Créer une école de cuisine dans un château : exemple des Master Class de Fey

L’important à retenir dans cet article :

Développer une activité adaptée en fonction de son histoire et de son territoire, c’est une question de convictions ! 

Vous possédez un château avec une histoire forte ? N’hésitez pas une seconde ! « Je conseillerais à tout propriétaire d’aller simplement là où on a envie d’aller et jusqu’au bout de ses rêves ! » Sylvie Angel.

Vous êtes dans une région avec un terroir et un caractère qui se prêtent à la gastronomie, à l’œnologie, ou à d’autres activités ? Utilisez ces ressources ! 

Seulement, comment orienter ses activités en cohérence avec l’image et les ressources de son territoire ?
Dans cet article, Sylvie Angel nous explique comment elle est parvenue à faire revivre les masters class de cuisine au château du Feÿ, faisant écho à l’ancienne prestigieuse école de la Varenne, en utilisant les ressources locales.

Qu’est-ce qui vous a poussé à reprendre ce château et à vous lancer dans ce projet de développement ambitieux ? 

C’est une histoire de gastronomie…

C’est grâce à un ami restaurateur dans la région que nous avons découvert le château du Feÿ et son histoire culinaire : « mon mari et moi étant passionnés de cuisine, nous avons été tout de suite séduits ! » 

La précédente propriétaire était Anne Willan, professeure de cuisine anglo-américaineformée au Cordon Bleu , école de cuisine d’excellence, et élève de Julia Child pionnière aux Etats-Unis dans la gastronomie française et ses techniques de cuisine.  

Anne créa l’ école de cuisine de la Varenne en 1975, qui fut l’une des premières écoles de cuisine professionnelles en France à offrir un enseignement simultané en français et en anglais et des diplômes professionnels reconnus. L’école était initialement basée à Paris et les programmes de La Varenne qui comprenaient un mélange de programmes de certificat professionnel et de cours de dégustation gastronomique, se sont poursuivis au Château du Feÿ jusqu’en 2007. 

La propriétaire écrit des livres de cuisine

Par ailleurs, Anne écrit de nombreux livres de cuisine comme « La Varenne Pratique » et la série « Look and Cook » mais aussi « Willan’s The Country Cooking de France » qui a reçu deux prix du livre de la Fondation James Beard 2008 pour le meilleur livre de cuisine international. 

Cependant, des incidents familiaux les poussent à quitter le château en 2007. Les programmes de La Varenne au Château du Feÿ se terminent et La Varenne déménage à Santa Monica en Californie. Sylvie Angel et son mari décident de partir à la rencontre d’Anne Willan à la fondation Julia Child à Los Angeles dans le but de relancer les Master Class. Ils vont également à la rencontre d’ Amanda Hesser à New-York, une ancienne stagiaire à l’école de Varenne au château qui s’est passionnée pour le potager et a développé un jardin aromatique. Désormais, elle poursuit sa carrière dans l’alimentation aux Etats-Unis et dirige Food52, une entreprise de 45 employés. « Elle était très heureuse lorsque nous lui avons appris que nous avions racheté le château et que nous voulions faire revivre les masters class de cuisine. » 

Le château accueille maintenant une grande diversité d’activités, en lien avec la gastronomie

 Les masters class ne sont rouverts que depuis 6 mois, mais nous avons déjà pu reconstituer le jardin aromatique au château et développer un hectare de potager ainsi qu’une truffière. Nous effectuons en parallèle des promenades gourmandes, de découverte où l’on apprend au public ce qu’il est encore possible de manger dans la forêt. Des « week-end truffe » sont proposés, avec des initiations dans lesquelles nous montrons comment chercher les truffes.

Aviez-vous des compétences spécifiques concernant la gastronomie ou la pédagogie culinaire ? Comment vous êtes-vous organisés en famille ? 

J’ai dû effectuer un stage pour apprendre certaines règles, donner des cours et suivre le stage obligatoire d’hygiène. Cette formation hygiène alimentaire (HACCP) est obligatoire depuis le 1er octobre 2012. Les responsables d’établissements de restauration doivent avoir au moins une personne justifiant d’une formation en matière d’hygiène alimentaire dans leur effectif.

La formation dure quatorze heures minimums et doit permettre au professionnel d’acquérir les capacités nécessaires pour organiser et gérer l’activité de restaurationdans des conditions d’hygiène conformes à la réglementation.
Concernant la répartition des rôles entre les membres de la famille : je m’occupe de la partie « cuisine », mon mari des travaux, et ma fille de la location. Les cours de cuisine sont quant à eux donnés par des chefs cuisiniers.

Quelles installations spécifiques ou normes sont requises pour un tel projet ? 

La cuisine de 45 mètres carrés a été refaite entièrement par Bernard Viot qui a aussi fait celle du Bristol à Paris. Nous avons dû respecter des normes d’hygiènes et de sécurité. Le mieux est de faire appel à une commission de sécurité auprès de la préfecture. Elle sera à même de vous dire les travaux à effectuer pour vous mettre aux normes. Il s’agit d’une cuisine professionnelle et privé soumises aux normes des restaurants  .
Il est compliqué d’aménager de telles infrastructures dans un château ancien, notamment avec la cheminée en plein milieu de la cuisine. De plus ces travaux engendrent un budget conséquent qui, pour notre part, ont été entièrement financés sur fonds propres.

Lancer ce type d’activité nécessite certainement d’être bien entouré… Pourriez-vous nous parler de « l’écosystème » que vous avez su mettre en place ? 

D’abord, le marché local et le terroir sont des « donnés » indispensables. Par exemple, nous utilisons les truffes de bourgogne et du Périgord que nous cultivons nous-mêmes. Nous sommes sur le principe de « Farm to table » , ce qui signifie que nous utilisons exclusivement nos propres produits. 
Dans le potager nous comptons plus de 52 variétées de légumes plantés ! Nous avons aussi un verger, puis des truffiers du Périgord…

Puis, en termes d’entourage, nous travaillons avec Harry Drissen formé et diplômé du Cordon Bleu Paris. Dans un premier temps, il élabore les cours de cuisine sur plusieurs jours au château. Ensuite, il donne des cours en plusieurs langues. 
Nous faisons également appel à Jean luc Barnabet  pour les diners spéciaux « truffe de bourgogne ». D’autres grands chefs viennent du monde entier comme Cathleen Clarity de l’école des chefs américaine , Keigo Kimura, chef étoilé d’Auxerre, Ruben Sarfati  qui a participé à Top chef.

Pour l’avenir, nous souhaiterions aller encore plus loin… Par exemple, établir des partenariats avec la CIA culinaire et le Cordon bleu  en particulier avec le chef Briffard  , chef exécutif et directeur des Arts Culinaires de l’école.
Nous avons aussi un projet de jardin médicinal où il faudra certainement s’entourer d’experts de la question…

Finalement, monter un tel projet requière beaucoup de cohérence : 

– Un désir de développement des propriétaires en cohérence avec les atouts du territoire et l’histoire du château

– Une organisation centrée autour d’une thématique unique, qui se structure grâce à des partenaires d’excellence, reconnus dans leur domaine

– Une préparation méticuleuse des activités : la formation et la mise aux normes en étant deux composantes essentielles

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Prix et financements du patrimoine jardinier et paysager. Un jardin bien entretenu, apporte de nombreux avantages pour votre monument historique.

L’important à retenir dans cet article :

Un jardin bien entretenu, plus qu’une satisfaction personnelle pour les passionnées de végétaux, vous apportera également de nombreux avantages en termes d’attractivité ainsi que la possibilité d’obtenir des aides financières et labels.

Qu’a-t-on à gagner avec un bon entretien du jardin ? 

La réponse est TOUT : le confort, l’éclat de votre monument, l’attractivité et des récompenses… Certains concours remettent des prix pour l’entretien de vos jardins.

L’obtention de Labels

Le label « Jardin Remarquable ». 

C’est le Ministère de la Culture qui octroie ce label de qualité. Il est valable pour une durée de 5 ans renouvelables. Il donne lieu à des avantages divers et notamment à une signalisation routes et autoroutes. Cette signalisation répond au même processus que les édifices protégés au titre des monuments historiques.

Les dossiers de candidature doivent être adressés à votre direction régionale des affaires culturelles (DRAC). N’hésitez donc pas à vous référer au site du Ministère pour en savoir plus.

Vous pourrez ouvrir votre jardin au public et également participer à des évènements nationaux tels que les Rendez-vous aux Jardins. Les conditions principales à remplir pour demander le label sont diverses. Il faut justifier d’un intérêt historique, esthétique, architectural, paysager, ou encore botanique. La qualité de l’entretien est également prise en compte. A titre d’exemple de belle réussite : le Jardin de la Ballue.

Les Rendez-vous aux jardins sont organisés par le Ministère de la Culture en collaboration avec le Centre des monuments nationaux, le Comité des parcs et jardins, les Villes et Pays d’art et d’histoire, les Vieilles Maisons Françaises, la Demeure Historique, ainsi que de très nombreuses collectivités territoriales. Cette manifestation est mise en œuvre par les directions régionales des affaires culturelles (DRAC). Pour s’inscrire.

Le Label Eco Jardin

Le label “Eco Jardin” concerne tous les types d’espaces verts publics ou privés ouvert au public. Il peut s’agir d’un parc, d’un espace naturel ou d’arbres d’alignement. Ce label à dimension nationale est un véritable outil de communication auprès du public. 

Il est attribué par le comité de pilotage du label, suite à un audit du site par un organisme indépendant compétent. Enfin, le label est octroyé pour une durée de 3 ans renouvelables. Il permet de valoriser le travail de jardiniers et gestionnaires d’espaces verts mais aussi d’encourager l’adoption de pratiques de gestion respectueuses de l’environnement. 

Vous pouvez de même être récompensé pour votre gestion éco-responsable avec l’attribution du label Eve : Espaces végétaux écologiques. Il s’agit aussi d’un concours récompensant la gestion éco responsable de vos espaces verts. Il valorise les pratiques de gestion et de réhabilitation écologique des espaces végétaux. 
Pour cela, il convient de respecter plusieurs critères: 

– Absence de produits chimiques
– Politique d’économie de l’eau avec la mise en place d’un plan de réduction de la consommation
– Une attention particulière pour le sol : paillage, apport de matière organique, et un suivi régulier
– Actions en faveur de la biodiversité et maintien des végétaux spontanés 

La participation aux concours

Les concours des associations du patrimoine sont nombreux à féliciter l’entretien des jardins. Des enveloppes de plusieurs dizaine de milliers d’euros sont souvent à la clé de ces concours, ainsi qu’une visibilité et une notoriété toujours plus importante . Vous pouvez également retrouver des enveloppes dans l’onglet « FINANCEMENT » de notre site. Certaines sont dédiées au financement de jardins, comme le Prix VMF « Jardin Contemporain et Patrimoine », le Prix « Décors sculptés parcs et jardins » ou encore le Prix « Villandry ».

Par ailleurs, le concours « Jardiner autrement » récompense les démarches les plus abouties en termes de préservation des équilibres biologiques au jardin par la réduction ou l’abandon de l’usage de produits chimiques.

En outre, pour participer, le jardinier doit déposer un dossier dans lequel il expose et ses espaces et ses pratiques de jardinage respectueuses de l’environnement. Un jury composé de 5 membres de la Société Nationale d’Horticulture de France et de partenaires de Jardiner évalue ensuite les dossiers. Les cinq gagnants du concours remportent un week-end pour deux personnes sur le thème du végétal et du jardinage respectueux de la nature.

Innovez dans vos jardins et mettez son potentiel en avant

Outre les concours et les prix, l’exploitation de son jardin autour d’une thématique a fait ses preuves. Aussi, le château de Nanterre, a créé un « jardin thérapeutique » confié à l’association Endat. L’association propose des programmes personnalisés à des personnes souffrant de diabète, d’anorexie ou de boulimie, à qui l’on propose des ateliers au potager. 

Votre jardin est un lieu de bien-être et d’harmonie. Le domaine de Chaumont a mis en place un « jardin de soin et de santé » qui doit respecter certaines règles d’aménagement et de pratiques pour assurer sa pérennité. Il est accessible à des personnes atteintes de pathologies et vise à répondre à un objectif précis de traitement. Le domaine propose d’ailleurs des journées de formation pour les propriétaires souhaitant mettre ce concept en place dans leur jardin. En savoir plus.

• Vous pouvez aussi inscrire votre jardin dans l’annuaire des Jardins partagés sur la plateforme Jardinons Ensembles. Ainsi vous pouvez participer à la « Ronde des pique-niques » en inscrivant votre jardin à l’événement. C’est d’ailleurs l’ occasion de partager un moment convivial et de faire connaitre vos espaces ! 

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Valoriser des espaces paysagers d’exception

Club de mécènes de l’Abbaye de Fontevraud – Avec le chargé de mécénat de Fontevraud, découvrez comment créer un club d’entreprises pour un monument.

L’important à retenir dans cet article :

Crowdfunding, mécénat, subventions… Pour financer ses projets dans un site historique les moyens sont diverses.

Dans cet article, découvrez comment mettre en place une campagne de crowdfunding réussie et comment créer un club d’entreprises en respectant quatre points essentiels :
– Créer un lien affectif entre le mécène et votre site patrimonial 
– Se servir de son réseau 
– Utiliser ses différentes campagnes de financement pour les alimenter mutuellement 
– Mettre en place tous ses outils avant de se lancer dans une campagne de financement

Introduction

Le Centre Culturel de l’Ouest, hébergé à l’Abbaye, a pour but de réaliser des projets culturels au sein de l’édifice. Arrivé il y a un an, Nicolas Dias a été chargé de mettre en place la cellule mécénat ainsi que le club entreprises du site afin de financer les projets portés par l’association. Auparavant, il a travaillé pendant 7 ans en tant que chargé de projets et de communication à la délégation régionale Centre-Ouest de la Fondation du Patrimoine. Nicolas Dias a accepté de nous décrire le déroulement d’une campagne de financement participatif.

Pour financer votre théâtre de verdure vous avez réalisé deux appels aux dons. Comment les avez-vous organisés ?

En effet, nous avons lancé deux campagnes de crowdfunding, l’une l’an passé et l’autre cette année, avec deux approches stratégiques différentes pour financer le théâtre de verdure. La première ne fut pas soutenue par une campagne de communication contrairement à la deuxième, ce qui fit une grosse différence. 

 Analyse des résultats de la campagne sans communication

Nous avions déjà réalisé un appel aux dons pour ce projet l’année dernière. Ce premier appel aux dons s’est fait au travers de la plateforme  Dartagnans, spécialisée dans ce type de projets. Pour nous, c’était une première action et nous n’avions donc pas mis en place de campagne de communication. Nous l’avions relayée sur nos différents réseaux sans essayer d’obtenir des articles dans la presse. Cependant, grâce à la notoriété de l’Abbaye, l’appel aux dons a été concluant puisque nous avons récolté les 8 575 € que nous nous étions fixés, grâce à 28 contributeurs.  

Nous avions mis en place différents paliers qui allaient d’un remerciement sur notre page facebook à un dîner au restaurant étoilé et une nuit d’hôtel pour 2 personnes, en passant par une visite privée pour 2 personnes sur « les secrets de Fontevraud ». 

Nous avons observé que les contreparties les plus prisées par les donateurs sont celles qui leur permettent de s’inscrire dans l’histoire du site comme une pierre de l’Abbaye avec leur nom gravé.

Analyse des résultats de la campagne avec communication 

Pour le deuxième appel aux dons, qui a été lancé cette année, nous avons utilisé la plateforme  CommeonNous avons récolté 46 000 € en cinq semaines grâce à 169 généreux donateurs alors que nous souhaitions atteindre les 20 000 €. Pourtant les contreparties proposées étaient du même type que celles du premier appel aux dons.

En revanche, nous avons mis en place une véritable campagne de communication, organisée autour d’un retroplanning avec : 
– Un relais par la presse ;
– La mise en place d’un emailing à tous nos contacts ;
– L’envoi d’une newsletter à tous nos visiteurs ;
– L’annonce sur nos réseaux sociaux ;

Ce fut un réel succès, nous avons vraiment noté un engouement pour cet appel. Il y a eu un effet « boule de neige » que nous n’avions pas observé lors de la précédente campagne. Une bonne communication est donc primordiale. 

Outre ces appels aux dons, vous avez aussi lancé des campagnes de mécénat. Comment se sont-elles organisées ? 

Je suis arrivé à l’Abbaye de Fontevraud il y a un an maintenant, et ma mission première fut de créer une cellule mécénat puisqu’il n’y en avait pas à ce moment-là. Il m’a donc fallu à peu près six mois pour la construire. 

La première étape préparatoire, consista à mettre en place tous les outils dont nous avions besoin en constituant le kit mécénat standard , à savoir les outils de communication comme les plaquettes de présentation, le dossier mécénat, les différents e-mails… mais aussi les différents paliers et les contreparties qui y correspondent et qui doivent être attractives et parler aux entreprises mais aussi aux particuliers. Notre but était de créer un club d’entreprises à l’Abbaye de Fontevraud. 

L’étape suivante fut la prospection. Nous avons orienté nos premières recherches sur le territoire et notamment en faisant appel au cercle proche de l’Abbaye . Nous avons contacté les entreprises et les particuliers qui avaient un lien avec l’Abbaye. Si les chefs d’entreprises n’étaient pas forcément venus eux-mêmes sur le site, leur structure avait déjà participé à des événements.

 Pourquoi avoir voulu créer un club d’entreprises ? 

Tout d’abord, il faut rappeler ce qu’est un club d’entreprises. Ses membres sont unis par une même volonté de jouer un rôle dans le tissu économique local. C’est aussi une association qui défend les intérêts de ses adhérents. 

Nous souhaitions rassembler 15 à 20 entreprises pour le début du club. Au bout d’un an de travail et de préparation, nous avons déjà une petite dizaine d’entreprises. Notre souhait est d’avoir un potentiel financier de 50 000 à 100 000 € pour mener à bien nos projets en engageant les entreprises sur trois ans. Un club d’entreprises permet de créer un lien plus fort entre les mécènes et l’Abbaye, tout en les fidélisant et en leur offrant des contreparties qu’ils ne trouveraient pas avec une convention de dons plus classique. 

Ce club sera l’occasion pour les chefs d’entreprises de partager des moments conviviaux et d’échanger avec d’autres patrons qu’ils n’auraient sûrement pas rencontrés autrement. 
Il est aussi la meilleure publicité qu’un site patrimonial puisse avoir, notamment auprès d’autres chefs d’entreprises. En effet, les membres seront beaucoup plus enclins à partager autour d’eux leur appartenance à ce groupe puisqu’ils sont bénéficiaires d’avantages plus nombreux qu’un simple mécénat. 

Comment avez-vous abordé les différents mécènes pour les faire entrer dans le club ?

Mise en relation avec les premiers contacts

Après avoir mis en place tous les outils de communication, nous sommes donc entrés en relation avec notre premier réseau de contacts. 

Nous sommes d’abord passés par des mails dans lesquels nous annoncions le lancement de la cellule de mécénat. Nous les avons ensuite relancés par mail et téléphone, mais nous n’avons pas eu beaucoup de résultats. Ces contacts, bien qu’ils ne donnent pas lieu à des retombées directes, sont importants puisqu’ils permettent de faire connaître le projet que l’on souhaite financer. 

C’est à ce moment que nous leur avons proposé un rendez-vous. Le but, pour nous, était de leur présenter le projet en détail, les contreparties et les travaux. Après la réunion, nous avions prévu un cocktail dînatoire suivi d’une visite nocturne privée de l’Abbaye. C’est après cette entrevue que les retours se sont faits et que nous avons gagné des mécènes. Le rendez-vous physique sur le site est une étape importante dans la prospection puisque c’est à ce moment-là que le chef d’entreprise, ou le particulier, va pouvoir créer un lien affectif avec le site patrimonial, ce qui est l’élément central de l’acte de mécénat. Un afterwork ou un petit-déjeuner sur le site est une très bonne occasion de les inviter et de présenter tout le dossier.

Tout ce processus est assez long puisqu’après les six mois de préparation de la cellule de mécénat, il faut en compter six autres avant de signer les premières conventions de mécénat. C’est un long travail qui doit impérativement être fait par une seule et même personne . C’est elle qui va créer une relation amicale avec les chefs d’entreprise, elle représentera le lieu et tout transitera par elle, il est donc primordial d’y assigner un seul représentant.

Appels aux dons

Outre cette campagne de prospection, les appels aux dons que nous avions mis en place au cours des deux dernières années nous ont été utiles. Ils apportent de la notoriété au site et aux projets culturels qui s’y développent, la structure étant reconnue comme active. Ils nous ont aussi permis de dégager un potentiel mécène, qui avait donné une somme importante pour un particulier, et qui avait donc retenu notre attention. Il ne faut pas hésiter à s’appuyer sur ces campagnes de financement participatif pour alimenter sa prospection en mécénat.

Pour la suite de la prospection, nous comptons nous appuyer sur nos premiers mécènes.Une solution envisagée serait d’organiser un gala et les mécènes auraient comme « mission » d’inviter d’autres chefs d’entreprise à leur table. Les mécènes sont nos meilleurs ambassadeurs, cela leur permettra aussi de rencontrer d’autres patrons et d’échanger avec eux, comme au sein d’un club.

 Un dernier conseil ? 

 Chouchoutez vos mécènes, invitez-les, ainsi que leurs collaborateurs, à des événements privés, à des visites thématiques. Ils seront d’autant plus satisfaits de leur collaboration et reviendront probablement visiter le site avec leur famille.

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Stratégies efficaces pour une levée de fonds en mécénat

Le Crowdfunding : un nouvel outil de financement

Se former sur le financement

Le fonds de dotation : un outil avantageux pour financer le patrimoine

L’important à retenir dans cet article :

Si les associations et les fondations sont bien connues pour mener à bien des projets de financement pour le patrimoine, le droit français s’est doté d’un nouvel outil. Il a le mérite, dans un système administratif lourd, d’être souple et très avantageux.

Le fonds de dotation se positionne au carrefour des avantages de l’association et de la fondation reconnue d’utilité publique.

Un outil de financement récent et inspiré

Les fonds de dotations sont créés en 2008 par la loi de modernisation de l’économie. Cousins des endowments funds américains, l’utilisation de ces fonds a pour vocation le financement de missions mais aussi d’œuvres d’intérêt général. 
De droit privé, le fonds de dotation peut recevoir tous biens de toute nature. Ces revenus (dons, legs, biens…), une fois capitalisés, sont utilisés pour financer un objectif présentant un intérêt philanthropique, éducatif, scientifique, social, humanitaire, sportif, familial ou culturel. L’objet peut également concourir à la mise en valeur du patrimoine artistique, la défense de l’environnement naturel ou la diffusion de la culture, de la langue et des connaissances scientifiques françaises.

L’incroyable succès des fonds de dotation en France

Aujourd’hui, dix ans après leur création par la loi du 4 aout 2008, le bilan des fonds de dotation est très positif. Plus de 3 000 fonds de dotation ont été créés. Les modifications apportées par un décret en 2015 ont renforcé le cadre législatif du fonds de dotation. L’obligation d’un investissement initial de 15 000 euros en est un bon exemple. Cela n’a d’ailleurs pas entravé le succès fulgurant de ce nouvel outil de financement.

Ainsi, le patrimoine a su tirer parti des fonds de dotation. Ils ont d’ailleurs été initialement créer par le ministère de l’Économie et des Finances. L’objectif était de répondre aux besoins d’une structure financière pour la « franchise » du musée du Louvre à Abou Dabi…

Le patrimoine est donc au cœur de ces évolutions. De nombreux fonds de dotation ayant pour vocation la sauvegarde patrimoniale existent déjà. D’autres continuent à se créer, à l’initiative de personnes privées, d’associations, ou encore de collectivités publiques. Ces dernières ont également vu l’intérêt d’utiliser un fonds de dotation pour permettre aux dotations privées de conserver la maîtrise. Une gérance qui passe par le conseil d’administration du fonds.

Comment créer un fonds de dotation ?

Le fonds de dotation se distingue notamment de la fondation par sa facilité de création. Une personne physique ou morale privée ou publique peut créer un fonds de dotation par une déclaration faite en préfecture et une publication au Journal Officiel. La rédaction des statuts est d’ailleurs assez souple. Mais lorsqu’il s’agit d’affectations de patrimoine de manière irrévocable et gratuite, comme dans le cas d’une donation, il est vivement conseillé de rédiger un acte authentique pour formaliser la création du fonds.
Depuis 2015,  une dotation immobilisée de départ de 15 000 euros est demandée pour la création d’un fonds. 

Pourquoi créer un fonds de dotation ? Quels en sont les avantages ?

Le fond de dotation est fiscalement avantageux


Le fonds de dotation bénéficie du régime fiscal du mécénat. Les dons (numéraires, valeurs mobilières, droits immobiliers – en pleine propriété ou démembrés – droits d’usufruit, notamment temporaire) des particuliers ou des entreprises sont affectés au fonds qui a lui-même un objet d’intérêt général. La fiscalité avantageuse de mécénat trouve à s’appliquer. 
Tout affectation au fonds de dotation donne droit à des réductions d’impôts. 66 % du montant des sommes affectés dans la limite de 20% du revenu imposable pour les particuliers et 60% dans la limite de 5% du CA pour les entreprises. De plus, les dons et legs à destination du fonds de dotation sont exonérés de droits de mutation. 

Le fonds de dotation est plus souple juridiquement

Cette fiscalité attractive n’est pas uniquement l’apanage du fonds de dotation puisqu’il s’applique également aux associations et aux fondations. En revanche, le fonds de dotation se distingue de la fondation d’utilité publique par sa souplesse et sa rapidité de financement. La flexibilité de ces outils permet aussi de contourner certaines problématiques de transmission et de gestion d’un monument historique.

Le fonds de dotation favorise la transmission des biens capitalisés

Ainsi, le placement de l’usufruit temporaire d’un château dans le fonds de dotation, sur une certaine durée, peut faciliter la transmission du bien in fine, en bénéficiant du régime avantageux en matière de droits de mutation qu’offre le fonds de dotation.
Ce placement pourrait d’ailleurs, avec le temps, alléger les droits de succession grâce au démembrement de la propriété. Ce démembrement permettra un rachat plus facile des parts de la nue-propriété entre les héritiers.

Le fonds de dotation permet le financement direct de projets de restauration du patrimoine

Le fonds de dotation apparaît comme un outil de financement très utile pour le patrimoine aujourd’hui. S’il est très souvent utilisé pour la restauration et l’entretien, il peut aussi l’être pour le développement d’activités. Il est rare en droit français de pouvoir bénéficier d’autant de souplesse et de liberté pour la création et la gestion d’une telle structure. Il serait donc dommage de ne pas profiter avant qu’un vent de réformes vienne encadrer plus strictement le fonds de dotation.

Comment distinguer un fonds de dotation d’une association ou d’une fondation ? Quelles sont les différences à connaitre pour choisir la bonne structure fiscale ?

Les fonds de dotation, au carrefour des avantages de l’association et de la fondation d’utilité publique.

 L’association est un groupement de personnes qui défend un objectif d’intérêt général.

 La fondation d’utilité publique est une entité qui regroupe des biens affectés à un but d’intérêt général et non lucratif. Néanmoins, sa dotation initiale, pour être reconnue d’utilité publique, doit être d’au moins 800.000 euros. En outre, elle est assujettie à une tutelle administrative contraignante et un contrôle comptable lourd.

Ces deux entités bénéficient donc du régime avantageux de la fiscalité du mécénat pour les dons.

 Le fonds de dotation répond au même objectif qu’une fondation, mais bénéficie de la souplesse de constitution et de gestion d’une association sans la contrainte d’une tutelle administrative.

Ci-dessous, un tableau comparatif résumant les spécificités des différentes formes juridiques : 

Quelques exemples de fonds de dotation dans les châteaux : 

Plusieurs châteaux possèdent aujourd’hui leurs propres fonds de dotation. C’est le cas notamment des château de la Bussière, de Panassou, de Vendeuvre, du château Royal de Montargis ou encore du fonds de dotation pour le rayonnement des châteaux de la Loire… Tous ces fonds, créés à l’initiative des propriétaires, d’associations ou encore de collectivités, permettent de financer la restauration, l’entretien ou le rayonnement de ces sites.

Le célèbre château de Thoiry a, en 2009, choisi de créer deux fonds de dotations (l’un pour le château et l’autre pour la parc zoologique). Ces deux entités permettent de répondre aux problématiques financières des deux structures. Elles participent indirectement à la réussite et à la pérennité de Thoiry. 

Il est donc important de longuement réfléchir au choix de sa structure juridique, qui sera essentielle pour qui souhaite assurer le succès d’un projet pour son monument…

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Créer une association pour son château

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Club de mécènes de l’Abbaye de Fontevraud

Comment concevoir une activité attractive et durable dans un château ? Paul de La Panouse, à l’origine du zoo de Thoiry raconte l’histoire de ce site remarque, devenu mythique !

L’important à retenir dans cet article :

Tout château ou domaine possède ses particularités et ses atouts qu’il est important d’identifier afin de construire un projet qui soit cohérent avec son territoire, son époque et avec les opportunités du marché du tourisme. 

Il est par ailleurs nécessaire de connaître les rudiments du marketing pour construire son projet. 
Paul de La Panouse, à l’origine du zoo de Thoiry nous raconte l’histoire de ce lieu devenu mythique !

Dans cet article vous pourrez retenir que : 
– Pour développer un projet dans un château, il faut nécessairement un porteur de projet réaliste et libre ;
– Il est bon d’utiliser des techniques de marketing de base ;
– Le développement est l’histoire… d’une vie !

Introduction

Paul de La Panouse vient d’écrire et publier « Thoiry, une aventure aventure sauvage » aux éditions L’Archipel, diffusé par Hachette. L’ouvrage, au format d’un livre d’art, raconte en 256 pages et 400 photos une saga familiale sur les deux châteaux ancestraux et les parcs qu’il a créés. Un prix très bas de 25€ a été fixé afin de privilégier une diffusion culturelle auprès du plus grand nombre.

À l’origine du parc zoologique de Thoiry

Un patrimoine historique exceptionnel…

Le château de Thoiry est l’œuvre de Philibert Delorme. Elevé en 1559, il appartient à la même famille depuis plus de quatre siècles. Remarquable par son architecture Renaissance, son plan est élaboré en respectant les règles liées au nombre d’or, ce qui fait du château le pivot d’un calendrier solaire, étudié par de nombreux spécialistes francs-maçons et druides…

L’impressionnant vestibule est par exemple imaginé autour de quatre triangles de Pythagore, en référence à la chambre royale de la pyramide de Kheops ! 

… menacé par des difficultés financières.

Cependant, très vite, le jeune Paul de La Panouse, actuel propriétaire, entrevoit les difficultés financières liées à l’entretien du domaine. Il pousse alors ses parents à ouvrir le château au public en 1965, à une époque ou peu de châteaux en région parisienne l’étaient. 

Mais l’histoire ne s’arrête pas là, puisque deux ans plus tard, Paul de la Panouse pour attirer plus de grand public dévoile un nouveau projet ! Ne voulant se résoudre à faire un parc d’attraction qui aurait détruit son parc de 400 hectares, et pour ne pas risquer l’obsolescence à l’arrivée certaine de Disney en Europe, il décide finalement de faire un parc zoologique unique en France ! 

Sur le modèle d’un safari, les animaux y évoluent librement tandis que les visiteurs sont en sécurité dans leurs voitures. Le succès est immédiat et les retombées médiatiques impressionnantes. 

50 ans plus tard, le parc zoologique de Thoiry porte toujours ses fruits

Entièrement recréé, le domaine se réinvente et se transforme en un immense parc semblable à une arche de Noé. Dans cette version cependant, ce sont les animaux qui mettent le château et sa famille hors de l’eau !  

Le Zoo en quelques chiffres


– Plus d’un millier d’animaux en semi-liberté ;
– 450.000 visiteurs par an en moyenne, 23 millions de visiteurs depuis l’ouverture ;
– Troisième site touristique d’Île-de-France ;
– 155 hectares de collections botaniques et zoologiques ouvertes au public sur un domaine de 400 hectares ;
– Environ 12 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel ;
– Une usine de méthanisation qui chauffe le parc animalier, le château, huit villages et une partie de la ville de Plaisir, a été réalisée par Colomba, fille de Paul de la Panouse.

Un regard sur le concept de Thoiry

D’une PME familiale au groupe Thoiry

Thoiry connait un véritable succès populaire, la PME familiale se développe progressivement pour devenir un véritable groupe, actuellement dirigé par Thierry Duguet, et qui comprend, en plus du parc de Thoiry, le Safari de Peaugres et le ZOO de Santo Inàcio au Portugal. 
En 2011, le groupe ouvre son capital, jusqu’alors entièrement familial à trois groupes d’investissement : BNP Paribas Développement, Bred Développement et Ile-de-France Capital, et en 2015 au fond d’investissement touristique Ekkio. Les deux enfants de La Panouse gardent une participation significative et la famille conserve la totalité du capital immobilier.

 Mettre en scène et surprendre

Afin de rester attractif, Paul de La Panouse a su mettre en scène son parc animalier pour toujours surprendre le visiteur, faire vivre des expériences uniques et raconter de nouvelles histoires. Son originalité et ses idées font sa force. Il fait par exemple construire un tube de verre pour observer au plus près les tigres, une tyrolienne survolant les lions, un « Safari Air Park », air de jeux où les jeunes rebondissent sur 1 500m2 de fils tendus entre les arbres à 9 mètres de hauteur. 

Thoiry c’est aussi une programmation événementielle, sportive avec la « Thoiry Wild Race » et musicale avec le « Happy Thoiry Festival » qui réunissait en 2018 des chanteurs populaires tels que Amir, Claudio Capeo ou Ardcadiane. Dernière création, le « Thoiry Festival des Lumières » présente durant tout l’hiver 2019 plus de 600 sculptures « lanterne chinoise » répartis sur 6 hectares du jardin botanique.  

Innover sans cesse

En 2018, 50 ans après la création du parc, Colomba de la Panouse, héritière avec son frère Edmond de l’affaire familiale, et directrice générale déléguée du Groupe, fonde sa propre entreprise « Thoiry Bioénergie ». En septembre de la même année elle inaugure son usine de méthanisation, inscrivant le parc dans une logique forte de développement durable proche de la nature. L’usine permet de produire du gaz, le biométhane, en utilisant les déchets du parc et de ses partenaires (fumier des animaux, déchets végétaux et agricoles) par le procédé dit de méthanisation par voie sèche. L’usine permet d’apporter le chauffage à 3 bâtiments du parc abritant des animaux : la maison des girafes, l’arche des petites bêtes et la maison des éléphants. 

Pour ce projet, Thoiry a reçu une subvention à hauteur de 1,16 millions d’euros dans le cadre du Plan régional énergie climat voté en juillet 2018, et qui dispose d’une enveloppe totale de 150 millions d’euros pour verdir la consommation d’énergie d’Ile-de-France d’ici 2030.

Edmond de La Panouse, quant à lui, vient de faire construire une Orangerie avec une salle de 504 m², près du château et au milieu du Jardin d’Automne.

S’inspirer du modèle Thoiry pour développer son offre touristique

 Comment développer son offre touristique ? Hephata vous propose la méthode suivante en reprenant comme exemple le modèle de Thoiry.

 Lire aussi DEVELOPPER DES ACTIVITES COHERENTES AVEC SON HISTOIRE ET SON TERRITOIRE – Les masters class de cuisine ressuscitent le château du Feÿ – Interview avec Sylvie Angel, propriétaire

I/ Définir sa problématique

Il s’agit d’identifier les difficultés rencontrées par le site et de formaliser ses besoins. Le problème peut être d’ordre financier, de gestion, de notoriété ou encore de communication.

L’exemple de Thoiry

Dépositaire d’un patrimoine historique merveilleux, transmis depuis 13 générations, la famille de la Panouse doit néanmoins faire face à des difficultés financières liées à l’entretien et à la gestion du château et du parc. Elle se voit donc dans l’obligation de développer un modèle économique et une stratégie touristique pour assurer la survie de la propriété.

 II/ Diagnostiquer ses forces et faiblesses les opportunités et menaces

Il s’agit d’utiliser la méthode d’analyse marketing SWOT. 
L’analyse SWOT permet de développer sa stratégie marketing et d’évaluer la réussite d’un projet, en étudiant conjointement différentes données, comme les atouts et les défauts de son site, mais également la concurrence sur la typologie d’activités envisagée ou les marchés potentiels.

 L’exemple de Thoiry (simplifié) :

Analyse interne

Forces :
Superficie du domaine 400 hectares
– Importance historique du patrimoine bâti (architecture, histoire…)
– Compétence, dynamisme et réseau du porteur de projet

Faiblesses :
– Difficultés de gestion ;
– Nécessité de se créer de nouvelles sources de revenus pour financer l’entretien du domaine ;
– Inexpérience dans la gestion d’un parc zoologique.

Analyse externe

Opportunités :
Peu de châteaux ouverts à la visite en Ile-de-France ;
– Volonté d’attirer un nouveau type de public ;
Possibilité d’exploiter le domaine pour développer des activités touristiques de loisirs et toucher un public familial (parc zoologique, parc d’attractions…).

Menaces :
Arrivée possible d’un concurrent important en Europe : Disney ;
• Concurrence parc zoologique de Paris.

III/ Définir un public cible

Quelle typologie de public je souhaite faire venir ? Quels sont leurs besoins, leurs attentes, leurs envies ? Comment puis-je y répondre ?

L’exemple de Thoiry

Public cible : Familles et enfants
Besoins et attentes :se divertir le week-end et en vacances, sortir de son quotidien, découvrir la nature et le monde animal. 

 IV/ Définir un concept et un positionnement

Quel est mon projet ? Comment se matérialise-t-il ? Quelles sont mes valeurs ? En quoi est-il différent ?

L’exemple de Thoiry

Paul de la Panouse souhaite attirer les enfants et leurs familles.
Il possède un grand domaine de plusieurs centaines d’hectares. 
– Il y voit une immense opportunité et décide d’exploiter cette surface, d’en faire une richesse pour le château en construisant un parc animalier.
Le projet répond aux attentes et besoins du public ciblé. Le thème animalier est porteur.
Il se différencie de sa concurrence en décidant de faire un parc sur le modèle d’un safari et non d’un simple zoo. Dans son concept, les animaux évoluent en liberté et seront chez eux, tandis que les hommes, visiteurs, devront rester dans leurs véhicules. 
C’est la construction d’une image proche de la nature, où le règne animal est roi dans sa savane artificielle.

Ainsi le parc de Thoiry s’inscrit dans des valeurs ultra modernes pour l’époque, anticipant les préoccupations de demain. Il témoigne d’une vision et se crée un ADN.
Il s’agit ensuite d’exprimer son positionnement en une phrase qui synthétise la particularité de l’offre, pour Thoiry : « Source naturelle d’Aventures ».

Conclusion

Concevoir une activité durable dans un château passe donc par l’élaboration d’un bon concept. Un bon concept est celui qui rencontre les attentes et besoins du public ciblé et qui se différencie de la concurrence. Avec son parc zoologique, Thoiry a su pérenniser son avenir et se développer à la manière d’une entreprise tout en continuant d’innover.

Pour aller plus loin :

 La communication au château de la Ballue

Le Crowdfunding : un nouvel outil de financement pour le patrimoine

L’important à retenir dans cet article :

 Le crowdfunding attire les jeunes entrepreneurs, les startups et porteurs de projets qui ne cessent de multiplier les campagnes sur des plateformes toujours plus nombreuses. 

Avec 401 millions d’euros collectés en 2018 contre 336,2 en 2017, soit une augmentation de 16,35 %, le crowdfunding progresse, ce qui signifie également qu’une concurrence toujours accrue s’installe entre les projets. Dès lors, comment se démarquer parmi toutes les campagnes ? Quelle stratégie adopter pour mettre toutes les chances de son côté et réussir ? Quel montant demander ? Comment s’organiser ?

Hephata vous propose sa méthode pour réussir sa campagne de crowdfunding pour votre château

Petite introduction sur les principes du crowdfunding

Le crowdfunding – financement par la foule en anglais – est une méthode de financement participatif populaire. Il permet à un porteur de projet, particulier ou entreprise, de soulever des fonds en faisant appel aux dons. Le crowdfunding s’inscrit dans un processus de désintermédiation alternatif aux banques. Des plateformes en ligne spécialisées dans le crowdfunding permettent de lancer sa campagne facilement.

Il existe deux types de campagne : avec ou sans contreparties. Celles-ci peuvent être très variées : remerciements publics sur les réseaux sociaux, entrées gratuites au château, produits issus de la production locale (vin, miel, jus de pomme…) etc.

Le crowdfunding, à ne pas confondre avec les autres formes de dons

Le crowdfunding fait partie de la famille du financement participatif au même titre que le crowdlending ou le crowdequity, et ne doit pas être confondu avec.

On parle de crowlending lorsque que le projet est financé par des prêts, rémunérés en intérêts, et non des dons. 
Enfin, le crowdequity est la forme de financement participatif où l’on investit – généralement dans une start-up – en échange d’une part du capital de la société. 

Les 3 cercles relationnels

Il existe trois cercles de donateurs potentiels qu’il faut essayer de toucher lors d’une campagne de crowdfunding. 

La famille et les amis

Même si cela peut paraître évident, ils jouent un rôle majeur dans la réussite d’une campagne. Il est indispensable de pré-lancer le projet auprès d’eux, ils s’en feront ambassadeurs, en parleront à leurs amis, leurs réseaux, et témoigneront du sérieux de l’opération. Ils permettront d’atteindre rapidement les 30% de l’objectif de la campagne. Il convient de leur communiquer la date de lancement de la campagne et de les prévenir dès que la cagnotte est en ligne. Ce premier cercle permet d’atteindre plus facilement le suivant.

Les amis d’amis, les connaissances

Il faut ensuite convaincre ses nombreux amis Facebook, ses vagues connaissances, ses relations professionnelles, ses anciens professeurs et autres ! Communiquer autant que possible, demander à partager l’information même si la personne ne souhaite pas participer !

Les inconnus

Ce sont ceux qui seront les plus difficiles à atteindre car ils ne connaissent pas forcément les châteaux, encore moins ses propriétaires. Il faut être capable de démontrer ses convictions, et réussir à les atteindre en leur donnant envie de parier sur vous. Pour cela, une communication soignée est indispensable.

Les clés de réussite Hephata

1. Définir son projet

Avant toute chose, il est important d’exprimer clairement les tenants et les aboutissants du projet pour le château, définir sa cible et ses objectifs. Le titre de la campagne doit parfaitement résumer l’objectif du projet.
Un bon projet doit être clair et compréhensible très rapidement. Il faut capter l’attention de l’utilisateur. Être en mesure de montrer l’intérêt du projet, sa valeur ajoutée ou encore l’impact sur le tourisme local… 

L’exemple de la campagne pour un ESCAPE GAME au château de Picquigny sur Dartagnans 

Le patrimoine historique communique des valeurs positives qui touchent facilement la population qui comprend l’importance de l’enjeu de préservation. Comme le démontre tout récemment l’immense solidarité des Français pour la rénovation de Notre-Dame à la suite de la tragédie… 
Enfin, il est indispensable d’être transparent et expliquer clairement à quoi servira la somme récoltée : restaurer une œuvre, rénover une partie du bâtiment, proposer une nouvelle activité de médiation aux visiteurs, organiser un événement…  

2. Choisir la bonne plateforme

De très nombreuses plateformes de crowdfunding existent, et il important de s’informer sur leurs particularités. Elles s’adressent à des publics ou soutiennent des projets différents. Voici quelques exemples : 

Les plateformes internationales

 Kickstarter
 Indiegogo

Les plateformes nationales

KissKiss BankBank
Commeon
Ulule

Les plateformes locales  

Jadopteunprojet : qui s’adresse aux habitants de la région Nouvelle-Aquitaine
Graines d’actions : dédiée aux projets bourguignons
Gwenneg : pour la Bretagne 

Les plateformes spécialisées autour de thématiques

Dartagnans : pour le patrimoine
Miimosa : dans l’agriculture et l’alimentation
MyMajorCompany : pour la musique
Fundovino : dédiée au monde du vin

Enfin, il est important de bien se renseigner sur le fonctionnement de la plateforme et sa rémunération (entre 3 et 10 % en général). Vous devez également savoir que sur beaucoup de plateformes, seules les campagnes qui atteignent leurs objectifs perçoivent les dons, les autres étant défaites et les dons retournés aux participants. Cependant, d’autres plateformes versent la somme récoltée sans prendre en compte le pourcentage de réussite atteint.

3. Organiser sa campagne de crowdfunding

La préparation d’une campagne est assurément la clé de réussite la plus importante. Il est indispensable de s’organiser bien en amont. Il s’agit d’estimer le temps nécessaire à la mise en place de la communication, les ressources humaines disponibles pour animer la campagne, mais aussi son coût financier, si des contreparties sont prévues par exemple (les coûts d’expédition pour les livraisons…). Ces contreparties ont un rôle important à jouer, elles peuvent permettre de déclencher l’acte de don. Il vous faudra prévoir 6 à 8 contreparties pour chaque palier de don (5, 10, 20, 50…). Vous devrez cependant être en mesure de tenir vos promesses.


Hephata recommande fortement de réaliser un rétroplanning des actions à mener pour préparer la campagne pour le château.

L’exemple des contreparties pour la campagne de restauration des verrières de l’église Saint-Philippe-du-Roule sur Commeon : 

4. Construire la communication autour de sa campagne de crowdfunding

Clé de voûte de votre campagne, la communication doit permettre de mobiliser sa communauté. Tout d’abord, avec une page de présentation très soignée qui témoigne du sérieux du projet afin d’inspirer confiance aux donateurs. Ensuite, construire un storytelling autour du château, son histoire, pour impliquer émotionnellement les participants. S’assurer que les réseaux sociaux soient prêts en amont pour permettre le partage et l’émulation autour du projet. Préparer à l’avance les messages de communication, le discours, les médias (logos, photos du château, dossier de présentation du projet). La vidéo est aujourd’hui le meilleur support de communication, cependant, elle doit être réalisée de façon aussi professionnelle que possible et ne pas excéder 2 à 3 minutes. 
Une campagne de crowdfunding nécessite un maximum de soutiens des radios et presses locales qui peuvent-être mobilisées si le projet a un impact sur le territoire ou la région, ou s’il s’inscrit dans une démarche sociale et solidaire. Il est également possible de prévoir une communication événementielle en organisant une soirée de lancement de campagne dans votre château par exemple.

L’exemple du vidéo clip pour la campagne « Volons au secours du grand salon du Vaux-le-Vicomte » 

Bien choisir la durée et le montant de sa campagne de crowdfunding
Bien bâtir sa campagne 

Il est prudent de ne pas être trop gourmand quant au montant souhaité pour la campagne, la majorité des projets qui réussissent demandent moins de 10 000€. De plus, comme expliqué précédemment, certains sites de crowdfunding ne rémunèrent que les campagnes réussies, autant être aussi sûr que possible d’atteindre l’objectif fixé. Il est recommandé de réaliser une veille concurrentielle et de regarder les montants demandés par d’autres châteaux sur des projets similaires.

Choisir quand la lancer 

Pour le lancement, il est préférable de ne pas démarrer sa campagne durant l’été, en période de vacances où votre public n’est pas disponible, de même la période de Noël est à éviter, car la priorité en matière de dépenses est aux cadeaux, et non au financement participatif. 
Il est préférable d’organiser une campagne courte et dynamique plutôt que trop longue et qui s’endort.On estime que les campagnes dont la durée se situe entre 25 et 45 jours ont plus de chance d’aboutir. Les campagnes plus longues sont réservées à de très gros projets portés par de grosses structures, des sites comme Versailles, Chambord, Chenonceau…

 S’armer de patience 

L’idéal est de démarrer très vite afin d’atteindre dès la première semaine les 30% de l’objectif, ce qui créera une pression sociale positive et rassurera les autres potentiels donateurs sur la viabilité du projet. Ensuite, il faut maintenir des efforts constants pour faire progresser la récolte de façon régulière. Le temps de campagne est un temps intense durant lequel le porteur du projet doit être pleinement engagé.

Savoir dire merci ! 

La campagne est un succès, il faut alors remercier ses donateurs. Ne pas tarder pas à envoyer les contreparties promises. Les utilisateurs ayant participé au projet représentent un premier public conquis qu’il faut fidéliser. Il est par exemple possible d’organiser un évènement de fin de campagne. Une soirée privilège de remerciement au domaine pour les plus gros donateurs ? De même, il est important de donner des nouvelles du projet pendant sa réalisation et à son achèvement.

Conclusion

Si le crowdfunding est un excellent moyen de soulever des fonds, il est préférable de le penser comme un complément de budget plutôt que comme unique source de financement. Même bien préparée, une campagne a des chances non-négligeables d’échouer, mais cela ne doit pas remettre en cause l’entière réalisation de votre action. Dernière recommandation, ne pas abuser du crowdfunding, il ne faut pas prévoir une campagne pour chacune de ses envies, cela fatiguerait les donateurs qui penseront qu’ils ont déjà fait un effort suffisant pour soutenir ce site historique.

Pour aller plus loin :

 – MECENAT & PATRIMOINE HISTORIQUE – Comprendre le mécénat et solliciter des mécènes pour ses projets de restauration

– FINANCER LES CHANTIERS OU L’ENTRETIEN D’UN MONUMENT – mécénat, subvention ou crowdfunding ?

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Gagner de l’argent grâce à son château : les actions à mener

L’important à retenir dans cet article :

 Une fois sa réflexion construite et ses projets d’activités fixés et planifiés, il faut débuter. Mettre en route vos premières actions dans votre château requiert une attention toute particulière, et de nouvelles interrogations peuvent se présenter. 

Les points clés de cet article : 

– Savoir être réaliste face au lancement de vos activités
– Réfléchir aux éventuels accompagnements possibles
– Promouvoir vos activités auprès des bonnes cibles 

Introduction

Dans l’article COMMENT GAGNER DE L’ARGENT GRÂCE A SON CHÂTEAU – Quelle réflexion avoir en amont du lancement d’activités, nous évoquions la manière d’agir avant la mise en place de tout projet. Aujourd’hui, nous vous proposons de nouvelles clés pour commencer à mener vos premiers développements !  

1. Etre réaliste

Cela peut paraître logique mais fixer des objectifs réalisables dans le temps et dans son budget peut vite devenir difficile. Une fois que l’on a identifié les atouts de son château, que l’on sait comment les exploiter, l’on a souvent tendance à être trop ambitieux dans la mise en place de ses objectifs. Il est donc nécessaire de faire un « tri » entre ce qui est possible et ce qui est réalisable. 

Ce qui n’est pas réalisable n°1 : les activités qui imposent des contraintes trop fortes pour soi

Par exemple, si vous souhaitez organiser des visites dans votre château, sachez qu’il faudra mettre en place un parcours spécialement dédié à cette activité. Cela implique des contraintes avec notamment la privation de la jouissance d’une partie de ses espaces privés. Si vous n’êtes pas prêt à cela, ce n’est sans doute pas la bonne activité pour vous. 

Ce qui n’est pas réalisable n°2 : les activités qui demandent une phase de « test » alors que l’on manque de temps

Prenez également en compte le temps qu’il faudra pour mener à bien vos premières actions. Il est important de ne pas aller trop vite car le risque est de faire des projets à perte ! Tous les paramètres (environnementaux, climatiques…) qui peuvent vous dresser une assise confortable dans le lancement de vos activités ne sont pas toujours présents. Ainsi, il est nécessaire d’accepter l’erreur et de faire des compromis surtout si l’on n’est pas le seul décisionnaire. Il convient alors d’agir finement et de choisir les bons moments pour proposer de nouvelles activités. Le mot d’ordre est : « learning by doing » : apprendre en faisant. 

Vous pouvez par exemple vous rendre dans votre mairie, demander une étude d’impact sur le territoire et faire en fonction . Ainsi, ces nouvelles informations vous permettront de s’engager sans trop de risques dans la mise en place de vos activités. 

2. Ne pas hésiter à se faire accompagner

S’entourer d’experts, de conseillers, d’auxiliaires, de bénévoles…

Lors du lancement de projets pour son château, on peut parfois être esseulé face à la quantité de travail qui se retrouve devant nous. Gérer les visites si l’on a ouvert son château au public, s’occuper des événements, de l’entretien des lieux etc, n’est pas aisé. Jusque là, il est rare d’avoir le don d’ubiquité et l’on risque de tout faire péricliter si on se retrouve dans l’impossibilité de canaliser ses objectifs. 

N’hésitez pas à vous entourer d’un environnement de partenaires qui ont les bons conseils, les solutions adaptées pour répondre à vos besoins. 

Si par exemple, vous avez à votre charge un domaine forestier, vous pouvez vous rapprocher d’experts en gestion forestière, de conseillers en la matière qui sauront vous aider grâce à leur regard professionnel. En ce sens, nous vous conseillons la lecture de l’article :  GESTION DU DOMAINE FORESTIER DE SON CHÂTEAU – Un atout majeur car rentable et JARDINS ET ESPACES PAYSAGERS D’EXCEPTION – Faire appel à des professionnels, c’est abordable : point sur les expertises indispensables. 

Vous pouvez également vous rapprocher de nombreuses structures qui existent comme les chambres d’artisanatles CCI, les incubateurs d’artisans locaux ou tout simplement des bénévoles qui viendront donner de leur temps pour vous aider dans vos activités.

Une solidarité commune

Il existe aujourd’hui une grande solidarité autour du patrimoine et de sa valorisation. Ainsi, beaucoup de partenaires sociaux, économiques sensibles à la conservation du patrimoine sont là pour vous aider à concrétiser vos projets car le patrimoine est d’abord une affaire de tous. 

Rappelons-nous de la success-story du château de la Mothe-Chandeniers qui a réuni des personnes d’horizons, de nationalités différentes au sein d’une même mission : servir le patrimoine et aider à sa valorisation. De petites mains passionnées œuvrent pour aider à sauvegarder et promouvoir cet héritage commun. Ce seront parfois elles qui viendront d’elles-mêmes proposer leurs services pour aider dans la mise en place d’activités pour son château. Les mairies et associations sont souvent leurs relais. Il ne faut donc pas hésiter à prendre les devants et se tourner vers elles ! 

D’autres propriétaires tentent eux-aussi de mener à bien leurs projets pour leur château. Les VMF, par exemple mettent en relation les propriétaires de monuments historiques afin de se constituer un réseau cohérent et efficace autour d’une solidarité commune: celle de promouvoir son bien en œuvrant pour sa sauvegarde. 

S’associer

Enfin, si l’on a peur d’être seul, trouver des associés peut être une bonne alternative. Tentez d’abord dans votre cercle familial, puis dans vos amis. Ces derniers peuvent constituer des soutiens moraux qui consolideront toute mise en place de projet. Avoir un second regard sur les décisions à prendre est un plus non négligeable car il apporte une confiance supplémentaire dans la réussite de projets pour son château.  

Vous pouvez également former un apprenti pour vous suivre et vous épauler dans vos actions à mener. Pour cela, les CFA (Centre de Formation d’Apprentis) proposent des alliances et des formations avec de jeunes désireux de se former auprès d’un maître d’apprentissage. 

3. Faire de la publicité pour communiquer sur vos activités/événements

Distinguer les différents niveaux de communication autour du château et des activités

La communication aux autorités : un pré requis indispensable 

Une fois vos projets fixés, vous avez toutes les cartes en mains pour lancer des activités pour votre château, mais il faut pour cela, les promouvoir. Si vous avez consacré votre château au tourisme, sachez que vous êtes dans le cadre d’une ouverture d’un ERP (Etablissement Recevant du Public). Dès lors, il est impératif de prévenir sa préfecture et sa mairie de son intention d’ouvrir au public son château. Cela fait, il vous faudra choisir à quelle fréquence ouvrir votre château au public (ouverture exceptionnelle, occasionnelle ou régulière). Plus d’informations à ce sujet sont communiquées sur le site de la DRAC de sa région. 

La communication autour de vos activités

Il est également important de veiller à faire connaitre votre nouvelle activité en déterminant un message spécifique, celui qui boostera la visibilité de votre château. Cependant, de véritables démarches s’imposent quant à une communication effective de ses projets. Il faudra diffuser toutes les informations nécessaires sur votre château aux agences départementales et touristiques de sa région. De plus, il faudra sans doute créer une brochure publicitaire ainsi que des panneaux pour prévenir vos clients potentiels de votre nouvelle activité. Ne pas hésiter à être inventif dans ses opérations de communication en plus de vous faire connaitre sur les réseaux sociaux ! 
Vous pouvez retrouver ici comment faire une brochure touristique inspirante.

Les nouveaux outils de communication

Vous pouvez par exemple démarcher les télévisions, presses et radios locales qui relayeront vos projets et vous donneront un coup de pouce pour une meilleure visibilité. 

L’application Weekisto permet par exemple de faire connaitre son château afin d’attirer des visiteurs. Elle vous propose ainsi 3 outils d’animation : 

– visites à thèmes
– balades
– quiz et jeux 

Vous avez également la possibilité de vous tourner vers la réalité augmentée qui apportera un plus pour vos visites et par conséquent pour votre visibilité. L’opérateur de visites augmentées Histovery propose aux châteaux qui le souhaite un HistoPad, une tablette numérique qui promet une expérience immersive aux visiteurs à travers une exploration des salles reconstituées de votre château, « l’HistoPad offre une chasse au trésor ludique et interactive pour le jeune public. »

La communication autour de votre château et de votre marque

En parallèle, si vous avez souhaité consacrer votre monument à l’hôtellerie, les moyens pour être bien visible auprès de votre public seront différents que pour le tourisme mais la logique de communication sera la même. Tout devra être mis en œuvre pour concourir à une bonne visibilité. Outre le fait de se créer un site Internet simple et intuitif, vous devrez inscrire votre château sur des annuaires, des guides touristiques ou participer à l’obtention d’un label. 
Vous pouvez par exemple postuler pour l’obtention du label « Qualité Tourisme » en suivant la procédure proposée par la DGE (Direction Générale des Entreprises). 

Commencez à communiquer autour de vos actions

Il est important d’établir des stratégies de communication logiques et efficaces et, pour ne surtout pas biaiser votre offre, il faudra être cohérent avec le message que vous véhiculerez. 

Voici une liste non-exhaustive des étapes que nous vous conseillons de suivre pour avoir une bonne stratégie de communication auprès du public que vous aurez choisi.

Tout d’abord, inscrivez votre monument sur les réseaux sociaux (Linkedin, Instagram, Facebook…). Sachez que ces plateformes sont aujourd’hui les plus efficaces en termes de communication et de rayonnement car elles touchent un public plus large mais concerné.

Ensuite, prenez des photos de votre château de bonne qualité. N’hésitez pas, si vos moyens financiers le permettent, à faire appel à un photographe qui saura par son œil professionnel mettre en valeur le plus possible votre édifice. 

Puis, créez un site Internet clair et intuitif pour que vos futurs clients puissent prendre connaissance de tous vos projets, qu’ils puissent réserver une chambre ou une visite sans difficulté aucune.

Enfin, référencez votre site sur les moteurs de recherche (Google, Safari…). Grâce aux mots-clés que vous indiquerez, votre visibilité sera plus efficace. Des outils pour référencer votre site sont disponibles en ligne avec des tutoriels pour vous aider, n’hésitez pas à en prendre connaissance ! 

L’exemple du Château de Gudanes

Avec plus de 325 000 abonnés sur Instagram, le Château de Gudanes (Ariège) dépasse le Château de Chambord (69 100 abonnés) pourtant il n’est pas ouvert à la visite ! Son secret ? Une communication efficace autour d’un projet de restauration entamé en 2013 par les Craigs, un couple d’Australiens qui fait des émules sur Internet. Cadre enchanteur, vidéos travaillées, ateliers participatifs, tout est mis en oeuvre pour redonner vie à ce joyau du XVIIIème siècle. 

Ainsi, il est important d’être inspirant, de cultiver votre réseau et de multiplier toutes les alliances qui pourront valoriser votre patrimoine. Enfin, n’hésitez pas à prendre les devants en parlant de vos activités sur toutes les plateformes de communication. 

4. S’armer de patience

Prendre le temps. Même si vous êtes engagé financièrement en bénéficiant d’un prêt, nous vous conseillons de ne pas penser au financement à court terme. Comme dans la création d’entreprise, le rendement ne sera pas immédiat. Dégager un revenu est certes une priorité mais ce ne doit pas être une obsession sinon, vous risqueriez de vous engager dans des projets inaboutis ou irréalisables. 
Par exemple, si vous souhaitez investir dans la création de structure d’accueil coûteuse mais que le public n’est pas au rendez-vous, vous aurez perdu plus d’argent que vous n’en n’aurez gagné. Cela peut paraître évident surtout si l’on fourmille d’idées de développement économique pour son château. Cependant, il est primordial de clarifier dès le début vos objectifs en pensant S.M.A.R.T. , vous avancerez plus efficacement et mènerez vos premières actions beaucoup plus sereinement. 

Enfin, il est capital de ne surtout pas se comparer aux autres structures qui semblent réussir. Leur réussite peut être éphémère et leurs projets ne se sont pas construits en un jour. Tout doit être le fruit d’une réflexion raisonnée et aboutie. N’ayez pas peur de prendre le temps avant de vous lancer dans la bonne formulation de vos objectifs ! 

Conclusion

Ces étapes sont indispensables quant à la bonne mise en œuvre de vos premières actions, elles viennent cadrer votre réflexion lors du lancement d’un projet lucratif pour votre patrimoine. Retrouvez dans notre prochain article la suite de ces étapes ! 

Pour aller plus loin :

 – COMMENT GAGNER DE L’ARGENT GRACE A SON CHÂTEAU – Quelle réflexion avoir en amont du lancement d’activités ? 

– INNOVER DANS UN CHÂTEAU – Comment penser de nouvelles activités durables et rentables ?

Quelles stratégies efficaces pour une levée de fonds en mécénat ?

L’important à retenir dans cet article :

 Des restaurations de moyenne ou de grande envergure, les propriétaires de châteaux en ont bien souvent. Bien souvent aussi s’interrogent-ils sur la possibilité de les faire financer par du mécénat. Mais de quoi parle-t-on réellement ?

Cet article permettra de :
– Connaître et comprendre les différentes formes de mécénat : en numéraire, en nature, de compétence, de partenariats média ou croisé.
– Appréhender les types de restaurations éligibles au mécénat avec trois exemples concrets

Introduction


L’État français subit aujourd’hui d’importantes difficultés budgétaires. La part qu’il réserve à la sauvegarde du patrimoine historique se révèle donc bien insuffisante. C’est face à cet état de choses que les entreprises se retrouvent sollicitées pour prendre la relève. Elles viennent à « la rescousse des châteaux français » . Elles deviennent ce qu’on appelle des mécènes.

Un article précédent donne une définition intéressante du mécénat. Il s’agit du soutien financier, matériel ou de compétences apporté par une entreprise ou un particulier à une action ou une activité d’intérêt général (culture, recherche, humanitaire). 

Selon l’ADMICAL, le mécénat d’entreprise ne cesse d’augmenter depuis une dizaine d’années. Selon François Debiesse, président de l’association, « Le contexte économique et politique est favorable (…). Les entreprises ont en effet compris le rôle sociétal qu’elles peuvent jouer pour soutenir les initiatives positives de notre pays. »


 Les chiffres clés du mécénat en France.

En 2017, la majorité des mécènes sont des TPE (62 %) et des PME (34 %). Les entreprises mécènes privilégient les initiatives locales ou régionales (89 %). En outre, 83 % des structures soutenues sont des structures privées. Les principaux domaines concernés par le mécénat sont le social (28 %), la culture et le patrimoine (28 %) et l’éducation (23 %).

1- Les différentes formes de mécénat

Bien souvent, face à des travaux importants, les propriétaires de monuments historiques s’interrogent sur la possibilité de faire appel à des fonds privés via le mécénat. Avant 2007, seuls les monuments publics pouvaient faire appel à ce type de financement. La loi de finances pour 2007 l’ouvre désormais aux propriétaires privés de monuments historiques classés ou inscrits. Ils peuvent donc bénéficier du soutien financier ou matériel d’entreprises, organisations ou personnes privées pour restaurer leur monument.

Quand on pense au mécénat, on imagine bien souvent qu’il s’agit d’un don en argent. Il existe pourtant cinq sortes de mécénat.

a) Le mécénat financier ou en numéraire

Définition : Il s’agit d’un don d’argent au profit d’un projet d’intérêt général.

Qui est mécène ? Aujourd’hui, 92% des entreprises mécènes utilisent cette forme de mécénat. Elle représente 84% du budget total du mécénat en France.

Pour quel type de projet ? Le mécénat en numéraire est la forme de mécénat la plus utilisée. Il permet de financer tout type de projets de la restauration de mobilier à la réhabilitation de parcs et jardins. 

Exemples : On peut citer l’engagement de la Fondation d’entreprise du Groupe GDF Suezen faveur du patrimoine bâti. Chaque année, depuis 1994, la fondation signe des conventions pluriannuelles pour la restauration et la création de vitraux. Il en est de même pour les Fondations Velux qui ont restauré la verrière de la Rotonde d’Antin du Grand Palais à Paris ou encore les vitraux de la Sainte-Chapelle. 

b) Le mécénat en nature

Définition : Le mécénat en nature consiste à mettre à disposition du demandeur des produits ou des services. 

Qui est mécène ? En moyenne, 39% des entreprises mécènes font du mécénat en nature et 42% d’entre elles sont des ETI et des grandes entreprises. 

Pour quel type de projet ? Le mécénat en nature se décline dans le don d’un bien immobilisé (véhicule, mobilier, matériel…), la fourniture de marchandise en stock (matériel informatique, sonos…) ou encore la prestation de services (réparations, entretien, imprimerie…).

Exemples : Au château de Sassenage , propriété de la Fondation de France, des demandes ont été mises en ligne sur le site internet du château afin d’obtenir des produits et matériel spécifique : de la peinture pour l’embellissement des salles, des gravillons pour la Cour d’honneur, de la signalétique pour la partie Musée. Une manière étonnante mais bénéfique de financer ses restaurations et aménagements ! 

Par ailleurs, des plateformes web permettent la mise en relation d’associations avec des entreprises. Dans ce cadre, l’Agence du Don en Nature créée en 2009 permet aux industriels de redistribuer aux associations leurs excédents de stocks non alimentaires. Ainsi, depuis sa création, 13 millions d’euros de produits neufs ont été redistribués à un réseau composé de 260 associations. 

c) Le mécénat de compétences

Définition : Dans le cadre du mécénat de compétence, l’entreprise mécène agit dans son domaine d’expertise en assurant l’exécution directe et la charge financière des travaux grâce à l’implication de ses salariés. Ceux-ci assurent leurs missions de mécénat sur leur temps de travail. Ce mécénat est aujourd’hui très en vogue parce qu’il répond parfaitement à la politique RSE (responsabilité sociale) des entreprises qui l’intègre désormais dans leur stratégie. Il permet :
– Au salarié d’être impliqué dans la vie de l’entreprise et de l’enrichir de nouvelles expériences ;
– À l’entreprise de développer son impact social et de renforcer sa réputation et la cohésion de ses équipes ;
– Au demandeur d’acquérir un appui humain et de nouveaux savoir-faire pour développer son activité.

Qui est mécène ? 20% des entreprises mécènes font du mécénat de compétences. Cette forme de mécénat représente 13% du budget du mécénat en France. 

Pour quel type de projet ? Le mécénat de compétences est très utilisé pour le patrimoine bâti. 

Exemples : On peut citer des exemples de grands groupes qui font œuvre de mécénat de compétence en faveur du patrimoine bâti, via leurs Fondations :
Vinci qui a restauré la galerie des glaces du château de Versailles ;
Bouygues qui a restauré des éléments patrimoniaux de l’Hôtel de la Marine à Paris ;
Eiffage qui a restauré les colonnes de Buren du Palais Royal et la Rotonde Zambelli du Palais Garnier.

d) Le mécénat de partenariats média

Définition : On parle de mécénat de partenariats média lorsqu’un média décide de mettre à disposition gratuitement ou à tarif réduit un espace publicitaire à un porteur de projet. 

Qui est mécène ? Le média devient mécène en tant que relai d’initiatives positives et révélateur de projets. 

Pour quel type de projet ? Tous les types de projets sont visés. Dans le patrimoine, ces aides touchent les initiatives culturelles (ouverture à la visite) et les grands projets de restauration. 

Exemples : À l’occasion des Journées Européennes du Patrimoine ou au lancement de votre projet d’activités, alertez la presse locale et invitez-les ! 

e) Le mécénat associé ou mécénat croisé

Définition : Le mécénat croisé est une action qui agit à la fois sur deux domaines comme par exemple l’art et le handicap visuel.

Qui est mécène ? Les entreprises qui utilisent cette forme de mécénat sont, en général, celles qui craignent qu’on leur reproche des dépenses considérées comme non prioritaires. Elles préfèrent alors se tourner vers les actions sociales. Grâce au mécénat croisé, il n’y a pas de difficulté pour faire d’une pierre deux coups !

Pour quel type de projet ? Cette forme de mécénat est très utilisée en période de crise lorsque le mécénat financier est plus difficile à justifier et apparaît davantage comme un luxe. Il est beaucoup utilisé pour les parcours de visites de musées.

Exemples : Au musée George Pompidou à Paris, la Fondation Swiss Life a concrétisé un partenariat avec une association sur la maladie d’Alzheimer. Une structure de visite guide à destination des personnes atteintes de cette maladie a donc été mise en place. 
Au théâtre de l’Odéon à Paris, quatre programmes incorporent également des axes sociaux et culturels. 

 2- Des exemples de restaurations qui ont fait l’objet de mécénat dans les châteaux

Depuis plusieurs années, le mécénat dit « patrimonial » retient l’attention des entreprises. Ce mouvement s’est beaucoup accentué avec notamment la mission Stéphane Berne ou encore l’incendie de Notre Dame de Paris. Ces initiative et évènement ont renforcé le sentiment de proximité des Français et des entreprises à l’égard du patrimoine. 

a) Les travaux réalisés grâce au mécénat au château de Bourron (Essonne)

Au château de Bourron, propriété de Guy et Estrella de Cordon, différents chantiers de restauration ont été menés depuis 2018 grâce au mécénat. Il aura fallu huit mois et demi de travaux pour restaurer les trente-sept marches de l’escalier en fer à cheval du château, typique de cette région du Gâtinais, non loin du château de Fontainebleau. Ce ne sont pas moins de 270 000 euros qui ont été financés via le mécénat. 

En outre, des chantiers de restauration des statues et fontaines du parc ont été permis grâce à l’appui d’une entreprise du bâtiment qui a proposé ses compétences pour former le personnel du château. Un mécénat de compétences mis à profit pour apprendre à enlever les mousses et champignons présents sur les objets en pierre : statues, bancs, puits…

Par ailleurs, cette même société a fait œuvre de mécénat en nature en proposant de remplacer le socle d’une statue de l’empereur Alexandre le Grand, à hauteur de 7 200 € HT. La reconstitution de la tête du personnage, dérobée en 1983, fera l’objet dans un deuxième temps d’une campagne de crowdfunding, dont la reconstitution est en projet. 

b) Six campagnes de mécénat en numéraire pour le château de Gizeux (Indre-et-Loire)

Juin 2019 a été un tournant important dans la vie du château de Gizeux, propriété de Géraud et Stéphanie de Laffon. Un mois fondamental qui a été marqué par l’inauguration de la fameuse Galerie des châteaux, entièrement restaurée en seulement sept années. À la fois fierté et trésor du château de Gizeux, la Galerie des Châteaux avait été réalisée dans les années 1680-1685 par une école de peinture. Ce ne sont en effet pas moins de 400 m² de peintures murales, représentant les grands châteaux royaux comme Chambord ou Versailles, qui devaient être sauvés de l’humidité ! 

Un chantier extraordinaire qui a été permis grâce à la mise en place de six campagnes de mécénat participatif successives, financées via My Major Compagny puis Dartagnans

c) Les chantiers participatifs de l’association historique de Marcoussis dans l’Essonne

Au château de Montagu, l’Association historique de Marcoussis ( AHM), créée en 1990, s’est fixée pour objectif de protéger le château, de le restaurer et de le transformer en un lieu de formation et de découverte de l’architecture médiévale. 

Reconnue d’intérêt général, l’association organise des chantiers de bénévoles depuis une vingtaine d’années en association avec le Groupement REMPART d’Ile de France. Prendre part à un chantier participatif dans le cadre de la sauvegarde d’un monument historique, à titre bénévole, c’est déjà être mécène puisqu’il favorise la mise en œuvre des compétences de chacun pour un projet déterminé. 

À Marcoussis, l’AHM propose des activités de jeunesse et d’éducation populaire et a été, à ce titre, agréée Jeunesse et Éducation Populaire. 

Conclusion

Le mécénat est donc une excellente manière de trouver des financements pour la restauration des monuments et des oeuvres d’art qu’ils abritent. Aujourd’hui, la démarche RSE des entreprises tend vers le soutien des projets culturels et patrimoniaux locaux. Dans un monde qui traverse une forte crise, la quête de sens est plus que sous-jacente, aussi bien chez les particuliers que chez les entreprises. Alors, à vos projets !

Pour aller plus loin :

 – Le site du Ministère de la culture
Les prix de mécénat via l’Association pour les Monuments Historiques
Le Réseau REMPART



A vous de jouer ! Si vous avez d’autres questions, n’hésitez pas à nous écrire : contact@hephata.fr

Est-il intéressant et viable pour les entreprises d’investir dans le patrimoine bâti ?

L’important à retenir dans cet article :

Les grandes familles françaises se démènent pour trouver de nouvelles sources de financement pour faire vivre et restaurer leurs domaines historiques. Certaines d’entre elles renoncent et préfèrent vendre leurs biens. Face à ces propriétaires, les entreprises et les organisations prennent le relais. Quels sont leurs enjeux ? Comment parviennent-elles à valoriser leur patrimoine ? 

Certaines entreprises et organisations reçoivent en donation ou rachètent des propriétés historiques. Elles y voient leur intérêt. Cet article permettra de se pencher sur la façon dont elles peuvent valoriser le patrimoine bâti grâce à des projets qui repensent la destination des espaces pour servir des besoins essentiels ou secondaires :
– Faire des économies ;
– Procurer un rendement régulier et pérenne ;
– Servir une stratégie RSE ou ISR ;
– Servir une politique éducative et sociale.

NB : cet article ne permet pas de savoir si les sites patrimoniaux étudiés sont devenus rentables… !

Introduction :

Dans son ouvrage Redéfinir le Patrimoine culturel à l’heure de la globalisation, Sandrine Basilico, chercheur au LAMIC (Nice) et au GREDIC-CNRS (Paris), et expert auprès du Conseil de l’Europe, souligne que le patrimoine est une notion évolutive. Il « s’est toujours et en permanence ouvert et élargi à la réalité sociale, économique et culturelle contemporaine. » 

Selon elle, le patrimoine est synonyme de transmission puisqu’il vient du latin patrimonium (de pater) qui signifie « l’héritage du père ». « Il s’est toujours agi de transmettre d’une génération à une autre un patrimoine qui est valorisé à chaque étape. » Sa valorisation consiste à le faire connaître et à le mettre en valeur afin de favoriser l’attractivité du territoire. Sans nécessairement devenir mécènes, les entreprises peuvent d’ailleurs devenir parties prenantes de la conservation du patrimoine bâti parce qu’il leur est utile à d’autres égards. 

Les entreprises qui possèdent – reçus en donation ou acquis – des châteaux sont toujours confrontées à la problématique de la destination des espaces. Habités pendant des années par des familles, les châteaux sont très souvent des lieux difficilement exploitables. Racheter une ancienne demeure familiale impose de réfléchir à la disposition des espaces, à leur accès et à leur utilité. Mais ce n’est pas toujours chose facile. 

Voilà donc comment des entreprises, libres des contraintes familiales et des héritages complexes, ont transformé ce qui pour certains demeuraient un poids en opportunité de développement !

1- Les entreprises qui rachètent des châteaux pour faire des économies en recevant chez elles leurs propres salariés

Parmi les entreprises, certaines ont des contraintes importantes en matière évènementielle. Elles peuvent être amenées à :
– Former régulièrement leurs collaborateurs lors de séminaires résidentiels, de conférences… 
– Inviter sans cesse des clients et faire de la représentation par des soirées de gala, des cocktails…
– Souder leurs équipes et remercier leurs salariés par des activités de team-building

Pour réaliser ces évènements, sortir du cadre quotidien est indispensable. Il faut donc chercher des lieux ! Néanmoins, le marché de la location de lieux pour l’évènementiel d’affaires est très complexe, pour plusieurs raisons :
La saisonnalité des évènements: toutes les entreprises se retrouvent sur le marché de l’évènementiel au même moment (la rentrée de septembre, Noël et le début de l’année, les soirées estivales etc). Les lieux sont pris d’assaut. Il faut être très réactif !
L’adaptation des lieux: trouver le lieu qui réponde aux critères de l’événement (taille, prestation, budget) et qui soit disponible aux dates fixées est souvent compliqué. 

L’organisation d’évènements d’entreprise demandent beaucoup de patience et requiert un budget faramineux ! Aussi, pour répondre à ces difficultés, certains groupes décident d’acheter leur propre lieu pour avoir une plus grande marge de manœuvre et réduire leurs dépenses. 

Exemples

CapGemini transforme le château des Fontaines pour centraliser tous ses évènements en un lieu unique…

Il fallait un Campus International pour CapGemini ! En 1998, le groupe décide donc de racheter un château XIXème, imaginé par le Baron Rothschild, dans la majestueuse forêt de Chantilly. La vocation du site est claire : favoriser les échanges et le partage des arts et des connaissances. Ancien centre culturel jésuite, l’ensemble du domaine a été entièrement rénové. Les salons du rez-de-chaussée ont d’ailleurs été entièrement repensés et transformés en bar. Quant aux chambres, elles sont devenues des salons de réunions. 

Le Domaine peut accueillir jusqu’à 300 salariés du groupe ainsi que des entreprises extérieures. CapGemini explique d’ailleurs que l’architecture des Fontaines traduit ses valeurs : « honnêteté, audace, confiance, solidarité, simplicité et plaisir ».

Sud Aviation transforme le château de Villepreux pour en faire un domaine expérimental

Acheté par Sud Aviation dans les années 1960, ce château au cœur du Médoc, est passé par différentes destinations et ce n’est pas fini ! 

Tout d’abord siège et bureaux d’étude du groupe, c’est en ce lieu que les fusées françaises Diamant furent inventées. Avec la création du groupe Airbus, le moment est ensuite venu d’imaginer un lieu de formation pour les dirigeants du groupe. Villepreux change alors de statut : de cité pour ingénieurs en ébullition, il devient château d’accueil. Plus de 3 000 personnes gravitent chaque année sur le domaine, des personnes du groupe et des clients extérieurs. 

Aujourd’hui, le domaine est devenu le théâtre d’un programme immobilier autour de la construction d’une résidence pour seniors. Le cadre authentique du site favorise le bien-être et la sérénité. La vie d’un château est décidément pleine de rebondissements !

2- Les compagnies d’assurance qui rachètent des châteaux pour délivrer un rendement régulier et pérenne

Les compagnies d’assurance font partie des secteurs qui investissent le plus dans l’immobilier. En 2013, en effet, les compagnies et les mutuelles étaient même devenues « les plus gros acheteurs en France ». Selon le cabinet de conseil Cushman & Wakefield, elles avaient réalisé 26% des investissements dans cette classe d’actifs. Entre 2008 et 2013, les placements dans la pierre d’Allianz sont passés de 3% à 6%. C’est également le cas pour Generali France Immobilier dont l’objectif était de passer de 7,5% à 10%. 

Investir dans la « pierre châteaux » est une réelle opportunité pour les assureurs pour deux raisons : 
– Ils sont contraints de délivrer un rendement régulier et pérenne à leurs assurés
– Ils doivent faire face à l’afflux de nouvelles souscriptions : en 2009, la Fédération française des sociétés d’assurances les estimait à près de 200 milliards d’euros

La recherche d’actifs à rémunération régulière est donc une priorité pour eux ! D’autant que, grâce à l’argent collecté par l’assurance-vie, ils peuvent financer leurs opérations sur leurs fonds propres. 

Exemples

AXA Assurances transforme, le Domaine de Frémigny, dans l’Essonne, pour lancer son école des assureurs 

Si le projet de Frémigny lui permet de faire des économies en recevant ses propres salariés, il lui garantit surtout un rendement régulier et pérenne ! Ainsi, les 330 chambres, 40 salles de formation, auditorium de 150 places, dizaine de salons et équipements sportifs permettent d’accueillir plus de 50 000 journées de formation par an ! 

3- Les entreprises qui rachètent des châteaux pour servir une politique RSE ou ISR

Se présenter comme un acteur dynamique et responsable pour servir une logique RSE ou ISR est parfois un autre argument pour investir dans l’immobilier historique. 

C’est le cas notamment de certaines compagnies pour qui cet investissement s’intègre dans une politique d’investissement socialement responsable (ISR). En outre, cette politique cherche à concilier placement financier et critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). On parle d’ailleurs « d’application des principes du développement durable à l’investissement ». 

Au château des Fontaines, CapGemini a cherché à se montrer exemplaire en matière de responsabilité sociale (RSE). Avoir un impact positif sur la société en respectant l’environnement tout en étant viable économiquement est donc sa priorité.

Ainsi, l’entreprise affiche clairement sa volonté de re-conceptualiser totalement les espaces autour d’une vision qui se veut moderne et éco-responsable. Elle s’engage à réduire ses émissions de gaz à effet de serre grâce à quatre axes définis : 
– Diminuer les consommations d’énergies
– Préserver des ressources naturelles
– Réduite et trier les déchets
– Sensibiliser les clients, fournisseurs et salariés

En outre, l’électricité provient de sources 100 % renouvelables et le chauffage est assuré par la géothermie.

4- Les entreprises qui rachètent des châteaux pour servir une politique éducative et sociale

Au château des Vaux, la Fondation d’Auteuil a transformé les espaces pour créer un véritable terrain d’apprentissage pour donner une nouvelle chance à des jeunes en difficulté.

En 1946, le Directeur Général de l’œuvre des Orphelins Apprentis d’Auteuil cherche un lieu pour accueillir les orphelins de guerre. Le Château des Vaux, en Eure-et-Loire, est à vendre à un prix dérisoire… il l’achète ! Les Apprentis d’Auteuil en ont donc fait un site remarquable où près de 800 jeunes en difficulté sont formés chaque année, dans l’objectif de faciliter leur insertion dans le monde professionnel. Chacun bénéficie d’un parcours adapté dans le domaine professionnel de son choix.

Au château des Vaux, on trouve un restaurant d’application ainsi qu’une jardinerie qui sert de magasin pédagogique. Un projet qui allie valorisation du patrimoine et éducation !

 Conclusion :

Investir dans l’immobilier et plus particulièrement dans le patrimoine bâti que sont les châteaux apparaît comme une réelle opportunité pour bon nombre d’entreprises. À leur manière, elles viennent valoriser le patrimoine en y déployant des projets qui nécessitent de repenser la destination des espaces. En effet, acheter un château peut leur permettre de faire des économies, délivrer un rendement régulier et pérenne ou servir différentes politiques. Ces entreprises ont quelque chose à transmettre de leur conception du patrimoine. 

Dans une série de prochains articles, découvrez l’investissement des entreprises dans le patrimoine naturel et en particulier la forêt et les vignobles. 

A vous de jouer ! Si vous avez d’autres questions, n’hésitez pas à nous écrire : contact@hephata.fr 

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Stratégie RSE et développement durable

Une organisation peut avoir un impact positif à l’échelle du territoire, à travers sa façon de gérer son patrimoine et, le cas échéant, son patrimoine historique. Cet accompagnement est donc particulièrement approprié pour les organisations disposant d’un parc immobilier d’exception et qui mobilisent leur démarche RSE sur l’impact écologique, économique et humain. Elle peut être menée en parallèle d’une Stratégie d’image de marque patrimoniale.

Notre accompagnement consiste à engager une organisation à tous les niveaux (production, service-qualité, marketing et communication, stratégie, contrôle de gestion) pour valoriser le territoire à travers le patrimoine. C’est donc en collaboration avec les départements RSE, développement durable, RH, communication ou gestion de l’immobilier, qu’Hephata conçoit des projets structurants pour l’avenir de l’entreprise. Ces derniers deviennent ensuite fédérateurs et porteur de sens pour les parties prenantes (clients, fournisseurs, investisseurs, partenaires). Bien souvent, ils contribuent à augmenter l’attractivité de la marque employeur.

Hephata développe des Outils de calcul d’impact et de Mesure de la performance qui visent à s’assurer de l’efficacité de ces politiques RSE. Par ailleurs, ils permettent de calculer les externalités positives pour les territoires, notamment :
– d’abord, économiques : création d’emplois, sauvegarde de savoir-faire ancestraux, entretien ou installation d’infrastructures touristiques ou productrices esthétiques et respectueuses… ;
– ensuite, écologiques : sauvegarde des paysages, préservation de la biodiversité, protection des terroirs et de leur spécificités locales, respect de l’environnement grâce à l’occupation de bâtiments conçus en matériaux nobles et naturels, conservation des puits de carbone associés… ;
– enfin, humaines : bien-être généré par l’entretien d’espaces harmonieux, amélioration de la santé en lien avec la valorisation de la culture, mise en valeur des racines et de l’identité locale, facteur d’intégration…