A l’occasion des Journées Européennes du Patrimoine 2024, prolongez l’été et venez découvrir le patrimoine le long des GR de France.

Ce qu’il faut retenir

Les grands chemins de randonnée français sont appelés plus communément « GR ». Ils permettent bien évidemment de découvrir le patrimoine naturel mais aussi d’avoir accès à des sites historiques patrimoniaux d’une incroyable richesse culturelle. Ils peuvent se pratiquer à pied, en VTT ou même à cheval. Les GR permettent donc une forme de tourisme expérientiel puisqu’ils donnent accès aux patrimoines naturel (paysages, faune et flore), matériel (monuments, objets) et immatériel (gastronomie, savoir-faire, traditions), développant ainsi différents sens ainsi que la pratique sportive. Les sentiers et parcours balisés sont par ailleurs de bons moyens, pour les collectivités, de développer l’attractivité du patrimoine de leur territoire.

A l’occasion des Journées Européennes du Patrimoine 2024, dont le thème « itinéraires, réseaux et connexions » invite à la reconnexion avec le patrimoine bâti et naturel, prolongez l’été et venez découvrir le patrimoine le long des GR de France.

Introduction

Depuis quelques années, la place est donnée au tourisme expérientiel dans lequel le touriste devient acteur de son parcours de visite. Avec cette tendance, se développe également l’attrait pour le tourisme durable dont découlent l’agritourisme, l’oenotourisme ou encore le slowtourisme. La tendance est donc à découvrir le patrimoine en flânant. C’est-à-dire en prenant son temps et en vivant des expériences uniques sources d’émotions. La randonnée – qu’elle soit pédestre, cycliste, équestre, etc… – fait partie de cette forme de tourisme lent qui profite du patrimoine naturel en même temps que du patrimoine architectural. Car en effet, si les GR passent par de magnifiques paysages révélant les différents visages de la France et de ses terroirs, ils passent aussi par des villes et aux abords de patrimoines d’exception.

Définition

Les GR (chemins de grande randonnée) sont un réseau de sentiers en France, entretenus par la Fédération Française de la Randonnée Pédestre (FFRP).

Depuis 1947, sous l’égide de la FFRP, plus de 8 900 bénévoles ont balisé 206 000 kilomètres de sentiers en France, marqués en blanc et rouge pour les GR® et en jaune et rouge pour les GR de Pays®. Ces itinéraires, qui suivent souvent d’anciennes voies, mettent en valeur le patrimoine naturel et culturel, tout en s’adaptant aux évolutions contemporaines. Le premier sentier GR® a été inauguré en 1947 à Orléans, et depuis, leur nombre a atteint 304 à travers tout le pays.

Les collectivités mettent en valeur leurs territoires grâce aux GR

Les sentiers de randonnée, comme les chemins de Grande Randonnée (GR) et autres itinéraires emblématiques, jouent un rôle crucial dans l’attractivité touristique des territoires. Ils sont un très bon moyen pour les collectivités de mettre en valeur leur territoire. La façon dont les derniers tronçons du GR63 sont mis en avant sur le site du Grand Avignon en est un bon exemple. Les étapes finales du GR sont en effet beaucoup plus détaillées que les premières, et l’arrivée à Avignon est décrite comme une « apothéose », faisant des alentours d’Avignon et de la ville elle-même le climax de l’expérience esthétique et historique vécue tout au long de ce chemin.

La stratégie marketing du Grand Avignon pour le GR63, intitulé Chemin Urbain V, est fondée sur l’exploitation du patrimoine historique et culturel lié au Pape Urbain V. En mettant en avant ce parcours de randonnée comme un voyage dans les pas de Guillaume Grimoard, 12e Pape français d’Avignon, l’Office de Tourisme crée une connexion narrative et immersive avec l’histoire locale.

Le concept valorisé est celui d’une aventure historique et culturelle. Le GR63 est présenté non seulement comme un itinéraire de grande randonnée, mais comme une retraite historique qui permet aux randonneurs de découvrir des sites emblématiques du passé papal d’Avignon et de la région, incluant le Palais des Papes et le pont du Gard. En intégrant des éléments de l’héritage papal d’Urbain V, le Grand Avignon transforme chaque étape du parcours en une exploration de l’histoire religieuse et médiévale, renforçant ainsi l’attractivité culturelle du voyage.

Cette stratégie marketing vise à attirer des visiteurs intéressés par une expérience qui combine découverte historique, patrimoine culturel et aventure en pleine nature. Les topo-guides et la signalétique le long du chemin mettent en lumière des récits et des sites associés à Urbain V, tout en offrant une immersion dans les paysages spectaculaires de la région. Cette approche permet de capitaliser sur la notoriété historique d’Urbain V pour enrichir l’expérience de randonnée et stimuler l’intérêt des touristes pour la richesse culturelle et historique du Grand Avignon.

Les GR (sentiers de Grande Randonnée) représentent également un levier précieux pour dynamiser les plus petites communes en attirant des randonneurs et en réanimant leur coeur de village. La commune de Bonrepos-Riquet a bien saisi le parti qu’elle pouvait tirer des variantes du chemin de Compostelle, et a inauguré en Juillet 2022 le nouveau tracé du GR46, passant désormais au pied de son château, demeure du génial concepteur du canal du Midi, Pierre-Paul Riquet.

Le sentier du baroque

Au cœur de la Haute-Savoie, dominé par le Mont-Blanc, le sentier du baroque déroule son chapelet de petites églises, oratoires et chapelles qui sont des joyaux d’art et d’histoire.

L’église Saint-Nicolas, à Combloux, étonne notamment par son clocher en forme de bulbe. Elle n’est néanmoins pas la seule à témoigner de l’art baroque dans la vallée. 16 autres chapelles et églises sont aussi porteuses de cette architecture. Celle-ci révèle en fait le passage dans la Vallée de l’Arve de François de Salles. Ce dernier cherchait à repousser le protestantisme à une époque où la guerre de religion fait rage. L’art baroque est alors une expression du renouveau catholique. C’est un art qui cherche à convaincre non pas par la raison mais par les émotions. C’est pourquoi l’art baroque déploie son architecture et ses formes avec faste et théâtre. Les décors sont tout à la fois dramatiques, exubérants, mouvementés et colorés, … Ce, dans l’objectif d’encourager les fidèles à poursuivre la foi catholique et à ne pas basculer dans le protestantisme.

Au cours du sentier, vous découvrirez ces petits joyaux d’architecture, cachés dans les contreforts du Mont-Blanc et de ses splendides paysages naturels, architectures baroques d’une intensité forte dont l’histoire a été marquée par les guerres de religions.

Patrimoines des bords de Seine et de Loire

La Loire et la Seine sont des fleuves bordés de GR qui permettent de randonner dans un cadre bucolique et animé par de nombreuses espèces animales, notamment des oiseaux. Ces chemins enchanteurs qui plongent dans la nature permettent aussi de découvrir des sites du patrimoine historique. Si l’on connaît surtout les grands châteaux de la Loire, certains, plus petits, sont tout à fait méconnus du grand public :

Quant au GR qui longe la Seine, il permet lui aussi de donner accès à des sites d’exception telles que les abbayes bénédictines de Saint-Seine, de Jumièges, Saint-Georges-de-Boscherville et de Saint-Wandrille, etc., …

Ces itinéraires sont d’autant plus appréciés qu’ils bénéficient d’infrastructures d’accueil, d’une mise en réseau des différents sites traversés et d’une forte promotion de la part des offices de tourisme, collectivités, voire parcs régionaux, facteurs clés favorisant la notoriété de ces itinéraires, l’attractivité et les retombées économiques pour le territoire.

Les GR du littoral

De nombreux itinéraires côtiers et sentiers de littoral jalonnent nos côtes. On peut en citer quelques uns. Deux GR s’étendent le long de la côte normande et de la côte bretonne : le GR 34 et le GR 223. A cela s’ajoute un autre chemin, le GR 340 qui fait le tour de Belle-Ile-en-Mer. Ces GR marins sont l’occasion de découvrir les côtes françaises avec leurs plages immenses de sable fin, leurs petites criques sauvages, leurs immenses falaises balayées par les vents iodés et plongeant dans une mer âpre et tumultueuse. Le long de ces côtes des sites patrimoniaux s’élèvent. On trouve à la fois des infrastructures maritimes et portuaires, des phares, des châteaux austères contemplant la mer ainsi que des citadelles et bastions fortifiés :

  • Phares de l’Ile Vierge, de l’Ile de Batz, du Cap Fréhel… ;
  • Château Turpault, château de Kérouzéré, Domaine de Suscinio… ;
  • Citadelle Vauban de Belle-Ile-en-mer, fortifications de Saint-Vaast-la-Hougue, Citadelle Port Louis… ;

Petits villages de Barfleur, d’Honfleur, de Locronan, etc., …

Patrimoines des massifs montagneux

Jura, volcans cantaliens, mont Lozère, montagne corse, Pyrénées, Alpes, Cévennes… Ces massifs montagneux sont aujourd’hui les espaces naturels les plus protégés de France. Ils sont aussi le lieu privilégié des randonneurs en quête de nature, d’aventure et de nuits à la belle étoile. Ces espaces sauvages sont aussi les derniers espaces où vive une faune sauvage libre et rare : ours, loups, lynx, etc., … Quelques villages typiques, aux maisons et abris faits de matériaux traditionnels et locaux ponctuent ces paysages verdoyants faits de collines, de montagnes, de gorges et de vallées profondes, … Parfois, on trouve aussi d’imposants promontoires fortifiés sur lesquels se dessine la silhouette d’un château, d’une forteresse ou encore d’une abbaye :

Sur les routes de Compostelle

Il existe plusieurs voies de passage pour se rendre à Saint-Jacques-de-Compostelle. On décompte ainsi quatre grands itinéraires balisés avec le signe de la coquille Saint-Jacques. Ces routes parcourent des paysages naturels variés ponctués de site patrimoniaux et religieux témoignant de l’histoire du pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle qui s’est développé dès l’époque médiévale. Aujourd’hui, les chemins sont reconnus au patrimoine mondial de l’UNESCO. Ce avec une sélection de sept tronçons et 71 monuments qui présentent un intérêt architectural, historique et culturel. En effet, les routes de Saint-Jacques sont ponctuées de villages et de points d’étape où l’architecture livre ses trésors locaux et traditionnels et rappelle la spiritualité du pèlerinage sous ses aspects matériels.

L’Abbaye Sainte-Foy de Conques est par exemple qualifiée « d’église de pèlerinage » du fait de sa vocation à l’accueil des pèlerins. Cette vocation d’accueil est d’ailleurs visible dans la structure même de l’édifice. En effet, les reliques de Sainte-Foy, préservées dans un imposant reliquaire à l’effigie de la Sainte, en bois recouvert d’or, attiraient de nombreux pèlerins. Elles firent du site un point d’étape majeur des chemins. L’église dû donc être configurée tout spécialement pour permettre la bonne circulation des fidèles autour des reliques. C’est pourquoi le plan de l’église romane adopta un chevet à chapelles rayonnante. Ce modèle inspira de nombreux autres édifices romans d’Auvergne mais également :

  • Saint-Martin de Tours ;
  • Saint-Martial de Limoges ;
  • Saint-Sernin de Toulouse ;
  • Saint-Jacques-de-Compostelle lui-même.

La route Sud qui relie Arles au célèbre lieu de pèlerinage permet, quant à elle, de découvrir l’Abbatiale de Saint-Gilles classée au patrimoine mondial de l’UNESCO ou encore la Cité épiscopale de Lodève labellisée Ville d’art et d’histoire.

Avec un budget moyen par jacquet de 45 € et une fréquentation de plus de 61 000 randonneurs accueillis à St Jean Pied de Port, l’attrait des GR jacquaires est indéniable tant pour les collectivités traversées que pour les gestionnaires de sites patrimoniaux.

La fréquentation des chemins de Saint-Jacques est en constante augmentation. En 2023, ces chemins ont accueilli 445 397 randonneurs, soit une hausse de 28,1 % par rapport à 2019. En outre, la richesse patrimoniale, spirituelle et naturelle des sites par lesquels passent ces chemins attire des randonneurs du monde entier. La France ne figure même pas dans le top 3 des nationalités représentées: on trouve en majorité des Espagnols, puis des Américains, et enfin des Italiens. Les Français arrivent à la 6e place.

Conclusion

Les GR de France sont donc une excellente manière de découvrir le patrimoine architectural français. A pied, à cheval ou en vélo, ils permettent d’allier l’activité sportive à la découverte du patrimoine naturel, de la biodiversité, des terroirs, des architectures locales, etc., …

Au détour d’un sentier se découvrent ainsi une forteresse médiévale dominant la vallée, un mas provençal ou un château Renaissance des bords de Loire. Alors que s’étendent, le long du chemin, d’anciennes fermes et villages traditionnels, une écluse barre une rivière et plus loin, d’anciens fours à chaux, vestiges industriels, habillent le ciel de leurs élégantes cheminées de briques rouges. Depuis l’orée d’une forêt, on peut contempler un vieux moulin à vent brassant l’air de la plaine tandis qu’enjambant une vallée, un aqueduc romain élève ses arcades. Tout au long des grands chemins de randonnée, les paysages et patrimoines architecturaux se succèdent et révèlent chacun les typicités des régions et des territoires : une belle manière de découvrir des sites patrimoniaux d’exception.

Pour aller plus loin

Les multiples facettes du tourisme en Occitanie

TOP 10 des sites les plus visités de la Bourgogne-Franche-Comté

La Bretagne, évasion entre patrimoine et légendes

Dans cet article, Hephata vous présente le slow tourisme ou slow travel, une nouvelle manière de découvrir le patrimoine en flânant. 

L’important à retenir dans cet article : 

Le patrimoine français regorge d’atouts pour devenir une destination phare du slow tourisme. Edifices de caractère, patrimoine naturel et immatériel, il y en a pour tous les goûts. La pensée durable devient importante et la responsabilité environnementale est une priorité pour beaucoup d’individus. 

Les modes de consommation, et par extension de voyage, sont repensés pour répondre aux questions éthiques et environnementales. Le slow tourisme permet de concilier les envies des voyageurs et le développement d’activité au sein du patrimoine.

Ce qu’il faut retenir de cet article :

– Le slow tourisme est un nouveau mode de tourisme de plus en plus apprécié et recherché par les consommateurs

– Le cyclotourisme est l’un des modes de slow tourisme les plus en vogue

– Il existe des aides financières pour développer des activités touristiques s’inscrivant dans cette démarche

1. Le slow tourisme ou l’art de prendre son temps

Une nouvelle manière de découvrir le monde

S’imprégner d’un lieu, préserver l’environnement et prendre le temps. Le slow tourisme est une nouvelle manière de voyager, de découvrir le patrimoine en flânant.

Ainsi, il s’oppose au rythme effréné du tourisme de masse. À l’inverse de la surconsommation et de la sur-fréquentation, le slow tourisme permet de retourner à la simplicité, au calme et à l’authenticité. 

Cette nouvelle pratique touristique est née en Italie au début des années 2000, plus en vogue dans le pays aujourd’hui que jamais. L’idée est de désengorger les destinations touristiques principales telles que Rome, Florence ou Milan.

En partenariat avec Airbnb, le ministère de la Culture en Italie met l’accent sur le slow tourisme en valorisant des villages peu connus dans le pays. Ainsi, cela diversifie l’offre touristique pour les amateurs d’authenticité et de petits bourgs. Cette initiative permet aussi de relancer l’activité dans les zones rurales

En France, le slow tourisme fait ses premiers pas depuis plusieurs années. On découvre des offres de plus en plus variées : 

– Hébergements insolites, respectueux de la nature et situés dans des lieux atypiques ;

– Modes de transports plus verts, comme les transports collectifs, le vélo, la randonnée ou les circuits fluviaux, dans la veine du tourisme itinérant ;

– Circuits touristiques axés sur la nature, la culture et le patrimoine.

À l’instar du tourisme vert et du tourisme durable, le slow tourisme est un tourisme éthiqueécoresponsable et solidaire. Les envies du voyageur adepte de slow tourisme sont les suivantes : 

– Sortir des grandes villes et des paysages trop urbanisés ;

– Aller au contact du patrimoine naturel, découvrir des merveilles de la nature ;

– Réduire son empreinte carbone en changeant sa manière de voyager ;

– Rencontrer les habitants locaux.

De nouveaux guides ont émergé, proposant des alternatives pour des voyages plus proches, plus lents, moins polluants mais tout aussi dépaysants :

  • Recto Verso : une méthode et des cartes pour retrouver le goût de la véritable aventure de manière responsable
  • Hexplo, un GPS touristique pour les voyages à vélo
  • Chilowé, la micro-aventure à proximité de chez soi
  • Offtrack, une revue trimestrielle dédié à la question du voyage aujourd’hui

Un courant favorable pour le patrimoine

Le slow-tourisme et le patrimoine entretiennent des liens réciproques: le patrimoine donne un sens au slow tourisme en offrant des lieux authentiques et uniques à découvrir, tandis que le slow tourisme valorise et dynamise le patrimoine en le rendant accessible à travers des expériences immersives et respectueuses.

C’est ainsi que la remise en activité d’un rucher fortifié dans la vallée de la Roya évolue vers des randonnées et circuits à vélo, ou que les itinéraires équestres en Occitanie se transforment en séjours découverte du patrimoine…

2. Le cyclotourisme : le mode de flânerie le plus populaire

En 10 ans, le tourisme à vélo est devenu une activité de tourisme et de loisir de plus en plus plébiscitée : 22 millions de français déclarent faire du vélo pendant leurs vacances. Discret, économique et non polluant, le vélo présente de nombreux avantages qui en font un incontournable des vacances. C’est la méthode de tourisme itinérant doux la plus prisée en France.

Les retombées économiques directes du tourisme à vélo sont estimées à 4,6 milliards d’euros, soit +46% en 10 ans. La filière génèrerait par ailleurs 33 800 emplois, dont la moitié dans l’hébergement et la restauration, mais aussi dans les commerces locaux, dans les professions du cycle et chez les opérateurs de tourisme.

Ainsi, pour les propriétaires et gestionnaires de lieux patrimoniaux, le cyclotourisme est une aubaine. En effet, les voyageurs ont besoin de faire régulièrement des pauses. Les sites historiques et villages de caractères sont donc des lieux parfaits pour se reposer.

Les circuits et itinéraires cyclotouristiques permettent donc aux voyageurs adeptes de slow tourisme de découvrir des lieux de patrimoine et des territoires en suivant un parcours prédéfini et sécurisé, tout en flânant tranquillement.

 l’échelle européenne, la Vélodyssée est l’exemple parfait du succès de ces circuits. Permettant de traverser l’ouest de la France pour aller jusqu’au Portugal en longeant l’Océan Atlantique, la Vélodyssée fait partie d’un dispositif plus large : l’Euro Vélo. Cette route traversant même la Manche est une initiative européenne. 

En 2018, la Vélodyssée enregistrait 3,6 millions de sorties cyclistes, dont 65% de touristes. Près d’un touriste sur cinq est d’originaire étrangère. Le cyclotourisme touche à la fois le public national et international. C’est la méthode de tourisme itinérant doux la plus prisée en France.

La France est d’ailleurs le deuxième pays au monde en termes de pratique du tourisme à vélo, après l’Allemagne, mais le plan « Destination France » a notamment pour objectif de faire de la France la première destination vélotouristique à l’horizon 2030. À cet effet, les collectivités ont ouvert 1 290 nouveaux km d’itinéraires cyclables courant 2023.

Les acteurs du tourisme à vélo, réunis derrière Vélo&Territoires, ont travaillé depuis 2022 à la rédaction d’une stratégie nationale du tourisme à vélo. Celle-ci comporte 27 mesures qui permettront de répondre à 8 enjeux principaux dont l’accès à l’offre touristique à vélo, l’acculturation des clientèles…

En France, deux itinéraires cyclotouristiques se démarquent particulièrement : La Loire à Vélo et La Vélo Francette. Les itinéraires cyclotouristiques sont adaptés à tous les publics, puisqu’il est possible de louer des remorques ou des troisièmes roues pour les enfants en bas âge ainsi que des vélos électriques.

De nouveaux itinéraires ont récemment vu le jour. Par exemple, la Seine à Vélo, créée en 2020, propose maintenant un itinéraire unique de 420 km reliant Paris à la côte normande, qui suit le fleuve et en traverse un riche patrimoine naturel, historique et culturel. Ce parcours permet de voir des sites emblématiques comme les jardins de Giverny, la cathédrale de Rouen, ou encore les non moins fameuses abbayes de la vallée de la Seine, tout en valorisant les trésors et paysages locaux. Adaptée aux familles et aux amateurs de nature, La Seine à Vélo allie découverte, détente et mobilité douce au cœur d’un territoire chargé d’histoire. Elle est un exemple récent et emblématique de cet engouement pour le slow-tourisme, de cette tendance à découvrir le patrimoine en flânant.

La Loire à Vélo et les châteaux de la Loire : 

Itinéraire célèbre, La Loire à Vélo offre aux touristes un cadre somptueux. Le long du fleuve, de châteaux en châteaux, en passant par les villes et villages du Val de Loire, le patrimoine est mis à l’honneur tout au long de ce parcours. Au gré de leur balade, les touristes peuvent visiter les lieux patrimoniaux de la région. Ces lieux sont mis en avant sur le site de la Loire à Vélo, par les cartes et brochures du parcours et la signalétique au bord des routes.

Le Val de Loire est réputé pour ses nombreux châteaux incontournables, à l’image de Chambord, d’Amboise ou de Chenonceau. Cependant, il existe dans la région de nombreux autres édifices patrimoniaux remarquables.

Vue aérienne du château d’Amboise en bord de Loire

Le Château du Rivau par exemple, situé près de la ville de Chinon, est une de ces pépites. Lieu idéal pour le slow tourisme, le Château de Rivau réunit une nature époustouflante et une architecture remarquable. Forteresse d’aspect médiéval, le décor intérieur du château traverse toutes les époques et les pays : de l’art gothique à la renaissance, des maîtres hollandais aux peintres italiens.

L’extérieur du château est tout aussi surprenant, les jardins botaniques et d’agréments présentent plus de 460 variétés de roses, ainsi que des milliers d’autres plantes. Un parcours pédagogique et ludique met en valeur ce patrimoine naturel, tout en sensibilisant le public sur la richesse de l’environnement et l’importance de sa préservation.

La Vélo Francette, de Caen à La Rochelle : 

À l’instar de la Loire à Vélo, la Vélo Francette est un itinéraire cyclotouristique longeant les cours d’eau. Traversant les parcs naturels régionaux Normandie-Maine, Loire-Anjou-Touraine et le Marais Poitevin, la Vélo Francette met à l’honneur le patrimoine naturel français.

Tout en flânant le long de cours d’eau, les adeptes du slow tourisme à vélo ont ainsi l’occasion de découvrir le patrimoine français. Les voyageurs peuvent admirer le paysage, visiter des villes telles que Caen, Nantes ou La Rochelle.

Port de La Rochelle

C’est aussi l’occasion de découvrir des petits villages méconnus au charme authentique, témoins de l’histoire et du patrimoine français.

Le village du Clécy par exemple, aux portes de la Suisse Normande, est un petit havre de paix et de tranquillité. De nombreux loisirs et activités sportives attendent les touristes : kayak, escalade, randonnées. L’incontournable lieu à voir sur place : le site Naturel des Rochers des Parcs.

3. Les hébergements touristiques dans le patrimoine : un gage d’authenticité

Le long de ces parcours, des lieux d’accueil, de repos et d’hébergement de la marque « Accueil Vélo » garantissent des services aux cyclotouristes. Bénéficier de ce label est un plus pour un propriétaire ou gestionnaire. Le label assure la qualité de sa capacité à accueillir des vélos et augmente sa visibilité auprès des touristes.

Comment bénéficier du label ?

Pour bénéficier du label « Accueil Vélo », le lieu doit se trouver à moins de 5 km de l’itinéraire cyclotouristiques. En outre, il doit disposer des équipements adaptés à l’accueil des voyageurs comme un abris à vélo sécurisé ou un kit de réparation. En général, les services suivants peuvent être proposé aux touristes :

– Location de vélos et d’accessoires ;

– Nettoyage des vélos ;

– Petits déjeuners, paniers-repas, restauration diverse ;

– Lavage et séchage du linge ;

– Etc.

Sur le parcours de la Loire à Vélo, il existe plus de 600 lieux labellisés « Accueil Vélo ». Les hébergements sont variés, allant du camping au gîte, en passant par l’hôtel ou la chambre d’hôtes. Plusieurs édifices de caractère proposent des chambres d’hôtes ou des gites.  L’aspect patrimonial du lieu est un atout, puisqu’il propose une offre authentique, historique et culturelle à la différence d’un camping ou d’un hôtel moderne. 

Exemple du moulin geant de rochefort-sur-loire

Le Moulin Géant à Rochefort-sur-Loire propose des chambres d’hôtes. Cet ancien moulin vieux d’un demi-siècle, perché au-dessus du village, offre une vue panoramique sur les vignobles et le Val de Loire.

La tranquillité du lieu en fait un véritable havre de paix pour les voyageurs désirant se reposer après une balade.

Non loin de là, à une vingtaine de minutes en vélo et quarante à pied, les touristes peuvent visiter le domaine du Château Piéguë et son vignoble. Pour les amoureux des châteaux, il est aussi possible d’y séjourner.

En bord de Loire, le Château de Colliers situé à cinq kilomètres de Chambord propose des chambres d’hôtes et des suites.

Du côté de La Vélo Francette, il est aussi possible de retrouver des hébergements labellisés dans des lieux patrimoniaux divers : demeures historiques, châteaux, etc. 

Le domaine de La Pommeraye, situé dans la commune du même nom dans le Calvados, est un ancien corps de ferme datant du XVIIIème siècle. Dans ce lieu atypique, les touristes peuvent venir séjourner en profitant de la table d’hôte et du spa.

Au-delà de la clientèle touristique, le domaine de la Pommeraye développe aussi son activité afin d’accueillir des professionnels, proposant des salles de séminaires. En effet, les entreprises sont de plus en plus friandes de séminaires au vert

Par ailleurs, le vélo est une activité de team building en pleine croissance, avec la naissance d’agences telles que Bobebike ou Évasion à vélo, cette dernière proposant des parcours sur-mesure.

Sortir des sentiers battus : d’autres pépites du patrimoine tirent leur épingle du jeu même sans le label « Accueil Vélo ». 

Les critères d’éligibilité pour la marque « Accueil Vélo » étant assez restrictifs, surtout d’un point de vue géographique et pratique, tout le monde ne peut pas en profiter. Bien que ce soit un atout d’en bénéficier, le label n’est pas indispensable. La beauté du lieu, son originalité, son histoire ainsi que la qualité des services proposés sont des critères tout aussi importants pour les touristes

Le Château de Troussay, dans la Vallée de la Loire, propose des chambres d’hôtes au sein du château ainsi qu’un gîte. Le plus petit des châteaux de la Loire est idéalement situé, et pourtant il n’est pas labellisé « Accueil Vélo ». Au milieu des vignes de Cheverny, à quelques kilomètres de Blois et Chambord, le Château de Troussay est un lieu de repos idéal pour les voyageurs. 

Afin d’attirer les touristes, les propriétaires du lieu ont mis en place différents services. Côté gastronomie et plaisirs de la table, le château possède une table d’hôtes fonctionnant sur réservation et propose des paniers pique-nique composés de produits du terroir.

Dans une démarche d’authenticité, le château dispose d’un poulailler et de quelques lapins. Les loisirs à proximité sont axés sur la découverte de la région, la culture, l’environnement et l’histoire : équitation, visite de châteaux, spectacles, tir à l’arc, …

4. L’intérêt grandissant des acteurs du tourisme pour le développement d’activités liées au slow tourisme

Les activités liées au slow tourisme sont en plein développement, afin de proposer une nouvelle offre touristique aux voyageurs. Comme nous l’avons vu précédemment, les activités sont diverses : hébergements, lieux d’accueil et de visite, activités de plein air … Certains acteurs du tourisme s’engagent pour accompagner financièrement les projets développant des activités de slow tourisme.

A titre d’exemple, en 2021 et 2022, l’agence de développement touristique et d’attractivité Sarthe Tourisme s’était associée à KissKissBankBank pour soutenir des projets s’inscrivant dans des thématiques culturelles et environnementales, dont la thématique du tourisme itinérant et la création de nouvelles offres d’hébergements ou de services.

En 2023, l’ADEME, via le Fonds Tourisme Durable, a renouvelé son appel à projet visant à soutenir, via des subventions à l’investissement et à l’ingénierie, le développement d’offres touristiques durables émergentes, s’inscrivant dans une démarche de Slow tourisme ou d’Écotourisme.

Ces appels à projets témoignent d’un intérêt grandissant de la part des entreprises du tourismes et l’Etat, potentiels soutiens financiers, pour le slow tourisme et tout ce qui en découle. À plus grande échelle, des fonds européens tels que le FEDER ou le FEADER (à travers son programme LEADER) encouragent financièrement des projets ayant une dimension culturelle, sociale et durable. 

Conclusion 

Le monde et les désirs des voyageurs sont en train de changer. La responsabilité écologique et éthique de chacun a un impact sur les modes de consommations et de voyage. Pour les porteurs de projets qui souhaitent se réinventer et développer une activité touristique au sein d’un lieu patrimonial, il est indispensable de connaitre les tendances pour pouvoir ainsi proposer une offre utile, dont le client ne pourra pas se passer.

La crise sanitaire a renforcé cette tendance au slow-tourisme, cette manière de découvrir le patrimoine en flânant, qui était déjà présente (mais dans une moindre mesure). Elle a suscité ou intensifié les envies suivantes :

– Prendre l’air et de s’éloigner des grandes villes ;

– Se loger dans des hébergements assez privatifs et intimes, pour éviter le flux d’individus et les regroupements de masse ;

– Pratiquer des activités en plein air.

Le slow tourisme, qui prône la patience, la prudence et le retour à l’essentiel, permet donc aux voyageurs de continuer à partir en vacances tout en privilégiant des expériences plus authentiques et/ou durables.

En ce sens, le patrimoine apparaît comme un atout majeur, ajoutant un charme unique à cette itinérance. Des initiatives telles que « Loire à Vélo » ou « Seine à Vélo » illustrent parfaitement cette dynamique : le développement de ces parcours est directement lié à la richesse du patrimoine local, qui, en offrant un cadre historique et culturel, enrichit considérablement l’expérience des voyageurs. Ainsi, le patrimoine ne se contente pas d’être un décor ; il devient une partie intégrante de l’aventure touristique, lui conférant profondeur et attrait tout en répondant aux attentes croissantes pour une exploration plus réfléchie et immersive.

Pour aller plus loin :

Diversifier les activités dans un site historique

Lancer des activités dans un site historique

Concevoir une activité durable dans un château

Quels financements pour lancer une activité touristique ?

Référence: le château d’Hautot-sur-Seine: étude de pré-programmation pour la valorisation et la mise en tourisme d’un château et de son parc en bord de Seine

Introduction

À retenir :

  • Les JO réveillent des velléités remarquables de conservation et de valorisation du patrimoine.
  • Le parcours de la flamme olympique permet de mettre en valeur les sites patrimoniaux mythiques français.
  • Mais il serait souhaitable que les efforts engagés ne soient pas seulement ponctuels.

En 2023, les Journées Européennes du Patrimoine ont choisi de célébrer le sport, initiant ainsi une année culturelle presque entièrement consacrée à cette thématique, en raison de l’arrivée imminente des Jeux Olympiques. Citons à titre d’exemple Paris Musées qui a préparé l’événement en organisant ses expositions autour du thème « Art et sport » : L’Art équestre dans la Chine ancienne au musée Cernuschi, Victor Hugo s’escrime à la maison de Victor Hugo, Le Corps en mouvement au Petit Palais, etc.

L’année 2024 a donc vu les liens entre sport et patrimoine se renforcer considérablement.

Les Jeux Olympiques de Paris 2024 offrent une occasion unique de mettre en valeur le patrimoine français – et pas seulement le patrimoine sportif. De nombreux sites exceptionnels ont ainsi été rénovés à l’occasion des Jeux Olympiques, notamment dans le but d’en accueillir les épreuves. Le parcours de la flamme olympique renforce également le rayonnement international du pays et de son histoire, en traversant ses sites emblématiques.

I.               La flamme olympique parcourt les sites emblématiques français

Passage dans 30 lieux protégés par l’UNESCO

Le parcours de la flamme olympique de Paris 2024 traverse trente sites protégés par l’UNESCO. Parmi ces lieux, on retrouve des monuments historiques, des paysages naturels, ainsi que des sites témoins du patrimoine immatériel français. En voici quelques exemples:

  • Monuments historiques : le Château de Chambord, la grotte de Lascaux, la Basilique de Vézelay, Le Havre, la Cathédrale d’Amiens, etc.
  • Patrimoine naturel : le Mont-Saint-Michel et sa baie, le Canal du Midi, le Piton de la fournaise, etc.
  • Sites témoins du patrimoine immatériel français : les vignobles de Bourgogne et de Champagne.

Pourquoi ces lieux ?

De prime abord, il semble évident que c’est parce que ces lieux brillent par leur beauté ou par leur poids historique qu’ils ont été choisis.

Cependant, il existe une deuxième raison, liée à la première, qui va au-delà de cet aspect « instagrammable » et d’une vision de « carte postale » idéale de la France.

En parcourant ces sites emblématiques français, la flamme se fait le symbole unificateur d’une double diversité :

  • La diversité des nations, rassemblées autour des mêmes valeurs prônées par le sport : l’esprit d’équipe, le partage, l’amitié.
  • La diversité du patrimoine et des territoires français.

Ainsi, un site patrimonial local, ancré dans un territoire bien particulier, se trouve lié à tous les autres. Il forme alors comme une étape, un chapitre de la France et de son histoire. Il dévoile son identité, sa diversité, ses mutations. On le choisit donc parce qu’il est caractéristique, mais aussi parce qu’il diffère de tous les autres.

Au-delà du passage de la flamme, la mise en valeur du patrimoine liée aux JO passe aussi par le choix des lieux des épreuves: le château de Versailles, le Grand Palais, les Invalides, la place de la Concorde, etc.

II.             Un Paris des cartes postales offert aux visiteurs…

Vitrine internationale des caractéristiques des pays hôtes, les JO de Paris 2024 permettent de renforcer le visage d’une nation à forte identité touristique et patrimoniale.

Ainsi l’Etat et les différentes collectivités impliquées ont choisi de mieux mettre en valeur le patrimoine français aux yeux des visiteurs comme des téléspectateurs, en sélectionnant des lieux historiques comme zones d’épreuves olympiques, mais aussi parfois en restaurant des édifices dans le simple, et louable, objectif d’offrir aux visiteurs le meilleur de son patrimoine.

Quelques exemples ci-dessous de monuments qui ont bénéficié de ce mouvement de restauration et d’embellissement.

La Fontaine des Innocents : la Renaissance d’un joyau du XVIe siècle

Située place Joachim du Bellay, la Fontaine des Innocents est un chef-d’œuvre de la Renaissance française, classé monument historique depuis 1862. C’est l’une des plus anciennes fontaines de Paris : elle avait été érigée vers 1260 pour célébrer le retour des rois dans Paris après leurs sacres à Saint-Denis, et avait été remplacée par un édifice sous forme de loggia en 1548, sous le règne d’Henri II.

La fontaine, haute de 17 mètres, a vu à l’occasion des JO ses sculptures de nymphes, œuvres du génie de Jean Goujon, grand sculpteur français du XVIe siècle, être soigneusement nettoyées et protégées contre les effets néfastes du temps et de la pollution. Ce joyau architectural a également retrouvé toute sa splendeur grâce à la réactivation des jets d’eau et à l’installation d’un nouvel éclairage nocturne.

Une exposition au musée Carnavalet accompagne cette renaissance en plongeant ses visiteurs dans l’histoire mouvementée de la fontaine, qui n’a cessé de se métamorphoser au rythme des mutations urbaines.

Une nouvelle harmonie pour la place de la Concorde ?

À nouveau dans la perspective des Jeux d’été de 2024, la Ville de Paris a engagé des travaux de rénovation de la place de la Concorde, qui servira bientôt d’écrin des compétitions de basket 3×3, breakdance, BMX freestyle et de skateboard, et recevra même la cérémonie d’ouverture des Jeux Paralympiques.

Les travaux de restauration de cette place emblématique de Paris ont inclus entre 2022 et 2023 la rénovation de l’Obélisque de Louxor, qui a à cette occasion retrouvé sa pointe en acier doré, ainsi que celle des deux fontaines monumentales qui la ceignent – la Fontaine des Mers et la Fontaine des Fleuves – inaugurées en 1840. Ces travaux ont consisté en une mise en teinte minutieuse, en l’application d’une couche de cire protectrice sur les ornements et en la réfection des systèmes d’étanchéité des bassins.

Pas de Jeux…pas de rénovation, pas de rénovation…pas de Grand Palais, pas de Grand Palais…pas de Grand Palais ?

Le Grand Palais, fleuron de l’architecture parisienne de la fin du XIXe siècle, est fermé depuis 2021 pour de grands travaux de restauration. La première phase, achevée à temps pour les Jeux Olympiques de 2024, a permis de restaurer son immense Nef, qui accueillera les épreuves d’escrime et de taekwondo. Les rénovations apportées permettent à la fois de répondre aux exigences contemporaines en termes de sécurité et de confort, et de mettre en valeur l’histoire et la splendeur de ce bâtiment emblématique.

En effet, la Nef du Grand Palais, initialement conçue pour des exercices hippiques, a accueilli au fil des ans diverses activités culturelles, sanitaires (notamment transformée en hôpital pendant la Première Guerre mondiale) et sportives. Les JO permettront ainsi au Grand Palais de retrouver, l’espace de quelques semaines, l’une de ses fonctions premières.

Versailles (en) Chantiers : le château sous un nouveau Soleil

À Versailles, les JO ont aussi servi de catalyseur de la valorisation du patrimoine. Pour accueillir les épreuves équestres, le pentathlon et le cross-country autour de l’esplanade de l’Étoile royale et du Grand Canal, le château a tenu à se montrer sous son meilleur jour : restauration des berges du Grand Canal, du bassin d’Apollon, de la grille d’Honneur, de l’antichambre de l’Œil-de-Bœuf, des toitures de l’aile du Nord et du Grand Trianon.

De plus, les organisateurs ont pensé les épreuves de manière à ce qu’on n’endommage pas le parc: aucun arbre n’a été déplacé, et on n’a fait aucun ajout de terre extérieure qui aurait pu détériorer le sol. Tout sera remis en l’état après les Jeux.

III.            … avec des rénovations à marche forcée

Si les rénovations se sont achevées à temps pour les Jeux, celles-ci étaient souvent plébiscitées bien avant la période 2020-2024.

La fontaine des Innocents :

La fontaine des Innocents, comme la plupart des fontaines de la capitale, s’est trouvée abîmée par des décennies de pollution et d’intempéries qui ont corrodé son système hydraulique. Cependant, la Ville de Paris n’a cessé de reporter sa restauration, initialement prévue en 2014. En 2017, l’eau n’y coulait même plus.

L’arrivée imminente des Jeux Olympiques a donné l’impulsion nécessaire à l’État et à la Ville de Paris pour entamer enfin les travaux tant attendus. L’opération s’est achevée en juin dernier après un an de travaux, grâce à un investissement de 4,5 millions d’euros dont 600 000 financés par la DRAC Ile-de-France.

La place de la Concorde :

Le cas de la place de la Concorde est assez similaire à celui de la fontaine des Innocents. Après des années de plaintes et de pétitions, les travaux se sont enfin lancés pour restaurer la place, dont l’état avait atteint un niveau critique : fontaines à la mise en eau aléatoire, statues effritées, colonnes rouillées, lampadaires aux vitres brisées, pavement dégradé, etc.

Cela faisait un certain temps qu’historiens de l’art et citadins alertaient sur les dégradations de la Concorde, mais à nouveau, seule l’échéance des Jeux Olympiques parvint à faire réagir la Ville de Paris. Seulement, cette dernière étant trop proche, on dut concentrer les efforts : seules deux des huit guérites de la place représentant les grandes villes françaises (celles de Lille et Strasbourg) furent restaurées.

Cependant, la mairie de Paris a promis de rattraper le retard accumulé dès l’automne 2024, par d’importants travaux. Une commission d’experts, présidée par l’ancien ministre de la Culture Jean-Jacques Aillagon, a émis 12 propositions pour guider un projet de réaménagement qui débutera après approbation de la Commission nationale du patrimoine et de l’architecture (CNPA).

Le projet vise à « pacifier et rafraîchir » la place, lutter contre les îlots de chaleur, renouer avec le patrimoine végétal et historique, ainsi qu’à offrir de nouveaux usages. Il fait partie d’une initiative plus large de rénovation de l’axe porte Maillot/place Charles-de-Gaulle Étoile/avenue des Champs-Élysées. La réflexion de ces historiens, climatologues, architectes et autres spécialistes est nourrie par les contributions des Parisiens et des utilisateurs de la place, recueillies lors d’une concertation publique.

Le Grand Palais :

En ce qui concerne le Grand Palais, les travaux se poursuivront après les JO. On doit encore restaurer la moitié du site. La tâche est colossale puisque le bâtiment s’étend sur plus de 70 000 m², ce qui est plus grand que le château de Versailles. Il s’agit notamment de se prémunir d’un éventuel affaissement du bâtiment, puisque celui-ci est bâti sur des milliers de pilotis, et que dans la partie proche de la Seine, les pilotis pourrissent du fait de la baisse de la nappe phréatique.

La réouverture complète du palais au public est prévue pour 2026, preuve d’une restauration qui ne se limite pas aux Jeux et qui se veut a contrario instigatrice d’un avenir pérenne pour le monument.

Conclusion :

Les Jeux Olympiques ont globalement servi de catalyseur pour la valorisation et la rénovation du patrimoine français, tant par le passage de la flamme dans des lieux emblématiques, que par l’occasion que cette compétition au rayonnement international est pour une ville comme Paris de refaire peau neuve.

Cependant, bien que les récents efforts et travaux de rénovation témoignent d’une volonté louable de préserver et de valoriser le patrimoine, il est crucial qu’ils ne se limitent pas à des actions ponctuelles, mais qu’il fasse l’objet d’une attention continue et non seulement sporadique, ou au gré d’événements de grande envergure. De ce point de vue-là, l’État et la Ville de Paris ont engagé des efforts concrets. Espérons donc que cette dynamique se poursuive.

Pour aller plus loin

Habituellement utilisé pour accompagner la promotion immobilière ou le développement
d’activités commerciales, le crowdlending consiste à solliciter des prêteurs particuliers pour contribuer à financer un projet via des plateformes en ligne. 

Encore peu développé pour les projets de restauration du patrimoine, ce dispositif est une alternative intéressante au financement participatif de type don contre contrepartie car il permet de récolter des montants plus élevés, au-delà d’1 m€.

Tout comme un emprunt bancaire classique, les prêts octroyés dans le cadre du crowdlending sont assortis d’une durée et d’un échéancier de remboursement.
Plusieurs typologies de prêts sont possibles:

  • Le Prêt à taux 0% : le prêteur prête une certaine somme, sans intérêt, il sera
    remboursé du montant qu’il a prêté selon l’échéancier convenu. Ce type de prêts est
    souvent affinitaire et va attirer des personnes partageant les missions du projet sans
    recherche d’intérêts.
    o Exemple : Restauration de la toiture d’une chapelle. Montant total des
    travaux : 58 000 €, montant financé par le crowdlending : 54 000€.
    Dans ce cadre, les ressources nécessaires au remboursement ne reposaient
    pas sur un modèle économique, mais sur la collecte croissante du fonds de
    dotation qui réalisait l’opération, couvrant largement les dépenses mais trop
    étalées dans le temps par rapport au besoin de financement des travaux.
  • Prêts à taux d’intérêt : c’est le dispositif le plus proche d’un emprunt bancaire
    classique. Dans ce cas, le prêt est assorti d’un taux d’intérêt versé par l’emprunteur au
    prêteur (taux en général plus élevés qu’auprès d’une banque) et d’un calendrier de
    remboursement selon l’échéancier convenu.
    o Exemple : Rénovation de 2 maisons au sein d’un corps de ferme du XVIIIe
    siècle, en vue de les louer en séjour de courte durée. Montant total des
    travaux : 500 000€, montant collecté via le crowdlending : 50 000€.
    Dans ce cadre, les emprunts seront remboursés par le fruit des locations.
  • Prêts obligataires. Cette typologie d’emprunt est réservée aux personnes morales
    (associations, entreprises, collectivités) qui émettent des titres financiers
    (obligations) assimilables à une dette auprès d’investisseurs personnes morales ou
    personnes physiques (les obligataires). Cette dette est assortie d’intérêts et d’un
    échéancier de paiement.

o Exemple : Réhabilitation d’espaces au sein d’un bâtiment du XVIIIe siècle afin d’y accueillir des élèves en internat. Montant total des travaux : montant levé par crowdlending : 390 000 €. Dans ce cadre, la dette peut être remboursée par les recettes provenant des frais de scolarité et de logement des élèves.

Le crowdlending est assorti d’un certain nombre de conditions. La première, pour
l’emprunteur, est d’avoir une capacité de remboursement avérée. Le recours au crowdlending doit donc s’accompagner de ressources permettant d’assurer les remboursements voire le paiement d’intérêts. Ce mode de financement n’est par conséquent pas approprié pour tout type de projets. Il permet surtout une avance de trésorerie dans le cadre d’un projet de restauration ou de lancement d’activités. Cela peut constituer également un amorçage utile pour solliciter un établissement bancaire traditionnel en complément de fonds propres.


Une difficulté reste de mise : il existe à ce jour encore très peu de plateformes de
crowdlending qui permettent de financer ce type de projets, au premier rang desquels on
peut citer Credofunding, développé pour du patrimoine religieux ou cultuel. On ne peut que
souhaiter que la réhabilitation du patrimoine immobilier devienne une cause portée par les
plateformes de crowdfunding immobilier ayant pignon sur rue.

Article publié dans Courrier du patrimoine n°72 (2021)

Dans cet article, Hephata s’intéresse au financement participatif au service du patrimoine. Il souligne les récentes évolutions notamment juridiques qui lui permet aujourd’hui de s’imposer comme un vecteur majeur pour le financement.

Ce qu’il faut retenir

Le crowdfunding, le crowdlending et le crowdequity répondent à des besoins bien distincts et ont leur propres enjeux. La législation française et européenne est en pleine évolution pour développer et faciliter cette forme de financement populaire.

Introduction

La restauration des châteaux nécessite des investissements considérables. Face à cette réalité, de plus en plus de propriétaires de châteaux se tournent vers des formes de financements originales : les financements participatifs.

Trois outils existent dans ce domaine que vous découvrirez dans cet article : le crowdfunding, le crowdlending et le crowdequity.

Les différentes formes de financements participatifs et leurs enjeux

Crowdfunding

Le crowdfunding, ou financement participatif, repose sur la contribution financière d’un grand nombre de personnes. Dans le contexte de la restauration d’un château, cela peut prendre la forme de dons, souvent assortis de contreparties symboliques comme des visites privées du site ou des noms gravés sur une plaque commémorative. Le crowdfunding mobilise la solidarité d’une communauté, qu’elle soit locale ou mondiale, autour de la préservation du patrimoine.

Cependant, le crowdfunding peut présenter des défis :

  • La collecte des fonds peut être incertaine, dépendant fortement de la capacité du porteur de projet à mobiliser l’attention et l’intérêt du public.
  • Les montants récoltés peuvent ne pas suffire à financer intégralement la restauration. Cela nécessite souvent de combiner plusieurs sources de financement. Les montants récoltés pour le crowdfunding immobilier sont généralement autour de 450 000 €. Les campagnes spécifiquement dans le patrimoine tournent généralement plus autour de 20 000 €.

Par exemple, le Louvre mène une campagne de financement « Tous mécènes ! » pour contribuer à la restauration ou à l’acquisition d’œuvres majeures. Il a ainsi acquis La Victoire de Samothrace en 2013. Une nouvelle campagne de don a lieu jusqu’au 28 février 2024. L’objectif est réunir les 1,3 millions d’euros restants pour acquérir le Panier de fraises des bois de J.S. Chardin, tableau emblématique du maître de la nature morte.

Plusieurs plateformes à l’instar de la Fondation du patrimoine ou Ulule sont spécialisés dans le crowdfunding pour le patrimoine. Un article existe spécifiquement sur ce sujet.

Crowdlending

Le crowdlending, ou prêt participatif, fonctionne sur le principe du prêt d’argent par des particuliers à un projet en échange d’un remboursement avec intérêts. Dans le cadre de la restauration d’un château, le porteur de projet emprunte une somme déterminée. Il s’engage ensuite à la rembourser sur une période fixée. Cette approche offre une alternative intéressante au financement traditionnel, en contournant parfois les institutions bancaires.

Deux enjeux du crowdlending existent :

  • La capacité du porteur de projet à garantir le remboursement
  • Les intérêts à rembourser qui peuvent accroître la pression financière

Cependant, cette méthode offre l’avantage de mobiliser une communauté prête à investir dans la préservation du patrimoine. Elle permet également de contourner en partie la banque si celle-ci n’accorde pas de prêt pour le projet.

De nombreuses plateformes de crowdlending qui ne sont pas spécifiques au patrimoine comme Wesharebonds ou October existent.

Crowdequity

Le crowdequity, ou financement participatif en capital, se distingue en permettant aux investisseurs de devenir propriétaires d’une partie du projet. Les contributeurs acquièrent des actions ou des parts du château, devenant ainsi des copropriétaires. Cela offre une implication plus directe dans la gestion du site, tout en partageant les risques et les éventuelles retombées financières.

Plusieurs enjeux du crowdequity existent :

  • La gestion complexe des intérêts des investisseurs. Les copropriétaires peuvent avoir des opinions divergentes sur la manière dont le château devrait être restauré ou géré, ce qui nécessite une communication transparente et/ ou une gouvernance solide.

Par exemple, le château Saint-Laurent, propriété de Tony Parker, a atteint son objectif de financement grâce au crowdequity. Il a levé un million d’euros en seulement une heure. Le basketteur Tony Parker a organisé cette levée de fonds sur la plateforme de la start-up montpelliéraine Bricks.co.

Un paysage en pleine évolution en raison d’un cadre réglementaire en construction


La démocratisation du financement participatif, notamment pour le patrimoine, s’est accompagnée d’une transformation significative de son cadre réglementaire. Initialement perçu comme un terrain non balisé, le crowdfunding a d’abord été une source d’inquiétude pour les investisseurs. La traçabilité des fonds n’était en effet pas toujours assurée dans tous les projets. Cependant, au fil des années, les autorités ont su répondre à la hausse du recours à ce type de financement. Des règles ont ainsi été progressivement posées pour garantir la pérennité des services de crowdfunding.

  • Au niveau national, c’est en septembre 2014 qu’une ordonnance crée les statuts d’intermédiaires et de conseiller en financement participatif.
  • Au niveau de l’Union européenne, le Parlement européen a approuvé en octobre 2020 l’extension des plateformes de crowdfunding à l’ensemble du marché unique.
  • Un statut unique de prestataire de services de financement participatif a également été imposé en février 2022 pour simplifier la législation.

Le développement conjoint de solutions de financement participatif adaptées au patrimoine historique et d’un cadre règlementaire rassurant a alors permis une importante hausse du recours à cette activité.

En moins de 10 ans, le secteur s’est organisé progressivement, avec la récente disparition des trois statuts légaux des plateformes au profit d’un seul, harmonisé à l’échelle de l’Union européenne : l’agrément de « Prestataire de services en financement participatif » (PSFP). Il permet d’ouvrir les financeurs potentiels à l’ensemble de l’UE. Un des anciens statuts, l’IFP, existe encore mais uniquement pour le crowdlending et le crowdequity.

Ce nouvel agrément, le PSFP, créé en 2021 permet d’avoir un plafond à 5 M€ (contre 1 M€ pour l’IFP et 8 M€ pour le CSP) par projet par an. 110 sociétés basées dans l’UE dont 35 françaises ont l’agrément et peuvent donc continuer de proposer ce service de financement participatif. C’est le cas de Anaxago ou encore de Happy Capital.


Ces évolutions juridiques ont eu un impact positif sur la crédibilité du crowdfunding dans le domaine du patrimoine. Les investisseurs sont plus enclins à participer lorsque des limites claires sont en place et sont plus nombreux grâce à l’ouverture du financement participatif à l’ensemble de l’Union Européenne. Le patrimoine historique français ne peut donc que s’en réjouir.

La structuration progressive des modèles de financement du patrimoine

Parallèlement à l’évolution règlementaire, les modèles de financement participatif se sont adaptés avec le temps à leurs cibles, en se répartissant différents secteurs. Certains se sont alors tournées vers le patrimoine, en se spécialisant. Les plateformes ont développé des stratégies variées pour répondre aux besoins spécifiques des différents types d’apporteurs de capitaux. Un article concernant les plateformes de financement participatif spécialisées dans la culture existe sur notre site.

Conclusion

Finalement, le financement participatif s’est progressivement imposé comme un vecteur majeur de gestion de projets patrimoniaux. Il a permis de raviver l’intérêt des petits porteurs et de faire de la sauvegarde du patrimoine un effort collectif.
La diversité de ces financements innovants ont bénéficié tant aux financeurs qu’aux porteurs de projets patrimoniaux, et l’évolution règlementaire a contribué à établir un cadre propice au développement de certaines plateformes.
Grâce à cette innovation, une multitude de projets ont pu être concrétisés. La préservation du patrimoine devient alors l’affaire de tous.

Pour aller plus loin

Ce qu’il faut retenir

La muséographie au sein des sites historiques est essentielle pour la préservation et la transmission du patrimoine culturel. Celle-ci se distingue de la scénographie parce qu’elle se préoccupe du fond. Des exemples français développés dans cet article tels que le Musée d’Art moderne de Troyes et le Château de Suscinio illustrent quelques bonnes pratiques.

Introduction

La muséographie, en tant que discipline centrale de la présentation et de la médiation des lieux historiques, joue un rôle clé dans la transmission du patrimoine. Mais qu’est-ce que la muséographie? et en quoi se distingue-t-elle de la scénographie? comment créer une muséographie de qualité au sein d’un lieu historique? Illustrations et réponses à l’aide de quelques exemples de lieux historiques ayant déployé des muséographies différentes.

Comprendre la muséographie

La muséographie en un coup d’œil ?

La muséographie en tant que métier est souvent méconnue malgré son rôle crucial dans les lieux historiques. Le blog, Les Muséographes la définit comme étant « ce qui a trait aux contenus du parcours de visite et aux modalités de la médiation de ces contenus avec les visiteurs. ». En d’autres termes, elle désigne l’ensemble des techniques utilisées pour la présentation et la mise en valeur des collections. Il s’agit à la fois du concept de l’exposition, de sa trame ou scénario, et de l’articulation des contenus de l’exposition – les collections ainsi que toutes les médiations nécessaires à leur valorisation – au sein de cette trame.

3 types de muséographie existent :

  • La muséographie communicationnelle : Faire accéder à un savoir
  • La muséographie esthétique : Volonté d’émerveiller
  • La muséographie ludique : Faire réagir le spectateur par le jeu, le spectaculaire, etc.

La muséographie joue un rôle essentiel dans la manière dont les visiteurs interagissent avec l’histoire, la culture et l’art.

Différence entre muséographie et scénographie

La muséographie est souvent confondue avec la scénographie, discipline qui concerne la création d’espaces et d’ambiances visuelles et spatiales pour donner un corps à l’histoire racontée par le muséographe. Ce travail intervient après la muséographie.

Les décors, les costumes, l’éclairage, et les effets spéciaux sont utilisés pour immerger le spectateur dans une expérience narrative. La scénographie est donc avant tout axée sur la forme. Elle met en scène la narration dans l’espace. A contrario, la muséographie se concentre sur le fond, la narration. Elle a pour objectif la transmission de connaissances et d’informations précises ou l’émerveillement et la réaction du visiteur. Elle cherche à éduquer, à informer, documenter et émerveiller. La muséographie raconte des éléments tangibles de l’histoire, de la culture ou de l’art. Elle utilise par exemple des artefacts authentiques, des textes explicatifs, des médias interactifs pour faciliter la compréhension et l’appréciation du contenu présenté.

Les deux disciplines peuvent se chevaucher, mais elles servent des objectifs différents. La scénographie est davantage orientée vers la forme, tandis que la muséographie a pour principal objectif la narration, soit le fond.

Exemples de Muséographie dans des lieux historiques

Explorons désormais des exemples concrets de muséographie au sein de lieux historiques en France. Ces exemples illustrent comment construire une muséographie de qualité pour mettre en valeur le patrimoine culturel et historique. Ils soulignent également comment offrir une expérience mémorable aux visiteurs.

Le musée d’Art moderne de Troyes a récemment fait peau neuve en rafraîchissant sa muséographie et en ajoutant quatre cents mètres carrés supplémentaires d’espace d’exposition. Les collections du musée comprennent des œuvres de Courbet, Gauguin, Seurat, Derain, Picasso, et d’autres artistes de premier plan. La muséographie offre un parcours qui met en avant les grands moments de l’histoire de l’art moderne, tout en intégrant des œuvres d’arts non occidentaux. Les nouveaux espaces permettent également la tenue d’expositions temporaires et la création d’un cabinet d’arts graphiques. La restauration du palais épiscopal qui abrite le musée contraste favorablement avec l’état de certains autres musées de la ville.

Après cinq ans de travaux, le château a réouvert ses portes. Les travaux ont inclus la réfection des enduits, des sols en tommettes et des installations électriques, ainsi que la création d’ouvertures donnant sur la cour à l’Est. Ces améliorations étaient cruciales pour garantir la pérennité de ce site historique. Depuis la réouverture du site le 5 avril, le château de Suscinio propose un nouveau parcours qui transporte les visiteurs dans le passé, en particulier en 1485, lors des pourparlers autour du mariage d’Anne de Bretagne.

La muséographie utilise la visio projection pour présenter des scènes de l’époque. Cela permet aux visiteurs de se sentir immergés dans le contexte historique. De plus, du mobilier d’époque a été reconstitué pour recréer l’atmosphère authentique de cette époque fascinante. La muséographie offre également la possibilité de découvrir une collection d’arbalètes datant du XIIIe au XVIIe siècle et de s’initier au tir de cette arme médiévale. Elle offre une expérience éducative unique pour mieux comprendre la technologie militaire de l’époque. Cette nouvelle muséographie au sein d’un site historique est une réussite puisque le nombre de visiteurs est largement supérieur à celui de 2022.

Le Musée national de l’histoire de l’immigration, situé dans le palais de la Porte Dorée à Paris, a récemment fait l’objet d’une refonte complète de sa muséographie. Cette rénovation s’inscrit dans le contexte des nouvelles vagues migratoires et de la dénonciation de l’héritage colonial. La muséographie du musée vise à présenter les problématiques liées à l’immigration de manière plus nuancée. L’objectif est également d’inscrire la relation de la France avec ses immigrés dans une perspective historique à long terme. Le parcours s’étend de 1685, marquée par le Code noir et la révocation de l’Édit de Nantes, jusqu’à l’époque contemporaine. Les archives, les photographies, les témoignages et les œuvres d’art racontent une histoire complexe, celle des hommes et des femmes poussés à l’exil, mais aussi celle de la France en tant que pays d’accueil.

Après s’être installé au Japon ainsi qu’en Corée du Sud, c’est à Arles que Lee Ufan a ouvert un troisième lieu d’exposition. Cet espace au cœur de la ville est un hôtel particulier construit entre le XVIème et le XVIIIème siècle. La visite de l’hôtel Vernon entièrement rénové plonge les visiteurs dans l’univers de l’artiste, Lee Ufan. La muséographie organise l’exposition pour mettre en valeur le talent de l’artiste et ses grandes œuvres. Elle fait ceci en soulignant le caractère épuré des œuvres dans le décor de l’hôtel particulier.

Conclusion

Les exemples cités illustrent la diversité des approches possibles en matière de muséographie au sein des sites historiques. 5 principes cruciaux sont donc à retenir pour une muséographie de qualité : une compréhension approfondie du contenu à présenter, une adaptation au public cible, une créativité pour proposer une muséographie innovante, un respect du lieu historique et de son histoire et enfin un contenu accessible à un public large. En combinant ces principes, la muséographie peut transformer des lieux historiques en des expériences éducatives et culturelles inoubliables. Celle-ci joue donc un rôle essentiel dans la préservation du patrimoine culturel. La rénovation d’un site historique est l’occasion de repenser sa muséographie.

Pour aller plus loin

Ce qu’il faut retenir

Le patrimoine du sport en France est riche et diversifié : il mêle de nombreuses traditions transmises de génération en génération. Il est partie intégrante du patrimoine vivant national. Les Journées européennes du patrimoine, organisées les 16 et 17 septembre 2023, l’ont particulièrement mis à l’honneur cette année. Elles sont l’occasion idéale pour explorer cet aspect fascinant de la culture française et remettre en valeur le patrimoine du sport.

Introduction

À l’occasion des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, les Journées européennes du patrimoine ont célébré cette année le « patrimoine du sport ». Il faisait en effet figure de thème commun avec le « patrimoine vivant ». Cet évènement nous invite à découvrir un aspect souvent négligé du patrimoine français : le patrimoine sportif. Reconnue principalement pour ses monuments et sites emblématiques, la France possède un patrimoine sportif conséquent. Il a lui aussi façonné notre histoire et notre culture au fil des siècles, et mérite qu’on s’y attarde. Dans cet article, nous explorerons certains trésors méconnus. Ils permettent de comprendre comment le patrimoine sportif s’intègre à la culture, et peut aider à valoriser certains sites historiques.

Le Jeu de Paume, un trésor conservé du patrimoine du sport

Le Jeu de Paume, considéré comme l’ancêtre du tennis moderne -il est appelé « real tennis » par les Britanniques- est généralement connu pour son rôle dans l’histoire de France. Très lié aux espaces dans lesquels il est joué, le Jeu de Paume fait référence à la fois à la pratique et au lieu (patrimoine bâti) où se déroule l’activité. Le « serment du jeu de paume » fut en effet un élément fondateur de la démocratie française. Pourtant, ce jeu continue de vivre aujourd’hui et demeure transmis aux jeunes générations.

À Paris, la Société Sportive du Jeu de Paume et de Racquets, rue Lauriston, continue de perpétuer cette tradition. Fondée en 1908, elle possède l’une des rares salles dédiées à la courte paume en France, et fait vivre le patrimoine sportif que représente cette activité. Le Jeu de Paume est en effet pratiqué depuis le Moyen Âge, où il a été inventé par des moines français. Depuis, il s’est transmis au fil des siècles, grâce notamment à Henri IV ou François 1er qui ont été de grands joueurs.

Le béhourd, l’héritage médiéval remis en valeur

Autre exemple de patrimoine sportif hérité d’une tradition médiévale, le béhourd traduit la capacité du sport à se maintenir dans le temps au sein d’une culture. Du francique bihordôn, signifiant « espace clôturé où se déroulent les tournois », le béhourd est un sport de combat à la mode d’antan. Les participants se munissent ainsi d’armes et d’armures du XIIIe au XVIIe siècle, et s’affrontent lors d’une joute, reproduisant les tournois de chevaliers.

Remis à la mode d’abord par les pays d’Europe de l’Est dans les années 90, le béhourd est aujourd’hui bien implanté en France. La Fédération française de béhourd recense 31 clubs, qui ont l’occasion de s’affronter régulièrement. Les 16 et 17 septembre s’est ainsi tenue la Coupe de France de béhourd, au château Faugas, en Gironde.

Célébré dans des lieux historiques, le béhourd est ainsi l’occasion de lier patrimoine sportif vivant et patrimoine bâti, en proposant des animations divertissantes au public venu visiter un lieu de patrimoine.

L’olympiade Culturelle, ou comment lier le sport à l’art

Dès sa candidature pour les Jeux Olympiques de 2024, Paris a souhaité célébrer le volet culturel de l’évènement. Dans la tradition de Pierre de Coubertin, qui désirait allier « le muscle à l’esprit », l’Olympiade Culturelle propose ainsi aux Français des centaines d’évènements en accès libre, mêlant sport et patrimoine.

A Fougères (Ille-et-Vilaine), le 27 octobre, se tiendra par exemple une exposition consacrée au « Sport au Moyen Âge », présentant différentes sources d’informations sur les activités sportives de nos ancêtres.

Conclusion

Les Journées européennes du patrimoine sont une opportunité unique de découvrir le patrimoine du sport sous un nouveau jour. Comme le Jeu de Paume ou le béhourd, nombreuses sont les activités sportives transmises au titre de notre patrimoine. Des évènements réguliers comme l’Olympiade culturelle sont l’occasion d’enrichir notre connaissance de la culture nationale sous un angle différent. En s’alliant avec des sites historiques, le patrimoine du sport peut alors participer à préserver des traditions dans des lieux de culture.

Pour aller plus loin

Dans cet article, Hephata aborde le patrimoine immatériel et effectue un rapide aperçu du patrimoine vivant en France.

Introduction

Le patrimoine vivant désigne tout savoir-faire, traditions ou pratiques sociales hérités des sociétés passées. Il est donc considéré comme du patrimoine immatériel. Une petite subtilité demeure néanmoins. En effet, on parle de patrimoine vivant lorsque des membres de la société pratiquent toujours ces savoir-faire, traditions ou pratiques sociales et qu’ils y apportent un certain dynamisme doublé d’une volonté de former d’autres individus à ces savoirs et pratiques.

Le patrimoine vivant couvre ainsi différents champs et thématiques. Il peut s’agir d’une danse (le tango ou le flamenco par exemple), d’un sport (l’alpinisme, l’équitation, …), d’un savoir-faire (la gastronomie, la verrerie, l’horlogerie), de chants ou traditions orales (mariachi mexicaine, le gwoka guadeloupéen) ou encore de fêtes ou rituels (la fête de l’ours dans les Pyrénées, la grande fête de Tarija en Bolivie, etc., …).

Le pain et la baguette à la française

Symboles de la France par excellence, la culture et les savoir-faire artisanaux liés à la baguette et au pain ont été inscrits en 2022 sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Ce savoir-faire est un patrimoine vivant. En effet, aujourd’hui encore nos artisans boulangers procèdent de la même manière qu’autrefois pour produire cette célèbre spécialité. Plusieurs étapes traditionnelles sont ainsi nécessaires à l’élaboration de la baguette ou du pain : pétrissage, fermentation, grignage, cuisson, etc., …

Le carnaval de Granville

Le carnaval de Granville est une tradition inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO. S’étendant sur quatre jours, elle précède la fête du Mardi Gras. Existant depuis 1875, c’est un évènement culturel attendu de tous, qui participe au folklore et aux festivités locales. Chaque année, d’immenses chars humoristiques sont construits. Ce, en vue de parader lors du cortège fou, coloré et joyeux, tandis que volent au gré du vent, les robes valsantes des bals de nuits et les confetti des enfants.

La fauconnerie

La « Chasse au vol » ou encore fauconnerie est un art ancestral inscrit en 2021 sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Cet art est pratiquée depuis plus de 4000 ans. Il consiste en la prise et au dressage d’oiseaux de proie (faucons, aigles, buses, etc., …). Si autrefois, les oiseaux de proie étaient essentiellement dressés pour la chasse, il s’agit aujourd’hui davantage d’une pratique sociale. L’objectif est la connexion à la nature et la mise en valeur, de manière spectaculaire, des grands oiseaux de proie.

Le fest-noz, folklore à la bretonne

Rassemblement festif et folklorique aux traditions et costumes bretons, le fest-noz emmène les habitants au cœur des plus vieilles légendes de la région. Cette festivité culturelle a été inscrite sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité en 2012. C’est un patrimoine vivant car il fait perdurer des danses, des chants et des costumes traditionnels.

L’art subtil du parfum en pays de Grasse

Sentez-vous la subtile senteur des plantes à parfum du pays de Grasse ? Tandis que la plante courbe sa fleur aux chauds rayons du soleil, les hommes, depuis le XVIe siècle, en exploite le précieux nectar. Depuis la culture de la précieuse plante, jusqu’à la création d’assemblages, en passant par l’extraction et la distillation, les habitants du pays de Grasse ont appris à maîtriser et à faire perdurer un savoir-faire complexe demandant des compétences multiples. C’est donc un patrimoine vivant. En effet, il perdure encore de nos jours, de la même manière qu’il était pratiqué autrefois.

La dentelle au point d’Alençon

Le savoir-faire de la dentelle au point d’Alençon a été inscrit en 2010 sur la liste représentative du patrimoine mondial de l’UNESCO. Ce patrimoine vivant est à ce jour encore détenu par de fins connaisseurs. C’est un art d’une précision extrême et qui demande un travail très long. Il demande donc un haut niveau de savoir-faire et de compétences.

L’équitation de tradition française

L’équitation de tradition française a été inscrite en 2011. Cet art, très fin, demandant une grande maîtrise, révèle la capacité du cavalier d’établir une connexion, voire un lien de confiance avec l’animal. On ne parle plus de dressage mais d’éducation du cheval tant l’importance est de trouver une harmonie, sans imposer un rapport de force et de contrainte sur la monture. L’école la plus connue en France est le Cadre Noir de Saumur, où l’homme et le chevale ne cherche qu’à faire plus qu’un, donnant une impression de légèreté et de souplesse.

L’art de la tapisserie d’Aubusson

Inscrite en 2009, la tapisserie d’Aubusson est un art qui consiste au tissage de la laine selon des procédés qui relèvent d’un savoir-faire et de techniques complexes. L’outil employé est un métier à tisser manuel et vertical. Ce dernier permet la confection d’immenses pièces dont le coût et le temps de réalisation s’avèrent importants.

Le repas gastronomique des Français

Le repas gastronomique des Français est un patrimoine vivant inscrit depuis 2010 à l’UNESCO. Derrière ce terme se cachent toutes les pratiques sociales consistant à partager des repas lors d’une occasion festive particulière. L’accent est porté sur le plaisir lié au « bien manger » et au « bien boire ».

L’envoûtement des chants corses

Le « Cantu in paghjella » est un répertoire de chants corses profanes et religieux qui répond à une certaine technique vocale. Cette technique vocale a été inscrite patrimoine immatériel et vivant de l’UNESCO en 2009.

Pour aller plus loin

L’aventure du château de Guédelon

Les grands chefs et le patrimoine historique

La France au patrimoine mondial de l’UNESCO

Dans cet article, Hephata s’intéresse à la signification du thème des journées européennes du patrimoine 2023, le patrimoine vivant et à sa place dans les bâtiments historiques.

Ce qu’il faut retenir

L’UNESCO a commencé à protéger le patrimoine culturel immatériel en 2003. 20 ans après, le thème des journées européennes du patrimoine met à l’honneur le patrimoine vivant. Légèrement différent du patrimoine culturel immatériel, cette forme de patrimoine prend vie au sein des bâtiments historiques.

Introduction

Après une édition 2022 autour du thème « patrimoine durable », les journées européennes du patrimoine 2023 qui se sont tenues les 16 et 17 septembre ont eu pour thème commun le « patrimoine vivant » (avec un double thème, le « patrimoine du sport » pour la France). Les JEP (journées européennes du patrimoine), sont le plus grand événement culturel participatif européen. En effet, 48 pays ont participé à cet événement entre août et octobre 2023. Pour sa 40ème édition, le thème choisi par le Conseil de l’Europe et la Commission européenne a mis à l’honneur le patrimoine vivant.

Le patrimoine vivant, qu’il s’agisse de reconstitutions historiques, d’artisans traditionnels ou de performances artistiques, prend vie au sein des sites historiques. Ce dynamisme culturel constitue un attrait indéniable pour les visiteurs en quête d’une expérience immersive. Quels liens peut-on établir entre patrimoine vivant et attractivité des sites historiques ?

Pourquoi ce thème pour les JEP 2023 ?

Cette édition fut l’occasion de commémorer la signature de la convention de l’UNESCO pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. Cette convention fut signée il y a 20 ans (17 octobre 2003) et ratifiée en 2006 par la France (depuis mise en œuvre par le Ministère de la culture qui l’a confié à son département Recherche, Valorisation et PCI de la délégation à l’Inspection, la Recherche et l’Innovation (DIRI)). Par ce choix thématique, le Conseil de l’Europe ainsi que la commission européenne ont souhaité rappeler l’importance non négligeable de cette forme de patrimoine. Ils désirent par la même occasion contrer cette tendance à l’unification culturelle et à l’effacement des spécificités locales. Pour faire cela, ils mettent en avant ces singularités.

Définition du patrimoine vivant

Le patrimoine vivant est souvent associé voire synonyme du patrimoine culturel immatériel. En effet, les deux termes se réfèrent aux mêmes concepts. D’après l’UNESCO, le patrimoine culturel immatériel englobe « les traditions ou les expressions vivantes héritées de nos ancêtres et transmises à nos descendants, comme les traditions orales, les arts du spectacle, les pratiques sociales, rituels et événements festifs, les connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers ou les connaissances et le savoir-faire nécessaires à l’artisanat traditionnel. » Or, d’après le Conseil de l’Europe, le patrimoine vivant se réfère « aux pratiques, aux connaissances et aux compétences qui ont été transmises de génération en génération et qui sont encore utilisées de nos jours. » Comme vous pouvez le constater, ces deux définitions se ressemblent.

Cependant, le terme « vivant », absent du groupe nominal PCI (patrimoine culturel immatériel) met l’accent sur le caractère dynamique et en constante évolution des événements culturels. Le patrimoine vivant englobe donc toutes les manifestations culturelles qui sont encore pratiquées et vivantes dans une société donnée. Il appuie également sur les personnes qui permettent cette transmission du patrimoine, ceux que le Conseil de l’Europe surnomme les « gardiens du patrimoine ». Cette édition fut donc aussi l’occasion de mettre ces personnes en avant.

Exemples de patrimoines vivants en France

Lors de ces JEP, plusieurs patrimoines vivants ont été mis à l’honneur. Tous les acteurs se sont mobilisés (privés et publics).

Bien que, comme démontré plus haut, le patrimoine vivant diffère du patrimoine immatériel, leur définition se ressemble. Or, seul le patrimoine culturel immatériel est reconnu et protégé par l’UNESCO. L’UNESCO ne réalise donc pas de distinction entre ces deux termes. La liste des patrimoines culturels immatériels protégés a débuté lors de la signature de la convention en 2003. Elle ne cesse de s’agrandir. La reconnaissance d’un patrimoine vivant permet de sensibiliser un large public aux pratiques culturelles immatérielles. Cela renforce aussi la reconnaissance des détenteurs et des praticiens. Enfin, cela améliore les conditions d’exercice, de transmission, de sauvegarde et de diffusion de ces pratiques.

Voici donc une liste des derniers ajouts du patrimoine culturel immatériel français reconnus par l’UNESCO et qui montrent leur diversité :

  • 2022 : les savoir-faire artisanaux et la baguette de pain et les fêtes de l’Ours dans les Pyrénées
  • 2021 : la fauconnerie
  • 2020 : l’art de la perle de verre, l’art musical des sonneurs de trompe, les savoir-faire en mécanique horlogère et mécanique d’art, la yole de Martinique ou encore les techniques artisanales et les pratiques coutumières des cathédrales
  • 2019 : l’alpinisme
  • 2018 : l’art de la construction en pierre sèche, les savoir-faire liés au parfum en Pays de Grasse
  • 2016 : le carnaval de Granville

Le patrimoine vivant à travers l’Histoire

Le patrimoine vivant, qu’il s’agisse de reconstitutions historiques, d’artisans traditionnels ou de performances artistiques, prend vie au sein des sites historiques. Ce dynamisme culturel constitue un attrait indéniable pour les visiteurs en quête d’une expérience immersive. Le patrimoine vivant est un atout pour la préservation et l’attractivité des sites historiques. Il peut revêtir plusieurs aspects.

Le patrimoine vivant englobe une vaste gamme de pratiques, mais il trouve ses racines dans notre passé. Les reconstitutions historiques sont l’un des moyens les plus puissants de ramener l’histoire à la vie, en particulier sur des lieux historiques. Par exemple, à Vielmur-sur-Agout, dans le Tarn, l’association La vie moyenâgeuse recrée des « festoyances » dans des monuments historiques. C’est l’occasion de rassembler une centaine de convives autour d’un repas typiquement médiéval, avec des menus et des animations datant du 13e siècle ! Ces reconstitutions offrent une immersion totale dans une période révolue, qui permet d’éduquer et de divertir simultanément les visiteurs. C’est donc l’occasion de renforcer son attractivité pour le site historique considéré.

  • Le patrimoine vivant comme transmission de savoir-faire

L’artisanat traditionnel est un autre pilier du patrimoine vivant. Les artisans qui préservent des techniques ancestrales nous offrent un aperçu précieux du passé et des techniques de fabrication d’antan. Celles-ci peuvent être enseignées notamment par des activités sur des sites historiques. Ainsi, la cité de Carcassonne accueillait ce mois-ci une semaine du patrimoine vivant, où exposaient leur savoir-faire mosaïstes, ferronniers ou vitraillistes. Les visiteurs peuvent non seulement observer le processus, mais aussi s’approprier certains outils ou matériaux. Cette expérience interactive permet aux touristes de renforcer leur connaissance de l’artisanat traditionnel. Carcassonne peut alors s’appuyer sur le patrimoine vivant pour améliorer son attractivité.

  • La Magie des Performances Artistiques

Le patrimoine vivant regroupe également des manifestations plus contemporaines, comme les performances artistiques. Celles-ci peuvent en particulier avoir lieu sur des sites historiques, comme c’est le cas à Orange. Chaque année s’y tiennent dans son théâtre antique les Chorégies, le plus ancien festival de France. Dans un cadre historique exceptionnel, les visiteurs peuvent assister à différents ballets et concerts, mêlant patrimoine historique et patrimoine vivant.

Conclusion

Proche du patrimoine culturel immatériel, le patrimoine vivant est bien plus qu’un simple ajout aux sites historiques. Il est une partie intégrante de leur identité, offrant aux visiteurs une expérience immersive et plus enrichissante. L’investissement dans la préservation et la promotion du patrimoine vivant assure alors la pérennité de ces sites tout en améliorant notre compréhension de l’histoire. L’impact économique, éducatif et culturel du patrimoine vivant ne peut plus être nié, et sa mise en valeur continue d’évoluer pour répondre aux besoins des visiteurs du monde entier.

Pour aller plus loin

Dans cet article, Hephata fait le tour des différents habitats partagés développés dans des sites patrimoniaux en France.

Introduction

L’habitat partagé est un logement communautaire qui présente à la fois des espaces privés (chambres et salles de bain par exemple) et des espaces collectifs (cuisine, salon, jardin, etc., …). On distingue différents types d’habitats partagés : le cohabitât, le béguinage, l’habitat intergénérationnel, le coliving ainsi que l’habitat accompagné. Ces types de logements ont souvent une vocation sociale à destination des individus ayant un accès plus fragile au logement ou souffrant de solitude : étudiants, personnes âgées et/ou handicapées, individus souffrant d’addiction, etc., …

L’habitat partagé est un type d’activité économiquement rentable que peut développer un site historique. Il existe déjà plusieurs exemples en France de ce type de logements inclusifs qui ont ouverts dans des monuments d’exception et des bâtiments anciens. Voici donc quelques exemples de différents habitats partagés développés dans des sites patrimoniaux en France.

Un habitat partagé au sein du château de Panat

Dans la commune de l’Isle-Jourdain dans le Gers, le château de Panat accueille une coopérative d’habitants : l’Alter habitat lislois. Le groupe est constitué de familles avec enfants, de célibataires, de couples, d’actifs et de retraités, etc., … En cours de réaménagement, le château accueille plusieurs logements de dimensions différentes, pouvant ainsi accueillir une ou plusieurs personnes.

© Façade sud du château de Panat (printemps 2019), Clement.aumeunier, CC BY-SA 4.0.

Un habitat partagé dans une ancienne maison bourgeoise du XIXe siècle

A Saint-Brieuc, deux familles ont créé l’habitat partagé de la ville Berno. Les deux couples et leurs enfants débutent les travaux de réhabilitation en 2013 et en 2015, ils remportent un appel à projet lancé par le Conseil Général des Côtes d’Armor. Ils vont ainsi recevoir une aide de 10 000€ pour poursuivre les travaux. Le site comprend quatre logements de différentes dimensions ainsi que des espaces communs servant au stockage et à la vie commune.

Un béguinage à l’hôtel Sivard de Beaulieu

L’hôtel Sivard de Beaulieu à été construit en 1739. Doté de plus de 1000 m² de bâti et de 5000 m² d’espaces verts, il a été transformé en lieu de béguinage pour l’accueil des personnes âgées. Une dizaine de maisons ont également été construites dans l’enceinte du domaine afin de créer des espaces de vie plus indépendants pour les personnes âgées encore tout à fait autonomes. Le coût du projet était de 4,6 millions d’euros mais, tout à fait enthousiasmée, la ville a proposé deux garanties d’emprunt, à hauteur de 50%.

© Hôtel Sivard de Beaulieu, Le Refuge, Valognes, HaguardDuNord, CC-BY 3.

Le coliving dans la Maison Luna

Située à Paris dans le 14e arrondissement, la Maison Luna accueille des étudiants et de jeunes professionnels souhaitant vivre en colocation dans un espace sain et harmonieux. Ancienne maison de maître, elle a été complètement rénovée et aménagée en vue de sa nouvelle fonction. Elle dispose aujourd’hui d’une quinzaine de logements avec leurs salles d’eau et toilettes privatifs. Un jardin, une cuisine ouverte, un salon, une salle TV et une buanderie constituent les espaces en commun.

Un mode de vivre ensemble au château Pergaud

Situé dans la Drôme, le château Pergaud abrite un habitat participatif intergénérationnel. Construit à partir de 1837, le château accueille aujourd’hui le collectif du PeRgo. En plus d’un habitat partagé, le château propose des visites immersives, des évènements, des ateliers et des stages ainsi que des résidences d’artistes dans le but de favoriser l’expérimentation et la création. Le site est également ouvert au woofing et aux chantiers participatifs. Les valeurs et aspirations du collectif sont les suivantes :

  • Création et créativité ;
  • Joie et épanouissement ;
  • Respect et ouverture ;
  • Partage et transmission ;
  • Intelligence collective ;
  • Autonomie et mutualisation.

Une vieille maison et un écrin de verdure ouvert à tous

Près de Montpellier et perdue en pleine nature, une ancienne bâtisse, surplombée d’un château du XIe siècle, est habitée de six résidents souhaitant vivre en communauté. Le site cherche aussi à accueillir des visiteurs de passage. Deux options sont possibles :

  • Le woofing qui permet au visiteur de bénéficier d’un logement en échange de menus services (jardinage, ménage, bricolage, etc., …) ;
  • Un logement à moindre coût pour venir se reposer et se ressourcer.

Une cohabitation intergénérationnelle au Fort de Montauban

Doté de ses huit hectares, le Fort de Mautauban est un lieu de vie où se côtoient à la fois des personnes âgées et des jeunes, le plus généralement des étudiants. C’est un lieu de vie très dynamique et convivial qui est également ouvert au public. C’est aussi un lieu culturel fort qui propose de nombreux évènements et activités : spectacles, débats, expositions, etc., … Le lieu permet donc de favoriser la mixité sociale et la convivialité et de rompre la solitude des individus, notamment des plus âgés.

Un habitat participatif dans une ancienne ferme viticole

Le domaine de Morlay, en Saône-et-Loire est une ancienne ferme viticole aujourd’hui occupée par un habitat partagé. Cinq familles partagent le lieu dans un objectif social et écologique. S’y développent également des activités ouvertes aux visiteurs et aux autres habitants locaux : équitation, espaces d’hébergement sous la forme de gîtes ou d’un camping, etc., …

La Bergerie de Berdine, ouverte aux personnes fragilisées

La Bergerie de Berdine est perdue dans la nature, au cœur du parc naturel régional du Lubéron, dans un décors provençal unique. C’est un lieu à vocation sociale spécialement dédié aux personnes fragilisées par la vie ou une ancienne addiction. L’association a été créée en 1973 et depuis, elle a accueilli plus de 6500 personnes fragilisées. Ces personnes sont logées pour une durée indéterminée et sans contreparties financières. En échange, elles doivent s’adonner aux travaux de la ferme. Cette manière de vivre est aussi pour elles une manière de suivre un parcours de réinsertion et de réintégration progressif dans la société puis le monde professionnel. En effet, les activités manuelles et agricoles, le contact avec la nature et les animaux les amènent à reprendre confiance en elles et en leurs talents.

Pour aller plus loin

Le tour des sites accompagnés par Hephata en France

Les sites du patrimoine européen à découvrir cet été

Top 5 des lieux patrimoniaux emblématiques marqués par des femmes