à titre gratuit, des bois, forêts ou terrains à boiser.
Les associations reconnues d’utilité publique ont l’obligation de vendre les immeubles qu’elles recevraient par donations ou par legs et qui ne seraient pas nécessaires à leur fonctionnement.

Les modalités liées à l’utilisation des biens sont spécifiques à chaque association qui peut les spécifier dans un règlement intérieur.
En cas de dissolution de l’association, les biens ne peuvent être partagés entre les membres car d’un point de vue juridique, cela peut être qualifié de « partage des bénéfices ». Bien souvent, ils sont donc transmis sous forme de dons à des fondations ou des associations ayant un thème semblable.

Inconvénients

Malgré les avantages liés à la création de l’association, la gestion n’en demande pas moins une implication durable des porteurs du projet associatif ainsi que de la perte de « tout pouvoir ». 

Implication à la création : se mettre d’accord sur les objectifs, élire un comité, et rassembler des passionnés. 
Implication dans la gestion : être présent régulièrement aux réunions et servir les objectifs fixés. Prendre en compte le caractère chronophage du travail administratif : veiller au paiement des cotisations, tenir une comptabilité, organiser les assemblées et les évènements.
Perte de pouvoir absolu dans les décisions : dorénavant, il faudra être prêt à accepter que le projet prenne une autre orientation que celle initialement prévue… Les décisions sont prises démocratiquement.
• Il est plus difficile pour une association loi 1901 d’emprunter des fonds auprès d’une banque du fait qu’une association ne dispose pas de capital. Certaines banques sont toutefois spécialisées dans le domaine associatif (Crédit Mutuel, Crédit coopératif …).

Quelques conseils supplémentaires

En dehors des statuts, il est conseillé d’élaborer une charte ou des règles de gouvernance. Cela permet en effet de régir les rapports entre les bénévoles et de régler les éventuels conflits (exemple). En fonction de l’objet de l’association, il faut également être capable de bien présenter les conditions d’assurance des bénévoles. Un sujet majeur lors de l’intervention sur des chantiers participatifs (Les ateliers de Franck).

Conclusion

Généralement, les porteurs de projets qui cherchent des moyens pour préserver, entretenir et valoriser leur patrimoine utilisent l’association loi 1901. Elles organisent des évènements, ou même des chantiers participatifs qui font vivre le monument. Aussi, le simple fait d’être organisé en association peut rassurer sur la pérennité et le sérieux de votre projet. L’association étant par définition constituée de plusieurs membres, vous allez sûrement devoir vous hiérarchiser et vous partager les tâches. Cela montre votre capacité à vous organiser. C’est donc une question de crédibilité, notamment lors de la recherche de partenaires financiers.

Pour aller plus loin

Charte d’engagement réciproque entre l’État, le mouvement associatif et les collectivités

La capacité de posséder les locaux

Créer une association pour son château

Quelles associations autour des monuments historiques ?

Créer une association pour son château : comment s’y prendre ?

L’important à retenir dans cet article :

La création d’une association loi 1901 est une « astuce » très répandue dans le secteur du patrimoine culturel, et notamment des monuments historiques. Sa mise en place n’est pas très contraignante et elle peut être utile pour gérer des activités, organiser des chantiers, accueillir des visites, simplement s’entourer de soutien ou financer ses projets de restauration.
Mais au-delà des avantages, la création d’une association est aussi une occasion de partager une passion commune avec d’autres personnes autour d’un même projet ! L’association se décline selon plusieurs modèles. Vous trouverez dans cet article les démarches à suivre pour créer sa propre association.

Procédure de déclaration de son association et de demande de subventions

Objet et objectif de l’association

Avant toute chose, vos collaborateurs et vous-même, devez absolument vous mettre d’accord sur l’objet et les objectifs qui seront portés par le projet. Il s’agit en effet d’un projet « commun ». Il faut donc le créer ensemble. 

Exemple

L’association pour la Renaissance du Château de Portes (RCP)
« Cette association a pour but de mettre en œuvre, soit directement soit indirectement, tout moyen juridique, technique ou intellectuel pour l’organisation de chantiers ayant pour objet la sauvegarde, la réhabilitation et l’entretien du château de Portes ainsi que d’assurer son utilisation dans un but culturel et d’intérêt général. L’association peut aussi exercer ce but sur d’autres monuments et autres lieux que le dit château selon la demande qui lui est faite. »

Choix et rédaction des statuts

Il s’agit de rédiger les statuts en tenant notamment compte des éléments suivants : 

– Un nom pour l’association 
– Une adresse de siège social 
– Les conditions d’adhésion 
– Les modalités de dissolution 
– La nomination des dirigeants (président.e.s, vice-président.e, etc.), ainsi que des membres du conseil d’administration et du bureau
– Intérêt général ou non, activités commerciales ou non, etc. 

Exemples

Les statuts de Patrimoine-Environnement
Les statuts des Amis du Vieux Château d’Airvault (AVCA)

Mode de gouvernance (optionnel)

Le mode de gouvernance de l’association est libre. La mise en place d’une hiérarchie au sein de l’organisation n’est donc pas une obligation. Il est aussi possible de définir un « règlement intérieur » (Association Rempart ) ou une « charte »
L’ensemble de ces éléments peut être décidé lors d’une Assemblée Générale, qui doit d’ailleurs avoir lieu au moins une fois par an.

Déclaration des statuts

Les statuts de l’association doivent être déclarés et publiés dans un journal officiel. 
Déclaration en ligne
Déclaration à imprimer à adresser à la préfecture ou à la sous-préfecture du siège social de votre asso

L’association reçoit automatiquement un numéro d’inscription au répertoire national des associations (RNA). Le numéro se présente sous cette forme : débutant par W et composé de 9 chiffres.

NOTA BENE

L’association acquiert la capacité juridique, c’est-à-dire l’aptitude à bénéficier de droits, seulement le jour où son extrait de déclaration est publié au Journal officiel des associations et fondations d’entreprise (JOAFE)

Inscription et immatriculation au répertoire SIRENE

La demande n’est pas obligatoire. Elle est à demander lorsque l’association souhaite :
– Demander des subventions auprès de l’État ou des collectivités territoriales
– Employer des salariés
– Exercer des activités qui conduisent au paiement de la TVA ou de l’impôt sur les sociétés

L’inscription est à réaliser par courrier, auprès de l’INSEE qui gère ce répertoire. L’association reçoit un certificat d’inscription à conserver (il n’est pas délivré de duplicata en cas de perte). Voici les documents qui seront obligatoires ou utiles : 
Le modèle-type
– Une copie des statuts 
– Une copie de l’extrait paru au Journal officiel (ou à défaut le récépissé de dépôt des statuts en préfecture). 

Autres répertoires et fédérations d’associations où il est intéressant d’inscrire les associations autour du patrimoine :
Rempart
Patrimoine & Environnement
Fondation du patrimoine
Fédération Française des Associations de sauvegarde des Moulins

Conclusion

La création d’une association n’est pas très contraignante et demande peu de temps. Ainsi, une fois les spécificités définies et les accords trouvés avec vos collaborateurs, il ne vous reste plus qu’à faire les quelques démarches administratives. 

La France concentre plusieurs milliers d’associations dédiées à la sauvegarde du patrimoine monumental et des centaines de milliers de bénévoles, alors n’attendez plus pour créer la vôtre !

Pour aller plus loin

Quelles associations autour des monuments historiques ?

Association pour la sauvegarde d’un château

Les chantiers participatifs au service du patrimoine

Les chantiers participatifs au service du patrimoine sont aux réhabilitations ce que le « crowdfunding » est au financement. Hephata a interviewé l’association de Heritage Historique.

L’important à retenir dans cet article :

Pour HEPHATA, il s’agit une alternative intelligente aux solutions traditionnelles, qui repose sur le principe de la collaboration…

Héritage Historique est une association de passionnés d’histoire qui agit notamment au service de la reconstitution. 

En découvrant le château de Châteauneuf-sur-Epte à l’abandon, l’association s’est engagée pour sa réhabilitation. Dans l’attente depuis 2,5 ans de lancer les travaux, l’association s’est structurée pour réaliser des chantiers participatifs et faire avancer les « petits travaux » (entretien, débroussaillage, consolidations de murs…).

Que faut-il savoir avant de se lancer dans un chantier participatif bénévole ? 

Pour les propriétaires, organiser des chantiers bénévoles est en réalité plus compliqué qu’il n’y paraît. Généralement, il s’agit de commencer par constituer un groupe composé de notre cercle d’amis. Puis, cela se complexifie.

Une énergie importante est alors requise afin de former les nouveaux bénévoles et de les écouter. En particulier, il devient nécessaire d’apprendre à concilier nos façons de faire avec celles des volontaires – notamment ceux qui ont déjà accumulés des compétences – et à accepter de « partager votre projet ».

Du côté de l’association, cela n’a pas été trop difficile de partager le projet. Dès le début, nous souhaitions que « le château appartienne à tout le monde » ! Mais, il en faut du temps pour qu’un projet lancé par quelqu’un devienne une entreprise commune à de nombreux participants ! Il en faut du temps pour créer un projet porteur de sens pour tous les bénévoles à long terme…

Comment solliciter des bénévoles la première fois ? 

Deux points essentiels pour solliciter les bénévoles : l’intérêt et la confiance. 

Pour la confiance, cela commence par le bouche-à-oreille auprès des personnes que nous connaissons, notre « 1er cercle ». Puis, la famille et les cercles d’amis vont en parler autour d’eux. C’est le passage au « 2ème cercle ». Pour résumer, les cercles se répartissent comme suit : 
– le « premier cercle », correspond à la famille, les amis,
– le « deuxième cercle », correspond aux amis d’amis, les connaissances,
– le « troisième cercle », correspond aux « inconnus » touchés par le bouche à oreille, la communication sur internet ou sur place.

Et puis, pour susciter l’intérêt, il faut communiquer ! 
Bien sûr, de la publicité sur le site est nécessaire pour toucher le « 3ème cercle », c’est-à-dire, les personnes avec qui nous n’avons, a priori, aucun lien. 
Un simple affichage permet d’attirer du monde. Mais attention, sur 1000 personnes touchées, seulement 3 ou 4 personnes seront réellement intéressées ; et parmi elles, 1 seule s’engagera à long terme !

L’intérêt des personnes volontaires variera généralement selon la période de l’année et le type de travaux engagé. Bien que la forteresse soit magnifique et qu’elle puisse se targuer de 1000 ans d’histoire, ce n’est pas évident de susciter l’intérêt, en particulier l’hiver… !

Aussi, si nous arrivons à faire parler les personnes du château et du projet à leur entourage, de potentiels bénévoles et professionnels auront-ils envie de venir une première fois. Charmés par le lieu, ils auront généralement envie de revenir y travailler. 

Quel est le profil type de vos bénévoles sur ce chantier participatif ? 

Les bénévoles sont des personnes qui ont du temps à offrir. 
Le profil type comprend souvent :
– des personnes retraitées (souvent avec des limites imposées par la complexité des travaux physiques),
– des jeunes (rarement au-dessus de 40 ans),
– des étudiants (qui n’ont pas forcément de véhicules pour venir).

Parmi eux, on trouve des artisans – qui aiment le travail des mains et qui ont l’habitude de manipuler la matière – et des personnes « de bureau », – qui veulent s’extraire de leur vie quotidienne pour se ressourcer dans un environnement naturel. Il est vrai que lorsqu’on découvre le site, c’est magique ! Il s’agit d’un cadre de nature extraordinaire !

Tous désirent acquérir des connaissances. Les bénévoles viennent certes pour le patrimoine, mais aussi pour apprendre quelque chose, une technique, un artisanat, une maitrise… et les encadrants peuvent leur apporter un peu de cela. 
Par exemple, une personne est arrivée une fois sans savoir planter un clou. Elle avait « deux mains gauches et deux pieds gauches… » mais, maintenant elle s’en sort très bien ! 

L’avantage de notre château est que chacun peut choisir ce qu’il veut faire, en fonction de ses compétences, et peut voir le projet évoluer de semaines en semaines. 

Vous avez des encadrants pour gérer les bénévoles. Quel est leur profil ? Comment faites-vous pour les convaincre ? 

Il nous faut au moins un encadrant par week-end, si ce n’est plus, en fonction du nombre de personnes présentes et de la variété des chantiers menés en parallèle. 
Ils sont primordiaux car sans eux un bénévole ne peut pas travailler. Et sans eux, les organisateurs ne peuvent pas gérer un chantier multitâche, car à chaque sollicitation, notre propre chantier (ainsi que nos bénévoles) ne peut continuer. 

L’encadrant-type est « locomotive ». 
C’est à dire qu’il est autonome : il peut gérer un groupe, former des gens…
Son niveau de compétence ne doit pas être forcément très important et il peut encadrer des tâches basiques telles que le débroussaillage. Nous le formons sur la sécurité et le maniement des outils, et il doit savoir transmettre cela aux autres. 

Nous valorisons aussi les encadrants techniques (maçonnerie, charpenterie, menuiserie) pour les travaux plus complexes. 

Néanmoins, la plupart des professionnels ont peu de temps à consacrer pour ce genre de projet. 

Comment est-ce que vous organisez les chantiers au cours de l’année ?

L’organisation apporte la visibilité, et donc la fiabilité des ressources. 
De manière générale, les bénévoles et les encadrants ont des contraintes, il faut donc tenter de bloquer des dates et s’y tenir.

Notre dilemme est d’essayer de trouver un équilibre entre deux approches : 
Organiser un événement tous les mois afin qu’il y ait du monde, sachant que les volontaires ne peuvent pas forcément venir pour une seule date dans le mois. Ils sont alors frustrés et il y a un potentiel d’effort de communication perdu. 
Organiser le plus d’évènements possibles, mais alors cela peut épuiser les bénévoles et créer un poids pour les encadrants, qu’il faut préserver.

Quels sont les outils pour communiquer avant le chantier et ceux pour organiser les taches pendant ? 

Certaines personnes pouvant être désorientées avant l’évènement, nous communiquons sur Facebook les travaux de la prochaine journée. Généralement, ce ne sont que les nouveaux bénévoles qui lisent. L’information est toujours « doublée » pour rappeler la journée.

Puis, sur place, toute l’année, dès le matin, nous communiquons la vision globale de la planification du chantier.

Ce sont des gens de confiance et autonomes qui la font, afin d’accueillir en faisant visiter le château, de susciter l’intérêt chez le public, notamment les nouveaux bénévoles, et de leur communiquer des informations importantes concernant le déroulement de la journée. 

Pour cela, on utilise un mode très graphique : 
– Un tableau blanc avec les différentes zones du château, la composition des groupes de travail (coupe des arbres délicats, accommodations des bénévoles, débroussaillage, bûcherons spécialisés, électriciens, plombiers…). On écrit les zones où l’on a avancé et où le chantier est terminé. Aujourd’hui, on ne permet qu’aux encadrants de lancer de nouveaux chantiers en autonomie. 

– Un tableau pour les consignes et les messages pour que les encadrants et les bénévoles qui ne sont pas là une semaine sur deux, puissent communiquer entre eux.

– Un autre pour les priorités, et les avancements.

Pour suivre les chantiers après les journées, la communication envers les encadrants est essentielle. Pour celle-ci, nous communiquons par Facebook et par mail.

Quelle est la journée type d’un chantier, heure par heure ? 

Exemple d’une journée type, heure par heure. 

Nota bene : il est nécessaire que tout le monde travaille et se repose en même temps : 

Comment faites-vous pour assurer la sécurité ? 

Lors de l’accueil des nouveaux bénévoles, nous axons en priorité la communication autour de la formation sur la sécurité (ne pas se balader là où le chantier n’a pas été sécurisé), les gestes à ne pas commettre, etc. Puis autour des assurances : dans tous les cas les gens qui participent aux chantiers sont couverts, qu’ils soient membres de l’association ou simples bénévoles.

Il y a trois assurances qui peuvent couvrir les risques encourus : 
– celle de responsabilité civile du château, 
– celle de l’association, 
– et celle des visiteurs (notamment « accident de la vie », qu’il doit souscrire au titre de sa vie privée mais qui n’est pas obligatoire).

Le choix des assurances est à définir en fonction des deux possibles statuts existants pour un bénévole. 
– Soit, il doit être membre de l’association et il est couvert par les assurances de l’association. 
– Soit il est simple bénévole, et il signe une convention de travail bénévole où il s’engage notamment à respecter le lieu et les consignes qui lui sont données.

Organisez-vous les repas et les nuitées ? 

L’organisation des repas nécessite une charge supplémentaire, et un coût, d’autant plus les venues sont très aléatoires. 

Chacun apporte donc son ravitaillement sachant que, à Châteauneuf-sur-Epte, il n’y a ni eau, ni électricité, ni chauffage. 

Pour dormir, chacun prend sa tente et son sac de couchage.

Comment vous situez-vous par rapport à Rempart, qui rassemble des associations de chantiers participatifs autour du patrimoine d’exception ? 

Nous y sommes affiliés à Rempart depuis peu. L’idée ici est de fidéliser aussi les bénévoles sur la durée. 

Les chantiers de type Rempart sont particulièrement intéressants lorsqu’il y a un encadrant sur la durée, ce qui favorise un excellent apprentissage (technique, architecture…) sur le long terme.

Où trouvez-vous votre motivation pour réaliser ce projet ? 

La motivation se trouve principalement dans l’amour du patrimoine et du lieu !
Lorsqu’on accompagne un projet qui avance lentement, avec tous les obstacles que l’on peut rencontrer, il faut s’accrocher ! Par ailleurs, s’entourer d’autres personnes avec qui vivre l’aventure est primordial ! 

Néanmoins, il est difficile de trouver des bénévoles lorsque l’on n’est pas connu, de même que pour le crowdfunding.

Par exemple, en termes de dons, nous avons rassemblé environ entre 8 000 et 10 000€ par an, grâce à l’association et aux particuliers, qui sont alors de véritables passionnés.
Nous avons réalisé une campagne sur les réseaux sociaux afin de récolter 20 000€ pour la fin de l’année et toucher un grand nombre de personnes dans le secteur du patrimoine mais nous avons reçu peu de résultats. Comme les chantiers, le crowdfunding est un véritable métier, et ce n’est pas facile même pour ceux qui ont déjà un réseau comme Dartagnans ou Adopte un château.

Affaire à suivre, donc ! 

Pour aller plus loin :

 – Participer au chantier de Châteauneuf-sur-Epte
– Association Rempart

Comment gérer un château aux allures de village ? Quel modèle de gestion pour faire vivre un site touristique utilement et efficacement ?

L’important à retenir dans cet article :

Faire vivre un château est une affaire de gestion quotidienne. Pour nous inspirer, Peter Bal – véritable chef d’entreprise – nous partage sa vision d’un site historique qui peut vivre au rythme de la société contemporaine. 

Classé Monument Historique depuis 1965, et racheté par Peter Bal en 1999, le château de Millemont comprend 6 000 m2 de bâtiments et 600 hectares de terres, dont 500 de forêts et 48 de terres agricoles. Situé à une heure de Paris, le village attenant compte 241 habitants.

 Le propriétaire a récemment pris conscience de la vocation de son patrimoine : il s’agit d’un « château-village » auquel il souhaite redonner ses fonctions d’origine tout en le rendant utile aux besoins de la société contemporaine. 

Pour lui, trois clés sont indispensables pour faire vivre utilement un tel site : 
– Prendre son temps pour comprendre la destinée du château sans s’arrêter aux contraintes de gestion conjoncturelles,
– Toujours s’assurer auprès des experts d’activités que l’on souhaite développer s’ils aimeraient les développer sur place,
– Fuir absolument en l’absence de « coup de cœur ».

HEPHATA – Quels conseils donneriez-vous à un propriétaire de château pour réussir à développer des activités cohérentes avec son patrimoine ?

Peter BAL – Que l’on soit propriétaire, locataire ou employé, l’essentiel, je crois, c’est d’abord d’être passionné par son domaine. Rien ne se fait sans passion. A titre personnel, quand j’embauche une personne, je ne cherche pas des gens qui « souhaitent faire » ou qui « font », je veux des gens qui « sont ». Souvent je m’amuse à demander à mes futurs employés agricoles de me montrer leurs mains. Si celles-ci ne sont pas des mains de travailleurs, je ne peux que les inviter à revenir dans 18 mois ! 

Ensuite, il faut comprendre sa propriété et sa terre. Il est indispensable de la connaître intégralement (son histoire, son climat, sa géologie, sa culture, son exposition au vent, etc.). Il s’agit, en quelque sorte, de « venir à l’essence » de son identité. A Millemont, nous avons découvert assez récemment que l’identité profonde du lieu est celle d’être un château-village. 

En même temps l’identité permet de définir ce qu’on peut faire d’un lieu, cela lui apporte sa distinction. Par exemple, nous sommes très différents de Vaux-le-Vicomte… ! 
C’est à partir de la connaissance de ce que l’on a que l’on peut trouver ce que l’on peut faire. Or, cela prend du temps et il ne faut pas chercher à « forcer » certains projets : quand on est dans l’effort, c’est généralement que l’on se trompe. Il ne faut rien faire par obligation. 

Enfin, si vous voulez des conseils, prenez-les uniquement auprès des personnes qui sont parvenues à réaliser ce que vous souhaiteriez atteindre.

Dans le respect de cette identité, comment avez-vous déterminé les activités à développer à Millemont ?

Au départ, j’ai profité de l’emplacement stratégique du château à 45 km de Paris pour recevoir des tournages, comme celui de Marie-Antoinette de Sofia Coppola par exemple. Certains films nous ont apporté jusqu’à 250 000 € de revenus. 

Puis cela a évolué. Cela n’a plus été aussi facile d’attirer les maisons de production depuis la création de la Cité du cinéma [inaugurée en 2012 à Saint-Denis, ndlr]. 

Par ailleurs, j’ai progressivement compris l’identité du lieu et j’ai souhaité faire en sorte que Millemont réponde à des besoins concrets de la société contemporaine, qu’il devienne un lieu pour soutenir l’innovation, les nouveaux modes de vie « slow life » ou les initiatives économiques sociales et solidaires. Rapidement, le château est devenu un « centre » qui accueille des démarches de « co-création » entre les occupants réguliers et temporaires.

Par exemple nous avons accueillons des organisations comme MakeSense pour leurs évènements. Des expérimentations ont aussi eu lieu, portées par des associations telles qu’Assemblée Virtuelle autour de projets sociaux, technologiques, écologiques… ou encore, il y a plus longtemps, la POC 21 qui a transformé le parc en « innovation camp ».

Dans le but de rester cohérent avec cette identité, comment choisissez-vous vos occupants et visiteurs de passage ?

Le château est un lieu dont la fonction première [défendre, administrer un territoire, ndlr] a disparu, il convient donc de la repenser. Millemont n’échappe pas à la règle. 

Ce lieu était d’abord un village, c’est son identité, et je souhaite aujourd’hui lui rendre cet usage. Je cherche à co-construire une communauté villageoise. Ce château est « extraordinaire » dans sa fonction de village, dans le sens de « hors-du-commun ».

Pour intégrer cet ensemble, les conditions le sont tout autant… Les occupants doivent parler deux langues au minimum car cela induit une plus grande plasticité cognitive qui multiplie généralement les points de vue sur un sujet (la langue structurant notre vision des choses). Ils doivent partager les mêmes valeurs que celles portées par le château. 
Et, afin de nous assurer une stabilité financière, ils doivent être financièrement indépendants. 

Malgré ces exigences, il n’est pourtant pas question d’être dans la possessivité, bien au contraire. Pour faire fonctionner un château aujourd’hui, il est indispensable d’accepter de l’ouvrir pour le faire vivre : seul le partage permet son fonctionnement. Beaucoup de personnes pensent qu’il est facile de gérer un château mais si l’on regarde les chiffres, on constate que ceux qui achètent un château le revendent en moyenne deux ans et demi plus tard, car ils prennent conscience de la charge que cela représente !

Alors, quel est votre secret pour financer l’entretien d’un domaine aussi vaste que celui de Millemont ?

Aujourd’hui mes principales sources de revenus sont la location d’une partie des bâtiments (à travers des baux classiques de location), les événements organisés en continu au château (séminaires, ateliers, etc.), les droits de chasse, les produits issus de la gestion forestière (« non-conventionnelle » à Millemont) et de l’exploitation agricole. Nous bénéficions parfois de quelques financements extérieurs.

Ces revenus permettent d’assurer l’entretien du domaine, soit environ 250 000 € par an. Mais, ces dépenses sont voulues parce qu’elles donnent de la valeur à Millemont, que ce soit pour les restaurations, l’entretien ou l’accueil d’activités !

En tant que gestionnaire, comment occupez-vous le château et quelles sont vos clés de « bonne gestion » ?

En réalité, je suis présent dans le château environ trois jours par semaine et le reste du temps je suis en Belgique. Je m’occupe de ce lieu comme un « projet » à faire vivre quand bien même mon intention initiale – il y a presque 20 ans – était d’en faire une opération immobilière.

En tant que gestionnaire, j’ai progressivement compris qu’une bonne gestion s’accompagnait de trois éléments.

Le langage

Il faut apprendre le langage des différents corps de métier dont on va devoir s’entourer pour les sujets d’exploitation, de restauration, de gestion…

L’équipement

Acheter soi-même les matériaux ou les infrastructures dont on a besoin pour réaliser ses travaux (par exemple des échafauds) est un élément de négociation important avec les artisans et entreprises du bâtiment…

oser travailler sans les « grands »

Penser que les gros noms et les entreprises de taille importante sont indispensables est une erreur ! L’erreur est presque d’avoir les moyens et la position de « travailler avec les grands » car cela ne favorise pas l’émergence de solutions qui correspondent profondément à notre situation… Par exemple, lors de la tempête de 1999 face à l’indisponibilité des grandes entreprises forestières, nous avons fait intervenir des experts de la régénérescence naturelle… puis, nous avons eu la chance de faire venir David Nash de New York pour réutiliser les bois tombés et d’en faire des œuvres d’art ! Aujourd’hui, nous avons un rendement 80% supérieur aux forêts alentour et la logique de « régénérescence naturelle » demeure notre stratégie de gestion.

Quelle formation avez-vous suivie ?

J’ai été à l’école de la vie ! Initialement, j’ai une formation en arts (peinture et sculpture), mais j’ai surtout une passion pour les bâtiments, que je comprends très bien, et pour les forêts.

Qu’est-ce qui selon vous explique l’échec de gestion de certains châtelains ?

Pour les châteaux qui appartiennent depuis plusieurs générations à une même famille, il y a un vrai risque que les propriétaires se crispent sur un devoir moral de conservation du bien familial.

Cette obligation familiale tronque la saine gestion. Elle engendre généralement une parcellisation progressive du domaine (vente des terres, des bâtiments annexes, etc.) pour financer des réparations importantes à court, alors que ce sont souvent ces parties externes qui permettent l’entretien du château lui-même à long terme grâce aux revenus qu’elles peuvent générer.

Pour s’en sortir, trois clés sont indispensables pour faire vivre utilement un tel site : 
– Prendre son temps pour comprendre la destinée du château sans s’arrêter aux contraintes de gestion conjoncturelles,
– Toujours s’assurer auprès des experts d’activités que l’on souhaite développer s’ils aimeraient les développer sur place,
– Fuir absolument en l’absence de « coup de cœur ».

Pour aller plus loin

Les acteurs du patrimoine : la gestion

Gérer un château en couple

Sortir des activités hôtelières et culturelles dans un château