8 campagnes de communication efficaces pour des sites culturels

L’important à retenir dans cet article :

La communication est un enjeu et un défi pour tout site culturel qui souhaite attirer plus de visiteurs et gagner en visibilité. Mais il est difficile de se démarquer dans un secteur très concurrentiel. 

Dans cet article, découvrez 8 exemples de stratégies de communication dans le patrimoine historique pour apprendre à :
– Communiquer de manière décalée et originale pour se démarquer ;
– Impliquer vos publics pour en faire des ambassadeurs ;
– Utiliser l’humour pour attirer l’attention ;
– Travailler en réseau pour être plus fort ;
– Réagir à la critique et la censure ;
– Ancrer votre communication dans l’actualité.

1/ La campagne de communication la plus immersive pour promouvoir un projet culturel dans un château 

 Léon Vivien Facebook – Musée de la Grande Guerre de Meaux 

Le concept

Réalisée en 2013, cette campagne n’est pas toute récente, mais a marqué les esprits. Le musée de la Grande Guerre de Meaux et l’agence DDB Paris ont eu la bonne idée de créer une page Facebook au nom de Léon Vivien, personnage fictif, pour raconter la vie d’un soldat français pendant la première guerre mondiale. L’objectif était de faire revivre aux utilisateurs le quotidien d’un poilu. Si l’histoire est fictive, elle témoigne d’une véritable réalité historique soutenue par des documents d’archives. Ainsi, pendant 10 mois, Léon Vivien a raconté sur Facebook son quotidien dans les tranchées, entre juin 1914 et mai 1915, date de « sa mort ».  

Les résultats

Brillamment exécutée, intelligente et sensible, la campagne a connu un grand succès et a très fortement impacté son public. Près de 60 000 utilisateurs Facebook ont suivi le profil. La campagne a connu des moments forts, comme le post annonçant la naissance du fils de Léon Vivien, qui a déclenché près de 3 000 likes. Lors du post final annonçant son décès, ce fut près de 2 000 likes, 810 commentaires et 500 partages, ce qui représente des centaines de milliers de personnes touchées.

Des scores incroyables et un engagement peu commun des utilisateurs ; sur le compte, on peut par exemple lire en commentaire « Prends bien soin de toi Léon, repose-toi aussi et si tu ne peux pas dormir, pense au parfum de ta femme, il t’enverra direct au pays des rêves. On pense bien à toi ici » ou encore « Courage Léon, courage pour ce qu’il te reste à affronter et que tu ignores encore ». La campagne complètement immersive a réussi à impliquer émotionnellement le lecteur dans la vie de Léon. 

Le musée de la Grande Guerre a ainsi bénéficié d’un véritable gain de visibilité et son propre compte Facebook a connu une très forte hausse de likes. Pour l’opération, le musée n’a pas eu à faire d’achat d’espace ou de contenu sponsorisé.
Un travail de relations presse avait en revanche été réalisé en amont pour s’assurer que le compte soit suivi. Ce projet représente un très bel exemple de médiation numérique. Un travail important d’écriture a été mis en place pour préparer les 10 mois de post, qui ont d’ailleurs fait l’objet d’une publication sous forme de livre par la suite. 

 L’opération en quelques chiffres

– 61 227 likes sur la page ;
– Un compte suivi dans plus de 20 pays ;
– Près de 60% des fans âgés de moins de 35 ans ;
– Environ 9 000 000 d’internautes touchés ;
– Preque 6 000 commentaires ;
– 20 posts ayant atteint les 1000 likes.

Comment s’en inspirer ?

 Pour s’inspirer de la campagne de communication Léon Viven : choisissez un personnage marquant de l’histoire de votre château et :
– Racontez son histoire sur une période délimitée ;
– Illustrez le récit à l’aide de documents d’archives et d’illustrations ;
– Utilisez un langage moderne et actuel, utilisez les codes de Facebook, Twitter ;
– Utilisez des thèmes universels qui touchent un large public ;
– Soyez pédagogique en restant divertissant.

Par exemple, votre objectif pourrait être d’imaginer « comment un duc/un prince/un seigneur aurait partagé son quotidien sur les réseaux sociaux ? »

 2/ La campagne de communication la plus connectée pour promouvoir un projet culturel dans un château

 Le roi est mort Twitter – Château de Versailles 

Le concept

Dispositif inédit et original, (peut-être inspiré de la campagne Léon Vivien) lancé pour accompagner l’exposition « le roi est mort » qui s’était tenue à Versailles du 27 octobre 2015 au 21 février 2016. Le concept, simple et efficace a permis de faire revivre, étape par étape en direct sur tweeter les derniers jours du roi à l’occasion du tricentenaire de sa mort le 1 septembre 2015 : une incroyable plongée dans l’histoire. 

Les résultats

Pari réussi pour le château de Versailles et formidable coup de communication. Une opération peu coûteuse car entièrement digitale.  Une communication originale, immersive, qui a fait le buzz autour de l’exposition. Un site internet avait été mis en place spécialement autour de l’événement. L’idée était de créer du trafic depuis twitter vers le site.

Comment s’en inspirer ?

 Une idée facile à adapter pour faire revivre de grands événements liés à votre monument. Il vous sera simplement nécessaire de : 
– Bien connaître votre histoire ;
– Faire le travail d’écriture et de recherche d’illustrations en amont de la campagne ;
– Planifier vos publications pour simplifier le travail de publication ;
– Communiquer avant la campagne pour attirer l’attention sur votre projet, notamment auprès des influenceurs, des blogs de références, des journalistes et médias ;
– Penser à mettre en place un hashtag.  

3/ La campagne de communication la plus collaborative pour promouvoir un projet culturel dans un château 

« Nos petits châteaux ont du caractère » – Châteaux et office de tourisme de Blois-Chambord 

Le concept

Communiquer quand on est un château dans l’ombre de géants du tourisme tel que Chambord n’est pas facile. Pour tenter de se démarquer et attirer de nouveaux visiteurs, cinq châteaux indépendants et moins connus de la destination Blois-Chambord ont décidé de s’unir en juin 2018 pour faire front ensemble.

Tous situés dans une même zone de 40km, avec la possibilité de se rendre de l’un à l’autre en vélo, les châteaux de Beauregard Fougères-sur-Bièvre Talcy Troussay Villesavinont lancé une campagne de communication commune, appuyée par l’office de tourisme Blois-Chambord afin de proposer aux visiteurs de sortir des sentiers battus pour venir les visiter. Ils répondent de cette façon à la demande actuelle du « slow tourisme ». 

 Les 5 châteaux ont ainsi mis en place un « Pass petit château » à 34€ pour la saison estivale, mis à disposition dans les points d’informations touristiques de Blois, Chambord, Cheverny et Chaumont-sur-Loire ainsi que sur le site de Blois ChambordPour chacun des sites, une signalétique a été mise en place afin de présenter les 4 autres châteaux, dans une véritable logique de partenariat.

Les résultats

 Ensemble, ils ont pu s’offrir une campagne d’affichage : 
– Sur 6 communes de la destination ; 
– À la sortie des centres commerciaux du département 41 ;
– À la gare de Blois-Chambord et dans le parking du château à Blois.

Ils ont également acheté une page de publicité dans le magazine Château de la Loire et fait imprimer 30 000 cartes postales diffusées sur le Val de Loire. Une opération qui n’aurait pas été possible sans le financement commun. Les visuels proposés pour les affiches créent une véritable unité dans la communication avec un slogan commun « nos petits châteaux ont du caractère ».

 Une démarche avantageuse :
– Une mutualisation des coûts, des dépenses et des moyens
– Un impact plus fort en ligne en diffusant une information commune sur 5 réseaux sociaux
– Une mise en commun des relations presses

Comment s’en inspirer ?

Pour faire campagne commune, il est nécessaire de prévoir: 
– Une planification organisée ;
– Une bonne coordination entre les parties prenantes ;
– Une juste répartition des tâches et des coûts ; 
– Une communication unifiée ;  
– Un dossier de presse commun.

4/ Les campagnes de communication les plus amusantes et humoristiques pour promouvoir un projet culturel dans un château 

Les concepts

« Emmenez vos enfants voir…» – Musée d’Orsay 

« Emmenez vos enfants voir… » une campagne du musée d’Orsay et de l’Orangerie, réalisée par l’agence Madame Bovary et lancée le 27 octobre 2015 afin de valoriser les collections du musée en apportant un regard nouveau sur des pièces phares. Le ton et l’humour décalés détonnent, font sourire et donnent envie de venir. Le public cible est évidemment la famille, ô combien importante pour les musées. Les visuels associent une des œuvres de la collection mise en perspective avec des références universelles. 

« #Adopte un tableau » – Musée des beaux-arts Bordeaux 

#Adopte un tableau, ou quand le musée des Beaux-arts de Bordeaux détourne le slogan d’un célèbre site de rencontres pour faire le buzz. L’idée est née d’un partenariat entre le musée et l’école de communication Sup de Pub. À la suite d’un travail pédagogique, l’un des projets d’étudiants s’est démarqué des autres et a attiré l’attention de l’institution à tel point que la campagne a finalement été réalisée. Une série de tableaux a ainsi été détournée en s’amusant des clichés tels que le hipster. Présentés de manière originale, les portraits vous invitent à venir à leur rencontre au musée, et qui sait, tomber amoureux. 

« Une surprise à chaque visite » – Musée d’art de Philadelphie

« Une surprise à chaque visite », là encore l’idée du musée d’art de Philadelphie et de son agence de publicité Brownstein Group est d’inviter le visiteur à venir visiter les collections permanentes, souvent moins attrayantes que les expositions temporaires qui font le plein. Le maître mot de cette campagne lancée en février 2017 « Une surprise à chaque visite » appuie le fait que l’on peut revenir sans cesse au musée et redécouvrir perpétuellement de nouvelles histoires. La campagne s’est déclinée en affichages et vidéos humoristiques, dont vous trouverez le lien ci-dessous :

Les résultats

 De ces trois campagnes, vous pourrez retenir que :
– L’humour est un excellent moyen d’attirer l’attention et de se démarquer ;
– Il ne faut pas hésiter parfois à employer un ton décalé ; 
– À bien y regarder l’idée est plus importante que la forme, les visuels d’affiches étant esthétiquement simples et faciles à reproduire. Le site Canva permet largement de les réaliser si vous ne maîtrisez pas Indesign (qui reste tout de même la solution la plus pro).

Comment s’en inspirer ?

 Pour réussir une campagne décalée :
– Utilisez vos ressources existantes ;
– Ayez un regard neuf sur vos collections, et pour cela, n’hésitez pas à organiser un groupe de brainstorming ; 
avec vos visiteurs, clients ou bénévoles les plus passionnés ; 
– Il est nécessaire d’avoir des images en très haute résolution de vos œuvres ou de votre site afin qu’elles 
supportent l’agrandissement lors de l’impression ; 
– Faites appel à une agence de communication spécialisée ou élaborez un partenariat avec une école ; 
– Changez votre manière habituelle de transmettre vos messages ;
– Appuyez-vous sur des références populaires, connues de tous ;
– Appropriez-vous les codes sociaux, les typologies de langage ;
– Testez vos idées auprès de votre entourage et observez leurs réactions ;
– Demandez-vous « à qui s’adresse ma communication ? ».

5/ La campagne de communication la plus révoltée pour promouvoir un projet culturel dans un château 

 Exposition Egon Schiele Affiche « Désolés, cent ans mais toujours aussi scandaleux aujourd’hui » réponse censure – Musée Leopold Vienne 

Le concept

 Parfois, une campagne ne se passe pas comme prévue. Lorsque la ville de Vienne décide de célébrer les 100 ans de la mort d’Egon Schiele disparu en 1918, elle prévoit une opération de communication de grande envergure afin de faire la promotion de l’événement et de l’exposition organisée au Léopold Museum. Seulement, les tableaux sélectionnés pour les affiches « L’Homme assis nu » (1910) et « Fille aux bas oranges » (1914) dérangent à cause de la nudité qu’ils exposent. Les affiches sont même refusées par des villes comme Londres, ou Cologne et Hambourg en Allemagne. Il est demandé à l’Office de tourisme de Vienne de flouter les sexes, ce qu’il refuse absolument de faire. La réponse ne se fait pas attendre, et il est finalement décidé de couvrir les sexes par une bannière blanche sur laquelle on peut lire « Désolés, cent ans, mais toujours trop audacieux aujourd’hui ».

Les résultats

La solution adoptée a finalement fait un buzz inattendu et boosté la campagne. Sur l’affiche, on peut également lire l’hashtag engagé : #DerKunstihreFreiheit signifiant « La liberté de l’art ».

Comment s’en inspirer ?

Si la campagne a eu autant de succès, c’est qu’elle a su utiliser à son avantage ce qui lui était reproché pour valoriser le travail d’Egon Schiele pour faire un argument de communication. Et vous, qu’est-ce qui vous est reproché ? Quels sont les a priori « points faibles » sur lesquels construire votre campagne ?

 6/ La campagne de communication la plus engagée pour promouvoir un projet culturel dans un château 

« #startdrawing » – le Rijksmuseum 

Le concept

Avec sa campagne #startdrawing de fin 2015, le Rijksmuseum, bien connu pour ses talents de communication, invite le visiteur à venir dessiner au musée. La volonté de la campagne est de pousser son public à ralentir et prendre le temps de contempler pour comprendre le beau. Dans une société où tout va trop vite, c’est là une mission essentielle. Or, lorsqu’on dessine, on est forcé de s’attarder, de prendre son temps, d’être attentif. La campagne, portée par les puissants réseaux sociaux du musée, est accompagnée de nombreuses activités organisées au musée. 

Les résultats

 Pour comprendre la portée de cette initiative originale, il faut savoir qu’au même moment, les musées Belges faisaient scandale pour leur interdiction de dessiner dans les galeries, motif d’expulsion. L’action du Rijksmuseum relève alors d’un discours engagé qui résonne avec l’actualité engendrant ainsi des retombées médiatiques peut-être plus importantes qu’à l’ordinaire. Le musée se positionne ainsi comme un acteur de poids qui entend donner l’exemple.

Comment s’en inspirer ?

 Restez attentifs à l’actualité, soyez curieux. Il faut également être capable d’organiser une programmation culturelle, pour cela Hephata vous conseille de : 
– Commencer par rédiger une note d’intention, le propos de votre projet ;
– Penser à l’ensemble des sujets que recouvre votre thématique ;
– Définir le ou les publics cibles, ils doivent être au cœur de votre projet ;
– Etablir rapidement un budget ;
– Réfléchir à des partenaires / aux acteurs impliqués ;
– Réaliser des documents de présentation de votre projet ;
– Bien penser votre communication autour de votre projet culturel.

 

Conclusion

 À défaut parfois d’avoir des moyens financiers, on peut néanmoins avoir de bonnes idées. Indubitablement, l’humour reste un vrai bon moyen de se démarquer. La communication peut également se penser en collectif, avec des logiques partenariales présentant bien des avantages pour les monuments moins connus du grand public. 

Il faut savoir penser hors des sentiers battus, porter son message de manière décalée ou imaginer des dispositifs vraiment originaux pour faire la différence. L’exemple de l’expérience Léon Vivien et #startdrawing montre qu’il est également important d’impliquer le visiteur au cœur de son action pour créer l’adhésion.

Pour aller plus loin :

 FAIRE VENIR DES ENTREPRISES DANS UN MONUMENT HISTORIQUE – Interview de Margaux Mantel, gestionnaire du Château de Nanterre (un centre ETIC)

 PATRIMOINE HISTORIQUE & SOCIETE CONTEMPORAINE – Quel modèle de gestion pour faire vivre un site touristique utilement et efficacement ? Entretien avec Peter Bal, propriétaire du « château-village » de Millemont (Yvelines)

 VALORISER ÉCONOMIQUEMENT DES MONUMENTS HISTORIQUES – Quelles solutions novatrices ? Point sur les expériences gustatives, ludiques et créatives 

Comment recevoir des tournages dans son château ? Hephata vous engage à saisir l’opportunité !

L’important à retenir dans cet article :

 La France est actuellement l’un des trois pays les plus filmés dans le monde. On constate que le cinéma peut avoir une influence, parfois très large, sur le flux touristique d’un territoire. Accueillir le tournage d’un film dans son château est une occasion de dynamiser considérablement la visibilité du lieu. Bien qu’un tel projet puisse sembler pharaonique pour certains propriétaires, il suffit de connaître certains points pour bien s’organiser et … gagner facilement de l’argent !

Cet article permettra de :
– Connaître les raisons qui favorisent l’accueil des tournages dans un château
– Comprendre les étapes pour proposer son château aux réalisateurs 
– Découvrir des exemples de tournages qui donnent envie

Introduction


Accueillir le tournage d’un film dans son château a un impact réel sur son image. En effet, pour Jeanne Hollande de la direction des relations extérieurs du château de Versailles , il faut « accueillir des tournages pour donner envie aux personnes du monde entier de vouloir visiter les lieux. L’impact de l’image est très important pour donner envie aux gens de venir »

1- Pourquoi accueillir un tournage dans son château ?

a) Une opportunité touristique

Accueillir un film dans son château c’est participer à une œuvre artistique et découvrir un monde souvent inconnu. C’est aussi donner au lieu une visibilité immense et insoupçonnée. En France et en Europe, la tendance est au développement du « ciné-tourisme ». Présenter son château à l’écran, dans le cadre d’un film ou d’une série, peut donner envie aux spectateurs de se rendre sur le lieu du tournage. Il s’agit donc d’un vecteur publicitaire non négligeable ! 

Un grand nombre de lieux pratiquent déjà les tournages pour valoriser leur patrimoine. En effet, ce ne sont pas moins de 197 films qui ont été tournés au château de Versailles depuis 1904. Cela a largement participer à développer la renommée du château dans le monde. Mais pas besoin d’être une star internationale pour se lancer dans cette activité. À titre d’exemple, on peut citer le château du Plessis-Bourré, en Maine-et-Loire, qui a accueilli divers tournages de films célèbres tels que Peau d’Âne de Jacques Demy, Fanfan la Tulipe de Gérard Krawczyk ou encore La Princesse de Montpensier de Bretrand Tavernier. 

Exemples

Le château de Champs-sur-Marne, en Seine-et-Marne a quant à lui, accueilli plus de 35 tournages depuis les années 1940 : L’habit vert de Roger Richbé, Un amour de Swann de Volker Schlondorff, L’allée du Roi de Nina Companeez, Marie-Antoinette de Sofia Coppola etc. Pour ce château, l’accueil de tournages est devenu une activité à part entière. Beaucoup de visiteurs viennent voir « le château de tel ou tel film », le jardin dans lequel évoluent les acteurs de Dernier Amour etc…

Un château dans un film est un château vivant et habité autour duquel est racontée une histoire qui plaît. Les visites du château peuvent alors jouer sur l’imaginaire du film. Un excellent moyen pour attirer un public curieux ! Le château de Champs-sur-Marne propose par exemple des tablettes tactiles, dans chaque pièce du château, diffusant les extraits de films tournés dans cette même pièce. 

L’exemple le plus emblématique du développement du ciné-tourisme est sans doute celui du château de Highclere en Angleterre, suite à la diffusion de la série Downton Abbey. Le château, propriété privée, recevait jusqu’alors environ 30 000 visiteurs par ans. Le chiffre à doublé dès le début de la diffusion de la série. Il accueille désormais jusqu’à 1 200 personnes par jour. Faites le calcul !

Aujourd’hui les propriétaires « jouent le jeu » et proposent aux visiteurs des activités en lien avec l’ambiance de la série. Il est désormais possible de se projeter totalement dans les décors du film. En août 2018 par exemple, le château avait proposé un événement reproduisant les scènes de Downton transformé en hôpital de guerre, avec des comédiens, des véhicules d’époque etc.

b) Une opportunité financière

D’un point de vue financier, accueillir un tournage peut rapporter beaucoup d’argent ! Le tarif d’une location de monument historique pour un tournage varie selon le temps de tournage prévu, la nature du bien etc… Les tarifs de location varient entre 1 500 et 3 000 euros par jour. Plus le site est exceptionnel, plus le prix peut monter. Au château de Versailles par exemple, chaque journée de tournage est facturée 15 000 euros… Pour François-Maurice Dalinval, cofondateur de l’agence  Cinédécors, « les possesseurs de belles propriétés peuvent même en vivre ». 

Le  château de Courances, dans l’Essonne, est également devenu un lieu emblématique grâce au tournage du film Le Sens de la Fête. De nombreux visiteurs viennent désormais visiter le « décor » du film !  

Le propriétaire doit déclarer la totalité des revenus procurés par la location de son château pour un tournage. En outre, le Code Général des Impôts prévoit que :  
– Les revenus perçus en échange de la mise à disposition d’un local nu pour le tournage d’un film sont imposables dans la catégorie des revenus fonciers
– Les revenus perçus en échange de la mise à disposition d’un local meublé pour le tournage d’un film sont imposables dans la catégorie des bénéfices industriels et commerciaux
– Si la mise à disposition présente un caractère ponctuel, ces revenus demeurent néanmoins imposables dans la catégorie des revenus fonciers

2- Quelles actions mener pour accueillir des tournages dans son château ?

a) Avant la sélection : proposer son château

Pour les sociétés de production, louer la maison d’un particulier revient moins cher que de créer des décors. Si les biens les plus recherchés sont les appartements de standing moyen autrement dit « l’appartement de M. Tout-le-Monde », les villas avec piscine, loft, usines, manoirs, châteaux, granges et fermes restent bien évidemment en ligne de mire. 

Et, point positif pour les châteaux, la hauteur de plafond est un critère fondamental pour faciliter les prises de vue. De même, il faut de l’espace pour pouvoir accueillir véhicules et équipes de tournage ! Enfin, si votre domaine est situé en Ile-de-France, foncez ! La majorité des sociétés de production se trouvent en région parisienne et leur objectif est de limiter leurs coûts de déplacement. D’ailleurs, une aide de la région Ile-de-France, versée par le Fonds de soutien aux industries techniques cinématographiques et audiovisuelles, soutient les projets de tournages franciliens des maisons de production.

Pour pouvoir être contacté par une société de production, il existe plusieurs démarches :
Le recensement par des sociétés spécialisées Situation, 20 000 LieuxMiresCinédécorsThe Place to See

L’inscription sur des plateformes de référencement : Cast ThingsLieuxdetournage.frEasy Spaces
La présentation de son lieu au Salon des tournages, le fameux Production Forum, qui accueille chaque année une centaine d’exposants et professionnels du cinéma.

Établir un plan d’installation 

b) Une fois sélectionné : préparer le tournage

Un tournage peut durer entre 3 jours et 6 semaines. Il est donc impératif de se renseigner en amont sur les dispositions prises à l’égard du propriétaire par la société de production. S’il est, par exemple, amené à déménager temporairement, la société doit le reloger. 

Un plan d’installation s’impose pour plusieurs raisons :
Fixer précisément les espaces occupés pour le tournage en lui-même : le plan d’installation ne doit pas se faire avec les équipes de repérages qui ne seront probablement pas sur place au moment du tournage. Le plan d’installation doit se faire avec le régisseur. 

Déterminer les pièces réquisitionnées pour les activités annexes au tournage : pour une pièce utilisée pour le tournage, trois ou quatre pièces sont occupées par les équipes techniques, les équipes de maquillage, les costumiers etc. Si le propriétaire souhaite établir un forfait à la pièce occupée et non à la journée, il doit donc bien prendre en compte ce critère. Par ailleurs, si le lieu est trop petit pour accueillir ces équipes, il est possible de louer une annexe.  

Prévoir la gestion des véhicules : le propriétaire doit établir avec le régisseur l’emplacement précis des véhicules et mentionner les endroits où il refuse que des véhicules stationnent. Au château de Champs-sur-Marne, un tournage a d’ailleurs du accueillir trente-sept camions ! 

Le château de Beynac, en Dordogne qui a récemment accueilli Matt Damon et Ben Affleck pour le tournage du film The last duel !
Prévoir une convention de tournage 

Afin d’éviter tout malentendu et comme dans n’importe quel marché professionnel, il est nécessaire d’établir un contrat avec la société de production. Celui-ci doit donc prévoir : 
– L’état des lieux du site avant le début du tournage et après le clap de fin ;
– Les dispositions financières ;
– Le statut des membres de l’équipe de tournage : ceux-ci dépendent du code du travail. Néanmoins, s’ils sont victimes d’un accident pendant le tournage, le propriétaire du château ne peut en aucun cas être porté responsable. 

Exemple de convention de tournage 

Mettre en place un cahier des charges 

Pour assurer le bon déroulement du tournage, le propriétaire et l’équipe de tournage doivent mettre en place un cahier des charges précis prévoyant les lieux autorisés, les horaires de l’équipe, les installations techniques et électriques, les consignes de sécurités, les interdictions (fumer, boire ou manger dans le château par exemple). 

Pour la série Versailles l’enjeu a été de tourner en l’absence de public ! Mais ceci n’est pas une mince affaire… 

Prévoir d’être présent au cours des tournages 

Dans le cadre d’un tournage, le propriétaire est le protecteur de son monument. C’est à lui de veiller qu’aucun risque n’est pris vis-à-vis de son château. Il est donc préférable qu’une personne du château soit présente afin d’éviter tout problème. En outre, pour éviter toute détérioration des meubles ou objets, il est indiqué de démeubler entièrement la pièce et de faire couvrir le sol car le matériel technique peut endommager les parquets. 

Enfin, c’est au propriétaire de se renseigner précisément sur le film qui va être tourné dans son château. Il est en droit de demander le scénario ou le synopsis pour ne pas retrouver son château dans un film X… Concernant les photos des tournages, celles-ci peuvent être soumise à des droits à l’image. S’il veut en publier pour valoriser son site ou créer un outil de communication, il doit en demander l’autorisation à la société de production. 

Savoir à qui s’adresser

Pendant un tournage, une multiplicité d’acteurs apparaît. On peut facilement se perdre et ne plus savoir à qui s’adresser. Aussi, seules trois personnes sont à connaître : 
Le chef décors : c’est lui qui gère les équipes de décors. Ces dernières ne dépendent pas du régisseur et peuvent avoir la fâcheuse tendance à ne pas avoir d’horaires fixes… Ils peuvent arriver à 5h du matin le jour du tournage ou travailler jusqu’à 2h la veille… Ceci peut être évité si le propriétaire prend contact avec le chef décor et négocie des horaires très précis avec lui. Ainsi, durant l’installation des décors, il est préférable qu’une personne du château reste avec l’équipe pour vérifier que le lieu soit bien respecté.
Le chef régie : le propriétaire a tout intérêt à se mettre en bonnes relations avec la régie. C’est elle qui est précisément au courant de tous les horaires et déplacements. De même pour toute question, il est préférable de s’adresser au premier assistant, bras droit du réalisateur. Celui-ci est bien souvent plus au fait des détails pratiques que le réalisateur. 
La production : si un acteur s’adresse au propriétaire pour des exigences particulières ou extravagantes, le propriétaire présente le cas à la production et lui demande d’administrer l’affaire afin d’éviter tout conflit direct avec les artistes.

Conclusion

Réaliser des tournages dans son château c’est obtenir une visibilité touristique très large en se plaçant sur les rangs du ciné-tourisme et en participant à une création artistique tout en vivant une expérience hors du commun. Certes il ne s’agira pas d’une activité de tout repos mais les retombées touristiques et financières seront assurément significatives. Alors, votre château sera-t-il le prochain à apparaître dans un chef d’œuvre du septième art ? 

A vous de jouer ! Si vous avez d’autres questions, n’hésitez pas à nous écrire : contact@hephata.fr

Pour aller plus loin :

 Guide pratique des tournages en France
Châteaux utilisés pour le tournage de films célèbres

Stratégie marketing et contenu de marque autour du patrimoine

Cet accompagnement est particulièrement approprié pour les marques et hôtels de luxe et les gestionnaires institutionnels de patrimoine (assurances, banques, transports, universités, ministères) installés dans des bâtiments MH / ISMH ou dans de l’immobilier haut-de-gamme.

D’abord, Hephata propose une approche marketing. L’équipe identifie des produits existants à améliorer ou à développer à partir de l’actif « patrimonial », propose un positionnement, puis des marchés à cibler et des canaux de distribution. Hephata intervient depuis la stratégie marketing jusqu’à l’identification des personae et la création de valeur.

Ensuite, Hephata s’intéresse à l’image de marque. Hephata travaille à augmenter la puissance d’une marque et de son rayonnement grâce au contenu patrimonial (Histoire et histoires, valeurs, savoir-faire, symboles…). L’équipe intervient depuis la définition de l’image de marque et de sa personnalité de marque, jusqu’au aux supports de communication, incluant l’éditorial.

Cet accompagnement est donc spécialement adapté aux entreprises dans le cadre de leur Stratégie de développement RSE.

Exemples de missions :
– Diversification des licences de marque autour d’un opérateur hôtelier de luxe ;
– Stratégie éditoriale autour d’un réseau de châteaux et demeures historiques ;
– Stratégie marketing de valorisation de la marque « patrimoine » et stratégie de contenu ;
– Élaboration d’un concept marketing unique autour d’un lieu de vente patrimonial ;
– Stratégie digitale de contenu autour du patrimoine et des savoir-faire ;
– Création d’une image de marque solide d’un site historique (charte graphique, logo, discours de marque).