Pour une entreprise, renforcer sa production tout en valorisant le patrimoine, est-ce possible ? Quels sont les avantages industriels qui en découlent ?

L’important à retenir dans cet article

Selon la définition de l’INSEE, les entreprises ont pour objet la « production de biens et de services ». En économie, on dit qu’elles évoluent sur un marché, système d’échanges où se rencontrent l’offre (les vendeurs) et la demande (les acheteurs). Aussi, pour faire face à la concurrence présente sur ce marché, chaque entreprise doit en permanence renforcer sa capacité de production. Comment font-elles ? Quelles stratégies adoptent-elles ? 

L’investissement dans le patrimoine bâti est déjà un moyen de développement viable pour les entreprises. Alors pourquoi investir dans le patrimoine naturel historique ? Acquérir un ensemble de ressources et des matières premières est une piste pour développer une production dans la mesure où cela permet de : 
– Éviter de perdre la marge liée aux producteurs et distributeurs 
– Réaliser des économies d’échelle 
– Injecter des savoir-faire et améliorer la performance de la production 
– Gagner du temps dans la production et éviter la dépendance vis-à-vis des fournisseurs 

Qu’est-ce que le patrimoine naturel ?

C’est en 1972 qu’apparaît la notion de patrimoine naturel avec l’adoption de la Convention concernant la protection du patrimoine culturel et naturel  par l’UNESCO . La nature et la culture sont alors mis sur un pied d’égalité. Le patrimoine naturel est une ressource à protéger et valoriser. Ce patrimoine est un « ensemble de sites non modifiés par l’homme », distingués en trois catégories :
– Les monuments naturels : grottes, cascades, chênes
– Les formations géologiques et les zones « constituant l’habitat d’espèces animale et végétale menacées »
– Les zones naturelles présentant un intérêt du point de vue de la faune et de la flore ou de l’écologie

Conformément à l’article L. 411-1 A du code de l’environnement, ces sites sont recensés dans l’Inventaire National du Patrimoine Naturel. Créé en 2003 et géré par le Musée National d’Histoire Naturelle, l’INPN institue pour l’ensemble du territoire national, qu’il soit terrestre, fluvial et marin, un inventaire national du patrimoine naturel, défini comme « l’inventaire des richesses écologiques, faunistiques, floristiques, géologiques, minéralogiques et paléontologiques ». L’État en assure la conception, l’animation et l’évaluation. 

Une stratégie fondée sur l’acquisition de ressources en matières premières 

Une matière première est un matériau d’origine naturelle faisant l’objet d’une transformation et d’une utilisation économique. On distingue quatre catégories de matières premières : 
– Les denrées alimentaires (légumes, viande, poisson)
– Les matières premières végétales (bois, caoutchouc, coton), minérales (sel, pétrole) et métalliques (fer, or, étain)

L’abbaye Notre-Dame de Sénanque et ses champs de lavande (Gordes, Vaucluse)

Dans une chaîne de production, ce n’est pas l’achat des matières premières qui coûte le plus cher. Pour autant, cet achat génère de nombreux frais supplémentaires liés notamment aux marges dégagées par les différents intermédiaires situés sur cette même chaîne. Aussi, pour les entreprises dont l’approvisionnement en matières premières est très important en volume, acheter les ressources en matières premières est une stratégie à étudier !

Éviter de perdre la marge liée aux producteurs et distributeurs

Acheter du patrimoine naturel permet à l’entreprise de gérer en direct son approvisionnement en matière première. Elle devient elle-même productrice de matière première. Nul besoin alors de faire appel aux producteurs et aux distributeurs.

Les producteurs et distributeurs facturent au client final un prix global qui comprend le prix du produit brut auquel est ajouté la marge. Pour le client final, acheter les ressources en matière première lui permet d’obtenir ses propres produits naturels et de supprimer cette marge. Une stratégie qui induit nécessairement un gain économique

En outre, en fabriquant des produits issus de matières premières qui lui appartiennent, l’entreprise est libre d’augmenter ou non le prix de vente du produit final. Si elle décide de ne pas le modifier, elle pourra accroître sa propre marge bénéficiaire.

Réaliser des économies d’échelles

Une économie d’échelle correspond à la baisse du coût unitaire d’un produit obtenue grâce à l’augmentation de la quantité de sa production. Pour réaliser des économies d’échelles, une entreprise peut choisir entre différents mécanismes dont :
– La répartition des coûts fixes incompressibles (machines, bâtiments, frais administratifs etc.) sur un plus grand nombre d’unités produites
– L’apprentissage des techniques de production
– L’optimisation de l’organisation du travail (par exemple la spécialisation de la production par du travail à la chaîne)
– Des achats de masse auprès des fournisseurs (par exemple via des centrales d’achat)

Si elle décide de baisser les prix de vente, l’entreprise pourra augmenter son nombre de ventes et améliorer son positionnement sur le marché économique.  

Injecter son savoir-faire pour améliorer la performance des productions

Dans les différentes stratégies utilisées par les entreprises pour développer leur croissance, le rachat de patrimoine naturel leur permet de renforcer leur offre commerciale auprès des clients. En effet, elles peuvent mettre à profit leur savoir-faire et expertise dans certaines techniques de production pour maîtriser davantage la transformation des matières premières et donc améliorer la performance de la production.

L’injection de son savoir-faire dans les techniques de production peut permettre à l’entreprise de toucher plusieurs types de clientèle. 

L’exemple montre que les organisations, en internalisant les ressources en matière première et en y apportant leur savoir-faire, non seulement réalisent des économies intrinsèques à l’internalisation – parce que leurs outils de production, leurs processus et méthodes, leurs compétences internes et leurs capacité d’investissement le permettent – mais aussi, valorisent le patrimoine mieux que quiconque. Il y a donc un véritable effet gagnant-gagnant à ces acquisitions, car en même temps que le patrimoine vient apporter de la valeur à l’entreprise, l’entreprise en donne à ce dernier. C’est le cas lorsque LVMH rachète des terres viticoles françaises, un exemple détaillé ci-après. 

Cela pose néanmoins question : y a-t-il un risque d’épuisement plus rapide ? 

Eviter la dépendance aux fournisseurs et gagner du temps dans sa production

Dans la production, il est difficile de ne pas devenir dépendant de ses fournisseurs. Un fournisseur peut détenir intégralement une source d’approvisionnement d’une matière première. Il est alors en situation ascendante sur ses clients et peut négocier les prix comme il l’entend. 

C’est ce qu’explique le modèle des cinq forces de Porter, professeur de stratégie à Harvard, qui permet d’évaluer les forces concurrentielles existant sur un même marché économique : 
– La menace des nouveaux entrants sur le marché
– La menace des produits de substitution
– Le pouvoir de négociation des clients
– Le pouvoir de négociation des fournisseurs
– L’intensité de la rivalité entre les concurrents

Aussi, acquérir du patrimoine naturel, c’est-à-dire des ressources en matières premières, permet à l’entreprise de :

– Gagner du temps puisqu’elle gère son approvisionnement en direct
– Ne plus dépendre économiquement et opérationnellement de ses fournisseurs
– Obtenir de meilleures performances de production et de vente lorsqu’elle réalise des économies d’échelle

Exemples

Voici des exemples d’entreprises qui ont su répondre à cette question : « pourquoi investir dans le patrimoine naturel historique ? »

Cas n°1 : LVMH et Château d’Yquem ou comment LVMH renforce son arsenal de production en achetant ses propres vignobles

En 1999, le groupe LVMH devient l’actionnaire majoritaire du vignoble d’Yquem, élevé au rang de Premier Cru Supérieur en 1855. Ainsi, LVMH mise sur l’exploitation et la valorisation de ressources viticoles du Château d’Yquem, pour lesquelles il a su développer de nouvelles techniques dans le processus de fabrication qui ont permis d’accroître le volume de production.  

Sans augmenter le nombre d’hectares, la production de Bordelais et de Sauternes est passée de 100 000 à 125 000 bouteilles par an. Une belle manière de valoriser le patrimoine viticole.

Depuis, LVMH a acquis d’autres domaines. D’abord des vignobles prestigieux comme Moët & Chandon, Veuve Cliquot, Ruinart ou Hennessy, labellisés en 2019 « vins d’exception » par le groupe. Ensuite en Provence, misant sur le vin rosé, avec les Châteaux du du Galoupet et d’Esclans en 2019. Pour s’en tenir au cas français — puisque LVMH possède aussi des domaines viticoles californiens –, cette acquisition de patrimoine naturel soutien l’internationalisation, la légitimité et la croissance des bénéfices de l’entreprise LVMH, tout en assurant la valorisation du patrimoine naturel viticole. 

Vin du Château d’Yquem

Cas n°2 : IKEA devient propriétaire de bois pour anticiper une activité de production exceptionnelle

Ikea a acheté trente-quatre fois la surface du bois de Vincennes. Ce géant de la conception et la vente de mobilier et objets de décoration doit faire face à une activité de production exceptionnelle. « Dans le secteur de l’ameublement pour la maison, nous sommes, avec l’américain Walmart, le plus gros acheteur au monde » souligne Henrik Elm, global purchase manager de l’entreprise.

D’après une estimation de 2013 de La Tribune, plus de 100 millions de produits sont vendus chaque année. 60% de ses produits sont fabriqués à base de bois pour une consommation annuelle de 16,27 millions de mètres cubes de bois. Chaque année, Ikea consomme 4,1 millions d’hectares de bois soit l’équivalent d’un quart des massifs forestiers français.

Alors, pour respecter sa promesse de « prix bas tous les jours », Ikea doit à tout prix réduire ses coûts. Internaliser son apport en matière première, le bois, en achetant des forêts semble être la solution incontournable…

Conclusion

Acheter du patrimoine naturel est une manière pour les entreprises de production d’acheter les ressources en matières premières nécessaires à la fabrication des objets qu’elles vendent sur le marché. En choisissant cette stratégie d’acquisition, elles peuvent réaliser des économies, gagner du temps ou encore améliorer leur performance par l’injection de nouveaux savoir-faire. 

Pour aller plus loin

Entreprises : investir dans le patrimoine bâti

Les actifs naturels ou patrimoniaux des entreprises

Utiliser le patrimoine naturel à des fins marketing

Le luxe et le patrimoine historique sont indissociables. La valorisation de l’un passe par celle de l’autre !

Pourquoi le luxe et le patrimoine historique sont-ils indissociables ? Le patrimoine et l’industrie du luxe ont des valeurs et domaines partagés. Ils sont notamment des leviers de valorisation l’un pour l’autre, à commencer par l’image. Le patrimoine gagne à être associé à des maisons de luxe, notamment en termes de financements, soit en étant occupé par une maison, soit en bénéficiant d’actions de mécénat.

Dans cette analyse, il s’agit de mettre en valeur comment éviter les opérations publicitaires à sens unique, où l’industrie du luxe s’approprie des valeurs incarnées par un patrimoine, sans les faire vraiment siennes. L’article met en valeur les différents niveaux d’échanges d’intérêts entre le luxe et le patrimoine, notamment : 
– L’indiscutable nécessité de reposer sur un patrimoine (matériel ou immatériel) pour qu’une marque de luxe devienne vraiment légitime
– L’importance de la communication externe et de la communication interne, lieux de concrétisation de cette alliance patrimoine et luxe
– Les liens financiers entre les deux industries
– La limite de cette alliance : les risques de l’immobilisme, les contraintes liées au mécénat, le risque de contre-promotion

Que sont le luxe et le patrimoine historique ?

Etymologiquement, le luxe (lat. luxus) est ce qui est démis, déboîté. Associé à la lumière (lat. luc) dans un imaginaire occidental, le luxe a de l’éclat, brille. Selon le dictionnaire Larousse, le luxe a « le caractère de ce qui est coûteux, raffiné, somptueux« . Entendu ici d’un point de vue matérialiste, le luxe est cet ensemble d’objets, de produits, éléments de la distinction sociale. Cet article propose de circonscrire le luxe à son domaine d’application économique. Il l’envisage comme le produit de l’industrie de luxe et de ces maisons, ensuite commercialisé et mis en publicité. 

Le patrimoine est une notion polymorphe. L’UNESCO choisit de définir en ces termes : « Le patrimoine est l’héritage du passé dont nous profitons aujourd’hui et que nous transmettons aux générations à venir. » L’institution fait pour partie références aux “œuvres qui ont une valeur universelle exceptionnelle du point de vue de l’histoire, de l’art ou de la science”. Les ensembles, édifices, monuments sont donc principalement visés. NénaPour autant, il existe aussi un “patrimoine vivant”, un “patrimoine immatériel”, un “patrimoine naturel”. 

A partir de ces définitions, cet article s’appuie surtout sur les liens entre l’industrie du luxe et le « patrimoine monumental ». Ce patrimoine incarne les notions de patrimoine vivant, matériel et immatériel, telles que définies ci-avant. 

Une nécessité pour le développement d’une marque de luxe : s’appuyer sur le patrimoine historique 

Le luxe doit faire rêver, éblouir, fantasmer, sans quoi il perd de sa puissance. L’objet de luxe, pareil à une relique, se veut de l’ordre du sacré. Il appartient au monde du réel puisqu’on peut l’admirer, le saisir et le porter. Pourtant, quelque chose en lui nous échappe et nous fascine. Le luxe pour exister doit se différencier, se sacraliser afin de maintenir sa valeur et justifier son prix. 

Les grandes maisons de luxe luttent pour éviter la banalisation qui conduirait à leur perte. Elles désirent faire de leurs productions des œuvres d’art. C’est pourquoi elles ont besoin des institutions culturelles. Ces dernières possèdent la légitimité artistique et sont garantes de l’excellence de l’art qu’elles définissent, conservent et exposent. Tout naturellement, les enseignes de luxe se rapprochent donc de nos musées et sites historiques d’exception. Leur but ultime est d’asseoir leur notoriété, valoriser le prestige de la marque, devenir souveraines. 

De plus, ces grandes maisons véhiculent des valeurs communes au monde de l’art et du patrimoine. Il s’agit de la beauté, de la rareté, de l’excellence, du savoir-faire artisanal.  Dès lors, un lien puissant se crée. 

Le patrimoine historique en particulier est important en ce qu’il évoque le passé. Il permet au luxe, qui s’en empare, de créer le prestige et la distance nécessaire à la fabrication d’une aura forte. Ainsi, le patrimoine permet à la marque de s’ancrer dans le temps, de devenir une référence. Il représente un monde que le luxe évoque et convoque au service de son identité et de sa communication. 

La communication interne et externe pour concrétiser l’alliance entre le luxe et le patrimoine

Le patrimoine historique et son rôle dans la communication interne des groupes de luxe

Les projets rapprochant l’entreprise du luxe et la culture permettent de fédérer le groupe.  C’est le cas par exemple des actions de mécénat, de sponsoring ou d’organisation d’expositions. Le patrimoine et la culture agissent comme un créateur de lien social. En impliquant les employés dans un projet à forte valeur ajoutée, l’entreprise crée le sentiment de fierté d’appartenance à la marque. Lorsque Louis Vuitton organise le défilé de clôture de la Fashion Week parisienne dans la cour carrée du Louvre début mars 2020, ce n’est pas simplement une installation d’un soir mais bien un projet de toute la maison. Un projet qui sensibilise les équipes au patrimoine, à son histoire, à sa nécessaire préservation. 

Les maisons de luxe se tournent vers le travail dans le patrimoine historique à travers la restauration de leurs lieux d’exposition ou de vente. Aussi, renouant avec les métiers d’arts, font appel aux savoir-faire anciens, aux techniciens du patrimoine. C’est à l’entreprise H. Chevalier, labellisée “Entreprise du patrimoine vivant”, et à ses compagnons que Cartier ou Louis Vuitton ont fait confiance pour restaurer leurs boutiques de luxe. 

Le patrimoine historique sert à améliorer l’image et la notoriété des marques de luxe

En externe, les actions de soutien au patrimoine et à la culture, en promouvant les valeurs communes, valorisent l’image de la marque

Le mécénat positionne les grandes maisons comme des « bienfaitrices ». Elles jouent le rôle que tenaient autrefois les grandes familles comme les Médicis. On pense donc aujourd’hui à LVMH qui après Versailles ou le Louvre, soutient la transformation d’un lieu déserté, l’ancien musée des Arts et Traditions populaires de Boulogne, en nouvelle maison d’art. Ainsi, le patrimoine sert la valorisation des maisons de luxe. 

Les marques de luxe investissent les espaces du patrimoine (musées, châteaux) pour créer leurs publicités et s’en faire. Le duo Dior – Versailles est révélateur à cet égard : Charlize Theron et Rihanna déambulent pour la marque dans le prestigieux château, dont la mise en valeur surpasse celle des deux stars.

Et puis, à la croisée du mécénat et de l’auto-promotion, le luxe s’installe dans les monuments historiques, musées éphémères, valorisant et légitimant leur marque. Cartier au Grand Palais (« Cartier : le style et l’histoire », décembre 2013-février 2014), Yves-Saint-Laurent au Petit Palais (2010), misent sur le patrimoine historique pour mieux valoriser leur marque.

Enfin, le luxe et le patrimoine partagent un autre point commun : une même clientèle ! En dépit des efforts pour la démocratisation culturelle, il faut bien reconnaître que le patrimoine et l’art restent réservés à une élite culturelle, qui détient également le capital financier. 

On comprend alors pourquoi les actions de mécénat du luxe à destination du patrimoine et de la culture se multiplient. De nombreux évènements sont organisés dans nos musées et châteaux.  La Fashion week de paris par exemple ne serait pas ce qu’elle est sans ses prestigieux défilés au Louvre ou au Grand Palais. Le choix de ces lieux permet aux maisons de luxe de créer, plus qu’un simple défilé, des événements qui font sens pour la marque. On pense  aux immanquables défilés Chanel au Grand Palais ou à ceux de Dior au musée Rodin.

Les problématiques du luxe et du patrimoine

Si la référence à l’histoire est un élément central dans le marketing du luxe, il pose néanmoins la question de l’innovation, puisque les marques, tout en s’inscrivant dans un temps passé, ont besoin de continuellement se renouveler pour rester contemporaines et désirables. Il y a donc un équilibre à trouver. Il est intéressant de noter que cette problématique est commune aux institutions patrimoniales, pour qui l’innovation est devenue un enjeu majeur afin de rester attractif, maintenir leur fréquentation touristique, et développer de nouveaux modèles économiques, sources de revenus.   

Les liens financiers entre le luxe et le patrimoine 

L’entretien du patrimoine est une priorité. Son financement est onéreux et les finances publiques, si elles sont à l’initiative des grands travaux de construction des monuments historiques, ne subviennent plus assez aujourd’hui à leurs rejetons. Il faut donc multiplier les sources de financement. Or, les caisses du luxe sont pleines !

Entre les mondes du patrimoine et du luxe, les échanges, les transferts, intéressent directement la valorisation du patrimoine : la légitimité du luxe contre les promesses de financement. 

Comment le luxe vient-il en aide au patrimoine ? 

Les maisons de Luxe, Chanel, Cartier, Louis Vuitton investissent massivement dans la culture. ne habitude qui nous vient de l’autre côté du Pacifique, des Etats-Unis, où la culture est presque exclusivement financée par le privé, où le parrainage, bien plus ostentatoire, se veut être le reflet de la réussite de l’entreprise.

Les projets subventionnés par des marques de luxe sont nombreux, on peut citer le mécénat exclusif de la maison Ferragamo en 2012 pour l’exposition « La Sainte Anne, l’ultime chef-d’œuvre de Léonard de Vinci » au Louvre, ou le mécénat de Chanel pour les travaux de rénovation et d’agrandissement du Palais Galliera en 2019. Sans compter les fondations au profit de l’art et de ses métiers qui fleurissent. Pionnière du genre en France la fondation Cartier pour l’art contemporain, puis Lafayette et sa fondation Anticipations.

Cet engouement pour le mécénat est également lié aux mesures fiscales favorables liées à la loi Aillagon du 1er août 2003 qui permet la réduction d’impôt à hauteur de 60% sur l’impôt sur les sociétés, ce qui a permis une multiplication par seize du nombre d’entreprises mécènes depuis. 

La fondation d’entreprise Louis-Vuitton, Bois de Boulogne

Des limites juridiques au mécénat

Si la loi Aillagon a fortement favorisé les actions de mécénat, ces opérations restent fortement encadrées, bien plus qu’aux Etats-Unis. Il est par exemple possible de remercier son mécène en nature mais seulement si la contrepartie n’excède pas les 25% de la valeur du don. 

Par ailleurs, il ne peut y avoir d’exploitation commerciale ou de lancement de produits dans les institutions publiques. Cela doit rester de la communication institutionnelle. 

Les limites et pièges des alliances entre le luxe et le patrimoine  

Yves Saint-Laurent, Chanel, Dior, Cartier, Louis-Vuitton, Marc Jacobs, Bulgari, Balenciaga, Margiela, ils ont tous eu leur propre exposition aussi bien au Grand qu’au Petit Palais, au musée Galliera, au Palais de Tokyo ou encore au musée Bourdelle. Des expositions qui attirent un large public qui se presse pour attraper un peu du rêve. Aussi, l’œuvre d’art se substitue aux bijoux, à la robe, qui deviennent à leur tour art, exposé derrière leurs vitrines, consécration pour les marques. 

Cependant, quid de l’éthique puisque qu’il ne peut normalement pas y avoir d’exploitation commerciale dans ces établissement publics 

Si certaines expositions, comme « Cartier. Le style et l’histoire » qui s’étaient tenue au Grand Palais en 2014, ont fait l’objet d’un véritable commissariat indépendant. D’autres comme « Miss Dior » ou « La petite robe noire » se sont révélées être des opérations publicitaires déguisées… 

Il apparaît donc évident que l’établissement culturel permet de bénéficier d’un certain crédit pour l’opération, le visiteur étant en confiance dans un lieu qu’il connaît et respecte pour son travail d’ordinaire rigoureux et scientifique. Attention aux mauvais mariages, car ces opérations commerciales risque in fine de porter atteinte à l’image de l’établissement muséal et au patrimoine.

Pour aller plus loin

L’influence du luxe sur le patrimoine historique

La photographie au service des châteaux

Valoriser des espaces paysagers d’exception

Assistance ponctuelle autour du développement de site patrimonial

Hephata propose d’assister ponctuellement le développement d’un site patrimonial et catalyse le développement d’activités dans des sites d’exception, en combinant des expertises multisectorielles et des équipes capables de concevoir des Stratégies de développement et de les mettre en oeuvre dans des sites historiques.

Hephata intervient d’abord auprès d’équipes de gestion de sites historiques ou touristiques autour de missions spécifiques de façon ponctuelle. A la différence des Missions de gestion de projets, l’assistance HEPHATA consiste à :
1. D’abord, former sur le terrain les équipes opérationnelles :
2. Ensuite, remplacer ponctuellement des équipes absentes,
3. Enfin, à compenser des difficultés opérationnelles rencontrées.

Pour assister ponctuellement le développement d’un site patrimonial, Hephata s’adapte en fonction des besoins. Par exemple, en deux mois, l’équipe HEPHATA organise le développement marketing et commercial d’un site. Elle peut aussi préparer la gestion opérationnelle des activités. Par ailleurs, en un an, Hephata peut déployer ou réorganiser l’artillerie commerciale et l’accueil des évènements pour booster les activités.

En plus de ces actions, Hephata distribue les offres auprès de son propre réseau de partenaires engagés et développe le réseau local du monument accompagné.

Exemple de missions :
– Gestion d’appel à projets
– Communication et animation de communautés (adhérents, mécènes, bénévoles…)
– Distribution et commercialisation touristique (CRM, PMS / CMS, réseaux sociaux…)
– Développement d’offre de produits locaux pour la boutique d’un site patrimonial ou d’un réseau de sites patrimoniaux
– Création de supports de communication pour un site patrimonial
– Assistance commerciale sur l’évènementiel d’affaires reposant sur le réseau propre d’Hephata – prospection, facturation, administration
– Sélection de projet touristique et de site historique selon la politique d’investissement
– Sélection d’opérateurs de monuments historiques

Pour Hephata, opter pour une offre différenciante permet d’augmenter l’attractivité du château et faire face à la concurrence.

Le domaine se situe sur un territoire qui :
Invite à la création de lieux de vie préservés, respectueux de l’environnement et inspirants. L’existence de nombreuses zones d’activités situées au Nord du département explique d’ailleurs cette position (zones commerciales, centres d’affaires, hubs…) ;
Encourage les initiatives pour valoriser les infrastructures sportives et de loisirs, les actions en faveur du patrimoine et celles en faveur de la création d’emplois ;
– Incite à créer des espaces hôteliers différenciants et complets en réponse à la stabilité du tourisme de loisir (notamment du tourisme local) et la croissance du tourisme d’affaires.

Le projet, stable, a reposé sur :
– La capacité des propriétaires à rentabiliser les investissements rapidement par la mise en place d’une équipe compétente ;
– La cohérence du projet d’ensemble ;
– La possibilité d’adaptation des installations éphémères et finales en fonction d’un planning itératif.

La première contrainte, pour augmenter l’attractivité du château par une offre différenciante, est d’intégrer dans la réflexion du projet une occupation familiale régulière dans le château. Puis, la seconde, est que le projet doit dégager un résultat positif rapidement. En effet, il doit permettre le financement bancaire associé au développement d’activités et à la restauration du domaine. Il doit, par ailleurs, permettre le versement d’un revenu destiné à une équipe complète de gestion.

Hephata a accompagné les propriétaires d’un château situé dans les Hauts-de-France. Sa mission est de proposer un concept marketing permettant d’attirer différents flux touristiques dans le château.

Les points communs entre le territoire, les propriétaires et du site sont la recherche du beau, organisée autour de :
– D’abord, un site paisible, à l’architecture et aux décors raffinés, qui invite à la contemplation et à l’apprentissage de la beauté ;
– Ensuite, des porteurs de projet qui prônent la prise de distance avec la vie quotidienne ;
– Enfin, un territoire aux espaces naturels préservés et entretenus (exploitation des ressources naturelles, mise en beauté des espaces extérieurs…).

Leur spécificité est la bivalence, portée par :
– Un site situé à la fois au carrefour de 3 capitales européennes (Paris, Londres, Bruxelles) et sur un territoire peu dynamique ;
– Des porteurs de projet compétents pour la gestion de projets et l’évènementiel, dont le regard est tourné vers l’étranger ;
– Un territoire qui attire un public international (tourisme de mémoire) et des franciliens (tourisme naturel).

L’étude de ces différentes caractéristiques a conduit Hephata à élaborer un concept marketing pour attirer différents flux touristiques dans le château. Le concept propose d’une part des activités centrées sur le luxe visant un public de touristes internationaux. D’autre part, il offre des services fondés sur l’art de vivre à la française à destination d’un public ultra-local.

Diagnostic développement château Hephata

Diagnostic développement château Hephata

Hephata intègre des espaces historiques dans un projet économique harmonieux en cherchant à les penser comme une foncière. Cela implique de les commercialiser un par un pour des activités différentes.

Le château se situe sur un territoire très marqué par le tourisme international de mémoire. Les politiques départementales valorisent la création de nouvelles offres d’hébergement touristiques et gastronomiques. Elles cherchent également à développer les offres culturelles sur le territoire. Ces politiques incitent à positionner le château sur l’accueil touristique « haut de gamme ». Le département préserve l’environnement rural. Il doit d’ailleurs sa renommé aux nombreuses zones naturelles protégées dont la Vallée et la Baie de Somme.

Installer une activité pour dynamiser l’ensemble du domaine est un réel enjeu pour la nouvelle génération de propriétaires. Vivant à l’étranger, ces derniers n’occupent le château qu’occasionnellement. En outre, les postes de dépenses sont couverts par des revenus essentiellement issus de l’exploitation sylvicole arrivant à leur terme. Développer une activité autonome permettant d’entretenir le domaine est donc indispensable.

Enfin, Hephata prévoit la gestion en cas de développement d’activités. La complexité de la création d’un produit stable est que le produit est la résultante de la variété de ses occupants. Aussi, penser les espaces historiques du domaine comme une foncière (organisme spécialisé dans la gestion locative de surfaces à vocation commerciale) facilite la gestion du lieu.

château agricole transmission Hephata

château agricole transmission Hephata

Hephata accompagne les propriétaires d’un château familial à anticiper la transmission de leur domaine historique. L’objectif est de créer de nouvelles activités pour soutenir l’exploitation agricole et financer l’entretien du château.

Le château se trouve sur un territoire dynamique. Les initiatives départementales encouragent les actions de valorisation du monde agricole et les modes de production nouveaux et bio. En outre, il existe une réelle sensibilité départementale pour la sauvegarde du patrimoine. Enfin, la présence du 10ème aéroport français desservant 65 destinations dont 16 capitales renforce la stratégie d’attractivité territoriale.

Hephata intervient dans un contexte où l’entretien du château est financé par l’activité agricole. Anticiper la transmission du domaine historique est indispensable. Les discussions autour de la transmission du patrimoine orientent vers la dissociation entre le château et les terres agricoles. Cela implique de fortes incertitudes concernant la pérennité du financement du château (entretien et gros-œuvre), notamment en cas de baisse ou de suppression du fermage.

Il s’agit donc d’accompagner le domaine familial à effectuer une mutation de manière sereine et intelligente. Hephata recommande, dans un premier temps, de consulter individuellement chaque membre de la famille avant de lancer une concertation conjointe. Ensuite, la famille pourra mettre en place un groupe projet, si possible animé par un tiers, pour faciliter les échanges.

Concept marketing château privé Hephata

Concept marketing château privé Hephata

Hephata a accompagné les acquéreurs d’un château, situé sur le territoire de la Somme, pour créer un concept marketing adapté à projet.

Les points communs du territoire, des propriétaires et de cette ancienne forteresse, sont leur ancrage local, une force qui repose sur :
Un site accessible et visible, situé au cœur de son village et connu par les habitants locaux.
Des porteurs de projets dynamiques, implantés et visibles localement, qui ont l’expérience du travail partagé ;
Un territoire marqué par la stabilité : une terre d’installation et de cultures, plus qu’une terre touristique.

La création d’un concept marketing cohérent, car adapté au projet existant, a reposé sur : la capacité du lieu à s’adapter ; celle des porteurs de projets à être créatifs et novateurs en termes de produit proposé et de service apporté au territoire ; et le mode de gestion des espaces.

D’abord, le lieu est constitué d’un ensemble de bâtiments diversifiés marqué par différentes époques et destinations. Ensuite, les porteurs de projet – entrepreneurs par ailleurs – ont une forte propension à inventer, oser entreprendre et créer du lien. Enfin, le projet s’inscrit sur un territoire naturel et travaille sa biodiversité tout en valorisant la beauté de la nature.

Adapter un concept marketing à un projet existant autour d’un château a nécessité de s’accorder en amont sur la teneur du projet lui-même.

Hephata a accompagné les propriétaires d’un domaine historique pour stabiliser les revenus issus de la création d’un site d’hébergements en cinq ans. La gestion du projet nécessite la réalisation d’un diagnostic stratégique suivi d’une analyse des projections financières. L’étude de leurs aspirations, du domaine et du territoire oriente vers la création d’un site aux infrastructures novatrices où l’on peut venir travailler, se revitaliser et se divertir.

Le projet promeut un territoire discret mais dynamique sur lequel plusieurs éléments convergent :

  • La multiplicité de zones d’activités dynamiques (zones commerciales, centres d’affaires, hubs, parcs d’activités, centres d’études…) invite à la création de lieux de vie préservés, respectueux de l’environnement et inspirants ;
  • Les initiatives départementales en faveur des infrastructures encouragent la valorisation du patrimoine et la création d’espaces sportifs et de loisir ;
  • La stabilité du tourisme de loisir et la croissance du tourisme d’affaires incite à créer des espaces hôteliers différenciants.

Développer la demande touristique

Le projet s’inscrit dans un territoire où il faut developper la demande touristique en proposant une offre d’accueil adaptée. Il s’appuie sur un marketing puissant en offrant des services « clé-en-main ». Il s’adapte à la variété des demandes et limite leur saisonnalité par des espaces modulables. Les travaux de restauration et de mise aux normes invitent néanmoins à rester prudent quant aux chantiers envisagés. En outre, le projet requiert un arbitrage entre l’installation progressive d’infrastructures ou la restauration de l’existant.

Créer un site audacieux

Créer un site audacieux au service de l’économie locale favorise toute la chaîne de production (fournisseurs, prestataires, partenaires). Par ailleurs, le développement d’un « tiers-lieux » en milieu rural soutient les initiatives entrepreneuriales et associatives. Il facilite également la rencontre des organismes locaux. Enfin, le programme de restauration des bâtiments et du parc permet la création et le soutien de l’emploi local. Le projet valorise ainsi les politiques territoriales. Les revenus du site hôtelier historique stabilisés, le projet deviendra un atout fort dans le cadre de démonstrations politiques.

L’organisation d’un séminaire dans un château privé du Vexin, a permis à Hephata d’ouvrir le lieu à l’évènementiel d’affaires. Pour Hephata, créateur d’évènements au service du patrimoine, la beauté élève les organisations. Choisir des lieux beaux répond donc à sa vocation. Pour chaque évènement, Hephata fait parler les vieilles pierres et tisse des liens entre le lieu et l’histoire de l’entreprise par un topo historique introductif. Le lieu qui accueille l’évènement doit incarner les enjeux de l’entreprise. En outre, la visite des lieux par le propriétaire est à chaque fois proposée aux organisateurs de l’évènement.

Le château, construit selon les plans de Mansard, se situe sur un territoire proche de Paris. Il offre un cadre chaleureux et intime propice aux discussions. Son parc aux allures classiques invite à la contemplation.

Le projet a reposé sur :
L’aménagement et l’équipement technique des différents espaces (vidéoprojecteur, ordinateur, écran, tables et chaises, papeterie, décoration). Les espaces doivent être modulables pour permettre de passer facilement d’une occupation familiale à une occupation évènementielle. – La capacité des propriétaires à se former à l’accueil des entreprises grâce à leur présence sur place ;
L’existence d’un marché d’entreprises en quête de sens et d’implication locale.

La contrainte principale est la volonté des propriétaires de dégager un résultat positif rapidement. Ils souhaitent en effet engager des travaux de restauration d’u parc à la française originel. Néanmoins, ouvrir un château privé à l’évènementiel nécessite de se faire connaître auprès des réseaux d’entreprise et des potentiels partenaires. C’est un travail de longue haleine qui implique de s’implanter localement. En outre, il faut mettre en place une année test afin d’expérimenter des formats d’évènements différents. Cela permettra d’adapter au mieux l’offre à la demande.