Comment choisir ses outils de gestion hôtelière ? Hephata a rencontré Colas Guyonnaud, fondateur de Châteaux Expériences. Le gestionnaire de la marque Rêve de Châteaux nous explique.
L’important à retenir dans cet article :
Colas Guyonnaud est un entrepreneur hors du commun. Depuis près de 7 ans, Colas développe une vision du marché du patrimoine privé innovante.Il invite à penser autrement la façon de gérer des activités d’accueil, depuis la façon de communiquer, jusqu’à la façon d’accueillir ses visiteurs.
C’est autour des outils déployés par les deux sociétés que Colas s’exprime. Il apporte une motivation ambitieuse à tous les propriétaires qui se risqueront à la lire. Il cherche à répondre à cette question que chaque propriétaire se pose : comment choisir ses outils de gestion hôtelière ?
Quelle est ton activité ?
Pour résumer, avec Châteaux Expériences , notre activité initiale, nous gérons des châteaux pour le compte des propriétaires. Les propriétaires interviennent rarement et nous font confiance. Pour eux, nous offrons un service « clé-en-main ». Le propriétaire « ne fait rien ». Nos équipes s’occupent de toute la gestion d’accueil de publics (chambres d’hôtes, séminaires, locations saisonnières, mariages) de A à Z. Rêve de Châteaux est un outil. C’est une plateforme, qui permet aux propriétaires de gérer eux-mêmes leurs activités (séminaires, visites, mariages…). Ils peuvent communiquer sur ces dernières et gérer directement leurs réservations et paiements.
Donc pour résumer l’ensemble de nos actions :
• En amont, nous pouvons conseiller sur les activités que les propriétaires peuvent développer dans leurs châteaux, mais aussi sur la façon de les promouvoir ; • Puis, nous gérons les réservations de A-à-Z… Très concrètement, il s’agit presque de services de « conciergerie ». Nous sommes rapidement opérationnels pour les réservations, les paiements, les contrats, la gestion des informations de dernière minute et l’accueil sur place…; • Enfin, nous pouvons aussi accompagner le recrutement et la formation de l’intendant, c’est-à-dire la personne sur place qui accueille les gens. Nous pouvons également réaliser des sites internet pour des châteaux ou les améliorer.
Finalement, sur quel périmètre d’activités te considères-tu (distribution, communication, entretien…) ?
Nous nous occupons des activités de séjours, de chambres d’hôtes, de locations, de privatisations de châteaux… donc nous nous devons d’être présents sur tous les périmètres d’activité de la chaine de valeur, depuis la distribution à la communication en passant le calendrier, la gestion des espaces…
Comment es-tu organisé sur chaque activité ?
On peut distinguer différents niveaux d’organisation :
La communication Pour la communication, nous distribuons d’abord sur les sites de Châteaux Expériences et de Rêve de Châteaux puis sur certains canaux pertinents comme d’autres plateformes : soit connues (Airbnb) soit celles des partenaires (Wedding Planner…). Mais nous avons peu d’activités sur les réseaux sociaux, car pour 3000 personnes qui utilisent la plateforme, il y a seulement 300 followers Facebook par exemple !
La gestion des réservations Ensuite, il y a un processus de négociation, avec des échanges téléphoniques ou de mails, et une gestion des réservations. Cette fonction de conciergerie et de services prend du temps. Il faut être présent s’il y a un problème pendant le séjour et nous nous renseignons si cela s’est bien passé.
A la fin, nous les conseillons d’en parler autour d’eux, sur de multiples canaux. Il s’agit d’un certain nombre d’actions menées toujours en relation avec le propriétaire.
Les services complémentaires de distribution aux propriétaires Par ailleurs, le fait de récupérer la gestion de Rêve de Châteaux a pour objectif d’apporter des outils aux châtelains afin qu’ils puissent tout gérer eux mêmes à travers la plateforme. L’objectif est d’avoir un canal puissant. Le fait de rassembler tout le monde sur un seul site favorise la visibilité de chacun. C’est une logique nouvelle que nous proposons. En effet, sur le marché des châteaux, tous les logiciels de gestion sont séparés par activité (chambres d’hôtes, mariages…). Nous voulons instaurer un système avec un calendrier par produit que le propriétaire veut vendre et un calendrier pour synchroniser le tout.
Quels outils utilisez-vous pour gérer chacune de vos activités (distribution, communication, gestion des espaces, calendrier, trésorerie, gestion RH…) ?
La distribution Nous utilisons Rêve de Château, les sites des châteaux et l’ensemble des sites et plateforme existantes (Airbnb, Booking, etc). Mais ces dernières ne sont généralement pas appropriées aux propositions des propriétaires de châteaux ou de manoirs : les montants ne sont pas comparables, les prestations attendues sont plus importantes…
Les réservations Pour Châteaux Expériences, nous utilisons principalement un logiciel de PMS (il s’agit d’un système de gestion des établissements hôteliers « Product Management System » qui gère les réservations et le système de facturation), pour gérer les réservations car il permet de rentrer toutes les informations et de suivre les actions. Par exemple, les informations de réservation (dates…), le paiement en deux temps (un acompte et un solde), les mails (pour le solde, la caution…). Il s’agit de l’équivalent des logiciels qu’utilisent les hôtels pour gérer leurs chambres. Ainsi, il est aussi possible de tenir informer les propriétaires de ce qu’il se passe dans leurs demeures, les missions de l’intendant… Cela orchestre le tout.
Pour Rêve de Châteaux, les réservations se font à travers le site. Libres aux propriétaires d’y insérer leur propre logiciel de suivi.
La communication Essentiellement, elle se fait à travers l’envoi d’une Newsletter mensuelle et des publications sur les réseaux sociaux (principalement Instagram et Facebook).
La gestion RH Etant donné la variété des sujets à traiter, mais aussi des spécificités liées à chaque domaine, nous avons différentes formes de gestion. En direct, avec le téléphone, mail ou en étant sur place ; ou en indirect via les outils de la plateforme…
Combien êtes-vous au sein de l’équipe ? Travailles-tu seul ou en équipe pour assumer l’ensemble de ces fonctions ?
Nous sommes trois à temps plein, un sur chaque site et moi même qui en dirige deux. Il y a également des consultants extérieurs qui nous apportent de l’aide ponctuellement (pour le développement internet, la communication…).
Selon toi, qu’est-ce qui est le plus important et que tout propriétaire devrait avoir ?
En fait, cela dépend de ce que le propriétaire veut faire, si c’est une petite ou une grosse activité, il y a différentes formules (louer de temps en temps, des activités culturelles…).
Il faut bien réfléchir à ce qu’il peut faire chez lui, ce qu’il veut faire, les ressources qu’il est prêt à mettre et en fonction, s’équiper d’un certain nombre d’outils (site internet, réseaux sociaux…).
Cela devient compliqué s’il n’y a personne pour gérer derrière, c’est pourquoi il faut une plateforme claire et utile comme Rêve de Châteaux ou bien un gestionnaire « clé-en-main » comme Châteaux Expériences.
La réalité virtuelle au service du parcours de visite. Hephata s’est penché sur l’exemple des châteaux de Nemours et de Chamarade.
L’important à retenir dans cet article :
Les nouvelles technologies permettent de développer votre offre et vos publics. La réalité virtuelle et la réalité augmentée se développent et s’affirment comme de nouveaux outils de médiation efficaces et divertissants, qui plaisent et attirent de nouveaux publics. Les musées comme les châteaux s’emparent de ces dispositifs pour faire vivre à leurs visiteurs une véritable expérience au cœur de leur histoire. Par ailleurs, ils peuvent bénéficier d’aides apportées par la région, des DRAC, ou dans le cadre d’appels à projets.
Vous pouvez vous démarquer en proposant une expérience originale.
Dans cet article, vous trouverez : – Deux études de cas avec leurs contextes et leurs résultats et leurs modes de financement – Les avantages et points d’attention liés à la mise en place de ce type d’outils – Quelques exemples de prestataires
Réalité virtuelle / réalité augmentée, quelle différence ?
La réalité virtuelle plonge l’utilisateur dans un univers en trois dimensions dans lequel il peut être possible de se déplacer et d’interagir, tandis que la réalité augmentée enrichit le réel d’éléments 3D que vous pouvez également manipuler. La principale différence est qu’avec la réalité virtuelle vous êtes entièrement coupés du réel, ce qui n’est pas le cas de la réalité augmentée.
Le choix de l’utilisation de l’une ou de l’autre dépend de l’expérience que vous souhaitez construire.
Exemple de l’utilisation de la réalité augmentée au Domaine de Chamarande (Essonne)
Le contexte
Le domaine de Chamarande en Essonne a conduit une expérience de réalité augmentée dans son château du 1er septembre au 4 novembre 2018 pour valoriser son histoire de manière originale. Intitulé « Chamarande à travers les âges », le dispositif conçut par l’équipe du musée et la startup française Realcast (incubée à la Station F à Paris) permet de se mettre dans la peau d’un bâtisseur pour reconstituer les principales étapes de la construction du domaine, du château et des jardins, du XVIIe siècle au XXIe siècle.
Le produit
Equipé d’un casque HoloLens et installé dans une galerie du château, l’expérience se joue seul ou à plusieurs. L’aventure dure 15 minutes et nécessite la présence d’un médiateur pour équiper les visiteurs de casques et leur communiquer les instructions nécessaires au bon déroulement du jeu. La mission consiste à trouver les dates cachées à divers endroits de la pièce pour replacer les éléments de construction autour de la maquette holographique du Domaine.François Miron, le premier propriétaire de l’actuel château, viens en aide aux joueurs pour les aider à trouver les dates tout en racontant l’histoire du domaine décomposée en différentes séquences interactives.
Les résultats
Aurélie Gros, Vice-présidente déléguée à la Culture, au tourisme et à l’action internationale en Essonne, indique que « l’expérience est une réussite et a reçu un excellent accueil du public. Outre le divertissement, l’immersion permet de découvrir le domaine dans son intégralité, ce qui facilite la visite par la suite. En devenant acteur, le visiteur mémorise mieux le contenu pédagogique qui lui est délivré ».
Exemple de l’utilisation de la réalité virtuelle au château de Nemours (Seine-Maritime)
Le contexte
Depuis le 14 octobre 2018, le château de Nemours propose un film immersif 360° avec son immersif en réalité virtuelle. Il permet de plonger le public au cœur du XIIème siècle afin de lui faire découvrir l’histoire du château. La visite se fait en compagnie Gauthier de Villebéon (1125-1205), fondateur du château et de la ville de Nemours et Premier Ministre de deux rois de France.
Les besoins liés à la production
La réalisation du film VR de 4 minutes a nécessité l’intervention de plusieurs acteurs :
– La société de production Phare Ouest a filmé les lieux. – L’agence 17 mars a réalisé la modélisation graphique et la reconstitution d’une partie des décors d’autrefois. – L’équipe Live Drone s’est occupée des prises de vues aériennes par drone. – Enfin l’association La geste de l’Hurepoix a fait appel à un acteur pour endosser le rôle de Gautier de Villebéon.
Les soutiens financiers
Pour ce projet, le château a reçu le soutien financier de la DRAC d’Île de Francedans le cadre d’un appel à projet autour d’applications et de dispositifs culturels numériques innovants. Sur les 36 000€ nécessaires au lancement du projet, la DRAC a contribué à hauteur de 15 000€.
Intérêts et avantages de l’utilisation de la réalité virtuelle ou augmentée pour un château
Rendre accessible l’inaccessible
Ces technologies peuvent permettre de faire visiter des espaces habituellement fermés au public pour raisons de sécurité ou de compenser l’inaccessibilité de votre château au public en situation de handicap moteur.
Rendre visible l’invisible
Ces projets peuvent permettent de palier à l’absence de mobilier dans certaines pièces ou partie du château en présentant une reconstitution 3D. Il est possible par exemple de faire apparaître des tableaux aujourd’hui disparus (perdus ou volés) ou encore montrer le site comme à différentes époques.
Pallier à la fermeture périodique du château
Il est possible d’exporter un dispositif de réalité virtuelle. Par exemple en le proposant à l’office du tourisme ou aux écoles. Ainsi, l’expérience permet de continuer à faire visiter virtuellement votre château durant les périodes de fermeture au public. En revanche, une expérience de réalité augmentée ne peut pas être nomade de la même façon, puisqu’elle est conçue dans et pour un lieu spécifique.
Proposer une offre de médiation originale
Les nouvelles technologies telles que la réalité virtuelle ou augmentée présentent un réel intérêt en matière de médiation et d’usage. Elles permettent d’inscrire votre monument dans la modernité, de valoriser son histoire et ses collections. Vous pouvez ainsi développer l’offre d’activités proposées dans votre château et attirer de nouveaux publics. Elles sont également un atout pour votre communication.
Communiquer et améliorer son image de marque
Les technologies comme la réalité virtuelle et augmentée permettent d’inscrire votre château dans la modernité, et se faisant, de contribuer à son image de marque et à sa notoriété. Vous pouvez vous servir de ces outils pour communiquer sur vos réseaux sociaux en affichant votre différence. Une visite virtuelle sur votre site peut également donner envie aux visiteurs de se rendre sur place.
Surprendre les visiteurs
Ces outils sont très appréciés des visiteurs qui cherchent de plus en plus à vivre des expériences immersives et innovantes au cours de leur visite. Si l’intérêt ludique est évident, ces outils apportent également un véritable supplément pédagogique. En devenant acteur de son expérience, l’utilisateur mémorise mieux les informations qui lui sont délivrées.
Questions à se poser avant de se lancer dans la réalité virtuelle ou augmentée
Ces projets représentent encore un investissement financier important, et il est donc important de se poser les bonnes questions avant d’investir du temps et de l’argent :
– Pourquoi proposer une offre de médiation numérique ? Qu’est-ce que je souhaite montrer, valoriser, expliquer ? – Quelle sera la valeur ajoutée ? – Ce type de projet est-il en adéquation avec mon positionnement ? – Suis-je capable de promouvoir efficacement mon projet ?
Le numérique ne doit pas se présenter comme un simple gadget superflu, il doit être employé lorsqu’il permet de faire quelque chose qu’on ne peut faire autrement.
Le fonds de dotation : un outil avantageux pour financer le patrimoine
L’important à retenir dans cet article :
Si les associations et les fondations sont bien connues pour mener à bien des projets de financement pour le patrimoine, le droit français s’est doté d’un nouvel outil. Il a le mérite, dans un système administratif lourd, d’être souple et très avantageux.
Le fonds de dotation se positionne au carrefour des avantages de l’association et de la fondation reconnue d’utilité publique.
Un outil de financement récent et inspiré
Les fonds de dotations sont créés en 2008 par la loi de modernisation de l’économie. Cousins des endowments funds américains, l’utilisation de ces fonds a pour vocation le financement de missions mais aussi d’œuvres d’intérêt général. De droit privé, le fonds de dotation peut recevoir tous biens de toute nature. Ces revenus (dons, legs, biens…), une fois capitalisés, sont utilisés pour financer un objectif présentant un intérêt philanthropique, éducatif, scientifique, social, humanitaire, sportif, familial ou culturel. L’objet peut également concourir à la mise en valeur du patrimoine artistique, la défense de l’environnement naturel ou la diffusion de la culture, de la langue et des connaissances scientifiques françaises.
L’incroyable succès des fonds de dotation en France
Aujourd’hui, dix ans après leur création par la loi du 4 aout 2008, le bilan des fonds de dotation est très positif. Plus de 3 000 fonds de dotation ont été créés. Les modifications apportées par un décret en 2015 ont renforcé le cadre législatif du fonds de dotation. L’obligation d’un investissement initial de 15 000 euros en est un bon exemple. Cela n’a d’ailleurs pas entravé le succès fulgurant de ce nouvel outil de financement.
Ainsi, le patrimoine a su tirer parti des fonds de dotation. Ils ont d’ailleurs été initialement créer par le ministère de l’Économie et des Finances. L’objectif était de répondre aux besoins d’une structure financière pour la « franchise » du musée du Louvre à Abou Dabi…
Le patrimoine est donc au cœur de ces évolutions. De nombreux fonds de dotation ayant pour vocation la sauvegarde patrimoniale existent déjà. D’autres continuent à se créer, à l’initiative de personnes privées, d’associations, ou encore de collectivités publiques. Ces dernières ont également vu l’intérêt d’utiliser un fonds de dotation pour permettre aux dotations privées de conserver la maîtrise. Une gérance qui passe par le conseil d’administration du fonds.
Comment créer un fonds de dotation ?
Le fonds de dotation se distingue notamment de la fondation par sa facilité de création. Une personne physique ou morale privée ou publique peut créer un fonds de dotation par une déclaration faite en préfecture et une publication au Journal Officiel. La rédaction des statuts est d’ailleurs assez souple. Mais lorsqu’il s’agit d’affectations de patrimoine de manière irrévocable et gratuite, comme dans le cas d’une donation, il est vivement conseillé de rédiger un acte authentique pour formaliser la création du fonds. Depuis 2015, une dotation immobilisée de départ de 15 000 euros est demandée pour la création d’un fonds.
Pourquoi créer un fonds de dotation ? Quels en sont les avantages ?
Le fond de dotation est fiscalement avantageux
Le fonds de dotation bénéficie du régime fiscal du mécénat. Les dons (numéraires, valeurs mobilières, droits immobiliers – en pleine propriété ou démembrés – droits d’usufruit, notamment temporaire) des particuliers ou des entreprises sont affectés au fonds qui a lui-même un objet d’intérêt général. La fiscalité avantageuse de mécénat trouve à s’appliquer. Tout affectation au fonds de dotation donne droit à des réductions d’impôts. 66 % du montant des sommes affectés dans la limite de 20% du revenu imposable pour les particuliers et 60% dans la limite de 5% du CA pour les entreprises. De plus, les dons et legs à destination du fonds de dotation sont exonérés de droits de mutation.
Le fonds de dotation est plus souple juridiquement
Cette fiscalité attractive n’est pas uniquement l’apanage du fonds de dotation puisqu’il s’applique également aux associations et aux fondations. En revanche, le fonds de dotation se distingue de la fondation d’utilité publique par sa souplesse et sa rapidité de financement. La flexibilité de ces outils permet aussi de contourner certaines problématiques de transmission et de gestion d’un monument historique.
Le fonds de dotation favorise la transmission des biens capitalisés
Ainsi, le placement de l’usufruit temporaire d’un château dans le fonds de dotation, sur une certaine durée, peut faciliter la transmission du bien in fine, en bénéficiant du régime avantageux en matière de droits de mutation qu’offre le fonds de dotation. Ce placement pourrait d’ailleurs, avec le temps, alléger les droits de succession grâce au démembrement de la propriété. Ce démembrement permettra un rachat plus facile des parts de la nue-propriété entre les héritiers.
Le fonds de dotation permet le financement direct de projets de restauration du patrimoine
Le fonds de dotation apparaît comme un outil de financement très utile pour le patrimoine aujourd’hui. S’il est très souvent utilisé pour la restauration et l’entretien, il peut aussi l’être pour le développement d’activités. Il est rare en droit français de pouvoir bénéficier d’autant de souplesse et de liberté pour la création et la gestion d’une telle structure. Il serait donc dommage de ne pas profiter avant qu’un vent de réformes vienne encadrer plus strictement le fonds de dotation.
Comment distinguer un fonds de dotation d’une association ou d’une fondation ? Quelles sont les différences à connaitre pour choisir la bonne structure fiscale ?
Les fonds de dotation, au carrefour des avantages de l’association et de la fondation d’utilité publique.
L’association est un groupement de personnes qui défend un objectif d’intérêt général.
La fondation d’utilité publique est une entité qui regroupe des biens affectés à un but d’intérêt général et non lucratif. Néanmoins, sa dotation initiale, pour être reconnue d’utilité publique, doit être d’au moins 800.000 euros. En outre, elle est assujettie à une tutelle administrative contraignante et un contrôle comptable lourd.
Ces deux entités bénéficient donc du régime avantageux de la fiscalité du mécénat pour les dons.
Le fonds de dotation répond au même objectif qu’une fondation, mais bénéficie de la souplesse de constitution et de gestion d’une association sans la contrainte d’une tutelle administrative.
Ci-dessous, un tableau comparatif résumant les spécificités des différentes formes juridiques :
Quelques exemples de fonds de dotation dans les châteaux :
Plusieurs châteaux possèdent aujourd’hui leurs propres fonds de dotation. C’est le cas notamment des château de la Bussière, de Panassou, de Vendeuvre, du château Royal de Montargis ou encore du fonds de dotation pour le rayonnement des châteaux de la Loire… Tous ces fonds, créés à l’initiative des propriétaires, d’associations ou encore de collectivités, permettent de financer la restauration, l’entretien ou le rayonnement de ces sites.
Le célèbre château de Thoiry a, en 2009, choisi de créer deux fonds de dotations (l’un pour le château et l’autre pour la parc zoologique). Ces deux entités permettent de répondre aux problématiques financières des deux structures. Elles participent indirectement à la réussite et à la pérennité de Thoiry.
Il est donc important de longuement réfléchir au choix de sa structure juridique, qui sera essentielle pour qui souhaite assurer le succès d’un projet pour son monument…
Organiser un festival éléctro : quelles étapes ? Voici l’exemple de Château Perché.
L’important à retenir dans cet article :
Samy el Moudni, tout droit sorti d’école de commerce, s’est lancé dans la folle aventure de l’organisation de festivals dans les châteaux.
En préparation de la 5ème édition, il accepte de livrer quelques-unes de ces clés, conscient de la difficulté des propriétaires à développer de tels événements chez eux !
Avec lui, vous découvrirez l’organisation humaine et calendaire, les parties prenantes à intégrer, les contraintes et les impacts réels d’une telle organisation.
Samy a commencé à travailler avec des châteaux en 2015 lorsque son association Perchépolis, s’est lancée dans le projet château perché : « Nous cherchions dès le début à attirer la « vibration berlinoise » en Auvergne pour offrir aux Auvergnats un festival d’une qualité à la hauteur des meilleurs du genre européens ! Pour cela, nous avons pensé qu’il nous fallait un lieu hors pair… et, comme les volcans étaient trop compliqués nous, nous nous sommes naturellement tournés vers les châteaux. C’est là que tout a commencé !
Activité et organisation humaine et calendaire
Concrètement, qu’est-ce que tu organises en tant qu’organisateur d’événement ?
Concrètement, le château perché est un festival organisé sur 3 à 4 jours, constitué de multiples scènes de musique – principalement électroniques, mais on y trouve aussi du jazz, du classique… – et des ateliers en tout genre qui permettent de donner aux festivaliers des instants particuliers.
Nous aimons leur apporter le sentiment de liberté, favoriser la rencontre et permettre de savourer différents types d’arts.
Nous sublimons aussi le lieu grâce à une multitude de décorateurs et de scénographies, de chefs lumière afin que l’endroit devienne totalement féerique.
Tout cela demande une organisation, en plus des aspects plus logistiques (s’assurer de la présence alimentaire sur place, les douches, préparer la gestion des flux, les sujets de sécurité…)
Quelles sont les grandes actions à mener pour l’organisation de 11 concerts de 6000 personnes par jour dans un château ?
Il faut une équipe expérimentée pour une telle jauge.
Il faut tout organiser de A-à-Z, depuis la recherche de l’artiste jusqu’au technicien de l’équipe de sécurité, en passant par les bénévoles…
D’abord, il faut fixer l’objectif de date et d’évènement, de nombre de personnes, etc avec les institutions (préfecture, gendarmerie, mairie…).
Puis il faut annoncer une date et prévenir la presse.
Il faut ensuite prévenir les amis et les proches qui nous soutiennent pour entamer une campagne de recrutement de bénévoles et bien mélanger l’ensemble pour faire prendre la mayonnaise.
Puis en parallèle, il y a l’organisation pure et dure !
Concrètement, quelle a été ton organisation humaine pour le faire au château d’Avrilly en 2018 ?
Pour cette édition à Avrilly, nous étions environ 6 à l’année pour nous occuper de tous ces dossiers.
En amont de l’événement, de nouveaux managers arrivent, le recrutement des bénévoles se fait, puis nous organisons un plan de montage pour les techniciens qui ont tous une feuille de route.
Il faut environ une centaine de manager et techniciens pendant une semaine sur place. Pour le démontage, il suffit d’être une trentaine de personnes bien motivées et de disposer des bons outils pour pouvoir libérer le lieu en moins d’une semaine.
Les parties prenantes
Qui sont les parties prenantes publiques ? Quand leur parler ? Comment les impliquer ?
D’abord, il y a la mairie, puis les autorités de police compétentes, la préfecture, le SDIS, la gendarmerie, les secours, la direction routière…
À notre échelle c’est la préfecture qui prend en charge la coordination de toutes ces institutions. À savoir qu’elle communique avec chacune d’entre elles et qu’elle s’assure de la bonne construction du dossier de sécurité qui lui est remis par nous !
Il faut bien respecter toutes ces institutions qui donnent tout au long de l’année des conseils pour que l’événement se passe au mieux dans de bonnes conditions sanitaires et de sécurité.
Il faut les contacter 8 mois avant environ.
Qui sont les parties prenantes privées ? Quand leur parler ? Comment les impliquer ?
Les parties prenantes privées sont surtout des fournisseurs de matériel en tout genre tels que : – le matériel électrique et la lumière – la sonorisation – les barrières – les toilettes
Ce sont aussi la famille des propriétaires qui accueillent, les voisins… : tous doivent être impliqués le plus tôt possible dans le processus afin que la préparation soit fluide.
Contraintes
Y a-t-il des sujets particulièrement complexes à connaitre, propre au MH ou non, et que tu as dû traiter ?
Oui, la législation sur les bâtiments et les normes ERP. Pour le reste, c’est le dossier de sécurité à déposer auprès de la préfecture qui aide à traiter correctement l’ensemble des sujets !
Impacts et retombées
Quelles retombées (financière, image, notoriété etc) pour le propriétaire accueillant l’événement ?
Pour le propriétaire, le gain est aujourd’hui estimé entre 10 et 35k € en flux financier réel, en fonction du projet développé.
De facto, cela rajeunit l’image du château et cela donne une visibilité énorme, surtout chez les jeunes adultes. En effet, Château Perché fait plusieurs millions de vues par an sur ses réseaux.
Quels autres objectifs poursuis-tu?
Nous aimerions que les gens repartent de notre festival le plus ouvert d’esprit possible, plus respectueux de leur prochain et de leur environnement. Nous essayons d’apporter un cadre qui les bonifie au quotidien.
Quel impact pour le territoire ?
Pour les environs : le tourisme est boosté, plusieurs centaines de milliers d’euros sont dépensés dans le territoire où l’évènement a lieu, directement lorsque nous travaillons avec des professionnels de la région, et indirectement lorsque nos festivaliers s’installent dans les hôtels alentour, consomment dans les restaurants ou visitent les lieux !
L’image du territoire aussi est rajeunie !
Ton conseil
Comment les propriétaires pourraient, selon toi, se « simplifier la vie » dans leur organisation événementielle ?
Prévenir la mairie locale en amont et entretenir de bonnes relations avec celle-ci me semble primordial !
Ensuite, il faut prévoir une petite présence sur place en amont et avant l’événement, ou apprendre à déléguer à un employé.
Le gros bonus est d’organiser une rencontre entre organisateurs et habitants voisins du château. Cela évite les conflits lors de la réalisation du festival dont le son peut porter assez loin !
Quels événements conseilles-tu d’organiser à des propriétaires pour avoir des répercussions positives sur les territoires et la sphère culturelle ?
Des festivals sur n’importe quelle thématique, des escapes games, des séminaires alternatifs, des colonies de vacances pour adultes… tout est imaginable…
Un AMO inspiré et spécialisé dans le patrimoine historique
L’important à retenir dans cet article :
Ronan Le Roscoët, assistant à maîtrise d ouvrage dans le domaine du patrimoine et gérant de Pierre de Liens, est un passionné de patrimoine depuis son cursus d’ingénieur bâtiment à l’ESITC Paris. Après une orientation dans le domaine de la restauration du patrimoine, concrétisée par une première expérience professionnelle au sein du groupe Lefèvre (aujourd’hui Aurige), puis 8 années au Centre des Monuments Nationaux, il s’est formé à d’autres pratiques que celles de la France pour apporter une vision complémentaire.
Dans cet article, vous trouverez des éléments concernant : – La problématique de la protection du patrimoine en Inde et en Chine (implications touristiques, architecturales…) – Le rôle indispensable des acteurs privés et leur marge de manœuvre – Des directions qui pourraient être pensées pour la France
Introduction
« Pour plusieurs raisons sans doute, je me suis retrouvé dans le monde du patrimoine. Mais la première, et la plus importante, est sûrement mon environnement familial… depuis que je suis en âge de marcher, ou de porter un costume breton ! Par les choix de voyages et de visites, lors de vacances, ou encore, plus inconsciemment peut être, par ma sensibilité au travail artisanal de la matière, peut-être transmise par mon grand-père qui était menuisier, je me suis forgé une sensibilité au patrimoine. »
Concrètement, pourquoi as tu fais ton voyage en Asie (en Chine, au Népal, en Inde et en Iran) et que cherchais-tu ?
Un pressentiment trottait dans ma tête depuis longtemps, mais le déclic est venu d’une seule expression, prononcée par Alain Marinos, « aujourd’hui, le Sud parle au Sud », c’était le 06 février 2016 !
Au cours de cette conférence, il expliquait que beaucoup de choses évoluaient dans le monde, en termes d’approches et de pratiques patrimoniales. Il ne s’agissait pas d’un Sud géographique, mais plutôt des pays développés occidentaux, par rapport aux pays encore considérés comme « émergents », sud-américains ou asiatiques.
Ceci, combiné avec 2 constats personnels : • Le manque d’ouverture française vers les pays d’Asie, traduite par une couverture quasi absente de l’actualité asiatique, sortie des scandales climatiques, ou caricatures de productivismes industriels, de pollution… • Un deuxième, vis-à-vis de la position conservatrice que nous pouvons avoir en terme de restauration patrimoniale…
Je cherchais à connaître d’autres relations que pouvait entretenir une civilisation à la notion de « Patrimoine ». J’ai pour cela cherché où celles-ci pouvaient être réellement différentes, sans parcourir des distances trop ‘’importantes’’. Le choix de la Chine, de l’Inde et de l’Iran, 3 civilisations majeures, s’est vite imposé. Ma volonté était également de comprendre comment avait pu évoluer la situation dans ces pays depuis les années 1830, début des politiques de protection du patrimoine en Europe, qui coïncide justement avec la présence coloniale occidentale dans ces régions orientales.
Il semble que tu aies été marqué par une notion de « protection patrimoniale » différente en Inde ou en Chine. Peux-tu nous en dire plus ?
L’absence de protection en Inde
En Inde, l’un des premiers constats, d’un point de vue patrimonial, est l’absence de protection sur le patrimoine privé.
Cela a pour conséquence de ne pas figer l’histoire, et d’éviter une muséification que l’on peut quelques fois regretter en France . Vis-à-vis des édifices religieux, une protection entraine un arrêt du culte, puisque le bien devient propriété de l’Etat.
Exemple
J’ai été moins touché par le Taj Mahal, ou les temples de Khajurâho, classés au patrimoine mondial de l’Unesco, aux pelouses tirées au cordeau, agents de sécurité ou barbelés, interdisant l’accès aux habitants, que par un temple décrépi et souillé par fumées et cires de bougies mais « habités » par les fidèles, dans lequel résonnent les mantras, ou par un fort du Rajasthan s’autorisant des ajouts assumés, et non tranchés architecturalement (cf. charte de Venise), mais souhaitant y faire vivre les traditions indiennes, de musique, danse, ou encore gastronomie.
Les répercussions de la protection du patrimoine sur les sites et sur le tourisme Il est clair que la question des protections, qu’elles soient nationales ou internationales, et qui est souvent calquée sur la vision occidentale conservatrice, est un vrai problème dans ces pays aux populations aussi nombreuses.
La simple obtention d’un label Unesco pour un site historique en Chine, d’autant plus s’il est géré par des entreprises privées, peut conduire à de vrais désastres en matière de conservation puisqu’il est le point de départ de l’arrivée de millions de visiteurs en quelques mois. Ci-dessous, l’exemple des jardins de Suzhou.
La gestion d’un site Unesco en Inde, relevant de l’Etat, tel que le site d’Hampi, ne garantit pas de la qualité des travaux de conservation, au contraire.
Ces constats m’auront finalement incité à m’éloigner, au fur et à mesure du voyage, des sites les plus reconnus, Unesco ou non, pour me concentrer sur les rencontres des acteurs du patrimoine . Le caractère informel de mes échanges m’a permis de recueillir des points de vue personnels, sans langue de bois, depuis un directeur de l’Unesco, jusqu’aux artisans sur leurs chantiers, ou membres de communauté au pied des temples.
Le modèle indien et les parties prenantes
Voici quelques exemples d’acteurs aux rôles différents mais importants que j’ai pu rencontrer pour étayer ma vision. En Inde, Aman Nath , écrivain et co-fondateur de la chaine de palaces Neemrana hôtels. Il m’a fait découvrir à l’occasion d’une visite de chantier, le premier fort qu’il a restauré et ouvert il y a 25 ans dans le Rajasthan. Ou encore, Aishwarya Tipnis , architecte très engagé sur des projets de restauration de Patrimoine. A.G Krishna Menon un des membres fondateurs de l’INTACH et plusieurs autres membres de sections nationales ou locales. Mais aussi Abhay Mangaldas ou Ravik Patel, tous deux impliqués dans la ville d’Ahmedabad. Enfin, Raphaël Gastebois , architecte des bâtiments de France, actuellement en poste dans le Sud de l’Inde, à Pondichéry, pour développer le concept de Smart City.
Le modèle patrimonial de l’Inde…
Le modèle indien est la combinaison de 2 systèmes, révélateur de deux approches différentes. Avant toute chose, le secteur privé est beaucoup plus libre d’agir comme il ne souhaite.
L’Archeological Survey of India (ASI)
D’un côté, il y a l’Archeological Survey of India (ASI) , l’équivalent du ministère de la Culture, qui gère uniquement des monuments publics. Son organisation et ses méthodologies d’action sont l’héritage de la présence anglaise jusqu’au début du XXème siècle. Elles s’inspirent donc des doctrines de préservations occidentales. Les monuments dont il a la charge sont protégés, tel que pourrait l’être un monument inscrit ou classé au titre des monuments historiques en France. C’est-à-dire qu’aucune transformation n’y est autorisée. L’avantage est qu’ils bénéficient d’un entretien et d’un suivi réguliers, et d’une bonne conservation (avec quelques exceptions comme vu précédemment). La contrepartie est l’impossibilité de poursuivre l’usage traditionnel du lieu, comme le culte. Les temples relèvent en effet de la sphère privée. Les constructions et l’entretien sont très souvent financés par des mécènes privés, parfois clairement affichés
Concernant les palais prestigieux de l’Histoire de l’Inde, ou d’autres patrimoines privés : ils évoluent encore aujourd’hui, autorisant des adjonctions. Ces lieux poursuivent donc leurs évolutions, avec quelques fois les techniques et matériaux de construction contemporains, ou des techniques traditionnelles. Ils suivent les ressources disponibles (humaines et financières) et la sensibilité des propriétaires… D’autres peuvent être à l’abandon, puisque l’usage a disparu.
Ce patrimoine privé, ne bénéficie ni de la protection ni de l’entretien par l’Etat. Un trust a donc vu le jour en 1984. Il s’agit de L’INTACH : Indian National Trust for Archeological and Cultural Heritage. Cette organisation ont pour mission de mettre sur pied des projets de restauration ou rénovation avec les propriétaires. J’ai rencontrée plusieurs membres dirigeants et j’ai pour projet de faire venir en France afin qu’ils exposent leur travail,
Son but est d’essayer de concilier le respect des traditions et usages locaux, et la protection des bâtiments. Il constate entre autre le caractère trop conservateur et rigide des protections de l’Etat.
Leur doctrine se résume par un terme : « Jeernodharanam ». On peut aussi le rapprocher d’un proverbe indien : Tradition and heritage do not mean to preserve the ashes but to keep the flame alight”. « Tradition et patrimoine ne signifient pas conserver les cendres mais garder la flamme allumée »
Aga Khan Trust for Culture
Il existe d’autres trusts, ceux-ci privés, tels que l’Aga Khan Trust for Culture . Des structures d’ailleurs difficiles à cerner (comme l’INTACH), car n’ayant pas de modèle administratif ou économique en France.
Les autres monuments
Par opposition aux monuments gérés par l’ASI, l’ensemble du patrimoine privé bénéficie de sorts très variables. Lorsque l’usage est maintenu, tel que pour un lieu de culte, la notion de « beautification » est prépondérante. Il est donc important que le lieu soit beau (régulièrement entretenu et recoloré de peintures), perpétuellement objet de rites (supposant la présence de fleurs, de flammes et de cires de bougies…). La vie, la force du lieu, sa symbolique priment avant toute problématique de conservation telle qu’on pourrait les envisager en France.
…applicable en France ?
D’abord, à chacun ses spécificités dont chaque pays doit être le protecteur Ce qui me semble faire la richesse d’un pays, d’une culture, ce sont ces spécificités. Il ne s’agit donc pas de calquer ce qui se fait ailleurs. Avant de dire ce qui serait applicable en France, je voudrais surtout dire que l’on ne devrait pas essayer de faire appliquer aux autres, ce que nous pensons être la bonne règle.
La vision asiatique du patrimoine est différente de la nôtre. Deux raisons peuvent l’expliquer : le rapport à la matérialité et le rapport au temps.
exemple n°1
En Chine, les temples en bois sont nécessairement moins durables. La littérature et la calligraphie ont joué un rôle très important. Le passé vit dans le souvenir, les récits, plus importants que toute réalité matérielle. Cette attitude différente face à la pérennité peut aussi se retrouver dans le rapport à la vie et à la mort. Ce rapport est vécu comme un cycle naturel, différent d’une compétition pour la longévité.
Exemple n°2
Je pendrai ici un exemple marquant d’une équipe d’étudiants italiens et de leur professeur, en voyage d’étude au Népal. Ils souhaitaient apporter une analyse technique des édifices ayant été endommagés ou non, par le tremblement de terre de 2015. Armés de sondes et d’endoscopes, pour ausculter les temples encore debouts suite au tremblement de terre, une réaction du professeur de l’équipe m’avait choqué. Il s’était en effet s’offusqué du fait qu’il ne puisse pas rentrer dans la partie la plus sacrée d’un temple. Il n’avait pas suivi le protocole de demandes nécessaires auprès des autorités locales responsables des rites et de la protection du temple.
Il « venait de loin » et avait « des éléments importants à porter à leur connaissance ». Mais il n’avait peut-être pas suffisamment discuté avec les habitants. Auprès d’eux, il aurait compris que ces tremblements de terre font partie de leur quotidien. Des rites traditionnels existants sont d’ailleurs liés à cette particularité. Le travail des artisans lors des reconstructions successives fait partie du maintien des savoirs faire et des coutumes locales.
Par chance, un petit film le résume très bien, et c’était justement sur ce temple que l’équipe travaillait :
Heureusement, les choses ont changé depuis une quinzaine d’années.Les pays d’Asie ont pu faire avancer leur vision des choses, en particulier sur la notion de patrimoine immatériel.
Quatre directions intéressantes à étudier pour la France
Les niveaux de protection
La mise en place de plus de deux niveaux de protection (inscrit, classé), afin de mieux hiérarchiser les enjeux. Il existe 4 niveaux en Inde et aussi 4 niveaux en Chine. En évitant de concentrer notre vigilance (parfois excessive) et nos moyens financiers, sur quelques monuments uniquement, au détriment des autres.
Cela pourrait se traduire par une plus grande place donnée à l’initiative locale et privée. L’omniprésence de l’Etat en France, dans l’ensemble des secteurs (réglementaire, économique, judicaire…), a je crois tendance à déresponsabiliser la société civile.
La reconnaissance des artisans
Accorder une réelle reconnaissance aux artisans, détenteurs des savoir-faire, patrimoine immatériel encore trop peu reconnu en France.
La reconnaissance plus visible des mécènes
Il faut rendre plus visibles et moins tabous les dons des particuliers et des entreprises. Pour cela, il est nécessaire de transformer la façon dont on nous présente le principe du don, du mécénat. Il ne s’agit pas d’une simple déduction fiscale, mais plus positivement, d’une réelle belle action pour une cause noble, assumée, y compris vis-à-vis du patrimoine religieux, malgré la sécularisation souhaitée de la société.
Renouveler nos réalisations de façon très audacieuse
Fort de 150 ans de politique conservatrice, nous avons accumulé aujourd’hui une qualité patrimoniale indéniable. Pourquoi ne pas ouvrir la possibilité de réaliser des projets audacieux, sur nos édifices classés ou non, d’architecture contemporaine ou non, à l’image du permis de faire de la Loi LCAP ? Laissant réellement une place à la création, l’innovation, l’ambition…
La question des centres-villes anciens : quelle gestion en Inde ?
L’Inde se confronte aux mêmes problématiques que la France concernant sa gestion des centres-villes anciens. Une ville nouvelle (New Delhi), et une ville ancienne (Old Delhi) peuvent réussir à perdurer lorsque l’attachement aux commerces et souks du centre reste fort. Mais il est parfois difficile de maintenir les habitants dans le centre ancien. Ceci provient notamment des problèmes de propriétés et de successions familiales qui ralentissent les travaux nécessaires.
Dossiers fonciers et immobiliers en attente pendant des années, c’est le début de la dégradation… Problématique que j’ai pu aborder dans la ville d’Ahmenabad qui a décidé de mettre en place des incitations fiscales, pour encourager les habitants des quartiers historiques à rester dans la ville.
L’Inde a réellement pris conscience de ces problématiques croisées de développement nécessaire de l’activité en générale mais aussi du tourisme. Un plan national d’étude est en cours dans cette dynamique : « Heritage City Development and Augmentation Yojana », donnant lieu à des études intéressantes.
Conclusion
En Inde est le fonctionnement des religions et la gestion des temples est complexe. Deux mois sur place n’auront pas suffit à approfondir cette problématique, que j’avais un peu commencé à comprendre au Népal. Il s’agit d’un fonctionnement autour de communauté d’individus, chargée de l’organisation des rites et de la protection des temples. Précédemment, j’ai pu exposer des tendances générales, conclusions de mon ressenti et de ma compréhension globale des différentes approches patrimoniales locales. Néanmoins, j’ai pu ressentir la frustration de plusieurs interlocuteurs, vis-à-vis de la lenteur des prises de décisions des autorités locales, disposant pourtant de belles études conduites par des équipes d’architectes ou encore des travaux d’écoles d’architecture. La corruption est un reproche revenant assez régulièrement comme origine des blocages des projets !
Mais enfin, il n’en demeure pas moins que si le modèle indien s’inspire du nôtre, nous pourrions aussi songer à nous inspirer de ce qui se fait ailleurs pour palier à certains manques.
8 campagnes de communication efficaces pour des sites culturels
L’important à retenir dans cet article :
La communication est un enjeu et un défi pour tout site culturel qui souhaite attirer plus de visiteurs et gagner en visibilité. Mais il est difficile de se démarquer dans un secteur très concurrentiel.
Dans cet article, découvrez 8 exemples de stratégies de communication dans le patrimoine historique pour apprendre à : – Communiquer de manière décalée et originale pour se démarquer ; – Impliquer vos publics pour en faire des ambassadeurs ; – Utiliser l’humour pour attirer l’attention ; – Travailler en réseau pour être plus fort ; – Réagir à la critique et la censure ; – Ancrer votre communication dans l’actualité.
1/ La campagne de communication la plus immersive pour promouvoir un projet culturel dans un château
Réalisée en 2013, cette campagne n’est pas toute récente, mais a marqué les esprits. Le musée de la Grande Guerre de Meaux et l’agence DDB Paris ont eu la bonne idée de créer une page Facebook au nom de Léon Vivien, personnage fictif, pour raconter la vie d’un soldat français pendant la première guerre mondiale. L’objectif était de faire revivre aux utilisateurs le quotidien d’un poilu. Si l’histoire est fictive, elle témoigne d’une véritable réalité historique soutenue par des documents d’archives. Ainsi, pendant 10 mois, Léon Vivien a raconté sur Facebook son quotidien dans les tranchées, entre juin 1914 et mai 1915, date de « sa mort ».
Les résultats
Brillamment exécutée, intelligente et sensible, la campagne a connu un grand succès et a très fortement impacté son public. Près de 60 000 utilisateurs Facebook ont suivi le profil. La campagne a connu des moments forts, comme le post annonçant la naissance du fils de Léon Vivien, qui a déclenché près de 3 000 likes. Lors du post final annonçant son décès, ce fut près de 2 000 likes, 810 commentaires et 500 partages, ce qui représente des centaines de milliers de personnes touchées.
Des scores incroyables et un engagement peu commun des utilisateurs ; sur le compte, on peut par exemple lire en commentaire « Prends bien soin de toi Léon, repose-toi aussi et si tu ne peux pas dormir, pense au parfum de ta femme, il t’enverra direct au pays des rêves. On pense bien à toi ici » ou encore « Courage Léon, courage pour ce qu’il te reste à affronter et que tu ignores encore ». La campagne complètement immersive a réussi à impliquer émotionnellement le lecteur dans la vie de Léon.
Le musée de la Grande Guerre a ainsi bénéficié d’un véritable gain de visibilité et son propre compte Facebook a connu une très forte hausse de likes. Pour l’opération, le musée n’a pas eu à faire d’achat d’espace ou de contenu sponsorisé. Un travail de relations presse avait en revanche été réalisé en amont pour s’assurer que le compte soit suivi. Ce projet représente un très bel exemple de médiation numérique. Un travail important d’écriture a été mis en place pour préparer les 10 mois de post, qui ont d’ailleurs fait l’objet d’une publication sous forme de livre par la suite.
L’opération en quelques chiffres
– 61 227 likes sur la page ; – Un compte suivi dans plus de 20 pays ; – Près de 60% des fans âgés de moins de 35 ans ; – Environ 9 000 000 d’internautes touchés ; – Preque 6 000 commentaires ; – 20 posts ayant atteint les 1000 likes.
Comment s’en inspirer ?
Pour s’inspirer de la campagne de communication Léon Viven : choisissez un personnage marquant de l’histoire de votre château et : – Racontez son histoire sur une période délimitée ; – Illustrez le récit à l’aide de documents d’archives et d’illustrations ; – Utilisez un langage moderne et actuel, utilisez les codes de Facebook, Twitter ; – Utilisez des thèmes universels qui touchent un large public ; – Soyez pédagogique en restant divertissant.
Par exemple, votre objectif pourrait être d’imaginer « comment un duc/un prince/un seigneur aurait partagé son quotidien sur les réseaux sociaux ? »
2/ La campagne de communication la plus connectée pour promouvoir un projet culturel dans un château
Dispositif inédit et original, (peut-être inspiré de la campagne Léon Vivien) lancé pour accompagner l’exposition « le roi est mort » qui s’était tenue à Versailles du 27 octobre 2015 au 21 février 2016. Le concept, simple et efficace a permis de faire revivre, étape par étape en direct sur tweeter les derniers jours du roi à l’occasion du tricentenaire de sa mort le 1 septembre 2015 : une incroyable plongée dans l’histoire.
Les résultats
Pari réussi pour le château de Versailles et formidable coup de communication. Une opération peu coûteuse car entièrement digitale. Une communication originale, immersive, qui a fait le buzz autour de l’exposition. Un site internet avait été mis en place spécialement autour de l’événement. L’idée était de créer du trafic depuis twitter vers le site.
Comment s’en inspirer ?
Une idée facile à adapter pour faire revivre de grands événements liés à votre monument. Il vous sera simplement nécessaire de : – Bien connaître votre histoire ; – Faire le travail d’écriture et de recherche d’illustrations en amont de la campagne ; – Planifier vos publications pour simplifier le travail de publication ; – Communiquer avant la campagne pour attirer l’attention sur votre projet, notamment auprès des influenceurs, des blogs de références, des journalistes et médias ; – Penser à mettre en place un hashtag.
3/ La campagne de communication la plus collaborative pour promouvoir un projet culturel dans un château
Communiquer quand on est un château dans l’ombre de géants du tourisme tel que Chambord n’est pas facile. Pour tenter de se démarquer et attirer de nouveaux visiteurs, cinq châteaux indépendants et moins connus de la destination Blois-Chambord ont décidé de s’unir en juin 2018 pour faire front ensemble.
Tous situés dans une même zone de 40km, avec la possibilité de se rendre de l’un à l’autre en vélo, les châteaux de Beauregard , Fougères-sur-Bièvre , Talcy , Troussay , Villesavinont lancé une campagne de communication commune, appuyée par l’office de tourisme Blois-Chambord afin de proposer aux visiteurs de sortir des sentiers battus pour venir les visiter. Ils répondent de cette façon à la demande actuelle du « slow tourisme ».
Les 5 châteaux ont ainsi mis en place un « Pass petit château » à 34€ pour la saison estivale, mis à disposition dans les points d’informations touristiques de Blois, Chambord, Cheverny et Chaumont-sur-Loire ainsi que sur le site de Blois Chambord. Pour chacun des sites, une signalétique a été mise en place afin de présenter les 4 autres châteaux, dans une véritable logique de partenariat.
Les résultats
Ensemble, ils ont pu s’offrir une campagne d’affichage : – Sur 6 communes de la destination ; – À la sortie des centres commerciaux du département 41 ; – À la gare de Blois-Chambord et dans le parking du château à Blois.
Ils ont également acheté une page de publicité dans le magazine Château de la Loire et fait imprimer 30 000 cartes postales diffusées sur le Val de Loire. Une opération qui n’aurait pas été possible sans le financement commun. Les visuels proposés pour les affiches créent une véritable unité dans la communication avec un slogan commun « nos petits châteaux ont du caractère ».
Une démarche avantageuse : – Une mutualisation des coûts, des dépenses et des moyens – Un impact plus fort en ligne en diffusant une information commune sur 5 réseaux sociaux – Une mise en commun des relations presses
Comment s’en inspirer ?
Pour faire campagne commune, il est nécessaire de prévoir: – Une planification organisée ; – Une bonne coordination entre les parties prenantes ; – Une juste répartition des tâches et des coûts ; – Une communication unifiée ; – Un dossier de presse commun.
4/ Les campagnes de communication les plus amusantes et humoristiques pour promouvoir un projet culturel dans un château
« Emmenez vos enfants voir… » une campagne du musée d’Orsay et de l’Orangerie, réalisée par l’agence Madame Bovary et lancée le 27 octobre 2015 afin de valoriser les collections du musée en apportant un regard nouveau sur des pièces phares. Le ton et l’humour décalés détonnent, font sourire et donnent envie de venir. Le public cible est évidemment la famille, ô combien importante pour les musées. Les visuels associent une des œuvres de la collection mise en perspective avec des références universelles.
#Adopte un tableau, ou quand le musée des Beaux-arts de Bordeaux détourne le slogan d’un célèbre site de rencontres pour faire le buzz. L’idée est née d’un partenariat entre le musée et l’école de communication Sup de Pub. À la suite d’un travail pédagogique, l’un des projets d’étudiants s’est démarqué des autres et a attiré l’attention de l’institution à tel point que la campagne a finalement été réalisée. Une série de tableaux a ainsi été détournée en s’amusant des clichés tels que le hipster. Présentés de manière originale, les portraits vous invitent à venir à leur rencontre au musée, et qui sait, tomber amoureux.
« Une surprise à chaque visite », là encore l’idée du musée d’art de Philadelphie et de son agence de publicité Brownstein Group est d’inviter le visiteur à venir visiter les collections permanentes, souvent moins attrayantes que les expositions temporaires qui font le plein. Le maître mot de cette campagne lancée en février 2017 « Une surprise à chaque visite » appuie le fait que l’on peut revenir sans cesse au musée et redécouvrir perpétuellement de nouvelles histoires. La campagne s’est déclinée en affichages et vidéos humoristiques, dont vous trouverez le lien ci-dessous :
Les résultats
De ces trois campagnes, vous pourrez retenir que : – L’humour est un excellent moyen d’attirer l’attention et de se démarquer ; – Il ne faut pas hésiter parfois à employer un ton décalé ; – À bien y regarder l’idée est plus importante que la forme, les visuels d’affiches étant esthétiquement simples et faciles à reproduire. Le site Canva permet largement de les réaliser si vous ne maîtrisez pas Indesign (qui reste tout de même la solution la plus pro).
Comment s’en inspirer ?
Pour réussir une campagne décalée : – Utilisez vos ressources existantes ; – Ayez un regard neuf sur vos collections, et pour cela, n’hésitez pas à organiser un groupe de brainstorming ; avec vos visiteurs, clients ou bénévoles les plus passionnés ; – Il est nécessaire d’avoir des images en très haute résolution de vos œuvres ou de votre site afin qu’elles supportent l’agrandissement lors de l’impression ; – Faites appel à une agence de communication spécialisée ou élaborez un partenariat avec une école ; – Changez votre manière habituelle de transmettre vos messages ; – Appuyez-vous sur des références populaires, connues de tous ; – Appropriez-vous les codes sociaux, les typologies de langage ; – Testez vos idées auprès de votre entourage et observez leurs réactions ; – Demandez-vous « à qui s’adresse ma communication ? ».
5/ La campagne de communication la plus révoltée pour promouvoir un projet culturel dans un château
Exposition Egon Schiele Affiche « Désolés, cent ans mais toujours aussi scandaleux aujourd’hui » réponse censure – Musée Leopold Vienne
Le concept
Parfois, une campagne ne se passe pas comme prévue. Lorsque la ville de Vienne décide de célébrer les 100 ans de la mort d’Egon Schiele disparu en 1918, elle prévoit une opération de communication de grande envergure afin de faire la promotion de l’événement et de l’exposition organisée au Léopold Museum. Seulement, les tableaux sélectionnés pour les affiches « L’Homme assis nu » (1910) et « Fille aux bas oranges » (1914) dérangent à cause de la nudité qu’ils exposent. Les affiches sont même refusées par des villes comme Londres, ou Cologne et Hambourg en Allemagne. Il est demandé à l’Office de tourisme de Vienne de flouter les sexes, ce qu’il refuse absolument de faire. La réponse ne se fait pas attendre, et il est finalement décidé de couvrir les sexes par une bannière blanche sur laquelle on peut lire « Désolés, cent ans, mais toujours trop audacieux aujourd’hui ».
Les résultats
La solution adoptée a finalement fait un buzz inattendu et boosté la campagne. Sur l’affiche, on peut également lire l’hashtag engagé : #DerKunstihreFreiheit signifiant « La liberté de l’art ».
Comment s’en inspirer ?
Si la campagne a eu autant de succès, c’est qu’elle a su utiliser à son avantage ce qui lui était reproché pour valoriser le travail d’Egon Schiele pour faire un argument de communication. Et vous, qu’est-ce qui vous est reproché ? Quels sont les a priori « points faibles » sur lesquels construire votre campagne ?
6/ La campagne de communication la plus engagée pour promouvoir un projet culturel dans un château
Avec sa campagne #startdrawing de fin 2015, le Rijksmuseum, bien connu pour ses talents de communication, invite le visiteur à venir dessiner au musée. La volonté de la campagne est de pousser son public à ralentir et prendre le temps de contempler pour comprendre le beau. Dans une société où tout va trop vite, c’est là une mission essentielle. Or, lorsqu’on dessine, on est forcé de s’attarder, de prendre son temps, d’être attentif. La campagne, portée par les puissants réseaux sociaux du musée, est accompagnée de nombreuses activités organisées au musée.
Les résultats
Pour comprendre la portée de cette initiative originale, il faut savoir qu’au même moment, les musées Belges faisaient scandale pour leur interdiction de dessiner dans les galeries, motif d’expulsion. L’action du Rijksmuseum relève alors d’un discours engagé qui résonne avec l’actualité engendrant ainsi des retombées médiatiques peut-être plus importantes qu’à l’ordinaire. Le musée se positionne ainsi comme un acteur de poids qui entend donner l’exemple.
Comment s’en inspirer ?
Restez attentifs à l’actualité, soyez curieux. Il faut également être capable d’organiser une programmation culturelle, pour cela Hephata vous conseille de : – Commencer par rédiger une note d’intention, le propos de votre projet ; – Penser à l’ensemble des sujets que recouvre votre thématique ; – Définir le ou les publics cibles, ils doivent être au cœur de votre projet ; – Etablir rapidement un budget ; – Réfléchir à des partenaires / aux acteurs impliqués ; – Réaliser des documents de présentation de votre projet ; – Bien penser votre communication autour de votre projet culturel.
Conclusion
À défaut parfois d’avoir des moyens financiers, on peut néanmoins avoir de bonnes idées. Indubitablement, l’humour reste un vrai bon moyen de se démarquer. La communication peut également se penser en collectif, avec des logiques partenariales présentant bien des avantages pour les monuments moins connus du grand public.
Il faut savoir penser hors des sentiers battus, porter son message de manière décalée ou imaginer des dispositifs vraiment originaux pour faire la différence. L’exemple de l’expérience Léon Vivien et #startdrawing montre qu’il est également important d’impliquer le visiteur au cœur de son action pour créer l’adhésion.
Le patrimoine historique pour transmettre et partager des valeurs : exemple de la Forteresse de Saint-Vidal
L’important à retenir dans cet article :
Nos châteaux et monuments ont été les témoins privilégiés de l’Histoire de France. Ils forment notre héritage, notre patrimoine commun et font partie intégrante de notre histoire à tous. Ces lieux constituent les parfaits supports pour transmettre l’histoire et véhiculer des valeurs.
À travers cet article, vous comprendrez comment le patrimoine historique permet de partager des valeurs et de transmettre l’histoire. La forteresse de Saint-Vidal et son instigateur, Vianney d’Alançon, qui sait porter haut ses convictions, en est un bel exemple.
L’important à retenir : – Les qualités d’un bon chef de projet pour mettre en oeuvre un projet de telle ampleur, proches de celles du chef d’entreprise ; – Les contours techniques, financiers et politiques d’un tel projet ; – Le rayonnement de son impact sur le territoire.
À l’origine du projet : le parcours original d’un chef d’entreprise au service de l’histoire et des savoir-faire français
Vianney d’Alançon, de la joaillerie au spectacle culturel : une volonté d’entreprendre pour retrouver la fierté de l’Histoire de France
Jeune entrepreneur tout juste trentenaire, Vianney d’Alançon n’est pas du genre à avoir froid aux yeux. Il n’a d’ailleurs pas l’habitude de se laisser décourager par l’ampleur de la tâche. Son dernier projet en témoigne. Il a racheté la forteresse médiévale de Saint-Vidal, lieu emblématique de la Haute-Loire et proche du Puy-en-Velay.
Il y développe un ambitieux projet de spectacle, avec pour thème central la transmission de l’histoire française. La forteresse a déjà accueilli près de 40 000 visiteurs lors de sa première année d’exploitation en 2018.
Vianney d’Alançon a un parcours original. Il entre très tôt dans la vie professionnelle, à l’âge de 17 ans. Ensuite, il crée une première entreprise dans le domaine du web et de la communication. Enfin, en 2010, il lance une première maison de joaillerie où il collabore avec le couturier et designer Kenzo Takada. Le jeune entrepreneur rebondit rapidement après ce premier projet qui fait faillite. Avec sa femme, il lance donc une deuxième entreprise dans le secteur de la bijouterie familiale et des médailles, Laudate. Il rencontre un franc succès.
Un chef ambitieux dont l’engagement est cohérent avec une volonté forte de retrouver la fierté de notre histoire et de notre culture : une des clés du succès, mais pas que…
A mesure que Laudate se développe, semble grandir chez Vianney la volonté d’incarner la richesse des valeurs et des savoir-faire français dans un projet de grande ampleur. En effet, la promotion et la transmission d’un savoir-faire historique que constitue la fabrication d’une médaille se retrouve aussi dans un projet de réhabilitation de Saint-Vidal… Ce dernier permettant de partager et de mettre en valeur une histoire, l’héritage d’un passé commun qui forge le présent.
Pour Vianney, il s’agit de répondre à une culture mondialisée dans laquelle on peut observer une uniformisation des modes de vie et une certaine forme de standardisation. Face à la perte de valeurs et de repères, le projet cherche à relier les bénévoles et les spectateurs avec leurs racines, leurs origines et leur histoire.
Certains pourront se poser la question de la légitimité de Vianney d’Alançon en tant qu’acteur engagé dans le patrimoine… Mais il a su montrer que ses qualités de chef d’entreprise sont indispensables et que la connaissance du secteur s’acquiert par le travail. Curieux et passionné d’histoire, il finit par racheter la forteresse de Saint-Vidal ayant appartenu à la famille de sa mère. Elle est située au cœur d’un territoire qui lui est cher, non loin de là où il a grandi.
Comme pour la création d’une entreprise, au centre de son travail se trouve la vision de ce qu’il souhaite entreprendre et des problématiques similaires : – financements, – optimisation des coûts et des ressources, – gestion des salariés (et des bénévoles), – management et gestion de projet, – relations presse, – réalisation de la communication.
Par ailleurs, pour avancer et se former il a su s’entourer d’experts compétents. Une manière de compenser ses lacunes dans certains domaines et réaliser son projet.
Le projet : une forteresse progressivement restaurée pour y accueillir, notamment, un « petit Puy-du-fou »
En 2016, Vianney rachète la forteresse médiévale de Saint-Vidal, un lieu emblématique de la Haute-Loire. Il le restaure en faisant le pari de réussir le projet ambitieux d’en faire « un des premiers lieux touristiques d’Auvergne. Inspiré du Puy-du-fou, ce lieu est au service de la transmission de l’histoire de la forteresse. Une histoire profondément liée à celle du territoire. »
Ce en quoi consistent les spectacles de la forteresse de Saint Vidal
La forteresse laissée à l’abandon depuis des années s’est transformée en un lieu de spectacles immersifs. Son objectif est de transmettre l’histoire du lieu à travers deux spectacles :
« La Mémoire d’un peuple »,spectacle déambulatoire à travers la vingtaine de pièces du monument, où des mises en scène, décors, projections, illusions et comédiens professionnels, racontent l’histoire du site au fil des siècles à travers les dates clés et événements marquants. Les nouvelles technologies, statues et portraits parlants, sont mis à la disposition de la narration. Le visiteur peut, par exemple, y découvrir l’épopée gauloise des Arvernes, avec Vercingétorix (originaire de la région), puis les Francs et le baptême de Clovis, fondateur du royaume, la création de l’empire de Charlemagne…
« La Forteresse imprenable », spectacle nocturne de son et lumière avec pyromanie et 120 bénévoles métamorphosés en acteurs façon Puy du Fou pour créer une fresque historique illustrant les guerres de religion, le siège du château par Henri IV, ou encore la vie paysanne.
La Mémoire d’une Peuple est un spectacle permanent. Il se joue tous les jours de 10h à 19h. La Forteresse Imprenable se joue le vendredi et samedi soir durant l’été. En 2019, la forteresse organisera entre juin et août 15 à 18 représentations de son spectacle nocturne.
Dans les coulisses du spectacle : la préparation et les compétences indispensables à sa réalisation
Avant de pouvoir mettre en place le spectacle, différentes étapes ont eu lieu :
1- Les travaux de réhabilitation
Ils sont réalisés en partenariat avec la DRAC, le site étant classé Monument Historique.
2- L’aménagement paysagé des jardins
Il a été réalisé par Vianney d’Alançon et le prince François d’Orléans, ami de l’entrepreneur et paysagiste de profession. Ils ont réalisé l’ensemble des jardins (français, italien, et jardin d’eau) qui environnent la forteresse sur près d’un hectare.
3- L’écriture du scénario pour les différents spectacles
Vianney d’Alançon a écrit lui-même l’ensemble des scénarios qui ont été corrigé par Jean Piat. Vianney d’Alançon a réalisé seul la mise en scène du spectacle la mémoire d’un peuple. En revanche Urbain Cancelier a coréalisé avec Vianney le spectacle la Forteresse Imprenable. Le spectacle « La Mémoire d’un peuple » emploie sept comédiens professionnels tandis que le spectacle nocturne fait appel à 120 bénévoles. Sans leur aide, le coût de réalisation aurait été astronomique et le projet presque impossible. Ce modèle de développement s’inspire du modèle du Puy-du-Fou qui fait appel chaque année à des milliers de bénévoles pour sa grande Cinéscénie.
4- La recherche de ressources financières
Au total, le projet a été soutenu par une levée de fonds de près de 2,5 millions d’euros dont : – 600 000 € provenant de la Région Auvergne-Rhône-Alpes ; – 300 000 € par le Département de la Haute-Loire ; – 300 000 € par la Communauté d’Agglomération du Puy-en-Velay ; – des enveloppes de mécènes, dont la Fondation d’entreprise Michelin, le fonds jeune et innovant de Dassault ou le groupe Novelty, spécialiste et fournisseur d’équipements techniques pour spectacles.
Sur le budget total : – 500 000 € ont été investis dans les divers travaux de restauration ; – 2 000 000 € ont servi à la réalisation des attractions et des spectacles.
5- La mise en place d’une communication intensive pour faire connaître le projet
La forteresse de Saint-Vidal a bénéficié d’un soutien médiatique important grâce au carnet d’adresses de Vianney d’Alançon. Ainsi, on a pu voir Stéphane Bern, l’acteur Lorànt Deutsch, l’animateur de radio Sébastien Cauet ou encore le journaliste Bernard de La Villardière faire la publicité du projet. Un choix de personnalités qui confirme l’intention de toucher un large public, plus ou moins proche du patrimoine. Par ailleurs, à deux reprises, Vianney d’Alançon a été invité par Emmanuel Macron qui l’a assuré de son soutien.
Bon communiquant, Vianney d’Alançon a su rendre visible la forteresse restaurée et enrichie de ses spectacles grâce à une communication intensive sur les réseaux sociaux, Facebook, Instagram, Twitter. La page Facebook est rapidement devenue la deuxième page touristique la plus consultée du département de Haute-Loire. La presse a également fortement soutenu le projet. Cela n’a pas empêché Vianney d’Alançon d’effectuer un travail de communication de proximité en collant des affiches et en distribuant des tracts aux alentours de la forteresse. Il a aussi acheter des espaces publicitaires JC Decaux et Clear Channel. Néanmoins, pour lui, le bouche-à-oreille reste primordial et complémentaire aux réseaux sociaux. En effet, si l’un s’adresse à une large audience, mais avec de faibles retombées, l’autre ne touche qu’un public restreint, mais bien plus efficacement.
En ce qui concerne le contenu de la communication, il s’est concentré sur les valeurs soutenues par le projet telles que le lien unissant le site avec son territoire, son implication dans la transmission d’un savoir, d’une histoire régionale et d’une culture nationale. Et, la forteresse a fait l’objet d’un véritable storytelling autour de sa résurrection.
Les bénéfices du projet et les retombées
Pour qu’un projet puisse recevoir de telles aides, il doit pouvoir démontrer en quoi sa réalisation est source de valeur ajoutée et de retombées positives, économiques et sociales.
Un projet d’une si grande envergure, ayant accueilli durant sa première année près de 40 000 visiteurs, génère nécessairement des externalités positives, sur son environnement immédiat, à court et à long terme.
À titre indicatif, voici quelques externalités positives immédiates : – Création d’emplois directs et indirects – Hausse de la fréquentation touristique ; – Hausse de la réservation d’hôtels et de restaurants, ce qui signifie une création de richesse pour la population ; – Retombées médiatiques, communication et publicité pour la ville ; – Accroissement de la notoriété du territoire et de ses acteurs notamment culturels… Cela s’accompagne aussi de nuisances sonores et de dérangements multiples pour un village de 600 habitants qui se retrouve, d’un seul coup, traversé par près de 40 000 personnes.
Quel avenir pour la forteresse de Saint-Vidal ?
D’abord, les spectacles devraient être revus et modifiés régulièrement tous les deux ans et de nouvelles attractions devraient voir le jour. Des ateliers d’artisans et une brasserie artisanale historique.
Puis, Vianney évoque le projet d’une activité hôtelière avec la création d’une vingtaine de chambres. Chaque chambre suit un thème historique, issu de différentes époques.
Ce qui montre à quel point il est important de tenir compte de la population locale dans tout projet à fort impact territorial. Ils peuvent représenter une opportunité comme une menace.
Conclusion
Le patrimoine est un support privilégié pour transmettre histoire et savoir. Sa préservation est indubitablement liée à son mode de gestion. Il faut parfois oser des projets étonnants et ambitieux pour le financer différemment.
Un projet capable de produire des externalités positives à la fois d’un point de vue économique et social a nettement plus de chances d’obtenir des subventions.
Véritable enjeu touristique, il peut faire l’objet d’une politique engagée pour l’action culturelle. Il peut également mobiliser les pouvoirs publics à bien des échelons. Son impact sur le territoire est réel. Il ne faut donc pas oublier que le dialogue avec les habitants est primordial. Leur bien-être doit être pris en compte dans la démarche. En effet, s’ils représentent une potentielle opposition, ils peuvent également devenir des ambassadeurs du projet.
Comment développer la médiation culturelle pour les jardins ?
L’important à retenir dans cet article :
Les parcs et jardins constituent, au même titre que les châteaux, une part de notre histoire. C’est un patrimoine qu’il faut protéger et valoriser.
Dans cet article découvrez : – Pourquoi mettre en place une médiation dédiée à vos parcs et jardins ; – Des idées d’activités, d’outils et de supports pour valoriser votre domaine ; – Comment retirer un profit de cet investissement et communiquer sur votre offre.
Expert arboricole et paysagiste, passionné par le patrimoine, Marc Brillat-Savarin accompagne les propriétaires dans la gestion et la valorisation de leurs parcs et jardins historiques.
Après une première expérience à l’ONF où l’a naturellement conduit sa formation d’ingénieur des eaux et forêts, il souhaite appréhender le végétal sous l’angle du paysage. Il intègre alors la Direction des Parcs et Jardins de la Ville de Paris comme expert arbres, travaillant à la sauvegarde du patrimoine arboré de la capitale et de ses jardins. De retour dans le secteur privé, il crée sa propre structure, BRILLAT SAVARIN PAYSAGES. « Nos parcs et jardins constituent un patrimoine vivant fragile qu’il est essentiel de soigner, restaurer et renouveler, au même titre que la demeure qu’ils agrémentent ». Chacune des missions qu’il conduit, du diagnostic phytosanitaire des arbres à la conception de projets de restauration paysagère, pour le compte de parcs de châteaux renommés, mais également de demeures familiales, est toujours animée par cette conviction forte.
Désirant faire partager au visiteur « l’esprit des lieux », Marc Brillat-Savarin s’implique également dans la création d’outils de médiation à destination du public.
Pour quelles raisons développer une médiation autour des parcs et jardins de son château ?
Pour apprendre
Un jardin est un formidable espace de connaissance. Il se trouve en effet au carrefour de multiples disciplines comme la botanique, l’histoire, l’art des jardins ou encore l’écologie. Or, ces thématiques sont généralement peu développées en médiation. Pourtant l’expérience montre qu’elles sont très appréciées des visiteurs. « Quelle est l’origine des noms Camellia ou Magnolia ? », « Comment s’appelle cet arbre au feuillage si lumineux à l’automne ? », « Pourquoi le parc est-il qualifié de pittoresque ? », « Comment cultiver un potager sans herbicide ? ». Autant de questions qui peuvent rejoindre le visiteur dans son propre rapport à la nature. Un rapport qui commence souvent par la culture d’un petit bout de jardin en milieu urbain. Si les échelles spatiales et historiques sont différentes, l’attrait pour la beauté et la richesse des plantes demeure le même.
Pour tisser des liens entre l’histoire de son château et celle de son jardin
Parler d’un parc ou d’un jardin permet également de mieux faire découvrir le patrimoine bâti. L’architecture et l’histoire sont des sciences complexes qui requièrent des connaissances faisant aujourd’hui souvent défaut au sein du grand public, notamment chez les jeunes générations. Il est précieux de pouvoir s’appuyer sur le végétal pour mieux comprendre la pierre, l’un faisant écho à l’autre.
Par exemple, il peut être passionnant pour le visiteur d’apprendre que l’histoire de l’arbre au pied duquel il se trouve. Ramené d’Amérique par un ancêtre des actuels propriétaires, à son retour d’exil outre-Atlantique après la révolution ! Un lien est alors établi entre la Grande Histoire et une « petite » histoire racontée. Le tout est rattaché au lieu par un marqueur concret comme l’arbre « témoin » observé aujourd’hui. Cette association dans l’esprit du visiteur vaut tous les panneaux explicatifs du monde ! Et la mémorisation est garantie, sans effort. N’est-ce pas la base d’une médiation réussie ?
Pour développer son offre touristique
Sur un plan commercial, développer de tels outils permet de transformer une simple visite extérieure, par nature difficile à valoriser économiquement, en une véritable offre touristique. Elle pourra faire l’objet d’une tarification et d’une communication externe. Quel que soit le support, choisi (brochures, réseaux sociaux…), c’est une opportunité d’accroître la notoriété du site. Se différencier en termes d’image est également primordial. Le propriétaire pourra ainsi rentabiliser l’investissement de départ consenti pour créer l’outil, mais aussi autofinancer tout ou partie des coûts d’entretien du parc. Il y a un réel modèle économique à développer, en accompagnement d’une offre plus classique dévolue aux intérieurs.
Quels publics peuvent être intéressés ?
Par nature, la découverte d’un jardin sera susceptible d’intéresser petits et grands. Le tout est de bien adapter la médiation au public visé. Du support ludique pour les enfants et les familles à un outil plus technique et/ou scientifique pour un public averti, en passant par une activité de type « incentive » pour les publics professionnels (séminaire, etc…), tout est possible.
La réponse aux questions suivantes pourra aider à définir la(les) cible(s) potentielle(s) : – Quel est actuellement le type de public que je reçois majoritairement ? – Est-ce cette clientèle que je souhaite développer ou retenir sur le site par une médiation autour des jardins ? – Un support en différentes langues est-il nécessaire ? – Pourrais-je me différencier de l’offre alentour en touchant un public particulier ? – En cas d’activité hôtelière ou de type « séminaire », suis-je en mesure de proposer des animations originales sur le site ? – Quel(s) espace(s) puis-je dédier à une activité de médiation : jardin(s), potager, parc, bois,… ?
Ce travail est essentiel, car un produit « passe-partout », accessible à tous en théorie, peut finalement se révéler déceptif pour tous dans la pratique. Trop facile pour les uns, trop ardu pour les autres, peu adapté à un challenge en équipe, trop long…
Quelles sont les différentes actions de médiation pouvant être mises en place dans un jardin et un parc ?
Il existe mille façons de transmettre une information à un visiteur, des plus traditionnelles comme les panneaux explicatifs aux plus modernes comme les applications sur tablettes… Cela peut passer aussi par des réalisations concrètes comme un labyrinthe végétal ou encore un jardin des senteurs à base de plantes aromatiques.
Une fois encore, une réflexion préalable permettra de bien définir ses besoins, ses moyens (humains, financiers), le public visé, les capacités d’accueil du site ainsi que les diverses alternatives sur le marché.
Sans constituer une liste exhaustive, voici dix idées qui ont fait leurs preuves, accompagnées de leurs atouts et contraintes :
Ces quelques exemples illustrent la variété des supports possibles. Mais au-delà des moyens matériels et financiers déployés et des outils existants, les questions essentielles doivent être les suivantes. Quel(s) message(s) ai-je envie de faire passer ? Qu’est-ce que je souhaite que les visiteurs retiennent de leur venue dans mon parc ou mon jardin ? La question du support est secondaire. Elle se trouvera d’ailleurs souvent éclairée par la justesse de la réflexion sur le message.
Par expérience, un autre point nous apparaît important à souligner : celui de l’équilibre à trouver entre l’intérêt du visiteur pour les lieux exposés et le support lui-même.Autrement dit, la sophistication du support peut nuire dans certains cas à l’expérience vécue par le visiteur, en cela qu’il accapare l’attention, au détriment de l’observation du paysage, des plantes, de la nature, … À ce titre, les outils numériques doivent être à notre sens maniés avec prudence : la lecture d’un écran ne doit jamais se substituer au regard porté sur la réalité des choses. L’« esprit des lieux » qui se cache dans un jardin ou un bosquet ne pourra jamais être enfermé derrière un écran ou fixé sur un panneau !
À qui peut-on faire appel pour réaliser ces actions de médiation ?
La conception puis la mise en œuvre d’un projet de médiation autour d’un jardin requièrent différentes compétences complémentaires, rarement réunies dans une seule et même main. Pour simplifier, nous pouvons séparer la partie « conception » de la partie « fabrication »,qu’il s’agisse d’un support réel ou virtuel.
L’étape initiale de conception comprendra : – La fourniture de contenu (historique du jardin, inventaire des végétaux…) ; – La réflexion sur l’outil le plus adapté à la médiation et une fois celui-ci trouvé ; – La scénarisation de l’activité (conception d’une chasse au trésor ou d’une application interactive avec son « game play » par exemple).
L’idéal est de se tourner vers des professionnels impliqués tout à la fois dans le monde des jardins et celui de la valorisation à destination du public. Il n’existe pas de profil type. Dans notre cas par exemple, la passion des jardins se conjugue à un intérêt personnel marqué pour l’écriture et la scénarisation d’activités d’extérieur (parcours, jeux de piste, …). L’apport de connaissances techniques et historiques dans les outils créés se fait ainsi naturellement. Il est également possible de solliciter des professionnels de l’ingénierie touristique (Tams Consultant, …), de la scénographie ou encore de l’éducation à l’environnement (LPO, CPIE, …).
Dans un second temps, la création de l’outil lui-même peut nécessiter le recours à des spécialistes dans les domaines suivants : – Infographie pour le dessin, la mise en page ; – Reprographie ; – Signalétique : support (bois, trespa, forex, …), impression (sérigraphie, gravure, adhésif, …) ; – Éditeur d’applications interactives (Furet Company, …) ou de « visites augmentées » (Histovery, …) ; – Associations (troupe de théâtre, amateurs de jardins, …). Enfin, certaines sociétés comme Château des Énigmese peuvent fournir des outils « clé en main », prenant en charge le projet de A à Z.
À quel prix ?
L’investissement à consentir est naturellement fonction du projet et donc difficile à estimer a priori. Rappelons cependant qu’un produit existant qui sera simplement déployé dans votre jardin par un professionnel sera beaucoup moins coûteux qu’un produit créé de toute pièce et donc par définition unique. L’originalité, si elle est souhaitée, aura bien entendu un prix !
De manière générale, il faudra compter autour de 1500 euros pour un support simple (type parcours de reconnaissance des végétaux, …) à plusieurs milliers d’euros pour l’équipement du site en panneaux explicatifs. Quant au déploiement d’un support numérique, la facture pourra grimper de 5000 à 50 000 euros, selon la technologie et l’outil choisi. Mais n’oublions pas que le retour sur investissement pourra être rapide avec la commercialisation de l’activité.
Comment communiquer autour de ses actions de médiation ?
Il sera primordial de communiquer largement autour du projet de valorisation. Parmi les multiples canaux possibles, en voici quelques-uns qu’il ne faut pas négliger : – Les offices de tourisme qui pourront orienter les visiteurs vers votre propriété et distribuer vos prospectus – Les associations départementales et régionales de parcs et jardins – Les réseaux sociaux avec par exemple une page Facebook spécialement dédiée à l’activité (mise en ligne de photos, d’infos, de teasers…)
Le patrimoine a aujourd’hui le vent en poupe, notamment les parcs et jardins. Alors, forts de ces quelques conseils, n’hésitez pas à vous lancer !
Choisir les essences d’arbre de son parc grâce à la méthode ROSEE.
L’important à retenir dans cet article :
À l’état sauvage, sous l’action des facteurs environnementaux, l’essence et la distribution des arbres s’harmonisent naturellement avec le milieu. En revanche, dans un parc où les arbres ont une vocation ornementale, il importe de mener une vraie réflexion. Cette réflexion doit permettre de sélectionner les meilleurs candidats parmi des centaines d’espèces et de variétés. Pour guider ce choix, voici une méthode simple permettant de planter « le bon arbre au bon endroit ».
Retenez de cet article que :
– L’arbre d’ornement joue un double rôle : il est à la fois élément esthétique et véritable charpente naturelle qui structure l’espace ; – Introduire des arbres adaptés à leur environnement constitue la base d’une gestion durable ; – La méthode ROSÉE vous permet de sélectionner les essences idéales sur la base de critères simples et exhaustifs.
Expert arboricole et paysagiste, passionné par le patrimoine, Marc Brillat-Savarin accompagne les propriétaires dans la gestion et la valorisation de leurs parcs et jardins historiques. Chacune des missions qu’il conduit, du diagnostic phytosanitaire des arbres à la conception de projets de restauration paysagère, pour le compte de parcs de châteaux renommés, mais également de demeures familiales, est toujours animé par sa conviction forte que : « Nos parcs et jardins constituent un patrimoine vivant fragile qu’il est essentiel de soigner, restaurer et renouveler, au même titre que la demeure qu’ils agrémentent ».Marc Brillat-Savarin a mis au point la méthode ROSEE présentée dans cet article.
L’arbre, un élément clé du paysage
Dans un monument, certains éléments d’architecture jouent un rôle d’ordre structurel, comme un mur par exemple. D’autres assurent un rôle purement ornemental comme un pilastre ou une moulure. D’autres encore, souvent majeurs dans la composition, combinent ces deux fonctions. Citons l’exemple d’un pilier sculpté ou d’une clé de voûte.
Côté parc, un élément remplit également ce double rôle architectural : l’arbre. Il assure une fonction structurelle voire même matricielle (bosquet, enveloppe boisée ou à l’état isolé, il permet au parc d’exister, le délimite, l’articule, lui donne une profondeur et le soutient comme une charpente naturelle.
D’autre part, l’arbre est un objet esthétique en lui-même, à l’instar d’une statue ou d’une colonne. Par son architecture équilibrée, sa stature, ses couleurs et la symbolique qui l’accompagnent, il constitue un centre d’intérêt dans le paysage. Son caractère changeant au fil des saisons puis des années en fait un ornement vivant dont il est important de connaître l’allure et le développement pour que l’ensemble de la composition puisse en bénéficier durablement.
L’arbre, un organisme vivant
Un arbre adapté à son environnement sur le plan du climat, du sol, de l’espace disponible ou encore de l’usage des lieux connaîtra un développement harmonieux. Il ne demandera qu’un entretien minimum. A l’inverse, un arbre inadapté à son milieu de croissance sera plus fragile, plus sensible aux maladies, plus dangereux également et entraînera à terme un surcoût de gestion. Les conséquences d’une erreur à la plantation aujourd’hui devront être supportées par les générations futures pendant de nombreuses années.
Au-delà de l’aspect esthétique, il est donc primordial de veiller à la bonne adéquation entre l’essence choisie, ses exigences propres et le site de plantation.
Choisir avec méthode, c’est réussir !
Compte-tenu du statut multifonctionnel de l’arbre de parc, son introduction ne doit pas être laissée au hasard. Elle doit faire l’objet d’une étude approfondie qui prenne en compte l’ensemble des paramètres en jeu : place dans le paysage, caractères ornementaux à privilégier (floraison, couleurs d’automne,…), espace aérien et souterrain disponible, nature du sol, entretien,… Et pour qui n’est pas un spécialiste du monde des arbres, intégrer autant de critères peut rapidement devenir un véritable casse-tête !
D’où l’intérêt d’utiliser une méthodologie pour sélectionner l’essence idéale, à partir de critères simples et exhaustifs. Tel est l’objectif de la méthode « Rosée ».
La méthode « ROSÉE »
À l’origine, la méthode a été conçue comme un outil pour les services de gestionnaires d’espaces verts en milieu urbain. Elle a par la suite transposé aux parcs et jardins, souhaitant en faire bénéficier tout propriétaire soucieux de renouveler et enrichir son patrimoine arboré.
Cette méthode permet de définir son projet de plantation, d’analyser le site concerné et sur cette base de choisir le ou les arbres les plus adaptés.
La démarche consiste à effectuer des sélections successives dans une large palette végétale pour aboutir in fine à un nombre restreint d’essences, suivant un principe d’entonnoir. À chaque étape, une dimension spécifique du projet est étudiée : paysage, climat, espace disponible,… Par souci de pédagogie, chacune des lettres du mot « Rosée » renvoie à un critère de choix spécifique : Rôle de l’arbre dans le projet, qualités Ornementales souhaitées, conditions Stationnelles (sol, climat,…), Espace disponible, Environnement du projet.
Ainsi, grâce à ce moyen mnémotechnique, l’analyse peut-elle être la plus complète possible.
Illustrons maintenant la démarche à l’aide d’un exemple concret. Un propriétaire souhaite renouveler un alignement vieillissant de marronniers rouges le long de l’allée d’entrée de sa demeure. Se référant à la méthode « Rosée », il analyse son projet comme suit :
Cf. Document Excel « Exemple méthode rosée propriétaire »
Sur cette base, après avoir téléchargé la liste des 111 essences, il décoche les critères non retenus dans les filtres en tête de colonne.
La liste s’amenuise progressivement jusqu’à aboutir aux essences suivantes : érable rouge, zelkova, merisier à fleurs doubles et tilleul de Crimée. Appréciant les tons orangés pris par l’écorce du zelkova avec l’âge, il porte finalement son choix sur cette essence de qualité. Une essence cousine de notre orme champêtre et exempte de maladie.
À votre tour, n’hésitez pas à vous familiariser avec la méthode Rosée. Celle-ci vous permettra de mieux connaître les essences d’arbres afin de les utiliser à bon escient dans votre jardin. Vous profiterez ainsi pleinement de leurs bienfaits, et pour longtemps.
Comment organiser un Son et Lumières dans un site historique ? Des réponses grâce à l’exemple de Puy de Lumières.
L’important à retenir dans cet article :
En matière touristique, il existe des tendances, l’une d’entre elles, qui fait fureur auprès du grand public, est le spectacle de son et lumières, également appelé vidéo mapping. Les Invalides, la Cathédrale de Nantes, la place du parlement de Bretagne à Rennes, nombreux sont les monuments qui se sont déjà illuminés les soirs d’été. L’opération « Puy de Lumières » présentée dans cet article en est un autre exemple. En outre, elle relève d’une véritable stratégie pour répondre à des enjeux touristiques importants.
Dans cet article, découvrez comment un vidéo mapping permet de raconter l’histoire de son patrimoine différemment mais aussi d’impacter l’activité touristique et commerciale du territoire.
L’opération « Puy de Lumières » à Puy-en-Velay,
Pour animer sa ville, mettre en valeur son patrimoine bâti et accroitre son attrait touristique, la ville du Puy-en-Velay a lancé en 2016 un spectacle son et lumières projeté sur les murs de ses monuments historiques et emblématiques. La cathédrale Notre-Dame, 2ème monument préféré des Français en 2015, le rocher Saint-Michel d’Aiguilhe, le théâtre, l’hôtel de ville, la chapelle Saint-Alexis et le musée Crozatier se sont ainsi retrouvés illumniés. Chaque année, le projet « Puy de Lumières » se développe. Il s’enrichit d’ailleurs de nouveaux lieux de projection dans la communauté de communes.
Le patrimoine, habillé d’un vidéo mapping de qualité devient une arme pour l’activité touristique de la destination. Survient alors l’envie assumée que le territoire ne soit plus simplement un lieu de passage. Dans un secteur concurrentiel, l’événementiel et le patrimoine apparaissent encore comme la combinaison d’atouts qui, dans une logique de complémentarité, se révèlent très attractifs pour le public . Le patrimoine bâti étant aussi bien le support que le sujet de la projection, qui s’attache par exemple à retracer l’histoire de la cathédrale Notre Dame à différentes époques ; ou encore, sur le mur nu de la chapelle, on peut voir s’animer la célèbre légende régionale de la bête du Gévaudan, et sur l’hôtel de ville, ce sont bien sûr les valeurs républicaines et ses grands personnages qui sont célébrés.
Qui sont les financeurs du projet ?
Le projet est financé par la région Auvergne Rhône-Alpes à hauteur de 50 %. De leur côté, l’Union Européenne et le département de Haute-Loire financent 16 %. Le reste est à la charge de la communauté d’agglomération du Puy-en-Velay. La logique mise en place est celle des financements croisés. Ils permettent à une communauté de communes d’obtenir d’importantes sources de financements. Chaque couche de ce « millefeuille » à la française a une partie de son budget dédiée à la culture. Le porteur de projet doit donc faire les démarches auprès de chaque échelon, ce qui nécessite : – Une connaissance de l’administration de l’État en matière de financements culturels ; – Une connaissance de chaque échelon et de ses acteurs ; – Un travail relationnel avec les différents représentants de la vie politique ; – Une planification et organisation très en amont pour respecter le calendrier administratif de dépôts des demandes ; – De la méthode pour la constitution des dossiers. Il est important de savoir comment présenter et expliquer l’objectif patrimonial, historique, social ou économique du projet. Il doit pouvoir répondre aux critères d’éligibilité aux subventions.
Des partenaires techniques indispensable à la réalisation du projet
Côté technique et scénographique, Puy de Lumières a fait appel à Gilbert Coudène (société Les allumeurs de rêve ), Laurent Lhuillery (société Light Event Consulting ) et studio BK (concepteurs des spectacles lumières des « remparts de Marrakech » (COP 22), des Terreaux de Lyon, de la Villa Médicis à Rome…), avec le concours d’Alain Guilhot. Lors de la deuxième édition, il a fallu répondre aux critiques des riverains de la cathédrale. Ces-derniers ne supportaient plus la musique. Une solution technique a été mise en place grâce au travail d’Electro Concept en collaboration avec Swing le LAB . Ils ont créé pour la ville une application utilisant la technologie streamer audio. Cette technique permet d’entendre avec un casque ou des écouteurs la bande son, parfaitement synchronisée aux images.
Une communication à l’échelle nationale
Pour faire connaitre le spectacle dans toute la France, la ville a mis en place un plan de communication en lien avec le comité régional de tourisme qui s’est notamment associé à celle du Tour de France, mais aussi du Grand Trail du Saint-Jacques, la cathédrale étant en quelque sorte la ligne d’arrivée de l’épreuve. Un site internet dédié à l’évènement a également été mis en ligne.
Un vrai plus pour l’hôtellerie et la restauration
Avec ce spectacle, les responsables du tourisme au sein de l’agglomération souhaitent apporter un vrai plus à l’économie touristique de la ville et de son agglomération.
Ce spectacle génère une augmentation : – Du nombre de nuitées et du taux de remplissage des hôtels et restaurants ; – De la fréquentation sur la période plus creuse de mai-juin ; – Du chiffre d’affaires des commerces ;
Mais cela implique une concentration de l’activité sur l’horaire 19h30 – 22h30.
Puy de Lumières permet également à tous les opérateurs touristiques de Haute-Loire (gîtes, chambres d’hôtes) de valoriser leurs destinations et leurs offres de séjours. Un label original « Puy de Lumières » pour les restaurants a d’ailleurs été mis en place et concerne déjà plud de 80 établissements qui se sont engagés à adhérer à la charte pour la mise en place d’un service adapté au spectacle et sa promotion auprès de la clientèle. La ville a également instauré la gratuité du stationnement et des parkings à partir du 19h.
Comment s’en inspirer ?
Valorisez votre château et son histoire à travers un spectacle son et lumières immersif. Pour cela, nous vous conseillons de : – Définir le scénario du spectacle en fonction de l’histoire de votre lieu, de ses atouts ; – Vous entourer d’experts et techniciens qualifiés et expérimentés ; – Monter un dossier pour obtenir des financements de chaque acteur susceptible de vous aider. En démontrant l’impact sur du projet sur l’activité touristique et commerciale du territoire, vous aurez plus de chance d’obtenir des financements ; • Prévoir la stratégie de communication en amont ; • Réfléchir aux relais pouvant communiquer sur votre nouvelle offre touristique.
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