Habituellement utilisé pour accompagner la promotion immobilière ou le développement
d’activités commerciales, le crowdlending consiste à solliciter des prêteurs particuliers pour contribuer à financer un projet via des plateformes en ligne. 

Encore peu développé pour les projets de restauration du patrimoine, ce dispositif est une alternative intéressante au financement participatif de type don contre contrepartie car il permet de récolter des montants plus élevés, au-delà d’1 m€.

Tout comme un emprunt bancaire classique, les prêts octroyés dans le cadre du crowdlending sont assortis d’une durée et d’un échéancier de remboursement.
Plusieurs typologies de prêts sont possibles:

  • Le Prêt à taux 0% : le prêteur prête une certaine somme, sans intérêt, il sera
    remboursé du montant qu’il a prêté selon l’échéancier convenu. Ce type de prêts est
    souvent affinitaire et va attirer des personnes partageant les missions du projet sans
    recherche d’intérêts.
    o Exemple : Restauration de la toiture d’une chapelle. Montant total des
    travaux : 58 000 €, montant financé par le crowdlending : 54 000€.
    Dans ce cadre, les ressources nécessaires au remboursement ne reposaient
    pas sur un modèle économique, mais sur la collecte croissante du fonds de
    dotation qui réalisait l’opération, couvrant largement les dépenses mais trop
    étalées dans le temps par rapport au besoin de financement des travaux.
  • Prêts à taux d’intérêt : c’est le dispositif le plus proche d’un emprunt bancaire
    classique. Dans ce cas, le prêt est assorti d’un taux d’intérêt versé par l’emprunteur au
    prêteur (taux en général plus élevés qu’auprès d’une banque) et d’un calendrier de
    remboursement selon l’échéancier convenu.
    o Exemple : Rénovation de 2 maisons au sein d’un corps de ferme du XVIIIe
    siècle, en vue de les louer en séjour de courte durée. Montant total des
    travaux : 500 000€, montant collecté via le crowdlending : 50 000€.
    Dans ce cadre, les emprunts seront remboursés par le fruit des locations.
  • Prêts obligataires. Cette typologie d’emprunt est réservée aux personnes morales
    (associations, entreprises, collectivités) qui émettent des titres financiers
    (obligations) assimilables à une dette auprès d’investisseurs personnes morales ou
    personnes physiques (les obligataires). Cette dette est assortie d’intérêts et d’un
    échéancier de paiement.

o Exemple : Réhabilitation d’espaces au sein d’un bâtiment du XVIIIe siècle afin d’y accueillir des élèves en internat. Montant total des travaux : montant levé par crowdlending : 390 000 €. Dans ce cadre, la dette peut être remboursée par les recettes provenant des frais de scolarité et de logement des élèves.

Le crowdlending est assorti d’un certain nombre de conditions. La première, pour
l’emprunteur, est d’avoir une capacité de remboursement avérée. Le recours au crowdlending doit donc s’accompagner de ressources permettant d’assurer les remboursements voire le paiement d’intérêts. Ce mode de financement n’est par conséquent pas approprié pour tout type de projets. Il permet surtout une avance de trésorerie dans le cadre d’un projet de restauration ou de lancement d’activités. Cela peut constituer également un amorçage utile pour solliciter un établissement bancaire traditionnel en complément de fonds propres.


Une difficulté reste de mise : il existe à ce jour encore très peu de plateformes de
crowdlending qui permettent de financer ce type de projets, au premier rang desquels on
peut citer Credofunding, développé pour du patrimoine religieux ou cultuel. On ne peut que
souhaiter que la réhabilitation du patrimoine immobilier devienne une cause portée par les
plateformes de crowdfunding immobilier ayant pignon sur rue.

Article publié dans Courrier du patrimoine n°72 (2021)

acteurs_patrimoine

acteurs_patrimoine

Les acteurs du patrimoine : la gestion. Troisième et dernier volet du « Guide pratique pour savoir vers qui se tourner ».

Introduction

Dans l’article Les acteurs du patrimoine : le financement, ont été présentés les acteurs spécialisés dans le financement de projets autour du patrimoine (restauration, développement d’activités etc.). Dans cette troisième partie, retrouvez les acteurs spécialisés dans la gestion de lieux. Certains acteurs se sont développés dans le but exclusif de valoriser le patrimoine en articulant leurs actions autour de la culture et de l’événementiel. Conscients des enjeux actuels que le patrimoine implique, ils cherchent à apporter des outils de réponses innovants pour permettre au patrimoine de prendre le virage de la modernité. Ils apportent un nouveau regard sur le monde du tourisme et favorisent l’accès au numérique au sein des visites.

Cet article permettra de mieux connaître les différents acteurs du marché :

– Les entreprises qui proposent leurs compétences logistiques

– Les acteurs qui agissent en qualité de médiateur culturel

– Ceux qui proposent des outils innovants pour faciliter la gestion des sites ouverts au grand public

– Les distributeurs de lieux qui proposent des lieux d’exception comme une sorte d’Airbnb de luxe

1. Les acteurs qui proposent leurs compétences logistiques

Les acteurs dits « gestionnaires » s’occupent de la gestion des monuments. Ils peuvent conseiller sur des projets de développement d’activités (visites, évènementiel, hôtellerie), assurer la commercialisation et la communication des lieux ou encore gérer l’opérationnel (accueil des visiteurs ou des hôtes, billetterie).  

a) Château Expérience : l’apport de solution de gestion de séjours grâce aux outils digitaux

Jeune entreprise, Château Expérience accompagne les propriétaires dans le développement économique de leur château sur trois aspects concrets :

– La définition d’un projet d’activités : mariage, séminaire, tournage, chambres d’hôtes…

– La commercialisation de l’offre

– L’accompagnements dans la mise en place d’une solution opérationnelle grâce à la mise à disposition d’outils digitaux

L’objectif principal est de permettre aux propriétaires de trouver une solution de gestion de séjours pour leur château.​ 

b) Pierres d’Histoire : le sauvetage de maisons historiques à l’abandon par des séjours d’exception

Pierres d’Histoire s’inspire du modèle des manoirs sauvés et gérés par le Landmark Trust au Royaume-Uni. Sa mission est de « sauver des maisons historiques à l’abandon, de leur redonner vie et d’en faire des lieux d’exception accessibles, alliant confort, élégance et modernité ». Aussi, l’entreprise accueille ses hôtes pour des séjours en pleine nature, dans une atmosphère « comme à la maison » où l’âme des lieux est respectée. En outre, son objectif est d’offrir des expériences uniques.

c) Alfran : du conseil à la gestion de site en passant par la communication touristique

Créé en 2003, Alfran se définit comme le « partenaire de votre développement touristique ». En outre, l’entreprise accompagne les propriétaires privés et publics dans deux principaux domaines. Sa première proposition est la gestion de site. Alfran construit un projet de valorisation du site, met en place un système d’exploitation adapté au besoin du propriétaire puis installe ses équipes.

Sa deuxième mission repose sur la communication touristique. L’entreprise compte plus de 2 500 meubles d’information touristique, en particulier dans le Grand Ouest. Elle s’occupe de la diffusion de brochures, de l’affichages au coeur des villes, du flocage de véhicules de diffusion, etc.

d) Tous au château : une initiative familiale qui propose des solutions de gestion touristique

Certains gestionnaires de lieux sont issus d’une même initiative familiale comme par exemple la famille Guyot avec Tous au Château.

Créée en 2014 par Lancelot Guyot, Tous au Château propose des solutions de gestions touristiques sur mesure à destination des propriétaires privés ou publics. La société fonde une partie de sa stratégie sur des économies d’échelles concernant les coûts incontournables de tout site touristique. Elle propose donc à d’autres sites d’en bénéficier par le biais de commandes groupées.  

e) Chateauform’ : l’accueil de séminaires d’entreprise « comme à la maison »

Châteauform’ voit le jour en 1996 avec l’ouverture d’une propriété familiale, transformée comme une maison d’amis pour l’accueil de séminaires et d’évènements d’entreprise. Un couple d’hôtes vit sur place et accueille chaque événement en lui apportant une note chaleureuse.

L’entreprise rachète des châteaux, demeures historiques, hôtels particuliers ou les prend en gestion pour permettre aux entreprises de se retrouver en dehors de ses bureaux. Mais attention, les sites historiques sont entièrement remodulés et, bien souvent, l’âme des lieux en est dénaturée au profit de la fonctionnalité des espaces.

2. Les acteurs qui agissent en qualité de médiateur culturel

a) Kléber Roussillon : la création de muséographies vivantes et d’offres complètes pour valoriser le patrimoine culturel ouvert au grand public

Kléber Rossillon est une société créée en 1995 autour de quatre axes :

  1. La valorisation du patrimoine culturel
  2. L’accueil de tous les publics
  3. La mise à disposition de services en plus de l’offre de visite
  4. La proposition d’une politique marketing et de commercialisation

La société prend en gestion des lieux culturels et touristiques qui lui sont confiés dans le cadre d’ouverture au public. Chaque année, les douze lieux qui sont gérés par l’entreprise accueillent plus d’un million et demi de visiteurs.

La politique globale de valorisation repose principalement sur la valorisation des espaces extérieurs via une intégration paysagère forte, la création de muséographies vivantes et cohérentes grâce à la conduite et l’exécution des parcours de visite et la mise en œuvre d’importants programmes de restauration dont elle assure la maîtrise d’ouvrage.

b) Culturespaces : la gestion globale et directe de monuments et musées

Créé en 1990, Culturespaces se définit comme « le premier acteur privé pour la gestion globale de monuments et musées, la création de centres d’art, l’organisation d’expositions temporaires et d’expositions numériques immersives ». En outre, sa mission repose sur l’accueil des publics et la médiation culturelle.

Pour cela, Culturespaces gère en direct tous les services proposés aux visiteurs, de la billetterie à l’entretien des jardins en passant par la restauration. Les sites gérés sont principalement des musées et centre d’art comme le Musée Jacquemart-André à Paris, des monuments historiques prestigieux  comme le château des Baux de Provence, des jardins remarquables et collections comme les collections de la Villa Ephrussi de Rothschild et des centres d’art numériques comme l’Atelier des Lumières.

c) Le Centre des Monuments Nationaux : le gestionnaire des monuments de l’État

Le Centre des Monuments Nationaux (CMN) est le gestionnaire des monuments publics. Il est donc chargé de « conserver, restaurer et entretenir, les monuments et les collections placés sous sa responsabilité en y conduisant, sous le contrôle scientifique et technique des services du ministère de la Culture et de la Communication, des opérations visant à prévenir leur dégradation et à étendre leur durée de vie ». En outre, le CMN a pour principales missions de :

– Rendre accessible ces monuments au plus grand nombre et en particulier aux publics prioritaires (publics éloignés de la culture et publics en situation de handicap)

– Contribuer à la politique d’éducation artistique et culturelle et en particulier des publics scolaires

– Participer à la vie culturelle et au développement du tourisme, en concertation avec les directions régionales des affaires culturelles, les collectivités territoriales et les réseaux d’institutions culturelles

– Assurer une mission d’éditeur public sous la marque Éditions du patrimoine 

d) Culturevent : le spécialiste des concerts et évènements musicaux

Culturevent est une entreprise spécialisée dans la conception, la scénarisation, l’organisation et la production de concerts et d’événements musicaux (classique, opéra, jazz et variété). Aussi, sa mission consiste à créer des passerelles entre les entreprises, agences, collectivités, lieux de patrimoines, institutions culturelles avec la musique et les musiciens professionnels.

En outre, l’entreprise intervient auprès des organisateurs d’événements occasionnels ou professionnels autour de quatre domaine d’activités : l’évènementiel, le team-buildin, la programmation culturelle et la production de concerts et de spectacles.

3. Les acteurs qui proposent des outils innovants pour faciliter la gestion des sites ouverts au grand public

De nouveaux acteurs percent la toile en proposant des outils adaptés et innovants afin de valoriser et de conserver le patrimoine ouvert au grand public.

a) Histovery : les nouvelles technologies au service du patrimoine

Cette jeune entreprise s’est donné pour mission de valoriser le patrimoine culturel grâce aux nouvelles technologies. C’est donc dans ce cadre qu’elle crée des visite augmentées sur tablette, l’HistoPad.

b) Weekisto : un progiciel pour faciliter la diffusion de l’histoire des hommes et du patrimoine

Weekisto est une entreprise « dédiée à la valorisation de l’histoire des hommes et du patrimoine sur vos territoires ». Sa mission est en effet de valoriser les informations historiques et de faciliter leur diffusion. Il s’agit donc d’un travail en collaboration avec les archives, les associations d’historiens et des spécialistes.

L’entreprise a créé un progiciel dédié au patrimoine (plate-forme-web, application mobile, base de données partagée etc.), pensé comme un carrefour entre les recherches effectuées par des spécialistes et la demande en connaissances certifiées du grand public.

Une fois le progiciel paramétré, on peut ainsi organiser et géo-localiser chacune des informations importantes en les enrichir d’images et de vidéos et créer des cartes, des parcours, des quiz, des flux d’informations, publiables sur des supports d’informations existants.

c) Patrivia : la plateforme de billetterie en ligne

Patrivia est une start’up du patrimoine, fondée en 2016, qui a créé une billetterie en ligne pour les châteaux : « la plateforme indispensable pour découvrir, planifier et réserver toutes vos visites culturelles à travers la France et la Belgique ».

Partant du constat que beaucoup de trésors du patrimoine restent méconnus, faute de visibilité, la start’up a créé la plateforme pour rassembler les monuments et sites culturels, publics et privés, ouverts au grand public pour la visite. La plateforme permet d’offrir une visibilité accrue à tous ces sites en permettant aux visiteurs d’acheter leurs billets en ligne.

d) Dart’Ngo : la plateforme de vente d’expériences en ligne

Dart’Ngo se définit comme « le point de départ d’expériences inoubliables avec le patrimoine : visites à la bougie, nuitées, concerts, reconstitutions historiques et visites exclusives ». Elle appartient au groupe Dartagnans.

4. Les distributeurs de lieux : l’airbnb des lieux d’exception 

Il existe un grand nombre de distributeurs de lieux. Néanmoins, il convient de distinguer entre :

Les réseaux d’exploitants : certains propriétaires décident de déléguer la gestion de leur domaine à un réseau d’exploitants. Ceux-ci gèrent différents lieux qui s’inscrivent tous dans un même standard

Les distributeurs de lieux : ils valorisent le patrimoine en proposant des séjours dans des lieux d’exception : hôtels de luxe, hôtels de charme, restaurants etc.

Exemples de chaînes d’hôtels dans des lieux d’exception et notamment dans des monuments historiques : Relais & Châteaux, Hôtels & Préférence, Esprit de France, Les collectionneurs.

On peut également citer la plateforme Rêve de châteaux, issue de la rencontre entre la start-up Châteaux Expériences et l’Association des Vieilles Maisons Françaises.

Conclusion

Qu’ils soient investisseurs économiques, gestionnaires, privés ou publics, les acteurs du Patrimoine sont nombreux et assurent des missions diverses mais complémentaires. En effet, aujourd’hui conseil et gestion sont devenus indissociables. Partout un même objectif, celui de faire du Patrimoine l’affaire de tous. Ainsi, conserver, restaurer, valoriser et pérenniser sont les maître-mots qui accompagnent ces acteurs engagés.

A vous de jouer ! Si vous avez d’autres questions, n’hésitez pas à nous écrire : contact@hephata.fr

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Panorama des acteurs européens du patrimoine

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Gérer un château en couple. Est-ce une bonne ou une mauvaise idée ? Hephata a rencontré deux couples propriétaires pour vous donner des éléments de réponse.

L’important à retenir dans cet article :

Se retrouver à la tête d’un château c’est se lancer dans une sacrée aventure. Souvent affaire de famille, les châteaux attirent de nombreux couples qui sont amenés à travailler ensemble à la gestion de leur domaine. Mais comment savoir si travailler en couple est fait pour nous ?

Cet article permettra de comprendre les tenants et aboutissants de ce mode de fonctionnement pour les châteaux qui ont choisi de développer des activités autour de :

– La capacité à travailler ensemble

– La vision du projet à court, moyen et long terme

– Quelques conseils pratiques pour réussir une bonne gestion commune

Introduction

Beaucoup de propriétaires se demandent s’il est possible de mener en parallèle un métier extérieur et le projet de développement autour d’un monument historique. En outre, quels sont les avantages à travailler conjointement au projet ? Quels sont les inconvénients ? Quelles contraintes doit-on anticiper pour ne pas laisser pour compte sa vie de famille ?

Gérer les activités d’un château est une activité professionnelle à part entière. Tous les propriétaires le disent, reprendre la gestion d’un château mais aussi trouver un modèle économique qui tienne la route s’apparente à la création d’une entreprise. Pour travailler en couple, comme d’ailleurs avec un membre de sa famille (enfant, frère ou sœur), il convient de :

– Mettre son énergie au service d’un projet commun

– Apporter des compétences complémentaires à l’élaboration du projet

– Être capable de passer beaucoup de temps ensemble

Aussi, avant de se lancer, le couple doit avoir en tête que la séparation entre leur vie privée et leur vie professionnelle va inévitablement être réduite. Tous les couples ne sont pas nécessairement capables de travailler ensemble. Il est nécessaire, voire vital, de se poser les bonnes questions pour éviter la catastrophe. HEPHATA a pu interroger deux couples propriétaires pour en savoir un peu plus.

Thibaud et Julie de Rohan Chabot, propriétaires du château de Bonnefontaine en Bretagne ont développé des activités de réception (mariages, séminaires, gîtes) en parallèle de leur activité professionnelle. Il s’agit pour eux d’apporter des revenus supplémentaires pour entretenir le château. Leur choix est de « réinvestir à 100 % les revenus générés par les activités de la propriété ». Il est nécessaire pour eux d’avoir une activité professionnelle à l’extérieur de la propriété.

Géraud et Stéphanie de Laffon, propriétaires du château de Gizeux en Indre-et-Loire se sont positionnés sur une offre de visites grand public (surtout les familles) ainsi qu’une offre de chambres d’hôtes. Au lancement du projet, Géraud arrête son travail pour se consacrer entièrement à la valorisation du château (offre, axes stratégiques, marketing). Après trois ans, il décide de se mettre à son compte en choisissant une profession compatible avec l’activité économique du château. Selon eux, une activité salariée est inenvisageable avec le développement de ce style de projet. Stéphanie, quant à elle, travaille à temps plein pour le château pendant neuf mois de l’année. Pendant la période estivale, elle travaille sept jours sur sept.

1. Savoir si l’on est capable de travailler en couple

Comme dans une entreprise, travailler ensemble nécessite de savoir évacuer les sentiments et émotions personnelles, qui n’entrent pas dans le cadre professionnel. Pour gérer un château, il faut donc se mettre dans la peau d’un entrepreneur. Et entreprendre en couple nécessite de développer une très bonne communication. Celle-ci sera immanquablement favorisée par la connaissance mutuelle et la complémentarité des deux individus qui découle de toute vie de couple. En outre, les propriétaires s’accordent pour dire que la jeunesse est un facteur très positif qui favorise l’audace et la créativité.  

a) Savoir travailler en couple dans un château nécessite une communication sans tabou

La question qu’il convient de se poser est la suivante : communiquons-nous bien l’un avec l’autre ? Savons-nous nous dire les choses, simplement ? Entre associés, il faut adopter un mode d’échanges bienveillant. Il s’agit de se parler avec franchise, en évitant les non-dit, tout en restant respectueux des idées de l’autre. En outre, la vie de couple implique une grande connaissance mutuelle qui facilite le travail conjoint. Chacun apporte sa pierre à l’édifice grâce à une certaine complémentarité.

Au château de Gizeux par exemple, Stéphanie est plus prudente que Géraud. Cela permet « d’équilibrer avec l’enthousiasme, parfois trop débordant » de son mari. Pour Géraud, l’idée de reprendre la gestion du château familial était déjà présente lorsqu’ils se sont rencontrés. La question d’une gestion commune a donc été abordée très rapidement. Même s’ils ne savaient pas la tournure que prendrait une potentielle reprise, le projet était présent dans leurs têtes dès le départ. Sans l’accord de principe de sa future épouse, il aurait pris un tout autre cheminement professionnel.

À Gizeux il n’y a pas de tabou : les préjugés ferment les portes. Sans essayer, aucun succès. Alors on saisit toutes les opportunités : une logique qui favorise la créativité.

Thibaud de Rohan Chabot explique, quant à lui, que collaborer ensemble demande un réel travail pour anticiper les réactions de l’un et de l’autre. L’objectif premier est celui de ne pas se marcher sur les pieds : à chacun ses activités ! La communication est donc fondamentale pour éviter les doublons.

b) Savoir travailler en couple c’est faire preuve d’audace et d’inventivité, des critères favorisés par la jeunesse

Pour Stéphanie, il faut commencer jeune ! Avec Géraud, ils ont eu la chance de reprendre la gestion économique et touristique du château à 32 et 38 ans. Un vrai atout au niveau de l’énergie. D’autant que plus on est jeune, moins on est exigeant sur le confort de vie. On peut plus facilement se permettre de venir s’installer dans le château avec peu de chauffage et de s’adapter à un cadre rustique, à la décoration parfois démodée. Seule l’aventure compte.

Pour Thibaud et Julie, arriver jeune leur a permis d’avoir l’énergie et l’envie nécessaires pour mener à bien le projet. « La motivation peut s’estomper avec le temps, d’autres projets pouvant prendre la place » nous explique Thibaud. Il s’agit donc de savoir commencer au bon moment.

c) Savoir travailler en couple c’est optimiser la répartition des tâches pour éviter les conflits

L’une des principales difficultés du travail en couple consiste à bien définir le rôle et les tâches de chacun afin d’éviter un empiètement de l’un sur le travail de l’autre. Sans cela, le couple va droit au conflit. La confiance en l’autre est également indispensable pour ne pas se sentir étouffé dans son travail.

Au château de Gizeux, Géraud gère la réflexion stratégique, la rédaction des messages de communication, la recherche d’opportunités ainsi que la diversification des offres (axe, conception, test). Stéphanie s’occupe quant à elle de la phase opérationnelle. Ainsi, elle gère les chambres d’hôtes : accueil, tables d’hôtes, visites privées. Elle se charge également de la partie touristique : visites scolaires, ateliers, visites de groupes pour les adultes et les touristes étrangers. Enfin, la gestion des équipes lui revient : guides, billetterie, restauration.

À Bonnefontaine, Thibaud nous explique que la gestion en couple implique une grande discipline : segmenter les tâches permet d’éviter les doublons, les contre-ordres. Chacun doit avoir ses propres missions et les piloter seul. Pour eux, la répartition des tâches s’est effectuée naturellement, en fonction des affinités et du temps de chacun. Julie s’occupe des réceptions, de l’accueil du public et de la gestion des travaux. Thibaud gère la partie administrative ainsi que la gestion rurale et forestière du domaine.

Bilan

Vous êtes capables de travailler en couple dans un château si vous savez communiquer sans tabou, faire preuve d’audace et d’inventivité mais aussi optimiser la répartition des tâches !

2. Apprendre à séparer vie privée et vie professionnelle

Pour mener à bien un projet de développement d’activités économiques dans un château en couple, il est indispensable de séparer vie privée et vie professionnelle. Pour cela, il faut savoir analyser les conséquences qu’aura un projet entrepreneurial sur la vie de famille, choisir l’éducation que l’on veut donner à ses enfants, ne pas faire une croix sur les temps de vacances et réfléchir les espaces selon leurs fonctions.

a) Apprendre à séparer vie privée et vie professionnelle c’est analyser les conséquences sur la vie de famille

Pour Thibaud de Rohan Chabot, il est important de préserver sa vie de couple : en l’absence d’enfants, notamment, et si l’activité est exercée à domicile, il est parfois difficile de se ménager du temps personnel. Pour maintenir un bon équilibre au sein de l’entreprise, il conseille donc d’instaurer un rituel.  

En outre, il faut toujours garder à l’esprit l’objectif principal de l’activité. Il convient de trouver un équilibre avec les activités commerciales. Pour eux, il s’agit avant tout de conserver l’esprit d’une maison de famille, accueillante, transmissible à la génération suivante.

b) Apprendre à séparer vie privée et vie professionnelle c’est anticiper l’éducation que l’on veut pour ses enfants

La question de l’éducation des enfants est une réelle problématique qui implique de se demander s’il sera possible de rester habiter le château à l’approche du collège. La question réside avant tout dans le fait de décider de vivre ou non à la campagne ce qui a des conséquences sur la scolarité des enfants.

c) Apprendre à séparer vie privée et vie professionnelle c’est ne pas oublier de prendre des temps de vacances

À Gizeux, la grande contrainte est celle de l’absence de vacances. Avec les visites, il est impossible de partir en vacances l’été. Et pendant l’année, les chambres d’hôtes bloquent également la situation. Pendant longtemps, les vacances de Noël ont permis de s’extraire un peu du château. Avec le confinement dû à la crise sanitaire de mars à mai 2020, Stéphanie avoue avoir redécouvert la joie de se mettre dans un transat ou de faire un barbecue en famille.

Pour Thibaud et Julie, savoir décrocher et ne pas cannibaliser la sphère privée est une priorité. Prendre des vacances permet donc de s’éloigner et de revenir avec une motivation renouvelée.

d) Apprendre à séparer vie privée et vie professionnelle c’est réfléchir les espaces par rapport à leur destination

À Gizeux, Stéphanie donne les conseils suivants : « si on veut travailler à deux, il faut être sûr de pouvoir le faire ». Et pour cela il faut, dès le départ, réfléchir la demeure dans sa globalité avec ses différentes fonctions. Les lieux privés doivent servir à la vie de couple et la vie familiale. Les bureaux sont destinés au travail. Les espaces d’accueil sont destinés aux visiteurs et aux hôtes.

Pendant longtemps le château de Gizeux n’avait pas pour priorité d’avoir d’espace familial dédié. La volonté principale étant de monter rapidement en flux économique. Mais attention, revenir en arrière pour délimiter les espaces est beaucoup plus difficile. L’arrivée des premiers petits-enfants peut changer la donne. Il est indispensable que les enfants de la famille puissent se sentir en vacances quand ils viennent passer quelques jours au château.

3. Quelques conseils pour une bonne reprise à deux

Reprendre la gestion d’un monument historique implique d’être curieux de tout et d’avoir la volonté de transformer des idées en réalisations concrètes. Ensuite, il faut rester compétitif sur son marché ce qui implique de se réinventer en permanence. Pour cela, et si c’est possible, il faut s’entourer d’une équipe dynamique qui aidera les propriétaires à porter les différents projets. En outre, il semble nécessaire d’avoir le regard ouvert sur le monde extérieur pour garder le cap tout en ne s’enfermant pas dans son projet.

a) S’entourer d’une bonne équipe pour renforcer la dynamique du lieu

En tant que propriétaire et porteur de projet, il est plus facile d’avancer sereinement dans le développement d’activités lorsqu’on est entouré par une équipe dynamique et compétente. Mais pas toujours facile de dégager le flux nécessaire à l’entretien du domaine et à sa restauration en embauchant des saisonniers.

À Gizeux, par exemple les équipes de stagiaires se succèdent ce qui n’est pas toujours facile à gérer. Pour satisfaire l’offre, il arrive parfois qu’il faille y avoir six stagiaires en même temps afin de gérer l’accueil, la billetterie, les visites, la vie pratique etc. Le problème est de réussir à trouver des étudiants multifonction avec des profils complets ce qui s’avère être de plus en plus complexe. Avoir une équipe plus stable faciliterait le travail.

b) Conserver une ouverture d’esprit sur le monde

Avoir vu autre chose

Pour Thibaud de Rohan Chabot, il faut identifier le bon moment pour se lancer, ni trop tôt ni trop tard. Avant de se « retirer » à la campagne il faut avoir vu le monde, gagner de l’expérience, faire ses armes ailleurs. La frustration de ne rien connaitre d’autre s’accroît avec le temps. À Bonnefontaine, ils ont repris le projet en 2013, au retour d’une expatriation à l’étranger (Dubaï).

Mais il ne faut pas non plus trop attendre car le désir d’entrepreneuriat peut passer, donc il ne faut pas laisser passer le bon moment et se lancer. La difficulté est de savoir identifier le bon moment. En outre, il ne faut jamais s’installer si la situation juridique, successorale, familiale n’est pas claire, cela finit toujours, ou presque, en catastrophe. 

Garder le cap

Thibaud et Julie expliquent qu’il ne faut surtout pas « se laisser écraser par une tâche qui parfois peut sembler bien lourde ». Il faut sans cesse se rappeler les raisons qui ont poussé à se lancer. Autrement dit, l’objectif principal est à toujours garder, comme un fil rouge. Pour eux, il s’agit avant tout de préserver le caractère familial du lieu. Le business développé est un moyen mais non une fin en soi. 

À Gizeux, dès que l’année est bonne économiquement, l’argent est réinvesti dans des chantiers de restauration. C’est la priorité que se sont donnée Géraud et Stéphanie. En outre, faire de son mieux est fondamental ce qui aide à ne pas se décourager. 

Ne pas s’enfermer dans le projet

Rester libre par rapport au projet est primordial. Pour Géraud, le développement d’activités au château de Gizeux est une belle aventure. Néanmoins, s’il fallait choisir entre la famille et le château, il n’hésiterait pas, ce serait la famille.

« On s’est dit qu’on donnerait 25 ans de notre vie mais c’est tout. Cette activité est usante et on a envie de vivre une dernière période de grands-parents pour voyager, revoir nos amis plus régulièrement. » Il ne faut pas se sentir prisonnier du projet. Aussi, se fixer une deadline permet de :

– Ne pas s’accrocher avec entêtement sur la façon dont on voit les choses : il faut pouvoir dès le début aborder ce sujet et mettre sur la table l’avenir souhaité

– Prendre du recul face aux choses : le propriétaire n’est qu’un maillon dans la grande histoire du lieu.

Pour Géraud, « entrer dans le business doit toujours être accompagné de la question : comment on en sort ? »

Conclusion

Gérer un château en couple est un projet de vie. À la fois fascinant et motivant, il implique de savoir se poser les bonnes questions avant de se lancer. Éducation des enfants, délimitation des espaces dédiés à la vie privée et à la vie professionnelle, répartition des tâches etc., se lancer dans un projet de développement économique de son château n’est pas à prendre à la légère. En outre les propriétaires qui parviennent à avancer sereinement dans leur projet sont ceux qui ont appris à se détacher de leur propriété en considérant qu’ils ne sont que des dépositaires du lieu et de son histoire.

A vous de jouer ! Si vous avez d’autres questions, n’hésitez pas à nous écrire : contact@hephata.fr

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Hephata sollicite l’intérêt d’acteurs variés pour sauver un monument historique en péril grâce à un appel à projets. Le projet s’articule autour d’un site entièrement fermé, inscrit à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques depuis 1945. Il est aussi référencé « Monument en Péril » depuis 2018. Il est urgent d’engager d’importants travaux au niveau des menuiseries et maçonneries du château. En outre, la restauration des dépendances est une priorité en ce qu’elles pourront accueillir un gardien pour protéger le site quotidiennement. Une remise en état de l’intérieur et des extérieurs du château est également nécessaire. Grâce aux dons, le château pourra amplifier son projet de restauration et retrouver sa prestance d’autrefois pour accueillir du public.

L’appel à projets vise les acteurs économiques, culturels ou sociaux de tous secteurs confondus qui proposeront une réaffectation pertinente des espaces. Il implique ainsi les acteurs dans la proposition de solutions pérennes de réhabilitation et de conservation. Les projets doivent en outre valoriser le site à long terme et soutenir le territoire d’un point de vue touristique, professionnel ou hôtelier.

Aussi, chaque candidat doit proposer des mesures techniques et / ou financières pour conserver durablement et respectueusement les espaces. Les porteurs de projets sélectionnés élaboreront les modalités pratiques de l’occupation qui permettra de sauver le monument historique en péril.

Confier la valorisation et la conservation du château à des organismes privés a pour vocation de créer un pôle dynamique. Ce pôle fera notamment bénéficier le territoire d’externalités positives économiques et culturelles.

Créer une école de cuisine dans un château : exemple des Master Class de Fey

L’important à retenir dans cet article :

Développer une activité adaptée en fonction de son histoire et de son territoire, c’est une question de convictions ! 

Vous possédez un château avec une histoire forte ? N’hésitez pas une seconde ! « Je conseillerais à tout propriétaire d’aller simplement là où on a envie d’aller et jusqu’au bout de ses rêves ! » Sylvie Angel.

Vous êtes dans une région avec un terroir et un caractère qui se prêtent à la gastronomie, à l’œnologie, ou à d’autres activités ? Utilisez ces ressources ! 

Seulement, comment orienter ses activités en cohérence avec l’image et les ressources de son territoire ?
Dans cet article, Sylvie Angel nous explique comment elle est parvenue à faire revivre les masters class de cuisine au château du Feÿ, faisant écho à l’ancienne prestigieuse école de la Varenne, en utilisant les ressources locales.

Qu’est-ce qui vous a poussé à reprendre ce château et à vous lancer dans ce projet de développement ambitieux ? 

C’est une histoire de gastronomie…

C’est grâce à un ami restaurateur dans la région que nous avons découvert le château du Feÿ et son histoire culinaire : « mon mari et moi étant passionnés de cuisine, nous avons été tout de suite séduits ! » 

La précédente propriétaire était Anne Willan, professeure de cuisine anglo-américaineformée au Cordon Bleu , école de cuisine d’excellence, et élève de Julia Child pionnière aux Etats-Unis dans la gastronomie française et ses techniques de cuisine.  

Anne créa l’ école de cuisine de la Varenne en 1975, qui fut l’une des premières écoles de cuisine professionnelles en France à offrir un enseignement simultané en français et en anglais et des diplômes professionnels reconnus. L’école était initialement basée à Paris et les programmes de La Varenne qui comprenaient un mélange de programmes de certificat professionnel et de cours de dégustation gastronomique, se sont poursuivis au Château du Feÿ jusqu’en 2007. 

La propriétaire écrit des livres de cuisine

Par ailleurs, Anne écrit de nombreux livres de cuisine comme « La Varenne Pratique » et la série « Look and Cook » mais aussi « Willan’s The Country Cooking de France » qui a reçu deux prix du livre de la Fondation James Beard 2008 pour le meilleur livre de cuisine international. 

Cependant, des incidents familiaux les poussent à quitter le château en 2007. Les programmes de La Varenne au Château du Feÿ se terminent et La Varenne déménage à Santa Monica en Californie. Sylvie Angel et son mari décident de partir à la rencontre d’Anne Willan à la fondation Julia Child à Los Angeles dans le but de relancer les Master Class. Ils vont également à la rencontre d’ Amanda Hesser à New-York, une ancienne stagiaire à l’école de Varenne au château qui s’est passionnée pour le potager et a développé un jardin aromatique. Désormais, elle poursuit sa carrière dans l’alimentation aux Etats-Unis et dirige Food52, une entreprise de 45 employés. « Elle était très heureuse lorsque nous lui avons appris que nous avions racheté le château et que nous voulions faire revivre les masters class de cuisine. » 

Le château accueille maintenant une grande diversité d’activités, en lien avec la gastronomie

 Les masters class ne sont rouverts que depuis 6 mois, mais nous avons déjà pu reconstituer le jardin aromatique au château et développer un hectare de potager ainsi qu’une truffière. Nous effectuons en parallèle des promenades gourmandes, de découverte où l’on apprend au public ce qu’il est encore possible de manger dans la forêt. Des « week-end truffe » sont proposés, avec des initiations dans lesquelles nous montrons comment chercher les truffes.

Aviez-vous des compétences spécifiques concernant la gastronomie ou la pédagogie culinaire ? Comment vous êtes-vous organisés en famille ? 

J’ai dû effectuer un stage pour apprendre certaines règles, donner des cours et suivre le stage obligatoire d’hygiène. Cette formation hygiène alimentaire (HACCP) est obligatoire depuis le 1er octobre 2012. Les responsables d’établissements de restauration doivent avoir au moins une personne justifiant d’une formation en matière d’hygiène alimentaire dans leur effectif.

La formation dure quatorze heures minimums et doit permettre au professionnel d’acquérir les capacités nécessaires pour organiser et gérer l’activité de restaurationdans des conditions d’hygiène conformes à la réglementation.
Concernant la répartition des rôles entre les membres de la famille : je m’occupe de la partie « cuisine », mon mari des travaux, et ma fille de la location. Les cours de cuisine sont quant à eux donnés par des chefs cuisiniers.

Quelles installations spécifiques ou normes sont requises pour un tel projet ? 

La cuisine de 45 mètres carrés a été refaite entièrement par Bernard Viot qui a aussi fait celle du Bristol à Paris. Nous avons dû respecter des normes d’hygiènes et de sécurité. Le mieux est de faire appel à une commission de sécurité auprès de la préfecture. Elle sera à même de vous dire les travaux à effectuer pour vous mettre aux normes. Il s’agit d’une cuisine professionnelle et privé soumises aux normes des restaurants  .
Il est compliqué d’aménager de telles infrastructures dans un château ancien, notamment avec la cheminée en plein milieu de la cuisine. De plus ces travaux engendrent un budget conséquent qui, pour notre part, ont été entièrement financés sur fonds propres.

Lancer ce type d’activité nécessite certainement d’être bien entouré… Pourriez-vous nous parler de « l’écosystème » que vous avez su mettre en place ? 

D’abord, le marché local et le terroir sont des « donnés » indispensables. Par exemple, nous utilisons les truffes de bourgogne et du Périgord que nous cultivons nous-mêmes. Nous sommes sur le principe de « Farm to table » , ce qui signifie que nous utilisons exclusivement nos propres produits. 
Dans le potager nous comptons plus de 52 variétées de légumes plantés ! Nous avons aussi un verger, puis des truffiers du Périgord…

Puis, en termes d’entourage, nous travaillons avec Harry Drissen formé et diplômé du Cordon Bleu Paris. Dans un premier temps, il élabore les cours de cuisine sur plusieurs jours au château. Ensuite, il donne des cours en plusieurs langues. 
Nous faisons également appel à Jean luc Barnabet  pour les diners spéciaux « truffe de bourgogne ». D’autres grands chefs viennent du monde entier comme Cathleen Clarity de l’école des chefs américaine , Keigo Kimura, chef étoilé d’Auxerre, Ruben Sarfati  qui a participé à Top chef.

Pour l’avenir, nous souhaiterions aller encore plus loin… Par exemple, établir des partenariats avec la CIA culinaire et le Cordon bleu  en particulier avec le chef Briffard  , chef exécutif et directeur des Arts Culinaires de l’école.
Nous avons aussi un projet de jardin médicinal où il faudra certainement s’entourer d’experts de la question…

Finalement, monter un tel projet requière beaucoup de cohérence : 

– Un désir de développement des propriétaires en cohérence avec les atouts du territoire et l’histoire du château

– Une organisation centrée autour d’une thématique unique, qui se structure grâce à des partenaires d’excellence, reconnus dans leur domaine

– Une préparation méticuleuse des activités : la formation et la mise aux normes en étant deux composantes essentielles

Pour aller plus loin

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Comment choisir ses outils de gestion hôtelière ? Hephata a rencontré Colas Guyonnaud, fondateur de Châteaux Expériences. Le gestionnaire de la marque Rêve de Châteaux nous explique.

L’important à retenir dans cet article :

Colas Guyonnaud est un entrepreneur hors du commun. Depuis près de 7 ans, Colas développe une vision du marché du patrimoine privé innovante. Il invite à penser autrement la façon de gérer des activités d’accueil, depuis la façon de communiquer, jusqu’à la façon d’accueillir ses visiteurs.

C’est autour des outils déployés par les deux sociétés que Colas s’exprime. Il apporte une motivation ambitieuse à tous les propriétaires qui se risqueront à la lire. Il cherche à répondre à cette question que chaque propriétaire se pose : comment choisir ses outils de gestion hôtelière ?

Quelle est ton activité ?

Pour résumer, avec Châteaux Expériences , notre activité initiale, nous gérons des châteaux pour le compte des propriétaires. Les propriétaires interviennent rarement et nous font confiance. Pour eux, nous offrons un service « clé-en-main ». Le propriétaire « ne fait rien ». Nos équipes s’occupent de toute la gestion d’accueil de publics (chambres d’hôtes, séminaires, locations saisonnières, mariages) de A à Z.

Rêve de Châteaux est un outil. C’est une plateforme, qui permet aux propriétaires de gérer eux-mêmes leurs activités (séminaires, visites, mariages…). Ils peuvent communiquer sur ces dernières et gérer directement leurs réservations et paiements. 

Donc pour résumer l’ensemble de nos actions : 

En amont, nous pouvons conseiller sur les activités que les propriétaires peuvent développer dans leurs châteaux, mais aussi sur la façon de les promouvoir ;
Puis, nous gérons les réservations de A-à-Z… Très concrètement, il s’agit presque de services de « conciergerie ». Nous sommes rapidement opérationnels pour les réservations, les paiements, les contrats, la gestion des informations de dernière minute et l’accueil sur place…;
Enfin, nous pouvons aussi accompagner le recrutement et la formation de l’intendant, c’est-à-dire la personne sur place qui accueille les gens. Nous pouvons également réaliser des sites internet pour des châteaux ou les améliorer.

Finalement, sur quel périmètre d’activités te considères-tu (distribution, communication, entretien…) ?

Nous nous occupons des activités de séjours, de chambres d’hôtes, de locations, de privatisations de châteaux… donc nous nous devons d’être présents sur tous les périmètres d’activité de la chaine de valeur, depuis la distribution à la communication en passant le calendrier, la gestion des espaces…

Comment es-tu organisé sur chaque activité ?

On peut distinguer différents niveaux d’organisation : 

La communication
Pour la communication, nous distribuons d’abord sur les sites de Châteaux Expériences et de Rêve de Châteaux puis sur certains canaux pertinents comme d’autres plateformes : soit connues (Airbnb) soit celles des partenaires (Wedding Planner…).
Mais nous avons peu d’activités sur les réseaux sociaux, car pour 3000 personnes qui utilisent la plateforme, il y a seulement 300 followers Facebook par exemple !

La gestion des réservations
Ensuite, il y a un processus de négociation, avec des échanges téléphoniques ou de mails, et une gestion des réservations. Cette fonction de conciergerie et de services prend du temps.
Il faut être présent s’il y a un problème pendant le séjour et nous nous renseignons si cela s’est bien passé.

A la fin, nous les conseillons d’en parler autour d’eux, sur de multiples canaux. Il s’agit d’un certain nombre d’actions menées toujours en relation avec le propriétaire.

Les services complémentaires de distribution aux propriétaires
Par ailleurs, le fait de récupérer la gestion de Rêve de Châteaux a pour objectif d’apporter des outils aux châtelains afin qu’ils puissent tout gérer eux mêmes à travers la plateforme.
L’objectif est d’avoir un canal puissant. Le fait de rassembler tout le monde sur un seul site favorise la visibilité de chacun. 
C’est une logique nouvelle que nous proposons. En effet, sur le marché des châteaux, tous les logiciels de gestion sont séparés par activité (chambres d’hôtes, mariages…). Nous voulons instaurer un système avec un calendrier par produit que le propriétaire veut vendre et un calendrier pour synchroniser le tout.

Quels outils utilisez-vous pour gérer chacune de vos activités (distribution, communication, gestion des espaces, calendrier, trésorerie, gestion RH…) ?

La distribution
Nous utilisons Rêve de Château, les sites des châteaux et l’ensemble des sites et plateforme existantes (Airbnb, Booking, etc). Mais ces dernières ne sont généralement pas appropriées aux propositions des propriétaires de châteaux ou de manoirs : les montants ne sont pas comparables, les prestations attendues sont plus importantes…

Les réservations
Pour Châteaux Expériences, nous utilisons principalement un logiciel de PMS (il s’agit d’un système de gestion des établissements hôteliers « Product Management System » qui gère les réservations et le système de facturation), pour gérer les réservations car il permet de rentrer toutes les informations et de suivre les actions.
Par exemple, les informations de réservation (dates…), le paiement en deux temps (un acompte et un solde), les mails (pour le solde, la caution…).
Il s’agit de l’équivalent des logiciels qu’utilisent les hôtels pour gérer leurs chambres. 
Ainsi, il est aussi possible de tenir informer les propriétaires de ce qu’il se passe dans leurs demeures, les missions de l’intendant… Cela orchestre le tout.

Pour Rêve de Châteaux, les réservations se font à travers le site. Libres aux propriétaires d’y insérer leur propre logiciel de suivi.

La communication
Essentiellement, elle se fait à travers l’envoi d’une Newsletter mensuelle et des publications sur les réseaux sociaux (principalement Instagram et Facebook).

La gestion RH
Etant donné la variété des sujets à traiter, mais aussi des spécificités liées à chaque domaine, nous avons différentes formes de gestion. En direct, avec le téléphone, mail ou en étant sur place ; ou en indirect via les outils de la plateforme…

Combien êtes-vous au sein de l’équipe ? Travailles-tu seul ou en équipe pour assumer l’ensemble de ces fonctions ?

Nous sommes trois à temps plein, un sur chaque site et moi même qui en dirige deux. Il y a également des consultants extérieurs qui nous apportent de l’aide ponctuellement (pour le développement internet, la communication…).

Selon toi, qu’est-ce qui est le plus important et que tout propriétaire devrait avoir ?

En fait, cela dépend de ce que le propriétaire veut faire, si c’est une petite ou une grosse activité, il y a différentes formules (louer de temps en temps, des activités culturelles…).

Il faut bien réfléchir à ce qu’il peut faire chez lui, ce qu’il veut faire, les ressources qu’il est prêt à mettre et en fonction, s’équiper d’un certain nombre d’outils (site internet, réseaux sociaux…).

Cela devient compliqué s’il n’y a personne pour gérer derrière, c’est pourquoi il faut une plateforme claire et utile comme Rêve de Châteaux ou bien un gestionnaire « clé-en-main » comme Châteaux Expériences.

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Gestion et ingénierie de projets économiques

Dans le cadre de missions d’ingéniérie touristique, Hephata conçoit les montages juridiques, financiers, organisationnels et culturels autour des projets de développement en respectant sa Méthodologie. Cependant, la complexité des montages suppose une réponse experte. Elle est souvent liée au nombre de parties prenantes ainsi qu’à la recherche d’optimisations fiscale, humaine, organisationnelle… Afin de répondre à chaque besoin, Hephata a donc intégré au Bureau des spécialistes de filières transverses apportant leur capacité d’innovation notamment sur l’élaboration de contrats multipartites dont les PPP, les montages financiers intégrant des natures de financement, degrés de risques et d’implication différents.

Quant aux managers, ils orchestrent la gestion de projets depuis la définition stratégique (calendrier, budget, enjeux, objectifs…) jusqu’à la mise-en-oeuvre :
1. D’abord, à travers l’animation d’une équipe experte sur des filières transverses : loisir et divertissement, sport, culture, restauration et hébergement, agriculture… ;
2. Ensuite, à travers l’animation des parties prenantes impliquées dans les projets : propriétaires, financeurs, opérateurs, institutions, entreprises de maintenance, visiteurs…

Exemples de missions :
– Identification des opérateurs touristiques pertinents pour un territoire donné et animation de l’appel à projets
– Identification des réseaux locaux pour créer des hébergements sur un site patrimonial (hôtel, gîtes, chambres d’hôtes)
– Conception d’un parcours de visite immersif pour repenser un musée ou un site culturel
– Conception et mise en oeuvre de plans d’actions commerciales (PAC) ou de plans d’attractivités du patrimoine (PAP)
– Obtention des droits et autorisations pour créer une attraction touristique sur un site patrimonial
– Accompagnement au changement (transformation produit) dans le cadre d’une politique RSE