Dans cet article Hephata tente de répondre à la question suivante : quel avenir pour le patrimoine industriel ?

Introduction

Ce n’est qu’à partir de la fin du XXe siècle que les bâtiments industriels ont été reconnus comme des éléments majeurs de notre patrimoine. L’extension du champ patrimonial a permis cette ouverture en ne se focalisant plus uniquement sur les monuments prestigieux et très anciens mais en visant désormais les bâtiments dont la fonction principale était la production industrielle. Derrière le patrimoine industriel se cachent en fait deux dimensions : le patrimoine matériel d’une part mais également le patrimoine immatériel. En effet, ce n’est pas seulement l’architecture de ces bâtiments qui est prise en compte mais également l’histoire sociale dont les espaces sont empreints. Il s’agit ainsi de faire mémoire des conditions de vie et du savoir-faire des artisans, des ouvriers, des miniers, etc., … qui ont travaillé dans ces sites de production.

Cette volonté d’inclure le passé industriel dans le patrimoine est de plus en plus présente. De nombreux lieux sont patrimonialisés et bénéficient aujourd’hui de certains labels et protection. On peut par exemple citer :

Néanmoins, les lieux du patrimoine industriel sont engagés dans une vaste problématique. La plupart sont aujourd’hui abandonnés et constituent des friches industrielles. Dès lors, comme les revaloriser et les réhabiliter pour les faire perdurer dans le temps et les transmettre aux générations futures ? Autrement dit, quel avenir pour le patrimoine industriel ?

La prise de conscience autour du patrimoine industriel

La prise en compte du patrimoine industriel n’est pas chose aisée. En effet, bien qu’il recouvre une multitude de formes (ponts, écluses, gares, etc.,…), le patrimoine industriel fait aussi penser aux bâtiments liés aux usines. Usines qui ont périclitées puis ont été abandonnées. C’est pourquoi la notion de patrimoine n’est admise que progressivement. En effet, les regards perçoivent plutôt les vestiges des usines comme des éléments négatifs qui témoignent d’un échec ou de la chute de l’activité économique du territoire.

La patrimonialisation du bâti industriel passe donc nécessairement par un changement du regard qui s’opère au niveau des visiteurs et étrangers mais également au niveau des habitants. Tout l’enjeu est de rendre aux habitants la fierté d’appartenir à un territoire. Dès que les regards changent, la patrimonialisation des biens industriels peut s’enclencher.

C’est par exemple ce qu’il s’est passé dans le cadre du Bassin Minier. Grâce à son inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, à l’ouverture du Louvre-Lens et à la création d’une marque de destination, « ALL », le regard sur ce territoire a considérablement changé. Le noir du charbon, image négative d’un territoire en déclin économique et marqué de friches industrielles et minières a su réacquérir ses lettres noblesses. En effet, les éléments miniers (couleur noir, terrils, corons) sont aujourd’hui des éléments forts de l’identité du territoire et véhiculent une image positive. Ils sont des éléments constitutifs de la marque et ont permis un retournement de situation : on ne parle désormais plus de paysages en friches mais de paysages culturels.  Ce retournement a permis la promotion du territoire du Bassin Minier au niveau international. Il est aujourd’hui devenu une destination touristique majeure en France.

La réhabilitation du patrimoine industriel

La réhabilitation du patrimoine industriel s’est donc faite progressivement, du fait de l’image négative qui y était associée.

En fait, la première forme de réhabilitation du patrimoine industriel est la création du concept de « loft ». En effet, un loft est une ancienne usine ou un vieil entrepôt aménagé en logement d’habitation. Il est caractérisé par de vastes espaces lumineux. La structure est laissée visible, dans un style tout à fait épuré. D’abord initiée par les artistes aux Etats-Unis, cette forme d’habitat devient rapidement l’apanage des « bourgeois-bohèmes ».

Néanmoins, c’est justement du fait de leurs volumes si étendus, que les différents patrimoine industriels ont fait émerger la nécessité de trouver des fonctions autre que l’habitat. Ces derniers sont ainsi réhabilités sous de multiples formes. On trouve par exemple :

  • des centres d’interprétation et de collections ou des lieux culturels ;
  • des tiers-lieux ou espaces partagés ;
  • des centres de formations ou d’éducation ;
  • des espaces commerciaux, etc., …

Voici quelques exemples de réhabilitation du patrimoine industriel :

Mise en tourisme du patrimoine industriel

Réhabiliter le patrimoine industriel peut également nécessiter une mise en tourisme. Lorsqu’il s’agit de donner aux sites concernés des fonctions liées à la découverte de la culture, de l’art ou du patrimoine par exemple.

L’objectif est alors de faire des anciens bâtis et friches industriels, des lieux attractifs proposant une offre touristique. Généralement, la création de cette offre s’appuie sur des éléments caractéristiques de l’activité industrielle. Le but est alors de se servir de ces éléments qui, autrefois, étaient généralement perçus négativement. L’objectif est d’en faire des atouts constitutifs de l’identité des sites.

Ainsi en est-il par exemple pour la Piscine de Roubaix. Cette dernière a été transformée en Musée autour des thématiques de l’art et de l’industrie. L’architecture initiale de la piscine a été conservée. Pour faire référence à la fonctionnalité première de l’édifice, un bassin d’eau allongé et peu profond a été inscrit au sol du monument. Par ailleurs, des bandes-son diffusent des bruits d’eau et des cris d’enfants. Ce afin de faire référence au passé et aux loisirs d’antan qui se déroulaient au sein du lieu.

Conclusion

La prise en compte des bâtiments et friches industriels dans le champ patrimonial s’est donc fait tardivement. Aujourd’hui, le regard se transforme et accepte les bâtiments témoins d’une activité économique révolue. Au lieu de faire table rase du passé, les acteurs du patrimoine cherchent à conserver le patrimoine industriel. Soit en le restaurant, soit en lui trouvant de nouvelles fonctions. Celles-ci sont diverses : logements, commerces, espaces de travail, ateliers d’art ou d’artisanat, centres de culture, etc., … Les projets sont nombreux et tous plus originaux les uns que les autres.

Pour aller plus loin

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Dans cet article, Hephata se penche sur les nouvelles pratiques liées au tourisme durable.

Introduction

Le tourisme durable est une alternative au tourisme de masse. Il vise à réduire, limiter voire contrer les effets négatifs du tourisme sur la société et l’environnement.

Le tourisme est une activité transversale touchant à de nombreux secteurs économiques. C’est un levier majeur pour les territoires pour leur enrichissement et leur développement. Ainsi, le tourisme est la première industrie économique mondiale. Elle représente environ 7,5% du PIB français selon le Rapport d’activité publié par Atout France en 2019. Il s’agit donc d’une activité qu’il faut encourager et développer. Néanmoins, le tourisme a des impacts souvent très négatifs sur la société et l’environnement. La sur-fréquentation est notamment la cause de ces troubles. Celle-ci crée une atmosphère d’inconfort pour les communautés d’accueil ainsi que des risques pour l’environnement et la gestion des ressources naturelles et culturelles.

Le tourisme durable cherche donc à inverser la tendance en essayant de concilier à la fois :

  • Le bien-être des visiteurs ;
  • Celui des habitants locaux ;
  • Celui des professionnels du tourisme (conditions de travail) ;
  • Le respect des ressources (naturelles et culturelles).

Ainsi, d’après l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), il repose sur trois piliers :

  • L’économie ;
  • La société ;
  • L’environnement.

Source : Atout France repris par Acteurs du Tourisme Durable

Autrement dit, le tourisme durable cherche à favoriser l’économie tout en inscrivant cette activité à long terme dans le respect de la nature et des Hommes.

Contexte historique du tourisme durable

Le tourisme durable est un concept qui est apparu progressivement. En effet, il résulte d’une prise de conscience suite aux phénomènes de tourisme de masse, de sur-fréquentation entraînant la pollution, la dégradation de l’environnement ainsi que le mal-être des visiteurs, des habitants et des professionnels du tourisme.

Lors du Sommet de Rio en 1992, l’impact des activités socio-économiques humaines sur l’environnement est interrogé. L’Agenda 21 est adopté durant cette grande rencontre mondiale. Ce dernier fixe l’objectif du développement touristique durable. Le défi est le suivant :

« Rendre compatible l’amélioration des conditions environnementales et sociales qui résultent du développement touristique avec le maintien de capacités de développement pour les générations futures ».

Les principes du tourisme durable sont définis en 1995 lors de la conférence mondiale du tourisme durable à Lanzarote. Y est aussi adoptée la Charte mondiale du tourisme durable. Les principes du tourisme durable sont réactualisés en 2004 par l’OMT. Ces principes sont les trois piliers évoqués précédemment :

  • Economie ;
  • Société ;
  • Environnement.

En 1999, l’Assemblée Générale de l’OMT adopte le Code mondial d’éthique du tourisme. Il cherche à guider les porteurs de projets touristiques pour que les différentes parties prenantes proposent des offres en adéquation avec le respect de l’Homme et de l’environnement.

En 2000, le Sommet mondial en Jordanie et la Déclaration d’Amman abordent la question du tourisme comme vecteur de paix entre les nations.

Lancé en 2006, le Groupe de travail international sur le développement du tourisme durable permet de soutenir une quarantaine de projets provenant d’une vingtaine de pays différents et d’environ 25 organisations.

En 2010, le PNUE (programme des nations unies pour l’environnement) lance le partenariat Mondial pour le tourisme durable.

Enfin, l’ONU proclame l’année 2017 comme année internationale du tourisme durable pour le développement.

Les principes du tourisme durable

Le tourisme durable s’articule autour de trois grands principes :

  • Economie ;
  • Société ;
  • Environnement.

Ces derniers lui permettent de réduire l’impact négatif de l’Homme sur l’environnement tout en garantissant une activité économique viable sur le long terme ainsi qu’un respect et la garantie du bien-être des consommateurs, des résidents locaux et des professionnels du tourisme.

Economie

Etant donné l’importance économique du tourisme, le tourisme responsable cherche à poursuivre voire à accroître la rentabilité économique des différentes activités touristiques. Il cherche à créer de la valeur et à générer de la richesse pour les territoires d’accueil. Ce, afin de garder une place importante dans le PIB d’un pays.

Néanmoins, le tourisme durable détient la particularité de vouloir créer de la richesse pour servir véritablement de levier économique pour les territoires et les habitants locaux. Ainsi, l’objectif n’est pas d’enrichir un petit nombre mais bien les communautés d’accueil. Cela passe par la lutte contre la corruption, la création d’emplois sur place ainsi que la valorisation des savoir-faire et services locaux.

Société

Le tourisme responsable a également à cœur de répondre de manière satisfaisante aux besoins et au bien-être des Hommes, qu’il s’agisse :

  • Des visiteurs et consommateurs (les touristes) ;
  • Des habitants et communautés d’accueil ;
  • Des professionnels et acteurs du tourisme.

L’objectif est ici de créer des emplois locaux avec de bonnes conditions de travail. En effet, les emplois du secteur du tourisme sont souvent précaires (CDD, emplois saisonniers, travail de nuit ou le week-end, etc. …). Ils sont le plus souvent liés à l’hôtellerie et à la restauration.

Un autre objectif est d’établir de bons contacts entre les populations d’accueil et les visiteurs. En effet, le visiteur est souvent celui qui porte l’étiquette du « touriste » qui vient déranger. Il peut être perçu comme un étranger qui vient modifier les conditions de vie quotidienne des habitants. Ainsi, le bien-être des résidents est un axe majeur du tourisme durable qui cherche notamment à contrer la sur-fréquentation des lieux. Cette sur-fréquentation et le phénomène de masse sont d’ailleurs également un poids pour les touristes eux-mêmes. Le but est donc de satisfaire le mieux possible aux exigences des touristes en leur assurant un séjour confortable et vivable, sans pressions, en paix et selon leurs envies.

Environnement

L’environnement comprend à la fois le patrimoine naturel mais également le patrimoine culturel. Il s’agit de préserver les lieux du tourisme qui souffrent souvent de la pollution et de dégradations du fait du nombre excessif de visiteurs et de touristes. Il s’agit également de limiter la surexploitation et la mauvaise gestion de ces ressources patrimoniales.

La protection de ces différents espaces est importante non seulement parce qu’il s’agit de notre patrimoine et de notre planète mais également parce qu’ils présentent souvent l’intérêt des destinations touristiques. Ainsi, préserver les espaces naturels, la biodiversité ou encore les monuments permet de les transmettre aux générations futures afin qu’elles en profitent à leur tour.

Le patrimoine occupe donc une place importante dans le tourisme durable.

Les sous-principes du tourisme durable

Le tourisme responsable présente des sous-principes qui se situent au croisement des valeurs principales. Celles-ci sont les suivantes :

  • L’équité, à la croisée entre société et économie en favorisant une juste rémunération au juste prix ;
  • La viabilité, qui fait le pont entre économie et environnement en encourageant les acteurs et professionnels du tourisme pour les objectifs mis en place afin de préserver l’environnement ;
  • La vivabilité, qui promeut une qualité de vie en proposant aux population un environnement plus sain grâce au respect de la biodiversité et grâce à la présence du patrimoine et d’activités culturelles.

Les différentes activités du tourisme durable

Le tourisme responsable peut être décliné en plusieurs activités. Celles-ci sont de plus en vogue et de plus en plus privilégiées par les touristes. En effet, elles sont plus agréables et répondent parfaitement au refus du tourisme de masse et de la sur-fréquentation.

L’écotourisme se situe à la croisée entre environnement et économie. Également connu sous la dénomination de « tourisme vert », il s’agit d’une pratique touristique orientée vers la découverte de la nature, de réserves naturelles, de l’agriculture (agritourisme, œnotourisme, spiritourisme, etc. …), de la ruralité ou de la nature urbaine (parcs, jardins écologiques, etc. …). L’objectif est dé découvrir la faune et la flore en la respectant.

Le tourisme éthique et solidaire cherche à bénéficier à la fois à l’économie et à l’environnement. C’est une forme de tourisme responsable qui cherche à impliquer au maximum les populations locales afin de favoriser le développement économique de leurs territoires. Il s’agit donc d’une forme de tourisme qui cherche à profiter au plus grand nombre en incluant toutes les parties prenantes.

Le tourisme social touche à la fois la société et l’économie. En effet, il souhaite favoriser la pratique touristique en la rendant accessible au plus grand nombre. Pour y parvenir, plusieurs mesures sont mises en place telles que :

  • La mise en accessibilité et l’aménagement des accès ;
  • L’attribution de chèques-vacances ;
  • La distribution de subventions ;
  • L’augmentation du nombre de congés payés ;
  • L’encouragement des voyages professionnels, etc. …

Conclusion

Le tourisme durable est un tourisme d’avenir, est le tourisme de demain. En effet, il tend enfin à remplacer le tourisme de masse. Celui-ci est de plus en plus exécré par les populations locales mais aussi par les visiteurs eux-mêmes.

Cette forme de tourisme alternatif cherche à avoir des impacts positifs à la fois sur l’environnement, la société et l’économie. Néanmoins, certains aspects de ce tourisme doivent toujours être requestionnés. Ainsi, si l’on prend exemple du tourisme éthique et solidaire, on peut se demander s’il est toujours une forme de tourisme responsable. En effet, cette forme de tourisme peut être perçue comme une « consommation » de la misère des populations les plus pauvres. Le visiteur vient-il alors véritablement pour aider ces populations en les enrichissant ou pour être un simple spectateur de leur pauvreté ?

Pour aller plus loin

Le tourisme de proximité réveille les territoires

Le tourisme de mémoire en France

Le slow tourisme, découvrir le patrimoine en flânant

À la suite du rachat d’un site patrimonial, en l’occurence un château, il est essentiel d’envisager un développement d’activité. En effet, avant de se lancer, modéliser les projections financières d’un château est une étape indispensable pour ne pas faire fausse route.

Ainsi, Hephata a accompagné des nouveaux propriétaires-gestionnaires de château dans leur démarche de revalorisation économique.

Contexte

Dans un premier temps, voici quelques éléments de contexte pour comprendre le périmètre de la mission menée par Hephata :

Date de l’intervention : Octobre 2019 – Décembre 2019

Propriétaire : Privé

Porteur de projet : couple propriétaire

Département : Essonne (91)

Projet : Suite au rachat du domaine à l’abandon, les propriétaires recherchent un projet de revalorisation économique permettant la reconversion et assurant l’équilibre financier du site

Objectif

L’objectif principal était le suivant : modéliser les projections financières associées aux activités et produits recommandés dans le cadre d’une mission de stratégie de développement d’activités.

Enjeux

Dans le cadre de cette mission, les enjeux du domaine sont essentiellement :

● Absorber des coûts d’investissement élevés liés à la transformation d’un site à l’abandon (ancien orphelinat) ;

● Conforter la faisabilité de dégager un équilibre financier permettant la rémunération des porteurs de projet ;

● Ainsi que le choix d’un modèle de gestion parmi les différentes options possibles.

Résultats

En prenant en compte les éléments de contexte, les différents objectifs et enjeux, plusieurs actions ont été menées. Ainsi, les résultats obtenus à l’issue de ces actions sont les suivants :

● Porteurs de projets confortés dans la faisabilité du modèle d’activité, notamment dans les choix d’activités et de produits visés ;

● Sélection d’un modèle de gestion (internalisé) ;

● Espérance de gain pour les porteurs de projets validées à 3 ans ;

● Ainsi qu’un business plan utilisé pour lever des fonds.

Cet article met en avant les nouveaux enjeux post-covid du Ministère de la Culture. La Cour des Comptes a publié en décembre 2021 des travaux analysant le fonctionnement actuel du Ministère de la Culture. À travers ce rapport, la Cour des Comptes évoque des biais d’amélioration, notamment en lien avec les nouveaux enjeux post-covid.

Introduction

Aujourd’hui, le secteur de la Culture représente un poids économique de plus de 36 Mds d’€ avec 500 000 emplois en son sein, sans compter les retombées indirectes liées au tourisme.Ainsi, il existe plus de 45 000 monuments classés, 1 200 lieux publics d’exposition et 1 200 lieux de diffusion du Spectacle vivant.


Parmi les monuments classés les plus remarquables, il y a notamment le grandiose Palais-Royal où logent les quartiers du Ministère de la Culture au 3 rue de Valois, mais où sont aussi présents le Conseil d’Etat ou encore la Comédie Française.

Enfin, la logistique culturelle tourne notamment grâce à 9 400 agents présents au Ministère de la Culture ainsi que grâce à quelques 14 000 opérateurs.

Les constats de la Cour des Comptes

La crise sanitaire a endommagé le secteur culturel. Le rapport publié par la Cour des Comptes en décembre 2021 met en avant différents problèmes inhérents au Ministère de la culture, qu’il s’agisse de problèmes structurels ou opérationnels.

Les problèmes du Ministère : actions & missions


La Cour des Comptes remarque que si la stratégie d’action déconcentrée du Ministère a réussi en termes de développement culturel, c’est au détriment de sa propre action.
En effet, le Ministère structure ses interventions en institutionnalisant (établissements publics de coopération culturelle) ou en labelisant (centres dramatiques nationaux, centres chorégraphiques nationaux, scènes nationales, scènes de musiques actuelles, etc.). Il transfert également ses compétences à des opérateurs nationaux qui sont des établissements publics nationaux très autonomes. Et cette autonomie coûte sur le pouvoir d’action direct du Ministère.


En outre, tous ces mouvements jettent une certaine confusion vis-à-vis des priorités culturelles, d’autant plus que des politiques de guichet et de distribution de fonds publics accrue envers les grands opérateurs sont en vigueur.


Le patrimoine est alors un des grands perdants de cette manière de fonctionner. Les grands opérateurs sont favorisés au détriment du patrimoine communal/rural pourtant plus fragile car possédant moins de moyens. Les DRAC agissent avec des moyens fragilisés tandis que la Cour note l’absence d’homogénéité dans leurs politiques d’aides à l’entretien et la restauration.

Les problèmes structurels du Ministère


Au niveau structurel, la Cour remarque que le Ministère doit disposer avec de plus en plus de champs d’actions, lui conférant une très grande polyvalence. Conséquence, il se concentre sur ses missions les plus importantes : le poids financier des grands chantiers prive l’Etat des moyens pour conserver son patrimoine (ex : dégradation des cathédrales,…).
L’instabilité ministérielle importante (8 ministres en 14ans) a aussi des conséquences. Les directeurs généraux sont très portés sur leur rôle administratif et non celui de la mise en œuvre de projets (car potentiellement abandonnés à chaque changement…).


La Cour des Compte note qu’il y a beaucoup moins d’experts techniques de haut niveau que chez les opérateurs ou dans le secteur privé, faute d’une politique de recrutement peu attractive (mal payé + missions plus difficiles). Elle pointe également du doigt une très mauvaise gestion tutélaire des établissements publics :

– Lettres de missions quasi inexistantes ;

– Contrats d’objectifs et de performance peu claires dans leurs timings ;

– Objectifs stratégiques flous, etc.


Enfin, la Cour des Compte critique la politique actuelle de guichet dans la distribution des subventions. Ce fonctionnement accroît considérablement les charges financières qui pèsent ensuite durablement sur son budget.

Les recommandations de la Cour des Comptes

Redéfinir des objectifs stratégiques globaux


Une fois ces constats effectués, la Cour des Comptes entreprend de proposer des conseils pour améliorer l’état du fonctionnement administratif et stratégique  au sein du Ministère.
Elle note ainsi que plusieurs axes sur lesquels le Ministère devrait définir sa stratégie globale  :

– La création de relation avec les ministères de l’Enseignement Supérieur et de l’Education Nationale ;

– La promotion de la culture Français et Européenne sur la scène internationale (soft power) ;

– Ainsi que la veille active des mutations technologiques au sein du secteur culturel.


Achever la politique de déconcentration


La Cour préconise de mettre un terme à la politique de déconcentration du Ministère au profit des opérateurs et des collectivités territoriales.  Ne pas le faire porte défaut au fonctionnement des Musées Nationaux qui relèvent directement du Ministère. En effet, cela leur enlève l’autonomie nécessaire pour se développer.

Autre mesure de déconcentration à achever, la question des agents de musées nationaux rémunérés et administrés directement par le ministère (agents de Titre II). La Cour indique qu’il faudrait transférer la gestion de ce personnel directement aux musées. Les établissement pourront ensuite définir une politique de ressources humaines cohérente. 


Enfin, la Cour des Comptes revient sur des mesures de déconcentration déjà entreprises par le passé mais n’ayant pas abouti. Par exemple, accorder la gestion des sites du CMN (Centre des Monuments Nationaux) et des musées nationaux aux collectivités territoriales. Cela aurait l’intérêt de permettre une gestion plus dynamique des sites mais ces mesures sont impopulaires auprès des intéressées.


Toutes ces préconisations autour de la politique de déconcentration permettraient à l’Etat de rendre plus nette la ligne de partage des échelons national et territorial. Cela aurait également pour conséquence de fluidifier la lecture et l’analyse des politiques mises en place.

Réformer l’organisation du Ministère


En dernier lieu, la Cour des Comptes propose de réformer l’organisation le fonctionnement central du Ministère. En effet, la Cour estime qu’elle nuit aujourd’hui au potentiel d’expertise technique de très haut niveau de ses agents.

Cela passe d’abord par un réexamen des processus d’instruction, de décision et de gestion pour gagner en efficacité et en fluidité. Par exemple, en donnant un mode global de gestion pluriannuelle par les objectifs et les résultats. La Cour insiste sur la nécessité d’une meilleure coordination entre les directions générales et le secrétariat général afin d’optimiser les ressources humaines à disposition. 


Au niveau économique, la Cour préconise de réviser le modèle des opérateurs, actuellement sous tutelle du Ministère et mis à mal par la crise sanitaire. Les ressources propres se sont effondrées et il semble impossible de revenir aux niveaux antérieurs à la crise. Cela pourrait passer par une mutualisation des fonctions afin de réduire les coûts de fonctionnement et fixer un cadre général de contrôle de gestion. 


Enfin, la Cour des Comptes propose que l’Etat adopte une politique de ressources humaines spécifique à la catégorie « cadres supérieurs ». Cela permettrait de clarifier leurs rôles et renforcer l’attractivité des postes.

Conclusion :

Finalement, la Cour des Comptes démontre que le rôle du Ministère de la Culture est aujourd’hui légèrement opaque. Il nécessite de vraies réformes en profondeur. La période post crise sanitaire a permis de mettre un peu plus en lumière ses défauts. Il s’agit également du moment opportun à saisir pour mettre ces réformes en route.

Pour aller plus loin : 

Les acteurs du patrimoine : le financement

Les acteurs du patrimoine : la gestion   

Panorama des acteurs européens du patrimoine

Le rachat à soi-même

Cet article permet de comprendre ce qu’est la stratégie financière du rachat à soi-même : générer des liquidités pour revaloriser son patrimoine.

Ce qu’il faut retenir

– Le rachat à soi-même est une stratégie financière permettant de générer des liquidités

– Elle peut être utile dans un projet de revalorisation du patrimoine

– C’est une opération délicate qui nécessite un accompagnement et une bonne connaissance de l’immobilier et de la fiscalité

Introduction

Le rachat à soi-même ou OBO (Owner buy out) est une opération financière immobilière pour générer des liquidités. Elle permet également de profiter du levier du crédit, de transmettre à ses enfants et de gérer sa fiscalité. Elle consiste à vendre son propre bien immobilier à une société dont le propriétaire est l’initiateur et l’actionnaire puis à destiner ce bien à la location.

La cession se déroulera comme une vente immobilière ordinaire. L’ intervention du notaire pour l’établissement de l’acte de propriété est obligatoire. Les droits de préemption par la commune ou la SAFER (Sociétés d’aménagement foncier et d’Établissement rural) sont maintenus. Pour acheter un bien immobilier, la société recourt à un prêt bancaire. Les rendements locatifs du bien immobilier rembourseront les intérêts (sachant que les intérêts du prêt seront déductibles du loyer). Parallèlement, le propriétaire du bien percevra le fruit de la cession. Il sera ainsi pourvu de liquidités. Le propriétaire pourra d’ailleurs investir le fruit e la vente dans le but de générer un profit supplémentaire.

L’opération est légale. Cependant, elle ne doit pas être menée uniquement pour la rentabilité financière. Dans cas l’administration fiscale se montrera certainement peu clémente avec le propriétaire.

Une opération délicate donc qui nécessite une bonne connaissance du sujet. Qui demande également un accompagnement personnalisé par des conseillers experts en la matière. Il s’agira surtout de mesurer les leviers dans le détail pour déterminer le bien-fondé de l’opération. Néanmoins, un individu peut tout à fait opter pour la stratégie du rachat à soi-même dans le cadre d’une revalorisation du patrimoine. Cette technique s’avère même être largement profitable. Prendre connaissance en détail de la stratégie du rachat à soi-même est impératif. Ce afin de générer des liquidités en vue de revaloriser son patrimoine !

Quel type de société créer ? Comment bien la gérer pour mettre à bien une stratégie financière de revente à soi-même ?

Le plus souvent, les acteurs de la stratégie de la revente à soi-même optent pour la création d’une SCI (Société civile immobilière) dont les membres sont généralement des individus de la même famille afin de garder un certain pouvoir de gestion.

Ensuite, il est préférable que le propriétaire opte pour une SCI à capital variable plutôt qu’une SCI à capital fixe. En effet, aucune formalité ne sera nécessaire en cas d’augmentation du capital (ce qui sera le cas ici dans la stratégie de rachat à soi-même).

Pour mener à bien la gestion de la SCI familiale, il est recommandé de :

– Choisir un gérant compétent dans l’immobilier

– Anticiper les potentiels problèmes familiaux (décès, divorce…)

– Laisser une certaine marche de manœuvre au gérant

– Éviter que les associés soient majoritaires et aient une trop grande marge de manoeuvre

– Consulter des professionnels pour bénéficier de leurs conseils et bien évaluer la valeur de son bien immobilier : avocat fiscaliste, banque, notaire, conseil en gestion du patrimoine, expert-comptable …

Quels sont les coûts générés par la stratégie financière du rachat à soi-même ?

Si la stratégie de revente à soi-même génère de fortes liquidités, elle implique aussi des coûts dont il faut bien être conscients. Il faudra faire face aux :

– Frais de constitution de la société (à moins que celle-ci ne fût déjà existante)

– Frais de vente du bien immobilier, droits de mutation, droits d’enregistrement (entre 7 et 10 % du montant de la vente)

– Impôts sur les plus-values immobilières, sur la fortune immobilière (IFI) et sur les revenus de la société (IS)

– Coûts du prêt, intérêts et frais de garantie demandés par la banque

Quels sont les potentiels risques fiscaux générés par la stratégie financière du rachat à soi-même ?

La stratégie de revente à soi-même est une opération délicate fortement surveillée par l’administration fiscale. Celle-ci se méfie en effet scrupuleusement de cette stratégie qu’elle a tendance à percevoir comme une évasion ou une optimisation fiscale. Ainsi, si un doute demeure quant aux objectifs portés par le propriétaire par le biais de l’OBO, il y a un risque de procédure de répression de l’abus de droit (article L64 du CGI). L’administration fiscale pourra alors sanctionner de 40 à 80 % des impôts éludés.

De même il faudra prouver l’existence réelle et légale de la société. Une société fictive sera en effet assimilée à un délit d’escroquerie et sera dissoute.

Quelles sont les dispositions à prendre pour être en règle avec l’administration fiscale ?

Pour éviter une poursuite judiciaire et fiscale lors de la pratique du rachat à soi-même il est conseillé de :

– Effectuer un changement de propriétaire bien réel (il ne doit être ni gérant, ni co-gérant)

– Éviter que le propriétaire ou qu’un membre de sa famille (dans le cas d’une SCI familiale) détienne la majorité des parts (moins de 50%)

– Se marier sous le régime de séparation des biens si le propriétaire est en couple (le bien vendu devra également lui appartenir personnellement)

– Estimer votre bien à sa juste valeur pour garder en crédibilité (ni de sous-évaluation, ni de surévaluation)

– Faire preuve d’une motivation non pas essentiellement fiscale mais aussi patrimoniale ou juridique (revaloriser un bien, éviter l’indivision entre héritiers en cas de transmission …)

Conclusion

Le rachat à soi-même est donc une stratégie financière. Elle vise à générer des liquidités pouvant servir de financement afin de revaloriser son patrimoine. L’OBO consiste à racheter son propre patrimoine. Cela permet de dégager des liquidités, profiter du levier du crédit, transmettre à ses enfants et maîtiser sa fiscalité. C’est une opération délicate, l’administration fiscale la surveille de près. Il faut donc être prudent. Ne pas suivre cette stratégie uniquement dans le but d’une évasion ou d’une optimisation financière par exemple. Pour plus de sécurité un propriétaire peut recourir à l’accompagnement de spécialistes et d’experts de l’immobilier.

Pour aller plus loin

Trouver un financement

Financement MH et ISMH auprès de la DRAC

Gagner de l’argent grâce à son château : les actions à mener

Séduire par le patrimoine gastronomique : découvrez ce patrimoine qui fait la fierté des français et renforce leur identité.

L’important à retenir de cet article :

La gastronomie est un pilier de l’identité française. Inscrite dans le patrimoine français au même titre que les monuments et sites historiques, la gastronomie plait aux touristes français et internationaux. De cet attrait pour la gastronomie est né le tourisme culinaire, qui permet aux individus de découvrir un territoire grâce à sa gastronomie et à ses produits du terroir.

Introduction :

Selon Jean-Yves Le Drian, actuel ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, « il n’y a pas meilleure porte d’entrée pour la France que ses saveurs et ses goûts ». La France est une terre de saveurs, jalonnée par l’opulence de produits issus des terroirs de chaque région. Ainsi, la gastronomie est une manière pour les touristes de découvrir un territoire, au gré de ses produits du terroir, et son patrimoine.

À titre informatif, le mot « restaurant » est l’un des mots français les plus utilisés à travers le monde. Cette information qui parait anecdotique révèle l’importance de la gastronomie française et le lien, conscient ou non, que font les étrangers entre la gastronomie et la France. Les deux sont indissociables : la gastronomie fait intégralement partie de l’identité française.

Ainsi, le « repas gastronomique des français » a été classé au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO en 2010. La protection concerne le déroulement des repas, la qualité des recettes et produits, ainsi que son aspect social. En effet, en France, la gastronomie est au cœur de nos pratiques sociales, comme le raconte le podcast de Louie Media, « Manger ».

L’importance de la gastronomie française est telle qu’elle inspire les artistes et écrivains  depuis des siècles. De l’écrivain François Rabelais au peintre Gustave Caillebotte, les créateurs ont été inspirés par la gastronomie française. Tandis que le premier met en avant l’opulence de la cuisine française et des banquets d’antan, le second a retranscrit sur sa toile le raffinement et l’élégance du dîner à la française. 

Nature morte au homard, Gustave Caillebotte, 1883

Dans une huile sur toile intitulée Nature morte au homard, le peintre représente un homard, sobrement disposé sur une nappe blanche. Ce tableau, acheté par des collectionneurs américains, rend hommage à la gastronomie française.

La gastronomie, symbole indissociable de la France

La France est reconnue de par le monde pour de nombreuses richesses, à l’instar de son patrimoine. La plus symbolique est la gastronomie, mêlant raffinement et simplicité, savoir-faire, culture et patrimoine. 

Le patrimoine gastronomique en France rassemble divers éléments : les savoir-faire et techniques culinaires, les recettes et les produits, mais aussi les coutumes et légendes liées à l’histoire culinaire du pays. En France, chaque région possède au moins une spécialité gastronomique, qu’il s’agisse d’un produit du terroir ou d’une recette, qui fait intégralement partie de son identité. 

Certaines de ces spécialités régionales sont tellement réputées à travers le monde qu’elles sont devenues symboliques de la région, et plus largement de la France. Par exemple, la galette bretonne à base de sarrasin se mange dans tous les pays, et c’est un incontournable pour les touristes. D’autres plats français sont aussi réputés à l’étranger, à l’instar du gratin dauphinois, du bœuf bourguignon ou de la ratatouille. D’ailleurs, Ratatouille (2007) est le titre d’un célèbre film d’animation Disney Pixar, qui rend hommage à la gastronomie française. 

Les plats traditionnels de nos régions ont su conquérir le monde, attisant toujours plus la curiosité des touristes pour la gastronomie française. 

« Goût de / Good France », ou le rayonnement de la gastronomie française à l’international

Chaque année, l’évènement « Goût de / Good France », mets à l’honneur la gastronomie française à travers le monde. Initié en 2015 par le célèbre chef cuisinier Alain Ducasse, l’évènement reprend l’idée des Dîners d’Épicure du chef Auguste Escoffier. Ces dîners se sont déroulés de 1911 à 1914 avant d’être arrêtés par la Première guerre mondiale. Il s’agissait d’évènements mondiaux au cours desquels des chefs, répartis dans divers pays, préparaient un repas gastronomique français, pour célébrer la cuisine française. 

Lorsqu’Alain Ducasse fait renaitre ces dîners à travers l’évènement intitulé « Goût de / Good France », il choisit de mettre en avant la diversité du patrimoine gastronomique français en valorisant chaque année une région différente. Un grand dîner est organisé à Paris, tandis qu’une multitude d’autres sont parallèlement servis dans les ambassades et consulats à travers le monde, ainsi que dans des restaurants. La dernière édition, qui aurait dû avoir lieu en 2020, prévoyait de mettre en avant les cheffes et chefs du Centre-Val-de-Loire.

Ces évènements contribuent au rayonnement international de la gastronomie française.

La diversité du patrimoine gastronomique en France

Le patrimoine gastronomique englobe aussi des lieux liés à la culture culinaire : les jardins, potagers et vergers, ainsi que les restaurants, cafés, etc. À ce titre, près de 90 potagers sont protégés au titre des Monuments Historiques, dont une quinzaine sont classés tels que :

– Le Potager du Roi au Domaine de Versailles ;

– Le potager du Château de la Roche-Guyon ;

– Celui du Château de Villandry, qui accueille chaque année environ 350 000 visiteurs. 

Les Jardins Potagers du Château de Villandry

Ces lieux sont à la fois du patrimoine historique, naturel et gastronomique. En effet, il n’est pas rare que ces trois domaines s’entremêlent, puisqu’ils sont tous intrinsèques à l’identité du pays. 

En plus des potagers protégés, nombreux sont les restaurants qui bénéficient d’une protection au titre des Monuments Historiques. Certains restaurants occupaient déjà les lieux avant d’être classés, tandis que d’autres se sont installés (a postériori) dans des monuments historiques. Parmi les restaurants installés dans des lieux historiques, en voici quelques-uns célèbres : 

– Le Jules Verne à Paris, au sein de l’emblématique Tour Eiffel ;

– La Cigale à Nantes, brasserie unique au décors somptueux, qui illumine le cœur de Nantes depuis 1895.

Sublimer le patrimoine historique grâce à la gastronomie

La gastronomie partage avec le patrimoine historique quelques caractéristiques. Tous les deux sont importants dans l’identité du pays et témoignent de son histoire, chacun à leur manière. Ils sont aussi les témoins de l’évolution du mode de vie des français, selon les époques et les territoires.

De plus, le patrimoine historique et le patrimoine gastronomique partagent des valeurs telles que l’authenticité, le raffinement mais aussi la simplicité, ainsi que le respect des matières premières.

Ainsi, nombreux sont les chefs qui ont décidé de s’installer dans des lieux patrimoniaux afin d’y développer leurs restaurants.

L’Auberge du Père Bise du chef Jean Sulpice

Créée au début du XXème siècle, l’Auberge du Père Bise est une ancestrale maison de bien-être, théâtre du patrimoine culinaire de la région. En effet, l’Auberge est particulièrement réputée pour avoir été tenue par Marguerite Bise, grande cheffe française. Elle est la troisième femme ayant obtenu trois étoiles au Guide Michelin. L’Auberge a longtemps été tenue par la même famille, la famille Bise, avant d’être rachetée par le jeune chef Jean Sulpice.

Bordée par les eaux du Lac d’Annecy, l’Auberge est un lieu unique et intemporel, entre patrimoine gastronomique, historique et naturel. La beauté du lieu a séduit Jean Sulpice et sa compagne, qui ont repris l’Auberge en 2016. Depuis, le jeune chef laisse sa créativité s’épanouir, proposant une gastronomie qui se veut responsable et durable, alliant tradition et modernité.

L’Auberge propose deux types de restauration, un restaurant gastronomique 2 étoiles, ainsi qu’un espace bar. Dans ses restaurants, le chef propose une cuisine ancrée dans son terroir, à l’écoute des saisons et respectueuse des produits.

De par son histoire, l’Auberge du Père Bise est le lieu idéal pour l’épanouissement d’un chef. Toutefois, même des lieux patrimoniaux dont l’histoire n’est pas marquée par la gastronomie, c’est-à-dire qui ne sont pas des brasseries ou restaurants historiques, peuvent devenir de parfaits théâtres pour un restaurant.

La gastronomie au château de Fonscolombe

Situé au cœur d’un terrain de 12 hectares, près d’Aix-en-Provence, le Château de Fonscolombe est un sublime édifice construit au XVIIIème siècle dans le style Quattrocento. À l’issue d’une vingtaine d’années de restauration, l’édifice rouvre ses portes en 2017. 

Devenu un hôtel 5 étoiles, le lieu possède aussi deux restaurants ainsi que des vignes, véritable atout pour accueillir les amateurs d’oenotourisme, ce dernier étant intimement lié au tourisme gastronomique. De plus, le lieu possède un potager, dont les productions sont directement utilisés dans les restaurants. 

Classé parmi les Relais & Châteaux, le restaurant accueille les touristes , les locaux ainsi que les résidents du château, venus séjourner quelques jours en vacances.

Le restaurant principal du Château de Fonscolombe est le restaurant L’Orangerie, dont les terrasses offrent une vue imprenable sur le parc du domaine. Le chef du restaurant est Quentin Durand, jeune chef français ayant travaillé auprès des plus grands.

Afin d’offrir une expérience unique à ses clients, ces derniers ont la possibilité d’échanger avec le chef à leur arrivée. Au cours de cette discussion, le chef prend connaissance de la « Madeleine de Proust » des clients, afin de leur faire revivre ce souvenir. À travers cette expérience, le moment au sein du restaurant s’imprime dans la mémoire sensorielle de la clientèle. De cette manière, le lieu crée un véritable lien émotionnel avec le client. C’est une manière de pérenniser la clientèle grâce à une technique s’approchant du neuromarketing.

Charmer le public grâce au tourisme gastronomique

L’attrait des touristes pour la gastronomie a donné naissance à une branche du tourisme nommée le tourisme gastronomique ou tourisme culinaire. En France, environ 13 millions de touristes déclarent pratiquer le tourisme gastronomique. Pour certains touristes, il s’agit de la première motivation pour découvrir un lieu, premier critère de choix. Pour d’autres, le tourisme gastronomique est un atout supplémentaire, mais pas la raison de leur voyage. Les activités complémentaires appréciées par les touristes sont les visites culturelles et patrimoniales, ainsi que les activités de plein air.

Le tourisme gastronomique englobe différentes pratiques, prenant aussi en compte l’oenotourisme ou l’agritourisme. En effet, le tourisme culinaire ou gastronomique concerne toutes les pratiques qui vont mettre en avant le patrimoine gastronomique d’un lieu. 

Tandis que certains touristes désirent simplement découvrir les mets et recettes traditionnels d’un territoire, d’autres recherchent une véritable expérience culinaire mémorable. Ils ont alors le désir de s’initier à la cuisine, de s’immerger dans la culture et le patrimoine grâce à la gastronomie. Ainsi, les activités proposées dans le cadre du tourisme gastronomique sont variées :

– Atelier dégustation en compagnie d’un chef ;

– Stages de cuisine auprès d’un chef ;

– Visites de vignes, de fermes ou de marchés en compagnie d’un spécialiste.

Développer l’une de ces activités en complément de son restaurant est un bon moyen d’attirer les touristes en recherche d’expérience.

Le restaurant La Chapelle Saint-Martin de Gilles Dudognon

Installé dans une ancienne résidence de porcelainiers du XIXème siècle, caractéristique de la ville de Limoges, le restaurant La Chapelle Saint-Martin accueille les clients dans l’univers du chef Gilles Dudognon. Le restaurant de Gilles Dudognon met en valeur le patrimoine bâti de la région, notamment l’histoire de la porcelaine, ainsi que le patrimoine gastronomique.

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La Chapelle Saint-Martin ⓒgroupon.fr

Originaire de la région, Gilles Dudognon revendique fièrement son amour pour ce territoire et son patrimoine à travers sa cuisine. Il travaille principalement avec des artisans et producteurs locaux, créant ainsi une synergie entre le lieu et les autres acteurs du territoire.

Afin de diversifier l’expérience autour de la gastronomie locale, le lieu propose diverses activités thématiques :

– Des cours de cuisine ainsi qu’une expérience en immersion en cuisine avec le chef ;

– Un menu thématique « Grande Escapade », incluant une dégustation Accord Mets et Vins ;

– Les « Ruches à manger », déjeuner atypique au sein du parc.

Grâce à ces différentes expériences qui complètent les simples repas au restaurant, le lieu propose aux touristes amateurs de gastronomie un véritable panel d’activités adaptées aux envies et besoins de chacun. 

Conclusion :

 Le tourisme gastronomique est un véritable levier pour attirer des clients au sein d’un territoire ou d’un site patrimonial. Premièrement, il apporte de la visibilité au lieu ainsi qu’une rentabilité sur le long terme. Ensuite, il permet de créer un lien avec la clientèle grâce à la gastronomie, à travers une expérience sensorielle unique que seuls les plaisirs de la table peuvent procurer.

Que ce soit du côté des chefs cuisinier ou du côté des propriétaires et gestionnaires de sites patrimoniaux, mêler patrimoine historique et patrimoine gastronomique est une excellente manière d’offrir à la clientèle une expérience unique. De plus, le patrimoine historique est généralement lié au patrimoine naturel, qui est lui-même essentiel en gastronomie.

Pour aller plus loin :

Lancer des activités dans un site historique

Créer une école de cuisine dans un château

Dans cet article, Hephata présente les différentes activités liées à l’oenotourisme pour découvrir le patrimoine. 

L’important à retenir de cet article : 

Le patrimoine français est varié et ne se limite pas au patrimoine bâti. L’œnotourisme met en avant différentes facettes du patrimoine : naturel, bâti, culturel et immatériel.

La France regorge d’atouts pour le développement de l’oenotourisme, dont l’impact économique positif est d’ores et déjà reconnu par les acteurs du tourisme. 

Ce qu’il faut retenir : 

– L’oenotourisme et le patrimoine sont intimement liés

– L’oenotourisme permet d’élargir son activité et d’attirer une nouvelle clientèle

– En temps de pandémie, alors que les frontières se ferment et qu’il est difficile de voyager à l’étranger, se positionner sur la thématique de l’oenotourisme est une réelle opportunité 

Introduction : 

Le patrimoine français est riche. Au-delà du patrimoine bâti, la France regorge de patrimoine naturel, culturel et immatériel. L’œnologie est l’un de ces patrimoines réputés dans le monde entier. En effet, trois vignobles français sont classés par l’UNESCO : Saint Emilion, la Champagne et la Bourgogne.

L’attrait pour ce savoir-faire ancestral et la curiosité des voyageurs ont participé à faire émerger depuis plusieurs années une nouvelle forme de tourisme centré sur l’activité viticole : l’oenotourisme. Cet intérêt porté par les touristes est grandissant. 

L’agence de développement touristique française Atout France comptabilisait en 2016 plus de 10 millions de touristes dans ce secteur, contre 7,5 millions en 2009. En termes économiques, l’oenotourisme génère 5,2 milliards d’euros de recettes / an. C’est un atout majeur pour les acteurs du territoire puisqu’il le structure  par des retombées économiques à court comme à long terme.

En France, l’oenotourisme fonctionne très bien. Le vin fait partie du patrimoine français et la France est reconnue à l’internationale pour ses excellents breuvages et ses savoir-faire. Selon les études d’Atout France, près de 60% des oenotouristes sont français. Les 40% restant sont composés principalement de voyageurs européens, venant majoritairement de pays frontaliers comme la Belgique et l’Angleterre. 

1. L’oenotourisme : faire découvrir des savoir-faire ancestraux

L’oenotourisme révèle les richesses des territoires français et permet aux voyageurs, étrangers ou non, de les découvrir. En France, le vignoble est présent dans de nombreuses régions. Chacune d’entre elle possède ses spécificités, autant en termes de culture, de paysage que d’architecture.

Par ailleurs, l’oenotourisme peut etre pratiqué en séjour de courte ou longue durée ainsi qu’en itinérance.

L’oenotourisme itinérant, découvrir une région au gré des vignobles

L’oenotourisme se prête particulièrement bien au tourisme en itinérance, permettant ainsi de découvrir plusieurs domaines viticoles et les subtilités de chaque terroir. Parmi les routes des vins célèbres, prenons l’exemple de la « Route des Vins d’Alsace », récemment labellisée Vignobles & Découverte. Cette dernière peut se parcourir grâce à des moyens de transports collectifs (bus), en voiture ou en vélo pour les voyageurs adeptes de cyclotourisme, mode de slow tourisme fort apprécié.

La « Route des Vins d’Alsace » parcourt 170km de territoire piémont viticole, du Nord au Sud, de Marlenheim à Thann.  Assurément, c’est un pilier du rayonnement de la région alsacienne. Créée dès le début des années 1950, la Route des Vins d’Alsace est une destination complexe, composées de diverses offres : 

– Sentiers viticoles ;

– Rallyes dans les vignobles ;

– École des vins ;

Sans compter les nombreux domaines viticoles proposant des activités de découverte, des visites de caves suivies de dégustation, de la restauration ainsi que des hébergements.

Vignes et villages d’Alsace

L’évènement national « Pique-Nique chez le Vigneron Indépendant » se déroule depuis 25 ans dans la région alsacienne. Ayant lieu pendant trois jours, le principe est le suivant : aller déjeuner chez un vigneron en apportant son panier repas. 

Les « Vins du Val de Loire au fil de l’eau » : vins, croisière et patrimoine

Le « Pays des châteaux » est aussi le pays du vin. À bord d’une touée cabanée, embarcation fluviale typique de la Loire,  le voyageur découvre les merveilles du patrimoine bâti, naturel et immatériel de la région Centre Val de Loire.

En compagnie d’un vigneron, parfois aussi capitaine du bateau, les touristes dégustent produits du terroir et vins des domaines locaux.

Cet itinéraire regroupe différents circuits fluviaux, parmi lesquels la « Toue de Nantes » et la balade « Régal Vigneron ». Tout en naviguant sur l’Erdre, la plus belle rivière de France selon François 1er, les voyageurs peuvent ainsi échanger avec un vigneron du vignoble nantais.

Au cœur de l’Anjou, Loire Vins Aventure propose des excursions sur la Loire à bord de l’Etoile qui Rit, qui se décline en trois offres dont « La Loire Pittoresque ». Au départ de Montsoreau jusqu’à Saint Germain sur Vienne, les voyageurs ont alors l’occasion de découvrir villages et châteaux, comme celui de Montsoreau, transformé en musée d’art contemporain.

En complément des excursions, Loire Vins Aventure propose restauration et dégustation de vins du Domaine des Champs Fleuris. Les touristes peuvent alors découvrir patrimoine bâti et patrimoine naturel , pour une expérience unique.  

2. L’oenotourisme : dynamiser l’évènementiel

L’œnologie entretient des liens étroits avec le patrimoine. Considérée elle-même comme un patrimoine immatériel, l’œnologie implique aussi le patrimoine naturel à travers les vignobles et le patrimoine historique via les différents monuments des domaines viticoles.

L’oenotourisme s’adresse à tous les publics, des néophytes aux passionnés. De nombreuses activités permettent de découvrir cet univers en famille, entre amis ainsi que dans le cadre de l’entreprise.

Rouge aux lèvres : agence spécialisée dans l’évènementiel œnologique auprès des entreprises

Créée par Margot Durancel, sommelière, journaliste et influenceuse vin, l’agence Rouge aux lèvres organise des évènements autour du vin pour les entreprises et leurs clientèles. Composée de sommeliers juniors et de sommeliers séniors, l’agence organise des masterclass, des dîners et voyages œnologiques, et propose la mise en place de bar à thèmes lors de cocktails professionnels.

Pour organiser ses évènements, l’agence dispose d’un carnet d’adresse exclusif composé de lieux prestigieux, parfois secrets, et souvent fermés au public. Pour les propriétaires ou gestionnaires de lieux patrimoniaux remarquables, accueillir un évènement œnologique haut de gamme peut être un bon moyen de développer son réseau tout en préservant son intimité.

En temps de pandémie, l’agence propose à ses clients des « E@Degustation », « les Virtual Wine Tour », sorte de masterclass à domicile en visioconférence. Pour se faire, l’agence se charge de tout organiser : la conception du coffret, la livraison auprès des clients et l’expérience digitale avec un sommelier de l’agence. Un format évènementiel intéressant en période de crise sanitaire !

La plateforme Visit French Wine, véritable guide oenotouristique recensant les acteurs du secteur

La plateforme Visit French Wine recense des dizaines d’activités, d’expériences et de lieux pour partir faire de l’oenotourisme. Le site permet de chercher une expérience personnalisée répondant à différents critères. Parmi les diverses expériences répertoriées et valorisées par la plateforme, nombreuses sont celles qui mêlent oenotourisme et patrimoine.

Grâce à une telle plateforme, un gestionnaire de site historique peut s’inspirer d’expériences existantes, analyser la concurrence locale et se positionner. Si son activité est recensée par la plateforme, c’est aussi un atout de visibilité non négligeable.

La Maison Rémy Martin à Cognac : le spiritourisme, petit frère de l’oenotourisme

Bien que l’oenotourisme soit principalement axé sur le vin, la France possède un autre savoir-faire : les spiritueux. Le cognac est l’une des eaux-de-vie les plus appréciées dans le monde. D’ailleurs, les savoir-faire de l’élaboration du cognac sont inscrits à l’inventaire du patrimoine culturel immatériel français, première étape avant le classement au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO.

La Maison Rémy Martin à Cognac, labellisée Entreprise du Patrimoine Vivant, est l’une des plus prestigieuses maisons de cognac. Fondée en 1724, le savoir-faire de la maison repose sur une distillation traditionnelle et l’utilisation de produits de grandes qualités. D’ailleurs, la Maison propose un large choix d’activités touristiques axées sur la gastronomie, la découverte du patrimoine et des savoir-faire. 

L’intérêt pour les grandes maisons de spiritueux grandit en France, donnant naissance à une nouvelle forme de tourisme complémentaire de l’oenotourisme : le spiritourisme. Pour les propriétaires de lieux patrimoniaux, créer des évènements en lien avec l’oenotourisme ou le spiritourisme est le moyen d’attirer une nouvelle clientèle.

Afin d’impliquer encore plus le touriste dans la découverte des vignobles, la plateforme Visit French Wine recense aussi des activités dans la veine de l’agritourisme. L’agritourisme, forme de tourisme à la ferme, propose aux voyageurs de découvrir les savoir-faire agricoles. Dans l’oenotourisme, ce sont les savoir-faire viticoles qui sont mis en avant, notamment les vendanges.

Le Château Guipière, entre vendanges et séminaires d’entreprises

Situé à quelques kilomètres de Nantes dans le vignoble du muscadet, le Château Guipière propose une salle de réunion jouxtant le chai. Pour les séminaires se déroulant au mois de septembre, c’est l’occasion pour les visiteurs d’expérimenter l’art des vendanges en pratiquant cette activité l’après-midi.

Vignes en automne
L’expérience « Vendanges » au Château de Pommard

En Bourgogne, les curieux sont invités à venir observer, apprendre et participer aux vendanges du Château de Pommard. Après avoir découvert la méthode de récolte traditionnelle, c’est le moment de déguster des spécialités de la gastronomie bourguignonne tout en savourant des vins typiques de la région. Les activités proposées au château de Pommard sont idéales pour le team-building et les séminaires d’entreprises.

Château de Pommard

Ne disposant pas d’une offre d’hébergement, le château a cependant mis en place un système de conciergerie afin d’accompagner au mieux leur clientèle dans la préparation de leur séjour en Bourgogne. 

Il serait judicieux pour un propriétaire ou gestionnaire de site historique, situé à proximité d’un domaine viticole, de servir d’hébergement partenaire pour les vignobles ne proposant pas ce service, à l’instar du Château de Pommard. 

3. L’oenotourisme : offrir des lieux d’hébergements ressourçant pour des séjours uniques

Que ce soit pour un séjour de courte durée dans le cadre d’un circuit touristique ou pour un séjour de longue durée, les domaines viticoles sont des lieux d’accueil privilégiés. Idéalement situés au cœur des vignes, les hébergements touristiques dans les domaines viticoles permettent aux touristes d’être plongés en immersion dans la vie des vignerons . L’espace d’un instant, le voyageur plonge dans une nature exceptionnelle et découvre des savoirs-faire ancestraux.

Il est donc judicieux, lorsque cela est possible, de proposer une offre d’hébergement au sein de son vignoble. Gîtes de France réalise un classement par « épis », à l’instar des étoiles pour les hôtels et restaurants. Cette classification s’applique à différents types d’hébergements :

– Les gîtes, classés de 1 à 5 épis ;

– Les gîtes de groupe, de 1 à 4 épis ;

– La chambre d’hôtes, de 1 à 5 épis ;

– Les campings et chalets, de 1 à 4 épis. 

Nota Bene : les hébergements dit « insolites » ne font pas l’objet d’un classement.

Le Domaine de Verchant : proposer un hébergement de luxe au cœur des vignes 

À seulement quelques minutes du centre de Montpellier se trouve le Domaine de Verchant. Maison de maitre transformé en hôtel 5 étoiles proposant des chambres et des suites. Le lieu est classé Relais & Châteaux. Par ailleurs, Le Domaine de Verchant propose aussi un appartement privé ainsi que deux maisons privatives.

Le Domaine de Verchant propose divers services ;

– Le Restaurant « Verchant » ;

– La « Plage dans les vignes » composée d’une piscine, d’un restaurant et d’un bar tel une oasis au cœur des vignes ;

– Un SPA, proposant aussi des cabines privatives ;

– Une salle de fitness ;

– La boutique-caveau, pour déguster et acheter les vins du domaine.

Vidéo Domaine de Verchant domainedeverchant.com

La vue imprenable sur les vignes du Languedoc fait du Domaine de Verchant un véritable havre de paix, de calme et de volupté pour la clientèle en recherche d’expérience haut de gamme. 

Camper chez le vigneron dans le Val de Loire, une offre d’hébergement plus accessible

Pour les touristes préférant l’itinérance et le camping, il est possible de faire étape chez le vigneron. En effet, dans le Val de Loire, plus particulièrement dans la région de Saumur, plusieurs vignerons proposent des emplacements à titre gratuit pour accueillir des campeurs comme au Clos des Cordeliers.

Conclusion 

Accessible à tous grâce à une diversité d’offres adaptées à un public très large, l’oenotourisme est un atout pour le patrimoine français. En effet, il permet d’étendre la vision du patrimoine, de penser plus large, en s’intéressant au patrimoine naturel, culturel et aux savoir-faire (patrimoine immatériel). 

L’oenotourisme est incontestablement un atout pour les propriétaires ou gestionnaires de domaines viticoles. Toutefois, il peut aussi s’adapter aux lieux historiques n’ayant visiblement aucun lien avec l’œnologie. Si la région où se situe le bien possède une histoire forte liée à l’œnologie ou est particulièrement réputée pour ses vins, un lieu historique peut en bénéficier et organiser des évènements autour de cette thématique.

Pour aller plus loin : 

Le slow tourisme, découvrir le patrimoine en flânant

Lancer des activités dans un site historique 

Quels financement pour lancer une activité touristique ?

Comment développer des activités au cœur des abbayes ? Dans cet article, Hephata vous donne quelques inspirations et pistes de réflexions.

L’important à retenir de cet article : 

Dans cet article, nous vous présenterons différents développements d’activités mis en place dans des abbayes, à travers un focus sur les différentes propositions réalisées par l’association Propolis autour de l’Abbaye de Bonnecombe.

En effet, généralement, les abbayes sont des lieux spacieux et chargés d’histoire, souvent entourés d’un patrimoine naturel remarquable. Ainsi, les abbayes présentent des atouts majeurs pour la mise en place d’activités variées.

Introduction : 

Les abbayes sont intimement liées au monachisme. Initialement issues de l’Orient, elles se sont beaucoup développées en Occident au fil des siècles.

Avec l’avènement de la chrétienté, des abbayes furent construites par centaines. La vie monastique s’appuie sur différents piliers, parmi lesquels le travail, souvent agricole. En effet, « Ora et Labora », signifiant en français « prie et travaille », est une expression latine faisant référence à la vie monastique bénédictine. À travers le travail dans les champs, les abbayes avaient pour vocation d’être auto-suffisantes.

En janvier 2021, la ministre de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales, Jacqueline Gourault, s’est rendue dans le Calvados afin d’y signer une convention de partenariat de sauvegarde du patrimoine. Le premier édifice à bénéficier de ce programme est l’Abbaye de Mondaye, située à Saint-Martin-de-Mondaye.

Cette actualité démontre un intérêt toujours présent pour le patrimoine historique, notamment le patrimoine des abbayes. Assurément, la dimension humaine de ces lieux de vie particuliers les rend fascinants, tout comme leur architecture souvent remarquable. 

Au même titre que les châteaux, les abbayes sont des témoins de l’évolution des styles architecturaux en France et de l’histoire du pays. C’est un patrimoine reconnu et valorisé, à l’instar de l’Abbaye de Fontenay en Bourgogne-Franche-Comté, classée au Patrimoine Mondiale de l’Unesco.

Pour sauvegarder de tels lieux, il est nécessaire de mettre en place des activités afin de les animer. L’enjeu est de les rendre rentables financièrement, les bénéfices pouvant par la suite être réinjectés dans la mise en valeur, le développement et l’entretien du lieu.

Cependant, il est important de garder une cohérence entre l’histoire du lieu et les nouvelles activités. Pour cela, il est judicieux de s’orienter vers des activités ayant une dimension sociale, environnementale, de bien-être ou spirituelle.

Focus sur l’étude du projet Propolis à l’Abbaye de Bonnecombe

Pour la première édition du Prix du Patrimoine paysager et écologique, la Fondation Etrillard a sélectionné le projet de l’association Propolis pour la réhabilitation et la restauration des espaces paysagers de l’Abbaye de Bonnecombe.

Bien que tout ce que propose l’association Propolis est au stade de projet, il s’agit d’un travail d’étude très intéressant, axé autour de la construction d’un projet cohérent, qui peut être une excellente source d’inspiration. L’aboutissement sera par la suite décidé avec l’évêché de Rodez et Vabres, propriétaire des lieux.

L’Abbaye cistercienne de Bonnecombe dans l’Aveyron est un lieu patrimonial exceptionnel fondé au XIIème siècle. Inhabitée depuis 1965 et inoccupée depuis 2017, l’Abbaye est au cœur du travail d’étude réalisé pour le projet Propolis.

L’idée de l’association est d’implanter un centre de formation au sein de l’Abbaye ainsi qu’une pluralité d’autres activités axées sur les questions environnementales et sociétales. 

1. La valorisation des extérieurs de l’Abbaye

Les sites patrimoniaux sont généralement entourés d’une nature remarquable. C’est assurément un atout à valoriser pour les propriétaires et gestionnaires de lieux patrimoniaux. En effet, les visiteurs apprécient de plus en plus le patrimoine naturel. Par ailleurs, de nouvelles tendances touristiques attestent de cet attrait grandissant pour la nature, tels que l’agritourisme ou le slow tourisme, ainsi que toutes les formes de tourisme durable.

À travers la mise en place des différentes actions, l’association Propolis exprime un message fort et affirme l’importance des questions environnementales et sociétales à ses yeux.

Cadre naturel remarquable, le site de l’Abbaye, d’une dimension de 13000m2 bâtis, s’étend sur plus de 180 hectares comprenant de la forêt, un parc ainsi que des espaces au potentiel agricole comme un verger et un potager. Assurément, l’Abbaye de Bonnecombe possède les atouts nécessaires pour pratiquer une agriculture innovante et être le plus auto-suffisante possible.

Les extérieurs seront mis à profit pour y développer plusieurs activités et équipements, tels que :

– Un jardin ornemental ;

– Une pommeraie ;

– Un potager et jardin en agroécologie pour les visiteurs ; 

– Un potager en permaculture et un nouveau verger ; 

– Un espace dédié à la culture de plantes à parfum en agroécologie.

En effet, L’Abbaye de Bonnecombe prévoit d’expérimenter les méthodes de l’agroécologie en consacrant une partie de ses extérieurs à la production de plantes à parfums, aromatiques et médicinales, en proposant 300 espèces différentes.

Par ailleurs, des ateliers liés à la nature seront mis en place au sein de l’Abbaye, ainsi qu’un élevage de papillons. Un hangar agricole sera aussi créé. 

2. Une offre diversifiée permettant d’attirer différents publics

La superficie impressionnante de l’Abbaye de Bonnecombe est un atout pour y développer plusieurs activités variées permettant ainsi de s’adresser à un public plus large.

En tant que propriétaire ou gestionnaire de lieu patrimonial, il est important de réaliser un diagnostic avant de se lancer dans le développement d’activité.

Comprendre les atouts du lieu et de son territoire ;

Analyser les attentes et besoins du public, autant des touristes que des locaux ;

Se positionner en fonction des critères précédents.

Le projet Propolis à l’Abbaye de Bonnecombe utilise les atouts du lieu. Le premier atout est l’espace : en effet, un lieu aussi vaste que celui-ci permet d’y implanter différentes activités.

Chaque activité mise en place répond à une demande plus ou moins explicite du public.

a) Les activités culturelles pour attirer un large public

Les activités culturelles sont certainement celles qui attirent le plus de public. De ce fait, pour un propriétaire ou gestionnaire de site historique, inclure la culture dans son offre est une excellente idée. En effet, le secteur culturel, très diversifié, possède de nombreux atouts :

– Accessible à tous les âges, les activités culturelles plaisent autant aux enfants qu’aux adultes ;

– La culture est un des pans principaux de l’attractivité d’un territoire. En devenant un lieu culturel reconnu, le lieu participe au développement de son territoire.

Afin d’inclure un maximum d’individus et d’élargir encore son public, il est judicieux de mettre en place des activités destinées aux amateurs comme aux professionnels.

Ainsi, l’un des volets du projet Propolis est l’accueil d’artistes en résidence avec la création d’ateliers d’artistes, implantant ainsi un centre culturel sur le site de l’Abbaye. Afin de compléter l’offre culturelle, le projet prévoit : 

– Une salle de spectacle, ainsi que l’utilisation de l’Église en salle de célébrations et de concerts ; 

– Un cabinet de musique et de poésie. 

b) Les aménagements sociaux, le patrimoine au cœur de la vie quotidienne des habitants

Le patrimoine fait intégralement partie du territoire et de l’histoire d’une région. Pourtant, il est souvent oublié, laissé de côté. Pour les gestionnaires ou propriétaires de sites patrimoniaux, transformer son patrimoine en lieu de vie permet de l’inclure dans la vie de la commune. De cette manière, le lieu s’intègre dans le quotidien des habitants, qui, ne l’oublions pas, constituent son premier public.

Le projet Propolis à l’Abbaye de Bonnecombe inclut un volet social très important. De plus, en redevenant un lieu de vie à la fois pour les personnes qui viendront en formation ou en résidence et pour les locaux, l’Abbaye de Bonnecombe retrouve sa vocation initiale. Toujours dans une démarche sociale, l’Abbaye accueillera un lieu de vie et d’accueil pour une dizaine de jeune de l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE).

De cette manière, l’Abbaye de Bonnecombe retrouve sa vocation d’accueil des personnes dans le besoin.

L’association Propolis prévoit aussi la mise en place d’un cabinet de médecine alternative, offre presque inexistante jusqu’alors sur le territoire, en proposant un lieu où penser la santé autrement. Cette démarche est en adéquation avec leur pensée générale de durabilité et de responsabilité.

3. Le cœur du projet : l’implication politique et sociétale du centre de formation

À travers cette activité qui constitue le cœur du projet, le patrimoine devient un acteur de la vie politique. En effet, le centre de formation aux questions environnementales répond à de grandes questions sociétales. En formant des individus à ces thématiques, ces problématiques qui gangrènent notre société, l’Abbaye de Bonnecombe prend une place très importante au sein de la politique, de l’éducation et de la société.

Il est important pour les propriétaires et gestionnaires de lieux patrimoniaux de comprendre les grands enjeux sociétaux. 

Le centre de formation est l’activité principale du projet Propolis. Le centre proposera un cursus intitulé « Penser la modernité ». Cette formation dispensera des enseignements et des activités pratiques en lien les questions environnementales et sociales.

Le cursus est divisé en trois modalités, se destinant chacun à une clientèle différente. Les cursus proposés vont d’une semaine à neuf mois de formations, se destinant autant aux particuliers qu’aux professionnels. 

Les étudiants du cursus seront logés, nourris et blanchis pour un forfait mensuel allant de 650€ à 800€. Les cours seront dispensés grâce aux subventions sollicitées, les participants n’auront donc pas à payer la formation.

Cependant, le centre de formation est un véritable atout économique pour la région. En effet, les individus venus en formation pourront :

Visiter la région et découvrir le territoire ;

Dépenser dans les activités et commerces de proximité ;

Participer à la vie économique de la région.

Le centre de formation constitue l’atout majeur du projet grâce sur plusieurs aspects : les loyers des étudiants assurent une rentabilité du lieu sur le long terme. De plus, le lieu constitue un écrin idéal pour une formation aux questions environnementales et sociales, ce qui en fait un rude concurrent face aux quelques rares écoles ou universités proposant ce type de cursus. 

4. Un grand projet au budget colossal

Afin d’accueillir toutes ces activités, l’Abbaye de Bonnecombe va être entièrement nettoyée et rénovée. L’association prévoit plusieurs années de nettoyage, de travaux et d’aménagement.

Pour un propriétaire ou gestionnaire de lieu patrimonial souhaitant le rénover afin d’y développer un nouveau projet, les chantiers d’insertions ou de bénévoles sont une bonne solution.

Il peut aussi lancer une campagne de financement participatif. En effet, les contributeurs peuvent aussi devenir acteurs du chantier s’ils le désirent.

Pour financer un tel projet, nécessitant la réhabilitation du lieu, des travaux de rénovation et d’aménagements, l’association Propolis a lancé des levées de fonds, bénéficiant ainsi de différentes aides : 

– Des subventions publiques, de la part des collectivités locales, de l’Etat et de l’Europe à hauteur de 30% du coût du projet ;

– Des financements privés, venant d’entreprises, de fondations et de particuliers, représentant 30% du financement du projet.

L’association Propolis a perçu les atouts majeurs de l’Abbaye de Bonnecombe et de son territoire. Leur étude donne des axes de réflexions aux propriétaires afin d’y créer une offre utile pour le territoire.  

5. D’autres exemples de développement d’activités

L’exemple de l’Abbaye de Bonnecombe nous a permis d’explorer divers secteurs d’activités : la formation, l’écologie, l’agriculture et la cohésion sociale. 

Cependant, le développement d’activité au sein d’une abbaye peut aussi concerner la mise en tourisme du lieu avec la création d’une offre d’hébergement comme à l’Abbaye des Capucins à Montauban. Enfin, le développement peut aussi être très diversifié et englober différents secteurs d’activité, comme au sein de l’Abbaye de Royaumont.

L’Abbaye des Capucins à Montauban

Située en Occitanie, cette abbaye du XVIIème siècle a été transformée en hôtel haut de gamme en 2006. L’établissement comprend un hôtel 4 étoiles d’une capacité de 116 chambres, un spa, une piscine et un restaurant.  

En plein cœur de la ville, au bord du Tarn, l’Abbaye des Capucins présente tous les atouts d’un lieu d’hébergement touristique : 

– Accessibilité ;

– Localisation idéale ;

– Proximité des commerces, des lieux de loisirs et de culture avec notamment le Musée Ingres Bourdelle à moins de 5 minutes à pied.

L’Abbaye des Capucins a de nouvelles ambitions, notamment la construction d’un nouveau bâtiment pour créer un véritable complexe hôtelier. Le projet devrait inclure : 

– Un amphithéâtre de 200 places ;

– Deux nouveaux restaurants panoramiques en roof-top ; 

– La création de 110 nouvelles chambres 3 étoiles, doublant ainsi la capacité d’accueil de l’hôtel. 

Ces aménagements viennent compléter le patrimoine existant pour créer un nouveau lieu unique, mêlant patrimoine et modernité. Ainsi, le lieu est capable de répondre à la demande grandissante de la clientèle.

L’Abbaye accueille des particuliers venus découvrir la région ainsi que des touristes d’affaires et des entreprises, le lieu disposant d’espaces pour recevoir séminaires et réunions. De cette manière, le propriétaire des lieux a transformé l’abbaye en un véritable acteur touristique du territoire, participant au développement local et à l’attractivité de la région. Les travaux d’extension de l’établissement permettent de pérenniser l’offre tout en préservant le monument historique.

L’Abbaye de Royaumont

L’Abbaye de Royaumont a été réhabilitée en 1938, devenant alors le Foyer de Royaumont. Lieu d’accueil et de repos pour artistes et intellectuels, le lieu évolue par la suite en centre culturel international.

Forte de sa renommée acquise au cours des décennies, la Fondation gérant l’Abbaye de Royaumont a diversifié ses activités :

– un centre de formation et de recherche autour de la culture, des arts, des sciences humaines ainsi que l’environnement ;

– une libraire-boutique, ainsi qu’une bibliothèque musicale et une bibliothèque générale ;

– des espaces de séminaires et d’évènementiels ;

– un hôtel et un restaurant. 

L’Abbaye organise des évènements annuels tel que le festival de musique de Royaumont. Consacré à la musique classique, la fréquentation augmente chaque année. Entre l’édition de 2017 et 2018, la fréquentation avait augmenté de 21%.

Conclusion :

Le développement d’activités dans des abbayes peut prendre différentes formes, en fonction des besoins et envies du gestionnaire des lieux. Toutefois, il faut aussi prendre en compte le territoire autour du lieu, comprendre son écosystème et comment rendre le lieu utile.

Les projets de développement d’activité au sein d’une abbaye peuvent nécessiter des travaux d’aménagements et de rénovation. Cela représente un investissement financier, plus ou moins important. Ainsi, en fonction de l’orientation du projet, différents acteurs peuvent soutenir sa réalisation.  

Pour aller plus loin : 

 Les acteurs du patrimoine : le financement

Historique et enjeux actuels du patrimoine

Les enjeux de la sauvegarde du patrimoine français

Dans cet article, Hephata présente comment faire rayonner le patrimoine avec l’agritourisme.

L’important à retenir dans cet article :

L’agritourisme contribue à élargir la vision touristique du patrimoine. Le patrimoine ne renvoie pas seulement aux châteaux, maisons de maître ou abbayes. Il se compose aussi du patrimoine vernaculaire des petits villages, des anciens corps de ferme, des paysages naturels et des savoir-faire. 

Ce qu’il faut retenir de cet article : 

– L’agritourisme valorise le patrimoine naturel, culturel et immatériel

– Les collectivités territoriales ont un intérêt grandissant pour ce secteur et le soutienne financièrement

– L’agritourisme est particulièrement en vogue en période de crise sanitaire

Introduction : 

Le tourisme vert, tourné vers la découverte de la nature, est de plus en plus en vogue chez les voyageurs. Cette forme de tourisme, en rupture avec le tourisme de masse, se développe en plusieurs branches, parmi lesquelles on retrouve le tourisme rural. 

L’agritourisme est la forme la plus immersive du tourisme rural. Alors que ce dernier englobe toutes les activités touristiques en lien avec la ruralité, l’agritourisme s’axe autour de la vie à la ferme et des séjours en immersion complète.

Alors que la crise sanitaire a lourdement impacté le tourisme, notamment le tourisme de masse et le tourisme urbain ; le tourisme rural, dont l’agritourisme, est en plein essor. En effet, selon des études menées par Airbnb, la location en zone rurale a fortement augmenté. Les français ont besoin de prendre l’air, de sortir des grandes villes et de s’échapper le temps d’un bref voire long séjour.

L’agritourisme permet aux voyageurs de découvrir le patrimoine d’une autre façon, en s’intéressant au patrimoine naturel et culturel des régions. Destiné aux adeptes de la vie à la ferme aussi bien qu’aux curieux en recherche d’expérience, l’agritourisme se décline au gré des exploitations et des sites historiques.

1. Le patrimoine : un terreau fertile pour le développement d’activités touristiques

Aller vivre à la ferme est une expérience inédite pour la grande majorité des citadins. L’agritourisme permet de vivre un échange culturel et social entre les locaux et les touristes, dans un contexte intime.

Pour les propriétaires de domaines agricoles, cet intérêt pour les métiers de l’agriculture est une aubaine. L’agritourisme est l’opportunité pour eux de diversifier leur champ d’action grâce à des activités non agricoles comme de l’hébergement, de la restauration, des activités de loisirs et de la vente de produits directement à la ferme.

Le château du Colombier et sa ferme conservatoire

Du côté des propriétaires ou gestionnaire de lieux historiques possédant aussi des terres agricoles, l’agritourisme est un axe de développement intéressant. Par exemple, le domaine du Château du Colombier dans l’Aveyron dispose d’un jardin et d’une ferme-conservatoire, unique en Europe. 

En effet, sur les terres du domaine, la ferme-conservatoire permet aux touristes de découvrir des plusieurs espèces et races animales différentes, parmi lesquelles la Brebis Marron des Aravis. Le Château du Colombier a mis en place un plan de sauvegarde pour sauver cette espèce au bord de l’extinction.

Le Château du Colombier a su tirer avantage de ses terres agricoles pour offrir à sa clientèle une offre diversifié, alliant la richesse du patrimoine historique à celle du patrimoine naturel.

2. L’agritourisme en France : une offre très diversifiée 

L’agritourisme se développe de plus en plus en France et l’offre touristique est très diversifiée. En effet, chaque exploitation possède ses caractéristiques propres. 

Deux marques ont été créées dans le but de valoriser et mettre en avant les agriculteurs ayant choisi de diversifier leur activité. Ces marques sont des gages de qualité pour les touristes en recherche d’expériences et de destinations uniques : Bienvenue à la ferme et Accueil Paysan.

a) Bienvenue à la ferme

L’une de ces marques, « Bienvenue à la Ferme » est coordonnée par le service des chambres d’agriculture de France. Les Chambres d’agriculture sont présentes dans tous les départements et régions. Ce sont des établissements publics, animés en lien avec les élus locaux. Les chambres d’agriculture contribuent au dynamisme de chaque département et région dans une démarche de développement durable. 

Créé en 1988, Bienvenue à la ferme est un réseau de près de 8 000 agriculteurs adhérents. Au sein de chaque région et département, des conseillers accompagnent les agriculteurs dans leur activité. Ils agissent pour la promotion de la marque localement et s’assurent de la qualité des services et activités proposés. 

Le réseau Bienvenue à la ferme promeut des expériences axées sur divers thèmes : « Mangez fermier », à travers la vente et la dégustation de produits fermiers, et « Vivez fermier » qui se décline comme ceci :

Se restaurer : repas préparés par les fermiers, activités pour découvrir et savourer la gastronomie et les produits du terroir ;

–  Dormir : séjours à la ferme dans un cadre authentique et naturel le temps d’un week-end, d’une semaine, d’une nuit. 

– Découvrir et s’amuser : découverte des savoir-faire de la ferme à travers des activités pédagogiques et ludiques.

Par ailleurs, le réseau propose aussi des offres « vacances d’enfants », spécialisées pour les séjours en famille, les voyages scolaires, les centres de loisirs, etc. 

Séjourner au Domaine Distaise

Situé aux portes de la Vallée de la Drôme, le mas provençal du Domaine Distaise accueille les visiteurs au cœur de son verger de 24 hectares. Recommandé par le Petit Futé et le Guide du Routard, le domaine dispose de plusieurs offres d’hébergement : 

– Quatre chambre d’hôtes, classées 3 épis au classement Gîtes de France ;

– Une aire d’accueil pour une dizaine de camping-car, labellisée aire d’accueil France Passion ;

– Trois gîtes ruraux, classés 3 épis et dispersés autour de l’exploitation agricole.

Le classement Gîtes de France auquel nous faisons référence dans cet article est expliqué dans l’article sur l’œnotourisme, forme très spécifique d’agritourisme, que nous vous invitons à aller lire afin de compléter ce sujet.

Le domaine Distaise dispose aussi d’une ferme-auberge, servant aussi de table d’hôtes pour les visiteurs. La ferme-auberge propose un menu composé des produits de la ferme, spécialisée dans l’élevage de cochons en plein air et le maraichage biologique. L’offre de la ferme-auberge s’est adaptée à la crise sanitaire, en proposant des paniers repas à emporter, à déguster dans le confort de son hébergement ou lors d’un pique-nique en extérieur.

L’offre touristique du Domaine Distaise se complète avec une boutique et de nombreux services pour satisfaire les clients : piscine chauffée, billard, ping-pong, terrain de boules, etc. Les visiteurs peuvent aussi profiter de la proximité avec les animaux de la ferme et se balader dans l’exploitation.

S’éveiller au camping ferme pédagogique de Prunay

Au cœur des châteaux de la Loire, le camping ferme pédagogique de Prunay accueille les vacanciers, en famille et entre amis. Dans un cadre tranquille et authentique, le camping ferme pédagogique de Prunay offre aux touristes un lieu pour se ressourcer.

À travers diverses activités ludiques et pédagogiques, les vacanciers s’échappent de leur quotidien : 

– Fabrication du pain, activités autour des céréales de l’exploitation et de la farine ;

– Balade en tracteur remorque ;

– Nourrissage des animaux ;

– Construction de nichoirs et boules de graisses pour les oiseaux ;

– Etc. 

Ces activités sont aussi proposées dans le cadre de classes vertes ou de classes découvertes, afin de sensibiliser les plus jeunes au milieu agricole. Deux jardins d’enfants situés au cœur du camping offrent des équipements tels que des châteaux gonflables et des toboggans. 

Le camping dispose de plusieurs offres d’hébergements pour accueillir sa clientèle :

– Mobil-homes ;

– Chalets tout conforts et chauffés ;

– Emplacements pour tentes, caravanes et camping-car.

Au-delà des activités proposées par le camping ferme pédagogique, le lieu bénéficie d’atouts extérieurs grâce à sa localisation. Au cœur du Val de Loire, le « Pays des châteaux », le camping est un point de départ pour des visites culturelles, complétant la dimension patrimoniale du séjour.

La proximité avec la Loire à Vélo ouvre le lieu aux adeptes du cyclotourisme, forme de slow tourisme très en vogue en France depuis plusieurs années.

Comment intégrer le réseau Bienvenue à la ferme ?

Pour un propriétaire agricole désirant étendre son activité et bénéficier de la marque Bienvenue à la ferme, il faut rentrer en contact avec la Chambre d’Agriculture de son département.

Pour bénéficier de la marque, le porteur de projet doit s’engager à : 

Satisfaire les attentes du consommateur ;

Promouvoir le métier d’agriculteur ;

Valoriser les produits de l’exploitation et les savoir-faire ;

Etre l’ambassadeur d’une agriculture durable et responsable.

Il est aussi impératif qu’il propose la viste de l’exploitation, par souci de transparence sur les pratiques agricoles. Dans le même objectif, il s’engage aussi à inscrire les noms, adresse, date de productions sur ses produits.

b) Accueil Paysan 

L’association Accueil Paysan, qui promeut l’agriculture paysanne, est un réseau composé de près d’un millier d’adhérents en France ainsi que de 300 dans 32 autres pays.

Ce réseau est composé d’agriculteurs et d’acteurs ruraux engagés en faveur d’une agriculture paysanne et d’un tourisme durable, équitable et solidaire. Accueil Paysan est partenaire du ministère de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt. 

Les objectifs du réseau Accueil Paysan : 

– Faire découvrir dans le partage et l’échange le milieu rural, les activités de la ferme, ses métiers et savoir-faire ;

– Permettre aux paysans de vivre décemment sur leurs terres, contribuant ainsi au développement local ;

– Participer à la construction d’un monde rural, écologique et durable.

Le site du réseau Accueil Paysan permet au touriste de découvrir une grande variété d’offres.  

Séjourner au Domaine du Fot dans les Côtes d’Armor

Situé au cœur d’un domaine boisé longeant une rivière, le Domaine du Fot est une ancienne hospitalière des moines de Saint-Jean de Jérusalem datant du 12ème siècle. À 25 km de la mer, le domaine dispose de deux hébergements chaleureux : une longère indépendante ainsi qu’un gîte d’étape.

Entre vergers et prairies, les touristes peuvent découvrir les chevaux de traits et les vaches bretonnes du domaine. Le Domaine du Fot propose diverses activités :

– Randonnées sur le chemin botanique qui passe sur le domaine ;

– Partage de savoir-faire : complicité entre l’humain et le cheval au travail, découverte de la race bovine bretonne pie noir, ateliers de transformation laitière et cuisine ;

Les visiteurs ont aussi accès à un service de restauration, avec un menu élaboré sur place à partir de produits frais, bio, issus de la ferme et des productions locales.

le chateau partagé EN SAVOIE

Situé sur la commune de Dullin, en Savoie, le Château Partagé est un lieu regroupant habitations et activités autour de l’environnement et de l’agriculture.

Ancienne maison de maitre du 18ème siècle, le Château Partagé est divisé en plusieurs appartements individuels, habités par plusieurs familles. La rénovation du lieu et son aménagement ont été rendu possible grâce au soutient, notamment, de la NEF, banque éthique et solidaire.

Le Château Partagé héberge un large panel d’activités professionnelles, toutes contribuant à la bio-diversité du lieu.

– Du maraichage biologique, selon la pratique de la traction équine ;

– Une boulangerie avec un fournil à pain en bois ;

– Un atelier de tournage sur bois artisanal.

Le Château Partagé est un exemple de réhabilitation totale et complexe, axée sur des activités durables et responsable. Afin de permettre au plus grand nombre de bénéficier de cet environnement unique, le Château Partagé proposent diverses prestations d’accueil :

Chambres et table d’hôtes ainsi que la possibilité de louer des locaux en gestion libre, en mode gîte ;

Résidences d’artistes et accueil d’évènements culturels ;

Accueil pédagogique et social ;

Accueil de stages, formations et séminaires.

Comment intégrer le réseau Accueil Paysan ? 

Si un propriétaire souhaite rejoindre le réseau Accueil Paysan, il peut pour se renseigner auprès de la FNAP, Fédération Nationale Accueil Paysan. Structurée sur trois niveaux, départemental, régional et national, le propriétaire peut rentrer en contact avec la délégation de son territoire.

En fonction de l’avancée du projet et de la motivation du porteur de projet, une ou plusieurs visites peuvent être effectuées ainsi qu’un entretien téléphonique. Lorsque la structure candidate est prête à accueillir, une visite est organisée à l’issue de laquelle commence une période probatoire d’un an. À la fin de la période probatoire, une ultime visite est réalisée pour confirmer ou infirmer la labellisation

3. Les collectivités territoriales s’impliquent dans l’agritourisme

Au-delà des acteurs comme Bienvenue à la ferme et Accueil Paysan, d’autres institutions s’impliquent dans l’agritourisme. La popularité grandissante de cette pratique touristique attire l’attention des collectivités territoriales, qui lancent des appels à projets pour soutenir le développement d’activités liées à l’agritourisme. 

La région Pays de la Loire lance un appel à projet Agritourisme & Oenotourisme, à destination des professionnels des filières de l’agriculture, de la viticulture, de la pêche, de l’aquaculture et de la saliculture. 

Cet appel à projet soutien des projets de modernisation des installations d’accueil touristiques ainsi que la création de nouveaux aménagements spécifiques. L’appel à candidature est ouvert jusqu’au 31 décembre 2021. 

En Occitanie, la région a mis en place le PASS Agritourisme. La Région Occitanie figure parmi les trois régions avec l’offre d’agritourisme la plus importante aux côtes de l’Auvergne et l’Aquitaine. À travers cette aide, d’un montant maximum de 20 000€, la Région Occitanie s’engage aux côtés des acteurs de l’agriculture et de l’agroalimentaire afin de soutenir le développement d’investissements agritouristiques. 

Les objectifs du PASS Agritourisme sont les suivants :

Accompagner des lancements d’activités sur ce secteur ;

Créer une nouvelle offre agritouristique dans un objectif de diversification des revenus ;

Mener des investissements de petite ampleur dans un objectif de professionnalisation, amélioration ou développement d’une offre existante.

4. MiiMOSA : le financement participatif pour aider l’agritourisme

La plateforme MiiMOSA propose des méthodes de financement participatif, le prêt rémunéré et le don avec contrepartie, pour soutenir l’agriculture et l’alimentation ainsi que l’agritourisme. 

Depuis 2018, la plateforme MiiMOSA organise un appel à projet Agritourisme, en partenariat avec Airbnb et Bienvenue à la ferme, et récompense une dizaine de lauréats. Les projets sélectionnés bénéficient d’une aide financière attribuée par Airbnb, pouvant aller jusqu’à 5 000€.

Les lauréats peuvent aussi profiter de l’accompagnement des conseillers du réseau Bienvenue à la ferme dans la mise en place de leur projet d’accueil. Ils deviennent alors adhérents au réseau pour une période d’un an.

Dormir dans une ruche géante à la Fontaine d’Airmeth

À Pontivy en Bretagne, la Fontaine d’Airmeth propose des chambres d’hôtes et un gîte au sein de deux corps de ferme entièrement rénovés. Le lieu dispose aussi d’un hébergement insolite, cœur du projet sélectionné lors de l’appel à projet.  

En effet, les propriétaires de la Fontaine d’Airmeth pratiquent l’apiculture. Ils souhaitent partager leur métier et passion avec les visiteurs, en créant un lien unique entre l’humain et les abeilles. 

Pour se faire, ils ont créé un chalet atypique et écologique, une tiny house, en forme de ruche. À l’intérieur se trouve une ruche pédagogique. Les abeilles entrent et sortent par une cheminée vitrée, à l’arrière de la tiny house, sans danger pour les habitants du chalet.

Par mesure de sécurité, des loquets cadenassés ont été installés. Ainsi, les habitants de la petite maison pourront observer grâce aux vitres la vie des abeilles, comprendre leur mode de vie.

Dans une démarche solidaire et responsable, le chalet a été entièrement aménagé et décoré grâce aux artisans locaux. 

Conclusion :

Le patrimoine agricole regorge de richesses culturelles, naturelles et immatérielles qui sont des atouts pour le tourisme. L’agritourisme répond aux envies d’ailleurs et d’authenticité de la clientèle tout en permettant aux agriculteurs de diversifier leur activité. En créant du dynamisme dans les territoires, l’agritourisme est un atout pour les collectivités territoriales qui peuvent y voir un nouvel axe de développement du territoire.

À l’instar du Château du Colombier qui a su tiré avantage de son terrain agricole pour y développer une ferme-conservatoire, un lieu historique possédant un patrimoine naturel peut se lancer dans l’agritourisme.

L’agritourisme est un véritable atout pour les propriétaires de sites historiques entourés de terrains agricoles, ou possédant un potentiel agricole. En effet, c’est un moyen pour eux d’attirer une nouvelle clientèle appréciant à la fois le patrimoine et l’agriculture.

Pour aller plus loin : 

– Investir dans le patrimoine historique naturel

– Quels financements pour lancer une activité touristique ?

– Le programme européen LEADER

Installer une structure éphémère à proximité de son château : cadre juridique et formalités administratives

L’important à retenir dans cet article :

Beaucoup de propriétaires de châteaux, protégés ou non, cherchent à diversifier leurs revenus par l’accueil d’évènements (séminaires, soirées de gala, mariages etc.). Mais il est souvent difficile de recevoir de tels évènements dans des lieux historiques. Les questions de normes ERP, de superficie des espaces, de chauffage, de nuisances sonores et visuelles viennent complexifier la tâche.

L’orangerie éphémère peut donc apparaître comme une solution pour recevoir de grands évènements toute l’année sans abîmer le mobilier d’époque.

Mais loin, d’être facile, l’installation d’une orangerie éphémère implique de nombreuses démarches. Cet article permettre d’y voir plus clair sur : 

– Les formalités administratives relatives à l’installation des structures éphémères

– La soumission des structures éphémères à la réglementation des CTS

– Les particularités liées à la protection du monument ou de la zone dans laquelle il se situe

– Les tarifs et revenus espérés ainsi que les acteurs spécialisés dans leur installation

Introduction

Le droit de l’urbanisme français est assez récent. Il a connu un développement incroyable tout au long du XXème siècle avec un accroissement formidable de textes législatifs. La loi Cornudet du 14 mars 1919 entame une planification de l’organisation urbaine. Avant cette loi, seuls la voirie, l’organisation communale, l’alignement ou les procédures d’expropriation étaient réglementés. Aujourd’hui les textes législatifs et réglementaires relatifs à l’urbanisme sont tellement nombreux qu’il est difficile de s’y retrouver.

En outre, l’urbanisme éphémère prend une place de plus en plus importante. Désormais on construit puis on démonte très facilement. C’est une aubaine pour les monuments historiques qui ne peuvent pas construire comme ils le souhaitent. Quelles sont les règles qui s’appliquent en matière de structures éphémères ?

1. Les formalités administratives relatives à l’installation de structures éphémères

a) La règle : toutes les constructions sont soumises à permis de construire (PC)

L’article L. 421-1 du code de l’Urbanisme soumet toutes les constructions, y compris celles qui n’ont pas de fondation, au permis de construire : « quiconque désire entreprendre ou implanter une construction à usage d’habitation ou non, même ne comportant pas de fondations, doit, au préalable, obtenir un permis de construire. Cette obligation s’impose aux services publics et concessionnaires de services publics de l’État, des départements et des communes comme aux personnes privées. »

La demande de PC ne peut être instruite (article 3 de la loi n. 77-2 du 3 janvier 1977 sur l’architecture) que si la personne qui désire entreprendre des travaux soumis à une autorisation de construire a fait appel à un architecte pour établir le projet architectural.

Le projet architectural doit définir, par des plans et des documents écrits, l’implantation des bâtiments, leur composition, leur organisation, l’expression de leur volume, le choix des matériaux et des couleurs.

En outre, pour les immeubles de grande hauteur ou les établissements recevant du public (ERP), le permis de construire ne peut être délivré que si les constructions ou les travaux projetés sont conformes aux règles de sécurité propres à cet type d’immeubles ou d’établissements.

Cette règle concerne tous les locaux, qu’ils soient ou non à usage d’habitation.

b) Les exceptions : les constructions non soumises à PC

Ouvrages exemptés

Au regard des articles R.422-1 et R.422-2 du code de l’urbanisme, certains ouvrages devraient être soumis à PC mais en sont exemptés par mesure de simplification. Ils sont alors soumis à la procédure de déclaration préalable de travaux.

Ouvrages exclus

Au regard de l’article L. 421-1 alinéa 3 et alinéa 4 du code de l’urbanisme, certains ouvrages ne sont pas soumis à PC parce qu’un texte particulier en a spécifiquement décidé ou une autre législation en assure le contrôle.

D’autres ouvrages, que l’on appelle parfois « ouvrages atypiques » ne sont pas soumis à PC parce qu’ils ne peuvent être qualifiés de constructions au sens du code en raison de leur nature ou leurs très faibles dimensions.

une conception restrictive DE LA JURISPRUDENCE

L’appréciation des critères de « nature » et de « faibles dimensions » est néanmoins très subjective. On note d’ailleurs une absence de doctrine stable. Il appartient donc au juge de décider. Ainsi, la nature des matériaux, le caractère démontable ou le caractère saisonnier d’une installation ne peuvent, à eux seuls, écarter l’application du PC. En revanche, l’installation et le raccordement aux réseaux sont des critères suffisants pour déterminer le champ d’application du permis de construire.

CE, 24 juillet 1987, ville de Lyon : un chapiteau pouvant accueillir 8 000 personnes assises, solidement ancré au sol et bénéficiant d’importantes installations sanitaires et techniques, constitue une construction soumise à PC, en dépit « du caractère en principe temporaire de son implantation ».

CE, 9 janvier 1991, M. Selier : une crêperie sous tente démontable installée tous les ans pour les cinq mois de la saison balnéaire est soumise à PC au regard de ses conditions d’alimentation aux réseaux d’assainissement, d’eau et d’énergie. 

Nb : le critère de l’implantation

Est considérée provisoire toute structure installée en l’absence de fixation durable sur le terrain. Une simple autorisation préalable est demandée si l’installation ne dépasse pas 20 m² et si la durée d’implantation ne dépasse pas trois mois.

Au-delà de ces critères, l’implantation est donc considérée comme permanente. Il faut alors vérifier le critère « surface / hauteur » qui soumet ou non à PC.

Dans les périmètres des monuments historiques, le délai est raccourci à un mois. Il est néanmoins possible de demander des dérogations à la DRAC.

Cas particuliers

Les cabanes en bois

Elles nécessitent une simple déclaration de travaux lorsque la surface de plancher est inférieure ou égale à 5 m² et la hauteur sous toit est supérieure à 12 mètres. Il en est de même lorsque la surface de plancher est comprise entre 5 et 20 m² et la hauteur est inférieure à 12 mètres.

Les mobile home

Privé de ses roues, il est requalifié en habitation légère de loisirs, car il a perdu sa mobilité à considéré comme une construction légère, et soumis au droit des constructions. Si l’implantation dure moins de 3 mois/ an, aucune formalité n’est nécessaire. En revanche, il est interdit d’y loger et le mobile home doit conserver ses moyens de traction.

Si l’implantation dure plus de 3 mois/ an, une déclaration préalable est nécessaire pour une surface au sol de moins de 20 m² (R. 421-23). Pour une surface au sol de plus de 20 m², il faudra un permis de construire (R. 421-14).

Les yourtes et tipis

La réglementation applicable en matière d’urbanisme dépend des équipements dont la structure est pourvue. Si elle est non équipée, la structure est qualifiée de tente. Il faut une déclaration préalable dès que la surface hors œuvre nette (Shon) dépasse 35 m²

En revanche, si elle dispose d’équipements intérieurs (blocs cuisine ou sanitaires), la structure est qualifiée d’habitation légère de loisirs et relève du droit commun des constructions.

2. Les particularités liées à la protection des monuments

Lorsque on dépose d’un permis de construire à proximité d’un classement (le périmètre des abords), le dossier est déposé directement chez l’architecte des bâtiments de France (ABF). En dehors de ce périmètre, le dossier est déposé uniquement chez le service d’urbanisme de la mairie.

Pour les sites protégés comme le Mont-Saint-Michel où, en plus du bâti, l’environnement est classé, la demande de permis est examinée par le ministère de la culture.

Si le projet se situe dans une zone protégée, il y a un fort risque de blocage au niveau du service d’urbanisme. Il est donc nécessaire de présenter un plan de sauvegarde de la faune et de la flore. L’idée est de prouver comment votre projet inclue le passage des animaux et ne détruit pas la flore. Ce travail revient à l’architecte.

Si le domaine comporte des zones classées, des protégées, ou sans protection, il n’est pas toujours aisé de savoir où implanter la structure. Aussi, pour savoir dans quelle zone le projet a le droit d’être installé, il est conseillé de consulter le site atlas.patrimoine.culture.fr.

S’il s’agit d’une zone naturelle, les contraintes proviennent alors du PLU (plan local d’urbanisme). Il est possible de le retrouver sur le site internet de sa mairie ou directement sur place.

a) Protection au titres des abords – le rôle de l’ABF

La protection au titre des abords s’applique aux immeubles qui forment avec un monument historique un ensemble cohérent ou contribuent à sa conservation ou à sa mise en valeur.

La protection au titre des abords est une servitude d’utilité publique. Son but est de protéger, conserver et mettre en valeur le patrimoine culturel. Les travaux susceptibles de modifier l’aspect extérieur d’un immeuble protégé au titre des abords sont soumis à une autorisation préalable nécessitant l’accord de l’ABF.

Dans les périmètres délimités des abords, tous les travaux sur les immeubles protégés sont soumis à l’accord de l’ABF.

À défaut de périmètre délimité, seuls les travaux sur les immeubles situés dans le champ de visibilité d’un monument historique, à moins de 500 mètres de celui-ci, sont soumis à l’accord de l’ABF.

L’ABF s’assure que les travaux ne portent pas atteinte au monument historique ou à ses abords. Il s’assure également du respect de l’intérêt public attaché au patrimoine, à l’architecture, au paysage naturel ou urbain. Il contrôle la qualité des constructions et leur insertion harmonieuse dans le milieu environnant.

Les travaux en abords des monuments historiques et dans les sites patrimoniaux remarquables relèvent du même régime d’autorisation de travaux.

conseils

Dans un premier temps, il est conseillé de se fixer une enveloppe budgétaire concernant l’implantation de la structure éphémère. Ensuite, il est vivement conseillé de se rapprocher d’un architecte qui fera toutes les demandes auprès de l’ABF. Dans bien des cas, ce-dernier préfère discuter avec un architecte plutôt qu’un propriétaire.

En outre, il est particulièrement bien vu de contacter l’ABF en amont du projet et de l’associer à la démarche. Et pourquoi ne pas le faire venir ? Beaucoup d’ABF sont sensibles à ce geste. Ensuite, il est indispensable de présenter le projet de manière architecturale. Seront notamment regardés l’esthétique du projet, le respect du patrimoine et de l’histoire du lieu. En outre, il est nécessaire d’être exigent au niveau de l’aménagement. Certains ABF sont d’ailleurs très ouverts au développement économique des lieux historiques.

Ensuite enfin, il sera possible de déposer le PC auprès de la commune.

Certains acteurs professionnels comme l’Orangerie Éphémère gèrent toute la partie administrative : dépôt de permis etc.

b) Procédures et délais d’instruction des travaux

Les procédures et délais d’instruction des autorisations de travaux ont été harmonisés par la loi n° 2016-925 du 7 juillet 2016 relative à la liberté de la création, à l’architecture et au patrimoine. Toute demande d’autorisation de travaux doit être déposée à la mairie de la commune où sont projetés les travaux. Les délais d’instruction des dossiers de demande d’autorisation de travaux sont de deux mois pour les déclarations préalables. Elles sont de quatre mois pour les permis de construire, autres que maisons individuelles.

Le délai à disposition de l’ABF pour donner son accord est de 1 mois pour les déclarations préalables et de 2 mois pour tous les permis. Son accord peut être assorti de prescriptions afin que le projet ne porte pas atteinte à la conservation ou à la mise en valeur du monument historique ou des abords.

À défaut d’accord de l’ABF, la demande d’autorisation de travaux ne peut être accordée. Néanmoins, un recours contre le refus de l’ABF peut être exercé par les demandeurs ou l’autorité compétente chargée de délivrer l’autorisation de travaux (commune ou intercommunalité généralement).

Si l’ABF participe à l’instruction des demandes d’autorisation de travaux, il tient également un rôle prépondérant en amont de la réalisation des projets. Il peut être à ce titre consulté sur un avant-projet et formuler des observations qui permettront aux demandeurs d’adapter leur projet en fonction des enjeux patrimoniaux.

3. La réglementation des CTS

Cette réglementation concerne les « Chapiteaux, Tentes, Structures » qui relèvent de la législation de l’Arrêté du 23/01/85. Il s’agit d’une réglementation spécifique qui affranchit de toute réglementation sismique, thermique applicable au bâtiments en dur.

Les structures éphémères de plus de 50m² pouvant recevoir plus de 50 personnes sont réglementées par la réglementation des « Établissements Recevant du Public type CTS ». Les normes de sécurité CTS s’appliquent pour toutes les structures qui accueillent des convives mais qui ne sont pas considérées comme des constructions.

Les orangeries éphémère relèvent de cette réglementation. Il convient donc déposer un permis de construire de type CTS. On considère qu’il s’agit d’une salle de réception nomade (même si ce n’est pas le cas) car facilement démontable.

FOCUS : le registre de sécurité

Chaque propriétaire d’une structure type CTS de plus de 50 m² et pouvant accueillir au moins 50 personnes,  doit tenir à jour un registre de sécurité propre à sa structure. Le registre de sécurité d’une structure représente d’ailleurs la preuve de la réalisation de la procédure d’homologation par la Préfet.

Ce document comporte : 

– L’attestation de conformité (Article CTS 3)

– Une partie qui concerne l’exploitation et qui se doit d’être tenue à jour par le propriétaire

– Le plan de base et une photographie de la structure (avec les extensions)

Si la structure est concernée par ce registre de sécurité, il convient de déposer son dossier de demande de conformité auprès de la Préfecture de son département.

4. Tarifs et revenus espérés

Plus la tente est grande moins son installation est coûteuse. Une tente de 500 m² coûte aux alentours de 500€/ m² (hors aménagement intérieur).

Avec une orangerie, on peut espérer accueillir entre 15 et 25 évènements d’entreprise/ an et entre 15 et 50 mariages/ an (à partir de 2 500€/ mariage).

Conseils

Pour garantir une bonne commercialisation de sa structure éphémère, il faut l’inaugurer en invitant les parties prenantes locales et les agences évènementielles. En outre, communiquer dans la presse locale et auprès des acteurs spécialisés (wedding planner, traiteurs) est recommandé.

Conclusion

Installer des constructions éphémères nécessite d’être très au clair sur la réglementation qui leur est applicable. Pour les orangeries éphémères, il faut rester vigilent sur le permis de construire et prouver aux ABF que le projet ne dénature pas le site mais, qu’au contraire, il le valorise.

Lorsque l’installation n’est pas soumise à PC ou à déclaration de travaux (code de l’urbanisme), elle peut néanmoins être soumise à d’autres autorisations comme celles liées à l’occupation du domaine public, à l’équipement commercial, aux sites et monuments protégés ou au respect des normes de sécurité et d’accessibilité du public. C’est au maître d’ouvrage d’obtenir les autorisations nécessaires.

A vous de jouer ! Si vous avez d’autres questions, n’hésitez pas à nous écrire : contact@hephata.fr

Pour aller plus loin

La réglementation ERP dans les MH

Idées pour rentabiliser un monument historique

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