Découvrir le patrimoine le long des GR de France

A l’occasion des Journées Européennes du Patrimoine 2024, prolongez l’été et venez découvrir le patrimoine le long des GR de France.

Ce qu’il faut retenir

Les grands chemins de randonnée français sont appelés plus communément « GR ». Ils permettent bien évidemment de découvrir le patrimoine naturel mais aussi d’avoir accès à des sites historiques patrimoniaux d’une incroyable richesse culturelle. Ils peuvent se pratiquer à pied, en VTT ou même à cheval. Les GR permettent donc une forme de tourisme expérientiel puisqu’ils donnent accès aux patrimoines naturel (paysages, faune et flore), matériel (monuments, objets) et immatériel (gastronomie, savoir-faire, traditions), développant ainsi différents sens ainsi que la pratique sportive. Les sentiers et parcours balisés sont par ailleurs de bons moyens, pour les collectivités, de développer l’attractivité du patrimoine de leur territoire.

A l’occasion des Journées Européennes du Patrimoine 2024, dont le thème « itinéraires, réseaux et connexions » invite à la reconnexion avec le patrimoine bâti et naturel, prolongez l’été et venez découvrir le patrimoine le long des GR de France.

Introduction

Depuis quelques années, la place est donnée au tourisme expérientiel dans lequel le touriste devient acteur de son parcours de visite. Avec cette tendance, se développe également l’attrait pour le tourisme durable dont découlent l’agritourisme, l’oenotourisme ou encore le slowtourisme. La tendance est donc à découvrir le patrimoine en flânant. C’est-à-dire en prenant son temps et en vivant des expériences uniques sources d’émotions. La randonnée – qu’elle soit pédestre, cycliste, équestre, etc… – fait partie de cette forme de tourisme lent qui profite du patrimoine naturel en même temps que du patrimoine architectural. Car en effet, si les GR passent par de magnifiques paysages révélant les différents visages de la France et de ses terroirs, ils passent aussi par des villes et aux abords de patrimoines d’exception.

Définition

Les GR (chemins de grande randonnée) sont un réseau de sentiers en France, entretenus par la Fédération Française de la Randonnée Pédestre (FFRP).

Depuis 1947, sous l’égide de la FFRP, plus de 8 900 bénévoles ont balisé 206 000 kilomètres de sentiers en France, marqués en blanc et rouge pour les GR® et en jaune et rouge pour les GR de Pays®. Ces itinéraires, qui suivent souvent d’anciennes voies, mettent en valeur le patrimoine naturel et culturel, tout en s’adaptant aux évolutions contemporaines. Le premier sentier GR® a été inauguré en 1947 à Orléans, et depuis, leur nombre a atteint 304 à travers tout le pays.

Les collectivités mettent en valeur leurs territoires grâce aux GR

Les sentiers de randonnée, comme les chemins de Grande Randonnée (GR) et autres itinéraires emblématiques, jouent un rôle crucial dans l’attractivité touristique des territoires. Ils sont un très bon moyen pour les collectivités de mettre en valeur leur territoire. La façon dont les derniers tronçons du GR63 sont mis en avant sur le site du Grand Avignon en est un bon exemple. Les étapes finales du GR sont en effet beaucoup plus détaillées que les premières, et l’arrivée à Avignon est décrite comme une « apothéose », faisant des alentours d’Avignon et de la ville elle-même le climax de l’expérience esthétique et historique vécue tout au long de ce chemin.

La stratégie marketing du Grand Avignon pour le GR63, intitulé Chemin Urbain V, est fondée sur l’exploitation du patrimoine historique et culturel lié au Pape Urbain V. En mettant en avant ce parcours de randonnée comme un voyage dans les pas de Guillaume Grimoard, 12e Pape français d’Avignon, l’Office de Tourisme crée une connexion narrative et immersive avec l’histoire locale.

Le concept valorisé est celui d’une aventure historique et culturelle. Le GR63 est présenté non seulement comme un itinéraire de grande randonnée, mais comme une retraite historique qui permet aux randonneurs de découvrir des sites emblématiques du passé papal d’Avignon et de la région, incluant le Palais des Papes et le pont du Gard. En intégrant des éléments de l’héritage papal d’Urbain V, le Grand Avignon transforme chaque étape du parcours en une exploration de l’histoire religieuse et médiévale, renforçant ainsi l’attractivité culturelle du voyage.

Cette stratégie marketing vise à attirer des visiteurs intéressés par une expérience qui combine découverte historique, patrimoine culturel et aventure en pleine nature. Les topo-guides et la signalétique le long du chemin mettent en lumière des récits et des sites associés à Urbain V, tout en offrant une immersion dans les paysages spectaculaires de la région. Cette approche permet de capitaliser sur la notoriété historique d’Urbain V pour enrichir l’expérience de randonnée et stimuler l’intérêt des touristes pour la richesse culturelle et historique du Grand Avignon.

Les GR (sentiers de Grande Randonnée) représentent également un levier précieux pour dynamiser les plus petites communes en attirant des randonneurs et en réanimant leur coeur de village. La commune de Bonrepos-Riquet a bien saisi le parti qu’elle pouvait tirer des variantes du chemin de Compostelle, et a inauguré en Juillet 2022 le nouveau tracé du GR46, passant désormais au pied de son château, demeure du génial concepteur du canal du Midi, Pierre-Paul Riquet.

Le sentier du baroque

Au cœur de la Haute-Savoie, dominé par le Mont-Blanc, le sentier du baroque déroule son chapelet de petites églises, oratoires et chapelles qui sont des joyaux d’art et d’histoire.

L’église Saint-Nicolas, à Combloux, étonne notamment par son clocher en forme de bulbe. Elle n’est néanmoins pas la seule à témoigner de l’art baroque dans la vallée. 16 autres chapelles et églises sont aussi porteuses de cette architecture. Celle-ci révèle en fait le passage dans la Vallée de l’Arve de François de Salles. Ce dernier cherchait à repousser le protestantisme à une époque où la guerre de religion fait rage. L’art baroque est alors une expression du renouveau catholique. C’est un art qui cherche à convaincre non pas par la raison mais par les émotions. C’est pourquoi l’art baroque déploie son architecture et ses formes avec faste et théâtre. Les décors sont tout à la fois dramatiques, exubérants, mouvementés et colorés, … Ce, dans l’objectif d’encourager les fidèles à poursuivre la foi catholique et à ne pas basculer dans le protestantisme.

Au cours du sentier, vous découvrirez ces petits joyaux d’architecture, cachés dans les contreforts du Mont-Blanc et de ses splendides paysages naturels, architectures baroques d’une intensité forte dont l’histoire a été marquée par les guerres de religions.

Patrimoines des bords de Seine et de Loire

La Loire et la Seine sont des fleuves bordés de GR qui permettent de randonner dans un cadre bucolique et animé par de nombreuses espèces animales, notamment des oiseaux. Ces chemins enchanteurs qui plongent dans la nature permettent aussi de découvrir des sites du patrimoine historique. Si l’on connaît surtout les grands châteaux de la Loire, certains, plus petits, sont tout à fait méconnus du grand public :

Quant au GR qui longe la Seine, il permet lui aussi de donner accès à des sites d’exception telles que les abbayes bénédictines de Saint-Seine, de Jumièges, Saint-Georges-de-Boscherville et de Saint-Wandrille, etc., …

Ces itinéraires sont d’autant plus appréciés qu’ils bénéficient d’infrastructures d’accueil, d’une mise en réseau des différents sites traversés et d’une forte promotion de la part des offices de tourisme, collectivités, voire parcs régionaux, facteurs clés favorisant la notoriété de ces itinéraires, l’attractivité et les retombées économiques pour le territoire.

Les GR du littoral

De nombreux itinéraires côtiers et sentiers de littoral jalonnent nos côtes. On peut en citer quelques uns. Deux GR s’étendent le long de la côte normande et de la côte bretonne : le GR 34 et le GR 223. A cela s’ajoute un autre chemin, le GR 340 qui fait le tour de Belle-Ile-en-Mer. Ces GR marins sont l’occasion de découvrir les côtes françaises avec leurs plages immenses de sable fin, leurs petites criques sauvages, leurs immenses falaises balayées par les vents iodés et plongeant dans une mer âpre et tumultueuse. Le long de ces côtes des sites patrimoniaux s’élèvent. On trouve à la fois des infrastructures maritimes et portuaires, des phares, des châteaux austères contemplant la mer ainsi que des citadelles et bastions fortifiés :

  • Phares de l’Ile Vierge, de l’Ile de Batz, du Cap Fréhel… ;
  • Château Turpault, château de Kérouzéré, Domaine de Suscinio… ;
  • Citadelle Vauban de Belle-Ile-en-mer, fortifications de Saint-Vaast-la-Hougue, Citadelle Port Louis… ;

Petits villages de Barfleur, d’Honfleur, de Locronan, etc., …

Patrimoines des massifs montagneux

Jura, volcans cantaliens, mont Lozère, montagne corse, Pyrénées, Alpes, Cévennes… Ces massifs montagneux sont aujourd’hui les espaces naturels les plus protégés de France. Ils sont aussi le lieu privilégié des randonneurs en quête de nature, d’aventure et de nuits à la belle étoile. Ces espaces sauvages sont aussi les derniers espaces où vive une faune sauvage libre et rare : ours, loups, lynx, etc., … Quelques villages typiques, aux maisons et abris faits de matériaux traditionnels et locaux ponctuent ces paysages verdoyants faits de collines, de montagnes, de gorges et de vallées profondes, … Parfois, on trouve aussi d’imposants promontoires fortifiés sur lesquels se dessine la silhouette d’un château, d’une forteresse ou encore d’une abbaye :

Sur les routes de Compostelle

Il existe plusieurs voies de passage pour se rendre à Saint-Jacques-de-Compostelle. On décompte ainsi quatre grands itinéraires balisés avec le signe de la coquille Saint-Jacques. Ces routes parcourent des paysages naturels variés ponctués de site patrimoniaux et religieux témoignant de l’histoire du pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle qui s’est développé dès l’époque médiévale. Aujourd’hui, les chemins sont reconnus au patrimoine mondial de l’UNESCO. Ce avec une sélection de sept tronçons et 71 monuments qui présentent un intérêt architectural, historique et culturel. En effet, les routes de Saint-Jacques sont ponctuées de villages et de points d’étape où l’architecture livre ses trésors locaux et traditionnels et rappelle la spiritualité du pèlerinage sous ses aspects matériels.

L’Abbaye Sainte-Foy de Conques est par exemple qualifiée « d’église de pèlerinage » du fait de sa vocation à l’accueil des pèlerins. Cette vocation d’accueil est d’ailleurs visible dans la structure même de l’édifice. En effet, les reliques de Sainte-Foy, préservées dans un imposant reliquaire à l’effigie de la Sainte, en bois recouvert d’or, attiraient de nombreux pèlerins. Elles firent du site un point d’étape majeur des chemins. L’église dû donc être configurée tout spécialement pour permettre la bonne circulation des fidèles autour des reliques. C’est pourquoi le plan de l’église romane adopta un chevet à chapelles rayonnante. Ce modèle inspira de nombreux autres édifices romans d’Auvergne mais également :

  • Saint-Martin de Tours ;
  • Saint-Martial de Limoges ;
  • Saint-Sernin de Toulouse ;
  • Saint-Jacques-de-Compostelle lui-même.

La route Sud qui relie Arles au célèbre lieu de pèlerinage permet, quant à elle, de découvrir l’Abbatiale de Saint-Gilles classée au patrimoine mondial de l’UNESCO ou encore la Cité épiscopale de Lodève labellisée Ville d’art et d’histoire.

Avec un budget moyen par jacquet de 45 € et une fréquentation de plus de 61 000 randonneurs accueillis à St Jean Pied de Port, l’attrait des GR jacquaires est indéniable tant pour les collectivités traversées que pour les gestionnaires de sites patrimoniaux.

La fréquentation des chemins de Saint-Jacques est en constante augmentation. En 2023, ces chemins ont accueilli 445 397 randonneurs, soit une hausse de 28,1 % par rapport à 2019. En outre, la richesse patrimoniale, spirituelle et naturelle des sites par lesquels passent ces chemins attire des randonneurs du monde entier. La France ne figure même pas dans le top 3 des nationalités représentées: on trouve en majorité des Espagnols, puis des Américains, et enfin des Italiens. Les Français arrivent à la 6e place.

Conclusion

Les GR de France sont donc une excellente manière de découvrir le patrimoine architectural français. A pied, à cheval ou en vélo, ils permettent d’allier l’activité sportive à la découverte du patrimoine naturel, de la biodiversité, des terroirs, des architectures locales, etc., …

Au détour d’un sentier se découvrent ainsi une forteresse médiévale dominant la vallée, un mas provençal ou un château Renaissance des bords de Loire. Alors que s’étendent, le long du chemin, d’anciennes fermes et villages traditionnels, une écluse barre une rivière et plus loin, d’anciens fours à chaux, vestiges industriels, habillent le ciel de leurs élégantes cheminées de briques rouges. Depuis l’orée d’une forêt, on peut contempler un vieux moulin à vent brassant l’air de la plaine tandis qu’enjambant une vallée, un aqueduc romain élève ses arcades. Tout au long des grands chemins de randonnée, les paysages et patrimoines architecturaux se succèdent et révèlent chacun les typicités des régions et des territoires : une belle manière de découvrir des sites patrimoniaux d’exception.

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