Habituellement utilisé pour accompagner la promotion immobilière ou le développement d’activités commerciales, le crowdlending consiste à solliciter des prêteurs particuliers pour contribuer à financer un projet via des plateformes en ligne.
Encore peu développé pour les projets de restauration du patrimoine, ce dispositif est une alternative intéressante au financement participatif de type don contre contrepartie car il permet de récolter des montants plus élevés, au-delà d’1 m€.
Tout comme un emprunt bancaire classique, les prêts octroyés dans le cadre du crowdlending sont assortis d’une durée et d’un échéancier de remboursement. Plusieurs typologies de prêts sont possibles:
Le Prêt à taux 0% : le prêteur prête une certaine somme, sans intérêt, il sera remboursé du montant qu’il a prêté selon l’échéancier convenu. Ce type de prêts est souvent affinitaire et va attirer des personnes partageant les missions du projet sans recherche d’intérêts. o Exemple : Restauration de la toiture d’une chapelle. Montant total des travaux : 58 000 €, montant financé par le crowdlending : 54 000€. Dans ce cadre, les ressources nécessaires au remboursement ne reposaient pas sur un modèle économique, mais sur la collecte croissante du fonds de dotation qui réalisait l’opération, couvrant largement les dépenses mais trop étalées dans le temps par rapport au besoin de financement des travaux.
Prêts à taux d’intérêt : c’est le dispositif le plus proche d’un emprunt bancaire classique. Dans ce cas, le prêt est assorti d’un taux d’intérêt versé par l’emprunteur au prêteur (taux en général plus élevés qu’auprès d’une banque) et d’un calendrier de remboursement selon l’échéancier convenu. o Exemple : Rénovation de 2 maisons au sein d’un corps de ferme du XVIIIe siècle, en vue de les louer en séjour de courte durée. Montant total des travaux : 500 000€, montant collecté via le crowdlending : 50 000€. Dans ce cadre, les emprunts seront remboursés par le fruit des locations.
Prêts obligataires. Cette typologie d’emprunt est réservée aux personnes morales (associations, entreprises, collectivités) qui émettent des titres financiers (obligations) assimilables à une dette auprès d’investisseurs personnes morales ou personnes physiques (les obligataires). Cette dette est assortie d’intérêts et d’un échéancier de paiement.
o Exemple : Réhabilitation d’espaces au sein d’un bâtiment du XVIIIe siècle afin d’y accueillir des élèves en internat. Montant total des travaux : montant levé par crowdlending : 390 000 €. Dans ce cadre, la dette peut être remboursée par les recettes provenant des frais de scolarité et de logement des élèves.
Le crowdlending est assorti d’un certain nombre de conditions. La première, pour l’emprunteur, est d’avoir une capacité de remboursement avérée. Le recours au crowdlending doit donc s’accompagner de ressources permettant d’assurer les remboursements voire le paiement d’intérêts. Ce mode de financement n’est par conséquent pas approprié pour tout type de projets. Il permet surtout une avance de trésorerie dans le cadre d’un projet de restauration ou de lancement d’activités. Cela peut constituer également un amorçage utile pour solliciter un établissement bancaire traditionnel en complément de fonds propres.
Une difficulté reste de mise : il existe à ce jour encore très peu de plateformes de crowdlending qui permettent de financer ce type de projets, au premier rang desquels on peut citer Credofunding, développé pour du patrimoine religieux ou cultuel. On ne peut que souhaiter que la réhabilitation du patrimoine immobilier devienne une cause portée par les plateformes de crowdfunding immobilier ayant pignon sur rue.
Article publié dans Courrier du patrimoine n°72 (2021)
Dans cet article, Hephata s’intéresse au financement participatif au service du patrimoine. Il souligne les récentes évolutions notamment juridiques qui lui permet aujourd’hui de s’imposer comme un vecteur majeur pour le financement.
Ce qu’il faut retenir
Le crowdfunding, le crowdlending et le crowdequity répondent à des besoins bien distincts et ont leur propres enjeux. La législation française et européenne est en pleine évolution pour développer et faciliter cette forme de financement populaire.
Introduction
La restauration des châteaux nécessite des investissements considérables. Face à cette réalité, de plus en plus de propriétaires de châteaux se tournent vers des formes de financements originales : les financements participatifs.
Trois outils existent dans ce domaine que vous découvrirez dans cet article : le crowdfunding, le crowdlending et le crowdequity.
Les différentes formes de financements participatifs et leurs enjeux
Crowdfunding
Le crowdfunding, ou financement participatif, repose sur la contribution financière d’un grand nombre de personnes. Dans le contexte de la restauration d’un château, cela peut prendre la forme de dons, souvent assortis de contreparties symboliques comme des visites privées du site ou des noms gravés sur une plaque commémorative. Le crowdfunding mobilise la solidarité d’une communauté, qu’elle soit locale ou mondiale, autour de la préservation du patrimoine.
Cependant, le crowdfunding peut présenter des défis :
La collecte des fonds peut être incertaine, dépendant fortement de la capacité du porteur de projet à mobiliser l’attention et l’intérêt du public.
Les montants récoltés peuvent ne pas suffire à financer intégralement la restauration. Cela nécessite souvent de combiner plusieurs sources de financement. Les montants récoltés pour le crowdfunding immobilier sont généralement autour de 450 000 €. Les campagnes spécifiquement dans le patrimoine tournent généralement plus autour de 20 000 €.
Par exemple, le Louvre mène une campagne de financement « Tous mécènes ! » pour contribuer à la restauration ou à l’acquisition d’œuvres majeures. Il a ainsi acquis La Victoire de Samothrace en 2013. Une nouvelle campagne de don a lieu jusqu’au 28 février 2024. L’objectif est réunir les 1,3 millions d’euros restants pour acquérir le Panier de fraises des bois de J.S. Chardin, tableau emblématique du maître de la nature morte.
Le crowdlending, ou prêt participatif, fonctionne sur le principe du prêt d’argent par des particuliers à un projet en échange d’un remboursement avec intérêts. Dans le cadre de la restauration d’un château, le porteur de projet emprunte une somme déterminée. Il s’engage ensuite à la rembourser sur une période fixée. Cette approche offre une alternative intéressante au financement traditionnel, en contournant parfois les institutions bancaires.
La capacité du porteur de projet à garantir le remboursement
Les intérêts à rembourser qui peuvent accroître la pression financière
Cependant, cette méthode offre l’avantage de mobiliser une communauté prête à investir dans la préservation du patrimoine. Elle permet également de contourner en partie la banque si celle-ci n’accorde pas de prêt pour le projet.
Le crowdequity, ou financement participatif en capital, se distingue en permettant aux investisseurs de devenir propriétaires d’une partie du projet. Les contributeurs acquièrent des actions ou des parts du château, devenant ainsi des copropriétaires. Cela offre une implication plus directe dans la gestion du site, tout en partageant les risques et les éventuelles retombées financières.
Plusieurs enjeux du crowdequity existent :
La gestion complexe des intérêts des investisseurs. Les copropriétaires peuvent avoir des opinions divergentes sur la manière dont le château devrait être restauré ou géré, ce qui nécessite une communication transparente et/ ou une gouvernance solide.
Par exemple, le château Saint-Laurent, propriété de Tony Parker, a atteint son objectif de financement grâce au crowdequity. Il a levé un million d’euros en seulement une heure. Le basketteur Tony Parker a organisé cette levée de fonds sur la plateforme de la start-up montpelliéraine Bricks.co.
Un paysage en pleine évolution en raison d’un cadre réglementaire en construction
La démocratisation du financement participatif, notamment pour le patrimoine, s’est accompagnée d’une transformation significative de son cadre réglementaire. Initialement perçu comme un terrain non balisé, le crowdfunding a d’abord été une source d’inquiétude pour les investisseurs. La traçabilité des fonds n’était en effet pas toujours assurée dans tous les projets. Cependant, au fil des années, les autorités ont su répondre à la hausse du recours à ce type de financement. Des règles ont ainsi été progressivement posées pour garantir la pérennité des services de crowdfunding.
Au niveau national, c’est en septembre 2014 qu’une ordonnance crée les statuts d’intermédiaires et de conseiller en financement participatif.
Au niveau de l’Union européenne, le Parlement européen a approuvé en octobre 2020 l’extension des plateformes de crowdfunding à l’ensemble du marché unique.
Un statut unique de prestataire de services de financement participatif a également été imposé en février 2022 pour simplifier la législation.
Le développement conjoint de solutions de financement participatif adaptées au patrimoine historique et d’un cadre règlementaire rassurant a alors permis une importante hausse du recours à cette activité.
En moins de 10 ans, le secteur s’est organisé progressivement, avec la récente disparition des trois statuts légaux des plateformes au profit d’un seul, harmonisé à l’échelle de l’Union européenne : l’agrément de « Prestataire de services en financement participatif » (PSFP). Il permet d’ouvrir les financeurs potentiels à l’ensemble de l’UE. Un des anciens statuts, l’IFP, existe encore mais uniquement pour le crowdlending et le crowdequity.
Ce nouvel agrément, le PSFP, créé en 2021 permet d’avoir un plafond à 5 M€ (contre 1 M€ pour l’IFP et 8 M€ pour le CSP) par projet par an. 110 sociétés basées dans l’UE dont 35 françaises ont l’agrément et peuvent donc continuer de proposer ce service de financement participatif. C’est le cas de Anaxago ou encore de Happy Capital.
Ces évolutions juridiques ont eu un impact positif sur la crédibilité du crowdfunding dans le domaine du patrimoine. Les investisseurs sont plus enclins à participer lorsque des limites claires sont en place et sont plus nombreux grâce à l’ouverture du financement participatif à l’ensemble de l’Union Européenne. Le patrimoine historique français ne peut donc que s’en réjouir.
La structuration progressive des modèles de financement du patrimoine
Parallèlement à l’évolution règlementaire, les modèles de financement participatif se sont adaptés avec le temps à leurs cibles, en se répartissant différents secteurs. Certains se sont alors tournées vers le patrimoine, en se spécialisant. Les plateformes ont développé des stratégies variées pour répondre aux besoins spécifiques des différents types d’apporteurs de capitaux. Un article concernant les plateformes de financement participatif spécialisées dans la culture existe sur notre site.
Conclusion
Finalement, le financement participatif s’est progressivement imposé comme un vecteur majeur de gestion de projets patrimoniaux. Il a permis de raviver l’intérêt des petits porteurs et de faire de la sauvegarde du patrimoine un effort collectif. La diversité de ces financements innovants ont bénéficié tant aux financeurs qu’aux porteurs de projets patrimoniaux, et l’évolution règlementaire a contribué à établir un cadre propice au développement de certaines plateformes. Grâce à cette innovation, une multitude de projets ont pu être concrétisés. La préservation du patrimoine devient alors l’affaire de tous.
Cet article dévoile comment inscrire les marques de prêt-à-porter dans le patrimoine. Il montre les lien entre mode et patrimoine.
Ce qu’il faut retenir
Inscrire les marques de prêt-à-porter dans le patrimoine peut se faire de différentes façons :
– collabs entre la mode et le patrimoine ;
– shootings et tournages dans des lieux historiques ;
– installation des points de vente dans des sites d’exception ;
– naming ;
– mécénat des entreprises pour le patrimoine.
Inscrire les marques de prêt-à-porter dans le patrimoine n’est pas anodin. Cette association entre mode et patrimoine sert à la fois :
– la cause patrimoniale ;
– les objectifs commerciaux de la marque en terme de marketing.
Introduction
Si l’on observe bien le monde qui nous entoure, on s’aperçoit qu’il y a plus de liens qu’on ne le croit entre les marques de prêt-à-porter et le patrimoine. La raison est bien simple. Pour exister et accroître leur notoriété, les marques du luxe ont besoin d’affirmer leur identité, leur authenticité et leur légitimité aux yeux du public. Le patrimoine est alors l’outil adéquate car il porte des valeurs similaires à celles dont se revendiquent les marques de prêt-à-porter.
En effet, le patrimoine architectural est porteur d’un cachet historique, esthétique et haut-de-gamme. Or, par leurs collections, les enseignes de mode, et notamment celles du haut-de-gamme, portent un intérêt majeur au sens de l’esthétique. Par ailleurs, accoler leur nom avec le patrimoine, qui est un élément du passé, permet d’augmenter leur légitimité. En effet, une marque haut-de-gamme se doit de montrer à ses clients qu’elle existe depuis longtemps et qu’elle est durable dans le temps.
Pour inscrire les marques de prêt-à-porter dans le patrimoine, les marques de mode peuvent opter pour différentes méthodes :
– être mécène du patrimoine ;
– installer leurs points de vente dans des lieux historiques ;
– établir des collabs avec le patrimoine ;
– réaliser des shootings et tournages dans des sites d’exception ;
– adopter une stratégie de naming ou de sponsoring.
I. Inscrire les marques de prêt-à-porter dans le patrimoine grâce au mécénat
Grâce à la Loi Aillagon, votée en 2003 et réformée en 2020, le mécénat s’est considérablement accru. Les entreprises de la mode et du luxe se sont elles aussi investies dans ces actions et notamment celles du domaine de la culture, de l’art et du patrimoine. Ce soutien, outre le fait de leur apporter des déductions fiscales, leur permet de mettre en visibilité leurs engagements auprès d’une cause. Elles gagnent ainsi en notoriété et promeuvent une image positive de l’enseigne auprès de la société.
Ainsi, en 2013, Tod’s devient mécène du Colisée en réalisant un don de 25 millions d’euros. Pendant ce temps-là, Gucci participe à la restauration d’une dizaine de tapisseries datant de la fin du Moyen Age, et ce, à hauteur de 340 000 euros. Notons que cette célèbre marque du groupe Kering détient par ailleurs à Florence le Gucci Garden, musée situé dans l’ancien Palazzo della Mercanzia, patrimoine d’architecture gothique. Enfin, on peut également rappeler le mécénat de Dior en 2014 pour la restauration du Hameau de la Reine à Versailles.
II. Inscrire les points de vente des marques de prêt-à-porter dans le patrimoine
Un autre lien entre les marques de prêt-à-porter et le patrimoine est l’intégration de leurs points de vente dans des sites historiques d’exception. C’est surtout le cas pour les marques de mode de luxe. En effet, celles-ci ont un enjeu d’image plus important que les autres. Elles se doivent donc d’accueillir leur clientèle dans des espaces spécifiques qui reflètent le caractère haut-de-gamme de la marque. Le cachet historique et esthétique d’un lieu patrimonial est donc le bienvenu pour servir de support à l’installation d’une collection et d’une boutique.
Lors des Journées du Patrimoine de 2017, Balenciaga a installé ses collections dans l’ancien Hôpital Laennec à Paris (classé MH en 1977), siège du groupe Kering.
III. Collabs entre mode et patrimoine
Un autre phénomène très en vogue n’est autre que la création de « collabs ». Les collabs sont initialement des collaborations que créent les marques entre elles afin d’accroître leur notoriété. Aujourd’hui ces collabs se sont étendues au patrimoine. Ce type d’association permet un transfert d’image du patrimoine vers la marque.
Une expérience de collabs a été lancée par le Palais de l’Elysée. Celui-ci, vieux d’environ 300 ans, nécessite un entretien récurrent. Pour financer les rénovations, l’Elysée a ouvert une boutique de produits 100 % français. Les bénéfices obtenus via la vente des produits sont investis directement et en totalité dans les travaux de restaurations afin de préserver et de sauvegarder ce patrimoine républicain. Dans la boutique de l’Elysée, on trouve ainsi différentes marques françaises telles que Le Slip français, Aigle, Les Georgettes ou encore Lemahieu. Pour marquer le coup, Aigle a d’ailleurs conçu un modèle de bottines en caoutchouc griffées Elysée. Elles sont ainsi ornées du drapeau tricolore français mais également de l’emblème de l’Elysée.
Une autre expérience de collabs entre le patrimoine et la mode : l’association du Mont-Saint-Michel avec la marque Saint-James. En ce qui concerne le Mont-Saint-Michel, l’enjeu était de trouver un soutien financier pour la restauration du cloître dont le coût est estimé à 2,2 millions d’euros. Pour ce faire, Saint-James a sorti une collection de pulls et marinières portant la silhouette brodée du monument. Pour chaque produit vendu, Saint-James s’est engagé à reverser 2,50 € au Centre des Monuments nationaux (CMN) pour la restauration du cloître de l’Abbaye du Mont-Saint-Michel.
Afin d’accroître les ventes, les produits étaient vendus à la fois dans les boutiques Saint-James mais également dans trois boutiques du CMN.
Celles :
– de l’Abbaye du Mont-Saint-Michel ;
– des Alignements de Carnac ;
– des Tours de la Rochelle.
IV. Inscrire les shootings et tournages dans le patrimoine
Les marques du prêt-à-porter peuvent également utiliser le patrimoine pour mettre en avant leurs collections. Ainsi, de nombreux shootings ou tournages de mode sont aujourd’hui réalisés au sein de sites patrimoniaux.
Les lieux historiques offrent en effet un cadre esthétique primordial pour les marques de mode. Les mannequins posent devant des éléments architecturaux qui mettent en valeur les vêtements. Le choix du lieu des tournages et des shootings est de plus en plus important. Il faut réussir à faire jouer la collection avec le lieu. Les éléments architecturaux, les couleurs, les matières mais également le degré de luminosité créeront des aspects complètement différents qui donneront un certain sens à la collection. Inscrire la collection dans un site patrimonial c’est aussi lui affecter les valeurs d’esthétisme, d’authenticité et de légitimité du lieu. Le patrimoine permet donc aux marques du prêt-à-porter de bénéficier de supports de communication pour leurs spots publicitaires mais également de renforcer leur notoriété et leur image de marque.
Dior a par exemple pris l’habitude d’organiser ses campagnes publicitaires au Château de Versailles dont elle est un des principaux mécènes. La collection automne/hiver de l’année 2021/2022 de la célèbre marque a par exemple été mise en scène au sein de la Galerie des Glaces du Château.
D’autres marques de prêt-à-porter font de même. D’après InSitu (plateforme de distribution de lieux pour les shootings, tournages et autres évènements), la marque Staccato a fait shooter sa collection printemps/été dans un château particulier parisien.
V. Naming et sponsoring des marques du luxe du prêt-à-porter
Les marques du prêt-à-porter peuvent également se servir du patrimoine comme support de naming ou de sponsoring.
Sponsoring des marques de prêt-à-porter pour le patrimoine
Le sponsoring est un partenariat établi entre une entreprise et un espace ou un évènement. L’entreprise verse des fonds à une entité et en contrepartie, elle bénéfice des infrastructures de l’entité comme support de ses campagnes publicitaires.
Le sponsoring est souvent employé dans la mode. Il n’est en effet pas rare de rencontrer d’immenses affiches publicitaires de mode sur les échafaudages couvrant les monuments en restauration. La raison en est bien simple : les marques du prêt-à-porter bénéficient de ces immenses spots publicitaires tout simplement parce qu’elles ont participé financièrement à la restauration de l’édifice.
Normalement, l’affichage est proscrit sur les Monuments Historiques. Néanmoins, un décret de 2007 l’autorise si la toile publicitaire est apposée sur les échafaudages et si la marque s’engage à soutenir financièrement la restauration. Par ailleurs, le spot publicitaire doit couvrir moins de la moitié de la bâche de couverture de l’échafaudage. L’autre moitié restante doit servir de support à une représentation graphique du monument.
L’exemple le plus probant est sans doute le Louvre dont les façades donnant sur la scène s’ornent d’immenses publicités dont celles de la marque Balenciaga.
Naming
Le naming consiste en un sponsoring encore plus pointu. Il s’agit pour une marque de soutenir financièrement un espace ou un évènement. En échange, l’entité bénéficiaire lui accorde de renommer l’espace ou l’évènement. La stratégie de naming permet donc à la marque de gagner en visibilité tandis que le patrimoine touche une contribution financière nécessaire à son entretien, sa sauvegarde et sa protection. Le naming s’applique surtout dans le domaine sportif. Cependant, il est en train de s’étendre aux équipements et institutions culturelles et urbaines.
Chanel a souhaité effectuer une opération de naming dans le cadre du chantier du Grand Palais. En échange de 25 millions d’euros, la célèbre marque a proposé que l’entrée du monument soit nommée « Gabrielle Chanel ». L’opération qui a été acceptée par le RMN (Rassemblement des musées nationaux).
Conclusion
Inscrire les marques de prêt-à-porter dans le patrimoine est donc réalisable selon différentes manières. Le patrimoine, par son esthétique, son histoire et son authenticité permet de valoriser le secteur de la mode.
Bien plus, il offre des lieux concrets où les enseignes peuvent non seulement inscrire leurs collections (shooting, tournages, points de vente) mais où elles peuvent aussi inscrire de manière visuelle les valeurs et les engagements qu’elles portent, renforçant ainsi leur image de marque et leur notoriété (mécénat, naming).
Par ailleurs, on pourrait également parler des musées de la mode situés dans des sites patrimoniaux. Le premier qui vient à l’esprit n’est autre que le Palais Galliera. On peut également citer le Musée des arts décoratifs situé dans l’Aile de Marsan du Louvre à Paris. Ce dernier possède un département axé sur la mode et les textiles.
Cet article aborde la stratégie du naming comme méthode de financement. Il met en avant les avantages et limites du naming.
Ce qu’il faut retenir
La stratégie de naming comme méthode de financement peut être employée avec succès. Les domaines d’application de la stratégie de naming sont divers.
Cette stratégie peut se rapprocher d’une logique :
– de mécénat ;
– ou de sponsoring
Néanmoins plusieurs différences demeurent entre le naming et ces deux autres stratégies.
Introduction
La stratégie de naming est une méthode de marque permettant un apport en financement. Initialement, cette technique de marketing consistait à donner un nom à un produit. Elle s’est aujourd’hui beaucoup étendue, jusqu’à attribuer un nom propre ou celui d’une marque à un évènement, à une infrastructure sportive ou à un équipement culturel.
Autrement dit, le naming cherche à mettre en visibilité une personne ou une marque en l’associant à un bâtiment ou à un espace. Plus précisément, le naming consiste à acheter un équipement afin de lui attribuer son nom ou celui de son enseigne pour en faire un vecteur de marque et gagner en notoriété. Le partenaire, appelé « namer » peut ainsi bénéficier d’une aura forte. En effet, l’ensemble des animations, activités et évènements organisés dans le site s’associeront à son nom. Le partenaire et le propriétaire signent un contrat d’intérêt dont la durée avoisine généralement une dizaine d’années. En échange de cette communication sur long terme, le propriétaire bénéficie de contre-parties économiques.
Bien plus que d’associer à la structure d’accueil un nom, le namer peut être autorisé à organiser des évènements dans l’enceinte et à réaliser des campagnes publicitaires au sein des espaces. Le naming est surtout l’usage des équipements sportifs mais il se déploie dans des sphères de plus en plus diverses allant de l’évènement à l’équipement culturel voire aux institutions muséographiques ainsi qu’aux sites patrimoniaux.
I. Différences entre naming, mécénat et sponsoring
Quoique relativement proches, il existe des différences entre le naming, le mécénat et le sponsoring. Tandis que le naming et le sponsoring sont des techniques de branding pur (image de la marque), le mécénat peut être perçu davantage comme une méthode de déduction fiscale.
Une stratégie de financement : le mécénat
Le mécénat consiste à apporter un soutien en nature, de compétence ou financier à une personne ou à une œuvre présentant un intérêt général. Il s’agit d’une sorte de don car les contre-parties sont faibles voir inexistantes. Il apporte néanmoins des déductions fiscales intéressantes aux personnes mécènes, d’où son intérêt. Le mécénat s’est considérablement développé grâce à la Loi Aillagon qui l’a rendu plus attractif en terme d’abattement fiscal. Un autre intérêt du mécénat pour une entreprise est de valoriser son image de marque mais cet intérêt est moindre que dans le naming et le sponsoring où il est véritablement affiché. En effet, lorsque des marques de luxe sont mécènes de projets de restauration du patrimoine, elles cherchent surtout à affirmer et valoriser leur authenticité mais également à exprimer les valeurs de l’entreprise.
Dans le cadre du mécénat, le bénéficiaire n’est pas obligé de fournir de contre-parties, celles-ci sont même limitées. S’il en propose, c’est davantage dans une volonté de fidéliser le donateur (invitations à des évènements, privatisations d’espaces, goodies, …).
Le sponsoring : une méthode de financement
Contrairement au mécénat, le sponsoring est une technique marketing. Le sponsor soutient financièrement ou matériellement un projet en échange d’une visibilité publicitaire. Ainsi, le sponsoring apporte des bénéfices directs tandis que le mécénat se veut être « sans-contreparties ». Le sponsoring s’est surtout développé dans le domaine sportif et dans le cadre d’évènements.
Le sponsoring permet à un bénéficiaire d’obtenir des financements pour son projet. En échange, il doit simplement permettre au sponsor de se servir des différentes structures et équipements comme supports de communication et de publicité. Il est également amené à convier le sponsor aux différents évènements et activités. Bien évidemment, l’entité bénéficiaie se doit d’être un vecteur positif de l’image de marque du sponsor.
Le 4L Trophy est un exemple probant. Il s’agit d’un rallye d’orientation entre Biarritz et Dakar destiné aux jeunes entre 18 et 28 ans. Et ce rallye, qui traverse le Sahara … se réalise en 4L ! Afin de financer leur expédition, les jeunes font appel à des sponsors. En échange, ils apposent les logos des mécènes sur la carrosserie des voitures.
La stratégie de naming : une méthode de financement et de marque
Enfin, la stratégie de naming peut s’identifier à une sorte de sponsoring puisqu’elle est une méthode de financement et vise elle aussi la visibilité et la notoriété de la marque.
Cependant, le naming est plus spécifique puisque le namer octroie des financements à la structure non seulement pour se servir d’elle comme support d’images publicitaires, mais également pour lui donner son nom. C’est pourquoi le naming est aussi appelé « parrainage ». Notons que ce parrainage a l’avantage d’être plus exclusif que le sponsoring. Par rapport à ce dernier, l’intérêt du naming consiste surtout à promouvoir la marque dans ses valeurs et dans son authenticité. Il y a alors une sorte de transfert d’image qui permet au namer de bénéficier des caractéristiques du lieu ou de l’évènement concerné. Alors que le sponsoring affiche directement un objectif commercial, le naming se fait plus discret en cherchant surtout à promouvoir la marque et à lui faire gagner en notoriété.
Par ailleurs, les contrats de naming sont plus longs que dans le cadre du sponsoring. Ils couvrent une période pouvant s’étendre de 10 à 25 ans. L’entité parrainée bénéficie ainsi d’une source de financement plus pérenne en même temps que le namer profite d’une communication sur le long terme.
Les contrats de naming sont ceux qui apportent les plus grosses contre-parties financières aux bénéficiaires, le namer étant considéré comme un des plus importants partenaires.
Exemples
Là encore, cette stratégie s’est initialement développée dans le domaine sportif. Le premier stade de France ayant fait l’objet d’un parrainage n’est autre que celui de la Ville du Mans. En effet, il pris le nom du groupe d’assurance MMA durant une durée de dix années, devenant ainsi le MMArena.
Néanmoins, la naming s’applique également à des équipements culturels. Bien que la France soit encore réticente pour ce type d’expérience, on trouve beaucoup d’autres exemples à l’international, et notamment aux Etats-Unis. Ainsi, le Centre O’Keefe de Tonroto change de nom en 1996 et devient le Hummingbird Centre for the Performing Arts (du nom d’une entreprise de logiciels canadienne). Sony le rebaptise ensuite Sony Centre for the Performing Arts de 2007 à 2019. Enfin, depuis 2019, il porte le nom de Meridian Hall, en raison du partenariat entre le centre et Meridian Credit Union.
II. Adopter une stratégie de naming comme méthode de financement
Pour signer un contrat de naming, le propriétaire doit donner son accord à l’exploitant du site. Les droits de l’exploitant seront donc préalablement vérifiés avant toute signature du contrat. Ce contrat doit porter les modalités de communication (dénomination, supports d’affichage, conditions d’utilisation du nom, …). Il doit aussi mentionner les différentes et éventuelles conditions de suspension du contrat (lors de grands évènements internationaux par exemple où la publicité est généralement proscrite).
Un des conseils pour adopter une stratégie de naming, est d’être implanté localement. Il est également suggéré de partager des valeurs et des activités similaires à l’évènement ou à l’espace concerné. Ce pour que la population accepte plus facilement ce parrainage.
Par ailleurs, il est important de modérer la congruence entre le parrain et l’évènement ou le lieu bénéficiant du parrainage. Autrement dit, la population ne doit pas percevoir comme trop banale et naturelle la possible association entre ces deux entités. En effet,le public risquerait alors d’y voir un grossier accord commercial. Au contraire, les publics percevront plus positivement une association inattendue entre un namer et un évènement ou un lieu. Cela provoquera leur curiosité.
Ensuite, le choix du nom a son importance. 2 possibilités s’offrent au namer :
– accoler le nom de la marque au nom existant (Route du Rhum – Banque postale par exemple) au risque qu’il soit long et fastidieux à retenir. Moins naturel et apparaissant comme davantage commercial, les individus l’adopteront avec plus de difficultés ;
– privilégier le nom de la marque et y ajouter une dénomination générique du lieu (MMArena pour le stade du Mans). La nouvelle appellation sera plus simple à retenir mais ce choix risque néanmoins une désapprobation plus forte du public du fait de l’abandon du nom d’origine.
III. Intérêts et limites de la stratégie de naming
Intérêts de la stratégie de naming
Comme vu précédemment, le naming permet un transfert d’image du lieu ou de l’évènement concerné vers la marque. En effet, le naming est vecteur des valeurs de la marque. La stratégie de naming conduit le public à affecter à la marque les caractéristiques du lieu ou de l’évènement ainsi que les émotions ressenties. Ce dernier va directement associer la dimension culturelle, artistique, sportive, patrimoniale, … à la marque, se forgeant ainsi une représentation de cette marque. Pour certaines entreprises, il s’agit également de gagner en image citoyenne lorsque le naming les engage à investir dans un équipement permettant d’accroître le dynamisme local.
Un des intérêts majeurs du naming c’est également de permettre à une marque de s’ancrer dans le réel. Cela concerne notamment les marques digitales et les grandes enseignes numériques qui ne disposent pas de magasins physiques. En effet, alors que le monde numérique et digital s’accroît de plus en plus, les consommateurs éprouvent toujours plus le besoin de se rencontrer et de vivre une expérience. Le naming est alors une stratégie qui peut répondre à ce besoin avec l’implantation des marques dans des lieux physiques mais surtout dans des lieux patrimoniaux qui sont porteurs de sens et vecteurs de valeurs.
Limites de la stratégie de naming
Le naming est souvent objet de la critique. La raison est que le nom d’un équipement ou d’un évènement a un fort pouvoir symbolique. Ainsi accoler le nom du namer au nom initial d’un espace ou d’un évènement touche à l’identité et à l’authenticité de cet espace ou de ce projet. Ainsi, il n’est pas rare que les publics s’opposent au naming qu’ils perçoivent comme une sorte d’usurpation d’identité et d’appropriation d’un bien public. Qui plus est, cette ursurpation est imposée et donc subie. Les rétracteurs du naming y voient également un outil purement économique servant « à faire de l’argent » sur un bien public qui devient alors une « boîte à fric ». Ils craignent aussi que le naming touchent progressivement les biens publics, s’étendant des équipements sportifs aux équipements culturels, aux institutions muséales, aux sites patrimoniaux voire aux aménagements urbains (places, rues, stations de métro, écoles, …).
Par ailleurs, un changement de nom est toujours négatif pour l’identité d’un lieu : alors que certaines personnes vont employer le nouveau nom, d’autres continueront d’utiliser l’ancien. Bien pire, le nouveau nom risque de devenir générique. Ce même s’il n’est pas censé être durable.
C’est pourquoi la stratégie de naming peut parfois passer à côté de son objectif initial : celui d’être une méthode de financement grâce à la valorisation positive d’une marque. En effet, si l’attribution du nom d’une marque à un évènement ou à un espace est jugée illégitime et non appropriée voire irrespectueuse, c’est la tendance inverse qui s’enclenche : l’image du lieu est touchée et le nom peut même être abandonné au profit de celui d’origine. Les deux parties sont alors touchées : l’entité parrainée ne perçoit plus les financements et perd en crédibilité tandis que la visibilité et la notoriété du namer sont entachées.
Exemples
C’est ce qui s’est passé avec l’évènement BNP Paribas Masters. Les journalistes français montrent une certaine hostilité vis-à-vis de cette appellation. Ils préfèrent de loin citer cet évènement sous le nom de tournoi du Paris-Bercy. Autre exemple : l’aile Sackler du Louvre. Le Musée du Louvre avait rebaptisé « Aile Sackler » l’espace d’exposition des antiquités orientales en 1996. Il avait fait ce choix pour remercier la famille Sackler de ses dons financiers. Ce parrainage a commencé à faire polémique en 2019. Cette année là, l’Association PAIN (Prescription Addiction Intervention Now) demanda le retrait du nom Sackler. En effet, ces riches mécènes américains avaient fait fortune grâce à la vente massive d’un médicament antidouleur. Ce dernier étant très addicitf, il avait provoqué une crise d’overdose aux Etats-Unis. Ainsi, l’aile Sackler fut bel et bien débaptisée. Le nom fut retiré de tous les cartels et affichages à destination du public.
Conclusion
La stratégie de naming est donc une une méthode de financement. C’est aussi une technique de sponsoring très avancée. Par ailleurs, elle place le namer en tête des partenaires titres en lui conférant une mise en visibilité majeure. Les différentes institutions ou équipements sportifs et culturels apprivoisent de plus en plus le naming. Celui-ci étant une source de financements réguliers et durables. Cependant, en France (contrairement aux Etats-Unis), il s’attache surtout à des équipements sportifs. Les équipements culturels, muséaux et sportifs pourraient pourtant l’employer. Néanmoins, une des grandes limites du naming est qu’il touche à des question éthiques liées à la symbolique d’un lieu. Dépossédé de son nom d’origine, un site perd de son authenticité et de son identité.
Cet article aborde la question et les enjeux liés à la restauration et la réhabilitation du patrimoine religieux en France.
Introduction
Cet article permet d’aborder la question de la restauration et de la réhabilitation du patrimoine religieux en France et les questions qui l’entourent. Il sert aussi d’introduction à la micro-étude produite précisément autour de la question de la réhabilitation du patrimoine religieux désacralisé.
Ce qu’il faut retenir :
– Réhabiliter son patrimoine religieux est un projet qui doit être mené au cœur d’une politique de développement territorial ;
– Restaurer son patrimoine religieux nécessite quasi-systématiquement de créer un tour de table de financement à la fois public et privé ;
– Il existe une solution alternative à l’action de financement direct de son patrimoine avec la possibilité de recourir au bail emphytéotique administratif (BEA).
Réhabiliter le patrimoine religieux, une question de développement territorial et d’enjeux actuels
Le développement territorial est un sujet à la fois vaste et complexe à appréhender. Il existe une multitude de manières et de façons de faire pour y contribuer.
Pour y parvenir, la tentation primordiale qui vient à l’esprit est de créer de nouveaux espaces, de nouvelles zones d’activités ex-nihilo afin de répondre le plus précisément possible à ce besoin. Cependant, vient alors rapidement le problème du coût pour acheminer cette méthode. Aujourd’hui, on ne parle d’ailleurs plus uniquement de coût financier mais aussi de coût -ou plutôt d’impact- écologique. Les pouvoirs publics font face à des défis soumis à des enjeux de plus en plus variés et plus grands encore qu’il y a quelques décennies.
Alors, l’autre option à envisager est celle de s’appuyer sur les ressources que possèdent le territoire. Ainsi, les infrastructures que l’Histoire a laissé en héritage sont une ressource essentielle sur lesquelles les pouvoirs publics peuvent s’appuyer. Optimiser l’espace laissé disponible par les bâtiments historiques est l’autre moyen commun à tous les territoires qui peut être intégré à une politique de développement économique, social, culturel et/ou écologique. On parle alors de nouveaux usages ou de réhabilitation.
La place importante du patrimoine religieux dans le paysage urbain et rural
Or, quel type de bâtiment répondant à ces caractéristiques retrouve-t-on dans chacun ou presque des territoires qui composent notre paysage ? Il s’agit bien sûr du patrimoine religieux, composé très majoritairement d’églises mais aussi d’abbayes, de chapelles ou encore de couvents. Avec le recul de plus en plus important de la pratique religieuse, les édifices sont de plus en plus délaissés. De plus, cela rejoint une autre problématique intimement liée au développement du territoire. La bonne conservation du patrimoine est un autre défi majeur pour beaucoup de communes aujourd’hui. La question du financement de cette conservation est également au cœur des préoccupations.
Ces enjeux sont en France soumis à des problématiques d’actions. Suite à la politique de décentralisation des services de l’Etat mise en œuvre depuis les années 1960 et poursuivie jusque ces dernières années, de nombreux acteurs ont reçu des pouvoirs d’intervention concernant la conservation et la restauration du patrimoine. Cela n’échappe pas au patrimoine religieux qui s’est retrouvé sous le giron des collectivités publiques dès 1907 et la loi concernant l’exercice public des cultes.
Restaurer le patrimoine religieux nécessite souvent des montages financiers complexes
Cela est d’autant plus vrai lorsque l’on cherche à obtenir des financements pour entretenir son patrimoine religieux. Lorsque l’édifice est protégé aux Monuments Historiques, la Direction des Affaires Culturelles (DRAC) peut être sollicitée pour aider au financement. Le ministère de la Culture peut lui-même être directement intégré à un projet via les fonds dédiés à la restauration du patrimoine des petites communes qu’il met à disposition. D’autres acteurs comme le département, la région, la mairie ou encore les différentes intercommunalités comme les métropoles ou les communautés de communes ont également des réserves pour le financement du patrimoine.
En bref, financer la sauvegarde de son patrimoine religieux, qui est menacé par le temps et parfois de démolition, réclame de réussir un sacré jeu d’équilibriste pour réunir un tour de table de financements. Ce tour de table n’est d’ailleurs jamais entièrement complété par les seules dotations publiques.
Ainsi, les communes qui cherchent à restaurer leur patrimoine religieux doivent presque systématiquement compléter ces ressources par des financements privés. Il peut s’agir de sources venues d’entreprises ou de particuliers, de mécènes ou d’investisseurs également usagers des lieux.
En effet, l’Observatoire du Patrimoine Religieux estime à quelques milliers d’euros par an les dépenses d’entretien d’un édifice cultuel. Les travaux de structure importants quant à eux dépasseraient régulièrement le million d’euros. L’OPR souligne également qu’un « entretien régulier demeure bien moins coûteux sur le long terme que des travaux urgents et massifs qui auraient été trop longtemps négligés ».
Il est alors aisément imaginable que ces coûts pèsent énormément dans le budget des diverses collectivités. Surtout si elles n’en retirent aucune ressource financière permettant de contrebalancer ces coûts.
Valoriser autrement son patrimoine religieux et l’intégrer dans sa politique de développement du territoire
Donc si la « simple » restauration est la solution la plus préférable, les élus réfléchissent de plus en plus à valoriser le patrimoine religieux via sa réhabilitation. Celle-ci peut prendre des formes aussi diverses qu’insolites. Régulièrement l’objet d’appels à projets, les églises, couvents et autres abbayes désaffectés attirent les intérêts d’investisseurs. Ceux-ci sont en quête de lieux à la fois disponibles, souvent déjà ancrés au sein et au centre d’un territoire, et louables sous des conditions juridiques intéressantes.
En effet, il existe un outil juridique qui permet aux collectivités de valoriser financièrement l’attractivité de son patrimoine. Il s’agit du BEA ou bail emphytéotique administratif . Celui-ci s’adresse aux collectivités publiques (et aux établissements de santé) . Il permet à ces dernières de concéder en location à très long terme l’utilisation d’un bâtiment. La durée du bail peut aller de 18 ans à 99 ans. Ainsi, en contrepartie d’un loyer très faible, l’emphytéote (autre nom donné au locataire) investit l’endroit. Il prend entièrement en charge les coûts de restauration et d’entretien nécessaires. À la fin du bail, la collectivité récupère le bâtiment dans son entièreté. Elle peut choisir de reconduire ou non le bail.
Pour les mairies et les pouvoirs publics, il s’agit d’un moyen efficace de lancer ou relancer les dynamiques de son territoire. Les lieux patrimoniaux religieux peuvent se prêter à des activités foisonnantes qui permettent d’accroître la dynamique économique et culturelle du territoire. Le patrimoine religieux peut également voir ses lieux utilisés en dernier recours pour améliorer la politique sociale de la ville. Finalement, réhabiliter sa chapelle ou son église est un choix intimement lié à la politique de développement d’un territoire dans son ensemble.
Conclusion
La restauration et la réhabilitation du patrimoine religieux répondent à des enjeux multiples et sont des questions qui peuvent pleinement s’intégrer à des politiques de développement territorial. Ce patrimoine participe à faire rayonner un territoire. Trouver des moyens pour toujours davantage le mettre en valeur est crucial pour réussir à le conserver.
La micro-étude qui a été produite permet d’aborder cette question des nouveaux usages du patrimoine religieux désaffecté très concrètement. Si vous souhaitez en savoir plus à ce sujet, téléchargez notre micro-étudeci dessous :
Si elle n’a pas pour but d’être exhaustive, elle permet de dégager les principaux enjeux liés à la réhabilitation du patrimoine religieux désacralisé. Elle met également en lumière des projets réels qui ont vu le jour ces dernières années. Des projets aboutis ou non, des réussites ou non, la micro-étude tend à faire un tour de la question. Son but est également d’analyser les évènements survenus lors de leur production pour en établir des synthèses.
Cet article vous explique le dispositif de la loi Aillagon et son impact sur le mécénat culturel.
Introduction
La Loi Aillagon, proposée par le Ministre de la Culture et de la Communication Jean-Jacques Aillagon (en poste de 2002 à 2004), a été votée le 1er août 2003. C’est une loi qui concerne le mécénat à la fois financier, en nature ou de compétence. Par ailleurs elle ne s’applique que pour les structures reconnues d’intérêt général et concernées par les articles 200 et 238bis du Code Général des Impôts.
Son objectif premier est de favoriser le mécénat. Notamment en modifiant le dispositif de dons ; mais aussi en revoyant les critères de reconnaissance d’utilité publique d’une structure.
La Loi Aillagon a un impact sur le mécénat culturel également : œuvres d’art, monuments historiques, activités touristiques dans des lieux patrimoniaux, … Tout un panel d’activités culturelles ont pu bénéficier de ce projet.
Ce qu’il faut retenir
Le mécénat est un soutien aux actions d’intérêt général d’une personne ou d’un organisme. Contrairement au sponsoring, le mécénat n’envisage pas de contreparties directes pour le donateur.
– En France, la pratique a connu un véritable développement suite à l’instauration de la loi Aillagon en 2003
– Elle a touchée de nombreux secteurs et notamment celui de la culture, de l’art et du patrimoine
– Devenu trop déficitaire pour l’État une réforme du dispositif Aillagon a été envisagée
I. La Loi Aillagon et le mécénat
A) Une loi pour favoriser le mécénat
La loi Aillagon s’organise autour de quatre axes en faveur du mécénat :
– mécénat des particuliers ;
– mécénat des entreprises ;
– fiscalité des fondations reconnues d’utilité publique ;
– reconnaissance d’utilité publique.
a/ Mécénat des particuliers
La loi Aillagon prévoit d’encourager le mécénat des particuliers grâce à la mise en place de déductions fiscales incitant aux dons. Ainsi, les particuliers peuvent bénéficier d’une réduction d’impôt de 66 %. Celle-ci est plafonnée à 20 % du revenu imposable (contre 10 % auparavant) et peut être reportée sur cinq ans en cas d’excédent de versement.
b/ Mécénat des entreprises
Pour les entreprises, la Loi Aillagon développe également un avantage fiscal. En effet, les entreprises peuvent bénéficier d’une déduction fiscale de 60 % de l’impôt des sociétés. Cette déduction fiscale peut s’élever à 90 % lorsque le don est réalisé en faveur des trésors nationaux. Cette spécificité montre déjà l’impact positif de la loi Aillagon en faveur du patrimoine.
c/ Fiscalité des fondations reconnues d’utilité publique
Les fondations reconnues d’utilité public (FRUP) bénéficient elles aussi de défiscalisation pour les donateurs et fondateurs mais également d’un abattement fiscal de l’impôt sur les sociétés. Cet abattement fiscal est doublé, passant de 15 000 à 30 000 euros. Cet allègement de la fiscalité encourage ainsi le mécénat des fondations.
d/ Reconnaissance d’utilité publique
Comme dernier objectif, la loi Aillagon prévoit de faciliter la démarche de reconnaissance d’utilité publique en l’accélérant et en la simplifiant. Cela permet le développement des fondations reconnues d’utilité publique qui jouent un rôle social et culturel très important. Le statut de FRUP est en effet attractif pour diverses raisons. En effet, il permet au fondateur de diversifier les sources de financements pour la cause bénéficiaire (dons, legs, …). Il permet également :
d’obtenir une déduction fiscale ;
d’accroître la notoriété de l’entreprise en proposant des actions d’utilité publique et en devenant mécène ;
d’élargir son audience et de fidéliser les clients grâce à des contreparties (n’exédant pas 25% du don).
B) Une loi qui s’avère trop déficitaire pour l’État
La Loi Aillagon et son impact sur le mécénat culturel s’est vérifié ces dernières années. Le dispositif de la loi Aillagon a tellement bien fonctionné qu’il s’est révélé trop déficitaire pour l’État. En effet, les pratiques de mécénat se sont considérablement développées. Le volume global des dons s’est vu multiplié par quatre depuis 2004, passant d’un million d’euros à quatre millions d’euros. Quant aux entreprises mécènes, leur nombre s’est multiplié par douze. Ainsi, quinze ans après cette loi, on compte 61 000 entreprises mécènes et 5,8 millions de foyers donateurs.
Cet essor fulgurant du mécénat entraîne des dépenses fiscales toujours croissantes pour l’État. La perte budgétaire causée par le mécénat a ainsi été multipliée par dix en treize ans, passant de 90 millions d’euros en 2004 à plus de 900 millions d’euros en 2017. Le coût de grâce a été porté par l’incendie de la Cathédrale de Paris où de nombreux dons, le plus souvent très élevés, ont afflué pour la restauration, causant une perte budgétaire considérable pour l’État. Le dispositif Aillagon devient donc étouffant financièrement pour le gouvernement, d’où la volonté portée par ce dernier de le limiter.
Deux autres problèmes suscitent également la volonté de limiter la Loi Aillagon :
– Le constat est fait que le dispositif bénéficie davantage aux grandes entreprises qu’aux plus petites qui en auraient pourtant davantage besoin ;
– La multiplication des fondations d’art portant le nom de leurs entreprises devenant ainsi des vecteurs de marque.
C) Un projet de réforme
L’État souhaite réformer la loi Aillagon pour la rendre moins déficitaire. La réforme a commencé à s’appliquer dès décembre 2020.
Les nouvelles mesures sont les suivantes :
La déduction fiscale des entreprises sur l’ l’impôt des sociétés passe de 60 % à 40 % (seulement pour un don de plus de 2 million d’euros). Cette mesure ne concerne pas les organismes relevant de la loi Coluche (associations humanitaires et caritatives telles que les Restos du Coeur, la Fondation Abbé Pierre, etc …) ;
Concernant le mécénat de compétence : la défiscalisation des salaires des employés mis à disposition est désormais plafonnée à environ 120 000 € brut par année et par salarié.
Pour les TPE : augmentation de 10 000 à 20 000 € de la franchise afin d’éloigner la limite de versement qu’elles atteignent plus rapidement (rappel : celle-ci est fixée à 0,5 % du chiffre d’affaire) ;
Obligation de renseigner l’État sur les bénéficiaires des dons ainsi que sur les contreparties reçues afin de faciliter la visibilité et d’éviter les fraudes et abus fiscaux.
II. La Loi Aillagon : impact sur le mécénat culturel
A) Impact du mécénat sur le patrimoine et la culture
La loi Aillagon a permis de développer le mécénat d’une manière impressionnante. Outre les associations et fondations caritatives et humanitaires, beaucoup de donnateurs ciblent le secteur culturel : art, musées, monuments historiques, …
18%du mécénat d’entreprise est affecté à la culture et au patrimoine
22,4% des fonds de dotation créés ont pour objet principal l’action artistique et culturelle
C’est ainsi que se sont développés des outils de gestion et de promotion du développement du mécénat culturel, et ce, au cœur même du Ministère de la culture. La « Mission du mécénat » assure le bon suivi de la politique et de la réglementation fiscale et juridique du mécénat. Elle anime également un large réseau d’acteurs, incluant notamment la DRAC. L’objectif du réseau est de relayer les informations concernant le mécénat au niveau local et de rapprocher les bienfaiteurs et les récepteurs culturels des dons. De même des « jeudis du mécénat », organisés régulièrement, cherchent à approcher toutes les problématiques liées au secteur culturel et au mécénat.
Le mécénat relevant de l’action publique, il s’agit donc d’un outil démocratique. En effet, entreprises et particuliers détiennent la liberté de choisir la destination de leurs dons. S’exprime ainsi la « voix du peuple » en faveur de telle œuvre d’art, tel courant artistique, tel château ou site historique, … Néanmoins si cette liberté n’a pas d’impact pour la préservation du patrimoine, elle peut limiter la création artistique puisque les mécènes auront tendance à soutenir les projets stables plutôt que ceux, plus risqués, qui présentent nouveauté et innovation.
Le château de Beaumesnilbénéficiaire de la Loi Aillagon et du mécénat culturel
Le Château privé de Beaumesnil a créé sa propre fondation et propose aux particuliers comme aux entreprises d’être mécène en participant à la plantation d’arbres, à la restauration de la fontaine, à la mise à disposition de nouveaux bancs ainsi qu’à l’achat d’ustensiles de cuisine d’époque. En contreparties, des ardoises personnalisées inscrivent le nom du donateur dans l’histoire et les entreprises ont accès à des espaces du château afin d’organiser leurs évènements et séminaires. Ainsi, c’est en quelque sorte une stratégie de naming qu’a adopté le château de Beaumesnil.
B) Quelles conséquences de la réforme de la Loi Aillagon pour le mécénat culturel ?
La réforme de la Loi Aillagon a suscité quelques tourments dans le secteur culturel. Celui-ci craint que les nouvelles mesures soient dissuasives pour le mécénat. Dans le cas des fondations d’art, les individus pensent que les nouvelles mesures vont restreindre leur nombre et donc limiter le développement du patrimoine contemporain.
Pour l’instant la réforme est encore trop récente pour analyser concrètement son impact sur le secteur culturel. Ce qui est certain, c’est que le gouvernement désire avant tout contrôler les déviances fiscales. La volonté d’ouvrir plus largement le mécénat aux petites entreprises témoigne d’ailleurs d’une volonté de poursuite de la politique du mécénat de la part du gouvernement.
Conclusion
La Loi Aillagon a eu un impact sur le mécénat culturel. Elle a considérablement boosté le mécénat et notamment celui des entreprises. Ce mécénat d’entreprises est accompagné désormais d’un mécénat plus populaire : le financement participatif (crowdfunding). Ces deux pratiques engagent les personnes privées dans la sauvegarde du patrimoine.
C’est un modèle que l’on trouvait surtout au Royaume-Uni, la France privilégiant davantage l’action publique par le biais du Ministère de la culture. Désormais, notre pays sait combiner les démarches publiques et privées pour la protection des sites historiques. En témoigne le Loto du patrimoine. Initiative d’une personne privée, Stéphan Bern, il est épaulé par le gouvernement et s’avère être un nouveau modèle de financement participatif pour les monuments en périls.
Séduire par le patrimoine gastronomique : découvrez ce patrimoine qui fait la fierté des français et renforce leur identité.
L’important à retenir de cet article :
La gastronomie est un pilier de l’identité française. Inscrite dans le patrimoine français au même titre que les monuments et sites historiques, la gastronomie plait aux touristes français et internationaux. De cet attrait pour la gastronomie est né le tourisme culinaire, qui permet aux individus de découvrir un territoire grâce à sa gastronomie et à ses produits du terroir.
Introduction :
Selon Jean-Yves Le Drian, actuel ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, « il n’y a pas meilleure porte d’entrée pour la France que ses saveurs et ses goûts ». La France est une terre de saveurs, jalonnée par l’opulence de produits issus des terroirs de chaque région. Ainsi, la gastronomie est une manière pour les touristes de découvrir un territoire, au gré de ses produits du terroir, et son patrimoine.
À titre informatif, le mot « restaurant » est l’un des mots français les plus utilisés à travers le monde. Cette information qui parait anecdotique révèle l’importance de la gastronomie française et le lien, conscient ou non, que font les étrangers entre la gastronomie et la France. Les deux sont indissociables : la gastronomie fait intégralement partie de l’identité française.
Ainsi, le « repas gastronomique des français » a été classé au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO en 2010. La protection concerne le déroulement des repas, la qualité des recettes et produits, ainsi que son aspect social. En effet, en France, la gastronomie est au cœur de nos pratiques sociales, comme le raconte le podcast de Louie Media, « Manger ».
L’importance de la gastronomie française est telle qu’elle inspire les artistes et écrivains depuis des siècles. De l’écrivain François Rabelais au peintre Gustave Caillebotte, les créateurs ont été inspirés par la gastronomie française. Tandis que le premier met en avant l’opulence de la cuisine française et des banquets d’antan, le second a retranscrit sur sa toile le raffinement et l’élégance du dîner à la française.
Dans une huile sur toile intitulée Nature morte au homard, le peintre représente un homard, sobrement disposé sur une nappe blanche. Ce tableau, acheté par des collectionneurs américains, rend hommage à la gastronomie française.
La gastronomie, symbole indissociable de la France
La France est reconnue de par le monde pour de nombreuses richesses, à l’instar de son patrimoine. La plus symbolique est la gastronomie, mêlant raffinement et simplicité, savoir-faire, culture et patrimoine.
Le patrimoine gastronomique en France rassemble divers éléments : les savoir-faire et techniques culinaires, les recettes et les produits, mais aussi les coutumes et légendes liées à l’histoire culinaire du pays. En France, chaque région possède au moins une spécialité gastronomique, qu’il s’agisse d’un produit du terroir ou d’une recette, qui fait intégralement partie de son identité.
Certaines de ces spécialités régionales sont tellement réputées à travers le monde qu’elles sont devenues symboliques de la région, et plus largement de la France. Par exemple, la galette bretonne à base de sarrasin se mange dans tous les pays, et c’est un incontournable pour les touristes. D’autres plats français sont aussi réputés à l’étranger, à l’instar du gratin dauphinois, du bœuf bourguignon ou de la ratatouille. D’ailleurs, Ratatouille (2007) est le titre d’un célèbre film d’animation Disney Pixar, qui rend hommage à la gastronomie française.
Les plats traditionnels de nos régions ont su conquérir le monde, attisant toujours plus la curiosité des touristes pour la gastronomie française.
« Goût de / Good France », ou le rayonnement de la gastronomie française à l’international
Chaque année, l’évènement « Goût de / Good France », mets à l’honneur la gastronomie française à travers le monde. Initié en 2015 par le célèbre chef cuisinier Alain Ducasse, l’évènement reprend l’idée des Dîners d’Épicure du chef Auguste Escoffier. Ces dîners se sont déroulés de 1911 à 1914 avant d’être arrêtés par la Première guerre mondiale. Il s’agissait d’évènements mondiaux au cours desquels des chefs, répartis dans divers pays, préparaient un repas gastronomique français, pour célébrer la cuisine française.
Lorsqu’Alain Ducasse fait renaitre ces dîners à travers l’évènement intitulé « Goût de / Good France », il choisit de mettre en avant la diversité du patrimoine gastronomique français en valorisant chaque année une région différente. Un grand dîner est organisé à Paris, tandis qu’une multitude d’autres sont parallèlement servis dans les ambassades et consulats à travers le monde, ainsi que dans des restaurants. La dernière édition, qui aurait dû avoir lieu en 2020, prévoyait de mettre en avant les cheffes et chefs du Centre-Val-de-Loire.
Ces évènements contribuent au rayonnement international de la gastronomie française.
La diversité du patrimoine gastronomique en France
Le patrimoine gastronomique englobe aussi des lieux liés à la culture culinaire : les jardins, potagers et vergers, ainsi que les restaurants, cafés, etc. À ce titre, près de 90 potagers sont protégés au titre des Monuments Historiques, dont une quinzaine sont classés tels que :
Ces lieux sont à la fois du patrimoine historique, naturel et gastronomique. En effet, il n’est pas rare que ces trois domaines s’entremêlent, puisqu’ils sont tous intrinsèques à l’identité du pays.
En plus des potagers protégés, nombreux sont les restaurants qui bénéficient d’une protection au titre des Monuments Historiques. Certains restaurants occupaient déjà les lieux avant d’être classés, tandis que d’autres se sont installés (a postériori) dans des monuments historiques. Parmi les restaurants installés dans des lieux historiques, en voici quelques-uns célèbres :
– La Cigale à Nantes, brasserie unique au décors somptueux, qui illumine le cœur de Nantes depuis 1895.
Sublimer le patrimoine historique grâce à la gastronomie
La gastronomie partage avec le patrimoine historique quelques caractéristiques. Tous les deux sont importants dans l’identité du pays et témoignent de son histoire, chacun à leur manière. Ils sont aussi les témoins de l’évolution du mode de vie des français, selon les époques et les territoires.
De plus, le patrimoine historique et le patrimoine gastronomique partagent des valeurs telles que l’authenticité, le raffinement mais aussi la simplicité, ainsi que le respect des matières premières.
Ainsi, nombreux sont les chefs qui ont décidé de s’installer dans des lieux patrimoniaux afin d’y développer leurs restaurants.
L’Auberge du Père Bise du chef Jean Sulpice
Créée au début du XXème siècle, l’Auberge du Père Bise est une ancestrale maison de bien-être, théâtre du patrimoine culinaire de la région. En effet, l’Auberge est particulièrement réputée pour avoir été tenue par Marguerite Bise, grande cheffe française. Elle est la troisième femme ayant obtenu trois étoiles au Guide Michelin. L’Auberge a longtemps été tenue par la même famille, la famille Bise, avant d’être rachetée par le jeune chef Jean Sulpice.
Bordée par les eaux du Lac d’Annecy, l’Auberge est un lieu unique et intemporel, entre patrimoine gastronomique, historique et naturel. La beauté du lieu a séduit Jean Sulpice et sa compagne, qui ont repris l’Auberge en 2016. Depuis, le jeune chef laisse sa créativité s’épanouir, proposant une gastronomie qui se veut responsable et durable, alliant tradition et modernité.
L’Auberge propose deux types de restauration, un restaurant gastronomique 2 étoiles, ainsi qu’un espace bar. Dans ses restaurants, le chef propose une cuisine ancrée dans son terroir, à l’écoute des saisons et respectueuse des produits.
De par son histoire, l’Auberge du Père Bise est le lieu idéal pour l’épanouissement d’un chef. Toutefois, même des lieux patrimoniaux dont l’histoire n’est pas marquée par la gastronomie, c’est-à-dire qui ne sont pas des brasseries ou restaurants historiques, peuvent devenir de parfaits théâtres pour un restaurant.
La gastronomie au château de Fonscolombe
Situé au cœur d’un terrain de 12 hectares, près d’Aix-en-Provence, le Château de Fonscolombe est un sublime édifice construit au XVIIIème siècle dans le style Quattrocento. À l’issue d’une vingtaine d’années de restauration, l’édifice rouvre ses portes en 2017.
Devenu un hôtel 5 étoiles, le lieu possède aussi deux restaurants ainsi que des vignes, véritable atout pour accueillir les amateurs d’oenotourisme, ce dernier étant intimement lié au tourisme gastronomique. De plus, le lieu possède un potager, dont les productions sont directement utilisés dans les restaurants.
Classé parmi les Relais & Châteaux, le restaurant accueille les touristes , les locaux ainsi que les résidents du château, venus séjourner quelques jours en vacances.
Le restaurant principal du Château de Fonscolombe est le restaurant L’Orangerie, dont les terrasses offrent une vue imprenable sur le parc du domaine. Le chef du restaurant est Quentin Durand, jeune chef français ayant travaillé auprès des plus grands.
Afin d’offrir une expérience unique à ses clients, ces derniers ont la possibilité d’échanger avec le chef à leur arrivée. Au cours de cette discussion, le chef prend connaissance de la « Madeleine de Proust » des clients, afin de leur faire revivre ce souvenir. À travers cette expérience, le moment au sein du restaurant s’imprime dans la mémoire sensorielle de la clientèle. De cette manière, le lieu crée un véritable lien émotionnel avec le client. C’est une manière de pérenniser la clientèle grâce à une technique s’approchant du neuromarketing.
Charmer le public grâce au tourisme gastronomique
L’attrait des touristes pour la gastronomie a donné naissance à une branche du tourisme nommée le tourisme gastronomique ou tourisme culinaire. En France, environ 13 millions de touristes déclarent pratiquer le tourisme gastronomique. Pour certains touristes, il s’agit de la première motivation pour découvrir un lieu, premier critère de choix. Pour d’autres, le tourisme gastronomique est un atout supplémentaire, mais pas la raison de leur voyage. Les activités complémentaires appréciées par les touristes sont les visites culturelles et patrimoniales, ainsi que les activités de plein air.
Le tourisme gastronomique englobe différentes pratiques, prenant aussi en compte l’oenotourisme ou l’agritourisme. En effet, le tourisme culinaire ou gastronomique concerne toutes les pratiques qui vont mettre en avant le patrimoine gastronomique d’un lieu.
Tandis que certains touristes désirent simplement découvrir les mets et recettes traditionnels d’un territoire, d’autres recherchent une véritable expérience culinaire mémorable. Ils ont alors le désir de s’initier à la cuisine, de s’immerger dans la culture et le patrimoine grâce à la gastronomie. Ainsi, les activités proposées dans le cadre du tourisme gastronomique sont variées :
– Atelier dégustation en compagnie d’un chef ;
– Stages de cuisine auprès d’un chef ;
– Visites de vignes, de fermes ou de marchés en compagnie d’un spécialiste.
Développer l’une de ces activités en complément de son restaurant est un bon moyen d’attirer les touristes en recherche d’expérience.
Le restaurant La Chapelle Saint-Martin de Gilles Dudognon
Installé dans une ancienne résidence de porcelainiers du XIXème siècle, caractéristique de la ville de Limoges, le restaurant La Chapelle Saint-Martin accueille les clients dans l’univers du chef Gilles Dudognon. Le restaurant de Gilles Dudognon met en valeur le patrimoine bâti de la région, notamment l’histoire de la porcelaine, ainsi que le patrimoine gastronomique.
Originaire de la région, Gilles Dudognon revendique fièrement son amour pour ce territoire et son patrimoine à travers sa cuisine. Il travaille principalement avec des artisans et producteurs locaux, créant ainsi une synergie entre le lieu et les autres acteurs du territoire.
Afin de diversifier l’expérience autour de la gastronomie locale, le lieu propose diverses activités thématiques :
– Des cours de cuisine ainsi qu’une expérience en immersion en cuisine avec le chef ;
– Un menu thématique « Grande Escapade », incluant une dégustation Accord Mets et Vins ;
– Les « Ruches à manger », déjeuner atypique au sein du parc.
Grâce à ces différentes expériences qui complètent les simples repas au restaurant, le lieu propose aux touristes amateurs de gastronomie un véritable panel d’activités adaptées aux envies et besoins de chacun.
Conclusion :
Le tourisme gastronomique est un véritable levier pour attirer des clients au sein d’un territoire ou d’un site patrimonial. Premièrement, il apporte de la visibilité au lieu ainsi qu’une rentabilité sur le long terme. Ensuite, il permet de créer un lien avec la clientèle grâce à la gastronomie, à travers une expérience sensorielle unique que seuls les plaisirs de la table peuvent procurer.
Que ce soit du côté des chefs cuisinier ou du côté des propriétaires et gestionnaires de sites patrimoniaux, mêler patrimoine historique et patrimoine gastronomique est une excellente manière d’offrir à la clientèle une expérience unique. De plus, le patrimoine historique est généralement lié au patrimoine naturel, qui est lui-même essentiel en gastronomie.
Comment développer des activités au cœur des abbayes ? Dans cet article, Hephata vous donne quelques inspirations et pistes de réflexions.
L’important à retenir de cet article :
Dans cet article, nous vous présenterons différents développements d’activités mis en place dans des abbayes, à travers un focus sur les différentes propositions réalisées par l’association Propolis autour de l’Abbaye de Bonnecombe.
En effet, généralement, les abbayes sont des lieux spacieux et chargés d’histoire, souvent entourés d’un patrimoine naturel remarquable. Ainsi, les abbayes présentent des atouts majeurs pour la mise en place d’activités variées.
Introduction :
Les abbayes sont intimement liées au monachisme. Initialement issues de l’Orient, elles se sont beaucoup développées en Occident au fil des siècles.
Avec l’avènement de la chrétienté, des abbayes furent construites par centaines. La vie monastique s’appuie sur différents piliers, parmi lesquels le travail, souvent agricole. En effet, « Ora et Labora », signifiant en français « prie et travaille », est une expression latine faisant référence à la vie monastique bénédictine. À travers le travail dans les champs, les abbayes avaient pour vocation d’être auto-suffisantes.
Cette actualité démontre un intérêt toujours présent pour le patrimoine historique, notamment le patrimoine des abbayes. Assurément, la dimension humaine de ces lieux de vie particuliers les rend fascinants, tout comme leur architecture souvent remarquable.
Au même titre que les châteaux, les abbayes sont des témoins de l’évolution des styles architecturaux en France et de l’histoire du pays. C’est un patrimoine reconnu et valorisé, à l’instar de l’Abbaye de Fontenay en Bourgogne-Franche-Comté, classée au Patrimoine Mondiale de l’Unesco.
Pour sauvegarder de tels lieux, il est nécessaire de mettre en place des activités afin de les animer. L’enjeu est de les rendre rentables financièrement, les bénéfices pouvant par la suite être réinjectés dans la mise en valeur, le développement et l’entretien du lieu.
Cependant, il est important de garder une cohérence entre l’histoire du lieu et les nouvelles activités. Pour cela, il est judicieux de s’orienter vers des activités ayant une dimension sociale, environnementale, de bien-être ou spirituelle.
Focus sur l’étude du projet Propolis à l’Abbaye de Bonnecombe
Pour la première édition du Prix du Patrimoine paysager et écologique, la Fondation Etrillard a sélectionné le projet de l’association Propolis pour la réhabilitation et la restauration des espaces paysagers de l’Abbaye de Bonnecombe.
Bien que tout ce que propose l’association Propolis est au stade de projet, il s’agit d’un travail d’étude très intéressant, axé autour de la construction d’un projet cohérent, qui peut être une excellente source d’inspiration. L’aboutissement sera par la suite décidé avec l’évêché de Rodez et Vabres, propriétaire des lieux.
L’Abbaye cistercienne de Bonnecombe dans l’Aveyron est un lieu patrimonial exceptionnel fondé au XIIème siècle. Inhabitée depuis 1965 et inoccupée depuis 2017, l’Abbaye est au cœur du travail d’étude réalisé pour le projet Propolis.
L’idée de l’association est d’implanter un centre de formation au sein de l’Abbaye ainsi qu’une pluralité d’autres activités axées sur les questions environnementales et sociétales.
1. La valorisation des extérieurs de l’Abbaye
Les sites patrimoniaux sont généralement entourés d’une nature remarquable. C’est assurément un atout à valoriser pour les propriétaires et gestionnaires de lieux patrimoniaux. En effet, les visiteurs apprécient de plus en plus le patrimoine naturel. Par ailleurs, de nouvelles tendances touristiques attestent de cet attrait grandissant pour la nature, tels que l’agritourisme ou le slow tourisme, ainsi que toutes les formes de tourisme durable.
À travers la mise en place des différentes actions, l’association Propolis exprime un message fort et affirme l’importance des questions environnementales et sociétales à ses yeux.
Cadre naturel remarquable, le site de l’Abbaye, d’une dimension de 13000m2 bâtis, s’étend sur plus de 180 hectares comprenant de la forêt, un parc ainsi que des espaces au potentiel agricole comme un verger et un potager. Assurément, l’Abbaye de Bonnecombe possède les atouts nécessaires pour pratiquer une agriculture innovante et être le plus auto-suffisante possible.
Les extérieurs seront mis à profit pour y développer plusieurs activités et équipements, tels que :
– Un jardin ornemental ;
– Une pommeraie ;
– Un potager et jardin en agroécologie pour les visiteurs ;
– Un potager en permaculture et un nouveau verger ;
– Un espace dédié à la culture de plantes à parfum en agroécologie.
En effet, L’Abbaye de Bonnecombe prévoit d’expérimenter les méthodes de l’agroécologie en consacrant une partie de ses extérieurs à la production de plantes à parfums, aromatiques et médicinales, en proposant 300 espèces différentes.
Par ailleurs, des ateliers liés à la nature seront mis en place au sein de l’Abbaye, ainsi qu’un élevage de papillons. Un hangar agricole sera aussi créé.
2. Une offre diversifiée permettant d’attirer différents publics
La superficie impressionnante de l’Abbaye de Bonnecombe est un atout pour y développer plusieurs activités variées permettant ainsi de s’adresser à un public plus large.
En tant que propriétaire ou gestionnaire de lieu patrimonial, il est important de réaliser un diagnostic avant de se lancer dans le développement d’activité.
– Comprendre les atouts du lieu et de son territoire ;
– Analyser les attentes et besoins du public, autant des touristes que des locaux ;
– Se positionner en fonction des critères précédents.
Le projet Propolis à l’Abbaye de Bonnecombe utilise les atouts du lieu. Le premier atout est l’espace : en effet, un lieu aussi vaste que celui-ci permet d’y implanter différentes activités.
Chaque activité mise en place répond à une demande plus ou moins explicite du public.
a) Les activités culturelles pour attirer un large public
Les activités culturelles sont certainement celles qui attirent le plus de public. De ce fait, pour un propriétaire ou gestionnaire de site historique, inclure la culture dans son offre est une excellente idée. En effet, le secteur culturel, très diversifié, possède de nombreux atouts :
– Accessible à tous les âges, les activités culturelles plaisent autant aux enfants qu’aux adultes ;
– La culture est un des pans principaux de l’attractivité d’un territoire. En devenant un lieu culturel reconnu, le lieu participe au développement de son territoire.
Afin d’inclure un maximum d’individus et d’élargir encore son public, il est judicieux de mettre en place des activités destinées aux amateurs comme aux professionnels.
Ainsi, l’un des volets du projet Propolis est l’accueil d’artistes en résidence avec la création d’ateliers d’artistes, implantant ainsi un centre culturel sur le site de l’Abbaye. Afin de compléter l’offre culturelle, le projet prévoit :
– Une salle de spectacle, ainsi que l’utilisation de l’Église en salle de célébrations et de concerts ;
– Un cabinet de musique et de poésie.
b) Les aménagements sociaux, le patrimoine au cœur de la vie quotidienne des habitants
Le patrimoine fait intégralement partie du territoire et de l’histoire d’une région. Pourtant, il est souvent oublié, laissé de côté. Pour les gestionnaires ou propriétaires de sites patrimoniaux, transformer son patrimoine en lieu de vie permet de l’inclure dans la vie de la commune. De cette manière, le lieu s’intègre dans le quotidien des habitants, qui, ne l’oublions pas, constituent son premier public.
Le projet Propolis à l’Abbaye de Bonnecombe inclut un volet social très important. De plus, en redevenant un lieu de vie à la fois pour les personnes qui viendront en formation ou en résidence et pour les locaux, l’Abbaye de Bonnecombe retrouve sa vocation initiale. Toujours dans une démarche sociale, l’Abbaye accueillera un lieu de vie et d’accueil pour une dizaine de jeune de l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE).
De cette manière, l’Abbaye de Bonnecombe retrouve sa vocation d’accueil des personnes dans le besoin.
L’association Propolis prévoit aussi la mise en place d’un cabinet de médecine alternative, offre presque inexistante jusqu’alors sur le territoire, en proposant un lieu où penser la santé autrement. Cette démarche est en adéquation avec leur pensée générale de durabilité et de responsabilité.
3. Le cœur du projet : l’implication politique et sociétale du centre de formation
À travers cette activité qui constitue le cœur du projet, le patrimoine devient un acteur de la vie politique. En effet, le centre de formation aux questions environnementales répond à de grandes questions sociétales. En formant des individus à ces thématiques, ces problématiques qui gangrènent notre société, l’Abbaye de Bonnecombe prend une place très importante au sein de la politique, de l’éducation et de la société.
Il est important pour les propriétaires et gestionnaires de lieux patrimoniaux de comprendre les grands enjeux sociétaux.
Le centre de formation est l’activité principale du projet Propolis. Le centre proposera un cursus intitulé « Penser la modernité ». Cette formation dispensera des enseignements et des activités pratiques en lien les questions environnementales et sociales.
Le cursus est divisé en trois modalités, se destinant chacun à une clientèle différente. Les cursus proposés vont d’une semaine à neuf mois de formations, se destinant autant aux particuliers qu’aux professionnels.
Les étudiants du cursus seront logés, nourris et blanchis pour un forfait mensuel allant de 650€ à 800€. Les cours seront dispensés grâce aux subventions sollicitées, les participants n’auront donc pas à payer la formation.
Cependant, le centre de formation est un véritable atout économique pour la région. En effet, les individus venus en formation pourront :
– Visiter la région et découvrir le territoire ;
– Dépenser dans les activités et commerces de proximité ;
– Participer à la vie économique de la région.
Le centre de formation constitue l’atout majeur du projet grâce sur plusieurs aspects : les loyers des étudiants assurent une rentabilité du lieu sur le long terme. De plus, le lieu constitue un écrin idéal pour une formation aux questions environnementales et sociales, ce qui en fait un rude concurrent face aux quelques rares écoles ou universités proposant ce type de cursus.
4. Un grand projet au budget colossal
Afin d’accueillir toutes ces activités, l’Abbaye de Bonnecombe va être entièrement nettoyée et rénovée. L’association prévoit plusieurs années de nettoyage, de travaux et d’aménagement.
Pour un propriétaire ou gestionnaire de lieu patrimonial souhaitant le rénover afin d’y développer un nouveau projet, les chantiers d’insertions ou de bénévoles sont une bonne solution.
Il peut aussi lancer une campagne de financement participatif. En effet, les contributeurs peuvent aussi devenir acteurs du chantier s’ils le désirent.
Pour financer un tel projet, nécessitant la réhabilitation du lieu, des travaux de rénovation et d’aménagements, l’association Propolis a lancé des levées de fonds, bénéficiant ainsi de différentes aides :
– Des subventionspubliques, de la part des collectivités locales, de l’Etat et de l’Europe à hauteur de 30% du coût du projet ;
– Des financementsprivés, venant d’entreprises, de fondations et de particuliers, représentant 30% du financement du projet.
L’association Propolis a perçu les atouts majeurs de l’Abbaye de Bonnecombe et de son territoire. Leur étude donne des axes de réflexions aux propriétaires afin d’y créer une offre utile pour le territoire.
5. D’autres exemples de développement d’activités
L’exemple de l’Abbaye de Bonnecombe nous a permis d’explorer divers secteurs d’activités : la formation, l’écologie, l’agriculture et la cohésion sociale.
Cependant, le développement d’activité au sein d’une abbaye peut aussi concerner la mise en tourisme du lieu avec la création d’une offre d’hébergement comme à l’Abbaye des Capucins à Montauban. Enfin, le développement peut aussi être très diversifié et englober différents secteurs d’activité, comme au sein de l’Abbaye de Royaumont.
L’Abbaye des Capucins à Montauban
Située en Occitanie, cette abbaye du XVIIème siècle a été transformée en hôtel haut de gamme en 2006. L’établissement comprend un hôtel 4 étoiles d’une capacité de 116 chambres, un spa, une piscine et un restaurant.
En plein cœur de la ville, au bord du Tarn, l’Abbaye des Capucins présente tous les atouts d’un lieu d’hébergement touristique :
– Accessibilité ;
– Localisation idéale ;
– Proximité des commerces, des lieux de loisirs et de culture avec notamment le Musée Ingres Bourdelle à moins de 5 minutes à pied.
– Deux nouveaux restaurants panoramiques en roof-top ;
– La création de 110 nouvelles chambres 3 étoiles, doublant ainsi la capacité d’accueil de l’hôtel.
Ces aménagements viennent compléter le patrimoine existant pour créer un nouveau lieu unique, mêlant patrimoine et modernité. Ainsi, le lieu est capable de répondre à la demande grandissante de la clientèle.
L’Abbaye accueille des particuliers venus découvrir la région ainsi que des touristes d’affaires et des entreprises, le lieu disposant d’espaces pour recevoir séminaires et réunions. De cette manière, le propriétaire des lieux a transformé l’abbaye en un véritable acteur touristique du territoire, participant au développement local et à l’attractivité de la région. Les travaux d’extension de l’établissement permettent de pérenniser l’offre tout en préservant le monument historique.
L’Abbaye de Royaumont
L’Abbaye de Royaumont a été réhabilitée en 1938, devenant alors le Foyer de Royaumont. Lieu d’accueil et de repos pour artistes et intellectuels, le lieu évolue par la suite en centre culturel international.
Forte de sa renommée acquise au cours des décennies, la Fondation gérant l’Abbaye de Royaumont a diversifié ses activités :
– un centre de formation et de recherche autour de la culture, des arts, des sciences humaines ainsi que l’environnement ;
– une libraire-boutique, ainsi qu’une bibliothèque musicale et une bibliothèque générale ;
Le développement d’activités dans des abbayes peut prendre différentes formes, en fonction des besoins et envies du gestionnaire des lieux. Toutefois, il faut aussi prendre en compte le territoire autour du lieu, comprendre son écosystème et comment rendre le lieu utile.
Les projets de développement d’activité au sein d’une abbaye peuvent nécessiter des travaux d’aménagements et de rénovation. Cela représente un investissement financier, plus ou moins important. Ainsi, en fonction de l’orientation du projet, différents acteurs peuvent soutenir sa réalisation.
Les acteurs du patrimoine : le financement. Deuxième volet du « Guide pratique pour savoir vers qui se tourner ».
L’important à retenir dans cet article :
Dans le premier volet du Guide pratique pour savoir vers qui se tourner, ont été présentés les acteurs spécialisés dans le conseil juridique et fiscal, dans l’information et la sensibilisation du public et ceux qui sont impliqués dans la sphère publique. Dans cette deuxième partie, retrouvez les acteurs du patrimoine qui proposent des financements ou accompagnent la recherche de financements.
Introduction
Quand on est propriétaire d’un site patrimonial, son entretien et sa restauration constituent une réelle priorité ! Bien souvent, il y a même urgence à agir. Un très grand nombre d’organismes dédient l’essentiel de leur activité à cette mission fondamentale : trouver des fonds. Il n’est pourtant pas toujours facile de savoir à quelle porte toquer.
Dans cet article découvrez :
– Les organismes entièrement dédiés au patrimoine
– Les institutions qui consacrent une partie de leur activité au patrimoine
– Les nouveaux acteurs qui innovent dans la recherche de financements
1. Les organismes entièrement dédiés au patrimoine
Certains organismes ont été créés dans le but unique de préserver le patrimoine, qu’il soit naturel ou bâti, et de favoriser sa sauvegarde et sa restauration.
a) La Fondation Mérimée : restauration et accessibilité du patrimoine
La Fondation Mérimée est un organisme à but non lucratif reconnu d’utilité publique en 2018. Elle favorise la restauration et l’accessibilité à tous du patrimoine.
Sa principale mission est de financer des projets de restauration par différents biais. En premier lieu, on retrouve les aides à projets « Restauration ». Ces aides concernent les travaux de restauration des édifices publics et privés. En deuxième lieu, la Fondation a créé les aides à projets « Accessibilité ». Celles-ci ciblent les programmes de mise en accessibilité des sites pour favoriser l’accueil des personnes en situation de handicap. Enfin, la Fondation distribue des prix.
Par ailleurs, la Fondation soutient le savoir-faire des métiers d’art et de recherche par l’octroi de bourses d’études
b) La Fondation du Patrimoine : préservation du patrimoine de proximité
La Fondation du Patrimoine, créée en 1996, est la première organisation privée en France dédiée à la préservation du patrimoine de proximité. Elle œuvre à la sauvegarde et la valorisation du patrimoine français et accompagne les particuliers, les collectivités et les associations dans leurs projets de restauration.
Pour cela, elle s’appuie sur trois mécanismes :
– Le label : la Fondation du patrimoine est le seul organisme privé habilité par le ministère de l’Économie et des finances à octroyer un label à une opération de restauration d’un immeuble non protégé au titre des monuments historiques. En outre, ce label permet aux propriétaires privés de bénéficier de déductions fiscales.
– La souscription publique : la Fondation engage des campagnes de souscriptions publiques et d’appel aux dons pour financer des projets de sauvegarde du patrimoine public et associatif. Elle collecte ensuite les dons qui ouvrent droit à des réductions d’impôts pour les donateurs.
– Le mécénat d’entreprise : la Fondation sollicite les entreprises pour les investir de projets de sauvegarde et de valorisation du patrimoine de proximité.
Enfin, la Fondation du Patrimoine abrite la mission Stéphane Bern, qui identifie le patrimoine en péril et a pour objectif de sauver, en urgence, les lieux les plus « en danger ».
Abritée par l’association du même nom depuis 2009, la fondation des Vieilles Maisons Françaises (VMF) a pour mission de soutenir les savoir-faire et les acteurs de la sauvegarde du patrimoine en péril. Aussi, elle attribue des aides directes à des projets de restauration de monuments en péril. Par ailleurs, elle organise des collectes faisant appel au mécénat populaire.
d) La fondation de la Sauvegarde de l’Art Français : sauvegarde du patrimoine religieux
La Fondation de la Sauvegarde de l’Art Français est une association reconnue d’utilité publique, créée en 1920, qui œuvre principalement pour le patrimoine religieux (églises et chapelles rurales). Elle lui consacre ainsi plus d’un million d’euros par an.
Ses principales missions sont, d’une part, de sauvegarder les édifices et œuvres d’art (tableaux, sculptures, tapisseries, objets d’art) en péril. D’autre part, elle doit faire connaître et aimer les merveilles de nos régions via des prix (Prix Maillé : elle récompense un travail de recherche en faveur du patrimoine et Prix Trévise : elle distingue une restauration exemplaire).
2. Les institutions qui consacrent une partie de leur activité au patrimoine
Si certains organismes œuvrent à la recherche de financements pour l’entretien et la restauration du patrimoine parce qu’ils ont été créés dans cet unique but, d’autres organismes s’engagent dans cette voie, en en faisant une mission complémentaire.
a) La Fondation de France
La Fondation de France, fondation dite « de toutes les causes », œuvre pour différents intérêts dont celui du patrimoine. En effet, elle abrite de nombreuses fondations qui luttent elles-mêmes pour la sauvegarde du patrimoine local.
b) La Caisse des dépôts et consignations : l’engagement patrimonial via le mécénat
Créée en 1816, la Caisse des dépôts et consignations (CDC) , est une institution financière publique française. Elle est placée sous le contrôle direct d’une commission de surveillance, qui rend des comptes au Parlement, et exerce des activités d’intérêt général pour le compte de l’État et des collectivités territoriales. En matière de culture, elle œuvre, par le biais du mécénat, au développement d’initiatives territoriales de trois ordres : la musique classique, la danse, l’architecture et les paysages.
3. Les nouveaux acteurs qui innovent dans la recherche de financements
Enfin, à côté de ces organismes et institutions très ancrées dans la sphère du patrimoine, se dressent depuis quelques années de nouveaux acteurs aux concepts innovants. Des initiatives pouvant déstabiliser au premier abord mais qui apportent des solutions modernes s’appuyant sur des outils digitaux performants.
a) Adopte un château : sauver le patrimoine pour un 1€ / mois
Adopte un château est une association créée en 2015. Sa mission permet de concevoir des projets autour des monuments en danger et de rechercher des partenaires pour participer au sauvetage de ces monuments en péril.
b) Hephata : une banque de financements en libre-service
Hephata est une entreprise spécialisée dans la sauvegarde du patrimoine historique, labellisée par le Ministère de la Culture et soutenue par les VMF en tant que » Jeune startup innovante du patrimoine » (prix 2018).
Parmi ses différentes missions, Hephata conseille et accompagne les propriétaires de monuments historiques dans la recherche de financements. Pour cela l’entreprise a créé une banque de financements qui permet de recenser, au même endroit, les enveloppes de financement intéressantes dans le cadre de restaurations ou de développements d’activités autour du patrimoine.
Pour aller plus loin, Hephata, propose des accompagnements personnalisés sur :
– La recherches d’enveloppes de financement sur un sujet ad hoc : remise d’un tableau détaillé avec un minimum de 10 enveloppes à cibler
– Le montage de dossier de financement : du simple montage de dossier au portage du projet devant les instances sollicitées
– Le montage de la stratégie de mécénat : montage des plaquettes de présentation, identification des cibles de mécène, création d’un calendrier évènementiel, choix de contreparties, prospection des mécènes
– La mise en relation avec des financeurs : investisseurs, banques, collectivités, etc.
c) Dartagnans : une plateforme dédiée au financement participatif et à l’achat collectif de monuments
Dartagnans est la première plateforme de financement participatif dédiée au patrimoine. Elle permet à n’importe quelle personne de faire un don en ligne pour un projet culturel qui lui plaît.
Par ailleurs la plateforme permet d’acheter collectivement des sites monumentaux à partir de 50 €. Un nouveau système qui a fait sensation avec La Mothe Chandeniers puis l’Ebaupinay.
Conclusion
Qu’il s’agisse d’acteurs engagés pour le patrimoine depuis longtemps ou non, la sauvegarde du patrimoine est au cœur des préoccupations de nombreux organismes. En effet, bien connaître son besoin en terme de restaurations ou de charges d’entretien permet de cibler plus rapidement les acteurs susceptibles d’y répondre.
Hephata revient sur l’histoire du financement des châteaux d’hier et d’aujourd’hui.
L’important à retenir dans cet article :
« Ces propriétaires, ces rentiers… » : des têtes qui tombèrent, des toits qui restèrent
Il fut un temps où des têtes tombèrent parce que la possession des châteaux n’était plus du tout la bienvenue. La Révolution a voulu la fin des rentiers du sol. Elle a souhaité la fin de la propriété de ces biens d’exception par des familles aristocrates.
Le Patrimoine a beaucoup pâti de cette époque. On a recensé et dénoncé de nombreuses confiscations, des pillages et du vandalisme (1).
Pourtant, si ce fut un temps où des têtes tombèrent, beaucoup de toits, eux, restèrent. Dès lors, nos monuments ont dû longtemps faire face aux affres du temps. Ils ne pouvaient plus compter sur les rentes de leurs « riches » propriétaires.
Il a fallu que l’Etat intervienne et se responsabilise pour la préservation de ces châteaux.
Au cours du XIXe siècle, plusieurs lois et dispositifs ont cherché à circonscrire cette dispersion du patrimoine national. Néanmoins, elles ont également chercher à préserver un héritage architectural d’exception. Les monuments historiques sont alors inventoriés.
Mais il faut attendre le début du XXème pour que l’Etat s’engage officiellement. La Loi de 1913 est venu protéger le patrimoine monumental français.
Le temps des propriétaires de châteaux, rentiers, est révolu. Certains ont dû financer leur entretien par la vente des terres alentours. Une action qui a entraîné le morcellement de leur patrimoine, lui refusant tout chance de salut ultérieur !
Un grand joaillier démissionnaire ?
Les monuments historiques sont donc officiellement depuis le début du siècle dernier, une « affaire d’Etat ». Leurs classement, degré de protection, travaux sont, depuis la Loi de 1913, placés sous l’égide de l’Etat.
Outre ce rôle de garant, l’Etat se fait surtout le grand argentier du Patrimoine. Les fonds étatiques sont d’abord conséquents mais se tarissent peu à peu avec l’arrivée de priorités budgétaires liées à des évènements conjoncturels : les deux guerres mondiales, puis les crises économiques successives…
Le véritable coup de massue sur le financement du patrimoine par l’Etat s’opère avec la loi sur la décentralisation (2). Dès lors le monopole centralisé de la conservation et du financement des monuments historiques est remis en cause. Le désengagement de l’Etat s’amorce avec un transfert de l’entretien et la propriété de plus de la moitié des monuments vers les collectivités.
Ce désengagement est tel qu’avec une seconde loi en 2009, on vend de nombreux monuments publics pour participer au désendettement de l’Etat. Par ailleurs, les propriétaires de monuments historiques s’adressent
désormais à leurs collectivités (région ou département) pour obtenir des subventions. Si ces dernières sont plus faibles et de moins en moins nombreuses, elles ont toujours le mérite d’exister et permettent bien souvent de pallier le plus urgent.
Toutefois, les châtelains ne peuvent certainement plus compter que sur ces aides publiques, ponctuelles, pour entretenir et valoriser leurs biens. De toute évidence ce financement public diminue (de 100 millions d’euros entre 2015 et 2016).
C’est pourquoi, aujourd’hui et depuis une dizaine d’années, les ressources privées sont devenues incontournables.
Une aide non négligeable mais ponctuelle : le mécénat et ses déclinaisons
Avec le déclin des subventions publiques, le mécénat prend le relais de l’Etat, en se présentant comme un levier privé de financement du Patrimoine. Il est
devenu aujourd’hui nécessaire, et il permet de sauvegarder de nombreux monuments. Le mécénat culturel représenterait 15% du mécénat global soit environ 500 millions d’euros.
Ce sont la loi du 1 er aout 2003 relative au mécénat, aux associations et aux fondations, la loi de finances pour 2007 et le décret du 11 février 2009 relatif aux fonds de dotation et à leur création, qui encadrent aujourd’hui classiquement le financement privé et plus spécifiquement le mécénat d’entreprise.
Le mécénat numéraire est le plus classiquement utilisé. Le principe est simple : l’entreprise investit à hauteur de X pour les travaux ou tel ou tel projet d’un monument historique, elle pourra alors déduire 60 % du montant de son don de l’IS dans la limite de 0,5 % du chiffres d’affaires.
Le mécénat en nature se répand progressivement. Les mécènes mettent à disposition du monument, des moyens humains, et des compétences. Le Patrimoine se présente alors à la fois comme une valeur refuge (défiscalisation)
et une valeur repère (image).
L’intérêt pour ces mécènes, est double :
• réduction fiscale alors même que les entreprises souffrent d’une fiscalité écrasante, et • participation à une œuvre philanthropique, non négligeable pour l’image de marque.
Ce mécénat d’entreprise concerne aussi bien la PME locale que l’entreprise du CAC 40.
A ce titre, l’Italie pourrait faire preuve d’exemple. En effet, nos voisins transalpins font aussi face à un désengagement de l’Etat bien que le Patrimoine italien compte de nombreux monuments. Là-bas, ce sont les entreprises du Luxe qui se sont emparées du problème en investissant dans la sauvegarde et la rénovation de grands sites de Rome (Bulgari, Fendi, Tods).
Le Luxe en France s’y met aussi, certaines grandes marques « s’approprient » le nom et l’écrin « very french » des Châteaux de la Loire, de Versailles, ou d’ailleurs (voir notre article à ce sujet).
De même au niveau local, des entreprises « plus modestes » pourraient ensemble investir dans le château de proximité afin d’apporter de l’éclat et de la notoriété à leur nom tout en espérant un retour sur investissement grâce au tourisme généré.
Des aides et des intermédiaires indispensables : les associations du patrimoine
Les associations du patrimoine proposent d’accompagner les propriétaires et les entreprises dans leur projet de financement : DH et sa fondation MH, VMF et sa fondation, ou encore la Fondation du Patrimoine.
La Demeure Historique expose 3 formes de financement :
• Mécénat affecté : financement direct d’une partie des travaux. Les conditions pour l’ouverture du bien au mécénat sont strictes : monument protégé ou labellisé (exit les autres demeures et châteaux), travaux sur parties protégées (exit le plancher de l’arrière cuisine), monument détenu par une personne physique ou morale (exit les sociétés commerciales) • Prix d’un mécène : plusieurs grands mécènes proposent de remettre des prix à des propriétaires qui concourent avec des projets de restauration sur des thèmes définis. Par exemple : le prix américain « French Heritage society», le prix « Villandry » pour la restauration de jardin… • Le crowdfunding.
Le mécénat est nécessaire, il permet de financer de nombreux projets. Après un déclin ces derniers années, le baromètre de l’Admical indique une légère remontée en 2016.
Les chiffres sont encourageants ! Toutefois, ils n’en demeurent pas moins insuffisants au regard de l’état des besoins de notre Patrimoine. De même, les contraintes légales du mécénat ne permettent pas à tous les monuments de bénéficier de cette aide.
Car, dans ce cadre-là : bénéficiaire n’est pas qui veut… Il faut pouvoir bénéficier d’une convention de mécénat, que seules la Demeure Historique et la Fondation du Patrimoine peuvent offrir.
Des alternatives complémentaires : la libéralisation du mécénat
La libéralisation du mécenat est alors nécessaire. Depuis le XXIème siècle, le Patrimoine se met donc au financement participatif plus connu sous la dénomination anglo-saxone : « crowdfunding » (le financement par la foule).
Grace à des platesformes – My Major Compagny, Anaxago, Dartagnans, Ulule… – tous les projets ont leurs opportunités, tous les contributeurs peuvent participer à la rénovation de tel ou tel monument en échange d’entrée gratuites ou autres cadeaux personnalisés.
L’idée est révolutionnaire en ce que tout le monde est concerné quelque soit son niveau de vie. Ca tombe bien ! Le Patrimoine concerne tout le monde, il s’agit de notre héritage commun.
Ce mode de financement connaît un plein boom depuis quelques années. En 2016, 629 millions d’euros ont été collectés sur des plateformes de finance participative en France.
Le crowdfunding semble s’imposer comme une nouvelle alternative de financement avec plus de 100% de progression en 2016. Le succès est rendu possible notamment grâce à sa facilité d’utilisation et d’accès via les réseaux sociaux. Par exemple, en quelques clics sur la plateforme Ulule, vous venez de participer à restauration de la forteresse du Château-sur-Epte en vue d’un projet de centre d’interprétation médiéval vivant…(3)
L’idée va encore plus loin puisque récemment la plateforme Dartagnans en partenariat avec le site « Adopte un château » offre la possibilité de devenir le copropriétaire d’un Château. Le projet du château Le Paluel, rendu célèbre par le film le Tatoué a remporté un franc succès et a été largement relayé par la presse et les médias. Si le château Paluel a finalement été adjugé et vendu à un jeune propriétaire sarladais, largement au-dessus de sa mise de départ, c’est aussi grâce à l’enthousiasme général qu’a suscité le projet de rachat par l’association Adopte Un Château via la plateforme Dartagnans. L’objectif principal est atteint, Paluel est sauvé de la ruine !
Mais l’objectif des contributeurs est en cours… nous arriverons certainement à trouver un modèle comme en Ecosse, de co-propriétaire (avec ou sans le nom !). Aujourd’hui, ce buzz encourage ces acteurs à proposer ce challenge pour le rachat d’autres propriétés à l’abandon (4). Nous leur souhaitons de trouver le modèle !
Conclusion
Que l’on finance le patrimoine – via des souscriptions privées ou via des subventions publiques – est une bonne chose et il est clair que nos monuments ne pourraient se passer de ces mannes extérieures…
Toutefois, Hephata pense que les châteaux de France pourraient et devraient être les acteurs de leur propre financement.
Face à l’urgence des besoins de nos châteaux et face au déclin des aides publiques, nous n’avons plus vraiment le choix :
• Se contenter de financements privés, ponctuels et non systématiques ? ou • S’inscrire dans un processus économique rentable qui garanti des revenus sains – c’est-à-dire fondés sur une vraie création de valeur – réguliers permettant de financer les charges courantes, de provisionner et d’envisager des projets futurs avec une vision de long-terme, nettement plus séduisante pour des fonds d’investissements potentiels…
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