Avec l’épidémie de Covid-19, le tourisme de proximité réveille les territoires !

L’important à retenir de cet article :

La tendance du tourisme de proximité s’est accélérée avec la crise sanitaire. Cette pratique permet aux acteurs du secteur touristique, dont le patrimoine et la culture font partie, de conquérir le public local. Loin des grands voyages et du tourisme de masse, le tourisme de proximité favorise la découverte, ou redécouverte, de son territoire. Il s’agit d’un véritable atout pour le développement économique des territoires, permettant aux sites culturels et patrimoniaux d’être des acteurs essentiels et ancrés dans leur territoire.

Introduction :

Depuis plusieurs années, la tendance du tourisme de proximité s’est imposée. La crise sanitaire a accéléré l’intérêt des publics pour cette pratique qui s’intègre dans les nouvelles formes de tourisme responsable. À l’instar du slow tourisme, le tourisme de proximité veille à valoriser les territoires en préservant l’environnement.

La France est un terrain propice au tourisme de proximité. En effet, les régions françaises regorgent de châteaux, d’édifices historiques et de musées à découvrir. En complément de ce patrimoine historique et culturel, la France possède aussi un important patrimoine naturel. Avec six massifs montagneux, plus de 5 000km de côtes et 430 000km de rivières, la France offre aux voyageurs des univers de destination touristique très variés.

L’essor du tourisme de proximité depuis la crise sanitaire

La crise sanitaire que le monde traverse depuis près de deux ans a impacté les modes de consommations et de voyages des individus. Le tourisme et la culture sont des secteurs qui ont été particulièrement touchés. Pourtant, la situation actuelle s’est avérée bénéfique pour le tourisme de proximité. La conférence « Patrimoine et tourisme de proximité » menée par Sites et Cités remarquables de France révèle que 94% des français qui sont partis en vacances ont voyagé dans le territoire en 2020. 

Qu’est-ce qui caractérise le tourisme de proximité ?

Avant d’aller plus loin, il est essentiel de rappeler la définition du tourisme de proximité.

Le tourisme de proximité se caractérise par une destination proche de chez le touriste, généralement jusqu’à trois heures de son domicile. Deux grandes catégories de clients se distinguent :

– Les locaux, habitants généralement à moins d’une heure de voiture ;

– Les régionaux, habitants à deux ou trois heures de leur lieu de vacances. 

Les touristes régionaux génèrent souvent des nuitées, contrairement aux touristes locaux.

Derrière la notion de tourisme de proximité se cachent aussi la volonté d’aider les entreprises locales, de relancer l’économie et de valoriser toutes les richesses du territoire : qu’elles soient culturelles, patrimoniales, naturelles, sociales, etc.

En effet, avec les différentes limitations liées aux mesures sanitaires, les individus désirant voyager ont dû se tourner vers des destinations de proximité. Des campagnes de communication comme #CetÉtéJeVisiteLaFrance ont été mise en place par Atout France, acteur majeur du tourisme en France. Les institutions publiques aussi ont créées des initiatives pour valoriser le tourisme de proximité. 

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Campagne Atout France « #CetÉtéJeVisiteLaFrance » ⓒacteurs.tourisme.bretagne.bzh

En Occitanie, la région a créé la carte « Occ’ygene ». Destinée principalement aux familles, aux jeunes et aux séniors, la carte donne accès à des avantages sur de nombreuses activités de loisirs au sein du territoire. Ce partenariat établit entre certains établissements et la région suscite chez les publics cibles l’envie de voyager au cœur de la région.

Voici quelques-unes des activités partenaires :

– La visite de la Ferme du Gazénas, à destination surtout des étudiants et chômeurs, dans une démarche mêlant agritourisme et proximité ;

– L’exploration et la découverte de Terra-Vinéa, caves exceptionnelles prenant place dans une ancienne carrière de gypse ;

–  La visite animée du Fort Lagarde, monument historique classé situé à Prats-de-Mollo.

Les avantages du tourisme de proximité en temps de crise sanitaire

Depuis le début de la crise, les touristes qui voyagent prêtent attention aux règlementations et à leur sécurité sanitaire. De ce fait, le tourisme de proximité est un avantage car il garantit la connaissance du protocole sanitaire mis en place. Cet élément est rassurant et sécurisant pour les voyageurs.

Consciente de l’importance de ce critère, la région Normandie a mis la sécurité et la rassurance en avant sur site à travers un article intitulé « 10 sites ou musées à visiter en famille en toute confiance ». L’utilisation du mot « confiance » n’est pas anodine. En effet, la confiance d’un individu à l’égard d’un lieu influence directement sa venue sur le lieu. À ce titre, c’est un des piliers essentiels pour une bonne stratégie click and mortar.

  Parmi les lieux répertoriés par l’article cité précédemment, il y a notamment le Château de Beaumesnil et le Château de Dieppe.

La confiance d’un client envers un produit, une offre ou un lieu repose sur la certitude d’obtenir le résultat attendu. Dans un premier temps, le consommateur prend donc en compte son propre ressenti ainsi que les expériences des précédents clients. La confiance est nécessaire pour fédérer sa clientèle, qui sera ensuite plus à même de partager son expérience autour d’elle.

Le tourisme de proximité, un atout pour les territoires et le patrimoine

Si les régions portent un intérêt croissant pour le tourisme de proximité, c’est parce qu’il s’agit d’un véritable atout. Participant au développement du territoire, autant économique, que culturel et social, le tourisme de proximité crée des interactions entre les acteurs de la région et les habitants. 

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Il est donc primordial pour les régions de valoriser leurs principaux atouts. Parmi les éléments qui participent à la motivation d’un public pour une destination plutôt que pour une autre, trois piliers semblent essentiels :

– La culture et le patrimoine ;

– La nature ;

– Les loisirs.

Parmi le pilier regroupant culture et patrimoine, se cache aussi la gastronomie, l’artisanat régional, les métiers d’arts traditionnels. L’œnologie et la mixologie sont aussi des atouts à valoriser à travers la mise en place de circuits d’oenotourisme. Les touristes sont de plus en plus friands de destinations et d’activités authentiques.

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Pour les propriétaires ou gestionnaires de sites patrimoniaux et culturels, divers développements d’activités sont envisageables dans le cadre du tourisme de proximité :

– De l’hébergement, axé sur des courts séjours, et de la restauration valorisant la gastronomie locale ;

– Des séjours thématiques, pour proposer une offre qui soit différenciante, en rapport avec l’identité du territoire ;

– Des visites culturelles, activités ou animations.

Afin de se démarquer dans le territoire, le lieu doit proposer une offre spécifique et qui marquera son identité auprès du public. Il peut aussi envisager des partenariats avec d’autres acteurs locaux ainsi qu’avec les institutions publiques et spécialisées. En effet, le tourisme de proximité étant d’utilité publique et locale, ces institutions sont des alliées indispensables.

Dans cette idée, il est aussi intéressant de s’inclure dans des circuits de visites thématiques, mis en place par les offices et agences touristiques ainsi que les institutions publiques.

Bien mettre en place le tourisme de proximité

Avant toute chose, le tourisme de proximité repose sur son accessibilité. En effet, la destination se doit d’être accessible par divers moyens car tout le monde ne possède pas de voiture ou ne désire pas voyager de la sorte. Il est donc essentiel de mettre en place divers modes de transports :

– Les transports en commun : bus, car, train, etc. ;

– Les transports plus écoresponsables et durables, comme le vélo ou la randonnée. 

Le tourisme de proximité se voulant généralement responsable et durable, les transports en commun ou propres sont souvent privilégiés par les voyageurs. Avec 15 000km de pistes cyclables et 180 000 sentiers de randonnées, les territoires français sont un terrain propice au tourisme de proximité en itinérance. Les parcours cyclotouristiques sont très prisés, à l’instar de la Loire à Vélo, qui permet de découvrir le patrimoine du Val de Loire.

Pour les territoires possédant des voies maritimes, les transports fluviaux sont une excellente manière d’attirer les touristes. En effet, le tourisme fluvial est lui aussi en plein essor car il permet aux touristes de se déplacer dans les territoires de manière originale, en alliant moyen de locomotion et hébergement. Grâce aux bateaux sans permis, le tourisme fluvial est aussi ouvert aux navigateurs néophytes !

Les outils de communication au service du tourisme de proximité

Le tourisme de proximité nécessite aussi de la visibilité auprès de son public. Bien que le caractère de proximité puisse faciliter l’accès à l’information, il est néanmoins important de déployer une campagne de communication efficace pour attirer l’attention du public. L’idée est de faire prendre conscience au public des opportunités de découvertes et de villégiature du territoire. 

Cette communication passe par différents canaux :

– On-line : les blogs et sites spécialisés, les bannières publicitaires en ligne, les sites des offices de tourisme, les réseaux sociaux et newsletters ;

– Off-line : l’affichage publicitaire, les flyers, la distribution dans les offices de tourisme, etc.

Afin d’attirer le public, il est possible d’organiser des jeux concours ou des quiz, qui permettent d’avoir une interaction directe avec le public, notamment sur les réseaux sociaux.

À titre d’exemple, l’agence d’attractivité Hello Lille a mobilisé les réseaux sociaux pour son opération « Une Nuit à l’Opéra ». En effet, l’agence a organisée un concours sur leur page Facebook pour permettre à deux personnes de remportée une nuit à l’Opéra de Lille. 

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Concours « Une nuit à l’Opéra » ©Hello Lille

La qualité et la bonne tenue régulière du site internet dédié au lieu patrimonial est aussi essentiel. En effet, un site internet proposant un contenu de qualité contribue à l’intérêt du public, selon la stratégie du click and mortar.

Comment éveiller l’attention des publics de proximité ?

Afin d’attirer les publics de proximité sur son territoire, il est aussi nécessaire de proposer des activités attractives. En effet, il convient de se rappeler pourquoi les individus voyagent, qu’est-ce qu’ils recherchent. Généralement, les vacances et voyages permettent aux touristes de se couper de leur quotidien, en découvrant un nouvel endroit. Les notions de nouveauté et de « coupure » sont fondamentales. Ainsi, le tourisme de proximité doit trouver comment apporter cela aux voyageurs, sans qu’ils ne quittent leur territoire.

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Dans un premier temps, le profil de la clientèle va influencer ses attentes :

– Les locaux ne pourront que très difficilement être surpris par un lieu : il convient donc de miser sur des animations et activités qui soient dépaysantes, surprenantes et enrichissantes.

– Les régionaux, qui pourront plus facilement découvrir un nouveau lieu et se couper ainsi de leur quotidien. Parfois, il suffit simplement de changer d’univers pour se sentir loin de chez soi.

Dans un second temps, voici quelques ingrédients indispensables pour éveiller l’intérêt du public :

– L’aspect découverte à travers des activités et expériences inédites, une visite particulière, une rencontre unique ;

– Le sur-mesure et « l’ultra-personnalisation », grâce à des activités entièrement personnalisables, plaçant les envies du public au cœur des offres.

Il convient aussi d’adapter son offre touristique à toutes les typologies de public, selon des critères économiques et pratiques. En effet, une famille n’aura pas forcément les mêmes envies qu’un couple sans enfant, ou qu’une personne seule. Prendre conscience de ces différentes typologies de publics et leur mode de consommation dans le patrimoine sont des prérequis essentiels.

Conclusion :

Le tourisme de proximité est un atout pour les territoires autant que pour les sites patrimoniaux et culturels. Principaux éléments d’attractivité, ces lieux attirent les publics. Diverses activités peuvent y être développées afin de répondre à la demande grandissante des touristes de proximité : hébergement, restauration, séjours thématiques, expériences ou activités culturelles, etc.

Pour un propriétaire ou un gestionnaire de site patrimonial souhaitant le promouvoir auprès des touristes de proximité, il est nécessaire de mettre en place une bonne campagne de communication ainsi que des partenariats avec les autres acteurs et institutions locales.

Pour aller plus loin :

Historique et enjeux actuels du patrimoine

Comment rendre utile le patrimoine français ?

Lancer des activités dans un site historique

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Voici le top 15 des biens français méconnus inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO !

Introduction :

Avec 49 biens inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO, la France se place en cinquième position des pays possédant le plus grand nombre de biens inscrits. Les quatre premiers du classement sont, respectivement,  l’Italie et la Chine, l’Espagne puis l’Allemagne. Outre les biens célèbres dans le monde entier comme le Mont Saint-Michel et sa baie ou le Palais et parc de Versailles, la France regorge de trésors patrimoniaux méconnus. 

Parmi ces biens, certains témoignent d’un savoir-faire, d’une histoire architecturale ou bien de l’œuvre de la nature. En effet, comme en témoigne le classement ci-dessous, les biens inscrits à l’UNESCO sont extrêmement variés. 

Les sites du patrimoine culturel inscrits à l’UNESCO

Les Fortifications de Vauban, quand le génie militaire crée la beauté

Entrées au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2008, les Fortifications de Vauban regroupent douze bâtiments fortifiés. Nées de l’imagination et du génie de Sébastien Le Pestre de Vauban, architecte militaire de Louis XIV, les fortifications complètent ainsi les défenses naturelles des villes. 

Villes neuves, citadelles, forts de montagne ou forts côtiers, les réalisations de Vauban sont variées et présentent toute une particularité architecturale remarquable. À titre d’exemple, voici quelques-unes des fortifications les plus célèbres :

– Le Verrou Vauban et la Citadelle de Blaye, formidable triptyque architectural ;

– La Citadelle de Besançon, site incontournable de la région Bourgogne-Franche-Comté ;

– La Citadelle d’Arras, qui accueille chaque année le mythique Main Square Festival.

Le port de la Lune à Bordeaux

Inscrit au patrimoine de l’UNESCO depuis 2007, le Port de la Lune est un quartier historique de Bordeaux, mêlant architecture classique et néo-classique. Tirant son nom du croissant de lune formé par la Gironde, le port de Bordeaux est surnommé « Port de la Lune » depuis le Moyen-Âge. En effet, le croissant de lune est même présent sur le blason de la ville !

La beauté du port a inspiré les artistes peintres, notamment Claude Joseph Vernet, peintre, dessinateur et graveur célèbre pour ses marines. En effet, il a réalisé deux vues du Port de la Lune, intitulées Port de Bordeaux du côté des Salinières et Deuxième vue du port de Bordeaux, prise du château Trompette, rappelant les vedute italiennes.

Deuxième vue du port de Bordeaux, prise du château Trompette, Claude Joseph Vernet

Le Phare de Cordouan, majestueuse sentinelle des mers

Veillant depuis quatre siècles sur l’estuaire de la Gironde, le phare de Cordouan fait son entrée au patrimoine mondial de l’UNESCO cette année. Il s’agit du second phare inscrit sur la prestigieuse liste, après le phare de La Corogne en Espagne !

Surnommé « Le phare des rois », le phare de Cordouan se distingue des autres phares par son architecture grandiose et remarquable. Pensé à la fois comme un ouvrage de signalisation maritime et le digne hériter des anciennes Merveilles du monde, le phare de Cordouan est un édifice de la plus haute ambition artistique. En effet, de grands travaux jalonnent l’histoire de ce phare, qui est un témoin précieusement préservé de plusieurs périodes architecturales.

Initié au XVIème siècle par Henri III, le projet de construction du phare est confié à l’architecte Louis de Foix avec un objectif : faire de ce phare une œuvre royale. À la mort d’Henri III, Henri IV reprend le flambeau et transforme le phare en un symbole du pouvoir royal. Sculptures et boiseries agrémentent les murs, et le phare possède même une chapelle royale. 

Le phare de Cordouan prend sa forme actuelle au XVIIIème siècle, lorsque l’architecte Jospeh Teulère le surélève afin d’en améliorer l’éclairage. De nos jours, le phare continue de guider les marins naviguant dans l’estuaire de la Gironde.

L’Abbatiale de Saint-Savin sur Gartempe, « L’audacieuse du Poitou »

Surnommée « L’audacieuse du Poitou », l’abbaye de Saint-Savin sur Gartempe est un trésor exceptionnel abritant le plus grand ensemble de peintures murales d’Europe (XIème-XIIème siècle). En effet, ces peintures murales uniques au monde, mêlant richesse et diversité iconographique, participent à la renommée de l’abbaye, qui fût inscrite à l’UNESCO en 1983. Par exemple, la voûte de la nef représente à elle seule 460m2 de surface peinte, à plus de 17 mètres du sol.

Véritable laboratoire d’innovations au fil des siècles, l’abbaye continue à innover en proposant des outils numériques à ses visiteurs, comme une tablette numérique incluse dans les visites libres. De tels outils sont en effet indispensables pour ancrer le patrimoine dans une démarche de médiation accessible à tous. 

De plus, en temps de crise sanitaire, développer des outils digitaux permets aussi de maintenir le lien entre le public et le lieu.

Abbaye cistercienne de Fontenay, célèbre décor de cinéma

Classée Monument Historique, l’Abbaye cistercienne de Fontenay est la plus ancienne abbaye cistercienne conservée au monde. Fondée au XIIème siècle par Saint-Bernard de Clairvaux, son incroyable état de conservation permet au visiteur de se projeter dans l’idéal de vie cistercien d’une vie sobre. Pour cela, l’abbaye est protégée à l’UNESCO depuis 1981.

De plus, la beauté des lieux a inspiré le cinéma. Ainsi, l’abbaye a accueilli le tournage de films culte :

– Les Trois Mousquetaires de Bernard Borderie (1961) ;

– Cyrano de Bergerac, de Jean-Paul Rappeneau, avec Gérard Depardieu (1990).

Accueillir un tournage de cinéma au sein d’un lieu patrimonial est une excellente manière de rentabiliser l’espace tout en le valorisant auprès du grand public. C’est aussi une démarche marketing, qui permet de communiquer sur l’existence d’un lieu et de donner envie aux spectateurs d’aller le visiter par la suite. Par exemple, en région Auvergne-Rhône-Alpesles touristes ont pu découvrir les lieux de tournages du film Kaamelott, produit par Alexandre Astier en 2021.

Les chemins de Saint-Jacques de Compostelle en France, célèbre pèlerinage

Tout au long du Moyen-Âge, Saint-Jacques de Compostelle fut la destination la plus importante pour de nombreux pèlerins venus de toute l’Europe. Jalonnés de monuments historiques et d’édifices religieux remarquables, les Chemins de Saint-Jacques de Compostelle demeurent un pèlerinage phare.

Fait amusant, des coquilles Saint-Jacques balisent les chemins et guident les pèlerins. Réputé durant l’Antiquité pour lutter activement contre la sorcellerie et le mauvais sort, le coquillage s’est imposé comme attribut de l’apôtre Saint-Jacques, qui lui donna son nom.

Une coquille Saint-Jacques balisant le chemin

De nos jours, plusieurs raisons différentes motivent les pèlerins à parcourir les chemins de Saint-Jacques de Compostelle. En effet, une étude réalisée en 2015 démontre que :

– 54% des pèlerins le font pour un motif spirituel, afin de se ressourcer ;

– 38% des pèlerins invoquent un motif religieux ;

– Et 8% des pèlerins parcourent les chemins pour des raisons sportives ou touristiques.

Voici quelques sites emblématiques parmi les lieux patrimoniaux qui jalonnent les routes des chemins de Compostelle :

– La basilique Saint-Sernin de Toulouse, emblème de la ville ;

– La cathédrale Notre-Dame d’Amiens, joyau de l’art sacré gothique.

Vue de la Basilique Saint-Sernin de Toulouse

Ayant joué et jouant encore un rôle essentiel dans les échanges et le développement culturels et religieux, les Chemins de Saint-Jacques de Compostelle sont protégés à l’UNESCO depuis 1998.

Les coteaux, maisons et caves de Champagne

Répartis entre les régions Grand-Est, Haut-de-France et Île-de-France, les coteaux, maisons et caves de Champagne sont protégés à l’UNESCO depuis 2015. Constituant un paysage agro-industriel caractéristique, le bien comprend donc trois zones cœur :

– Les coteaux historiques de Cumières à Mareuil-sur-Aÿ ;

– L’Avenue de Champagne à Épernay ;

– La Colline Saint-Nicaise à Reims.

Coteaux de champagne

À cela s’ajoute une vaste zone d’engagement composée de 320 villes et villages formant l’écrin du Bien, ainsi que de nombreux attributs remarquables illustrant sa valeur universelle exceptionnelle.

Caves de maturation du champagne

À l’instar de la gastronomie ou de l’œnologie, le champagne est un emblème de la France aux yeux du monde. Grâce à la protection de son appellation, le champagne ne peut être produit que dans la région éponyme, renforçant son caractère exceptionnel. 

Lorsque le moine Dom Pierre Pérignon donna naissance au premier champagne, il dit à ses frères : « Venez mes frères, vite, je bois des étoiles ! ». Depuis, les vignerons de champagne produisent l’élixir des étoiles selon un savoir-faire unique et minutieux, qui a impacté l’urbanisme et l’architecture.

Associée à la célébration et la joie, la prestigieuse boisson passionne au-delà des frontières. En effet, à l’international, les britanniques et les américains sont les premiers amateurs de champagne.

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Et comme le disait George Sand « le champagne aide à l’émerveillement » !

Les climats du vignoble de Bourgogne

À l’instar du champagne, les vins de Bourgogne et leur méthode de production ont impacté leur lieu de production. Les climats du vignoble de Bourgogne, entrés à l’UNESCO en 2015, témoignent de ce lien unique. 

Climat bourguignon

Mais qu’est-ce qu’un « climat » en Bourgogne ? Il s’agit d’un terme spécifiquement bourguignon utilisé pour exprimer le terroir viticole. Chaque climat correspond en réalité à une parcelle de vigne qui possède son nom, son histoire, son goût et sa place dans la hiérarchie des crus. Il existe plus de 1 000 climats en Bourgogne, dont le célèbre château du Clos de Vougeot.

Château du Clos de Vougeot

Les Causses et les Cévennes, paysage culturel de l’agro-pastoralisme méditerranéen

S’étendant au sud du Massif Central sur les régions Occitanie et Auvergne-Rhône-Alpes, les Causses et les Cévennes forment un paysage remarquable. Entre montagnes et profondes vallées, ce territoire jalonné de villages et grandes fermes en pierre possède un caractère authentique unique. 

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Les Causses (à gauche) et les Cévennes (à droite)

Les Causses et les Cévennes sont entrées à l’UNESCO en 2015, en tant que paysage culturel de l’agro-pastoralisme méditerranéen. L’agro-pastoralisme est un ensemble de pratiques agricoles alliant l’élevage et les cultures qui y sont associées pour nourrir les troupeaux. 

Depuis des siècles, l’agro-pastoralisme façonne les paysages et la biodiversité des Causses et des Cévennes.

La production du sel ignigène

Protégé à l’UNESCO depuis 1982, ce bien concerne la production du sel ignigène, de la Grande Saline de Salins-les-Bains à la Saline Royale d’Arc-et-Senans. En effet, ces deux édifices majeurs dans l’histoire de la production du sel ignigène se trouvent en région Bourgogne-Franche-Comté.

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Saline Royale d’Arc-et-Senans

Le sel ignigène est issus d’une très ancienne technique reposant sur la cristallisation du sel par l’évaporation de saumure. Le terme « ignifère » vient d’ignis, signifiant « le feu ». En effet, dès le néolithique, l’eau de mer ou la saumure étaient mises à cuire dans des récipients, au-dessus du feu.

La Grande Saline de Salins-les-Bains fut active pendant plus d’un millénaire, jusqu’en 1962. De 1780 à 1895, son eau salée était cheminée par des saumoducs jusqu’à la Saline Royale d’Arc-et-Senans. La Grande Saline abrite une galerie souterraine exceptionnelle datant du 13ème siècle. 

Témoin exceptionnel de la production du sel ignifère, ce bien raconte l’histoire des hommes et femmes qui pendant 1 200 ans se sont succédé pour produire le précieux or blanc selon cette méthode particulière.

Les sites préhistoriques et grottes ornées de la Vallée de la Vézère

Composé de 15 sites préhistoriques, 147 gisements et 25 grottes ornées, les sites préhistoriques et grottes ornées de la Vallée de la Vézère forment un bien culturel exceptionnel. 

Situées en Nouvelle-Aquitaine, les grottes ornées possèdent un intérêt esthétique, ethnologique et anthropologique remarquable. En effet, la plus célèbre d’entre elles est la grotte de Lascaux, dont la découverte en 1940 marque un tournant dans l’histoire de l’art préhistorique.

Certains des ensembles figurés présents dans ces grottes sont mondialement connus, considérés comme des chefs d’œuvres de l’art préhistorique :

– La Vénus de Laussel, trouvée en 1911 dans l’abri du même nom ;

– L’intégralité des peintures pariétales de la grotte de Lascaux, représentant une centaine de figures animalières avec un niveau de détails et d’esthétisme impressionnant. 

Les sites préhistoriques et grottes ornées de la Vallée de la Vézère sont un matériel infiniment précieux pour la connaissance des périodes les plus reculées de l’histoire de l’humanité.

Les sites palafittiques préhistoriques autour des Alpes

Inscrit à l’UNESCO en 2011, les sites palafittiques préhistoriques autour des Alpes sont un bien dit « en série ». Un bien « en série » comportent deux zones ou d’avantages qui ne sont pas reliées physiquement. 

Les sites palafittiques préhistoriques autour des Alpes rassemblent 111 sites, où se trouvent des vestiges d’établissements préhistoriques sur pilotis. Datant d’environ 5 000 ans jusqu’à 500 ans avant Jésus Christ, ils sont situés sous l’eau, sur les bords de lacs, de rivières ou de terres marécageuses.

La France partage donc ce bien avec d’autres pays : la Suisse, l’Allemagne, l’Autriche, l’Italie et la Slovénie.

Les sites du patrimoine naturel inscrits à l’UNESCO

Le Golfe de Porto en Corse

Ce bien, composé du Golfe de Porto et de Girolata, des Calanches de Piana et de la réserve de Scandola est entré à l’UNESCO en 1983. Incroyable patrimoine naturel, le lieu inspira d’ailleurs le célèbre écrivain Guy de Maupassant dans Le Monastère de Corbara :

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« Je m’arrêtais d’abord stupéfait devant ces étonnants rochers de granit rose, hauts de quatre cents mètres, étranges, torturés, courbés, rongés par le temps, sanglants sous les derniers feux du crépuscule et prenant toutes les formes comme un peuple fantastique de contes féériques, pétrifié par quelque pouvoir surnaturel […] les calanches de Piana sont une des merveilles de la Corse ; on peut dire, je crois, une des merveilles du monde. »

Tableau naturel d’une rare beauté, ce patrimoine naturel abrite une faune et une flore préservées et caractéristiques de la région. C’est un paysage exceptionnel façonné par l’œuvre du temps et de l’érosion.

Les lagons de Nouvelle-Calédonie

Inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2008, les lagons et récifs coralliens de Nouvelle-Calédonie sont des exemples exceptionnels d’écosystèmes diversifiés. En effet, ils forment l’un des trois systèmes récifaux les plus étendus du monde, abritant une incroyable variété d’espèces de coraux et de poissons.

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Des récifs vivants aux récifs fossiles plus anciens, les lagons de Nouvelle Calédonie sont une source d’information importante sur l’histoire naturelle de l’Océanie. 

Les pitons, cirques et remparts de l’Île de la Réunion

Situés sur l’archipel des Mascareignesles pitons, cirques et remparts de l’Île de la Réunion forment un bien unique, entré à l’UNESCO en 2010. Il s’agit d’un paysage spectaculaire, composé de deux imposants pics volcaniques, de murailles massives et de trois cirques bordés de falaises.

Ce bien protège des secteurs-clés d’un centre mondial reconnu de diversité des plantes.

Conclusion : 

En conclusion, tous les biens présentés dans cet article partagent une valeur patrimoniale universelle, témoin des évolutions de l’humanité et de la Terre au fils des siècles. En effet, qu’ils s’agissent de lieux naturels laissés intacts par l’Homme ou, au contraire, façonnés par la vie humaine, tous participent à la connaissance de l’Homme et de son histoire.

Pour aller plus loin :

Quelles protections pour valoriser le patrimoine ?

Les enjeux de la sauvegarde du patrimoine français

Comment rendre utile le patrimoine français ?

La France au patrimoine mondial de l’UNESCO

Dans cet article, Hephata présente quelques initiatives des acteurs du patrimoine pour le dynamiser à l’ère du covid.

L’important à retenir de cet article : 

Bien que la crise sanitaire impacte le secteur culturel, et par extension le patrimoine, c’est aussi l’opportunité pour les sites patrimoniaux de se réinventer. En étudiant les changements sociétaux liés à la crise du covid-19, en appréhendant la nouvelle ère liée à l’arrivée du covid avec créativité, le patrimoine peut renaitre. Diversifié, il regorge d’atouts pour permettre aux sites historiques de survivre à la crise. 

Ce qu’il faut retenir : 

– La crise sanitaire a eu et aura un impact sur la société, et par extension la culture qui va devoir se réinventer ;

– Il faut utiliser des biais détournés et adapter son activité pour permettre au public de revenir dans les lieux culturels ;

– Le patrimoine possède des atouts lui permettant de survivre en temps de crise.

Introduction : 

La crise sanitaire liée au covid-19 impacte de nombreux secteurs professionnels, parmi lesquels le secteur culturel. En stand-by depuis près d’un an, la culture souffre de divers maux liés à la pandémie : baisse de fréquentation, voir impossibilité d’accueillir du public dans certains cas, et pertes économiques. 

Selon une étude réalisée par le ministère de la culture, le patrimoine est l’un des secteurs de la culture qui sera le plus impacté par cette crise. Pour pallier à cela, certains acteurs du patrimoine ont mis en place des initiatives innovantes, en s’appuyant sur les outils à leur disposition. Ils ont aussi su appréhender la crise sanitaire et saisir de nouvelles opportunités. 

1. Adapter son activité pour continuer à accueillir le public en présentiel à l’ère du covid

Le numérique est un excellent outil de promotion et de valorisation. Cependant, il n’apporte ni bénéfices économiques directs ni lien social. 

Pour le moment, les visites de lieux culturels ne sont pas autorisées. Néanmoins, des activités restent autorisées. C’est le cas de l’hôtellerie qui reste la solution la plus rentable, d’autant qu’elle est autorisée même en temps de confinement. À l’ère du covid, une activité particulière voit le jour : proposer une offre hôtelière pour le télétravail. L’idée est d’offrir aux salariés pratiquant le télétravail un cadre idéal, calme et reposant. 

Le télétravail est le grand changement impulsé par la pandémie. Alors que la formule du télétravail existe depuis plusieurs années, elle n’a jamais été aussi pratiquée qu’aujourd’hui. Possédant un grand nombre d’avantages, beaucoup d’individus envisagent de continuer à pratiquer le télétravail de temps en temps, même lorsqu’un retour au bureau sera possible.

Cependant, le télétravail présente des désavantages, comme la monotonie ou l’angoisse liée à l’enfermement.

À l’ère du covid, le patrimoine regorge d’atouts pour offrir une expérience inédite aux adeptes du télétravail.

S’échapper au Château de Quinéville pour télétravailler

Le Château de Quinéville dans le Cotentin souhaite faire du télétravail une expérience à part entière. Disposant d’un patrimoine historique et naturel impressionnant, le Château possède des atouts non négligeables en temps de crise. En effet, les individus ressentent de plus en plus le besoin de sortir de leur quotidien, de prendre l’air et profiter des merveilles que la nature a à offrir. 

Dans cet optique, le château propose des séjours à destination des télétravailleurs, adaptés à leurs besoins : chambres toutes équipées avec bureau spécialement aménagé, accès internet haut débit, wifi … Tout est fait pour offrir un véritable confort de travail. 

Par ailleurs, le château se charge des repas, du petit déjeuner au dîner, concoctés avec des produits frais et locaux.

Le Château de Quinéville propose deux modèles d’offres : 

– La location à la semaine, au tarif de 750€ par personne en tout inclus ;

– La location au mois, au tarif de 2750€ par personne en tout inclus.

Situé sur un vaste domaine de quatre hectares, le château dispose d’un patrimoine naturel idéal pour s’aérer l’esprit. Parc, piscine, étang, jardin biologique et serre, les extérieurs du château sont variés. La plage à 800 mètres vient compléter l’offre. 

Expérimenter le télétravail grâce au Château de Craon

Surnommé « Le Petit Versailles de la Mayenne », le Château de Craon est un palais à l’architecture classique du 18ème, situé en pleine campagne. Au cœur de 47 hectares de terrain, le Château de Craon s’est lancé dans l’hébergement à destination des télétravailleurs.

Habituellement, le château accueille des touristes dans ses chambres d’hôtes et gîtes. Désormais, le château adapte son offre pour recevoir aussi des télétravailleurs grâce à la mise à disposition en libre accès de la wifi, gratuite et illimitée. En termes d’hébergements, le lieu propose : 

– Trois gîtes dispersés sur le domaine ;

– Six chambres d’hôtes à l’intérieur du château.

Le château de Craon dispose aussi d’un restaurant pour la confection des repas.

Le château dispose d’équipements de loisirs et de bien-être qui lui permettent de se démarquer. En venant au château de Craon, les télétravailleurs pourront faire des pauses en profitant des activités extérieures :

– Se promener dans le jardin à la française ;

– Faire un footing au sein du parc à l’anglaise ;

– Découvrir le petit patrimoine qui décore les extérieurs du domaine : glacière, fournil, pigeonnier et lavoir.

– Pratiquer le yoga sur la terrasse du domaine ou dans les jardins.

Grâce à la richesse de son patrimoine historique et naturel, ses équipements et services mis à la disposition des clients, le Château de Craon est un lieu idéal pour pratiquer le télétravail. Le lieu a su tirer avantage de la situation en valorisant ses atouts, à destination d’une nouvelle clientèle. 

2. La solidarité entre acteurs du patrimoine pour survivre à l’ère du covid

Alors que le patrimoine est durement touché par la crise sanitaire, la solidarité entre propriétaires et gestionnaires de sites historiques peut donner naissance à des initiatives intéressantes.

« Les châteaux privés de Haute-Loire ouvrent leurs portes »

En Haute-Loire, quelques propriétaires de châteaux privés se sont ainsi regroupés avec deux objectifs communs : 

– Valoriser le patrimoine local ;

– Réussir à faire venir plus de visiteurs, lorsque les règles sanitaires le permettront.

Adhérents à La Demeure Historique, ils travaillent ensemble pour valoriser leurs monuments. Dans cet objectif s’est déroulé à l’été 2020 l’évènement « Les châteaux privés de Haute-Loire ouvrent leurs portes », porté par le groupe de propriétaires, à l’initiative de la délégation départementale de La Demeure Historique.

C’est dans ce cadre qu’Arkhes, studio de communication spécialisé dans le patrimoine géré par Juliette Crouzet, a été créé.

Afin de mettre en valeur l’initiative collective des propriétaires et leurs châteaux, Arkhes met à leur disposition plusieurs outils et savoir-faire : 

– Flyers ;

– Dépliants, avec la création d’un prospectus commun aux treize châteaux ;

– Création de sites internet et community management.

Le studio de communication crée pour les châteaux de outils de communication offline et online, c’est-à-dire à la fois papier et digitale. Cependant, avec l’évolution de la situation, il pourrait être judicieux d’envisager d’axer d’avantage sa communication et la diffusion de l’information autour du numérique et du digital, afin d’éviter la manipulation de papier.

Pour se faire, le secteur du patrimoine pourrait s’inspirer des restaurants et des bars, qui avaient mis en place dès leur réouverture des menus sous forme de QR code, scannés par les clients grâce à leurs téléphones. Cette solution est adaptable aux châteaux et divers lieux patrimoniaux, qui peuvent ainsi digitaliser leurs flyers et dépliants.

Le groupe est ouvert à tous les propriétaires de la région, pour peu qu’ils soient prêts à ouvrir leur porte pour accueillir du public. C’est la seule condition pour rejoindre le groupe, qui pourrait devenir un réseau local de lieux à découvrir. 

3. Le numérique ou comment valoriser le patrimoine en distanciel

À l’ère du covid, à cause des divers confinements et mesures sanitaires, les lieux patrimoniaux peuvent être fermés pendant de longues périodes et ne recevoir donc aucun public, à moins de proposer un service d’hôtellerie. Pour les lieux dont ce n’est pas l’activité, il est nécessaire de trouver une autre solution pour continuer à exister auprès du public. 

Les outils numériques et digitaux sont des atouts pour valoriser un lieu et en faire la promotion auprès du grand public. Le numérique est accessible de tous et depuis l’intérieur des foyers. Cela permet de pallier l’interdiction de présentiel dans un cadre culturel ou de loisir. 

La communication digitale est un premier palier, une ressource déjà existante pour de nombreux sites historiques. À portée de main, la communication digitale passe principalement par l’animation des réseaux sociaux. 

Un réseau est souvent oublié des propriétaires de patrimoine, il s’agit de YouTube. Pourtant, le format du réseau est idéal. En effet, grâce aux vidéos, le propriétaire ou gestionnaire du lieu peut créer des visites virtuelles, des conférences, des vidéos thématiques, …. 

Découvrir le patrimoine du Domaine de Chantilly depuis son canapé

Les vidéos sont comme des échantillons, qui suscitent ou entretiennent l’intérêt du public pour un lieu, lui donnant par la suite l’envie de s’y rendre lorsque cela sera de nouveau possible. Ainsi, créer un panel de vidéos thématiques mettant en valeur son site historique permet d’en faire la promotion en attisant la curiosité du public.

Le Domaine de Chantilly dans les Hauts-de-France utilise beaucoup ses ressources numériques. Chaque mardi depuis avril 2020, le conservateur du patrimoine au musée de Condé, Mathieu Deldicque, réalise des vidéos thématiques. Diffusées sur les réseaux sociaux et la chaine YouTube du domaine. Les vidéos mettent en avant tour à tour une salle du château, une œuvre ou un pan de l’histoire du musée. 

Grâce à ces vidéos, le Domaine de Chantilly maintient l’intérêt du public tout en lui offrant des contenus exclusifs. La chaine propose des visites privées ou des ballades inédites dans un château complètement vide. De cette manière, le patrimoine continue d’exister et d’intriguer en s’adaptant aux enjeux de l’ère du covid.

Découvrir un lieu en vidéo présente des avantages :

– Le visiteur peut pleinement profiter de la beauté du lieu, sans l’afflux de touristes qui dénature parfois l’espace ;

– N’importe qui peut profiter des vidéos, du néophyte au connaisseur, en prenant son temps.

Accessible n’importe où grâce à son téléphone ou son ordinateur, les réseaux sociaux sont un atout non négligeable pour maintenir un lien avec le public. En effet, une personne qui aura développé un intérêt virtuel pour un site historique sera plus à même de s’y rendre ensuite. De plus, cette personne sera prête à dépenser dans la boutique du lieu ou pour une visite guidée.

Le patrimoine pour les enfants : le conte virtuel made-in Chambord

Les outils numériques permettent aussi de s’adresser à un public plus jeune en développant un contenu plus créatif. Pour cela, il est idéal d’inclure une part d’imaginaire, alliant découverte, émerveillement et apprentissage.

Dans cet objectif, Virginie Berdal, chargée de recherches à la Direction du patrimoine et de la programmation culturelle au Domaine de Chambord, a créé un conte pour enfant intitulé « Jehan et le grand chêne ». Ce dernier est inspiré de l’histoire de Chambord et de la Marine royale au 18ème siècle. Le conte s’est d’abord décliné sur les réseaux sociaux et la chaîne YouTube du Domaine de Chambord.

Domaine de Chambord

Le conte suit l’histoire d’un jeune garçon de 8 ans, vivant dans une ferme du parc de Chambord au 18èmesiècle. L’âge du personnage principal permet aux enfants de s’identifier à lui, ce qui leur permet de rentrer plus aisément dans l’histoire. Grâce à ce conte, richement illustré, documenté et suivi d’un petit documentaire, le Domaine de Chambord peut raconter son histoire à un jeune public, parfois moins accessible.

De plus, pendant le premier confinement les enfants ont été très isolés. Leur donner accès à ce type de contenu leur permet de s’évader, de rêver et de faire face à une période compliquée. À l’ère du covid, la culture et le patrimoine sont des acteurs essentiels pour continuer à rêver.

Le succès du conte est tel qu’il a été décliné sous forme de podcast. Puis, il a été autoédité au format papier par le Domaine de Chambord. L’initiative virtuelle a donné naissance à une nouvelle activité économique pour le Domaine, à travers la vente de l’album imprimé. Afin de se différencier du contenu virtuel, l’album contient des illustrations inédites.

Le conte pour enfant est aussi un atout pour attirer des familles sur son site historique. En effet, le conte suscite chez l’enfant un intérêt et de la curiosité pour le lieu. Il aura donc envie d’y aller pour marcher sur les traces du personnage principal.

Conclusion

La pandémie a impacté les secteurs touristique et culturel, et plus globalement la société. Les besoins et habitudes des individus ont changé. Afin de faire face à la crise, les propriétaires ou gestionnaires de lieux patrimoniaux doivent prendre en compte ces changements et les nouvelles attentes du public.

Pour cela, les gestionnaires de lieux patrimoniaux peuvent s’appuyer sur les ressources déjà à leur portée. Ils peuvent aussi transformer leurs offres afin de viser un nouveau public, en adaptant leur activité.

Pour aller plus loin : 

Historique et enjeux actuels du patrimoine

Installer une structure éphémère à proximité de son château

Quels financements pour lancer une activité touristique ?

Dans cet article, Hephata présente les différentes activités liées à l’oenotourisme pour découvrir le patrimoine. 

L’important à retenir de cet article : 

Le patrimoine français est varié et ne se limite pas au patrimoine bâti. L’œnotourisme met en avant différentes facettes du patrimoine : naturel, bâti, culturel et immatériel.

La France regorge d’atouts pour le développement de l’oenotourisme, dont l’impact économique positif est d’ores et déjà reconnu par les acteurs du tourisme. 

Ce qu’il faut retenir : 

– L’oenotourisme et le patrimoine sont intimement liés

– L’oenotourisme permet d’élargir son activité et d’attirer une nouvelle clientèle

– En temps de pandémie, alors que les frontières se ferment et qu’il est difficile de voyager à l’étranger, se positionner sur la thématique de l’oenotourisme est une réelle opportunité 

Introduction : 

Le patrimoine français est riche. Au-delà du patrimoine bâti, la France regorge de patrimoine naturel, culturel et immatériel. L’œnologie est l’un de ces patrimoines réputés dans le monde entier. En effet, trois vignobles français sont classés par l’UNESCO : Saint Emilion, la Champagne et la Bourgogne.

L’attrait pour ce savoir-faire ancestral et la curiosité des voyageurs ont participé à faire émerger depuis plusieurs années une nouvelle forme de tourisme centré sur l’activité viticole : l’oenotourisme. Cet intérêt porté par les touristes est grandissant. 

L’agence de développement touristique française Atout France comptabilisait en 2016 plus de 10 millions de touristes dans ce secteur, contre 7,5 millions en 2009. En termes économiques, l’oenotourisme génère 5,2 milliards d’euros de recettes / an. C’est un atout majeur pour les acteurs du territoire puisqu’il le structure  par des retombées économiques à court comme à long terme.

En France, l’oenotourisme fonctionne très bien. Le vin fait partie du patrimoine français et la France est reconnue à l’internationale pour ses excellents breuvages et ses savoir-faire. Selon les études d’Atout France, près de 60% des oenotouristes sont français. Les 40% restant sont composés principalement de voyageurs européens, venant majoritairement de pays frontaliers comme la Belgique et l’Angleterre. 

1. L’oenotourisme : faire découvrir des savoir-faire ancestraux

L’oenotourisme révèle les richesses des territoires français et permet aux voyageurs, étrangers ou non, de les découvrir. En France, le vignoble est présent dans de nombreuses régions. Chacune d’entre elle possède ses spécificités, autant en termes de culture, de paysage que d’architecture.

Par ailleurs, l’oenotourisme peut etre pratiqué en séjour de courte ou longue durée ainsi qu’en itinérance.

L’oenotourisme itinérant, découvrir une région au gré des vignobles

L’oenotourisme se prête particulièrement bien au tourisme en itinérance, permettant ainsi de découvrir plusieurs domaines viticoles et les subtilités de chaque terroir. Parmi les routes des vins célèbres, prenons l’exemple de la « Route des Vins d’Alsace », récemment labellisée Vignobles & Découverte. Cette dernière peut se parcourir grâce à des moyens de transports collectifs (bus), en voiture ou en vélo pour les voyageurs adeptes de cyclotourisme, mode de slow tourisme fort apprécié.

La « Route des Vins d’Alsace » parcourt 170km de territoire piémont viticole, du Nord au Sud, de Marlenheim à Thann.  Assurément, c’est un pilier du rayonnement de la région alsacienne. Créée dès le début des années 1950, la Route des Vins d’Alsace est une destination complexe, composées de diverses offres : 

– Sentiers viticoles ;

– Rallyes dans les vignobles ;

– École des vins ;

Sans compter les nombreux domaines viticoles proposant des activités de découverte, des visites de caves suivies de dégustation, de la restauration ainsi que des hébergements.

Vignes et villages d’Alsace

L’évènement national « Pique-Nique chez le Vigneron Indépendant » se déroule depuis 25 ans dans la région alsacienne. Ayant lieu pendant trois jours, le principe est le suivant : aller déjeuner chez un vigneron en apportant son panier repas. 

Les « Vins du Val de Loire au fil de l’eau » : vins, croisière et patrimoine

Le « Pays des châteaux » est aussi le pays du vin. À bord d’une touée cabanée, embarcation fluviale typique de la Loire,  le voyageur découvre les merveilles du patrimoine bâti, naturel et immatériel de la région Centre Val de Loire.

En compagnie d’un vigneron, parfois aussi capitaine du bateau, les touristes dégustent produits du terroir et vins des domaines locaux.

Cet itinéraire regroupe différents circuits fluviaux, parmi lesquels la « Toue de Nantes » et la balade « Régal Vigneron ». Tout en naviguant sur l’Erdre, la plus belle rivière de France selon François 1er, les voyageurs peuvent ainsi échanger avec un vigneron du vignoble nantais.

Au cœur de l’Anjou, Loire Vins Aventure propose des excursions sur la Loire à bord de l’Etoile qui Rit, qui se décline en trois offres dont « La Loire Pittoresque ». Au départ de Montsoreau jusqu’à Saint Germain sur Vienne, les voyageurs ont alors l’occasion de découvrir villages et châteaux, comme celui de Montsoreau, transformé en musée d’art contemporain.

En complément des excursions, Loire Vins Aventure propose restauration et dégustation de vins du Domaine des Champs Fleuris. Les touristes peuvent alors découvrir patrimoine bâti et patrimoine naturel , pour une expérience unique.  

2. L’oenotourisme : dynamiser l’évènementiel

L’œnologie entretient des liens étroits avec le patrimoine. Considérée elle-même comme un patrimoine immatériel, l’œnologie implique aussi le patrimoine naturel à travers les vignobles et le patrimoine historique via les différents monuments des domaines viticoles.

L’oenotourisme s’adresse à tous les publics, des néophytes aux passionnés. De nombreuses activités permettent de découvrir cet univers en famille, entre amis ainsi que dans le cadre de l’entreprise.

Rouge aux lèvres : agence spécialisée dans l’évènementiel œnologique auprès des entreprises

Créée par Margot Durancel, sommelière, journaliste et influenceuse vin, l’agence Rouge aux lèvres organise des évènements autour du vin pour les entreprises et leurs clientèles. Composée de sommeliers juniors et de sommeliers séniors, l’agence organise des masterclass, des dîners et voyages œnologiques, et propose la mise en place de bar à thèmes lors de cocktails professionnels.

Pour organiser ses évènements, l’agence dispose d’un carnet d’adresse exclusif composé de lieux prestigieux, parfois secrets, et souvent fermés au public. Pour les propriétaires ou gestionnaires de lieux patrimoniaux remarquables, accueillir un évènement œnologique haut de gamme peut être un bon moyen de développer son réseau tout en préservant son intimité.

En temps de pandémie, l’agence propose à ses clients des « E@Degustation », « les Virtual Wine Tour », sorte de masterclass à domicile en visioconférence. Pour se faire, l’agence se charge de tout organiser : la conception du coffret, la livraison auprès des clients et l’expérience digitale avec un sommelier de l’agence. Un format évènementiel intéressant en période de crise sanitaire !

La plateforme Visit French Wine, véritable guide oenotouristique recensant les acteurs du secteur

La plateforme Visit French Wine recense des dizaines d’activités, d’expériences et de lieux pour partir faire de l’oenotourisme. Le site permet de chercher une expérience personnalisée répondant à différents critères. Parmi les diverses expériences répertoriées et valorisées par la plateforme, nombreuses sont celles qui mêlent oenotourisme et patrimoine.

Grâce à une telle plateforme, un gestionnaire de site historique peut s’inspirer d’expériences existantes, analyser la concurrence locale et se positionner. Si son activité est recensée par la plateforme, c’est aussi un atout de visibilité non négligeable.

La Maison Rémy Martin à Cognac : le spiritourisme, petit frère de l’oenotourisme

Bien que l’oenotourisme soit principalement axé sur le vin, la France possède un autre savoir-faire : les spiritueux. Le cognac est l’une des eaux-de-vie les plus appréciées dans le monde. D’ailleurs, les savoir-faire de l’élaboration du cognac sont inscrits à l’inventaire du patrimoine culturel immatériel français, première étape avant le classement au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO.

La Maison Rémy Martin à Cognac, labellisée Entreprise du Patrimoine Vivant, est l’une des plus prestigieuses maisons de cognac. Fondée en 1724, le savoir-faire de la maison repose sur une distillation traditionnelle et l’utilisation de produits de grandes qualités. D’ailleurs, la Maison propose un large choix d’activités touristiques axées sur la gastronomie, la découverte du patrimoine et des savoir-faire. 

L’intérêt pour les grandes maisons de spiritueux grandit en France, donnant naissance à une nouvelle forme de tourisme complémentaire de l’oenotourisme : le spiritourisme. Pour les propriétaires de lieux patrimoniaux, créer des évènements en lien avec l’oenotourisme ou le spiritourisme est le moyen d’attirer une nouvelle clientèle.

Afin d’impliquer encore plus le touriste dans la découverte des vignobles, la plateforme Visit French Wine recense aussi des activités dans la veine de l’agritourisme. L’agritourisme, forme de tourisme à la ferme, propose aux voyageurs de découvrir les savoir-faire agricoles. Dans l’oenotourisme, ce sont les savoir-faire viticoles qui sont mis en avant, notamment les vendanges.

Le Château Guipière, entre vendanges et séminaires d’entreprises

Situé à quelques kilomètres de Nantes dans le vignoble du muscadet, le Château Guipière propose une salle de réunion jouxtant le chai. Pour les séminaires se déroulant au mois de septembre, c’est l’occasion pour les visiteurs d’expérimenter l’art des vendanges en pratiquant cette activité l’après-midi.

Vignes en automne
L’expérience « Vendanges » au Château de Pommard

En Bourgogne, les curieux sont invités à venir observer, apprendre et participer aux vendanges du Château de Pommard. Après avoir découvert la méthode de récolte traditionnelle, c’est le moment de déguster des spécialités de la gastronomie bourguignonne tout en savourant des vins typiques de la région. Les activités proposées au château de Pommard sont idéales pour le team-building et les séminaires d’entreprises.

Château de Pommard

Ne disposant pas d’une offre d’hébergement, le château a cependant mis en place un système de conciergerie afin d’accompagner au mieux leur clientèle dans la préparation de leur séjour en Bourgogne. 

Il serait judicieux pour un propriétaire ou gestionnaire de site historique, situé à proximité d’un domaine viticole, de servir d’hébergement partenaire pour les vignobles ne proposant pas ce service, à l’instar du Château de Pommard. 

3. L’oenotourisme : offrir des lieux d’hébergements ressourçant pour des séjours uniques

Que ce soit pour un séjour de courte durée dans le cadre d’un circuit touristique ou pour un séjour de longue durée, les domaines viticoles sont des lieux d’accueil privilégiés. Idéalement situés au cœur des vignes, les hébergements touristiques dans les domaines viticoles permettent aux touristes d’être plongés en immersion dans la vie des vignerons . L’espace d’un instant, le voyageur plonge dans une nature exceptionnelle et découvre des savoirs-faire ancestraux.

Il est donc judicieux, lorsque cela est possible, de proposer une offre d’hébergement au sein de son vignoble. Gîtes de France réalise un classement par « épis », à l’instar des étoiles pour les hôtels et restaurants. Cette classification s’applique à différents types d’hébergements :

– Les gîtes, classés de 1 à 5 épis ;

– Les gîtes de groupe, de 1 à 4 épis ;

– La chambre d’hôtes, de 1 à 5 épis ;

– Les campings et chalets, de 1 à 4 épis. 

Nota Bene : les hébergements dit « insolites » ne font pas l’objet d’un classement.

Le Domaine de Verchant : proposer un hébergement de luxe au cœur des vignes 

À seulement quelques minutes du centre de Montpellier se trouve le Domaine de Verchant. Maison de maitre transformé en hôtel 5 étoiles proposant des chambres et des suites. Le lieu est classé Relais & Châteaux. Par ailleurs, Le Domaine de Verchant propose aussi un appartement privé ainsi que deux maisons privatives.

Le Domaine de Verchant propose divers services ;

– Le Restaurant « Verchant » ;

– La « Plage dans les vignes » composée d’une piscine, d’un restaurant et d’un bar tel une oasis au cœur des vignes ;

– Un SPA, proposant aussi des cabines privatives ;

– Une salle de fitness ;

– La boutique-caveau, pour déguster et acheter les vins du domaine.

Vidéo Domaine de Verchant domainedeverchant.com

La vue imprenable sur les vignes du Languedoc fait du Domaine de Verchant un véritable havre de paix, de calme et de volupté pour la clientèle en recherche d’expérience haut de gamme. 

Camper chez le vigneron dans le Val de Loire, une offre d’hébergement plus accessible

Pour les touristes préférant l’itinérance et le camping, il est possible de faire étape chez le vigneron. En effet, dans le Val de Loire, plus particulièrement dans la région de Saumur, plusieurs vignerons proposent des emplacements à titre gratuit pour accueillir des campeurs comme au Clos des Cordeliers.

Conclusion 

Accessible à tous grâce à une diversité d’offres adaptées à un public très large, l’oenotourisme est un atout pour le patrimoine français. En effet, il permet d’étendre la vision du patrimoine, de penser plus large, en s’intéressant au patrimoine naturel, culturel et aux savoir-faire (patrimoine immatériel). 

L’oenotourisme est incontestablement un atout pour les propriétaires ou gestionnaires de domaines viticoles. Toutefois, il peut aussi s’adapter aux lieux historiques n’ayant visiblement aucun lien avec l’œnologie. Si la région où se situe le bien possède une histoire forte liée à l’œnologie ou est particulièrement réputée pour ses vins, un lieu historique peut en bénéficier et organiser des évènements autour de cette thématique.

Pour aller plus loin : 

Le slow tourisme, découvrir le patrimoine en flânant

Lancer des activités dans un site historique 

Quels financement pour lancer une activité touristique ?

Comment développer des activités au cœur des abbayes ? Dans cet article, Hephata vous donne quelques inspirations et pistes de réflexions.

L’important à retenir de cet article : 

Dans cet article, nous vous présenterons différents développements d’activités mis en place dans des abbayes, à travers un focus sur les différentes propositions réalisées par l’association Propolis autour de l’Abbaye de Bonnecombe.

En effet, généralement, les abbayes sont des lieux spacieux et chargés d’histoire, souvent entourés d’un patrimoine naturel remarquable. Ainsi, les abbayes présentent des atouts majeurs pour la mise en place d’activités variées.

Introduction : 

Les abbayes sont intimement liées au monachisme. Initialement issues de l’Orient, elles se sont beaucoup développées en Occident au fil des siècles.

Avec l’avènement de la chrétienté, des abbayes furent construites par centaines. La vie monastique s’appuie sur différents piliers, parmi lesquels le travail, souvent agricole. En effet, « Ora et Labora », signifiant en français « prie et travaille », est une expression latine faisant référence à la vie monastique bénédictine. À travers le travail dans les champs, les abbayes avaient pour vocation d’être auto-suffisantes.

En janvier 2021, la ministre de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales, Jacqueline Gourault, s’est rendue dans le Calvados afin d’y signer une convention de partenariat de sauvegarde du patrimoine. Le premier édifice à bénéficier de ce programme est l’Abbaye de Mondaye, située à Saint-Martin-de-Mondaye.

Cette actualité démontre un intérêt toujours présent pour le patrimoine historique, notamment le patrimoine des abbayes. Assurément, la dimension humaine de ces lieux de vie particuliers les rend fascinants, tout comme leur architecture souvent remarquable. 

Au même titre que les châteaux, les abbayes sont des témoins de l’évolution des styles architecturaux en France et de l’histoire du pays. C’est un patrimoine reconnu et valorisé, à l’instar de l’Abbaye de Fontenay en Bourgogne-Franche-Comté, classée au Patrimoine Mondiale de l’Unesco.

Pour sauvegarder de tels lieux, il est nécessaire de mettre en place des activités afin de les animer. L’enjeu est de les rendre rentables financièrement, les bénéfices pouvant par la suite être réinjectés dans la mise en valeur, le développement et l’entretien du lieu.

Cependant, il est important de garder une cohérence entre l’histoire du lieu et les nouvelles activités. Pour cela, il est judicieux de s’orienter vers des activités ayant une dimension sociale, environnementale, de bien-être ou spirituelle.

Focus sur l’étude du projet Propolis à l’Abbaye de Bonnecombe

Pour la première édition du Prix du Patrimoine paysager et écologique, la Fondation Etrillard a sélectionné le projet de l’association Propolis pour la réhabilitation et la restauration des espaces paysagers de l’Abbaye de Bonnecombe.

Bien que tout ce que propose l’association Propolis est au stade de projet, il s’agit d’un travail d’étude très intéressant, axé autour de la construction d’un projet cohérent, qui peut être une excellente source d’inspiration. L’aboutissement sera par la suite décidé avec l’évêché de Rodez et Vabres, propriétaire des lieux.

L’Abbaye cistercienne de Bonnecombe dans l’Aveyron est un lieu patrimonial exceptionnel fondé au XIIème siècle. Inhabitée depuis 1965 et inoccupée depuis 2017, l’Abbaye est au cœur du travail d’étude réalisé pour le projet Propolis.

L’idée de l’association est d’implanter un centre de formation au sein de l’Abbaye ainsi qu’une pluralité d’autres activités axées sur les questions environnementales et sociétales. 

1. La valorisation des extérieurs de l’Abbaye

Les sites patrimoniaux sont généralement entourés d’une nature remarquable. C’est assurément un atout à valoriser pour les propriétaires et gestionnaires de lieux patrimoniaux. En effet, les visiteurs apprécient de plus en plus le patrimoine naturel. Par ailleurs, de nouvelles tendances touristiques attestent de cet attrait grandissant pour la nature, tels que l’agritourisme ou le slow tourisme, ainsi que toutes les formes de tourisme durable.

À travers la mise en place des différentes actions, l’association Propolis exprime un message fort et affirme l’importance des questions environnementales et sociétales à ses yeux.

Cadre naturel remarquable, le site de l’Abbaye, d’une dimension de 13000m2 bâtis, s’étend sur plus de 180 hectares comprenant de la forêt, un parc ainsi que des espaces au potentiel agricole comme un verger et un potager. Assurément, l’Abbaye de Bonnecombe possède les atouts nécessaires pour pratiquer une agriculture innovante et être le plus auto-suffisante possible.

Les extérieurs seront mis à profit pour y développer plusieurs activités et équipements, tels que :

– Un jardin ornemental ;

– Une pommeraie ;

– Un potager et jardin en agroécologie pour les visiteurs ; 

– Un potager en permaculture et un nouveau verger ; 

– Un espace dédié à la culture de plantes à parfum en agroécologie.

En effet, L’Abbaye de Bonnecombe prévoit d’expérimenter les méthodes de l’agroécologie en consacrant une partie de ses extérieurs à la production de plantes à parfums, aromatiques et médicinales, en proposant 300 espèces différentes.

Par ailleurs, des ateliers liés à la nature seront mis en place au sein de l’Abbaye, ainsi qu’un élevage de papillons. Un hangar agricole sera aussi créé. 

2. Une offre diversifiée permettant d’attirer différents publics

La superficie impressionnante de l’Abbaye de Bonnecombe est un atout pour y développer plusieurs activités variées permettant ainsi de s’adresser à un public plus large.

En tant que propriétaire ou gestionnaire de lieu patrimonial, il est important de réaliser un diagnostic avant de se lancer dans le développement d’activité.

Comprendre les atouts du lieu et de son territoire ;

Analyser les attentes et besoins du public, autant des touristes que des locaux ;

Se positionner en fonction des critères précédents.

Le projet Propolis à l’Abbaye de Bonnecombe utilise les atouts du lieu. Le premier atout est l’espace : en effet, un lieu aussi vaste que celui-ci permet d’y implanter différentes activités.

Chaque activité mise en place répond à une demande plus ou moins explicite du public.

a) Les activités culturelles pour attirer un large public

Les activités culturelles sont certainement celles qui attirent le plus de public. De ce fait, pour un propriétaire ou gestionnaire de site historique, inclure la culture dans son offre est une excellente idée. En effet, le secteur culturel, très diversifié, possède de nombreux atouts :

– Accessible à tous les âges, les activités culturelles plaisent autant aux enfants qu’aux adultes ;

– La culture est un des pans principaux de l’attractivité d’un territoire. En devenant un lieu culturel reconnu, le lieu participe au développement de son territoire.

Afin d’inclure un maximum d’individus et d’élargir encore son public, il est judicieux de mettre en place des activités destinées aux amateurs comme aux professionnels.

Ainsi, l’un des volets du projet Propolis est l’accueil d’artistes en résidence avec la création d’ateliers d’artistes, implantant ainsi un centre culturel sur le site de l’Abbaye. Afin de compléter l’offre culturelle, le projet prévoit : 

– Une salle de spectacle, ainsi que l’utilisation de l’Église en salle de célébrations et de concerts ; 

– Un cabinet de musique et de poésie. 

b) Les aménagements sociaux, le patrimoine au cœur de la vie quotidienne des habitants

Le patrimoine fait intégralement partie du territoire et de l’histoire d’une région. Pourtant, il est souvent oublié, laissé de côté. Pour les gestionnaires ou propriétaires de sites patrimoniaux, transformer son patrimoine en lieu de vie permet de l’inclure dans la vie de la commune. De cette manière, le lieu s’intègre dans le quotidien des habitants, qui, ne l’oublions pas, constituent son premier public.

Le projet Propolis à l’Abbaye de Bonnecombe inclut un volet social très important. De plus, en redevenant un lieu de vie à la fois pour les personnes qui viendront en formation ou en résidence et pour les locaux, l’Abbaye de Bonnecombe retrouve sa vocation initiale. Toujours dans une démarche sociale, l’Abbaye accueillera un lieu de vie et d’accueil pour une dizaine de jeune de l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE).

De cette manière, l’Abbaye de Bonnecombe retrouve sa vocation d’accueil des personnes dans le besoin.

L’association Propolis prévoit aussi la mise en place d’un cabinet de médecine alternative, offre presque inexistante jusqu’alors sur le territoire, en proposant un lieu où penser la santé autrement. Cette démarche est en adéquation avec leur pensée générale de durabilité et de responsabilité.

3. Le cœur du projet : l’implication politique et sociétale du centre de formation

À travers cette activité qui constitue le cœur du projet, le patrimoine devient un acteur de la vie politique. En effet, le centre de formation aux questions environnementales répond à de grandes questions sociétales. En formant des individus à ces thématiques, ces problématiques qui gangrènent notre société, l’Abbaye de Bonnecombe prend une place très importante au sein de la politique, de l’éducation et de la société.

Il est important pour les propriétaires et gestionnaires de lieux patrimoniaux de comprendre les grands enjeux sociétaux. 

Le centre de formation est l’activité principale du projet Propolis. Le centre proposera un cursus intitulé « Penser la modernité ». Cette formation dispensera des enseignements et des activités pratiques en lien les questions environnementales et sociales.

Le cursus est divisé en trois modalités, se destinant chacun à une clientèle différente. Les cursus proposés vont d’une semaine à neuf mois de formations, se destinant autant aux particuliers qu’aux professionnels. 

Les étudiants du cursus seront logés, nourris et blanchis pour un forfait mensuel allant de 650€ à 800€. Les cours seront dispensés grâce aux subventions sollicitées, les participants n’auront donc pas à payer la formation.

Cependant, le centre de formation est un véritable atout économique pour la région. En effet, les individus venus en formation pourront :

Visiter la région et découvrir le territoire ;

Dépenser dans les activités et commerces de proximité ;

Participer à la vie économique de la région.

Le centre de formation constitue l’atout majeur du projet grâce sur plusieurs aspects : les loyers des étudiants assurent une rentabilité du lieu sur le long terme. De plus, le lieu constitue un écrin idéal pour une formation aux questions environnementales et sociales, ce qui en fait un rude concurrent face aux quelques rares écoles ou universités proposant ce type de cursus. 

4. Un grand projet au budget colossal

Afin d’accueillir toutes ces activités, l’Abbaye de Bonnecombe va être entièrement nettoyée et rénovée. L’association prévoit plusieurs années de nettoyage, de travaux et d’aménagement.

Pour un propriétaire ou gestionnaire de lieu patrimonial souhaitant le rénover afin d’y développer un nouveau projet, les chantiers d’insertions ou de bénévoles sont une bonne solution.

Il peut aussi lancer une campagne de financement participatif. En effet, les contributeurs peuvent aussi devenir acteurs du chantier s’ils le désirent.

Pour financer un tel projet, nécessitant la réhabilitation du lieu, des travaux de rénovation et d’aménagements, l’association Propolis a lancé des levées de fonds, bénéficiant ainsi de différentes aides : 

– Des subventions publiques, de la part des collectivités locales, de l’Etat et de l’Europe à hauteur de 30% du coût du projet ;

– Des financements privés, venant d’entreprises, de fondations et de particuliers, représentant 30% du financement du projet.

L’association Propolis a perçu les atouts majeurs de l’Abbaye de Bonnecombe et de son territoire. Leur étude donne des axes de réflexions aux propriétaires afin d’y créer une offre utile pour le territoire.  

5. D’autres exemples de développement d’activités

L’exemple de l’Abbaye de Bonnecombe nous a permis d’explorer divers secteurs d’activités : la formation, l’écologie, l’agriculture et la cohésion sociale. 

Cependant, le développement d’activité au sein d’une abbaye peut aussi concerner la mise en tourisme du lieu avec la création d’une offre d’hébergement comme à l’Abbaye des Capucins à Montauban. Enfin, le développement peut aussi être très diversifié et englober différents secteurs d’activité, comme au sein de l’Abbaye de Royaumont.

L’Abbaye des Capucins à Montauban

Située en Occitanie, cette abbaye du XVIIème siècle a été transformée en hôtel haut de gamme en 2006. L’établissement comprend un hôtel 4 étoiles d’une capacité de 116 chambres, un spa, une piscine et un restaurant.  

En plein cœur de la ville, au bord du Tarn, l’Abbaye des Capucins présente tous les atouts d’un lieu d’hébergement touristique : 

– Accessibilité ;

– Localisation idéale ;

– Proximité des commerces, des lieux de loisirs et de culture avec notamment le Musée Ingres Bourdelle à moins de 5 minutes à pied.

L’Abbaye des Capucins a de nouvelles ambitions, notamment la construction d’un nouveau bâtiment pour créer un véritable complexe hôtelier. Le projet devrait inclure : 

– Un amphithéâtre de 200 places ;

– Deux nouveaux restaurants panoramiques en roof-top ; 

– La création de 110 nouvelles chambres 3 étoiles, doublant ainsi la capacité d’accueil de l’hôtel. 

Ces aménagements viennent compléter le patrimoine existant pour créer un nouveau lieu unique, mêlant patrimoine et modernité. Ainsi, le lieu est capable de répondre à la demande grandissante de la clientèle.

L’Abbaye accueille des particuliers venus découvrir la région ainsi que des touristes d’affaires et des entreprises, le lieu disposant d’espaces pour recevoir séminaires et réunions. De cette manière, le propriétaire des lieux a transformé l’abbaye en un véritable acteur touristique du territoire, participant au développement local et à l’attractivité de la région. Les travaux d’extension de l’établissement permettent de pérenniser l’offre tout en préservant le monument historique.

L’Abbaye de Royaumont

L’Abbaye de Royaumont a été réhabilitée en 1938, devenant alors le Foyer de Royaumont. Lieu d’accueil et de repos pour artistes et intellectuels, le lieu évolue par la suite en centre culturel international.

Forte de sa renommée acquise au cours des décennies, la Fondation gérant l’Abbaye de Royaumont a diversifié ses activités :

– un centre de formation et de recherche autour de la culture, des arts, des sciences humaines ainsi que l’environnement ;

– une libraire-boutique, ainsi qu’une bibliothèque musicale et une bibliothèque générale ;

– des espaces de séminaires et d’évènementiels ;

– un hôtel et un restaurant. 

L’Abbaye organise des évènements annuels tel que le festival de musique de Royaumont. Consacré à la musique classique, la fréquentation augmente chaque année. Entre l’édition de 2017 et 2018, la fréquentation avait augmenté de 21%.

Conclusion :

Le développement d’activités dans des abbayes peut prendre différentes formes, en fonction des besoins et envies du gestionnaire des lieux. Toutefois, il faut aussi prendre en compte le territoire autour du lieu, comprendre son écosystème et comment rendre le lieu utile.

Les projets de développement d’activité au sein d’une abbaye peuvent nécessiter des travaux d’aménagements et de rénovation. Cela représente un investissement financier, plus ou moins important. Ainsi, en fonction de l’orientation du projet, différents acteurs peuvent soutenir sa réalisation.  

Pour aller plus loin : 

 Les acteurs du patrimoine : le financement

Historique et enjeux actuels du patrimoine

Les enjeux de la sauvegarde du patrimoine français

Dans cet article, Hephata présente comment faire rayonner le patrimoine avec l’agritourisme.

L’important à retenir dans cet article :

L’agritourisme contribue à élargir la vision touristique du patrimoine. Le patrimoine ne renvoie pas seulement aux châteaux, maisons de maître ou abbayes. Il se compose aussi du patrimoine vernaculaire des petits villages, des anciens corps de ferme, des paysages naturels et des savoir-faire. 

Ce qu’il faut retenir de cet article : 

– L’agritourisme valorise le patrimoine naturel, culturel et immatériel

– Les collectivités territoriales ont un intérêt grandissant pour ce secteur et le soutienne financièrement

– L’agritourisme est particulièrement en vogue en période de crise sanitaire

Introduction : 

Le tourisme vert, tourné vers la découverte de la nature, est de plus en plus en vogue chez les voyageurs. Cette forme de tourisme, en rupture avec le tourisme de masse, se développe en plusieurs branches, parmi lesquelles on retrouve le tourisme rural. 

L’agritourisme est la forme la plus immersive du tourisme rural. Alors que ce dernier englobe toutes les activités touristiques en lien avec la ruralité, l’agritourisme s’axe autour de la vie à la ferme et des séjours en immersion complète.

Alors que la crise sanitaire a lourdement impacté le tourisme, notamment le tourisme de masse et le tourisme urbain ; le tourisme rural, dont l’agritourisme, est en plein essor. En effet, selon des études menées par Airbnb, la location en zone rurale a fortement augmenté. Les français ont besoin de prendre l’air, de sortir des grandes villes et de s’échapper le temps d’un bref voire long séjour.

L’agritourisme permet aux voyageurs de découvrir le patrimoine d’une autre façon, en s’intéressant au patrimoine naturel et culturel des régions. Destiné aux adeptes de la vie à la ferme aussi bien qu’aux curieux en recherche d’expérience, l’agritourisme se décline au gré des exploitations et des sites historiques.

1. Le patrimoine : un terreau fertile pour le développement d’activités touristiques

Aller vivre à la ferme est une expérience inédite pour la grande majorité des citadins. L’agritourisme permet de vivre un échange culturel et social entre les locaux et les touristes, dans un contexte intime.

Pour les propriétaires de domaines agricoles, cet intérêt pour les métiers de l’agriculture est une aubaine. L’agritourisme est l’opportunité pour eux de diversifier leur champ d’action grâce à des activités non agricoles comme de l’hébergement, de la restauration, des activités de loisirs et de la vente de produits directement à la ferme.

Le château du Colombier et sa ferme conservatoire

Du côté des propriétaires ou gestionnaire de lieux historiques possédant aussi des terres agricoles, l’agritourisme est un axe de développement intéressant. Par exemple, le domaine du Château du Colombier dans l’Aveyron dispose d’un jardin et d’une ferme-conservatoire, unique en Europe. 

En effet, sur les terres du domaine, la ferme-conservatoire permet aux touristes de découvrir des plusieurs espèces et races animales différentes, parmi lesquelles la Brebis Marron des Aravis. Le Château du Colombier a mis en place un plan de sauvegarde pour sauver cette espèce au bord de l’extinction.

Le Château du Colombier a su tirer avantage de ses terres agricoles pour offrir à sa clientèle une offre diversifié, alliant la richesse du patrimoine historique à celle du patrimoine naturel.

2. L’agritourisme en France : une offre très diversifiée 

L’agritourisme se développe de plus en plus en France et l’offre touristique est très diversifiée. En effet, chaque exploitation possède ses caractéristiques propres. 

Deux marques ont été créées dans le but de valoriser et mettre en avant les agriculteurs ayant choisi de diversifier leur activité. Ces marques sont des gages de qualité pour les touristes en recherche d’expériences et de destinations uniques : Bienvenue à la ferme et Accueil Paysan.

a) Bienvenue à la ferme

L’une de ces marques, « Bienvenue à la Ferme » est coordonnée par le service des chambres d’agriculture de France. Les Chambres d’agriculture sont présentes dans tous les départements et régions. Ce sont des établissements publics, animés en lien avec les élus locaux. Les chambres d’agriculture contribuent au dynamisme de chaque département et région dans une démarche de développement durable. 

Créé en 1988, Bienvenue à la ferme est un réseau de près de 8 000 agriculteurs adhérents. Au sein de chaque région et département, des conseillers accompagnent les agriculteurs dans leur activité. Ils agissent pour la promotion de la marque localement et s’assurent de la qualité des services et activités proposés. 

Le réseau Bienvenue à la ferme promeut des expériences axées sur divers thèmes : « Mangez fermier », à travers la vente et la dégustation de produits fermiers, et « Vivez fermier » qui se décline comme ceci :

Se restaurer : repas préparés par les fermiers, activités pour découvrir et savourer la gastronomie et les produits du terroir ;

–  Dormir : séjours à la ferme dans un cadre authentique et naturel le temps d’un week-end, d’une semaine, d’une nuit. 

– Découvrir et s’amuser : découverte des savoir-faire de la ferme à travers des activités pédagogiques et ludiques.

Par ailleurs, le réseau propose aussi des offres « vacances d’enfants », spécialisées pour les séjours en famille, les voyages scolaires, les centres de loisirs, etc. 

Séjourner au Domaine Distaise

Situé aux portes de la Vallée de la Drôme, le mas provençal du Domaine Distaise accueille les visiteurs au cœur de son verger de 24 hectares. Recommandé par le Petit Futé et le Guide du Routard, le domaine dispose de plusieurs offres d’hébergement : 

– Quatre chambre d’hôtes, classées 3 épis au classement Gîtes de France ;

– Une aire d’accueil pour une dizaine de camping-car, labellisée aire d’accueil France Passion ;

– Trois gîtes ruraux, classés 3 épis et dispersés autour de l’exploitation agricole.

Le classement Gîtes de France auquel nous faisons référence dans cet article est expliqué dans l’article sur l’œnotourisme, forme très spécifique d’agritourisme, que nous vous invitons à aller lire afin de compléter ce sujet.

Le domaine Distaise dispose aussi d’une ferme-auberge, servant aussi de table d’hôtes pour les visiteurs. La ferme-auberge propose un menu composé des produits de la ferme, spécialisée dans l’élevage de cochons en plein air et le maraichage biologique. L’offre de la ferme-auberge s’est adaptée à la crise sanitaire, en proposant des paniers repas à emporter, à déguster dans le confort de son hébergement ou lors d’un pique-nique en extérieur.

L’offre touristique du Domaine Distaise se complète avec une boutique et de nombreux services pour satisfaire les clients : piscine chauffée, billard, ping-pong, terrain de boules, etc. Les visiteurs peuvent aussi profiter de la proximité avec les animaux de la ferme et se balader dans l’exploitation.

S’éveiller au camping ferme pédagogique de Prunay

Au cœur des châteaux de la Loire, le camping ferme pédagogique de Prunay accueille les vacanciers, en famille et entre amis. Dans un cadre tranquille et authentique, le camping ferme pédagogique de Prunay offre aux touristes un lieu pour se ressourcer.

À travers diverses activités ludiques et pédagogiques, les vacanciers s’échappent de leur quotidien : 

– Fabrication du pain, activités autour des céréales de l’exploitation et de la farine ;

– Balade en tracteur remorque ;

– Nourrissage des animaux ;

– Construction de nichoirs et boules de graisses pour les oiseaux ;

– Etc. 

Ces activités sont aussi proposées dans le cadre de classes vertes ou de classes découvertes, afin de sensibiliser les plus jeunes au milieu agricole. Deux jardins d’enfants situés au cœur du camping offrent des équipements tels que des châteaux gonflables et des toboggans. 

Le camping dispose de plusieurs offres d’hébergements pour accueillir sa clientèle :

– Mobil-homes ;

– Chalets tout conforts et chauffés ;

– Emplacements pour tentes, caravanes et camping-car.

Au-delà des activités proposées par le camping ferme pédagogique, le lieu bénéficie d’atouts extérieurs grâce à sa localisation. Au cœur du Val de Loire, le « Pays des châteaux », le camping est un point de départ pour des visites culturelles, complétant la dimension patrimoniale du séjour.

La proximité avec la Loire à Vélo ouvre le lieu aux adeptes du cyclotourisme, forme de slow tourisme très en vogue en France depuis plusieurs années.

Comment intégrer le réseau Bienvenue à la ferme ?

Pour un propriétaire agricole désirant étendre son activité et bénéficier de la marque Bienvenue à la ferme, il faut rentrer en contact avec la Chambre d’Agriculture de son département.

Pour bénéficier de la marque, le porteur de projet doit s’engager à : 

Satisfaire les attentes du consommateur ;

Promouvoir le métier d’agriculteur ;

Valoriser les produits de l’exploitation et les savoir-faire ;

Etre l’ambassadeur d’une agriculture durable et responsable.

Il est aussi impératif qu’il propose la viste de l’exploitation, par souci de transparence sur les pratiques agricoles. Dans le même objectif, il s’engage aussi à inscrire les noms, adresse, date de productions sur ses produits.

b) Accueil Paysan 

L’association Accueil Paysan, qui promeut l’agriculture paysanne, est un réseau composé de près d’un millier d’adhérents en France ainsi que de 300 dans 32 autres pays.

Ce réseau est composé d’agriculteurs et d’acteurs ruraux engagés en faveur d’une agriculture paysanne et d’un tourisme durable, équitable et solidaire. Accueil Paysan est partenaire du ministère de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt. 

Les objectifs du réseau Accueil Paysan : 

– Faire découvrir dans le partage et l’échange le milieu rural, les activités de la ferme, ses métiers et savoir-faire ;

– Permettre aux paysans de vivre décemment sur leurs terres, contribuant ainsi au développement local ;

– Participer à la construction d’un monde rural, écologique et durable.

Le site du réseau Accueil Paysan permet au touriste de découvrir une grande variété d’offres.  

Séjourner au Domaine du Fot dans les Côtes d’Armor

Situé au cœur d’un domaine boisé longeant une rivière, le Domaine du Fot est une ancienne hospitalière des moines de Saint-Jean de Jérusalem datant du 12ème siècle. À 25 km de la mer, le domaine dispose de deux hébergements chaleureux : une longère indépendante ainsi qu’un gîte d’étape.

Entre vergers et prairies, les touristes peuvent découvrir les chevaux de traits et les vaches bretonnes du domaine. Le Domaine du Fot propose diverses activités :

– Randonnées sur le chemin botanique qui passe sur le domaine ;

– Partage de savoir-faire : complicité entre l’humain et le cheval au travail, découverte de la race bovine bretonne pie noir, ateliers de transformation laitière et cuisine ;

Les visiteurs ont aussi accès à un service de restauration, avec un menu élaboré sur place à partir de produits frais, bio, issus de la ferme et des productions locales.

le chateau partagé EN SAVOIE

Situé sur la commune de Dullin, en Savoie, le Château Partagé est un lieu regroupant habitations et activités autour de l’environnement et de l’agriculture.

Ancienne maison de maitre du 18ème siècle, le Château Partagé est divisé en plusieurs appartements individuels, habités par plusieurs familles. La rénovation du lieu et son aménagement ont été rendu possible grâce au soutient, notamment, de la NEF, banque éthique et solidaire.

Le Château Partagé héberge un large panel d’activités professionnelles, toutes contribuant à la bio-diversité du lieu.

– Du maraichage biologique, selon la pratique de la traction équine ;

– Une boulangerie avec un fournil à pain en bois ;

– Un atelier de tournage sur bois artisanal.

Le Château Partagé est un exemple de réhabilitation totale et complexe, axée sur des activités durables et responsable. Afin de permettre au plus grand nombre de bénéficier de cet environnement unique, le Château Partagé proposent diverses prestations d’accueil :

Chambres et table d’hôtes ainsi que la possibilité de louer des locaux en gestion libre, en mode gîte ;

Résidences d’artistes et accueil d’évènements culturels ;

Accueil pédagogique et social ;

Accueil de stages, formations et séminaires.

Comment intégrer le réseau Accueil Paysan ? 

Si un propriétaire souhaite rejoindre le réseau Accueil Paysan, il peut pour se renseigner auprès de la FNAP, Fédération Nationale Accueil Paysan. Structurée sur trois niveaux, départemental, régional et national, le propriétaire peut rentrer en contact avec la délégation de son territoire.

En fonction de l’avancée du projet et de la motivation du porteur de projet, une ou plusieurs visites peuvent être effectuées ainsi qu’un entretien téléphonique. Lorsque la structure candidate est prête à accueillir, une visite est organisée à l’issue de laquelle commence une période probatoire d’un an. À la fin de la période probatoire, une ultime visite est réalisée pour confirmer ou infirmer la labellisation

3. Les collectivités territoriales s’impliquent dans l’agritourisme

Au-delà des acteurs comme Bienvenue à la ferme et Accueil Paysan, d’autres institutions s’impliquent dans l’agritourisme. La popularité grandissante de cette pratique touristique attire l’attention des collectivités territoriales, qui lancent des appels à projets pour soutenir le développement d’activités liées à l’agritourisme. 

La région Pays de la Loire lance un appel à projet Agritourisme & Oenotourisme, à destination des professionnels des filières de l’agriculture, de la viticulture, de la pêche, de l’aquaculture et de la saliculture. 

Cet appel à projet soutien des projets de modernisation des installations d’accueil touristiques ainsi que la création de nouveaux aménagements spécifiques. L’appel à candidature est ouvert jusqu’au 31 décembre 2021. 

En Occitanie, la région a mis en place le PASS Agritourisme. La Région Occitanie figure parmi les trois régions avec l’offre d’agritourisme la plus importante aux côtes de l’Auvergne et l’Aquitaine. À travers cette aide, d’un montant maximum de 20 000€, la Région Occitanie s’engage aux côtés des acteurs de l’agriculture et de l’agroalimentaire afin de soutenir le développement d’investissements agritouristiques. 

Les objectifs du PASS Agritourisme sont les suivants :

Accompagner des lancements d’activités sur ce secteur ;

Créer une nouvelle offre agritouristique dans un objectif de diversification des revenus ;

Mener des investissements de petite ampleur dans un objectif de professionnalisation, amélioration ou développement d’une offre existante.

4. MiiMOSA : le financement participatif pour aider l’agritourisme

La plateforme MiiMOSA propose des méthodes de financement participatif, le prêt rémunéré et le don avec contrepartie, pour soutenir l’agriculture et l’alimentation ainsi que l’agritourisme. 

Depuis 2018, la plateforme MiiMOSA organise un appel à projet Agritourisme, en partenariat avec Airbnb et Bienvenue à la ferme, et récompense une dizaine de lauréats. Les projets sélectionnés bénéficient d’une aide financière attribuée par Airbnb, pouvant aller jusqu’à 5 000€.

Les lauréats peuvent aussi profiter de l’accompagnement des conseillers du réseau Bienvenue à la ferme dans la mise en place de leur projet d’accueil. Ils deviennent alors adhérents au réseau pour une période d’un an.

Dormir dans une ruche géante à la Fontaine d’Airmeth

À Pontivy en Bretagne, la Fontaine d’Airmeth propose des chambres d’hôtes et un gîte au sein de deux corps de ferme entièrement rénovés. Le lieu dispose aussi d’un hébergement insolite, cœur du projet sélectionné lors de l’appel à projet.  

En effet, les propriétaires de la Fontaine d’Airmeth pratiquent l’apiculture. Ils souhaitent partager leur métier et passion avec les visiteurs, en créant un lien unique entre l’humain et les abeilles. 

Pour se faire, ils ont créé un chalet atypique et écologique, une tiny house, en forme de ruche. À l’intérieur se trouve une ruche pédagogique. Les abeilles entrent et sortent par une cheminée vitrée, à l’arrière de la tiny house, sans danger pour les habitants du chalet.

Par mesure de sécurité, des loquets cadenassés ont été installés. Ainsi, les habitants de la petite maison pourront observer grâce aux vitres la vie des abeilles, comprendre leur mode de vie.

Dans une démarche solidaire et responsable, le chalet a été entièrement aménagé et décoré grâce aux artisans locaux. 

Conclusion :

Le patrimoine agricole regorge de richesses culturelles, naturelles et immatérielles qui sont des atouts pour le tourisme. L’agritourisme répond aux envies d’ailleurs et d’authenticité de la clientèle tout en permettant aux agriculteurs de diversifier leur activité. En créant du dynamisme dans les territoires, l’agritourisme est un atout pour les collectivités territoriales qui peuvent y voir un nouvel axe de développement du territoire.

À l’instar du Château du Colombier qui a su tiré avantage de son terrain agricole pour y développer une ferme-conservatoire, un lieu historique possédant un patrimoine naturel peut se lancer dans l’agritourisme.

L’agritourisme est un véritable atout pour les propriétaires de sites historiques entourés de terrains agricoles, ou possédant un potentiel agricole. En effet, c’est un moyen pour eux d’attirer une nouvelle clientèle appréciant à la fois le patrimoine et l’agriculture.

Pour aller plus loin : 

– Investir dans le patrimoine historique naturel

– Quels financements pour lancer une activité touristique ?

– Le programme européen LEADER

Quelles entreprises s’appuient sur l’acquisition d’actifs naturels ou patrimoniaux pour renforcer leur stabilité financière ?

L’important à retenir dans cet article

C’est une véritable stratégie des entreprises qui, pour renforcer leur stabilité financière, acquièrent des biens fonciers issus du patrimoine naturel. 

Une entreprise, pour renforcer sa stabilité financière peut choisir d’axer sa stratégie sur des acquisitions foncières. Acheter du patrimoine naturel lui permet de :
– Asseoir sa stratégie financière sur l’acquisition de biens tangibles ayant une valeur, a priori intrinsèque, bien que de plus en plus sensible aux spéculations
– Dé-risquer son portefeuille d’actifs à travers des actifs décorrélés des marchés financiers
– S’engager dans une politique écologique, voire ISR (Investissement Socialement Responsable), utile et durable en plus d’être tendance

Avant toute chose, que faut-il entendre par « stabilité financière » ?

Selon la Banque Centrale Européenne (BCE), « la stabilité financière est une situation dans laquelle le système financier – qui englobe les intermédiaires, les marchés et les infrastructures de marché – est capable de résister aux chocs, en réduisant la probabilité d’une interruption du processus d’intermédiation financière qui serait suffisamment importante pour perturber l’allocation optimale des ressources ». Pour une entreprise, devenir stable financièrement implique donc d’avoir des ressources extérieures à son activité principale qui lui permettent de survivre en cas de crise (krach boursier, crise sanitaire, effondrement du marché, très forte concurrence etc.).

La notion de « foncier » quant à elle, se distingue de l’immobilier en ce qu’elle désigne tout ce qui relève de la terre. On parle de foncier bâti ou de foncier non bâti. Aussi le foncier renvoie aussi bien aux terrains constructibles qu’aux terres agricoles ou aux forêts. 

Asseoir une stratégie financière sur l’acquisition de biens tangibles ayant une valeur, a priori, intrinsèque, bien que de plus en plus sensible aux spéculations

Les biens fonciers issus du patrimoine naturel sont, par essence, tangibles. Il s’agit de biens  physiques. C’est le cas des matières premières, issues des forêts (le bois) ou des terres agricoles (le blé, le maïs, le raisin…) ou encore de l’or. Par son caractère réel, le bien ne peut être séparé de sa valeur qui lui est intrinsèque. 

Les rendements de ces biens réels sont moins importants que les produits issus des placements en bourse. Néanmoins, un tel investissement présente une plus grande sécurité qui réside dans cette valeur tangible. Fonder sa stratégie d’entreprise sur ce type de biens est une stratégie qui permet de renforcer sa stabilité financière à  long terme. 

En revanche, le risque est de se retrouver face à une situation où la spéculation, pratique liée aux opérations financières et commerciales fondées sur les fluctuations du marché, vient dénaturer le marché. L’intention première de l’achat devient alors une volonté de revendre plus cher quelques années plus tard. Selon Dominique Plihon, professeur d’économie financière à l’Université Paris XIII et membre des économistes attérés, la spéculation est critiquable notamment  parce que la spéculation peut contribuer à l’instabilité des marchés ou à des crises graves comme la crise sur la dette publique grecque ou sur l’euro.

Dé-risquer son portefeuille d’actifs à travers des actifs décorrélés des marchés financiers

Les entreprises possèdent de nombreux actifs (immobilisés ou circulants). Il s’agit de tous les biens et droits qu’elles possèdent : bâtiments, matériel, créances, personnel, parts de marché etc. Beaucoup d’entreprises décident de placer leur argent, ce qu’on appelle le portefeuille d’actifs, pour le faire fructifier. Il existe différents moyens : 
– L’achat de parts de capital 
– L’investissement en bourse

Ces actifs sont attachés au aléas des marchés financiers mondiaux, lieux physiques ou virtuels où les investisseurs négocient des titres à l’achat ou à la vente. 

Avec la crise de 2008, les investisseurs ont pu être amenés à changer de stratégie. Isabelle Scemama, head of fund groups et responsable des actifs réels au sein d’AXA IM, explique que « les effets de la crise et la baisse des taux d’intérêt ont conduit les investisseurs à se tourner de plus en plus vers des placements moins liquides, mais plus rentables ». L’acquisition de foncier naturel apparaît comme une solution possible . Comme dit précédemment, acheter du foncier naturel c’est investir dans des actifs assis sur des biens réels, par essence, décorrélés des marchés financiers. 

Investir dans des actifs décorrélés de ces marchés permet aux entreprises de :
– Augmenter le rendement global de leur portefeuille grâce à des rendements compris entre 2 et 15%
– Accroître la diversification de leur portefeuille financier 
– Se protéger contre l’inflation et sécuriser leurs revenus
– Investir dans des actifs stables qui ne souffrent pas de la cyclicité des marchés boursiers et dont la valorisation n’est pas remise en cause à chaque crise boursière
– Réduire la volatilité des performances du portefeuille financier

Olivier Héreil, directeur général adjoint, directeur des investissements et des gestions d’actifs de BNP Paribas Cardif, précise qu’il préfère « attendre de trouver des opportunités sur les marchés au meilleur prix plutôt que de nous contraindre à investir tous les ans ».

Sur le long terme, la demande pour le bois présente un potentiel réel de prise de valeur dans deux secteurs principalement l’énergie et la construction. Les revenus issus de l’exploitation sylvicole (vente de bois, location de chasse etc.) lui permettront de renforcer sa résilience. 

S’engager dans une politique écologique, voire ISR

Plusieurs entreprises ont pour stratégie d’investir dans le patrimoine. Elles achètent donc des châteaux pour servir une politique RSE ou ISR (Investissement Socialement Responsable). Cette stratégie se décline également pour les entreprises qui cherchent à valoriser le patrimoine naturel.. 

En outre, à l’heure de la protection environnementale, acquérir une forêt ou des terres agricoles a du sens d’un point de vue ISR. L’investissement socialement responsable (ISR) cherche à concilier placement financier et critères environnementaux. On parle « d’application des principes du développement durable à l’investissement ». Aussi, une entreprise qui fonderait sa stratégie sur l’acquisition foncière de biens issus du patrimoine naturel s’engage dans une politique écologique, utile et durable. Un tel engagement peut considérablement renforcer son image de marque. Il s’inscrit dans une dynamique de protection. de l’environnement très en vogue, tel que le pratique la marque d’ameublement Ikea.

Les risques inhérents à ce type d’investissement 

Ce type d’investissements présentent des risques non négligeables :
L’illiquidité de ce type d’actifs : pour devenir rentables, ces actifs doivent être détenus sur le long terme. En cas de besoin de capitaux à court terme, l’investisseur ne peut donc pas compter sur la vente de ses actifs
La sélection des actifs : les investisseurs doivent notamment s’assurer de :

– La viabilité des projets financés sur le long terme
– La solidité de l’exploitant qui le gère
– Les perspectives des marchés sélectionnés, notamment ceux dont les prix sont régulés par l’État

Dans la filière du bois par exemple, ces risques sont ceux liés à la perte en capital en raison :
– Des risques naturels (incendies, tempêtes) 
– De la baisse de la valeur du bois 

Exemple

Groupama Immobilier, qui gère les actifs de la Société Forestière Groupama a investi dans la filière sylvicole. Propriétaire d’environ 22 000 hectares de forêts, la société gère, pour ses mandants, un patrimoine valorisé à 3,2 milliards d’euros. À ce titre, Groupama Immobilier est un des principaux gestionnaires d’actifs immobiliers français. La Société Forestière Groupama est le troisième propriétaire forestier institutionnel français. En investissant dans les forêts, l’entreprise s’assure une stabilité financière. Cet investissement est particulièrement pertinent aux vues de son domaine de compétences et d’actions. En outre, ces actions de valorisation contribue au bon entretien du parc forestier français, une aubaine pour le patrimoine naturel.

Conclusion

Si acquérir du patrimoine naturel pour renforcer la stabilité financière de son entreprise se fait beaucoup, il n’est pas nécessaire de le faire soi-même. Aussi, certains acteurs économiques réalisent des transactions de biens fonciers (des forêts, des vignobles etc.) pour le compte de leurs clients (holding familiales, investisseurs…). 

Pour aller plus loin 


Renforcer sa production en valorisant le patrimoine

Patrimoine et politique RSE des entreprises

Entreprises : investir dans le patrimoine bâti

Les avantages pour des investisseurs institutionnels d’investir dans du patrimoine historique naturel : fiscalité avantageuse, diversification du risque, rendement…

Introduction

Pourquoi investir dans le patrimoine historique naturel ? Sur le marché économique, certains acteurs dédient leur activité professionnelle à la gestion du portefeuille financier de clients qu’ils conseillent. Ils ont pour mission de repérer des terres agricoles, des vignobles, des forêts etc., d’en évaluer le potentiel et de les acheter pour leur en faire bénéficier. Dans cet article, vous découvrirez les motivations de ces gestionnaires qui investissent dans le patrimoine naturel pour le compte de leur client. Et vous pourrez donc vous en inspirer. 

Ce que vous trouverez dans cet article :
– Proposer des solutions d’investissements diverses qui apportent de la valeur et dé-risquent le portefeuille de leurs clients
– Offrir la possibilité de réaliser des plus-values, éventuellement défiscalisées
– Offrir un rendement sécurisé et plutôt stable
– Assurer une sécurité patrimoniale et fiscale par un placement ancré sur des biens réels

Une stratégie d’acquisition de patrimoine naturel pour le compte des clients

Les sociétés de gestion de portefeuille ont pour mission de gérer les investissements de leurs clients qui sont principalement des :
– Investisseurs institutionnels
Family offices
– Épargnants

Les investisseurs institutionnels sont des organismes non-bancaires dont le rôle est d’investir les fonds collectés auprès de leurs clients (assurés, particuliers, fonds de pensions etc.) dans des valeurs mobilières (actions, obligations), en immobilier ou dans les matières premières. On retrouve des banques, des compagnies d’assurances, des fonds de placement, des caisses de retraites… Ces organismes sont des investisseurs sur le long terme. Ils exercent un rôle économique très important sur les marchés financiers puisque l’argent qu’ils placent sert à alimenter le capital-risque, donc à stimuler la création d’entreprise. 

Les family offices datent de la fin du  XIXème siècle. De grandes familles industrielles, comme les Rockefeller, ont en effet eu besoin de se référer à des professionnels pour préserver et développer leur patrimoine familial. Il existe deux sorte de family offices :
Les single-family office : organisations privées qui accompagnent une seule famille à structurer son patrimoine et à gérer ses actifs tout en gérant ses affaires quotidiennes et administratives. Son rôle est d’être l’interlocuteur unique de la famille.
Les multi-family office : sociétés commerciales privées qui accompagnent plusieurs familles fortunées dans l’organisation, la gestion et la préservation de leur patrimoine

Les épargnants sont des personnes qui réalisent l’action d’épargner. L’objectif de l’épargne est de stocker ou d’économiser de l’argent de manière sécurisée. L’épargne peut être réalisée en vue d’un projet comme par exemple l’acquisition d’un bien mobilier ou immobilier. On retrouve deux catégories d’épargnants :  
Des personnes physiques (des particuliers) qui peuvent placer leur argent sur un livret d’épargne
Des personnes morales (des entreprises) qui peuvent placer leur argent sur un compte courant professionnel

Proposer des solutions d’investissements diverses à ses clients qui viennent apporter de la valeur et dé-risquent leur portefeuille

L’acquisition de patrimoine naturel est un investissement sécurisé. Il s’appuie en effet sur des actifs qui sont des biens réels, et possèdent donc une valeur qui leur est intrinsèque. En outre, il est possible de répartir son épargne sur différents types de biens (type de culture, essences d’arbre, géographie etc.) et donc de réduire les risques. 

Les organismes qui gèrent le portefeuille patrimonial pour le compte de leurs clients cherchent donc à diversifier leur patrimoine. Ils se tournent alors facilement vers l’investissement dans le patrimoine naturel dans la mesure où ils cherchent à valoriser un portefeuille en lui faisant prendre le moins de risque possible. 

Offrir la possibilité de réaliser des plus-values, éventuellement défiscalisées

L’objectif premier des sociétés de gestion de portefeuille consiste à piloter des capitaux ou des fonds afin de dégager un revenu et d’enregistrer des plus-values sur la durée. Il convient de trouver l’équilibre entre la part de rendements et la part de risques. En effet, plus le rendement du portefeuille est élevé, plus les actifs sont risqués. Pour atténuer ces risques, les gestionnaires diversifient les investissements. C’est dans ce cadre que l’investissement dans le patrimoine historique est pertinent. 

Offrir un rendement sécurisé et plutôt stable

L’investissement dans des actifs décorrélés des marchés financiers permet aux entreprises d’augmenter le rendement global de leur portefeuille grâce à des rendements qui fluctuent entre 2% et 15%. À l’inverse des placements en bourse, investir le patrimoine financier de ses clients dans le patrimoine naturel c’est le protéger de l’inflation et en sécuriser les revenus. 

Investir en forêts par exemple est un investissement sur le long terme, au minimum dix ans, puisque le cycle d’exploitation du bois est long. Mais ensuite cet investissement procure un rendement régulier et stable dans le temps, en moyenne entre 1% et 3% par an. 

Assurer une sécurité patrimoniale et fiscale grâce à un placement ancré sur des biens réels

Les sociétés de gestion de portefeuille gèrent le patrimoine de leurs clients en cherchant des solutions d’investissements diverses qui :
– Favorisent la plus-value 
– Assurent leur sécurité patrimoniale et fiscale

De ce fait, elles portent un vif intérêt au patrimoine naturel qui est assis sur des biens réels, par essence décorrélés de l’instabilité des marchés financiers. D’un point de vue fiscal, ces placements ont aussi un rôle à jouer. Aujourd’hui, investir dans le patrimoine naturel c’est s’engager dans une démarche écologique tendance. Par ailleurs, la préservation de l’environnement est valorisée par le gouvernement par des avantages fiscaux intéressants comme des réductions d’impôt sur le revenu.  

Exemples

Les groupements fonciers forestiers

À défaut d’investir en direct, l’investisseur peut acquérir des parts de Groupements Fonciers Forestiers (GFF), pour un montant minimum de 5 000 €. En outre, investir dans la forêt permet de bénéficier du cadre fiscal privilégié des GFF avec différents mécanismes :
La réduction d’impôt sur le revenu, via le le dispositif « Madelin », qui permet d’investir dans un GFF et d’obtenir une réduction d’IR à hauteur de 18% 
La transmission sous le régime « Monichon » qui permet de bénéficier de droits de transmission à hauteur de 75% de la valeur des forêts détenues 
Le report d’imposition sur la plus-value grâce au le régime de l’apport-cession, fixé par  l’article 150-0 B-ter du Code Général des Impôts, qui s’adresse aux actionnaires d’entreprise

Des acteurs spécialisés dans l’immobilier forestier accompagnent les propriétaires privés de forêt dans leurs transactions. C’est par exemple le cas de  Forêt Patrimoine qui accompagne chaque année la vente d’une quinzaine de forêts, comprises entre 2 500 à 4 500 hectares, à des particuliers mais aussi à des institutionnels et à des entreprises. 

Les groupements fonciers viticoles

Parmi les actifs fonciers, le viticole occupe une place importante en France. Seule Société de Gestion de Portefeuille agréée par l’AMF à intervenir en Champagne, France Valley, propose par exemple d’investir en achetant des parts de Groupements Fonciers Viticoles (GFV) ou d’actions de Foncières dont elle est gestionnaire. Le foncier Champenois ne représente que 1% de la surface viticole française mais 21% en valeur. Seule 0,6% de la surface est échangée chaque année en Champagne, et ces transactions ne sont pas accessibles aux investisseurs privés. 

Le cadre fiscal des GFV favorise ces investissements par différents mécanismes : 
Une réduction d’impôt sur le revenu à hauteur de 18 %, selon l’article 199 terdecies-0 A du CGI
L’exonération de droit de transmission au regard des articles 793 et 793 bis du CGI qui prévoient un abattement de 75% des droits fiscaux en cas de donation ou succession

L’exonération totale d’Impôt sur la Fortune Immobilière (IFI)

Les groupements fonciers agricoles

Il est également possible d’acquérir un terrain agricole via les Groupements Fonciers Agricoles (GFA). Il s’agit d’un investissement beaucoup plus abordable dont la mise minimale exigée n’excède souvent pas plus de 5 000 €. Les parts sont vendues par des sociétés spécialisées comme Agrifrance, département spécialisé du groupe Groupe BNP Paribas – Paribas Wealth Management ou des gestionnaires de patrimoine. 

Source : BNP Paribas Wealth Management

Conclusion

Investir dans le patrimoine historique naturel pour le compte de clients permet de le valoriser. Les sociétés de gestion de portefeuille ont pour mission de gérer au mieux les investissements de leurs clients – pour leur apporter une plus-value et un rendement intéressants tout en dé-risquant au maximum leur portefeuille. 

Par ailleurs, les entreprises peuvent venir elles-mêmes valoriser leurs acquisition en y injectant leurs techniques, leurs savoir-faire, leurs capitaux. La valorisation des savoir-faire intervient dans le cadre des politiques RSE.

Pour aller plus loin

Renforcer sa production en valorisant le patrimoine

Entreprises : investir dans le patrimoine bâti

Patrimoine et politique RSE des entreprises

Utiliser le patrimoine naturel à des fins marketing. Comment les entreprises s’appuient sur le patrimoine naturel pour revendiquer un positionnement différenciant et une image de marque authentique ?

L’important à retenir dans cet article

Pourquoi utiliser le patrimoine naturel à des fins marketing ? Soutenir son image de marque ou un positionnement différenciant peut s’appuyer sur des actions de soutien en faveur du patrimoine naturel. Cet article vous permettra de comprendre la stratégie des entreprises en la matière : 
– Choisir une politique d’acquisition purement européenne pour préserver une identité collective commune ou répondre à une demande croissante du consommateur
– Allier le luxe au patrimoine comme outil de relations publiques
– Valoriser l’image de marque en s’appropriant du patrimoine prestigieux

Introduction

L’image de marque d’une entreprise est la représentation qu’elle véhicule auprès de ses clients sur internet ou via les médias. Cette image de marque est jugée par les consommateurs duquel il découle une bonne ou une mauvaise réputation. L’effet immédiat que produit l’image sur les clients est la notoriété. Il est donc très important pour les entreprises de soigner leur image de marque dans la mesure où celle-ci influence la conduite de leurs clients. De même une entreprise dont le positionnement est novateur ou différent, doit se différencier par des moyens qui viendront capter l’attention de ses cibles

Les entreprises mettent en place des stratégies de valorisation de leur engagement pour le développement durable : garantie de la qualité et de la provenance des matières premières, compensation écologique, notamment, à travers la RSE. Elles peuvent aussi miser sur le patrimoine naturel dans l’objectif de valoriser leur image de marque ou leur positionnement. 

Une stratégie qui utilise le patrimoine naturel comme levier pour soutenir son image de marque ou un positionnement différenciant

Beaucoup d’entreprises placent beaucoup d’espoir et donc de moyens financiers dans leur stratégie marketing. Cette stratégie tend à permettre d’atteindre les objectifs commerciaux et marketing qui sont fixés par la direction. Il s’agit d’un plan d’actions qui doit être mis en œuvre sur long terme.

Utiliser le patrimoine naturel comme levier pour soutenir son image de marque ou pour obtenir un positionnement différent sur le marché sont des stratégies marketing qui peuvent être  utilisée par certaines entreprises. 

Choisir une politique d’acquisition purement européenne pour préserver une identité collective commune ou répondre à une demande croissante du consommateur

Préserver une identité collective commune

Après la crise économique de 2008, certains États d’Europe ont dû commencer à vendre leur patrimoine culturel et naturel afin d’éponger leurs dettes. La Troïka, l’alliance de la Banque centrale européenne, de la Commission européenne et du Fonds monétaire international, a par exemple demandé à l’Irlande d’identifier ses biens d’une valeur de 3 milliards d’euros et de les mettre en vente en remboursement de ses dettes. L’entreprise forestière publique a alors été mise en vente grâce à un bail emphytéotique de 99 ans. Face à de nombreuses manifestations en 2013, le plan avait été suspendu. En Autriche, deux montagnes ont été mises en vente en 2011 pour un montant de 121 000 €. En Grèce, c’est  la mise en vente de terres et îles vierges qui a été exigée, comme à Corfou. 

Si l’on considère que le patrimoine européen est une identité collective à préserver, les entreprises françaises ont un rôle à jouer pour éviter que ce patrimoine ne passe aux mains d’investisseurs non européens. Une entreprise peut donc valoriser son image de marque en acquérant du patrimoine naturel, et en communiquant sur son engagement en tant qu’acteur économique européen. 

Répondre à une demande croissante du consommateur

Dans le milieu forestier, beaucoup d’entreprises sont accusées d’être à l’origine d’une déforestation de masse pour répondre à la demande croissante des consommateurs. En France, par exemple, le coût du bois-énergie a augmenté de 13 à 15 % au cours des dernières années en raison d’une forte augmentation de la demande en bois de chauffage.  On assiste à une demande croissante des consommateurs européens de produits naturels pour leur mobilier, tel que le bois.  

Décider d’acquérir du patrimoine naturel européen permet donc à certaines entreprises de production de soigner leur image de marque face aux potentielles accusations, tout en répondant à la demande.

Allier le luxe au patrimoine naturel comme outil de relations publiques

Par ailleurs, les entreprises sont amenées à utiliser des méthodes spécifiques pour :
– Communiquer sur leurs activités
– Promouvoir leur image de marque

Ces méthodes relèvent de ce qu’on appelle les relations publiques (RP) d’une entreprise. On remarque que les grandes marques de luxe aiment à recevoir leurs invités lors de soirées de gala dans des lieux de patrimoine historique hauts en couleurs. Luxe et patrimoine font très bon ménage. Il permettent aux marques de se différencier facilement de leurs concurrents par une communication fondée notamment sur l’esthétisme. L’objectif est de « donner envie ». 

L’évènementiel est un excellent moyen pour communiquer sur des thèmes qui vont renforcer l’image de marque ou le positionnement choisi par l’entreprise. Fêter un anniversaire permet par exemple de :
– Retracer les grandes étapes qui ont marqué l’histoire de l’entreprise
– Donner les résultats
– Remercier collaborateurs et clients

En outre, les RP sont un moyen pour faire connaître l’entreprise par le biais de la communication institutionnelle. L’entreprise a tout loisir pour parler de ses valeurs, de ses actions, de ses résultats et objectifs etc. Une communication réussie passe par une bonne entente avec les prescripteurs de son secteur et notamment les journalistes. Ces derniers sont continuellement à la recherche de sujets d’actualité intéressants et originaux qui seront à même d’intéresser leurs lecteurs. 

Le luxe appartient à cette catégorie de sujets très en vogue. Les français excellent dans ce secteur avec des grandes marques comme Hermès, LVMH ou Chanel. Au niveau mondial le marché du luxe est « dopé par l’enrichissement de la classe moyenne des pays émergents » rapporte l’économiste Lionel Fontagne. Selon lui, « tout ce qui peut renforcer l’image de marque d’un produit est très important (…). Il faut aussi savoir raconter une histoire ».

Et c’est cette histoire qui attire les lecteurs, très intéressés par le patrimoine dans sa globalité (artisanat et savoir-faire français, patrimoine naturel et culturel). C’est aussi un sujet qui attire les journalistes. Soutenir le patrimoine naturel est donc une bonne stratégie pour promouvoir son image de marque ou son positionnement sur le marché ! 

Valoriser son image de marque en s’appropriant du patrimoine naturel de prestige

Bon nombre d’investisseurs étrangers s’approprient du patrimoine prestigieux. Depuis les années 2010, les investisseurs chinois ont commencé à investir dans le vignoble bordelais. 

Selon Michael Baynes sollicité par la Revue du Vin de France, de l’agence immobilière Maxwell-Storrie-Baynes spécialisée dans le foncier viticole bordelais, « ils achètent d’abord des petits domaines, de 2 à 7 millions d’euros, afin de commencer à connaître le secteur. Pour leur second achat ils investissent un peu plus ». Ce rachat s’explique notamment par une volonté affirmée de communiquer auprès de la clientèle chinoise sur l’amélioration des vins grâce à une fabrication « Made in France ».

Li Lijuan, œnologue qui a travaillé auprès de l’acquéreur du château Grand Mouëys en 2012, prédit que la tendance s’oriente vers l’achat de propriétés classées qui sont plus chères ! Pour elle, l’investissement est logique : les vins « se vendent dix fois plus cher en Chine ».

Exemples

Voici des exemples d’entreprises qui cherchent à utiliser le patrimoine naturel à des fins marketing.

Cas n°1 : LVMH et Bernard Arnault au Château d’Yquem

Pour LVMH, l’image de marque ça compte. Chef de file mondial de l’industrie du luxe en termes de chiffre d’affaires, le groupe possède plus de soixante-dix marques de prestige dans le domaine des vins et spiritueux. Quoi de plus naturel que d’allier luxe et patrimoine ? Côté patrimoine bâti, LVMH a fait du château d’Yquem, qui surplombe le terroir un véritable outil de relations publiques. En 2005, Bernard Arnault y a d’ailleurs marié sa fille Delphine, membre du Conseil d’administration de l’entreprise.

Les journalistes étaient nombreux à suivre l’événement pour apercevoir des personnalités du monde des affaires, de la politique et de la mode venus assister à la cérémonie : Karl Lagerfeld, Bernadette Chirac, alors épouse du président de la République, des membres du gouvernement dont Nicolas Sarkozy ou encore l’infante d’Espagne. 

Un véritable coup de com’ aussi bien pour la presse dites « people » que pour la presse économique. Devenir l’actionnaire majoritaire d’un grand cru valorise fortement l’image d’une entreprise et de son directeur.

Cas n°2 : Jinshan Zhang et le château du Grand Mouëys

En quelques années, la Chine est devenue le premier pays importateur du vin de Bordeaux. Le pays doit en effet faire face à une forte augmentation de sa demande en vin et le savoir-faire bordelais permet d’améliorer les vins chinois.

Question de business mais aussi de prestige et d’image de marque. Jinshan Zhang, propriétaire du groupe Ningxiahong, a racheté le château du Grand Mouëys. Il explique que « les vins de Bordeaux sont les plus célèbres et les plus appréciés en Chine. » Pour lui, acheter un château en appellation Côtes de Bordeaux est donc « une stratégie à long terme pour l’image de marque »

Cas n°3 : Ikea soigne son image de marque face aux accusations liées à la déforestation de masse pour le commerce international

On accuse l’Europe d’être responsable d’un tiers de la déforestation liée au commerce international. Pour faire face à ces accusations, Ikea a développé une réelle politique de communication autour de ses différentes actions dont :
– Le soin de son image par un travail collaboratif avec The Forest Stewardship  et WWF 
– L’adoption d’un code strict, pour le respect des forêts
– La communication sur l’origine du bois et la légalité de son emballage

Conclusion 

Soutenir le patrimoine naturel permet donc de soutenir son image de marque ou son positionnement sur le marché. C’est pour cette raison que beaucoup d’entreprise se posent la question d’utiliser le patrimoine naturel à des fins marketing. C’est un levier important notamment dans le secteur du luxe et de la consommation. Prestige, engagement, voilà des mots qui sont très recherchés par les entreprises pour valoriser leur action.

Pour aller plus loin

Entreprises : investir dans le patrimoine bâti

Les actifs naturels ou patrimoniaux des entreprises

Renforcer sa production en valorisant le patrimoine

Investir dans le patrimoine historique naturel

Comment les entreprises relient patrimoine et politique RSE ? Les grandes entreprises qui intègrent le patrimoine à leur politique RSE décuplent leurs impacts économiques, écologiques et sociaux

L’important à retenir dans cet article

Les entreprises investissent dans le patrimoine naturel dans une dynamique de protection de l’environnement, de l’écosystème. Valoriser son engagement RSE à travers le patrimoine naturel est-ce donc si simple ?

Cet article vous permettra de comprendre la stratégie d’investissement des entreprises qui s’engagent en faveur du développement durable, à travers différentes actions :

– Garantir la qualité et la provenance des matières premières
– Bénéficier de labels et de certifications
– S’inscrire dans une politique de compensation écologique
– Promouvoir un engagement éthique et responsable en faveur du développement durable et apporter des preuves de cet engagement

Une stratégie d’acquisition qui vient porter un engagement RSE

Face à l’urgence de protéger l’environnement, de nombreuses entreprises se sont engagées dans la réduction des dépenses énergétiques, le recyclage des déchets, la formation des  salariés autour du développement durable, notamment. Ces engagements s’inscrivent, de manière plus large dans une politique encadrée : la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) qui, selon la Commission Européenne est « la responsabilité des entreprises vis-à-vis des effets qu’elles exercent sur la société »

Il s’agit pour les entreprises d’intégrer volontairement les préoccupations sociales et environnementales dans le cadre de :
– Leurs activités commerciales
– Leurs relations avec leurs parties prenantes

La RSE s’appuie sur trois piliers, la triple bottom line, qui transpose la notion de développement durable à l’échelle de l’entreprise : un développement économiquement efficace, socialement équitable et écologiquement soutenable.

Selon Madame Gro Harlem Brundtland, Première Ministre norvégienne qui préside la commission en charge du futur Rapport Brundtland sur l’environnement et le développement en 1987, le développement durable est un « développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs ».

Aujourd’hui par exemple la filière du bois est très controversée. Se posent en effet de réelles questions sur l’origine du bois et sur le pillage des forêts  ainsi que de mauvaises gestions de la production en bois. Internaliser les matières premières de la filière bois s’inscrit dans une logique RSE. Elle permet notamment de :  
– Garantir la provenance des matériaux et d’offrir une vraie transparence aux acheteurs sur toute la chaîne de production 
– Solliciter des labels écologiques et responsables
– Lutter contre le vandalisme

Garantir la qualité et la provenance des matières premières

Pour les entreprises de production, acheter des ressources en matières premières permet une gestion en direct de leur approvisionnement. Aussi, cela  leur permet de garantir la provenance des matériaux utilisés

Les entreprises qui achètent des ressources en matières premières et deviennent donc elles-mêmes productrices de ces dernières peuvent ainsi offrir une transparence aux acheteurs sur toute la chaîne de production. Il leur est plus simple de tracer la qualité des matières utilisées et également de vérifier qu’elles proviennent d’une gestion responsable et légale.

Des méthodes sont mises en place pour permettre l’identification du matériau utilisé dans les stocks mais aussi sur les documents commerciaux des entreprises. Achats et ventes sont ainsi contrôlés et tracés, pour assurer au consommateur final une fiabilité maximale. Ces méthodes peuvent intégrer une démarche de labellisation ou de certification.

Pouvoir bénéficier de labels et de certifications

Les concepts comme le financement éthique, le commerce équitable ou le développement durable sont mesurés par des normes, des labels ou des certifications. Dans le cadre d’une démarche RSE, la labellisation et la certification sont donc des leviers très utilisés. Ils permettent, en effet, aux entreprises de structurer leur démarche et de la valoriser auprès de leurs différentes parties prenantes. La labellisation consiste à se faire attribuer une marque spéciale, le label, qui garantit l’origine et un niveau de qualité défini. La certification, quant à elle, permet aux entreprises de faire reconnaître que leurs produits et services sont conformes aux normes et règlements en vigueur. 

Dans la filière du bois, on retrouve notamment le label FSC et la certification PEFC. 

Le label FSC

Le label Forest Stewardship Council (FSC), créé en 1993, promeut une « gestion responsable des forêts ». En outre, il permet de contrôler les produits issus de ses forêts certifiées depuis leur origine jusqu’à leur distribution en passant par le processus de fabrication. L’objectif du label est donc de garantir que les produits utilisés proviennent de ressources contrôlées et prélevées de manière responsable. À titre d’exemple, l’Europe possède plus de 48% des forêts certifiées FSC dans le monde. 

Pour être labellisé FSC, l’entreprise certifiée doit répondre à dix principes : 

  1. Respecter les lois en vigueur ainsi que les traités internationaux 
  2. Préserver ou accroître le bien-être social et économique de ses travailleurs
  3. Respecter les populations autochtones (en dehors de la France métropolitaine)
  4. Maintenir ou améliorer le bien-être social et économique, à long termes des communautés locales dans chaque opération de gestion forestière
  5. Encourager l’utilisation efficace des produits et services de la forêt pour en garantir la viabilité économique  
  6. Mettre en œuvre une gestion forestière qui maintient les écosystèmes, la diversité biologique et les valeurs qui y sont associées 
  7. Disposer d’un document de gestion appliqué et mis à jour régulièrement
  8. Évaluer les pratiques de gestion par un suivi sérieux (qualité et quantité des produits forestiers, maintien des valeurs de conservation)
  9. Identifier, évaluer, préserver et suivre les Hautes Valeurs de Conservation présentes dans son unité de gestion
  10. Mettre en œuvre des activités de gestion qui respectent l’ensemble des principes et critères du FSC, et visent à atteindre les objectifs économiques, environnementaux et sociaux décrits dans le document de gestion.

La certification PEFC

La certification forestière PEFC atteste du respect des fonctions environnementales, sociétales et économiques de la forêt. Elle repose sur deux mécanismes complémentaires 

La certification forestière qui atteste :
– De la gestion durable de la forêt 
– Du respect des fonctions environnementales, sociétales et économiques de la forêt

Etapes de la certification (Source)

La certification des entreprises qui transforment le bois : ce mécanisme permet d’assurer la traçabilité de la matière depuis le prélèvement du bois en forêt jusqu’à la commercialisation du produit fini en passant par toute la chaîne de transformation. 

Enfin, certaines entreprises s’engagent par le biais d’une charte développement durable. C’est le cas notamment des établissements et entreprises publiques qui doivent se montrer exemplaires en la matière. La signature d’une telle charte les engage à :
– Mener une réflexion stratégique de développement durable 
– Traduire cette réflexion dans sa vision, ses projets, son management et sa façon de rendre compte, en impliquant le personnel et les différentes parties prenantes 
– Élaborer un document stratégique de développement durable
– Élaborer et piloter, dans le cadre de son document stratégique, un plan d’actions permettant d’intégrer les principes de gouvernance et de mise en œuvre 

S’inscrire dans une politique de compensation écologique

Le mécanisme de compensation écologique vise à compenser les potentiels impacts négatifs que pourrait produire sur la biodiversité un aménagement ou un projet de construction. Ce mécanisme intervient donc en amont du projet. 

Il s’agit souvent de venir compenser les impacts liés à des chantiers de construction urbanistiques tel que la construction d’infrastructures, de zones d’activités commerciales ou industrielles etc. Ces compensations peuvent être des :
– Travaux de restauration de milieux ou d’espèce
– Opérations de gestion 
– Processus immatériels comme la formation ou la sensibilisation des usagers 
– Opérations de protection comme la création d’une réserve naturelle

Ainsi, beaucoup de promoteurs immobiliers utilisent ce levier pour compenser leurs impacts liés à la construction de centres commerciaux, de parking etc. Ils détruisent une partie de la biodiversité mais se dédouanent par des travaux d’ingénierie écologique

Promouvoir un engagement éthique et responsable en faveur du développement durable et apporter des preuves de cet engagement

Les  géants commerciaux du numérique et du commerce investissent dans les énergies vertes. Ainsi, Google, Amazon ou Facebook investissent dans les panneaux solaires ou l’éolien. Apple est, quant à lui, propriétaire de plus de 14 500 hectares de forêt notamment en Chine. 

Ces groupes internationaux achètent des forêts pour les gérer intégralement. L’idée est de promouvoir une gestion durable mais aussi de s’engager dans les actions en faveur des énergies renouvelables. Ces entreprises ont besoin de montrer au monde leurs actions en matière de protection de l’environnement.

Apporter les preuves de cet engagement passe notamment par :
– Une démarche de labellisation et de certification 
– La publication récurrente de chiffres clairs et précis via des communiqués de presse, par exemple pour Ikea

Mais attention au greenwashing, même dans le cas de la marque Ikea, avec sa campagne “Agir à la racine” qui consistait à arracher un sapin des forêts commerciales pour sauver les forêts avec L’Office National des Forêts.  Ces entreprises peuvent être accusées de mal gérer leurs forêts et d’essayer de s’acheter une conscience…

L’opération “Agir à la racine” de la marque Ikea 

Exemples

Cas n°1 : la filière du bois avec Porada 

« Promouvoir son engagement éthique de l’utilisation du bois », voilà les mots qu’utilise la marque de mobilier italienne Porada qui s’engage en matière d’engagement éthique et responsable en matière environnementale. Son ambition ? Valoriser son action comme utilisateur de bois responsable et respectueux de la nature. 

En outre, pour montrer son engagement RSE au sein de ses acquisitions de forêts, Porada : 
– Pratique une gestion très conservatrice de la forêt
– Limite les coupes de bois
– Utilise le bois de manière responsable et respectueuse de la nature
– Promeut le « bois durable »

Cas n°2 : la compensation écologique avec les promoteurs immobiliers

C’est dans ce cadre de compensation écologique que les promoteurs REI Habitat et Icade ont signé un accord-cadre avec la société Néosylva. Cet accord permet aux deux promoteurs d’acquérir des droits sur les forêts de Néosylva et d’acheter la capacité de ces forêts à séquestrer le carbone atmosphérique. Le projet consiste à acquérir par avance 200 000 m² potentiels de bâtiment bois dans les cinq ans pour la construction de deux bâtiments de 5 000 m² sur l’île de Nantes. Le chantier requiert 700 ha de plantations et engage Néosylva à replanter 10 ha en Loire-Atlantique. Ces travaux doivent être certifiés auprès du label Bas Carbone.

« Concrètement, un constructeur a intérêt à dire moi, je construis en bois français et en plus, je replante » affirme Jean Guenolé-Cornet, président fondateur de la société. En échange de la garantie de renouvellement de la forêt dans 50 ans, les promoteurs s’engagent alors à reverser à Néosylva entre 1 000 et 3 000 € par hectare reboisé.

La compensation écologique (Source)

Cas n°3 : la certification avec Groupama Immobilier

Pour Stéphane Le Goff, Responsable Investment&Asset Management Forêts chez Groupama Immobilier, acheter des forêts c’est valoriser « la structure foncière des massifs forestiers en gestion, tout en participant au remembrement foncier ». Le stock de carbone séquestré dans les forêts de la société illustre sa contribution à l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre de la France. Aussi, l’ensemble des forêts de la Société Forestière Groupama, est certifié PEFC, programme de reconnaissance de la gestion durable, et qui favorise la biodiversité.

Conclusion

Ainsi, acheter du patrimoine naturel est une manière pour les entreprises de mettre en avant leur politique RSE. Cela leur permet de garantir la qualité et la provenance des matières premières qu’elles utilisent et aussi d’obtenir des labels et des certifications qui leur permettent de « valider » tous leurs engagements.

Pour aller plus loin

Notre étude d’impact

Investir dans le patrimoine historique naturel

Entreprises : investir dans le patrimoine bâti