Cet été, venez découvrir le patrimoine le long des GR de France.

Ce qu’il faut retenir

Les grands chemins de randonnée français sont appelés plus communément « GR ». Ils permettent bien évidemment de découvrir le patrimoine naturel mais aussi d’avoir accès à des sites historiques patrimoniaux d’une incroyable richesse culturelle. Ils peuvent se pratiquer à pied, en VTT ou même à cheval. Les GR permettent donc une forme de tourisme expérientiel puisqu’ils donnent accès aux patrimoines naturel (paysages, faune et flore), matériel (monuments, objets) et immatériel (gastronomie, savoir-faire, traditions), développant ainsi différents sens ainsi que la pratique sportive.

Cet été, venez découvrir le patrimoine le long des GR de France.

Introduction

Depuis quelques années, la place est donnée au tourisme expérientiel dans lequel le touriste devient acteur de son parcours de visite. Avec cette tendance, se développe également l’attrait pour le tourisme durable dont découlent l’agritourisme, l’oenotourisme ou encore le slowtourisme. La tendance est donc à découvrir le patrimoine en flânant. C’est-à-dire en prenant son temps et en vivant des expériences uniques sources d’émotions. La randonnée fait partie de cette forme de tourisme lent qui profite du patrimoine naturel en même temps que du patrimoine architectural. Car en effet, si les GR passent par de magnifiques paysages révélant les différents visages de la France et de ses terroirs, ils passent aussi par des villes et aux abords de patrimoines d’exception.

Cet été, venez découvrir le patrimoine le long des GR de France.

Le sentier du baroque

Au cœur de la Haute-Savoie, dominé du Mont-Blanc, le sentier du baroque déroule son chapelet de petites églises, oratoires et chapelles qui sont des joyaux d’art et d’histoire.

L’église Saint-Nicolas, à Combloux, étonne notamment par son clocher en forme de bulbe. Elle n’est néanmoins pas la seule à témoigner de l’art baroque dans la vallée. 16 autres chapelles et églises sont aussi porteuses de cette architecture. Celle-ci révèle en fait le passage dans la Vallée de l’Arve de François de Salles. Ce dernier cherchait à repousser le protestantisme à une époque où la guerre de religion fait rage. L’art baroque est alors une expression du renouveau catholique. C’est un art qui cherche à convaincre non pas par la raison mais par les émotions. C’est pourquoi l’art baroque déploie son architecture et ses formes avec faste et théâtre. Les décors sont tout à la fois dramatiques, exubérants, mouvementés et colorés, … Ce, dans l’objectif d’encourager les fidèles à poursuivre la foi catholique et à ne pas basculer dans le protestantisme.

Au cours du sentier, vous découvrirez ces petits joyaux d’architecture, cachés dans les contreforts du Mont-Blanc et de ses splendides paysages naturels, architectures baroques d’une intensité forte dont l’histoire a été marquée par les guerres de religions.

Patrimoines des bords de Seine et de Loire

La Loire et la Seine sont des fleuves bordés de GR qui permettent de randonner dans un cadre bucolique et animé par de nombreuses espèces animales, notamment des oiseaux. Ces chemins enchanteurs qui plongent dans la nature permettent aussi de découvrir des sites du patrimoine historique. Si l’on connaît surtout les grands châteaux de la Loire, certains, plus petits, sont tout à fait méconnus du grand public :

Quant au GR qui longe la Seine, ile permet lui aussi de donner accès à des sites d’exception telles que les abbayes bénédictines de Saint-Seine, de Jumièges, Saint-Georges-de-Boscherville et de Saint-Wandrille, etc., …

Les GR du littoral

Deux GR s’étendent le long de la côte normande et de la côte bretonne : le GR 34 et le GR 223. A cela s’ajoute un autre chemin, le GR 340 qui fait le tour de Belle-Ile-en-Mer. Ces GR marins sont l’occasion de découvrir les côtes françaises avec leurs plages immenses de sable fin, leurs petites criques sauvages, leurs immenses falaises balayées par les vents iodés et plongeant dans une mer âpre et tumultueuse. Le long de ces côtes des sites patrimoniaux s’élèvent. On trouve à la fois des infrastructures maritimes et portuaires, des phares, des châteaux austères contemplant la mer ainsi que des citadelles et bastions fortifiés :

  • Phares de l’Ile Vierge, de l’Ile de Batz, du Cap Fréhel… ;
  • Château Turpault, château de Kérouzéré, Domaine de Suscinio… ;
  • Citadelle Vauban de Belle-Ile-en-mer, fortifications de Saint-Vaast-la-Hougue, Citadelle Port Louis… ;

Petits villages de Barfleur, d’Honfleur, de Locronan, etc., …

Patrimoines des massifs montagneux

Jura, volcan cantalien, mont Lozère, montagne corse, Pyrénées, Alpes, … Ces massifs montagneux sont aujourd’hui les espaces naturels les plus protégés de France. Ils sont aussi le lieu privilégié des randonneurs en quête de nature, d’aventure et de nuits à la belle étoile. Ces espaces sauvages sont aussi les derniers espaces où vive une faune sauvage libre et rare : ours, loups, lynx, etc., … Quelques villages typiques, aux maisons et abris faits de matériaux traditionnels et locaux ponctuent ces paysages verdoyants faits de collines, de montagnes, de gorges et de vallées profondes, … Parfois, on trouve aussi d’imposants promontoires fortifiés sur lesquels se dessine la silhouette d’un château, d’une forteresse ou encore d’une abbaye :

Sur les routes de Compostelle

Il existe plusieurs voies de passage pour se rendre à Saint-Jacques-de-Compostelle. On décompte ainsi quatre grands itinéraires balisés avec le signe de la coquille Saint-Jacques. Ces routes parcourent des paysages naturels variés ponctués de site patrimoniaux et religieux témoignant de l’histoire du pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle qui s’est développé dès l’époque médiévale. Aujourd’hui, les chemins sont reconnus au patrimoine mondial de l’UNESCO. Ce avec une sélection de sept tronçons et 71 monuments qui présentent un intérêt architectural, historique et culturel. En effet, les routes de Saint-Jacques sont ponctuées de villages et de points d’étape où l’architecture livre ses trésors locaux et traditionnels et rappelle la spiritualité du pèlerinage sous ses aspects matériels.

L’Abbaye Sainte-Foy de Conques est par exemple qualifiée « d’église de pèlerinage » du fait de sa vocation à l’accueil des pèlerins. Cette vocation d’accueil est d’ailleurs visible dans la structure même de l’édifice. En effet, les reliques de Sainte-Foy, préservées dans un imposant reliquaire à l’effigie de la Sainte, en bois recouvert d’or, attiraient de nombreux pèlerins. Elles firent du site un point d’étape majeur des chemins. L’église dû donc être configurée tout spécialement pour permettre la bonne circulation des fidèles autour des reliques. C’est pourquoi le plan de l’église romane adopta un chevet à chapelles rayonnante. Ce modèle inspira de nombreux autres édifices romans d’Auvergne mais également :

  • Saint-Martin de Tours ;
  • Saint-Martial de Limoges ;
  • Saint-Sernin de Toulouse ;
  • Saint-Jacques-de-Compostelle lui-même.

La route Sud qui relie Arles au célèbre lieu de pèlerinage permet, quant à elle, de découvrir l’Abbatiale de Saint-Gilles classée au patrimoine mondial de l’UNESCO ou encore la Cité épiscopale de Lodève labellisée Ville d’art et d’histoire.

Conclusion

Les GR de France sont donc une excellente manière de découvrir le patrimoine architectural français. A pied, à cheval ou en vélo, ils permettent d’allier l’activité sportive à la découverte du patrimoine naturel, de la biodiversité, des terroirs, des architectures locales, etc., …

Au détour d’un sentier se découvrent ainsi une forteresse médiévale dominant la vallée, un mas provençal ou un château Renaissance des bords de Loire. Alors que s’étendent, le long du chemin, d’anciennes fermes et villages traditionnels, une écluse barre une rivière et plus loin, d’anciens fours à chaux, vestiges industriels, habillent le ciel de leurs élégantes cheminées de briques rouges. Depuis l’orée d’une forêt, on peut contempler un vieux moulin à vent brassant l’air de la plaine tandis qu’enjambant une vallée, un aqueduc romain élève ses arcades. Tout au long des grands chemins de randonnée, les paysages et patrimoines architecturaux se succèdent et révèlent chacun les typicités des régions et des territoires : une belle manière de découvrir des sites patrimoniaux d’exception.

Pour aller plus loin

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La Bretagne, évasion entre patrimoine et légendes

Dans cet article, Hephata explique ce qu’est le tourisme expérientiel et son importance pour la valorisation du patrimoine.

Ce qu’il faut retenir

Le tourisme expérientiel rend les visiteurs plus actifs lors de leurs visites. Ainsi, il attire un public plus large et permet d’augmenter la fréquentation, et notamment celle des jeunes. Le tourisme expérientiel est donc un excellent outil de valorisation et de promotion du patrimoine culturel et historique.

Il permet la découverte de sites et monuments par un moyen plus ludique et dynamique : une manière de prendre connaissance autrement du patrimoine !

Introduction

Le tourisme expérientiel est une nouvelle manière de vivre l’offre touristique. Le touriste n’est plus réduit à un simple consommateur passif. Il devient au contraire l’acteur principal de son voyage touristique. Il cherche à vivre une expérience qui lui suscite des émotions mais qui soit également éducative. En outre, il souhaite découvrir de nouvelles cultures en vivant selon les habitudes des hommes et des femmes rencontrés. Intégrer la culture revient pour lui à loger dans des habitats traditionnels, à découvrir la gastronomie locale, à participer aux savoir-faire identitaires du territoire, à s’immerger dans la nature hors des sentiers battus, … Les nouvelles expériences touristiques sont ainsi motivées par une sorte de recherche d’authenticité.

Notons que la tendance pour le tourisme expérientiel est aussi due à la crise du Covid-19 qui a bouleversé les habitudes des voyageurs. Après avoir longtemps été confinés chez eux et avoir souffert de la solitude, les individus veulent opter pour une expérience de voyage davantage ancrée dans les cultures et les territoires locaux. Le rapport aux autres devient primordial avec une volonté de partager la vie et les habitudes culturelles des individus rencontrés.

L’expérientiel peut aussi accompagner la découverte de sites culturels, historiques et patrimoniaux, notamment par le biais d’activités :

  • Numériques ;
  • Immersives et multisensorielles ;
  • Ludiques et sportives ;
  • Artisanales et gastronomiques, etc., …

Les différentes formes du tourisme expérientiel

Le tourisme expérientiel peut prendre différentes formes :

  • Une recherche d’authenticité axée sur le dialogue avec les populations locales, la découverte de la nature hors des sentiers battus, la participation à des savoir-faire locaux, la dégustation de spécialités issues du terroir, etc., …
  • Des activités ludiques et sportives, des spectacles et des activités immersives ainsi que des parcours numériques ou de réalité augmenté permettant de découvrir et d’approfondir ses connaissances sur un site culturel, historique ou patrimonial.

              Parcours numériques et réalité augmentée

Les parcours numériques et en réalité augmentée permettent aux visiteurs d’effectuer des visites virtuelles et d’accéder aux reconstitutions des monuments à différentes époques. L’expérience virtuelle plonge les visiteurs dans le passé du monument. Ils découvrent la vie de ses contemporains, ceux qui l’ont commandité, ceux qui l’ont construit, ceux qui l’ont habité, etc., … Le visiteur peut ainsi se représenter les caractéristiques et la mentalité des hommes d’une époque bien précise. Il découvre le bâti dans son état d’origine ainsi que les partis pris architecturaux ou urbanistiques des concepteurs, etc., …

Visiteurs et touristes sont de plus en plus friands de ce type de visites car le contenu et le maniement des outils numériques est plus ludique. Il intéresse donc petits et grands. Par ailleurs, le numérique donne aux visiteurs une représentation visuelle du monument dans toutes ses dimensions : évolutions architecturales, état d’origine, parties manquantes ou non-ouvertes au public, etc., …

Enfin, l’avantage d’un contenu numérique est qu’il est plus facilement mis à jour qu’un contenu papier ou audio. Les outils numériques sont ainsi plus durables dans le temps. En effet, il n’est pas obligé d’en changer pour les faire évoluer et leur apporter des améliorations.

              Scénographies et mises en scène immersives

Une visite expérientielle d’un site ou d’un monument historique peut aussi se traduire par des mises en scènes et des scénographies immersives. Une mise en scène réussie permet en effet de plonger immédiatement les visiteurs dans une ambiance et une atmosphère spécifiques. Les touristes ne sont alors plus uniquement spectateurs mais ils intègrent au contraire complètement l’histoire du lieu à une époque donnée. Il est important d’offrir une mise en scène multisensorielle afin d’intégrer au maximum les visiteurs : vue, odorat, ouïe et même goût et toucher doivent être stimulés pour une immersion totale.

La première étape consiste donc à créer un storytelling pour déterminer quel fait historique on souhaite raconter et comment il va permettre de faire découvrir aux visiteurs des éléments clés du monument tels que l’architecture, les jardins, les œuvres d’art, etc., … Il faut ensuite rendre ce storytelling intelligible pour tous. Il s’agit en fait d’une accroche narrative qui va pouvoir captiver le visiteur et l’intégrer au récit. Cette narration devra prendre place dans un décor approprié. Il faut alors penser aux jeux de lumière, à la décoration des salles, à la présence d’objets spécifiques, à la présence de comédiens costumés, etc., … Il faudra aussi choisir la manière dont est transmise la narration (casque audio, comédiens, …) et comment elle peut être appuyée de musiques ou de fonds sonores pour rendre le discours plus impactant et englobant.

En fait, il s’agit d’une véritable mise en scène théâtrale ! Mais il est possible d’aller encore plus loin en proposant en plus une expérience olfactive, gustative et tactile (diffuseurs d’odeurs, dégustation, toucher et reconnaissance de textures, …).

              Activités ludiques et sportives

Une immersion dans un site historique n’est pas forcément fondée uniquement sur une sorte de mise en scène théâtrale et multisensorielle. En effet, il est aussi possible d’intégrer le visiteur en lui proposant des activités dynamiques et interactives. Il peut s’agir d’activités ludiques telles que les escapes Game par exemple, qui permettent de découvrir un lieu tout en se mettant dans la peau d’un enquêteur et en interagissant avec ses coéquipiers. Il peut aussi s’agir d’activités qui se déroulent dans le parc du monument : accrobranche, canoë, parcours d’obstacles, etc., …

Ce type d’activités dynamiques permet d’intéresser et d’attirer un public plus large. Mais aussi plus jeune avec notamment des groupes, des scolaires et des familles. C’est donc un bon moyen pour augmenter la fréquentation d’un site.

Participation à des activités artisanales et découvertes locales

Une autre manière de proposer une expérience touristique au visiteur n’est autre que le faire participer à des activités artisanales. Ce, afin de découvrir les savoir-faire locaux. Un site historique peut tout à fait proposer des ateliers dans lesquels les participants apprennent à créer un objet en verre, en argile, en bois, etc., …, à produire leurs propres vins ou spiritueux, à confectionner un fromage ou toute autre spécialité de la gastronomie locale, etc., …

Ces activités artisanales permettent ainsi de découvrir les savoir-faire et les gastronomiques de la tradition locale. C’est donc une manière pour le visiteur de vivre une expérience culturellement riche. Expérience qui le conduise à son immersion dans la vie et la culture locales.

Le tourisme expérientiel : un atout de valorisation du patrimoine

Le tourisme expérientiel peut également se révéler être un atout de valorisation du patrimoine. Il est en effet un excellent outil pour promouvoir le patrimoine et pour renouveler son image. Il permet en fait d’ouvrir les monuments à un public plus large mais aussi plus jeune. L’expérientiel au sein de sites et monuments historiques est donc primordial. En effet, il engage et sensibilise les générations futures dans la découverte et la protection du patrimoine.

              Exemples de valorisation du patrimoine par l’expérientiel

Plusieurs sites ou monuments historiques ont déjà intégré l’expérientiel dans leur offre touristique. Ce, en vue d’élargir leur public et d’augmenter leur fréquentation.

Au Palais des Papes à Avignon par exemple, les visiteurs disposent d’un Histopad, sorte de tablette numérique. Elle leur permet une visite sensorielle du monument ainsi qu’une visite virtuelle à 360° donnant accès à des espaces non ouverts au public telle que la chapelle Saint-Martial ainsi qu’à la reconstitution du monument selon les époques.

Au Théâtre antique d’Orange, un casque de réalité virtuel donne accès à une reconstitution digitale du site à 360°. Renaît sous les yeux des touristes l’Antiquité du Ier siècle après J.-C. S’adjoignent au outils numériques des visites costumées qui permet une immersion des visiteurs à l’époque antique.

A Bracciano, en Italie, le Château Odescalchi offre une expérience immersive unique puisqu’il s’agit de visiter le site de manière sportive et plutôt originale : une aventure se jouant sur cordes, entre terre, ciel et forteresse ! La visite du château se fait donc en progression verticale à l’aide d’une corde et d’un harnais. Ainsi harnachés et protégés de leurs casques, les visiteurs plongent à l’intérieur d’anciennes citernes, descendent en rappel le long des murs fortifiés, etc., …

En France, la Tour de Crest propose elle aussi une descente en rappel le long de sa muraille de pierre.

Conclusion

Les touristes apprécient donc de plus en plus le tourisme expérientiel qui est une nouvelle manière de voyager. En effet, ceux-ci sont en continuelle recherche de sensations, d’actions et d’expériences immersives qui les changent de leur quotidien. Il est donc de plus en plus impératif d’intégrer l’expérientiel aux offres touristiques pour attirer un public plus large. Les sites historiques et patrimoniaux peuvent aussi bénéficier de ce type de tourisme. D’autant plus que les parcours de visite augmentés permettent d’affiner la connaissance historique. Notamment grâce aux reconstitutions numériques ou aux visites virtuelles donnant accès à des lieux fermés au public.

Pour aller plus loin

La contribution du patrimoine au tourisme durable

La réalité virtuelle au service du parcours de visite

Séduire par le patrimoine gastronomique

Dans cet article, Hephata dévoile les différents sites du patrimoine européen à découvrir cet été lors des vacances.

Introduction

Par la multiplicité de ses climats et de ses paysages, de sa géologie fournissant des matériaux de construction variés, ainsi que par la richesse culturelle qui l’a transformée au cours du temps et qui a participé à forger son propre héritage, l’Europe est riche d’un patrimoine unique et divers.

Paysages naturels à couper le souffle, abbayes et monastères tirés des profondeurs du Moyen Age, châteaux et palais où naquirent et vécurent de hauts personnages historiques, villes centres d’art et de culture, … l’Europe est une terre d’abondance où florissent des monuments d’une grande valeur souvent reconnus au patrimoine mondial de l’UNESCO. Mais elle est aussi pourvue de petits villages bucoliques et enchanteurs où la nature croise la tradition.

Certains sites, souvent méconnus, valent le détour. Ils sont nombreux mais une petite sélection de certains d’entre-eux permettent sans doute de nourrir la motivation pour en découvrir bien d’autres !

Le patrimoine d’Europe du Nord

Principalement bordée par la Manche et la Mer du Nord, l’Europe septentrionale offre des paysages naturels magnifiques dont plusieurs sont reconnus au patrimoine mondial de l’UNESCO :

  • La Haute Côte et l’archipel de Kvarken en Suède ;
  • Les falaises de Moher en Irlande ;
  • La forêt de Gribskov au Danemark, …

Ces pays possèdent également un patrimoine riche, souvent massif et imposant : une architecture austère de granit et de pierre qui peut faire penser aux châteaux bretons ou normands. On peut par exemple citer :

  • Le Château de Turku en Finlande ;
  • Le Château d’Örebro en Suède ;
  • Le Château de Trim en Irlande, …

              Les richesses culturelles des pays baltes

Les pays baltes désignent communément l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie. Ils font également partis de l’Europe du Nord. Bien que ces trois petits pays soient souvent source de confusion pour se remémorer qui est qui, ils sont riches d’un incroyables patrimoine culturel. Les villes de Riga, Vilnius ou Tallinn, toutes trois capitales, ravissent les yeux par leurs couleurs vives et chatoyantes. Les pays baltes sont en fait à la croisée des cultures germanique, scandinave et orthodoxe ce qui leurs donne un charme tout à fait particulier.

En Estonie, les bulbes typiques de l’architecture russe orthodoxe couronnent la Cathédrale Alexandre-Nevski tandis que les ruines de de la cathédrale de Tartu esquissent d’anciens arcs gothiques. En Lettonie, l’architecture de la Maison des Têtes noires s’apparente au contraire à la Renaissance flamande et au maniérisme du Nord alors qu’en Lituanie, le Château de Trakai, plus massif et imposant, peut faire penser à l’architecture austère des autres pays d’Europe du Nord.

Le patrimoine d’Europe méridionale

Dans l’Europe méridionale, le patrimoine porte les accents du sud. Architecture blanche ou colorée, chatoyante, bordée d’une végétation exubérante de buissons fleuris, de lauriers et de doux magnolias. Cyprès et palmiers donnent aux paysages un charme calme, serein et bucolique.

C’est ainsi que la Grèce étend ses villages d’un blanc lumineux couronné de coupoles bleues le long de la mer : Oia, Fira, Lefkes, … Et dans les hauteurs, les temples délabrés contemplent encore la mer, haussant leurs colonnes cannelées et leurs frises ioniques dans un bleu d’azur.

Baignée par la mer, scindée de montagnes, l’Italie révèle à son tour son charme par l’élégance de ses couleurs ocre, jaune, rouge, … Frontons, balustrades, moulures viennent orner les édifices tandis que colonnades et arcades viennent ombrager les rues. Visiter les villes permet d’aller à la rencontre des grands artistes de la Renaissance. A Padoue, la Chapelle des Scrovegni abrite encore les trésors de Giotto, Vicence et ses environs renferment les villas palladiennes, Ravenne est le théâtre des mosaïques paléochrétiennes, etc., …

La Croatie quant-à-elle séduit par sa nature encore préservée, son architecture riche et variée : la Porte d’Or à Split date de l’époque de Dioclétien, la cité médiévale de Motovun, le village perdu de Samobor, etc., …

Enfin, la Slovénie offre elle aussi quelques coups de cœur tels que :

  • Le Château de Predjama ;
  • Le Lac de Bled et son château médiéval ;
  • La Place Prešeren à Ljubljana, etc., …

              Le patrimoine de la péninsule ibérique

De même, si l’on fait le tour du patrimoine de la péninsule ibérique, Portugal et Espagne, on peut découvrir des trésors d’architecture.

La ville d’Aranjuez, à proximité de Madrid, s’offre à la vue le temps d’une escapade de la capitale. Elle a conservé ses arènes, son palais impérial ou encore le couvent San Pascual. Plus au sud-ouest, Cáceres est une ville multiculturelle qui a gardé les traces d’une architecture gothique, renaissance, mais aussi mauresque. On trouve également une très belle architecture ainsi qu’une forteresse maure à Jerez de la Frontera en Andalousie.

Les joyaux du patrimoine portugais sont eux aussi incontournables. Tandis que la Tour de Belem demeure la gardienne du Port de Lisbonne, Aveiro est un village coloré posé sur l’eau et animé par les gondoliers, comme à Venise. Quant au Monastère de Batalha, c’est un chef d’œuvre de l’architecture, typique de l’art manuélin.

Le patrimoine d’Europe occidentale

Belgique, Luxembourg et Pays-Bas disposent de quelques sites patrimoniaux intéressants. On peut citer par exemple :

  • Le centre historique médiéval de Gand en Belgique ;
  • Le château de Vianden, Luxembourg ;
  • Le Château d’Heeswijk aux Pays-Bas.

              Le patrimoine germanique

Le patrimoine germanique, tout comme celui des pays d’Europe du Nord, présente une certaine austérité. Les châteaux allemands, par exemple, dominent les paysages, les montagnes et les forêts de leurs imposantes silhouette de pierre. Néanmoins, ces sites historiques sont le plus souvent empreints d’un charme irréel. On pourrait croire à des châteaux renfermant quelques bêtes fantastiques. Disney s’est d’ailleurs inspiré du château de Neuschwanstein en Bavière, tant il semble sortir tout droit d’un conte de fées. Mais d’autres palais allemands lui ressemblent tels que le Château d’Eltz, le château de Drachenburg ou encore celui de Schwerin.

L’Autriche elle, dispose d’un patrimoine tout aussi riche, palais et villes impériaux qui témoignent du raffinement autrichien et font remémorer le temps des valses et des quadrilles. Plusieurs sites sont inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO tels que :

  • Le Centre historique de la ville de Salzbourg ;
  • Le Palais et jardins de Schönbrunn ;
  • Le centre historique de la ville de Graz et le château d’Eggenberg ;
  • Le centre historique de Vienne, etc., …

Le patrimoine d’Europe orientale

L’Europe orientale recouvre le Pologne, la République Tchèque, la Slovaquie, la Hongrie, la Roumanie et la Bulgarie. Les incontournables du patrimoine de ces pays sont sans doute :

  • Les villes de villes de Poznań et Wroclaw en Pologne ;
  • Le Parc de Muskau, à cheval entre l’Allemagne et la Pologne ;
  • Le château royal de Gödöllő en Hongrie ;
  • L’église Notre-Dame-de-l’Assomption de Budavár en Hongrie ;
  • Le Chateau Lednice en République Tchèque ;
  • La Cathédrale Saint-Guy à Prague ;
  • Le Château de Bojnice en Slovaquie ;
  • Le Monastère de Sucevița en Roumanie ;
  • Le Monastère de Rila en Bulgarie.

Pour aller plus loin

15 biens méconnus inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO

La France au patrimoine mondial de l’UNESCO

La Bretagne, évasion entre patrimoine et légendes

Dans cet article, Hephata explique et décrit le label « Patrimoine européen » de la Commission européenne.

Ce qu’il faut retenir

Le label « Patrimoine européen » est attribué aux sites qui font mémoire de l’histoire européenne et de sa construction. Il cherche également à favoriser les discours multiculturels entre les citoyens des Etats-membres. C’est donc un label qui porte à la fois une dimension patrimoniale et historique mais également une dimension sociale.

Introduction

Avant d’être une union politico-économique, l’Europe est avant tout considérée comme un continent berceau de la civilisation gréco-romaine. C’est donc avant tout une civilisation et un territoire qui se sont construits progressivement, au gré des échanges commerciaux et culturels entre peuples puis nations. Cette histoire de l’Europe est visible dans les monuments et le patrimoine bâti tels que le Great Guild Hall en Estonie, le Promontoire de Sagres au Portugal ou encore le Palais Impérial de Vienne en Autriche.

L’histoire de l’Union européenne elle, est plus récente mais elle vient dans la continuité de celle de l’Europe. Cette histoire est également visible au travers du patrimoine architectural. On peut citer par exemple : le Château de Hambach symbole de lutte pour les libertés civiles, l’Ile italienne de Ventotene sur laquelle est signé un manifeste posant les bases d’une Europe unie ou encore le Village de Schengen au Luxembourg où a été signé l’accord éponyme.

Ces sites du patrimoine qui témoignent de l’histoire de l’Europe et de celle de l’Union européenne peuvent donc obtenir le label « Patrimoine européen ».

Contexte du label « Patrimoine européen »

Le label « Patrimoine européen » a été créé en 2005 à l’initiative de certains pays membres de l’Union européenne. Aujourd’hui, il est géré par la Commission européenne. L’avantage de ce label est qu’il permet d’intégrer un réseau et de gagner en notoriété à l’échelle européenne. C’est donc une manière d’accroître sa visibilité en dépassant la sphère uniquement nationale voire locale. Adhérer à ce label, c’est aussi partager des valeurs communes avec les autres membres du réseau « Patrimoine européen ». Là-encore ces valeurs communes et multiculturelles peuvent être un facteur d’attractivité touristique.

Pour obtenir le label, il faut être sélectionné une première fois auprès d’un jury national (Direction générale des patrimoines et de l’architecture – DGPA – en France). Une deuxième sélection s’effectue ensuite au niveau européen, auprès de la Commission européenne, qui décide de l’attribution ou non du label.

Le site labellisé peut à la fois être :

  • Un monument unique ;
  • Plusieurs monuments portant une thématique commune au sein d’un ou plusieurs pays.

Objectifs du label « Patrimoine européen »

Le label « Patrimoine européen » a pour objectif de sensibiliser les populations, et notamment les plus jeunes, à l’histoire de l’Europe, du Moyen Age à nos jours, ainsi qu’à celle de la construction de l’Union européenne. Le label porte donc à la fois une dimension patrimoniale et historique mais également une dimension sociale puisque le but est réellement d’impliquer les citoyens dans cette histoire de l’Europe. Il s’agit donc de partager, à travers le patrimoine, des valeurs communes : démocratie, droits de l’homme, paix et bonne entente entre les pays membres, … Cette politique culturelle communautaire est d’ailleurs un excellent moyen pour améliorer et renforcer le dialogue et les échanges interculturels entre les nations.

Le label concerne ainsi les sites porteurs d’une symbolique forte. Ces derniers se doivent d’être des témoins de l’héritage européen. Non seulement dans leur histoire et leur architecture mais également dans le discours actuel qu’ils diffusent.

Critères de sélection du label « Patrimoine européen »

Le label « Patrimoine européen » est donc attribué aux sites culturels et monuments qui font mémoire de l’histoire de l’Europe et de l’Union européenne et de son avènement mais également aux lieux fortement marqués par les atrocités de la guerre tels que les camps de concentration.

Par ailleurs, pour obtenir le label, les propriétaires et gestionnaires des sites concernés doivent axer la médiation du site sur ce rapport à l’histoire européenne. Ils doivent également favoriser l’accès du site au plus grand nombre ainsi que son ouverture multiculturelle. Cela passe notamment par des outils de médiation adaptés et disponibles en plusieurs langues.

Lieux et sites labellisés « Patrimoine européen »

A ce jour, 48 sites européens sont labellisés « Patrimoine européen » et cinq se situent en France :

  • Le mémorial de Chambon-sur-Lignon en Haute-Loire, haut site de refuge de personnes juives, de républicains espagnols, de résistants et de citoyens allemands antinazis ;
  • L’Abbaye de Cluny en Bourgogne, qui a largement contribué à la construction de l’Europe occidentale au Moyen Age ;
  • Le réseau de camps de Natzweiler en Alsace-Moselle et à Bade -Wurtemberg ;
  • Le quartier européen de Strasbourg qui abrite le Conseil de l’Europe, la Cour européenne des droits de l’homme et le Parlement européen de l’Union européenne ;
  • La Maison de Robert Schuman à Scy-Chazelles en Mozelle, lieu d’habitation du « Père de l’Europe ».

Conclusion

Le label « Patrimoine européen » récompense donc les sites culturels porteurs de l’histoire européenne et qui ont réellement pour objectif de faire rayonner, de témoigner, de sensibiliser et de transmettre le patrimoine culturel de l’Europe, dans sa matérialité mais également son immatérialité, aux citoyens européens mais aussi aux individus du monde entier.

Pour aller plus loin

Le label de la Fondation du patrimoine

Panorama des acteurs européens du patrimoine

15 biens méconnus inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO

Dans cet article, Hephata présente les différentes initiatives et les gestionnaires du patrimoine historique en Europe.

Ce qu’il faut retenir

En Europe, sur onze pays étudiés, on distingue quinze opérateurs majeurs, que l’on peut diviser en trois catégories :

  • Les fonds nationaux inspirés du modèle anglo-saxon ;
  • Les gestionnaires culturels et touristiques ;
  • Les groupes hôteliers.

En France, on observe qu’il n’y a pas d’opérateurs multi-activités type National Trust. On trouve davantage des gestionnaires culturels et touristiques ou des entreprises portant une activité hôtelière ou évènementielle.

Introduction

Si la France présente un patrimoine riche et varié, il n’en est pas moins des autres pays d’Europe. En effet, eux aussi disposent d’une histoire et d’une culture propres et profondément ancrées, dont une partie peut se révéler dans les éléments patrimoniaux nationaux. Ces autres pays européens ont donc les mêmes enjeux de protection et de valorisation du patrimoine architectural qu’en France.

Pour recourir aux besoins du patrimoine historiques, différents acteurs nationaux du patrimoine se mobilisent donc sur leurs propres territoires.

Voici une présentation des gestionnaires du patrimoine historique en Europe.

Les initiatives européennes inspirées du modèle Anglo-saxon

              Le National Trust pour le patrimoine anglo-saxon

Le National Trust est le deuxième propriétaire foncier du Royaume-Uni, après la Couronne. Créé en 1895, il opère en Angleterre, au Pays de Galles, sur l’Ile de Man et en Irlande du Nord. Cette association à but non lucratif a pour objectif de conserver et ouvrir au public le patrimoine culturel et naturel sur ces zones-là. Le National Trust s’intéresse à la fois au patrimoine archéologique, au patrimoine bâti de toutes époques (300 monuments), au patrimoine industriel, au patrimoine naturel (780 miles de côtes, 250 000 hectares terres et 200 jardins) ainsi qu’aux objets et œuvres d’art (environ un million).

Comme à l’habitude des autres fonds nationaux pour le patrimoine, le National Trust privilégie la multi-activité pour la valorisation des sites. Il organise ainsi dans les différents monuments :

  • Des visites ;
  • Des locations saisonnières (séjours et vacances) et évènementielles ;
  • Des animations, évènements et loisirs ;
  • Des activités agricoles et sylvicoles ;
  • De la production d’énergie.

Sur l’année 2021/2022, le National Trust a dépensé 672 M €. L’association tire ses revenus des fonds issus de la cotisation des membres (222 M € en 2021, grâce à quatre millions de membres adhérents), aux cessions ou locations de biens immobiliers ou naturels issus de legs ou donations, aux collectes de fonds, aux campagnes de financements, aux revenus de ses placements financiers ainsi qu’à la vente de produits en ligne. Il faut également noter que ce fond national réduit ses coûts grâce au soutien de 67 000 bénévoles.

              La Fai, fond italien

La Fai (fondo per l’Ambiente italiano) a été créée en 1975. Il s’agit d’une fondation à but non lucratif inspirée du National Trust anglais. Elle possède 58 lieux dont 35 sont ouverts au public. Son objectif est la sauvegarde et la valorisation du patrimoine artistique et naturel en Italie ainsi que la restauration et l’ouverture au public de biens historiques, artistiques ou naturels. En 2021, la Fai a dépensé 3 M €. En guise de revenus, la Fai dispose de fonds issus de la cotisation de ses membres, de dons, partenariats et mécénats (particuliers et entreprises) ainsi que des recettes issues des évènements d’entreprises.

              Autres fonds tirés du modèle anglo-saxon

D’autres fonds nationaux sont investis pour le patrimoine historique en Europe. Ils sont tous inspirés du National Trust et sont pour la plupart situés dans des pays anglo-saxons ou des anciennes colonies britanniques. Parmi ces fonds, on peut citer :

Les gestionnaires culturels et touristiques du patrimoine historique en Europe

              Les Fondations européennes pour le patrimoine

Parmi les gestionnaires culturels et touristiques du patrimoine historique en Europe, on trouve bien évidement les fondations qui oeuvrent à la sauvegarde du patrimoine et à leur ouverture en France.

Il existe de nombreuses fondations en Europe peuvent gérer un ou plusieurs lieux :

              Le CMN, gestionnaire culturel en France

Le Centre des monuments nationaux  est un établissement public sous tutelle du ministère de la Culture. Créé en 1914, il gère actuellement 137 000 biens culturels et plus de 100 monuments dont 19 sont inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Notons que ces monuments sont propriétés de l’Etat. Le but du CMN est de :

  • Conserver, restaurer et entretenir le patrimoine ;
  • Le rendre accessible au plus grand nombre ;
  • Favoriser la vie culturelle et le développement touristique ;
  • Assurer une mission d’éditeur public.

En 2022, le CMN a reçu plus de 10 millions de visiteurs sur l’ensemble de ses sites patrimoniaux et a organisé plus de 400 manifestations culturelles. En 2021, le CMN a bénéficié d’un budget de 224 M €, budget réparti entre les dépenses de fonctionnement et les investissements. Quant aux revenus, ceux-ci sont assurés par les recettes générées par les monuments eux-mêmes (les droits d’entrée représentent environ 25 M €), par les financements de l’Etat ainsi que par les dons et le mécénat.

              L’Institut de France, propriétaire de biens patrimoniaux

L’Institut de France date de 1795. C’est une instance de conseil indépendante auprès des pouvoirs publics. L’Institut de France a pour mission le rayonnement des lettres, des sciences et des arts, la recherche et le soutien à la création ainsi que la protection d’un important patrimoine dont il est propriétaire. L’Institut de France est également un des plus grands mécènes de France avec près de 25 M € distribués chaque année par ses fondations abritées au titre des prix et subventions. Actuellement, l’Institut dispose de 20 sites historiques dans lesquels il développe toutes sortes d’activités :

  • Visites ;
  • Bibliothèques et centres de documentation ;
  • Locations professionnelles et privées ;
  • Hébergements ;
  • Expositions d’objets d’art et de collections, musées ;
  • Rencontres, formations, débats et conférences ;
  • Promenades et jardins ;
  • Animations et loisirs.

              Les entreprises valorisant le patrimoine historique

De nombreuses entreprises valorisent le patrimoine historique. En France, on trouve par exemple :

Kléber Rossillon est une entreprise privée créée en 1985 pour la préservation et la valorisation de lieux culturels et touristiques, leur ouverture au public, l’augmentation de leur notoriété et de leur fréquentation. L’entreprise possède 12 lieux qui ont accueilli plus de deux millions de visiteurs en 2022.

L’entreprise agit en France en en Belgique (un site uniquement) et s’intéresse à tout type de patrimoine : châteaux et belles demeures, patrimoine naturel, patrimoine archéologique et patrimoine industriel. Elle a néanmoins un cahier des charges précis. Le site doit :

  • Être situé dans une zone très touristique mais avec une faible concurrence ;
  • Bénéficier d’une certaine notoriété et d’un bon positionnement géographique ;
  • Être doté d’un caractère historique fort : histoire majeure à raconter sur place, faits marquants, … ;
  • Avoir un caractère esthétique atypique et/ou exceptionnel.

Les opérateurs hôteliers et évènementiels dans les sites du patrimoine européen

              Châteauform’, séminaires professionnels

Châteauform’ est une entreprise privée créée en 1996. Son activité réside dans l’ouverture des lieux du patrimoine aux entreprises et au bien-être des collaborateurs. Bénéficiant de 64 sites, le cahier des charges de Châteauform’ est strict : les lieux d’exception doivent disposer de plus de 80 chambres et doivent être situés à proximité de Paris, des grandes métropoles ou des aéroports. Ce, afin d’en faciliter l’accès aux entreprises. C’est pourquoi les châteaux et sites historiques de l’entreprise sont principalement situés en Ile-de-France bien qu’on en trouve également à Bordeaux, Lyon, Aix-en-Provence, Marseille ainsi qu’en Allemagne, Espagne, Suisse, Italie, Belgique et aux Pays-Bas.

              Paradores de turismo, chaîne hôtelière dans le patrimoine espagnol

Paradores de turismo intervient en Espagne majoritairement (seulement un site hors-frontières, au Portugal). Créée en 1928, cette société cherche à promouvoir le tourisme en Espagne en conservant le patrimoine historique. On compte aujourd’hui 98 paradores, hôtels qui prennent place dans des sites architecturaux (châteaux, forteresses, couvents, monastères et autres édifices historiques). L’activité d’hôtellerie de luxe permet ainsi de revitaliser des sites du patrimoine espagnol. Elle permet aussi de les inscrire dans des circuits touristiques, notamment grâce à la création d’une dizaine d’itinéraires « de Paradores à Paradores » qui invitent les touristes à parcourir et à visiter l’Espagne en faisant une halte dans chaque hôtel patrimonial détenu par la marque.

              Pousadas de Portugal, groupe hôtelier valorisant les sites historiques

Pousadas de Portugal est une entreprise dont le but est de créer des hôtels à la fois rustiques et authentiques dans des sites historiques du Portugal. Existant depuis 1940, Pousadas de Portugal a été racheté par le groupe Pestana en 2003. Cette entreprise n’est donc plus gérée par l’Etat portugais. Certains sites font donc l’objet de concessions d’exploitation pour une durée de 40 ans, ce depuis 2003, tandis que d’autres ont été acquis par le groupe entre temps. Aujourd’hui, l’entreprise possède 40 pousadas au Portugal. La volonté actuelle est d’ouvrir d’autres sites historiques et de les transformer en hôtels dans les anciennes colonies portugaises.

Conclusion

Les gestionnaires de sites patrimoniaux en Europe peuvent donc être distingués en trois grandes catégories :

  • Les fonds nationaux inspirés du modèle anglo-saxon qui sont généralement des associations, des fondations ou des organismes à but non-lucratif. Leur objectif est véritablement de démocratiser l’accès à la culture et au patrimoine. Leur défi est donc de restaurer les sites historiques, de les promouvoir et de les ouvrir au public en y développant de la multi-activité. Ces fonds nationaux fonctionnent grâce à l’implication des citoyens (adhésions de membres, dons, legs, mécénat, bénévolat, etc., …). Ils ont donc une vocation à la fois patrimoniale, environnementale mais également sociale.
  • Les gestionnaires culturels et touristiques peuvent à la fois relever de l’initiative publique ou privée. Ils ne sont pas directement propriétaires des sites mais tirent leurs revenus de l’activité qu’ils développent. L’implication sociale est moins présente bien qu’ils aient à cœur de restaurer, valoriser et ouvrir le patrimoine au public.
  • Les chaînes hôtelières ou entreprises évènementielles dans des sites historiques ne cherchent pas tant à démocratiser l’accès aux monuments mais souhaitent plutôt revaloriser les sites historiques en leur adjoignant une nouvelle activité économique rentable sur le long terme. Les recettes sont issues des évènements professionnels ou de l’activité hôtelière de luxe.

Pour aller plus loin

15 biens méconnus inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO

Panorama des acteurs européens du patrimoine

Quels sont les modèles d’activités des châteaux français ?

Les fours à chaux de Vendenesse-lès-Charolles, une association engagée pour le patrimoine rural et industriel.

Introduction

Ces propos ont été receuillis par Blandine de Feydeau au cours d’un entretien avec le Président de l’assocation des fours à chaux de Vendenesse-lès-Charolles. L’objectif est de présenter cette association et de montrer comment le petit patrimoine, même protégé, repose essentiellement sur le travail pro-actif d’associations et de membres bénévoles. Associations qui travaillent en collaboration avec des communes et des habitants impliqués dans la sauvegarde du patrimoine local.

Une association engagée pour le patrimoine rural

Contexte historique

L’association des fours à chaux de Vendenesse-lès-Charolles est une association engagée pour le patrimoine rural. Elle a été créée en 1998, date à laquelle les fours ont été classés monuments historiques en raison de leur valeur patrimoniale. En effet, ceux-ci sont les derniers fours à chaux dotés de cheminées en France. Construits entre 1879 et 1881, la production de ce site industriel a stoppé au début des années 1960, en raison du délaissement de la chaux au profit du ciment mais également à cause de l’abandon de la voie de chemin de fer qui permettait l’acheminement des marchandises.


Délaissés, les fours se dégradent et risquent la destruction, jusqu’au jour où leur intérêt patrimonial est reconnu, en 1998. Ils sont alors restaurés, de 1998 à 2002, grâce à des chantiers d’insertion, et ouvrent alors leurs portes au public. A également été reconstruite une petite maison de cheminot le long de la voie ferrée qui borde le site et qui sert désormais de point d’accueil.

Intégration du patrimoine dans une offre touristique globale


Aujourd’hui, l’association se charge de faire vivre les fours en y organisant des visites ainsi que des animations pour le public. L’attractivité du site est boostée par son intégration dans une offre plus globale.


En effet, l’ancienne voie ferrée passant à proximité sert aujourd’hui de voie verte. Elle accueille les habitant locaux mais également quelques touristes et randonneurs. Celle-ci est longue d’une centaine de kilomètres et passe notamment par Paray-le-Monial, Charolles, les fours à chaux et leur commune de Vendenesse-lès-Charolles. L’originalité de la voie verte est qu’elle fait aujourd’hui l’objet d’un parcours multisensoriel où une certaine distance effectuée correspond à plusieurs milliards d’années. L’objectif étant de faire prendre conscience aux visiteurs de l’histoire de l’évolution de la Terre.


Chaque étape est marquée par un panneau indicatif qui aborde des thématiques géologiques, historiques, sociales. Des QR codes renvoient à une « lecture du paysage » opérée par une actrice professionnelle et délivrant des informations géologiques, environnementales et même écologiques tout le long du parcours.

Une attractivité reposant sur la pluriactivité


D’autres QR codes permettent de présenter les fours à chaux lorsque ceux-ci ne sont pas ouverts au public, en basse saison. Tout au long de l’année, le site accueille de nombreux scolaires (environ 400 par année en période pré-Covid), ce qui permet aussi de transmettre le patrimoine aux générations futures en sensibilisant les populations les plus jeunes.


D’autres activités type Son et lumière, conférences, concerts, théâtre, sont également régulièrement organisées. Il s’agit donc d’un site dynamique, qui, compris dans une offre plus globale, permet de dynamiser le territoire et de relancer son attractivité.

Le patrimoine rural facteur de cohésion sociale


Le site patrimonial est également facteur de cohésion sociale à l’échelle locale. Par exemple, panneaux et cartels sont maintenus par différents types de roches qui ont été apportées par des habitants, à la demande de l’Association. Ces roches racontent elles-mêmes une histoire : certaines ont servi à la construction des églises, d’autres au bocage, toutes sont typiques du terroir et de la diversité des sols de la région, etc., … De même, les
différents textes ont pu être évalués par les habitants, toujours dans le but d’inclure le plus grand nombre et de fédérer les habitants autour d’une même cause patrimoniale.


En ce qui concerne la promotion du site et sa visibilité touristique, la connaissance de celui-ci est relayée par les réseaux sociaux (site internet principalement), par la télévision (sur FR3) ainsi que par des agendas et guides touristiques.


Pour le volet financier, le site des fours à chaux bénéficie d’une aide régulière de la commune, du département ainsi que de la région, subventions qui permettent son entretien courant.

Le regard d’Hephata

Les facteurs clés de succès de l’association

  • Un investissement très fort des membres bénévoles et une participation de la commune
  • Une concertation régulière avec les élus locaux et les habitants
  • Une implication des habitants et notamment des riverains qui peuvent être concernés par certaines nuisances liées à la fréquentation du site
  • La pérennité de l’association (la disponibilité des bénévoles, leur motivation et le renouvellement des membres)
  • L’intégration du patrimoine des fours à chaux dans un parcours multisensoriel
  • La création d’animations et l’ouverture à des projets portés par des personnes extérieures à l’association
  • Une communication relayée par les acteurs du territoire

Quelques recommandations pour la valorisation du patrimoine rural

  • Intégrer les sites du patrimoine rural dans des circuits touristiques au sein du territoire et proposer ainsi la découverte d’autres patrimoines bâtis, naturels et même immatériels
  • Poursuivre un travail pro-actif dans la recherche de partenaires financiers, de mécènes, de porteurs d’animations et d’activités ainsi que de relais de communication

Pour aller plus loin

Pourquoi sauvegarder le patrimoine rural ?

Comment sauvegarder le patrimoine rural ?

Le tourisme de proximité réveille les territoires

Dans cet article, Hephata explique pourquoi sauvegarder le patrimoine rural et quel est l’intérêt de le protéger.

Ce qu’il faut retenir

Le patrimoine rural souffre d’un manque de protection et de reconnaissance. Son intérêt patrimonial peut être discuté selon les points de vue des individus. Dès lors, certaines personnes peuvent se demander pourquoi sauvegarder le patrimoine rural si celui-ci n’a plus d’utilité ?

En fait, le patrimoine rural peut se révéler être un véritable levier de développement pour le territoire. Ce, en termes d’attractivité touristique, de cohésion sociale et de création de richesse économique.

Introduction

Le patrimoine rural rassemble l’ensemble des biens immobiliers, mobiliers, naturels et immatériels appartenant au territoire rural. Leur intérêt patrimonial relève de l’identité et du sentiment d’appartenance dont ils sont porteurs. Par exemple, un paysage naturel est un patrimoine rural car il participe à l’identité d’un territoire. Et ce, encore plus s’il présente des constructions anciennes qui témoignent des savoir-faire locaux. Par exemple, des maisons traditionnelles, fermes et moulins, clôtures végétales naturelles (« queules »), sentiers, ponts, etc., … De même, la gastronomie est propre à chaque région ce qui lui permet d’être un facteur d’appartenance sociale. Il s’agit là d’un patrimoine immatériel.

Néanmoins, tout ce patrimoine rural présente une faille. N’étant que très rarement monumental, il est le plus souvent non protégé et non reconnu tel un patrimoine. Dès lors, avec la désertification des campagnes et la mutation de la société, ce petit patrimoine est en proie à des risques d’abandon, donc de dégradation, voire de destruction. En ce qui concerne le bâti, celui-ci risque également de subir des transformations qu’il ne peut pourtant pas assumer telles que les nouvelles mises aux normes énergétiques pourtant incompatibles avec sa qualité d’ancienneté.

Par ailleurs, la plus grande mobilité des populations peut conduire à un certain oubli des traditions et savoirs propres à chaque commune. Le patrimoine rural se trouve donc peu à peu délaissé et abandonné. C’est aussi un patrimoine qui a été banalisé. Peu de personnes y sont sensibilisées : au petit moulin de campagne, on préfère un château royal ou une cathédrale gothique. Le patrimoine monumente, en quelque sorte, efface le petit patrimoine vernaculaire ! Dès lors, si son intérêt patrimonial est discutable, pourquoi sauvegarder le patrimoine rural ?

Le patrimoine rural, facteur d’attractivité touristique

Tout d’abord, le patrimoine se révèle être un véritable facteur d’attractivité touristique. En effet, avec le développement des nouvelles pratiques liées au tourisme durable, les territoires ruraux français profitent de plus en plus de la demande touristique. La mode est au slowtourisme et privilégie désormais un tourisme de proximité  plus respectueux de l’environnement et davantage porté sur l’humain. Or, le relais du tourisme de proximité peut justement être l’ensemble des patrimoines ruraux qui parsèment le territoire. Ceux-ci renforcent en effet l’intérêt de la région et peuvent ainsi être inclus au sein de l’offre touristique globale.

Il y a donc un réel besoin de faire connaître et reconnaître le patrimoine rural. Ce afin de pouvoir le promouvoir et de communiquer dessus. Les acteurs touristiques du territoire tels que les tours opérateurs, les offices de tourisme, les PNR ou Grands Sites de France mais aussi les Services du patrimoine des Villes d’art et d’histoire ainsi que les mairies et associations locales ou nationales, telles que Urgences Patrimoine peuvent et doivent servir de relais. L’objectif étant de rendre visible ce patrimoine peu connu et de sensibiliser les populations à son intérêt, son histoire et sa sauvegarde.

L’objectif est aussi de créer tout un réseau d’offres touristiques autour du patrimoine rural. En effet, plus l’offre est complète et les sites nombreux à visiter, plus le territoire est attractif et cela permet aussi d’accroître les nuitées touristiques et d’allonger les séjours des visiteurs sur le territoire.

            Exemple

Voici le cas du site archéologique et naturel de Bibracte. Celui-ci a été labellisé « Grand Site de France » en 2007. Cela lui a permis de faire connaître et patrimonialiser tout un ensemble de patrimoines ruraux de la Bourgogne-Franche-Comté. Le site permet par exemple de découvrir les vestiges archéologiques du peuple des Eduens, les restes pastoraux des siècles passés sous la forme de « queules », ces haies naturelles construites par l’entrecroisement des branches d’arbres, …

La labellisation du site permet aussi de créer un offre touristique majeure qui englobe les autres destinations de la région tels que :

  • le Château de Sully ;
  • les musées et mémoriaux de la résistance dans le Morvan ;
  • le Château de Marguerite de Bourgogne ;
  • la Maison du patrimoine oral de Bourgogne ;
  • le patrimoine religieux ;
  • le Château de Bazoches, etc., …

Le patrimoine rural, générateur de richesse économique

Ensuite, le patrimoine rural peut être générateur d’une richesse économique pour le territoire. En effet, comme vu précédemment, le patrimoine rural renforce l’attractivité touristique du territoire. Ce tourisme est créateur de richesse puisqu’il entraîne non seulement la perception de recettes propres aux activités développées mais aussi parce qu’il est créateur d’emplois et de services directs et indirects. Ainsi, renforcer le tourisme dans un territoire c’est permettre le développement des transports, des offres d’hébergements et de restauration, de soins à la personne, des services de médiation culturelle et artistique, etc., …

Tous ces emplois contribuent notamment à redynamiser le territoire, à éviter sa désertification et à le rendre plus riche économiquement. Dès lors, cela conduit à entrer dans un cercle vertueux puisque rendre dynamique un territoire contribue lui-même à renforcer son attractivité et à le promouvoir à une échelle de plus en plus large.

Le patrimoine rural, facteur de cohésion sociale

Enfin, le patrimoine rural peut être un facteur de cohésion sociale. En effet, dans les petites communes rurales qui souffrent de la désertification, il est bon de rassembler les habitants autour d’une cause commune : le patrimoine. Mais encore faut-il que l’ensemble des habitants d’une commune ou d’un territoire reconnaisse ce patrimoine comme tel. Il y a donc tout un travail de sensibilisation à réaliser à l’échelle locale afin qu’un élément bâti, un objet, un paysage ou un bien immatériel soit reconnu d’intérêt patrimonial par tous.

            Exemple

Impliquer les résidents et leur ouvrir le site avec des activités dynamiques est la meilleure manière de sensibiliser les individus et de leur faire prendre conscience de l’intérêt patrimonial d’un site. C’est en tout cas ce que fait l’association des Fours à chaux de Vendenesse-lès-Charolles en Saône-et-Loire. Les habitants se sont sentis impliqués et inclus dans l’expérience patrimoniale car ils ont pu donner leurs avis sur différents cartels explicatifs de la visite et ont été appelés à donner des roches présentes dans leurs jardins, leurs villages, leurs régions, afin de montrer aux visiteurs des fours à chaux la diversité géologique des sols du territoire. De même les habitants peuvent participer à différentes animations organisées sur le site : Son et Lumière, théâtre extérieur, conférences, activités scolaires, etc., …

Le patrimoine rural apparaît ainsi comme un facteur de cohésion sociale. C’est une cause qui rassemble les personnes car elle leur rappelle leur appartenance au territoire, leur fait faire mémoire de leurs souvenirs d’enfance, témoigne d’un héritage passé source de connaissance, etc., …

Ainsi, le patrimoine rural contribue à redynamiser les territoires et aide à lutter contre l’exode rural. Notamment parce qu’il est aussi créateur d’emplois à travers l’activité touristique. Notons que certains patrimoines peuvent en plus être réhabilités en logements ou en commerces. On dépasse alors l’unique fonction de visite. Retenons par ailleurs qu’il est généralement moins coûteux de réhabiliter plutôt que de reconstruire. Dès lors, pourquoi détruire ?

Conclusion

Le patrimoine rural est donc un levier de développement économique pour les territoires. Réhabilité, il permet de faire revivre une commune car il peut se révéler générateur d’emploi et facteur de cohésion sociale ainsi que d’attractivité touristique. Néanmoins, comment sauvegarder le patrimoine rural ?

Pour aller plus loin

Faire rayonner le patrimoine avec l’agritourisme

Revitaliser les territoires

Le tourisme de mémoire en France

Dans cet article, Hephata explique comment sauvegarder le patrimoine rural pour le transmettre aux générations futures.

Ce qu’il faut retenir

Le patrimoine rural étant souvent peu protégé, il est davantage en proie aux risques d’abandon, de dégradation et de destruction. Il ne bénéfice quasiment pas d’aides de l’Etat et sa conservation est donc plus que précaire.

D’autres acteurs du territoire doivent donc assurer sa sauvegarde. Ils ont pour mission :

  • La connaissance de ce patrimoine ;
  • Sa restauration et son entretien ;
  • Sa mise en visibilité et son attractivité touristique.

Introduction

Le patrimoine rural se définit également comme le « petit patrimoine », le « patrimoine vernaculaire » ou encore le « patrimoine de proximité ». Il concerne l’ensemble des biens matériels, naturels et immatériels situés dans un milieu rural et présentant un intérêt historique, artistique, culturel ou architectural. Il peut s’agir :

  • De biens religieux : chapelles, calvaires, … ;
  • De lieux et objets de mémoire : cimetières, monuments aux morts, … ;
  • D’infrastructure liées à l’eau : écluses, aqueducs, puits, lavoirs, … ;
  • De sites agricoles, d’exploitation ou de production : moulins, fermes, fours, … ;
  • De sites industriels et post-industriels : gares, chemin de fer, … ;
  • De paysages naturels ou faits de mains d’hommes : haies, sentiers, bocage, … ;
  • De patrimoine immatériel : traditions orales, gastronomie, savoir-faire, …

N’étant pas monumental, le patrimoine rural est par définition un patrimoine non protégé. Il est donc rarement classé ou inscrit au titre des monuments historiques. De même, il ne bénéficie pas non plus toujours de labels. Ce manque de reconnaissance et de protection l’expose donc à des risques d’abandon, de dégradation voire de destruction.

Pourtant, le patrimoine rural s’avère être un excellent moyen de redynamisation et d’attractivité du territoire. Son entretien et sa sauvegarde se révèlent dont être d’une absolue nécessité pour le regain de vitalité des campagnes.

Cependant, comment sauvegarder le patrimoine rural ?

La patrimonialisation, un outil de sauvegarde ?

            Donner un sens, mettre en visibilité

Pour qu’un site, un objet ou un bâtiment, soit qualifié de « patrimoine », il faut lui donner un sens en identifiant sa valeur sociale, économique et culturelle. Cela nécessite d’avoir une bonne connaissance de l’objet en question. Ce, afin de pouvoir en restituer et en transmettre l’intérêt culturel, historique, artistique ou architectural. Généralement, c’est aux citoyens les plus proches de l’objet (habitants, locaux) de témoigner de cet intérêt. Ceux-ci peuvent constituer des associations de protection de leur patrimoine local.

Cette connaissance permet de changer le regard sur un objet, de sensibiliser les personnes à la dimension patrimoniale de cet objet, afin d’éviter que celui-ci apparaisse comme une banalité aux yeux du plus grand nombre. Dès lors qu’un objet ou un site est considéré comme relevant du champ patrimonial, il est plus aisé de le protéger et d’éviter que ce dernier ne soit détruit ou transformé. Reconnaître l’intérêt patrimonial d’un lieu ou d’un objet, c’est aussi permettre sa mise en visibilité auprès du public. Néanmoins, la patrimonialisation d’un site ou d’un objet n’est acté que lorsqu’elle bénéfice d’une reconnaissance publique officielle.

            Labelliser le patrimoine rural

Des labels peuvent indiquer cette reconnaissance publique. Un label n’est pas toujours générateur d’aides et de subventions. Néanmoins, il permet de protéger un patrimoine des risques de destruction ou de transformation. Il est également un gage de mise en visibilité de ce patrimoine.

Voici quelques labels permettant de reconnaître le patrimoine rural :

  • Le Label de la Fondation du patrimoine s’adresse aux propriétaires d’un bâtiment ou d’un site rural non protégé au titre des monuments historiques. Accordé pour une durée de cinq ans, il permet de reconnaître l’intérêt patrimonial d’un site. Le label accompagne les projets ayant pour objectif la restauration du site et sa mise en visibilité/son ouverture au public. Il permet également d’obtenir une aide financière de la Fondation et d’une déduction fiscale du montant des travaux.
  • Le label « Sites remarquables du goût » est attribué aux sites, communes, lieux-dits reconnus pour leur gastronomie ainsi que leur patrimoine culinaire et vinicole. Le label répond à une charte qualité qui prône l’accueil du public et la création de liens entre gastronomie et patrimoine naturel, architectural et culturel.

Restaurer le patrimoine rural

            Se tourner vers les acteurs du patrimoine rural

Sauvegarder le patrimoine rural, c’est aussi le restaurer et l’entretenir. Or, avec la baisse des aides de l’Etat, les petites communes et particuliers peinent de plus en plus à conserver le petit patrimoine. Ce sont donc désormais d’autres acteurs qui prennent le relais : les collectivités, les associations locales, les CAUE, les PNR, les Grands sites de France, les Villes et Pays d’art et d’histoire, etc.,…

Ces relais permettent de porter réellement les processus de patrimonialisation et contribuent à la mise en visibilité des sites au travers de publications, de missions de communication et de diffusion de la connaissance.

            Quels financements pour la restauration du patrimoine rural ?

Les différents acteurs mentionnés ci-dessus sont également de bons relais pour obtenir différentes aides et financements. Ces aides et financements proviennent le plus généralement des collectivités territoriales : régions, départements, communes, … Néanmoins, il existe d’autres fonds, subventions et prix provenant d’associations, d’entreprises, de la DRAC, du FEDER, etc., … La Banque des financements répertorie ces différents financements.

Réhabiliter le patrimoine rural

            Trouver une nouvelle fonction au patrimoine rural

Une des problématiques qui touche le patrimoine rural est qu’il a perdu sa fonctionnalité initiale. Il est donc désormais dépourvu de ses fonctions premières de production ou de fabrication. Même le patrimoine religieux peut-être soumis à un abandon dû à la désertification des territoires et à l’essoufflement du culte. Dès lors, comment rendre utile ce patrimoine désormais désuet ? Comment trouver une nouvelle fonction au patrimoine rural pour permettre sa sauvegarde et éviter sa destruction ?

            Mettre en tourisme le patrimoine rural

Cette réhabilitation du patrimoine rural, le fait de lui trouver une nouvelle fonction, doit se montrer efficace dans son attractivité afin da faire revivre les campagnes. Il y a là un réel besoin de s’adapter aux usages de la vie contemporaine sans dénaturer le patrimoine rural mais en faisant en sorte qu’il participe à la société et à l’économie. Cette réhabilitation peut être à destination des habitants mais également à destination des touristes.

En effet, il y a un réel besoin des touristes d’être de plus en plus indépendants, loin des grandes masses et des villes, dans des espaces ruraux et naturels. Il y a donc une demande croissante pour le tourisme de proximité et les nouvelles pratiques telles que le slowtourisme ou encore le tourisme de mémoire. Les touristes ont en effet de plus en plus tendance à délaisser le patrimoine monumental pour le petit patrimoine qu’ils allient à la découverte du patrimoine naturel et du patrimoine immatériel, notamment le patrimoine gastronomique. La réhabilitation du patrimoine rural a donc tout intérêt à s’orienter en faveur du tourisme et de la cohésion sociale avec les locaux.

Conclusion

La sauvegarde du patrimoine rural est donc l’œuvre d’acteurs du territoire et en priorité des particuliers qui se regroupent en associations. Ceux-ci doivent parvenir à faire reconnaître ce patrimoine et à le rendre visible pour en faire des centres d’intérêts du territoire. L’objectif étant d’obtenir des labels et reconnaissances permettant de protéger ce patrimoine et éviter ainsi sa dégradation et sa destruction. Le but est aussi de trouver des financements pour sa restauration et de lui trouver une nouvelle activité économiquement viable. Ce, afin de l’entretenir, de le faire vivre en l’ouvrant au public, de le faire perdurer dans le temps et de le transmettre aux générations futures.

Pour aller plus loin

Le tourisme durable : vers de nouvelles pratiques ?

Revitaliser les territoires

Faire rayonner le patrimoine avec l’agritourisme

Dans cet article, Hephata explique la démarche à suivre pour la décoration intérieure d’un site historique.

Ce qu’il faut retenir

Le réaménagement des espaces d’un site historique peut bénéficier de l’accompagnement d’un spécialiste en vue de son bon déroulement.

Il faut suivre une certaine démarche et faire appel aux bons interlocuteurs pour concevoir la décoration intérieure la plus adaptée au site historique sans le dénaturer.

Introduction

L’aménagement intérieur d’un site historique est une question majeure, notamment lorsque celui-ci a pour ambition d’être ouvert au public. Or, certains sites historiques possèdent des intérieurs dépouillés ou quelque peu inconfortables. Ceux-ci nécessitent donc d’être réaménagés afin de présenter une esthétique adaptée au cadre patrimonial auquel ils appartiennent. Ce type de réaménagement pose une certaine réflexion puisque l’enjeu est de valoriser un site patrimonial par sa décoration intérieure, sans pour autant le dénaturer.

Ainsi, peut-on adopter un design contemporain pour valoriser un intérieur historique et classique ? Doit-on se cantonner à réitérer la décoration traditionnelle du site ? Peut-on trouver une alternative en proposant par exemple du mobilier contemporain mais orné de motifs anciens ? Le contraire est également valable : user d’un mobilier ancien et classique mais en l’habillant de coloris et de motifs plus contemporains, … Tous ces questionnements méritent une réflexion approfondie. En effet, l’enjeu de créer un intérieur confortable et attirant pour le public tout en respectant l’unicité des lieux.

Mais pour engager cette démarche, vaut-il mieux faire appel à un architecte ou à un décorateur d’intérieur ? Quelle est ensuite la procédure à suivre pour réaménager les intérieurs d’un site historique ?

La différence entre architecte et décorateur d’intérieur

              L’architecte d’intérieur

L’architecte d’intérieur dispose de connaissances variées dans le domaine de l’architecture et du design, compétences qu’il acquiert à l’issu d’un diplôme variant entre trois et cinq ans. Il est davantage un créateur et un concepteur d’intérieur. Il peut en effet effectuer des travaux lourds, contrairement au décorateur, qui modifient complètement l’agencement intérieur ainsi que la distribution des pièces. L’architecte d’intérieur dispose donc d’un œil plus technique et conceptuel que le décorateur d’intérieur.

              Le décorateur d’intérieur

Le décorateur d’intérieur est davantage spécialisé dans les tendances et l’histoire du design. Ses capacités se portent donc plutôt sur l’aménagement des espaces et non pas sur l’aspect structurel de l’architecture. Il compose donc avec l’existant en apportant des éléments décoratifs : mobilier, bibelots, tableaux, objets d’ornement, couvrement des murs et des sols, etc., … S’il souhaite toucher à la structure de l’édifice, il doit donc faire appel à l’intervention d’un architecte d’intérieur.

Par ailleurs, l’exercice du métier de décorateur d’intérieur n’est pas obligatoirement soumis à l’obtention d’un diplôme, il peut donc être quelque peu moins compétent qu’un architecte d’intérieur.

Quelles démarches pour redécorer mon site historique

Redécorer un site historique nécessite de suivre une certaine démarche. Tout d’abord, il faut analyser les besoins de l’édifice. Celui-ci nécessite-t-il une simple décoration ou a-t-il besoin, en plus, d’un renforcement de ces parties structurelles internes ? Définir le besoin permettra de comprendre à quel type de professionnel il faut faire appel : un architecte d’intérieur, un décorateur, ou bien les deux ? La recherche du professionnel peut se faire via un appel d’offres afin de mettre en concurrence les différents candidats et ainsi bénéficier de propositions différentes.

Il faut ensuite rechercher ce professionnel et viser principalement ceux qui ont une appétence dans le domaine patrimonial. Ceci peut être visible dans les références de l’architecte ou du décorateur en question. Celui-ci a-t-il déjà travaillé pour un monument historique, un château ou toute autre belle demeure à caractère patrimonial ? Si c’est bel et bien le cas, quel a été le résultat de leur travail : était-il satisfaisant et suffisamment respectueux du patrimoine ? Il peut également être intéressant de vérifier que les références proposées par l’expert répondent à votre propre goût et à vos critères en matière d’esthétisme.

Lors de vos premiers contacts avec l’expert, celui-ci réalisera un état des lieux du monument. Puis il établira un cahier des charges. Il proposera ensuite des planches de tendances et d’inspirations ainsi que des croquis ou des mises en scènes 3D imagées. Cela permettra d’avoir un aperçu du projet et des choix opérés. Ces illustrations pourront être retravaillées ou complètement modifiées en fonction de vos attentes, pour que celles-ci soient satisfaites au maximum. S’ensuivra ensuite le chantier pour mettre en forme les espaces et les aménager en matière de décoration et d’ameublement.

Quels sont les points à ne pas négliger pour la décoration intérieure d’un site historique ?

Il y a plusieurs points à ne pas négliger pour la décoration intérieure d’un site historique. Tout d’abord, il faut veiller à ce que la décoration intérieure ne dénature pas l’intégrité du monument. Ensuite, il faut veiller à respecter la réglementation ERP du monument en question. Les normes ERP concernent les établissements recevant du public et visent à assurer la sécurité et l’accessibilité des visiteurs. Il faut donc veiller à ce que la décoration intérieure, et notamment la disposition du mobilier, ne viennent pas à l’encontre de la sécurité et la mobilité des visiteurs (accès aux issues de secours par exemple).

Enfin, il est bon de mettre en place une signalétique adaptée qui s’insert avec harmonie dans la décoration intérieure de l’édifice. Cette signalétique doit en effet donner des indications de circulation au public, sans pour autant « abîmer » l’image visuelle du lieu. Pour cela, il faut trouver un type de signalétique (esthétique et supports) qui s’intègre avec harmonie au monument tout en restant visible et percevable en un coup d’œil.

Conclusion

Un architecte d’intérieur étant plutôt spécialisé dans l’aménagement ergonomique des espaces, il intervient surtout sur la structure des édifices. Or, dans le cadre des sites historiques, il n’est pas pensable de toucher à la structure (hormis pour la restaurer ou la consolider), même si le monument n’est pas protégé. En effet, modifier la structure intérieure d’un site historique viendrait rompre l’unicité du site. Cela entraînerait donc la perte de sa valeur, à la fois architecturale, historique, artistique, culturelle et esthétique. Il est donc davantage recommandé de faire appel à un décorateur d’intérieur. Celui-ci dispose d’une connaissance plus large dans l’histoire et les tendances du design, à la condition, bien sûr, que celui-ci soit sensibilisé au patrimoine. Ce, afin qu’il propose une solution adaptée aux caractéristiques du site.

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Réinventer les intérieurs des monuments historiques

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Dans cet article, Hephata étudie comment réinventer les intérieurs des monuments historiques en vue de leur valorisation.

Ce qu’il faut retenir

Réinventer les intérieurs des monuments historiques, c’est :

  • Repenser la décoration intérieure ;
  • S’intéresser à une scénographie appropriée pour un site historique ;
  • Intégrer une signalétique adaptée.

Introduction

En vue de leur valorisation, réinventer les intérieurs des monuments historiques devient une réelle nécessité. En effet, il s’agit de mettre une bâtisse en valeur en créant une ambiance confortable et chaleureuse qui respecte l’histoire du site. L’aménagement doit également comprendre une signalétique intuitive pour guider les visiteurs dans l’espace.

L’aspect intérieur des espaces est important car il entre en jeu pour donner vie au monument, retracer son histoire et lui conférer une âme en quelque sorte. Il s’agit d’établir une rencontre entre le lieu et le visiteur, de redonner un sens et un contexte à un site afin de renforcer son lien à l’histoire, l’art et la culture.

Souvent négligées, décoration intérieure, scénographie et signalétique doivent être prises en compte dans la mise en valeur d’un site historique. Elles doivent contribuer au confort des visiteurs et à la médiation. Ainsi, elles renforceront le rayonnement du site et participeront à son attractivité touristique au sein du territoire. En effet, il est toujours plus agréable de visiter ou de séjourner dans une demeure historique soignée plutôt que dans un grand château glacial et austère.

Repenser la décoration intérieure d’un château

Repenser la décoration intérieure d’un site d’exception vise à créer un intérieur confortable. L’objectif est de donner une ambiance et une atmosphère uniques à un espace. Le principal défi est d’attirer les visiteurs et de faire en sorte qu’ils se sentent bien tout en leur rappelant le caractère historique et culturel du site.

Pour repenser la décoration intérieure d’un monument historique, il faut donc prendre en compte plusieurs critères :

  • L’histoire du lieu et de sa construction ;
  • Les matériaux utilisés (bois, marbre, pierre, …) ;
  • Les teintes et coloris utilisés initialement ou ceux existants actuellement ;
  • La distribution et l’aménagement de l’espace (luminosité, volumes, décors existants type moulures, colonnes, etc., …) ;
  • Les activités et le concept thématique développés au sein du site historique.

En fonction des ces différents critères, il est possible de choisir un style décoratif adapté. Néanmoins, il faut déterminer au préalable un fil directeur afin de bénéficier d’une décoration cohérente et ainsi éviter une certaine forme d’éclectisme.

Il est tout d’abord possible d’opter pour un style entièrement classique et traditionnel qui reprenne le décor initial du site (meubles anciens chinés dans des ventes aux enchères, lustres d’époque, tapisseries, tableaux de maîtres, etc., …). Ce type de décors permettra de plonger les spectateurs dans une autre époque. Ils pourront ainsi bénéficier d’une expérience immersive unique.

Il est également possible de renoncer à un intérieur classique et d’opter plutôt pour un aménagement contemporain, sans pour autant dénaturer le lieu. Une bonne alternative peut être d’aménager l’espace avec des meubles contemporains mais d’opter pour des coloris ou des motifs d’époque. Le contraire peut être juste également : employer des meubles anciens mais les habiller de motifs contemporains ! Quoiqu’il en soit, une touche contemporaine amènera du caractère au décor. Elle donnera au lieu une atmosphère confortable et inédite tout en renouvelant l’image du site qui peut sembler archaïque de prime abord, du fait de son caractère historique.

              Exemple

La Maison de Haute Couture Fendi et le Mobilier National ont participé au réaménagement du Palais de l’Académie de France à Rome. La restauration des six salons d’apparat devait se faire en cohérence avec les précédentes interventions de Richard Peduzzi, architecte et scénographe, et du peintre Balthus. Le nouveau mobilier a donc été choisi dans le respect de l’environnement créé par ces deux individus :

  • Tapis tissés mains en laine recyclée, aux tons subtils et dégradés reprenant ceux des murs ;
  • Table modulable imitant les pavés de la Via Appia, dans un doux travertin bleuté parfait pour l’inscrire dans le Salon Bleu ;
  • Table Borghèse rappelant les élégants pins sylvestres, si chers à l’Italie, de par son marbre Verde Viana ;
  • Tapisseries contemporaines contrastant avec l’austérité des murs et tranchant avec le décor à l’Antique, etc., …

Mettre en place la scénographie d’un monument historique

La scénographie est un terme qui provient du monde du théâtre. Il désigne « l’art de dessiner la scène ». La scénographie consiste ainsi à créer une expérience immersive en faisant appel aux sens. L’objectif est de créer un fil de visite narratif et interactif par l’intermédiaire de cartels, de dispositifs audiovisuels, d’outils numériques et digitaux, etc., …

Il s’agit ainsi de fournir un contenu et un discours à l’attention du public en vu de lui donner des clés d’interprétation, de compréhension et de lecture du monument. Ce, de manière ludique et interactive afin de simplifier l’approche à la culture.

La mise en place d’une scénographie cohérente est donc plus que nécessaire dans un lieu historique proposant des visites mais elle peut également être utilisée dans des sites voués à des activités d’hébergement ou de restauration. Elle viendra alors en supplément de ces activités principales.

En ce qui concerne la scénographie, il faut penser au discours que l’on souhaite véhiculer (le contenu) et la manière dont on veut qu’il soit distribué (la forme). De larges choix sont alors possibles mais le tout est de garder une unité tant au niveau des objets utilisés, qu’au niveau de leur design.

Ainsi, la décoration intérieure peut également servir de scénographie. Le choix du mobilier et de sa disposition peut permettre d’illustrer les modes de vie et habitudes d’une époque.

Il faut noter que la scénographie peut également prendre en compte des animations éphémères telles que des décorations florales à l’occasion du printemps ou encore une mise en lumière de l’édifice durant les soirées d’été par exemple, …

              Exemple

L’agence Klapisch Scénographes s’est chargée de mettre en place une exposition permanente pour le château de Châteaubriant. L’enjeu étant d’unifier les différents espaces et temporalités, le parcours scénographique s’articule autour de trois piliers :

  • La création de supports inspirés de représentations picturales du Moyen Age et de la Renaissance ;
  • Une narration transmise par des personnages fictifs ;
  • Une immersion participative et interactive du public.

Intégrer la signalétique dans son site historique

Enfin, il est important d’intégrer une signalétique intuitive dans un monument historique. En effet, celle-ci vise à orienter les publics et à faciliter leurs déplacements au sein des espaces. Cette signalétique doit néanmoins s’intégrer avec naturel dans l’ensemble de la décoration et de la scénographie intérieures.

Par ailleurs, elle doit être unifiée afin que l’œil puisse tout de suite la capter et l’identifier comme un élément d’orientation au sein du parcours. Les supports peuvent être multiples et il est bon de réfléchir avant d’effectuer le choix définitif. En effet, il faut opter pour des supports qui ne portent pas atteinte ou ne détériore pas le monument en lui-même.

Conclusion

Réinventer les intérieurs des monuments historiques ne se fait donc pas sans réflexion. En effet, le cadre historique nécessite de comprendre comment il va pouvoir être mis en valeur sans être dénaturé. Qu’il s’agisse de la décoration intérieure, de la scénographie ou de la signalétique, il faut donc penser au message que l’on désire véhiculer ainsi qu’au discours que l’on souhaite transmettre au public.

La scénographie, la décoration intérieure et la signalétique doivent être cohérentes entre elles car elles peuvent prendre part à la médiation du monument. Médiation qui permet de donner des clés d’interprétation et de lecture du site historique en question.

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