Introduction

À retenir :

  • Les JO réveillent des velléités remarquables de conservation et de valorisation du patrimoine.
  • Le parcours de la flamme olympique permet de mettre en valeur les sites patrimoniaux mythiques français.
  • Mais il serait souhaitable que les efforts engagés ne soient pas seulement ponctuels.

En 2023, les Journées Européennes du Patrimoine ont choisi de célébrer le sport, initiant ainsi une année culturelle presque entièrement consacrée à cette thématique, en raison de l’arrivée imminente des Jeux Olympiques. Citons à titre d’exemple Paris Musées qui a préparé l’événement en organisant ses expositions autour du thème « Art et sport » : L’Art équestre dans la Chine ancienne au musée Cernuschi, Victor Hugo s’escrime à la maison de Victor Hugo, Le Corps en mouvement au Petit Palais, etc.

L’année 2024 a donc vu les liens entre sport et patrimoine se renforcer considérablement.

Les Jeux Olympiques de Paris 2024 offrent une occasion unique de mettre en valeur le patrimoine français – et pas seulement le patrimoine sportif. De nombreux sites exceptionnels ont ainsi été rénovés à l’occasion des Jeux Olympiques, notamment dans le but d’en accueillir les épreuves. Le parcours de la flamme olympique renforce également le rayonnement international du pays et de son histoire, en traversant ses sites emblématiques.

I.               La flamme olympique parcourt les sites emblématiques français

Passage dans 30 lieux protégés par l’UNESCO

Le parcours de la flamme olympique de Paris 2024 traverse trente sites protégés par l’UNESCO. Parmi ces lieux, on retrouve des monuments historiques, des paysages naturels, ainsi que des sites témoins du patrimoine immatériel français. En voici quelques exemples:

  • Monuments historiques : le Château de Chambord, la grotte de Lascaux, la Basilique de Vézelay, Le Havre, la Cathédrale d’Amiens, etc.
  • Patrimoine naturel : le Mont-Saint-Michel et sa baie, le Canal du Midi, le Piton de la fournaise, etc.
  • Sites témoins du patrimoine immatériel français : les vignobles de Bourgogne et de Champagne.

Pourquoi ces lieux ?

De prime abord, il semble évident que c’est parce que ces lieux brillent par leur beauté ou par leur poids historique qu’ils ont été choisis.

Cependant, il existe une deuxième raison, liée à la première, qui va au-delà de cet aspect « instagrammable » et d’une vision de « carte postale » idéale de la France.

En parcourant ces sites emblématiques français, la flamme se fait le symbole unificateur d’une double diversité :

  • La diversité des nations, rassemblées autour des mêmes valeurs prônées par le sport : l’esprit d’équipe, le partage, l’amitié.
  • La diversité du patrimoine et des territoires français.

Ainsi, un site patrimonial local, ancré dans un territoire bien particulier, se trouve lié à tous les autres. Il forme alors comme une étape, un chapitre de la France et de son histoire. Il dévoile son identité, sa diversité, ses mutations. On le choisit donc parce qu’il est caractéristique, mais aussi parce qu’il diffère de tous les autres.

Au-delà du passage de la flamme, la mise en valeur du patrimoine liée aux JO passe aussi par le choix des lieux des épreuves: le château de Versailles, le Grand Palais, les Invalides, la place de la Concorde, etc.

II.             Un Paris des cartes postales offert aux visiteurs…

Vitrine internationale des caractéristiques des pays hôtes, les JO de Paris 2024 permettent de renforcer le visage d’une nation à forte identité touristique et patrimoniale.

Ainsi l’Etat et les différentes collectivités impliquées ont choisi de mieux mettre en valeur le patrimoine français aux yeux des visiteurs comme des téléspectateurs, en sélectionnant des lieux historiques comme zones d’épreuves olympiques, mais aussi parfois en restaurant des édifices dans le simple, et louable, objectif d’offrir aux visiteurs le meilleur de son patrimoine.

Quelques exemples ci-dessous de monuments qui ont bénéficié de ce mouvement de restauration et d’embellissement.

La Fontaine des Innocents : la Renaissance d’un joyau du XVIe siècle

Située place Joachim du Bellay, la Fontaine des Innocents est un chef-d’œuvre de la Renaissance française, classé monument historique depuis 1862. C’est l’une des plus anciennes fontaines de Paris : elle avait été érigée vers 1260 pour célébrer le retour des rois dans Paris après leurs sacres à Saint-Denis, et avait été remplacée par un édifice sous forme de loggia en 1548, sous le règne d’Henri II.

La fontaine, haute de 17 mètres, a vu à l’occasion des JO ses sculptures de nymphes, œuvres du génie de Jean Goujon, grand sculpteur français du XVIe siècle, être soigneusement nettoyées et protégées contre les effets néfastes du temps et de la pollution. Ce joyau architectural a également retrouvé toute sa splendeur grâce à la réactivation des jets d’eau et à l’installation d’un nouvel éclairage nocturne.

Une exposition au musée Carnavalet accompagne cette renaissance en plongeant ses visiteurs dans l’histoire mouvementée de la fontaine, qui n’a cessé de se métamorphoser au rythme des mutations urbaines.

Une nouvelle harmonie pour la place de la Concorde ?

À nouveau dans la perspective des Jeux d’été de 2024, la Ville de Paris a engagé des travaux de rénovation de la place de la Concorde, qui servira bientôt d’écrin des compétitions de basket 3×3, breakdance, BMX freestyle et de skateboard, et recevra même la cérémonie d’ouverture des Jeux Paralympiques.

Les travaux de restauration de cette place emblématique de Paris ont inclus entre 2022 et 2023 la rénovation de l’Obélisque de Louxor, qui a à cette occasion retrouvé sa pointe en acier doré, ainsi que celle des deux fontaines monumentales qui la ceignent – la Fontaine des Mers et la Fontaine des Fleuves – inaugurées en 1840. Ces travaux ont consisté en une mise en teinte minutieuse, en l’application d’une couche de cire protectrice sur les ornements et en la réfection des systèmes d’étanchéité des bassins.

Pas de Jeux…pas de rénovation, pas de rénovation…pas de Grand Palais, pas de Grand Palais…pas de Grand Palais ?

Le Grand Palais, fleuron de l’architecture parisienne de la fin du XIXe siècle, est fermé depuis 2021 pour de grands travaux de restauration. La première phase, achevée à temps pour les Jeux Olympiques de 2024, a permis de restaurer son immense Nef, qui accueillera les épreuves d’escrime et de taekwondo. Les rénovations apportées permettent à la fois de répondre aux exigences contemporaines en termes de sécurité et de confort, et de mettre en valeur l’histoire et la splendeur de ce bâtiment emblématique.

En effet, la Nef du Grand Palais, initialement conçue pour des exercices hippiques, a accueilli au fil des ans diverses activités culturelles, sanitaires (notamment transformée en hôpital pendant la Première Guerre mondiale) et sportives. Les JO permettront ainsi au Grand Palais de retrouver, l’espace de quelques semaines, l’une de ses fonctions premières.

Versailles (en) Chantiers : le château sous un nouveau Soleil

À Versailles, les JO ont aussi servi de catalyseur de la valorisation du patrimoine. Pour accueillir les épreuves équestres, le pentathlon et le cross-country autour de l’esplanade de l’Étoile royale et du Grand Canal, le château a tenu à se montrer sous son meilleur jour : restauration des berges du Grand Canal, du bassin d’Apollon, de la grille d’Honneur, de l’antichambre de l’Œil-de-Bœuf, des toitures de l’aile du Nord et du Grand Trianon.

De plus, les organisateurs ont pensé les épreuves de manière à ce qu’on n’endommage pas le parc: aucun arbre n’a été déplacé, et on n’a fait aucun ajout de terre extérieure qui aurait pu détériorer le sol. Tout sera remis en l’état après les Jeux.

III.            … avec des rénovations à marche forcée

Si les rénovations se sont achevées à temps pour les Jeux, celles-ci étaient souvent plébiscitées bien avant la période 2020-2024.

La fontaine des Innocents :

La fontaine des Innocents, comme la plupart des fontaines de la capitale, s’est trouvée abîmée par des décennies de pollution et d’intempéries qui ont corrodé son système hydraulique. Cependant, la Ville de Paris n’a cessé de reporter sa restauration, initialement prévue en 2014. En 2017, l’eau n’y coulait même plus.

L’arrivée imminente des Jeux Olympiques a donné l’impulsion nécessaire à l’État et à la Ville de Paris pour entamer enfin les travaux tant attendus. L’opération s’est achevée en juin dernier après un an de travaux, grâce à un investissement de 4,5 millions d’euros dont 600 000 financés par la DRAC Ile-de-France.

La place de la Concorde :

Le cas de la place de la Concorde est assez similaire à celui de la fontaine des Innocents. Après des années de plaintes et de pétitions, les travaux se sont enfin lancés pour restaurer la place, dont l’état avait atteint un niveau critique : fontaines à la mise en eau aléatoire, statues effritées, colonnes rouillées, lampadaires aux vitres brisées, pavement dégradé, etc.

Cela faisait un certain temps qu’historiens de l’art et citadins alertaient sur les dégradations de la Concorde, mais à nouveau, seule l’échéance des Jeux Olympiques parvint à faire réagir la Ville de Paris. Seulement, cette dernière étant trop proche, on dut concentrer les efforts : seules deux des huit guérites de la place représentant les grandes villes françaises (celles de Lille et Strasbourg) furent restaurées.

Cependant, la mairie de Paris a promis de rattraper le retard accumulé dès l’automne 2024, par d’importants travaux. Une commission d’experts, présidée par l’ancien ministre de la Culture Jean-Jacques Aillagon, a émis 12 propositions pour guider un projet de réaménagement qui débutera après approbation de la Commission nationale du patrimoine et de l’architecture (CNPA).

Le projet vise à « pacifier et rafraîchir » la place, lutter contre les îlots de chaleur, renouer avec le patrimoine végétal et historique, ainsi qu’à offrir de nouveaux usages. Il fait partie d’une initiative plus large de rénovation de l’axe porte Maillot/place Charles-de-Gaulle Étoile/avenue des Champs-Élysées. La réflexion de ces historiens, climatologues, architectes et autres spécialistes est nourrie par les contributions des Parisiens et des utilisateurs de la place, recueillies lors d’une concertation publique.

Le Grand Palais :

En ce qui concerne le Grand Palais, les travaux se poursuivront après les JO. On doit encore restaurer la moitié du site. La tâche est colossale puisque le bâtiment s’étend sur plus de 70 000 m², ce qui est plus grand que le château de Versailles. Il s’agit notamment de se prémunir d’un éventuel affaissement du bâtiment, puisque celui-ci est bâti sur des milliers de pilotis, et que dans la partie proche de la Seine, les pilotis pourrissent du fait de la baisse de la nappe phréatique.

La réouverture complète du palais au public est prévue pour 2026, preuve d’une restauration qui ne se limite pas aux Jeux et qui se veut a contrario instigatrice d’un avenir pérenne pour le monument.

Conclusion :

Les Jeux Olympiques ont globalement servi de catalyseur pour la valorisation et la rénovation du patrimoine français, tant par le passage de la flamme dans des lieux emblématiques, que par l’occasion que cette compétition au rayonnement international est pour une ville comme Paris de refaire peau neuve.

Cependant, bien que les récents efforts et travaux de rénovation témoignent d’une volonté louable de préserver et de valoriser le patrimoine, il est crucial qu’ils ne se limitent pas à des actions ponctuelles, mais qu’il fasse l’objet d’une attention continue et non seulement sporadique, ou au gré d’événements de grande envergure. De ce point de vue-là, l’État et la Ville de Paris ont engagé des efforts concrets. Espérons donc que cette dynamique se poursuive.

Pour aller plus loin

Habituellement utilisé pour accompagner la promotion immobilière ou le développement
d’activités commerciales, le crowdlending consiste à solliciter des prêteurs particuliers pour contribuer à financer un projet via des plateformes en ligne. 

Encore peu développé pour les projets de restauration du patrimoine, ce dispositif est une alternative intéressante au financement participatif de type don contre contrepartie car il permet de récolter des montants plus élevés, au-delà d’1 m€.

Tout comme un emprunt bancaire classique, les prêts octroyés dans le cadre du crowdlending sont assortis d’une durée et d’un échéancier de remboursement.
Plusieurs typologies de prêts sont possibles:

  • Le Prêt à taux 0% : le prêteur prête une certaine somme, sans intérêt, il sera
    remboursé du montant qu’il a prêté selon l’échéancier convenu. Ce type de prêts est
    souvent affinitaire et va attirer des personnes partageant les missions du projet sans
    recherche d’intérêts.
    o Exemple : Restauration de la toiture d’une chapelle. Montant total des
    travaux : 58 000 €, montant financé par le crowdlending : 54 000€.
    Dans ce cadre, les ressources nécessaires au remboursement ne reposaient
    pas sur un modèle économique, mais sur la collecte croissante du fonds de
    dotation qui réalisait l’opération, couvrant largement les dépenses mais trop
    étalées dans le temps par rapport au besoin de financement des travaux.
  • Prêts à taux d’intérêt : c’est le dispositif le plus proche d’un emprunt bancaire
    classique. Dans ce cas, le prêt est assorti d’un taux d’intérêt versé par l’emprunteur au
    prêteur (taux en général plus élevés qu’auprès d’une banque) et d’un calendrier de
    remboursement selon l’échéancier convenu.
    o Exemple : Rénovation de 2 maisons au sein d’un corps de ferme du XVIIIe
    siècle, en vue de les louer en séjour de courte durée. Montant total des
    travaux : 500 000€, montant collecté via le crowdlending : 50 000€.
    Dans ce cadre, les emprunts seront remboursés par le fruit des locations.
  • Prêts obligataires. Cette typologie d’emprunt est réservée aux personnes morales
    (associations, entreprises, collectivités) qui émettent des titres financiers
    (obligations) assimilables à une dette auprès d’investisseurs personnes morales ou
    personnes physiques (les obligataires). Cette dette est assortie d’intérêts et d’un
    échéancier de paiement.

o Exemple : Réhabilitation d’espaces au sein d’un bâtiment du XVIIIe siècle afin d’y accueillir des élèves en internat. Montant total des travaux : montant levé par crowdlending : 390 000 €. Dans ce cadre, la dette peut être remboursée par les recettes provenant des frais de scolarité et de logement des élèves.

Le crowdlending est assorti d’un certain nombre de conditions. La première, pour
l’emprunteur, est d’avoir une capacité de remboursement avérée. Le recours au crowdlending doit donc s’accompagner de ressources permettant d’assurer les remboursements voire le paiement d’intérêts. Ce mode de financement n’est par conséquent pas approprié pour tout type de projets. Il permet surtout une avance de trésorerie dans le cadre d’un projet de restauration ou de lancement d’activités. Cela peut constituer également un amorçage utile pour solliciter un établissement bancaire traditionnel en complément de fonds propres.


Une difficulté reste de mise : il existe à ce jour encore très peu de plateformes de
crowdlending qui permettent de financer ce type de projets, au premier rang desquels on
peut citer Credofunding, développé pour du patrimoine religieux ou cultuel. On ne peut que
souhaiter que la réhabilitation du patrimoine immobilier devienne une cause portée par les
plateformes de crowdfunding immobilier ayant pignon sur rue.

Article publié dans Courrier du patrimoine n°72 (2021)

Dans cet article, Hephata s’intéresse au financement participatif au service du patrimoine. Il souligne les récentes évolutions notamment juridiques qui lui permet aujourd’hui de s’imposer comme un vecteur majeur pour le financement.

Ce qu’il faut retenir

Le crowdfunding, le crowdlending et le crowdequity répondent à des besoins bien distincts et ont leur propres enjeux. La législation française et européenne est en pleine évolution pour développer et faciliter cette forme de financement populaire.

Introduction

La restauration des châteaux nécessite des investissements considérables. Face à cette réalité, de plus en plus de propriétaires de châteaux se tournent vers des formes de financements originales : les financements participatifs.

Trois outils existent dans ce domaine que vous découvrirez dans cet article : le crowdfunding, le crowdlending et le crowdequity.

Les différentes formes de financements participatifs et leurs enjeux

Crowdfunding

Le crowdfunding, ou financement participatif, repose sur la contribution financière d’un grand nombre de personnes. Dans le contexte de la restauration d’un château, cela peut prendre la forme de dons, souvent assortis de contreparties symboliques comme des visites privées du site ou des noms gravés sur une plaque commémorative. Le crowdfunding mobilise la solidarité d’une communauté, qu’elle soit locale ou mondiale, autour de la préservation du patrimoine.

Cependant, le crowdfunding peut présenter des défis :

  • La collecte des fonds peut être incertaine, dépendant fortement de la capacité du porteur de projet à mobiliser l’attention et l’intérêt du public.
  • Les montants récoltés peuvent ne pas suffire à financer intégralement la restauration. Cela nécessite souvent de combiner plusieurs sources de financement. Les montants récoltés pour le crowdfunding immobilier sont généralement autour de 450 000 €. Les campagnes spécifiquement dans le patrimoine tournent généralement plus autour de 20 000 €.

Par exemple, le Louvre mène une campagne de financement « Tous mécènes ! » pour contribuer à la restauration ou à l’acquisition d’œuvres majeures. Il a ainsi acquis La Victoire de Samothrace en 2013. Une nouvelle campagne de don a lieu jusqu’au 28 février 2024. L’objectif est réunir les 1,3 millions d’euros restants pour acquérir le Panier de fraises des bois de J.S. Chardin, tableau emblématique du maître de la nature morte.

Plusieurs plateformes à l’instar de la Fondation du patrimoine ou Ulule sont spécialisés dans le crowdfunding pour le patrimoine. Un article existe spécifiquement sur ce sujet.

Crowdlending

Le crowdlending, ou prêt participatif, fonctionne sur le principe du prêt d’argent par des particuliers à un projet en échange d’un remboursement avec intérêts. Dans le cadre de la restauration d’un château, le porteur de projet emprunte une somme déterminée. Il s’engage ensuite à la rembourser sur une période fixée. Cette approche offre une alternative intéressante au financement traditionnel, en contournant parfois les institutions bancaires.

Deux enjeux du crowdlending existent :

  • La capacité du porteur de projet à garantir le remboursement
  • Les intérêts à rembourser qui peuvent accroître la pression financière

Cependant, cette méthode offre l’avantage de mobiliser une communauté prête à investir dans la préservation du patrimoine. Elle permet également de contourner en partie la banque si celle-ci n’accorde pas de prêt pour le projet.

De nombreuses plateformes de crowdlending qui ne sont pas spécifiques au patrimoine comme Wesharebonds ou October existent.

Crowdequity

Le crowdequity, ou financement participatif en capital, se distingue en permettant aux investisseurs de devenir propriétaires d’une partie du projet. Les contributeurs acquièrent des actions ou des parts du château, devenant ainsi des copropriétaires. Cela offre une implication plus directe dans la gestion du site, tout en partageant les risques et les éventuelles retombées financières.

Plusieurs enjeux du crowdequity existent :

  • La gestion complexe des intérêts des investisseurs. Les copropriétaires peuvent avoir des opinions divergentes sur la manière dont le château devrait être restauré ou géré, ce qui nécessite une communication transparente et/ ou une gouvernance solide.

Par exemple, le château Saint-Laurent, propriété de Tony Parker, a atteint son objectif de financement grâce au crowdequity. Il a levé un million d’euros en seulement une heure. Le basketteur Tony Parker a organisé cette levée de fonds sur la plateforme de la start-up montpelliéraine Bricks.co.

Un paysage en pleine évolution en raison d’un cadre réglementaire en construction


La démocratisation du financement participatif, notamment pour le patrimoine, s’est accompagnée d’une transformation significative de son cadre réglementaire. Initialement perçu comme un terrain non balisé, le crowdfunding a d’abord été une source d’inquiétude pour les investisseurs. La traçabilité des fonds n’était en effet pas toujours assurée dans tous les projets. Cependant, au fil des années, les autorités ont su répondre à la hausse du recours à ce type de financement. Des règles ont ainsi été progressivement posées pour garantir la pérennité des services de crowdfunding.

  • Au niveau national, c’est en septembre 2014 qu’une ordonnance crée les statuts d’intermédiaires et de conseiller en financement participatif.
  • Au niveau de l’Union européenne, le Parlement européen a approuvé en octobre 2020 l’extension des plateformes de crowdfunding à l’ensemble du marché unique.
  • Un statut unique de prestataire de services de financement participatif a également été imposé en février 2022 pour simplifier la législation.

Le développement conjoint de solutions de financement participatif adaptées au patrimoine historique et d’un cadre règlementaire rassurant a alors permis une importante hausse du recours à cette activité.

En moins de 10 ans, le secteur s’est organisé progressivement, avec la récente disparition des trois statuts légaux des plateformes au profit d’un seul, harmonisé à l’échelle de l’Union européenne : l’agrément de « Prestataire de services en financement participatif » (PSFP). Il permet d’ouvrir les financeurs potentiels à l’ensemble de l’UE. Un des anciens statuts, l’IFP, existe encore mais uniquement pour le crowdlending et le crowdequity.

Ce nouvel agrément, le PSFP, créé en 2021 permet d’avoir un plafond à 5 M€ (contre 1 M€ pour l’IFP et 8 M€ pour le CSP) par projet par an. 110 sociétés basées dans l’UE dont 35 françaises ont l’agrément et peuvent donc continuer de proposer ce service de financement participatif. C’est le cas de Anaxago ou encore de Happy Capital.


Ces évolutions juridiques ont eu un impact positif sur la crédibilité du crowdfunding dans le domaine du patrimoine. Les investisseurs sont plus enclins à participer lorsque des limites claires sont en place et sont plus nombreux grâce à l’ouverture du financement participatif à l’ensemble de l’Union Européenne. Le patrimoine historique français ne peut donc que s’en réjouir.

La structuration progressive des modèles de financement du patrimoine

Parallèlement à l’évolution règlementaire, les modèles de financement participatif se sont adaptés avec le temps à leurs cibles, en se répartissant différents secteurs. Certains se sont alors tournées vers le patrimoine, en se spécialisant. Les plateformes ont développé des stratégies variées pour répondre aux besoins spécifiques des différents types d’apporteurs de capitaux. Un article concernant les plateformes de financement participatif spécialisées dans la culture existe sur notre site.

Conclusion

Finalement, le financement participatif s’est progressivement imposé comme un vecteur majeur de gestion de projets patrimoniaux. Il a permis de raviver l’intérêt des petits porteurs et de faire de la sauvegarde du patrimoine un effort collectif.
La diversité de ces financements innovants ont bénéficié tant aux financeurs qu’aux porteurs de projets patrimoniaux, et l’évolution règlementaire a contribué à établir un cadre propice au développement de certaines plateformes.
Grâce à cette innovation, une multitude de projets ont pu être concrétisés. La préservation du patrimoine devient alors l’affaire de tous.

Pour aller plus loin

Ce qu’il faut retenir

La muséographie au sein des sites historiques est essentielle pour la préservation et la transmission du patrimoine culturel. Celle-ci se distingue de la scénographie parce qu’elle se préoccupe du fond. Des exemples français développés dans cet article tels que le Musée d’Art moderne de Troyes et le Château de Suscinio illustrent quelques bonnes pratiques.

Introduction

La muséographie, en tant que discipline centrale de la présentation et de la médiation des lieux historiques, joue un rôle clé dans la transmission du patrimoine. Mais qu’est-ce que la muséographie? et en quoi se distingue-t-elle de la scénographie? comment créer une muséographie de qualité au sein d’un lieu historique? Illustrations et réponses à l’aide de quelques exemples de lieux historiques ayant déployé des muséographies différentes.

Comprendre la muséographie

La muséographie en un coup d’œil ?

La muséographie en tant que métier est souvent méconnue malgré son rôle crucial dans les lieux historiques. Le blog, Les Muséographes la définit comme étant « ce qui a trait aux contenus du parcours de visite et aux modalités de la médiation de ces contenus avec les visiteurs. ». En d’autres termes, elle désigne l’ensemble des techniques utilisées pour la présentation et la mise en valeur des collections. Il s’agit à la fois du concept de l’exposition, de sa trame ou scénario, et de l’articulation des contenus de l’exposition – les collections ainsi que toutes les médiations nécessaires à leur valorisation – au sein de cette trame.

3 types de muséographie existent :

  • La muséographie communicationnelle : Faire accéder à un savoir
  • La muséographie esthétique : Volonté d’émerveiller
  • La muséographie ludique : Faire réagir le spectateur par le jeu, le spectaculaire, etc.

La muséographie joue un rôle essentiel dans la manière dont les visiteurs interagissent avec l’histoire, la culture et l’art.

Différence entre muséographie et scénographie

La muséographie est souvent confondue avec la scénographie, discipline qui concerne la création d’espaces et d’ambiances visuelles et spatiales pour donner un corps à l’histoire racontée par le muséographe. Ce travail intervient après la muséographie.

Les décors, les costumes, l’éclairage, et les effets spéciaux sont utilisés pour immerger le spectateur dans une expérience narrative. La scénographie est donc avant tout axée sur la forme. Elle met en scène la narration dans l’espace. A contrario, la muséographie se concentre sur le fond, la narration. Elle a pour objectif la transmission de connaissances et d’informations précises ou l’émerveillement et la réaction du visiteur. Elle cherche à éduquer, à informer, documenter et émerveiller. La muséographie raconte des éléments tangibles de l’histoire, de la culture ou de l’art. Elle utilise par exemple des artefacts authentiques, des textes explicatifs, des médias interactifs pour faciliter la compréhension et l’appréciation du contenu présenté.

Les deux disciplines peuvent se chevaucher, mais elles servent des objectifs différents. La scénographie est davantage orientée vers la forme, tandis que la muséographie a pour principal objectif la narration, soit le fond.

Exemples de Muséographie dans des lieux historiques

Explorons désormais des exemples concrets de muséographie au sein de lieux historiques en France. Ces exemples illustrent comment construire une muséographie de qualité pour mettre en valeur le patrimoine culturel et historique. Ils soulignent également comment offrir une expérience mémorable aux visiteurs.

Le musée d’Art moderne de Troyes a récemment fait peau neuve en rafraîchissant sa muséographie et en ajoutant quatre cents mètres carrés supplémentaires d’espace d’exposition. Les collections du musée comprennent des œuvres de Courbet, Gauguin, Seurat, Derain, Picasso, et d’autres artistes de premier plan. La muséographie offre un parcours qui met en avant les grands moments de l’histoire de l’art moderne, tout en intégrant des œuvres d’arts non occidentaux. Les nouveaux espaces permettent également la tenue d’expositions temporaires et la création d’un cabinet d’arts graphiques. La restauration du palais épiscopal qui abrite le musée contraste favorablement avec l’état de certains autres musées de la ville.

Après cinq ans de travaux, le château a réouvert ses portes. Les travaux ont inclus la réfection des enduits, des sols en tommettes et des installations électriques, ainsi que la création d’ouvertures donnant sur la cour à l’Est. Ces améliorations étaient cruciales pour garantir la pérennité de ce site historique. Depuis la réouverture du site le 5 avril, le château de Suscinio propose un nouveau parcours qui transporte les visiteurs dans le passé, en particulier en 1485, lors des pourparlers autour du mariage d’Anne de Bretagne.

La muséographie utilise la visio projection pour présenter des scènes de l’époque. Cela permet aux visiteurs de se sentir immergés dans le contexte historique. De plus, du mobilier d’époque a été reconstitué pour recréer l’atmosphère authentique de cette époque fascinante. La muséographie offre également la possibilité de découvrir une collection d’arbalètes datant du XIIIe au XVIIe siècle et de s’initier au tir de cette arme médiévale. Elle offre une expérience éducative unique pour mieux comprendre la technologie militaire de l’époque. Cette nouvelle muséographie au sein d’un site historique est une réussite puisque le nombre de visiteurs est largement supérieur à celui de 2022.

Le Musée national de l’histoire de l’immigration, situé dans le palais de la Porte Dorée à Paris, a récemment fait l’objet d’une refonte complète de sa muséographie. Cette rénovation s’inscrit dans le contexte des nouvelles vagues migratoires et de la dénonciation de l’héritage colonial. La muséographie du musée vise à présenter les problématiques liées à l’immigration de manière plus nuancée. L’objectif est également d’inscrire la relation de la France avec ses immigrés dans une perspective historique à long terme. Le parcours s’étend de 1685, marquée par le Code noir et la révocation de l’Édit de Nantes, jusqu’à l’époque contemporaine. Les archives, les photographies, les témoignages et les œuvres d’art racontent une histoire complexe, celle des hommes et des femmes poussés à l’exil, mais aussi celle de la France en tant que pays d’accueil.

Après s’être installé au Japon ainsi qu’en Corée du Sud, c’est à Arles que Lee Ufan a ouvert un troisième lieu d’exposition. Cet espace au cœur de la ville est un hôtel particulier construit entre le XVIème et le XVIIIème siècle. La visite de l’hôtel Vernon entièrement rénové plonge les visiteurs dans l’univers de l’artiste, Lee Ufan. La muséographie organise l’exposition pour mettre en valeur le talent de l’artiste et ses grandes œuvres. Elle fait ceci en soulignant le caractère épuré des œuvres dans le décor de l’hôtel particulier.

Conclusion

Les exemples cités illustrent la diversité des approches possibles en matière de muséographie au sein des sites historiques. 5 principes cruciaux sont donc à retenir pour une muséographie de qualité : une compréhension approfondie du contenu à présenter, une adaptation au public cible, une créativité pour proposer une muséographie innovante, un respect du lieu historique et de son histoire et enfin un contenu accessible à un public large. En combinant ces principes, la muséographie peut transformer des lieux historiques en des expériences éducatives et culturelles inoubliables. Celle-ci joue donc un rôle essentiel dans la préservation du patrimoine culturel. La rénovation d’un site historique est l’occasion de repenser sa muséographie.

Pour aller plus loin

Ce qu’il faut retenir

Le patrimoine du sport en France est riche et diversifié : il mêle de nombreuses traditions transmises de génération en génération. Il est partie intégrante du patrimoine vivant national. Les Journées européennes du patrimoine, organisées les 16 et 17 septembre 2023, l’ont particulièrement mis à l’honneur cette année. Elles sont l’occasion idéale pour explorer cet aspect fascinant de la culture française et remettre en valeur le patrimoine du sport.

Introduction

À l’occasion des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, les Journées européennes du patrimoine ont célébré cette année le « patrimoine du sport ». Il faisait en effet figure de thème commun avec le « patrimoine vivant ». Cet évènement nous invite à découvrir un aspect souvent négligé du patrimoine français : le patrimoine sportif. Reconnue principalement pour ses monuments et sites emblématiques, la France possède un patrimoine sportif conséquent. Il a lui aussi façonné notre histoire et notre culture au fil des siècles, et mérite qu’on s’y attarde. Dans cet article, nous explorerons certains trésors méconnus. Ils permettent de comprendre comment le patrimoine sportif s’intègre à la culture, et peut aider à valoriser certains sites historiques.

Le Jeu de Paume, un trésor conservé du patrimoine du sport

Le Jeu de Paume, considéré comme l’ancêtre du tennis moderne -il est appelé « real tennis » par les Britanniques- est généralement connu pour son rôle dans l’histoire de France. Très lié aux espaces dans lesquels il est joué, le Jeu de Paume fait référence à la fois à la pratique et au lieu (patrimoine bâti) où se déroule l’activité. Le « serment du jeu de paume » fut en effet un élément fondateur de la démocratie française. Pourtant, ce jeu continue de vivre aujourd’hui et demeure transmis aux jeunes générations.

À Paris, la Société Sportive du Jeu de Paume et de Racquets, rue Lauriston, continue de perpétuer cette tradition. Fondée en 1908, elle possède l’une des rares salles dédiées à la courte paume en France, et fait vivre le patrimoine sportif que représente cette activité. Le Jeu de Paume est en effet pratiqué depuis le Moyen Âge, où il a été inventé par des moines français. Depuis, il s’est transmis au fil des siècles, grâce notamment à Henri IV ou François 1er qui ont été de grands joueurs.

Le béhourd, l’héritage médiéval remis en valeur

Autre exemple de patrimoine sportif hérité d’une tradition médiévale, le béhourd traduit la capacité du sport à se maintenir dans le temps au sein d’une culture. Du francique bihordôn, signifiant « espace clôturé où se déroulent les tournois », le béhourd est un sport de combat à la mode d’antan. Les participants se munissent ainsi d’armes et d’armures du XIIIe au XVIIe siècle, et s’affrontent lors d’une joute, reproduisant les tournois de chevaliers.

Remis à la mode d’abord par les pays d’Europe de l’Est dans les années 90, le béhourd est aujourd’hui bien implanté en France. La Fédération française de béhourd recense 31 clubs, qui ont l’occasion de s’affronter régulièrement. Les 16 et 17 septembre s’est ainsi tenue la Coupe de France de béhourd, au château Faugas, en Gironde.

Célébré dans des lieux historiques, le béhourd est ainsi l’occasion de lier patrimoine sportif vivant et patrimoine bâti, en proposant des animations divertissantes au public venu visiter un lieu de patrimoine.

L’olympiade Culturelle, ou comment lier le sport à l’art

Dès sa candidature pour les Jeux Olympiques de 2024, Paris a souhaité célébrer le volet culturel de l’évènement. Dans la tradition de Pierre de Coubertin, qui désirait allier « le muscle à l’esprit », l’Olympiade Culturelle propose ainsi aux Français des centaines d’évènements en accès libre, mêlant sport et patrimoine.

A Fougères (Ille-et-Vilaine), le 27 octobre, se tiendra par exemple une exposition consacrée au « Sport au Moyen Âge », présentant différentes sources d’informations sur les activités sportives de nos ancêtres.

Conclusion

Les Journées européennes du patrimoine sont une opportunité unique de découvrir le patrimoine du sport sous un nouveau jour. Comme le Jeu de Paume ou le béhourd, nombreuses sont les activités sportives transmises au titre de notre patrimoine. Des évènements réguliers comme l’Olympiade culturelle sont l’occasion d’enrichir notre connaissance de la culture nationale sous un angle différent. En s’alliant avec des sites historiques, le patrimoine du sport peut alors participer à préserver des traditions dans des lieux de culture.

Pour aller plus loin

Dans cet article, Hephata aborde le patrimoine immatériel et effectue un rapide aperçu du patrimoine vivant en France.

Introduction

Le patrimoine vivant désigne tout savoir-faire, traditions ou pratiques sociales hérités des sociétés passées. Il est donc considéré comme du patrimoine immatériel. Une petite subtilité demeure néanmoins. En effet, on parle de patrimoine vivant lorsque des membres de la société pratiquent toujours ces savoir-faire, traditions ou pratiques sociales et qu’ils y apportent un certain dynamisme doublé d’une volonté de former d’autres individus à ces savoirs et pratiques.

Le patrimoine vivant couvre ainsi différents champs et thématiques. Il peut s’agir d’une danse (le tango ou le flamenco par exemple), d’un sport (l’alpinisme, l’équitation, …), d’un savoir-faire (la gastronomie, la verrerie, l’horlogerie), de chants ou traditions orales (mariachi mexicaine, le gwoka guadeloupéen) ou encore de fêtes ou rituels (la fête de l’ours dans les Pyrénées, la grande fête de Tarija en Bolivie, etc., …).

Le pain et la baguette à la française

Symboles de la France par excellence, la culture et les savoir-faire artisanaux liés à la baguette et au pain ont été inscrits en 2022 sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Ce savoir-faire est un patrimoine vivant. En effet, aujourd’hui encore nos artisans boulangers procèdent de la même manière qu’autrefois pour produire cette célèbre spécialité. Plusieurs étapes traditionnelles sont ainsi nécessaires à l’élaboration de la baguette ou du pain : pétrissage, fermentation, grignage, cuisson, etc., …

Le carnaval de Granville

Le carnaval de Granville est une tradition inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO. S’étendant sur quatre jours, elle précède la fête du Mardi Gras. Existant depuis 1875, c’est un évènement culturel attendu de tous, qui participe au folklore et aux festivités locales. Chaque année, d’immenses chars humoristiques sont construits. Ce, en vue de parader lors du cortège fou, coloré et joyeux, tandis que volent au gré du vent, les robes valsantes des bals de nuits et les confetti des enfants.

La fauconnerie

La « Chasse au vol » ou encore fauconnerie est un art ancestral inscrit en 2021 sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Cet art est pratiquée depuis plus de 4000 ans. Il consiste en la prise et au dressage d’oiseaux de proie (faucons, aigles, buses, etc., …). Si autrefois, les oiseaux de proie étaient essentiellement dressés pour la chasse, il s’agit aujourd’hui davantage d’une pratique sociale. L’objectif est la connexion à la nature et la mise en valeur, de manière spectaculaire, des grands oiseaux de proie.

Le fest-noz, folklore à la bretonne

Rassemblement festif et folklorique aux traditions et costumes bretons, le fest-noz emmène les habitants au cœur des plus vieilles légendes de la région. Cette festivité culturelle a été inscrite sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité en 2012. C’est un patrimoine vivant car il fait perdurer des danses, des chants et des costumes traditionnels.

L’art subtil du parfum en pays de Grasse

Sentez-vous la subtile senteur des plantes à parfum du pays de Grasse ? Tandis que la plante courbe sa fleur aux chauds rayons du soleil, les hommes, depuis le XVIe siècle, en exploite le précieux nectar. Depuis la culture de la précieuse plante, jusqu’à la création d’assemblages, en passant par l’extraction et la distillation, les habitants du pays de Grasse ont appris à maîtriser et à faire perdurer un savoir-faire complexe demandant des compétences multiples. C’est donc un patrimoine vivant. En effet, il perdure encore de nos jours, de la même manière qu’il était pratiqué autrefois.

La dentelle au point d’Alençon

Le savoir-faire de la dentelle au point d’Alençon a été inscrit en 2010 sur la liste représentative du patrimoine mondial de l’UNESCO. Ce patrimoine vivant est à ce jour encore détenu par de fins connaisseurs. C’est un art d’une précision extrême et qui demande un travail très long. Il demande donc un haut niveau de savoir-faire et de compétences.

L’équitation de tradition française

L’équitation de tradition française a été inscrite en 2011. Cet art, très fin, demandant une grande maîtrise, révèle la capacité du cavalier d’établir une connexion, voire un lien de confiance avec l’animal. On ne parle plus de dressage mais d’éducation du cheval tant l’importance est de trouver une harmonie, sans imposer un rapport de force et de contrainte sur la monture. L’école la plus connue en France est le Cadre Noir de Saumur, où l’homme et le chevale ne cherche qu’à faire plus qu’un, donnant une impression de légèreté et de souplesse.

L’art de la tapisserie d’Aubusson

Inscrite en 2009, la tapisserie d’Aubusson est un art qui consiste au tissage de la laine selon des procédés qui relèvent d’un savoir-faire et de techniques complexes. L’outil employé est un métier à tisser manuel et vertical. Ce dernier permet la confection d’immenses pièces dont le coût et le temps de réalisation s’avèrent importants.

Le repas gastronomique des Français

Le repas gastronomique des Français est un patrimoine vivant inscrit depuis 2010 à l’UNESCO. Derrière ce terme se cachent toutes les pratiques sociales consistant à partager des repas lors d’une occasion festive particulière. L’accent est porté sur le plaisir lié au « bien manger » et au « bien boire ».

L’envoûtement des chants corses

Le « Cantu in paghjella » est un répertoire de chants corses profanes et religieux qui répond à une certaine technique vocale. Cette technique vocale a été inscrite patrimoine immatériel et vivant de l’UNESCO en 2009.

Pour aller plus loin

L’aventure du château de Guédelon

Les grands chefs et le patrimoine historique

La France au patrimoine mondial de l’UNESCO

Dans cet article, Hephata s’intéresse à la signification du thème des journées européennes du patrimoine 2023, le patrimoine vivant et à sa place dans les bâtiments historiques.

Ce qu’il faut retenir

L’UNESCO a commencé à protéger le patrimoine culturel immatériel en 2003. 20 ans après, le thème des journées européennes du patrimoine met à l’honneur le patrimoine vivant. Légèrement différent du patrimoine culturel immatériel, cette forme de patrimoine prend vie au sein des bâtiments historiques.

Introduction

Après une édition 2022 autour du thème « patrimoine durable », les journées européennes du patrimoine 2023 qui se sont tenues les 16 et 17 septembre ont eu pour thème commun le « patrimoine vivant » (avec un double thème, le « patrimoine du sport » pour la France). Les JEP (journées européennes du patrimoine), sont le plus grand événement culturel participatif européen. En effet, 48 pays ont participé à cet événement entre août et octobre 2023. Pour sa 40ème édition, le thème choisi par le Conseil de l’Europe et la Commission européenne a mis à l’honneur le patrimoine vivant.

Le patrimoine vivant, qu’il s’agisse de reconstitutions historiques, d’artisans traditionnels ou de performances artistiques, prend vie au sein des sites historiques. Ce dynamisme culturel constitue un attrait indéniable pour les visiteurs en quête d’une expérience immersive. Quels liens peut-on établir entre patrimoine vivant et attractivité des sites historiques ?

Pourquoi ce thème pour les JEP 2023 ?

Cette édition fut l’occasion de commémorer la signature de la convention de l’UNESCO pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. Cette convention fut signée il y a 20 ans (17 octobre 2003) et ratifiée en 2006 par la France (depuis mise en œuvre par le Ministère de la culture qui l’a confié à son département Recherche, Valorisation et PCI de la délégation à l’Inspection, la Recherche et l’Innovation (DIRI)). Par ce choix thématique, le Conseil de l’Europe ainsi que la commission européenne ont souhaité rappeler l’importance non négligeable de cette forme de patrimoine. Ils désirent par la même occasion contrer cette tendance à l’unification culturelle et à l’effacement des spécificités locales. Pour faire cela, ils mettent en avant ces singularités.

Définition du patrimoine vivant

Le patrimoine vivant est souvent associé voire synonyme du patrimoine culturel immatériel. En effet, les deux termes se réfèrent aux mêmes concepts. D’après l’UNESCO, le patrimoine culturel immatériel englobe « les traditions ou les expressions vivantes héritées de nos ancêtres et transmises à nos descendants, comme les traditions orales, les arts du spectacle, les pratiques sociales, rituels et événements festifs, les connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers ou les connaissances et le savoir-faire nécessaires à l’artisanat traditionnel. » Or, d’après le Conseil de l’Europe, le patrimoine vivant se réfère « aux pratiques, aux connaissances et aux compétences qui ont été transmises de génération en génération et qui sont encore utilisées de nos jours. » Comme vous pouvez le constater, ces deux définitions se ressemblent.

Cependant, le terme « vivant », absent du groupe nominal PCI (patrimoine culturel immatériel) met l’accent sur le caractère dynamique et en constante évolution des événements culturels. Le patrimoine vivant englobe donc toutes les manifestations culturelles qui sont encore pratiquées et vivantes dans une société donnée. Il appuie également sur les personnes qui permettent cette transmission du patrimoine, ceux que le Conseil de l’Europe surnomme les « gardiens du patrimoine ». Cette édition fut donc aussi l’occasion de mettre ces personnes en avant.

Exemples de patrimoines vivants en France

Lors de ces JEP, plusieurs patrimoines vivants ont été mis à l’honneur. Tous les acteurs se sont mobilisés (privés et publics).

Bien que, comme démontré plus haut, le patrimoine vivant diffère du patrimoine immatériel, leur définition se ressemble. Or, seul le patrimoine culturel immatériel est reconnu et protégé par l’UNESCO. L’UNESCO ne réalise donc pas de distinction entre ces deux termes. La liste des patrimoines culturels immatériels protégés a débuté lors de la signature de la convention en 2003. Elle ne cesse de s’agrandir. La reconnaissance d’un patrimoine vivant permet de sensibiliser un large public aux pratiques culturelles immatérielles. Cela renforce aussi la reconnaissance des détenteurs et des praticiens. Enfin, cela améliore les conditions d’exercice, de transmission, de sauvegarde et de diffusion de ces pratiques.

Voici donc une liste des derniers ajouts du patrimoine culturel immatériel français reconnus par l’UNESCO et qui montrent leur diversité :

  • 2022 : les savoir-faire artisanaux et la baguette de pain et les fêtes de l’Ours dans les Pyrénées
  • 2021 : la fauconnerie
  • 2020 : l’art de la perle de verre, l’art musical des sonneurs de trompe, les savoir-faire en mécanique horlogère et mécanique d’art, la yole de Martinique ou encore les techniques artisanales et les pratiques coutumières des cathédrales
  • 2019 : l’alpinisme
  • 2018 : l’art de la construction en pierre sèche, les savoir-faire liés au parfum en Pays de Grasse
  • 2016 : le carnaval de Granville

Le patrimoine vivant à travers l’Histoire

Le patrimoine vivant, qu’il s’agisse de reconstitutions historiques, d’artisans traditionnels ou de performances artistiques, prend vie au sein des sites historiques. Ce dynamisme culturel constitue un attrait indéniable pour les visiteurs en quête d’une expérience immersive. Le patrimoine vivant est un atout pour la préservation et l’attractivité des sites historiques. Il peut revêtir plusieurs aspects.

Le patrimoine vivant englobe une vaste gamme de pratiques, mais il trouve ses racines dans notre passé. Les reconstitutions historiques sont l’un des moyens les plus puissants de ramener l’histoire à la vie, en particulier sur des lieux historiques. Par exemple, à Vielmur-sur-Agout, dans le Tarn, l’association La vie moyenâgeuse recrée des « festoyances » dans des monuments historiques. C’est l’occasion de rassembler une centaine de convives autour d’un repas typiquement médiéval, avec des menus et des animations datant du 13e siècle ! Ces reconstitutions offrent une immersion totale dans une période révolue, qui permet d’éduquer et de divertir simultanément les visiteurs. C’est donc l’occasion de renforcer son attractivité pour le site historique considéré.

  • Le patrimoine vivant comme transmission de savoir-faire

L’artisanat traditionnel est un autre pilier du patrimoine vivant. Les artisans qui préservent des techniques ancestrales nous offrent un aperçu précieux du passé et des techniques de fabrication d’antan. Celles-ci peuvent être enseignées notamment par des activités sur des sites historiques. Ainsi, la cité de Carcassonne accueillait ce mois-ci une semaine du patrimoine vivant, où exposaient leur savoir-faire mosaïstes, ferronniers ou vitraillistes. Les visiteurs peuvent non seulement observer le processus, mais aussi s’approprier certains outils ou matériaux. Cette expérience interactive permet aux touristes de renforcer leur connaissance de l’artisanat traditionnel. Carcassonne peut alors s’appuyer sur le patrimoine vivant pour améliorer son attractivité.

  • La Magie des Performances Artistiques

Le patrimoine vivant regroupe également des manifestations plus contemporaines, comme les performances artistiques. Celles-ci peuvent en particulier avoir lieu sur des sites historiques, comme c’est le cas à Orange. Chaque année s’y tiennent dans son théâtre antique les Chorégies, le plus ancien festival de France. Dans un cadre historique exceptionnel, les visiteurs peuvent assister à différents ballets et concerts, mêlant patrimoine historique et patrimoine vivant.

Conclusion

Proche du patrimoine culturel immatériel, le patrimoine vivant est bien plus qu’un simple ajout aux sites historiques. Il est une partie intégrante de leur identité, offrant aux visiteurs une expérience immersive et plus enrichissante. L’investissement dans la préservation et la promotion du patrimoine vivant assure alors la pérennité de ces sites tout en améliorant notre compréhension de l’histoire. L’impact économique, éducatif et culturel du patrimoine vivant ne peut plus être nié, et sa mise en valeur continue d’évoluer pour répondre aux besoins des visiteurs du monde entier.

Pour aller plus loin

Dans cet article, Hephata fait le tour des différents habitats partagés développés dans des sites patrimoniaux en France.

Introduction

L’habitat partagé est un logement communautaire qui présente à la fois des espaces privés (chambres et salles de bain par exemple) et des espaces collectifs (cuisine, salon, jardin, etc., …). On distingue différents types d’habitats partagés : le cohabitât, le béguinage, l’habitat intergénérationnel, le coliving ainsi que l’habitat accompagné. Ces types de logements ont souvent une vocation sociale à destination des individus ayant un accès plus fragile au logement ou souffrant de solitude : étudiants, personnes âgées et/ou handicapées, individus souffrant d’addiction, etc., …

L’habitat partagé est un type d’activité économiquement rentable que peut développer un site historique. Il existe déjà plusieurs exemples en France de ce type de logements inclusifs qui ont ouverts dans des monuments d’exception et des bâtiments anciens. Voici donc quelques exemples de différents habitats partagés développés dans des sites patrimoniaux en France.

Un habitat partagé au sein du château de Panat

Dans la commune de l’Isle-Jourdain dans le Gers, le château de Panat accueille une coopérative d’habitants : l’Alter habitat lislois. Le groupe est constitué de familles avec enfants, de célibataires, de couples, d’actifs et de retraités, etc., … En cours de réaménagement, le château accueille plusieurs logements de dimensions différentes, pouvant ainsi accueillir une ou plusieurs personnes.

© Façade sud du château de Panat (printemps 2019), Clement.aumeunier, CC BY-SA 4.0.

Un habitat partagé dans une ancienne maison bourgeoise du XIXe siècle

A Saint-Brieuc, deux familles ont créé l’habitat partagé de la ville Berno. Les deux couples et leurs enfants débutent les travaux de réhabilitation en 2013 et en 2015, ils remportent un appel à projet lancé par le Conseil Général des Côtes d’Armor. Ils vont ainsi recevoir une aide de 10 000€ pour poursuivre les travaux. Le site comprend quatre logements de différentes dimensions ainsi que des espaces communs servant au stockage et à la vie commune.

Un béguinage à l’hôtel Sivard de Beaulieu

L’hôtel Sivard de Beaulieu à été construit en 1739. Doté de plus de 1000 m² de bâti et de 5000 m² d’espaces verts, il a été transformé en lieu de béguinage pour l’accueil des personnes âgées. Une dizaine de maisons ont également été construites dans l’enceinte du domaine afin de créer des espaces de vie plus indépendants pour les personnes âgées encore tout à fait autonomes. Le coût du projet était de 4,6 millions d’euros mais, tout à fait enthousiasmée, la ville a proposé deux garanties d’emprunt, à hauteur de 50%.

© Hôtel Sivard de Beaulieu, Le Refuge, Valognes, HaguardDuNord, CC-BY 3.

Le coliving dans la Maison Luna

Située à Paris dans le 14e arrondissement, la Maison Luna accueille des étudiants et de jeunes professionnels souhaitant vivre en colocation dans un espace sain et harmonieux. Ancienne maison de maître, elle a été complètement rénovée et aménagée en vue de sa nouvelle fonction. Elle dispose aujourd’hui d’une quinzaine de logements avec leurs salles d’eau et toilettes privatifs. Un jardin, une cuisine ouverte, un salon, une salle TV et une buanderie constituent les espaces en commun.

Un mode de vivre ensemble au château Pergaud

Situé dans la Drôme, le château Pergaud abrite un habitat participatif intergénérationnel. Construit à partir de 1837, le château accueille aujourd’hui le collectif du PeRgo. En plus d’un habitat partagé, le château propose des visites immersives, des évènements, des ateliers et des stages ainsi que des résidences d’artistes dans le but de favoriser l’expérimentation et la création. Le site est également ouvert au woofing et aux chantiers participatifs. Les valeurs et aspirations du collectif sont les suivantes :

  • Création et créativité ;
  • Joie et épanouissement ;
  • Respect et ouverture ;
  • Partage et transmission ;
  • Intelligence collective ;
  • Autonomie et mutualisation.

Une vieille maison et un écrin de verdure ouvert à tous

Près de Montpellier et perdue en pleine nature, une ancienne bâtisse, surplombée d’un château du XIe siècle, est habitée de six résidents souhaitant vivre en communauté. Le site cherche aussi à accueillir des visiteurs de passage. Deux options sont possibles :

  • Le woofing qui permet au visiteur de bénéficier d’un logement en échange de menus services (jardinage, ménage, bricolage, etc., …) ;
  • Un logement à moindre coût pour venir se reposer et se ressourcer.

Une cohabitation intergénérationnelle au Fort de Montauban

Doté de ses huit hectares, le Fort de Mautauban est un lieu de vie où se côtoient à la fois des personnes âgées et des jeunes, le plus généralement des étudiants. C’est un lieu de vie très dynamique et convivial qui est également ouvert au public. C’est aussi un lieu culturel fort qui propose de nombreux évènements et activités : spectacles, débats, expositions, etc., … Le lieu permet donc de favoriser la mixité sociale et la convivialité et de rompre la solitude des individus, notamment des plus âgés.

Un habitat participatif dans une ancienne ferme viticole

Le domaine de Morlay, en Saône-et-Loire est une ancienne ferme viticole aujourd’hui occupée par un habitat partagé. Cinq familles partagent le lieu dans un objectif social et écologique. S’y développent également des activités ouvertes aux visiteurs et aux autres habitants locaux : équitation, espaces d’hébergement sous la forme de gîtes ou d’un camping, etc., …

La Bergerie de Berdine, ouverte aux personnes fragilisées

La Bergerie de Berdine est perdue dans la nature, au cœur du parc naturel régional du Lubéron, dans un décors provençal unique. C’est un lieu à vocation sociale spécialement dédié aux personnes fragilisées par la vie ou une ancienne addiction. L’association a été créée en 1973 et depuis, elle a accueilli plus de 6500 personnes fragilisées. Ces personnes sont logées pour une durée indéterminée et sans contreparties financières. En échange, elles doivent s’adonner aux travaux de la ferme. Cette manière de vivre est aussi pour elles une manière de suivre un parcours de réinsertion et de réintégration progressif dans la société puis le monde professionnel. En effet, les activités manuelles et agricoles, le contact avec la nature et les animaux les amènent à reprendre confiance en elles et en leurs talents.

Pour aller plus loin

Le tour des sites accompagnés par Hephata en France

Les sites du patrimoine européen à découvrir cet été

Top 5 des lieux patrimoniaux emblématiques marqués par des femmes

Dans cet article, Hephata donne quelques clés pour ouvrir un habitat partagé dans un site historique.

Ce qu’il faut retenir

L’habitat partagé peut être une excellente solution pour développer une nouvelle activité économiquement rentable dans un site historique. Néanmoins, quelques facteurs clés de succès sont à connaître pour ouvrir un habitat partagé dans un site historique.

En effet, il s’avère nécessaire de :

  • Analyser les besoins sociétaux du territoire pour vérifier la viabilité du projet d’habitat partagé ;
  • Déterminer un public cible et choisir le bon type d’habitat partagé ;
  • Réhabiliter le site historique pour accueillir les personnes tout en respectant son intégrité architecturale et les normes d’accessibilité et de sécurité ;
  • Chercher et obtenir des financements ;
  • Trouver des habitants et encourager leur motivation à vivre en habitat partagé.

Introduction

L’habitat partagé est une forme de vie communautaire mais qui permet néanmoins de garder une certaine indépendance. C’est une nouvelle forme d’habiter qui est de plus en plus en vogue. Notamment du fait qu’il permet de réduire la solitude des personnes. L’habitat partagé est souvent porté par des initiatives locales et associatives qui cherchent à promouvoir de nouveaux modes de vie plus sains et plus respectueux des personnes et de l’environnement. La dimension écologique fait donc souvent partie des projets d’habitats partagés. On distingue différentes formes d’habitats partagés :

  • Le cohabitât. Il propose une vie en communauté avec la mutualisation des biens et des ressources selon une logique de partage et par soucis environnemental ;
  • Le béguinage à destination des seniors qui disposent encore d’une certaine autonomie et n’ont pas besoin d’un accompagnement médical ;
  • L’habitat intergénérationnel entre un jeune et une personne âgée autonome ;
  • Le coliving pour les jeunes professionnels et étudiants ;
  • L’habitat accompagné pour les personnes précaires et fragilisées.

Les sites historiques, par leurs vastes espaces de vie et leur cadre d’exception sont idéaux pour la création d’habitats partagés. Néanmoins, quelques facteurs clés de succès sont à connaître. Voici donc les clés pour ouvrir un habitat partagé dans un site historique.

Analyser les besoins sociétaux du territoire pour vérifier la viabilité du projet d’habitat partagé

Avant d’envisager de transformer un site historique en habitat partagé, il est nécessaire de vérifier la viabilité du projet sur le long terme. Pour cela, il faut analyser le site en lui-même ainsi que le territoire sur lequel il s’inscrit.

En effet, il faut vérifier le niveau d’attraction et de rayonnement du territoire ainsi que le type de demande en matière de logements. Le tout est de déterminer s’il pourrait y avoir des personnes intéressées pour intégrer un habitat partagé. Il faut également déterminer de quelques types de personnes il s’agit : étudiants, jeunes professionnels, personnes âgées, familles, personnes en situation de précarité, … ?

Parallèlement, il faut analyser l’accessibilité du site et son attractivité. Si un site n’est pas accessible et ne se situe pas à proximité des magasins de première nécessité, il est peut probable qu’il attire de potentiels habitants. En effet, il ne faut pas oublier que même si les résidents seront autonomes ce seront souvent des personnes seules à faibles revenus et donc sans moyens de locomotions personnels.

Déterminer un public cible et choisir le bon type d’habitat partagé

Une fois le territoire analysé, il sera plus facile de déterminer le public cible de votre projet. En fonction de ce public cible, mais aussi de vos envies en matière sociale, vous pourrez choisir un type d’habitat approprié (cohabitats, colivings, colocations intergénérationnelles, béguinages, écohabitats, etc., …).

Ainsi, un site historique situé à proximité d’une ville dynamique, tel que le Fort de Montauban, pourra accueillir à la fois des personnes âgées et des étudiants au sein d’une colocation intergénérationnelle.

Au contraire, isolée dans la garrigue, la Bergerie de Berdine accueille des personnes ayant souffert d’addiction et en passe de s’en libérer et de se réinsérer dans la société, notamment grâce au travail manuel et à la proximité avec la nature et les animaux.

Réhabiliter le site historique pour accueillir les personnes tout en respectant son intégrité architecturale et les normes d’accessibilité et de sécurité

Une fois le public cible déterminé, il faudra réfléchir à la manière de réhabiliter le site historique. Par ailleurs, si l’habitat doit accueillir des personnes malades ou handicapées, il devra répondre à des normes ERP (établissements recevant du public). Il peut s’agir par exemple de mettre en place des rampes d’accès pour les personnes âgées dont la mobilité n’est pas toujours évidente. Dans tous les cas, la configuration du site devra s’acclimater à l’accueil des personnes. Ce, afin d’optimiser leurs espaces de vie personnelle tout comme les espaces partagés.

Cette phase peut s’avérer délicate dans le cadre d’un site historique, notamment s’il est classé ou inscrit. En effet, tous travaux, aménagements ou modifications architecturales devront passer par la validation de l’ABF (architecte des bâtiments de France).

Chercher et obtenir des financements

Avant d’engager tout projet d’habitat partagé, il est bon d’estimer le coût du projet (achat du lieu, travaux de réhabilitation, charges annuelles, …). Cette estimation faite, il sera possible de chercher des subventions permettant de financer en partie le projet. Il faudra également construire un bon argumentaire pour prouver la viabilité du projet aux différents financeurs.

Pour obtenir des financements vous pouvez vous tourner vers les aides départementales, régionales voire européennes, vers les banques, vers le crowdfunding ou encore vers des organismes et des coopératives dédiées spécifiquement à l’habitat partagé.

Il existe par exemple la coopérative Oasis. Celle-ci propose un apport financier et un accompagnement personnalisé pour pallier la difficulté d’accès aux prêts bancaires. L’apport est de 200 000€ maximum avec un faible taux d’intérêt, 1,5%. Ce, sur une durée de dix ans.

Autre acteur : la Banque des territoires. Celle-ci propose une offre de financement dédiée à l’habitat inclusif pour les personnes âgées et/ou handicapées.

Comme autres financeurs, on trouve aussi Amundi pour le béguinage, Audacia pour le coliving, etc., …

Trouver des habitants et encourager leur motivation à vivre en habitat partagé

Enfin, le plus délicat sera de rendre le site attractif afin de trouver des habitants et de les fidéliser. Il s’agira de mettre en visibilité le site pour qu’il soit connu. Cela peut se faire par la création d’un site internet et de réseaux sociaux. Mais aussi grâce à des publications dans la presse locale ou sur des sites dédiés. Il faudra aussi réfléchir au montant des loyers afin d’avoir des logements économiquement attractifs.

En outre, il faudra proposer des activités et des services ainsi que des aménagements qui permettent justement aux personnes d’accéder à une vie communautaire tout en restant autonomes et indépendantes. On peut par exemple penser à la présence d’une cuisine équipée, d’une salle de détente agrémentée de livres et de jeux de société, d’une blanchisserie, d’équipements sportifs et de vélos en libre distribution, d’une connexion internet et d’abonnements Netflix, prime vidéo, … Tous ces suppléments sont bien sûr à penser en fonction de l’âge et du type de personnes accueillies.

Conclusion

Les clés pour ouvrir un habitat partagé dans un site historique sont donc de vérifier la viabilité du projet au sein d’un territoire. Quels sont les besoins et enjeux sociaux du territoire ? Quelle place occupe la demande en matière de logements ? Quel est l’âge moyen des habitants de ce territoire ? Le site historique est-il facile d’accès ? … En fonction de ces différents critères, il est possible de juger de la viabilité d’un projet d’habitat partagé sur le territoire mais également de viser un public cible : étudiants, jeunes professionnels, familles, personnes dépendantes, seniors, etc., …

Selon le public ciblé, il sera ensuite possible d’envisager la réhabilitation du bien historique. Puis son lotissement en différents espaces de vie privés ou communautaires. Ensuite, il faudra recourir à des financements (crowdfunding, subventions, soutiens d’interfaces dédiées, etc., …). Enfin, il restera à promouvoir le site et à le rendre attractif. Ce, pour attirer les futurs résidents et les motiver à rester par un cadre de vie adapté et sain.

Pour aller plus loin

Les différents types d’habitats partagés pour un site historique

L’insertion sociale et la sauvegarde du patrimoine

La sauvegarde du patrimoine au service de l’homme

Dans cet article, Hephata fait part des différents types d’habitats partagés pour un site historique ou patrimonial.

Introduction

L’habitat partagé est un logement communautaire qui présente à la fois des espaces privés (chambres et salles de bain par exemple) et des espaces collectifs (cuisine, salon, jardin, etc., …).  Par ailleurs, ce type d’habitat propose généralement des prestations supplémentaires telles que :

  • La restauration ;
  • Les services de blanchisserie ;
  • La mise à disposition d’équipements sportifs ;
  • Des abonnements à internet, à Netflix, … ;
  • Des aides médicales et soins à la personne, etc., …

On distingue différents types d’habitats partagés : le cohabitât, le béguinage, l’habitat intergénérationnel, le coliving ainsi que l’habitat accompagné. Ces types de logements ont souvent une vocation sociale à destination des individus ayant un accès plus fragile au logement ou souffrant de solitude : étudiants, personnes âgées et/ou handicapées, individus souffrant d’addiction, etc., …

Dans le cadre du patrimoine, l’habitat partagé peut constituer une nouvelle activité et donc une nouvelle source de revenus permettant la valorisation économique du bâti. Dans cet article, Hephata présente donc les différents types d’habitats partagés à développer dans un site historique, avec leurs atouts et contraintes.

Les différents types d’habitats partagés

Le béguinage

Le béguinage a été fondé au Moyen Age. Il concernait alors des communautés religieuses laïques. Le terme béguinage a été repris pour des raisons uniquement marketing. En effet, il désigne aujourd’hui un type d’habitat partagé à destination des seniors, sans qu’il y ait forcément une vocation religieuse à ce type de logements. Ainsi, c’est une sorte d’alternative aux EHPAD, pour les personnes âgées qui n’ont pas nécessairement besoin d’une aide médicale spécialisée.

Le béguinage tente donc de répondre aux besoins du vieillissement en proposant des ensembles de petits logements séparés ou non pour des personnes âgées mais autonomes. Ce type de résidences permet essentiellement de rompre la solitude, d’augmenter la sécurité des personnes et de faciliter leur accessibilité aux commerces de première nécessité.

En termes de structure, le propriétaire d’un site de béguinage peut être une collectivité ou une foncière. Le site peut être géré par une association ou une société mixte dans le premier cas, par une association ou une société d’exploitation dans le second cas. Ces acteurs perçoivent des loyers de la part des résidents, dont une partie est reversée pour les prestations (ménage, animations, aides médicales, etc., …).

Parmi les acteurs et financeurs du béguinage, on trouve :

  • Béguinage & compagnie (cabinet de conseil) ;
  • Amundi, la Caisse des Dépôts et Atland (investisseurs)  ;
  • Esprit béguinage et Béguinage solidaire (foncières et associations œuvrant uniquement dans le bâti ancien) ;
  • Vivr’Alliance et Floralys (foncières et associations œuvrant en partie dans du bâti ancien) ;
  • Domani (foncière).

                            Le béguinage dans un site historique

L’association Nouvelles Solidarités a installé un béguinage solidaire dans l’ancien hôtel Sivard de Beaulieu, à Valognes. Ce béguinage est à destination des personnes âgées de plus de 60 ans. Le domaine dispose de 28 logements dont 18 appartements et dix petites maisons. Les résidents ont accès à des espaces communs et notamment au jardin, ce qui leur permet d’accroître leur bien-être social.

La cohabitation intergénérationnelle

La cohabitation intergénérationnelle est une forme d’habitat partagé entre un senior et un jeune (moins de trente ans). Ce type de contrat fonctionne et est intéressant puisque les deux parties en sont bénéficiaires. En effet, le jeune bénéficie généralement d’un loyer à moindre coût en contrepartie duquel il apporte une présence sécurisante à un senior. Cette combinaison permet donc de mettre un terme à la souffrance sociale et à la solitude des personnes âgées encore autonomes tout en facilitant l’accès au logement aux jeunes.

La cohabitation intergénérationnelle peut prendre deux formes différentes :

  • Le senior est propriétaire de son bien immobilier et en loue une partie à un ou plusieurs jeunes. Dans certains cas, une entreprise spécialisée peut gérer la mise en relation. En échange, elle prend une commission sur la signature du contrat.
  • Le lieu est propriété d’une collectivité qui établit un bail avec une association ou une société mixte. Celle-ci établit alors un contrat de location avec les résidents : personnes âgées, étudiants ou jeunes actifs.

Atland Résidentiel est le principal investisseur des cohabitations intergénérationnelles. Quand aux acteurs de la cohabitation intergénérationnelle, on peut trouver :

  • La Maison de Marianne et Réséda (propriétaires et exploitants) ;
  • Xenia, Colette, le Pari Solidaire, Cohabilis, Ensemble 2 générations et Colibree (plateformes).

                            Une cohabitation intergénérationnelle au Fort de Montauban

Le Fort de Montauban se situe en Tarn-et-Garonne. L’édifice actuel date du XVIIe siècle et la réhabilitation de 2003. Le Fort est une résidence intergénérationnelle depuis 1986. La résidence est également une auberge de jeunesse depuis 2006 et bénéficie également d’une programmation culturelle : espace d’animation ouvert sur la ville, galerie d’art, salle de spectacles, etc., …

Le coliving

Le coliving est un type d’habitat partagé destiné principalement aux jeunes professionnels mais également aux étudiants. Il s’agit de colocations bénéficiant d’une certaine dimension de coworking. Les jeunes disposent d’un espace privatif individuel et d’espaces collectifs où ils peuvent se retrouver pour échanger et discuter, travailler, pratiquer du sport, etc., …

Pour la structure, le propriétaire est toujours une foncière. Celle-ci délègue la gestion du site à une société commerciale d’exploitation qui elle-même établit un contrat de location avec des étudiants ou de jeunes actifs. Des contrats de services sont également établis avec les prestataires pour les services de ménage, de blanchisserie, de conciergerie, de coaching sportif, etc., …

Les principaux acteurs et financeurs du coliving sont :

  • Coliving.com et Colivme (plateformes) ;
  • Colonies, la Casa, My name is Bernard, The Badel Community, Homies, Château Coliving & Coworking et Colivys (propriétaires et exploitants) ;
  • Braxton, Audacia, la Caisse des Dépôts et Ares (investisseurs).

                            Un site historique dédié au coliving

La Maison Luna, dans le 14e arrondissement de Paris, propose 15 couchages à destination des jeunes actifs et étudiants. Un grand jardin, un barbecue, un Home cinéma ainsi qu’une buanderie agrémentent le coliving. Sont également compris des prestations de ménage, d’assurance, d’abonnement streaming, de brunch, etc., …

Le cohabitat

Le cohabitat est une manière de vivre en communauté en mutualisant les biens et les ressources afin de concevoir, réaliser et financer ensemble le logement. Il s’agit avant tout d’une démarche sociale et environnementale. Le cohabitat bénéficie ainsi d’espaces privatifs mais certains éléments sont en commun : chambre d’amis, vélos et voitures, jardin, salon, cuisine, etc., …

Les propriétaires des sites destinés au cohabitat peuvent être des particuliers ou des collectivités. Dans le premier cas, la gestion est déléguée à une société coopérative, une société d’attribution et d’autopromotion ou une SCI. Dans le second cas, le site est géré par une association ou une société mixte. Les gestionnaires établissent ensuite des contrats de location, aux résidents.

Habitat & Partage ainsi que Bellevilles Foncière Responsable sont les deux principaux acteurs de l’habitat partagé.

                            Le cohabitat dans un bâti ancien

A Dullin, en Savoie, le Château Partagé propose vingt couchages à destination de tous types d’individus : familles, célibataires, couples, … tant que ces personnes disposent d’une sensibilité à l’intention de l’environnement durable.

L’habitat partagé accompagné 

L’habitat partagé accompagné met à disposition un logement privé complété par des espaces collectifs destinés aux personnes fragilisées. C’est donc un type d’habitat socialement très engagé et qui souhaite venir en aide aux personnes en situation précaire : femmes seules ou battues, personnes en situation de handicap, etc., …

L’habitat partagé accompagné peut prendre deux formes :

  • Le propriétaire du lieu est une collectivité qui délègue la gestion à une association ou à une SEM qui établit des contrats de location avec les résidents et des contrats de service avec les prestataires ;
  • Le propriétaire du lieu est une foncière qui accorde la gestion à une société commerciale d’exploitation. De même, celle-ci établit des contrats de location avec les résidents et des contrats de service avec les prestataires.

Les différents acteurs et financeurs de l’habitat partagé accompagné sont :

  • Ostalada (cabinet de conseil) ;
  • Le Club des 6 et Familles solidaires (associations) ;
  • Résidences Mobicap (propriétaires-gestionnaires).

                            Ouvrir un habitat partagé accompagné dans un site patrimonial

La Bergerie de Berdine est située dans le Vaucluse et propose 15 couchages pour les personnes addictes et dépendantes afin de les aider à se reconstruire physiquement et psychologiquement ainsi qu’à se réinsérer socialement. La reconstruction des personnes passe notamment par un travail dans un milieu rural avec des activités agricoles et artisanales. Il faut noter que l’hébergement ne donne pas lieu à un loyer ou une contrepartie financière mais à la réalisation d’une prestation de service au sein de la Bergerie.

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