Bien gérer et optimiser son domaine forestier, comment faire ?

L’important à retenir dans cet article :

 Le patrimoine forestier français est une richesse qu’il est important de bien savoir gérer pour le protéger et qui peut être un excellent placement sur la durée. 

Contrairement aux idées reçues, les forêts bien gérées génèrent des revenus supérieurs aux coûts d’entretien. Tous les peuplements ne permettent pas les mêmes profits, la moyenne se situe entre 1 et 2%. Par exemple, on estime que les productions de peupliers rapportent jusqu’à 8% du fait des durées de rotations plus courtes. Le patrimoine forestier reste un bon placement sur la durée. Le constat en France est que les forêts sont sous-exploitées, ce qui justifie le soutien des institutions publiques pour encourager leur gestion. Il existe de nombreuses aides financières et fiscales en ce sens. 

De cet article, retenez que : 
– Il est conseillé de faire appel à un gestionnaire forestier pour assurer la gestion de son bien ;
– Il existe plusieurs aides financières, mais aussi des avantages fiscaux.



Cet article a été écrit avec l’aide de Loïc Zellvegre, gestionnaire forestier professionnel chez Brodut Forêt Gestion, spécialisé dans l’accompagnement de domaines d’exception et la sylviculture proche de la nature. 

Des propriétaires privés, soumis à des obligations 

Loïc Zellvegre nous explique qu’être propriétaire de forêts signifie être soumis à des obligations, celles-ci dépendent de la surface possédée, il y a trois cas de figures :
– Moins de 10 hectares d’un seul tenant ;
– Entre 10 et 25 hectares d’un seul tenant ;
– Plus de 25 hectares sur la même commune ou sur trois communes attenantes.

Vous pouvez retrouver les différentes obligations concernant la règlementation forestière pour chacun des cas.

Tout propriétaire d’une forêt de plus de 25 hectares est soumis à l’agrément d’un Plan Simple de Gestion (PSG). Ce document définit les différentes interventions (coupes et travaux) de la forêt pour une période de 10 à 20 ans.
Le plan simple de gestion présente ainsi les objectifs assignés à la forêt et définit le programme d’exploitation des coupes et des travaux à effectuer. Pour tout savoir sur le PSG, rendez-vous sur le site du Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation. 

La rédaction du plan simple de gestion est élaborée par un gestionnaire forestier, en accord avec les besoins du propriétaire. C’est le Centre régional de la propriété forestière (C.R.P.F.), établissement public à caractère administratif, qui instruit les demandes d’agrément de PSG et d’autorisation de coupe extraordinaire. Retrouvez sur le site du Centre National de la Propriété Forestière la liste des CRPF.

NB : Ces informations peuvent d’ailleurs ne pas s’appliquer à certains cas spécifiques. 

Les propriétaires de forêts se doivent de prévenir les risques de départs de feu et préserver la richesse environnementale, ils sont également tenus de débroussailler en bordure et zones habitées.

Les aides financières et fiscales

Les aides financières

Loïc Zellvegre fait le constat qu’en France les forêts ne sont que trop peu gérées. Cela explique en effet que les collectivités et organismes incitent à la gestion forestière par des subventions à destination des entreprises de la filière bois et des propriétaires forestiers.

Ces aides se répartissent à différentes échelles :
L’Europe, via le FEADER (fonds européen agricole pour le développement rural) : il permet le financement du 2e pilier de la politique agricole commune (PAC). Ce 2e pilier est consacré à la politique de développement des territoires ruraux ;
L’Etat, via une subvention pour inciter à la gestion forestière ;
– La DRIAAF, Direction Régionale Interdépartementale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt pour chaque région, c’est le représentant de l’Etat en région ;
– Les conseils régionaux et départementaux ;
L’ADEME (agence des énergies renouvelables) ;
– Les communautés de communes et EPCI ;
Les fonds privés, tel que EcoTreeReforest’action ou encore Ma forêt.

En outre, les aides disponibles sont cumulables et peuvent couvrir entre 40 et 80% des dépenses de frais de gestion.

En matière de gestion forestière, les aides sont très variées et concernent de nombreux domaines :
– Acquisition de matériel forestier ;
– Amélioration de la desserte forestière ;
– Reboisement ;
– Réaliser des travaux sylvicoles ;
– Protection contre le gibier ;
– Préparation des sols ;
– Animation des territoires forestiers…

Les aides sont spécifiques à chaque région et département, ce qui complexifie leur obtention, puisque cela implique une très bonne connaissance des circuits de financements, que tout le monde ne possède pas.

Retrouvez également un tableau récapitulatif des sources innovantes de financement de plantations par des fonds ou programmes d’aides au boisement ou reboisement en France en 2016 que vous pouvez télécharger ici

Les avantages fiscaux

Loic Zellvegre nous apprend qu’il existe plusieurs formes d’avantages fiscaux dont peuvent bénéficier les propriétaires de forêts :

Les Dispositifs D’encouragement Fiscaux à l’investissement, ils sont au nombre de trois : DEFI « Acquisition », DEFI « Travaux forestiers » et DEFI « Contrat de gestion ».

Des frais de transmission de patrimoine réduits à 25% de la valeur du patrimoine grâce au Régime Monichon.

Des exonérations d’impôt sur la fortune : il est possible de bénéficier d’un abattement de 75% sur l’impôt. Mais pour cela, il faut détenir un certificat de gestion durable et de s’engager à conserver sa propriété durant 30 ans en présentant tous les 10 ans le bilan de cette gestion. 

La réduction d’impôt Madelin : portée à 25%, elle vous permet d’investir avantageusement dans une forêt en direct ou via un groupement forestier à condition de garder vos parts au moins jusqu’au 31 décembre de la cinquième année suivant la souscription. De plus, les parts acquises doivent être nouvelles. 

Deux régimes de TVA avec :
Un assujettissement obligatoire si, sur les deux dernières années consécutives, la moyenne des revenus dépasse les 46 000€.
Un remboursement forfaitaire ou un assujettissement volontaire si, sur les deux dernières années consécutives, la moyenne des revenus est inférieure à 46 000€.

Deux taux applicables de 10% ou 20% selon les travaux et produits forestiers concernés (plus d’informations ici)

Les possibilités d’exploitation pour générer des revenus

– La récolte et la vente du bois et ses différents traitements (taillis simple, la futaie régulière, le taillis sous futaie, la futaie irrégulière) mais aussi ses dérivés tels que le jus (par exemple l’eau de bouleau) ou sa sève ;
– La location pour la chasse ;
– L’ouverture au public dans le cadre d’activités touristiques : la cueillette des champignons, les randonnées pédestres, équestres, les parcours sportifs ou de santé, l’accrobranche, les gites et cabanes dans les bois, le brâme du cerf.

Vers qui se tourner pour demander une expertise ? Quels sont les professionnels et corps de métiers pouvant aider ?

Il existe plusieurs corps de métier impliqués dans la gestion des forêts :
– Gestionnaires forestiers professionnels (Brodut Forêt Gestion) ;
– Experts forestiers ;
– Coopératives forestières ; 
– Gardes particuliers. 

Les experts forestiers et les gestionnaires forestiers professionnels tel que Loïc Zellvegre sont totalement indépendants. Ils travaillent au profit du propriétaire et non des industriels. Ils se rémunèrent en pourcentage de la vente du bois ou en prestations spécifiques comme la rédaction de plan de gestion, le suivi administratif et autres missions…

Ce sont d’ailleurs les principaux acteurs capables de répondre aux diverses problématiques liées à la gestion des forêts. Compétents par leurs formations et leurs connaissances opérationnelles, ces professionnels sont au plus près des territoires. Ils ont une connaissance globale du secteur.

Conclusion

Le patrimoine forestier en France n’est que peu géré alors qu’il est à la croisée de divers enjeux (économiques, écologiques, récréatifs, accueil du public, etc.). L’aménagement de ces biens est primordial pour préserver l’équilibre de ces aménités. Des aides et incitations financières ont donc été mises en place à tous les échelons. Elles sont à la fois nombreuses, variées et spécifiques, ce qui implique une véritable expertise du secteur pour bien les connaître. Au regard de la spécificité de la gestion des forêts, il semble primordial de s’adresser à des professionnels pour que la gestion soit cohérente et pour bénéficier de conseils forestiers adaptés aux besoins particuliers de chaque propriété.

Pour aller plus loin :

 JARDINS & ESPACES PAYSAGERS D’EXCEPTION – Faire appel à des professionnels, c’est abordable : point sur les expertises indispensables

ASSOCIATIONS POUR LA SAUVEGARDE ET LA VALORISATION DU PATRIMOINE – Comment choisir son statut, les avantages et les inconvénients ?

Le Crowdfunding : un nouvel outil de financement pour le patrimoine

L’important à retenir dans cet article :

 Le crowdfunding attire les jeunes entrepreneurs, les startups et porteurs de projets qui ne cessent de multiplier les campagnes sur des plateformes toujours plus nombreuses. 

Avec 401 millions d’euros collectés en 2018 contre 336,2 en 2017, soit une augmentation de 16,35 %, le crowdfunding progresse, ce qui signifie également qu’une concurrence toujours accrue s’installe entre les projets. Dès lors, comment se démarquer parmi toutes les campagnes ? Quelle stratégie adopter pour mettre toutes les chances de son côté et réussir ? Quel montant demander ? Comment s’organiser ?

Hephata vous propose sa méthode pour réussir sa campagne de crowdfunding pour votre château

Petite introduction sur les principes du crowdfunding

Le crowdfunding – financement par la foule en anglais – est une méthode de financement participatif populaire. Il permet à un porteur de projet, particulier ou entreprise, de soulever des fonds en faisant appel aux dons. Le crowdfunding s’inscrit dans un processus de désintermédiation alternatif aux banques. Des plateformes en ligne spécialisées dans le crowdfunding permettent de lancer sa campagne facilement.

Il existe deux types de campagne : avec ou sans contreparties. Celles-ci peuvent être très variées : remerciements publics sur les réseaux sociaux, entrées gratuites au château, produits issus de la production locale (vin, miel, jus de pomme…) etc.

Le crowdfunding, à ne pas confondre avec les autres formes de dons

Le crowdfunding fait partie de la famille du financement participatif au même titre que le crowdlending ou le crowdequity, et ne doit pas être confondu avec.

On parle de crowlending lorsque que le projet est financé par des prêts, rémunérés en intérêts, et non des dons. 
Enfin, le crowdequity est la forme de financement participatif où l’on investit – généralement dans une start-up – en échange d’une part du capital de la société. 

Les 3 cercles relationnels

Il existe trois cercles de donateurs potentiels qu’il faut essayer de toucher lors d’une campagne de crowdfunding. 

La famille et les amis

Même si cela peut paraître évident, ils jouent un rôle majeur dans la réussite d’une campagne. Il est indispensable de pré-lancer le projet auprès d’eux, ils s’en feront ambassadeurs, en parleront à leurs amis, leurs réseaux, et témoigneront du sérieux de l’opération. Ils permettront d’atteindre rapidement les 30% de l’objectif de la campagne. Il convient de leur communiquer la date de lancement de la campagne et de les prévenir dès que la cagnotte est en ligne. Ce premier cercle permet d’atteindre plus facilement le suivant.

Les amis d’amis, les connaissances

Il faut ensuite convaincre ses nombreux amis Facebook, ses vagues connaissances, ses relations professionnelles, ses anciens professeurs et autres ! Communiquer autant que possible, demander à partager l’information même si la personne ne souhaite pas participer !

Les inconnus

Ce sont ceux qui seront les plus difficiles à atteindre car ils ne connaissent pas forcément les châteaux, encore moins ses propriétaires. Il faut être capable de démontrer ses convictions, et réussir à les atteindre en leur donnant envie de parier sur vous. Pour cela, une communication soignée est indispensable.

Les clés de réussite Hephata

1. Définir son projet

Avant toute chose, il est important d’exprimer clairement les tenants et les aboutissants du projet pour le château, définir sa cible et ses objectifs. Le titre de la campagne doit parfaitement résumer l’objectif du projet.
Un bon projet doit être clair et compréhensible très rapidement. Il faut capter l’attention de l’utilisateur. Être en mesure de montrer l’intérêt du projet, sa valeur ajoutée ou encore l’impact sur le tourisme local… 

L’exemple de la campagne pour un ESCAPE GAME au château de Picquigny sur Dartagnans 

Le patrimoine historique communique des valeurs positives qui touchent facilement la population qui comprend l’importance de l’enjeu de préservation. Comme le démontre tout récemment l’immense solidarité des Français pour la rénovation de Notre-Dame à la suite de la tragédie… 
Enfin, il est indispensable d’être transparent et expliquer clairement à quoi servira la somme récoltée : restaurer une œuvre, rénover une partie du bâtiment, proposer une nouvelle activité de médiation aux visiteurs, organiser un événement…  

2. Choisir la bonne plateforme

De très nombreuses plateformes de crowdfunding existent, et il important de s’informer sur leurs particularités. Elles s’adressent à des publics ou soutiennent des projets différents. Voici quelques exemples : 

Les plateformes internationales

 Kickstarter
 Indiegogo

Les plateformes nationales

KissKiss BankBank
Commeon
Ulule

Les plateformes locales  

Jadopteunprojet : qui s’adresse aux habitants de la région Nouvelle-Aquitaine
Graines d’actions : dédiée aux projets bourguignons
Gwenneg : pour la Bretagne 

Les plateformes spécialisées autour de thématiques

Dartagnans : pour le patrimoine
Miimosa : dans l’agriculture et l’alimentation
MyMajorCompany : pour la musique
Fundovino : dédiée au monde du vin

Enfin, il est important de bien se renseigner sur le fonctionnement de la plateforme et sa rémunération (entre 3 et 10 % en général). Vous devez également savoir que sur beaucoup de plateformes, seules les campagnes qui atteignent leurs objectifs perçoivent les dons, les autres étant défaites et les dons retournés aux participants. Cependant, d’autres plateformes versent la somme récoltée sans prendre en compte le pourcentage de réussite atteint.

3. Organiser sa campagne de crowdfunding

La préparation d’une campagne est assurément la clé de réussite la plus importante. Il est indispensable de s’organiser bien en amont. Il s’agit d’estimer le temps nécessaire à la mise en place de la communication, les ressources humaines disponibles pour animer la campagne, mais aussi son coût financier, si des contreparties sont prévues par exemple (les coûts d’expédition pour les livraisons…). Ces contreparties ont un rôle important à jouer, elles peuvent permettre de déclencher l’acte de don. Il vous faudra prévoir 6 à 8 contreparties pour chaque palier de don (5, 10, 20, 50…). Vous devrez cependant être en mesure de tenir vos promesses.


Hephata recommande fortement de réaliser un rétroplanning des actions à mener pour préparer la campagne pour le château.

L’exemple des contreparties pour la campagne de restauration des verrières de l’église Saint-Philippe-du-Roule sur Commeon : 

4. Construire la communication autour de sa campagne de crowdfunding

Clé de voûte de votre campagne, la communication doit permettre de mobiliser sa communauté. Tout d’abord, avec une page de présentation très soignée qui témoigne du sérieux du projet afin d’inspirer confiance aux donateurs. Ensuite, construire un storytelling autour du château, son histoire, pour impliquer émotionnellement les participants. S’assurer que les réseaux sociaux soient prêts en amont pour permettre le partage et l’émulation autour du projet. Préparer à l’avance les messages de communication, le discours, les médias (logos, photos du château, dossier de présentation du projet). La vidéo est aujourd’hui le meilleur support de communication, cependant, elle doit être réalisée de façon aussi professionnelle que possible et ne pas excéder 2 à 3 minutes. 
Une campagne de crowdfunding nécessite un maximum de soutiens des radios et presses locales qui peuvent-être mobilisées si le projet a un impact sur le territoire ou la région, ou s’il s’inscrit dans une démarche sociale et solidaire. Il est également possible de prévoir une communication événementielle en organisant une soirée de lancement de campagne dans votre château par exemple.

L’exemple du vidéo clip pour la campagne « Volons au secours du grand salon du Vaux-le-Vicomte » 

Bien choisir la durée et le montant de sa campagne de crowdfunding
Bien bâtir sa campagne 

Il est prudent de ne pas être trop gourmand quant au montant souhaité pour la campagne, la majorité des projets qui réussissent demandent moins de 10 000€. De plus, comme expliqué précédemment, certains sites de crowdfunding ne rémunèrent que les campagnes réussies, autant être aussi sûr que possible d’atteindre l’objectif fixé. Il est recommandé de réaliser une veille concurrentielle et de regarder les montants demandés par d’autres châteaux sur des projets similaires.

Choisir quand la lancer 

Pour le lancement, il est préférable de ne pas démarrer sa campagne durant l’été, en période de vacances où votre public n’est pas disponible, de même la période de Noël est à éviter, car la priorité en matière de dépenses est aux cadeaux, et non au financement participatif. 
Il est préférable d’organiser une campagne courte et dynamique plutôt que trop longue et qui s’endort.On estime que les campagnes dont la durée se situe entre 25 et 45 jours ont plus de chance d’aboutir. Les campagnes plus longues sont réservées à de très gros projets portés par de grosses structures, des sites comme Versailles, Chambord, Chenonceau…

 S’armer de patience 

L’idéal est de démarrer très vite afin d’atteindre dès la première semaine les 30% de l’objectif, ce qui créera une pression sociale positive et rassurera les autres potentiels donateurs sur la viabilité du projet. Ensuite, il faut maintenir des efforts constants pour faire progresser la récolte de façon régulière. Le temps de campagne est un temps intense durant lequel le porteur du projet doit être pleinement engagé.

Savoir dire merci ! 

La campagne est un succès, il faut alors remercier ses donateurs. Ne pas tarder pas à envoyer les contreparties promises. Les utilisateurs ayant participé au projet représentent un premier public conquis qu’il faut fidéliser. Il est par exemple possible d’organiser un évènement de fin de campagne. Une soirée privilège de remerciement au domaine pour les plus gros donateurs ? De même, il est important de donner des nouvelles du projet pendant sa réalisation et à son achèvement.

Conclusion

Si le crowdfunding est un excellent moyen de soulever des fonds, il est préférable de le penser comme un complément de budget plutôt que comme unique source de financement. Même bien préparée, une campagne a des chances non-négligeables d’échouer, mais cela ne doit pas remettre en cause l’entière réalisation de votre action. Dernière recommandation, ne pas abuser du crowdfunding, il ne faut pas prévoir une campagne pour chacune de ses envies, cela fatiguerait les donateurs qui penseront qu’ils ont déjà fait un effort suffisant pour soutenir ce site historique.

Pour aller plus loin :

 – MECENAT & PATRIMOINE HISTORIQUE – Comprendre le mécénat et solliciter des mécènes pour ses projets de restauration

– FINANCER LES CHANTIERS OU L’ENTRETIEN D’UN MONUMENT – mécénat, subvention ou crowdfunding ?

Les pré-requis pour rentabiliser un château. Comment exploiter son monument classé pour le rentabiliser ?

L’important à retenir dans cet article :

 Avant de se lancer dans l’exploitation de votre patrimoine, il est important de faire le point sur sa propre situation personnelle, professionnelle et financière. De cette manière, vous fixerez clairement vos objectifs et vous éliminerez au maximum les doutes qu’il est commun d’avoir au moment où l’on démarre une activité patrimoniale. Ainsi, vous pourrez anticiper plus clairement vos besoins et amorcer plus sereinement cette nouvelle entreprise ! 

Les points clés de cet article : 
– Pourquoi faire un bilan personnel, professionnel et financier
– Comment étudier un édifice sous tous les angles pour identifier les axes de développement 
– Pourquoi réaliser une bonne étude de marché pour valider ses projets d’activités
– Comment définir des objectifs clairs et réalisables

Vous souhaitez faire fructifier votre patrimoine ? Hephata vous donne ici quelques clés pour bien démarrer ! 

 1. Commencer par faire un bilan personnel et professionnel

La première chose à faire avant de vous lancer dans l’aventure patrimoniale est de trouver quelles motivations vous animent et non pas quelles sont vos obligations. 
Il faut que ce soit votre propre décision. Il est donc nécessaire de s’affranchir de tout impératif familial conditionné par l’héritage. 

Ainsi, essayez de mettre en évidence vos capacités, vos compétences ; de là vous saurez comment les améliorer. Posez-vous les bonnes questions et faites un exercice d’introspection en vous demandant si vous avez les bonnes cartes en main pour commencer. De même, demandez-vous si votre situation personnelle et professionnelle vous permet de débuter une telle entreprise car vous le savez déjà, ce ne sera pas de tout repos !
« Les châtelains ne sont pas forcément des nantis. Ce sont des personnes qui font vivre l’Histoire. Il faut avoir une petite étincelle de folie pour s’offrir un château. » Olivier de Chabot pour les Echos. 

Ici, vous pouvez vous aider à partir de la méthode d’AUTO-DIAGNOSTIC DES BESOINS ET DES RESSOURCES – La gestion efficace de votre demeure d’exception. 

2. Faire le point sur ses finances

Quelle est votre situation financière ? De quels fonds disposez-vous ? Etes vous stable financièrement ? Ce sont les premières questions que vous devez impérativement vous poser. Ensuite, vous devrez voir si vos économies sont suffisantes pour vous lancer dans des créations de projet. Comme dans toute création d’entreprise, encore plus si vous êtes jeune, vous allez sans doute être amené à vous servir dans vos propres fonds personnels. 

Prévoir

La question de la rémunération devra aussi se poser. En ce sens, comptez-vous vous rémunérer ou allez-vous être rémunéré par un tiers ? Dans un troisième temps, vous allez devoir vous fixer un budget prévisionnel qui prendra en compte les charges de personnel, les assurances, les honoraires, les expertises, les devis, l’entretien des lieux et les dépenses annexes. D’ailleurs, n’oubliez pas les taxes ! 

Gérer

Enfin, dans la gestion de vos finances, comment comptez-vous fonctionner ? Seul ? Avec le soutien d’experts-comptables ? Allez-vous développer votre financement sur du long ou du court terme ? N’hésitez pas non plus à vous interroger sur vos avantages fiscaux, vous allez sans doute recevoir des dons

En effet, si vous êtes propriétaire d’un château classé ou inscrit aux Monuments Historiques (MH), vous pourriez avoir des déductions fiscales non négligeables en fonction des recettes perçues :  

3. Dresser l’état des lieux de son édifice

Faire le point

Si vous continuez l’affaire familiale et que vous reprenez l’édifice qui vous a vu grandir, vous devez sans doute savoir quels sont ses points faibles, comment cacher le fameux trou dans le plancher en y mettant un fauteuil dessus ! En revanche, si vous êtes le tout nouvel acquéreur du château que vous aviez convoité, vous allez surement vous rendre compte que des travaux vont devoir être faits, d’autant plus si vous souhaitez ouvrir votre bien au public. Bertrand Couturier qui dirige la société immobilière de prestige Barnes met d’ailleurs en garde : « Toiture, murs, plomberie, assainissement, aménagement des pièces, sols, entretien du terrain… Il y a toujours des travaux à faire, dont le coût peut vite s’envoler ». (Les Echos) 

Anticiper

Dans les deux cas, faites le point sur l’état de votre édifice, et demandez-vous s’il est aux normes de sécurité pour pouvoir accueillir des visiteurs ! En outre, renseignez-vous sur ces normes et sur les structures d’accessibilité. 
Il existe des catégories qui classifient la capacité d’accueil dans les ERP (Etablissement Recevant du Public) selon le type d’activité qui y sont déployées : 

Veillez également à étudier la configuration du site, voyez s’il n’y a pas des lieux à protéger (étang, forêt classée…). A partir de cet état des lieux, vous pourrez définir quels sont ses atouts et comment les exploiter. 
Si vous bénéficiez par exemple d’un espace forestier, il faudra vous renseigner sur sa protection, son capital d’arbres sur pied… 

Nous vous conseillons de vous entourer d’experts qui pourront vous guider sur la gestion et l’exploitation de ce patrimoine. Vous pourrez en savoir plus sur ces modes de gestion dans notre dernier article Gestion du domaine forestier de son château – un atout économique majeur car rentable.

4. Faire une VRAIE étude de marché

Le but de cette manœuvre réside notamment dans l’étude de votre environnement, du territoire. Comment celui-ci est-il valorisé par votre commune, votre département et votre région ? Quel impact votre patrimoine aura-t-il sur le territoire ? Essayez de faire des études qualitatives et quantitatives sur le public visé, ses habitudes, ses loisirs. Demandez-vous ce qui plaît aujourd’hui, surfez sur la vague des tendances ! 
Etudiez vos besoins, ce qui vous manque, ce qui sera impératif pour la bonne mise en œuvre de vos projets. 
Mettez en évidence vos cibles, suivez la logique de l’offre et de la demande. Utilisez tous les outils qui peuvent être mis à votre disposition. Ayez donc un autre positionnement ! 

Voici quelques liens fiables pour vous aider à faire une bonne étude de marché (cela vaut pour tous les projets économiques et pas seulement les projets dans les châteaux) : 

Les 4 étapes de la BPI
L’étude de marché de la CCI : comment passer du modèle du business model au business plan

N’oubliez pas non plus l’étude territoriale ! Nous vous recommandons de lire l’article du géographe Laurent Chalard : COMMENT REALISER UNE BONNE ANALYSE DE TERRITOIRE. 

5. Définir un projet d’activités simple et cohérent

L’analyse S.W.O.T. 

Il est important de définir des activités cohérentes avec les forces et les faiblesses de votre patrimoine. Vous pouvez par exemple réaliser une analyse S.W.O.T. qui est un outil pour vous construire une vision stratégique. 
S.W.O.T. est un acronyme en anglais qui signifie Strengths (forces), Weaknesses (faiblesses), Opportunities (opportunités) et Threats (menaces). Selon la Comission Européenne, il est définit comme « un outil d’analyse stratégique qui combine l’étude des forces et des faiblesses d’une organisation, d’un territoire, d’un secteur etc, avec celle des opportunités et des menaces de son environnement, afin d’aider à la définition d’une stratégie de développement. »

Le business plan

Aussi, pour exploiter votre patrimoine, vous devrez rendre solides vos projets pour les rendre convaincants. Commencez par établir un business plan autrement dit un plan d’affaires, de stratégies. Si vous n’êtes pas familier avec le terme, il s’agit plus clairement d’établir un programme afin de convaincre votre banquier de vous prêter des fonds. En bref, il s’agira pour vous d’étudier votre marché, quels sont les clients que vous visez, quel est votre plan d’action, quelles seront vos prévisions financières (chiffre d’affaires, autofinancement, trésorerie…). N’hésitez pas à faire appel à un professionnel qui saura vous guider ! 

Une fois votre plan fixé, vous pourrez vous saisir des opportunités d’investissement, des innovations en la matière, établir des scénarii et s’inspirer des modèles qui marchent. 

L’exemple du Château de la Mazure

Prenons l’exemple du modèle d’accueil de séminaires d’entreprises, ou de séjours linguistiques proposés par le Château de la Mazure. Depuis plus de 35 ans, le château reçoit un centre de formation en continue de langues qui conçoit des stages linguistiques pour tous les publics. Avec comme devise « Libérez votre potentiel », ces initiatives bénéficient de l’accueil bienveillant et chaleureux d’un château à taille humaine ainsi que d’une équipe motivée, qualifiée et expérimentée. Du potager en permaculture aux petits plats concoctés par notre équipe, tout y est travaillé pour en faire « The best place to learn ». »

6. Se fixer des objectifs

Vous allez sans doute fourmiller d’idées quant à la mise en place de vos objectifs, de vos activités. Cependant, il faut canaliser ces actions, leur donner une ligne droite. Pour cela, il existe une méthode qui permet d’organiser vos objectifs : S.M.A.R.T. 

Spécifique: il s’agit ici d’établir les conditions de la mise en place de vos objectifs, le contexte. Demandez-vous dans quel cadre vous voulez organiser vos projets (cadre personnel, familial…) et tentez de hiérarchiser vos projets. N’allez pas tout de suite sur des projets qui vous mettront en difficulté. Allez à l’essentiel et faites simple. Vous atteindrez plus vite votre objectif. 

Mesurable: autrement dit, comprenez par mesurable les moyens que vous mettrez en place pour y arriver. Etablissez des indicateurs (qui verra mes actions, quand saurais-je si j’ai atteint mes objectifs ?…). Par exemple, vous pouvez vous aider de formulations dans la mise en place de vos objectifs :

>>  « Dans le cadre de ma situation personnelle (spécifique), j’ai décidé de créer un spectacle équestre (moyens) dans le parc du château. » 

Accessible : servez-vous de ce que vous avez à disposition pour le moment. Par exemple, si dans votre château vous avez des espaces libres, servez-vous en pour créer des aires de pique-nique ou des lieux pour se ressourcer avec des bancs etc. Il est important d’aller vers l’atteignable et non vers ce que vous idéalisez. 

Réaliste : ce point rejoint le point précédent. Plus clairement, il s’agit pour vous de tenir compte de la réalité qui vous entoure, du cadre que vous vous êtes fixé au début de vos objectifs pour ne pas le dépasser. Tout ne peut pas se dérouler comme vous le souhaitez, prendre en compte les risques et aléas est nécessaire. Soyez résilient face aux imprévus. 

En ce sens, le château de Carneville à quant à lui fait fi des contretemps. En 2016, la partie du vestibule de l’édifice s’était effondrée, 60% du château était rongé par la mérule. Guillaume Garbe, l’acquéreur depuis 2012 a entamé un chantier colossal en levant d’importants fonds grâce à la mission Patrimoine et continue de présenter ses projets autour de l’édifice en organisant des dîners. 

Temporel : le dernier point de cette méthode concerne le calendrier de vos objectifs. Quand les mettre en place, prévoir des délais, faire en fonction des événements, des saisons. Datez votre objectif, consacrez lui un temps précis à ne pas dépasser. In fine, il ne faut en aucun cas subir mais contrôler le temps que vous prenez à mettre en place vos objectifs et vos activités pour votre château. 

Conclusion

Désormais vous connaissez les pré-requis pour rentabiliser un château. Ces étapes sont indispensables quant à la bonne mise en œuvre de vos objectifs, elles viennent cadrer votre réflexion en amont du lancement d’un projet lucratif pour votre patrimoine. 
Retrouvez dans notre prochain article la suite de ces étapes ! 

Pour aller plus loin :

 – FINANCER MES PROJETS AU SEIN D’UN PATRIMOINE HISTORIQUE – Comment rédiger un dossier de demande de financement ? 

–  VALORISER DES CHATEAUX ECONOMIQUEMENT – Les modèles qui ont le vent en poupe

INNOVER DANS UN CHATEAU – Comment penser de nouvelles activités durables et rentables ? 

Comment valoriser la propriété forestière d’un domaine historique ?

L’important à retenir dans cet article :

 Propriétaire d’un domaine forestier, il apparaît parfois difficile de trouver les clés pour gérer et capitaliser sur ce patrimoine complexe. Régir une richesse naturelle telle qu’une forêt peut se révéler un casse-tête pour les propriétaires. D’autant qu’ils doivent composer avec les aléas et les contraintes qu’elle implique. Dès lors, il est conseillé de trouver des experts dans la gestion de son espace forestier afin de l’exploiter durablement.

Les points clés de cet article : 
– Il faut inciter les propriétaires à s’appesantir d’avantage sur la gestion de leur patrimoine forestier 
– Il faut se rapprocher d’un mode de gestion raisonné
– S’entourer de professionnels en la matière est nécessaire

Introduction

Aujourd’hui en France métropolitaine, on compte quasiment 17 millions d’hectares de forêts dont les ¾ sont privés. Propriétaires ou sociétés de droit privé, institutionnels (banques, assurances, caisses de retraites), ils sont environ au nombre de 3 millions. De surface moyenne – approximativement 4 hectares – ces espaces forestiers sont aussi le reflet de beaucoup de disparités. La plupart de ces espaces correspondent d’ailleurs à de très petites parcelles. 2,9 millions sont propriétaires de surfaces inférieures à 4 hectares, le reste concerne les gros propriétaires. Mais comment gérer toutes ces surfaces ? 

Julien Terrier, ingénieur agronome chez Forêt Patrimoine, nous aide à comprendre comment gérer efficacement ce bien forestier. 

Julien Terrier, pouvez-vous nous parler de votre parcours ? 

Après deux années en classe préparatoire scientifique, j’ai intégré AgroParisTech, grande école d’ingénieur agronome. Diplômé en 2017 à l’issue d’une spécialisation en Gestion, Innovation et Performance des Entreprises, j’ai poursuivi mon parcours académique dans le cadre d’un Master II de droit rural. Cette formation complémentaire à la formation d’ingénieur a permis de me préparer aux métiers de l’expertise foncière et forestière.
En tant que chargé de gestion, transaction et expertise au sein de Forêt Patrimoine, mes missions sont diverses. Je conduit des expertises forestières. J’effectue également des transactions forestières. Enfin, je gère le patrimoine forestier pour le compte de propriétaires privés.

En associant une très bonne connaissance des enjeux actuels du monde rural, agricole et forestier, avec des compétences de gestion forestière et financière, nous pouvons apporter un conseil dans les domaines juridique, technique et économique, voire fiscal. Ainsi c’est une expertise à la fois de terrain et de gestion patrimoniale.

Quelles sont les missions de Forêt Patrimoine ? 

Forêt Patrimoine est la cellule immobilière des experts du Comité des Forêtsle plus ancien organisme de défense de la forêt privée. Nous proposons de conseiller sur le long terme ou de façon ponctuelle des propriétaires forestiers dans la gestion, l’évaluation ou la transaction de leur patrimoine forestier. La grande diversité des situations rencontrées permet d’aborder chaque situation unique avec le recul nécessaire.
Vous pouvez retrouver toutes les actions de Forêt Patrimoine sur leur site ainsi que leur programme.

Source : Forêt Patrimoine

D’après vous, pourquoi les forêts sont-elles mal exploitées aujourd’hui ? 

Parmi cette grande variété de propriétaires forestiers, beaucoup ont reçu ce patrimoine par le biais d’héritages successifs ; il en résulte alors une certaine méconnaissance des limites des biens détenus, souvent difficiles à localiser et exploiter. Ainsi trop de surfaces sont laissées à elles-mêmes et ne sont pas entretenues …Cependant, selon l’article L112-1 du Code Forestier«Sont reconnus d’intérêt général la mise en valeur et la protection des forêts ainsi que le reboisement » ! Il y a donc, d’une certaine manière, une responsabilité à entretenir et valoriser son capital forestier. 

Quels sont les objectifs à poursuivre dans le cadre d’une bonne gestion de la forêt ? 

Dans la mesure du possible, il faudrait aller vers une meilleure gestion de son patrimoine, l’entretenir et le valoriser en mobilisant une partie de ses bois. Le but est d’inciter les propriétaires à produire du bois en plus de les inciter à en récolter. Ainsi, établir un suivi et une protection des ressources naturelles afin de renforcer la qualité de la terre est primordial si l’on veut maintenir son capital forestier en l’état. 

Quelles sont les sources de revenus d’un propriétaire forestier ? 

Les principales sources de revenus proviennent de la vente de bois qui représente une recette majeure. Par ailleurs, le propriétaire peut être amené à louer ses espaces forestiers pour la chasse et profiter ainsi des bénéfices financiers de cette activité. 
Ainsi, une forêt est une entreprise qui doit dégager un résultat. Cette gestion permet l’obtention d’une rente courante et continue sur du moyen terme qui soit la plus élevée possible. En parallèle, la gestion forestière permet la constitution d’une réserve en capital mobilisable en cas de besoin, elle permet également de pérenniser les espaces forestiers. 

Quels sont les différents modes de gestion possibles ? 

Il convient de distinguer les modes de traitement sylvicoles des autres modes de gestion. Bien que le traitement et la gestion soient intimement liés, un arbitrage sain est patrimonial. Le traitement sylvicole est indispensable pour valoriser la forêt dans son histoire et pour servir la transmission. Une vision encore largement répandue est de considérer une forêt comme un coffre-fort, dans lequel on se servirait au gré des besoins familiaux. Mais on oublie que la forêt ne s’est pas constituée d’elle même, que des ancêtres l’on façonnée, ont œuvré à son développement. Si la forêt est souvent patrimoine reçu, elle est également un patrimoine à transmettre aux futures générations. 

En privilégiant la production de bois d’œuvre de qualité, c’est à dire en sélectionnant les individus qui présentent le meilleur potentiel de production de bois d’œuvre (qualité et vitalité), on s’assure de gérer au mieux une forêt. Cette sylviculture est par ailleurs un moyen durable de maintenir le carbone qui se fixe lors de la croissance des arbres ; la part de bois d’œuvre produite étant plus importante. 

La gestion à long terme

Rester prudent dans la gestion de son capital forestier

« Une forêt est un capital qui produit de lui même l’intérêt qu’il rapporte. Toute la question est de déterminer cet accroissement et les conditions dans lesquelles il sera avantageux, de façon à ce que l’on puisse le prélever par exploitation sans nuire au capital et sans compromettre la reconstitution de l’intérêt, c’est-à-dire son nouvel accroissement dans l’avenir. » Gurnaud (1890)

Pour s’assurer d’une gestion sur le long terme il faut avant tout être prudent pour ne pas détériorer le capital de bois sur pied.

Ne pas céder aux effets de mode

En outre, il convient de ne pas céder aux effets de mode, que ce soit dans les modes de gestions ou sur le choix des essences. En effet, le temps des forêts, n’est pas celui des hommes. La forêt est une invitation à l’humilité et à la prise de recul. 

Pouvez-vous me parler de ProSilva ? Quelles sont les particularités de cette approche ? 

ProSilva est une association de forestiers qui promeut et défend une sylviculture à l’échelle de l’arbre, en privilégiant un traitement dit « irrégulier ». Le sylviculteur n’intervient que par petites touches pour récolter les bois mûrs ou sans avenir sylvicole, favoriser les arbres d’avenir, éclaircir les semis, enrichir là où le renouvellement tarde. Une méthode qui permet de maintenir un niveau de productivité économique élevé, de protéger la biodiversité, la qualité des sols, de l’air et de l’eau, tout en produisant de plus en plus de bois de qualité. Cette sylviculture d’arbre permet d’obtenir des revenus soutenus et réguliers tout en ayant des forêts multifonctionnelles, continues et stables.
Les opérations sylvicoles visent à concentrer l’accroissement sur les arbres de qualité, qui permettrait aussi d’utiliser au mieux le potentiel de production de la station, de refuser les sacrifices d’exploitabilité, de contenir les charges de renouvellement, d’aboutir à des peuplements plus stables, moins sensibles aux aléas climatiques et biologiques … 

Gérer seul sa forêt ou faire appel à un professionnel ? Quels sont les avantages et inconvénients ? 

La forêt est un patrimoine fragile et complexe, qui ne supporte pas les événements brusques. Afin de la pérenniser et d’œuvrer à sa valorisation, elle doit être le reflet d’une symbiose entre le propriétaire forestier et son gestionnaire, au-delà d’une simple assistance technique. Afin d’apporter un regard extérieur neutre, il est important de se faire accompagner par un expert qui dispose d’une connaissance précise des acteurs et des organismes forestiers. Les professionnels indépendants proposent des services personnalisés, en adéquation avec vos attentes et les potentiels de chaque forêt.
De l’estimation de vos valeurs forestières à la gestion courante de vos bois, l’offre des services proposés par les experts forestiers est large ; la défense des intérêts du propriétaire forestier étant l’objectif de tout bon expert. 

Source : Forêt Patrimoine

Quels sont les acteurs à qui faire appel pour être aidé dans la gestion de sa forêt ? 

À l’heure actuelle, il existe de nombreux professionnels de la gestion forestière. Qu’ils soient gestionnaires forestiers professionnels, experts forestiers ou membres de coopératives forestières, ces conseils s’adaptent aux différents propriétaires. Ils proposent la plupart du temps des services sur-mesureBeaucoup de structures viennent en aide aux propriétaires, il ne faut donc pas hésiter à se tourner vers des professionnels. 

Conclusion

Etre propriétaire d’un espace forestier comporte aujourd’hui de nombreux avantages mais aussi des contraintes. En effet, comme vu précédemment, la gestion d’un patrimoine forestier représente un enjeu économique majeur apportant une source de revenus non négligeable mais le tout est de savoir comment gérer et exploiter de manière responsable ce potentiel. Les modes de gestion sont nombreux et s’entourer d’un environnement de professionnels de l’expertise et du conseil représente un atout considérable pour trouver les réponses adaptées à ses besoins. 

Pour aller plus loin :

Comment gérer et optimiser le domaine forestier de son château ?
La méthode ROSEE pour choisir les essences d’arbre dans le jardin de son château

chateau_hephata

chateau_hephata

Gagner de l’argent grâce à son château : les actions à mener

L’important à retenir dans cet article :

 Une fois sa réflexion construite et ses projets d’activités fixés et planifiés, il faut débuter. Mettre en route vos premières actions dans votre château requiert une attention toute particulière, et de nouvelles interrogations peuvent se présenter. 

Les points clés de cet article : 

– Savoir être réaliste face au lancement de vos activités
– Réfléchir aux éventuels accompagnements possibles
– Promouvoir vos activités auprès des bonnes cibles 

Introduction

Dans l’article COMMENT GAGNER DE L’ARGENT GRÂCE A SON CHÂTEAU – Quelle réflexion avoir en amont du lancement d’activités, nous évoquions la manière d’agir avant la mise en place de tout projet. Aujourd’hui, nous vous proposons de nouvelles clés pour commencer à mener vos premiers développements !  

1. Etre réaliste

Cela peut paraître logique mais fixer des objectifs réalisables dans le temps et dans son budget peut vite devenir difficile. Une fois que l’on a identifié les atouts de son château, que l’on sait comment les exploiter, l’on a souvent tendance à être trop ambitieux dans la mise en place de ses objectifs. Il est donc nécessaire de faire un « tri » entre ce qui est possible et ce qui est réalisable. 

Ce qui n’est pas réalisable n°1 : les activités qui imposent des contraintes trop fortes pour soi

Par exemple, si vous souhaitez organiser des visites dans votre château, sachez qu’il faudra mettre en place un parcours spécialement dédié à cette activité. Cela implique des contraintes avec notamment la privation de la jouissance d’une partie de ses espaces privés. Si vous n’êtes pas prêt à cela, ce n’est sans doute pas la bonne activité pour vous. 

Ce qui n’est pas réalisable n°2 : les activités qui demandent une phase de « test » alors que l’on manque de temps

Prenez également en compte le temps qu’il faudra pour mener à bien vos premières actions. Il est important de ne pas aller trop vite car le risque est de faire des projets à perte ! Tous les paramètres (environnementaux, climatiques…) qui peuvent vous dresser une assise confortable dans le lancement de vos activités ne sont pas toujours présents. Ainsi, il est nécessaire d’accepter l’erreur et de faire des compromis surtout si l’on n’est pas le seul décisionnaire. Il convient alors d’agir finement et de choisir les bons moments pour proposer de nouvelles activités. Le mot d’ordre est : « learning by doing » : apprendre en faisant. 

Vous pouvez par exemple vous rendre dans votre mairie, demander une étude d’impact sur le territoire et faire en fonction . Ainsi, ces nouvelles informations vous permettront de s’engager sans trop de risques dans la mise en place de vos activités. 

2. Ne pas hésiter à se faire accompagner

S’entourer d’experts, de conseillers, d’auxiliaires, de bénévoles…

Lors du lancement de projets pour son château, on peut parfois être esseulé face à la quantité de travail qui se retrouve devant nous. Gérer les visites si l’on a ouvert son château au public, s’occuper des événements, de l’entretien des lieux etc, n’est pas aisé. Jusque là, il est rare d’avoir le don d’ubiquité et l’on risque de tout faire péricliter si on se retrouve dans l’impossibilité de canaliser ses objectifs. 

N’hésitez pas à vous entourer d’un environnement de partenaires qui ont les bons conseils, les solutions adaptées pour répondre à vos besoins. 

Si par exemple, vous avez à votre charge un domaine forestier, vous pouvez vous rapprocher d’experts en gestion forestière, de conseillers en la matière qui sauront vous aider grâce à leur regard professionnel. En ce sens, nous vous conseillons la lecture de l’article :  GESTION DU DOMAINE FORESTIER DE SON CHÂTEAU – Un atout majeur car rentable et JARDINS ET ESPACES PAYSAGERS D’EXCEPTION – Faire appel à des professionnels, c’est abordable : point sur les expertises indispensables. 

Vous pouvez également vous rapprocher de nombreuses structures qui existent comme les chambres d’artisanatles CCI, les incubateurs d’artisans locaux ou tout simplement des bénévoles qui viendront donner de leur temps pour vous aider dans vos activités.

Une solidarité commune

Il existe aujourd’hui une grande solidarité autour du patrimoine et de sa valorisation. Ainsi, beaucoup de partenaires sociaux, économiques sensibles à la conservation du patrimoine sont là pour vous aider à concrétiser vos projets car le patrimoine est d’abord une affaire de tous. 

Rappelons-nous de la success-story du château de la Mothe-Chandeniers qui a réuni des personnes d’horizons, de nationalités différentes au sein d’une même mission : servir le patrimoine et aider à sa valorisation. De petites mains passionnées œuvrent pour aider à sauvegarder et promouvoir cet héritage commun. Ce seront parfois elles qui viendront d’elles-mêmes proposer leurs services pour aider dans la mise en place d’activités pour son château. Les mairies et associations sont souvent leurs relais. Il ne faut donc pas hésiter à prendre les devants et se tourner vers elles ! 

D’autres propriétaires tentent eux-aussi de mener à bien leurs projets pour leur château. Les VMF, par exemple mettent en relation les propriétaires de monuments historiques afin de se constituer un réseau cohérent et efficace autour d’une solidarité commune: celle de promouvoir son bien en œuvrant pour sa sauvegarde. 

S’associer

Enfin, si l’on a peur d’être seul, trouver des associés peut être une bonne alternative. Tentez d’abord dans votre cercle familial, puis dans vos amis. Ces derniers peuvent constituer des soutiens moraux qui consolideront toute mise en place de projet. Avoir un second regard sur les décisions à prendre est un plus non négligeable car il apporte une confiance supplémentaire dans la réussite de projets pour son château.  

Vous pouvez également former un apprenti pour vous suivre et vous épauler dans vos actions à mener. Pour cela, les CFA (Centre de Formation d’Apprentis) proposent des alliances et des formations avec de jeunes désireux de se former auprès d’un maître d’apprentissage. 

3. Faire de la publicité pour communiquer sur vos activités/événements

Distinguer les différents niveaux de communication autour du château et des activités

La communication aux autorités : un pré requis indispensable 

Une fois vos projets fixés, vous avez toutes les cartes en mains pour lancer des activités pour votre château, mais il faut pour cela, les promouvoir. Si vous avez consacré votre château au tourisme, sachez que vous êtes dans le cadre d’une ouverture d’un ERP (Etablissement Recevant du Public). Dès lors, il est impératif de prévenir sa préfecture et sa mairie de son intention d’ouvrir au public son château. Cela fait, il vous faudra choisir à quelle fréquence ouvrir votre château au public (ouverture exceptionnelle, occasionnelle ou régulière). Plus d’informations à ce sujet sont communiquées sur le site de la DRAC de sa région. 

La communication autour de vos activités

Il est également important de veiller à faire connaitre votre nouvelle activité en déterminant un message spécifique, celui qui boostera la visibilité de votre château. Cependant, de véritables démarches s’imposent quant à une communication effective de ses projets. Il faudra diffuser toutes les informations nécessaires sur votre château aux agences départementales et touristiques de sa région. De plus, il faudra sans doute créer une brochure publicitaire ainsi que des panneaux pour prévenir vos clients potentiels de votre nouvelle activité. Ne pas hésiter à être inventif dans ses opérations de communication en plus de vous faire connaitre sur les réseaux sociaux ! 
Vous pouvez retrouver ici comment faire une brochure touristique inspirante.

Les nouveaux outils de communication

Vous pouvez par exemple démarcher les télévisions, presses et radios locales qui relayeront vos projets et vous donneront un coup de pouce pour une meilleure visibilité. 

L’application Weekisto permet par exemple de faire connaitre son château afin d’attirer des visiteurs. Elle vous propose ainsi 3 outils d’animation : 

– visites à thèmes
– balades
– quiz et jeux 

Vous avez également la possibilité de vous tourner vers la réalité augmentée qui apportera un plus pour vos visites et par conséquent pour votre visibilité. L’opérateur de visites augmentées Histovery propose aux châteaux qui le souhaite un HistoPad, une tablette numérique qui promet une expérience immersive aux visiteurs à travers une exploration des salles reconstituées de votre château, « l’HistoPad offre une chasse au trésor ludique et interactive pour le jeune public. »

La communication autour de votre château et de votre marque

En parallèle, si vous avez souhaité consacrer votre monument à l’hôtellerie, les moyens pour être bien visible auprès de votre public seront différents que pour le tourisme mais la logique de communication sera la même. Tout devra être mis en œuvre pour concourir à une bonne visibilité. Outre le fait de se créer un site Internet simple et intuitif, vous devrez inscrire votre château sur des annuaires, des guides touristiques ou participer à l’obtention d’un label. 
Vous pouvez par exemple postuler pour l’obtention du label « Qualité Tourisme » en suivant la procédure proposée par la DGE (Direction Générale des Entreprises). 

Commencez à communiquer autour de vos actions

Il est important d’établir des stratégies de communication logiques et efficaces et, pour ne surtout pas biaiser votre offre, il faudra être cohérent avec le message que vous véhiculerez. 

Voici une liste non-exhaustive des étapes que nous vous conseillons de suivre pour avoir une bonne stratégie de communication auprès du public que vous aurez choisi.

Tout d’abord, inscrivez votre monument sur les réseaux sociaux (Linkedin, Instagram, Facebook…). Sachez que ces plateformes sont aujourd’hui les plus efficaces en termes de communication et de rayonnement car elles touchent un public plus large mais concerné.

Ensuite, prenez des photos de votre château de bonne qualité. N’hésitez pas, si vos moyens financiers le permettent, à faire appel à un photographe qui saura par son œil professionnel mettre en valeur le plus possible votre édifice. 

Puis, créez un site Internet clair et intuitif pour que vos futurs clients puissent prendre connaissance de tous vos projets, qu’ils puissent réserver une chambre ou une visite sans difficulté aucune.

Enfin, référencez votre site sur les moteurs de recherche (Google, Safari…). Grâce aux mots-clés que vous indiquerez, votre visibilité sera plus efficace. Des outils pour référencer votre site sont disponibles en ligne avec des tutoriels pour vous aider, n’hésitez pas à en prendre connaissance ! 

L’exemple du Château de Gudanes

Avec plus de 325 000 abonnés sur Instagram, le Château de Gudanes (Ariège) dépasse le Château de Chambord (69 100 abonnés) pourtant il n’est pas ouvert à la visite ! Son secret ? Une communication efficace autour d’un projet de restauration entamé en 2013 par les Craigs, un couple d’Australiens qui fait des émules sur Internet. Cadre enchanteur, vidéos travaillées, ateliers participatifs, tout est mis en oeuvre pour redonner vie à ce joyau du XVIIIème siècle. 

Ainsi, il est important d’être inspirant, de cultiver votre réseau et de multiplier toutes les alliances qui pourront valoriser votre patrimoine. Enfin, n’hésitez pas à prendre les devants en parlant de vos activités sur toutes les plateformes de communication. 

4. S’armer de patience

Prendre le temps. Même si vous êtes engagé financièrement en bénéficiant d’un prêt, nous vous conseillons de ne pas penser au financement à court terme. Comme dans la création d’entreprise, le rendement ne sera pas immédiat. Dégager un revenu est certes une priorité mais ce ne doit pas être une obsession sinon, vous risqueriez de vous engager dans des projets inaboutis ou irréalisables. 
Par exemple, si vous souhaitez investir dans la création de structure d’accueil coûteuse mais que le public n’est pas au rendez-vous, vous aurez perdu plus d’argent que vous n’en n’aurez gagné. Cela peut paraître évident surtout si l’on fourmille d’idées de développement économique pour son château. Cependant, il est primordial de clarifier dès le début vos objectifs en pensant S.M.A.R.T. , vous avancerez plus efficacement et mènerez vos premières actions beaucoup plus sereinement. 

Enfin, il est capital de ne surtout pas se comparer aux autres structures qui semblent réussir. Leur réussite peut être éphémère et leurs projets ne se sont pas construits en un jour. Tout doit être le fruit d’une réflexion raisonnée et aboutie. N’ayez pas peur de prendre le temps avant de vous lancer dans la bonne formulation de vos objectifs ! 

Conclusion

Ces étapes sont indispensables quant à la bonne mise en œuvre de vos premières actions, elles viennent cadrer votre réflexion lors du lancement d’un projet lucratif pour votre patrimoine. Retrouvez dans notre prochain article la suite de ces étapes ! 

Pour aller plus loin :

 – COMMENT GAGNER DE L’ARGENT GRACE A SON CHÂTEAU – Quelle réflexion avoir en amont du lancement d’activités ? 

– INNOVER DANS UN CHÂTEAU – Comment penser de nouvelles activités durables et rentables ?

chateau_hephata

chateau_hephata

Gagner de l’argent grâce à son château : la mise en oeuvre

L’important à retenir dans cet article :

 Vous avez enfin pu commencer à formuler votre réflexion et vos projets. Il est désormais possible de vous lancer dans la création concrète de vos activités. Pour cela, il faut être innovant et créatif. Plus vous vous démarquerez, plus vous aurez de visiteurs !
Dès lors, vous devez tenter de comprendre quelles sont les opportunités qui se présentent à vous, les saisir et mettre ainsi en place vos activités en hiérarchisant vos priorités. 

Les points clés : 
– Être à l’affût de nouvelles opportunités
– Hiérarchiser ses activités
– Comment et pourquoi déléguer
– Dans quelles mesures se préserver et conserver son énergie

Introduction

Dans nos précédents articles de la série « Comment gagner de l’argent grâce à son château », nous vous donnions les clés et vous conseillions sur la manière de réfléchir et de mettre en place vos projets d’activités. 
Aujourd’hui, nous vous proposons de nouvelles clés pour imaginer et créer vos activités dans votre château. 

1- Etre à l’affût de nouvelles opportunités concernant la mise en place de vos activités.

Que vous ayez consacré votre château à l’hôtellerie où que vous ayez mis en place des activités touristiques, il est important de savoir diversifier vos activités et proposer de nouveaux contenus. 

De nouvelles perspectives pour l’hôtellerie

Dans le cas de l’hôtellerie, vous pouvez, par exemple, proposer des séjours à thèmes, accueillir des colonies de vacances ou vous convertir dans le luxe ! N’oubliez pas que le château est, en lui-même, un lieu d’exception. A ce titre, il est facile pour lui de se doter d’une image de luxe. Vous pouvez vous servir de cette image pour créer, si vos moyens le permettent, un établissement hôtelier haut de gamme. 

Voici un article intéressant sur la manière de transformer votre établissement en un hôtel 5 étoiles ( hotel-luxe-classement5etoiles).

Tentez également de faire partie de coffrets cadeaux comme ceux proposés par Wonderbox ou Smartbox qui cherchent des partenaires pour concevoir de nouvelles activités. Il vous suffit de postuler

Ainsi, non seulement vous aurez une visibilité plus grande, puisque vous ferez partie d’un coffret-voyage en vente dans toutes les enseignes de grande distribution, mais vous participerez à la valorisation de votre territoire ( Wonderbox ; Smartbox). Vous pourrez donc fidéliser vos clients et mettre en place une stratégie d’autonomie dans la prospection de vos clients potentiels.

Diversifier le tourisme

Si vous avez ouvert votre château au public, vous devez sans doute avoir mis en place un parcours de visites classiques incluant la découverte des extérieurs et/ou intérieurs de votre château. Pour diversifier votre offre touristique et vos publics, vous pouvez vous orienter vers la création de visites à thèmes (weekisto) . Pas besoin d’avoir un budget énorme pour aller dans ce sens puisque vous pouvez, par exemple, créer des visites nocturnes aux flambeaux, des visites costumées ou organiser des spectacles. Ce sont des activités qui sont logiques dans l’évolution des visites que vous proposez car elles sont nécessaires pour vous diversifier et augmenter le nombre de visiteurs. 
C’est déjà le cas de nombreux châteaux. Ils ont su saisir les opportunités qui ont fait d’eux des édifices connus et reconnus dans leur région. 

L’exemple du château de Caumont (Gers)

Les Castelbajac ont organisé dans leur château le Concert de la fête des mères. Cet événement accueille chaque année de nombreux visiteurs qui se costument pour participer à des danses d’époque. Comment organiser un tel événement ? C’est simple, faites appel à des équipes de jeunes volontaires !

L’exemple du château de Saint-Fargeau (Yonne)

A l’image de la célèbre Cinéscénie du Puy du Fou, le château de Saint-Fargeau a, lui aussi, diversifié son offre touristique pour créer un spectacle vivant autour de notre histoire
« Les fantômes sortant des murailles, l’épopée de Jeanne d’Arc, la chasse d’Héribert, le tournoi de chevalerie, les écorcheurs sanguinaires, l’arrivée de la Grande Mademoiselle, la Révolution et le passage des troupes américaines en Puisaye constituent le merveilleux livre d’images vivantes du Château de Saint-Fargeau. Dans le cadre exceptionnel du Parc du château, pendant plus d’une heure et demie, et sur un rythme époustouflant, 1000 ans d’histoire défilent sous vos yeux.  »

Vous pouvez également tenter de réinventer vos besoins en fonction du plan d’actions que vous vous êtes fixé en amont. Cela se traduit par une réévaluation de vos activités en les hiérarchisant en fonction de vos priorités (personnelles, financières, matérielles…). Ai-je suffisamment les bons outils pour faire perdurer cette activité ? Ai-je les moyens financiers pour la faire perdurer ? Est-elle bien rentable ? 
Une fois que vous aurez fait « le tri », vous pourrez établir de nouvelles stratégies touristiques en tentant l’insolite. En effet, plus vos activités seront exceptionnelles, plus vous aurez de visiteurs et vos bénéfices financiers ne pourront qu’augmenter

L’exemple des Escape Game : Escape Game au château de Vitré
Des activités utiles à tous

Le Comte d’Orglandes à Heudreville sur Eure a récemment mis en place une centrale à vis hydroélectrique sur la portion de l’Eure qui traverse le parc de son château. Cette initiative portée par Verchéenne et les élus de la commune représente 4 ans et demi de négociations avec les banques pour mettre en place le projet. Non seulement il produit de l’électricité pour les riverains mais il les protège des potentielles crues aux conséquences désastreuses. 

Aujourd’hui, fort de son succès, « le château d’Heudreville-sur-Eure accueille souvent des délégations anglaises, belges, italiennes, et, même chiliennes qui envisagent de construire des canaux d’irrigation de plusieurs centaines de centrales identiques à celle d’Heudreville en dérivation des rivières en provenance de la Cordillère des Andes, sans aucun impact négatif pour l’environnement. » Actu.fr
Un projet porteur d’emplois et inspirant qui fédère et garantit la sécurité des riverains tout en limitant l’empreinte écologique ! 

2- Savoir déléguer et conserver son énergie

Décomposer son temps, étapes par étapes

Comme expliqué dans le premier article de notre série « COMMENT GAGNER DE L’ARGENT GRÂCE A SON CHÂTEAU – Quelle réflexion avoir en amont du lancement d’activité », nous vous indiquions comment penser S.M.A.R.T. en cadrant ses objectifs principalement dans le temps. Cette méthode est extrêmement importante afin de ne pas se laisser déborder par les événements et ne pas être pris de court par le temps. 
Etudier des devis, gérer vos activités, construire des factures et ne pas laisser sa boite mail déborder : tant d’impératifs qui sont souvent reportés à plus tard car source de stress…
Aujourd’hui, nous vous proposons de décomposer le temps dont vous disposez en hiérarchisant vos priorités ; pour cela voici l’analyse ABC créée en 1956 par Henry Ford, une méthode très efficace pour se concentrer sur l’essentiel ! 

Catégorie A : les tâches urgentes et/ ou très importantes

Vous pourrez consacrer 60% de votre temps aux urgences et aux choses les plus importantes : traitement des devis, résolution des imprévus, suivi de vos finances. 

Catégorie B : les tâches importantes mais pas pas urgentes

Vous pourrez consacrer 25% de votre temps à gérer votre personnel, si vous en avez, à étudier les possibles recrutements et à développer vos activités et votre site Internet.

Catégorie C : les tâches quotidiennes

Vous pourrez consacrer 15% de votre temps à vous occuper du suivi de vos mails, à répondre aux courriers et à vous occuper des activités non lucratives. 

Nous vous proposons également la méthode N.E.R.A.C. qui suit relativement les mêmes principes que l’analyse ABC mais qui vous apporte des outils différents. N’hésitez pas à vous inspirer du tableau ci-dessous pour vous aider à hiérarchiser vos tâches. 

Si vous souhaitez réguler vos finances, vous pourrez également consulter la méthode de l’analyse ABC pour le pilotage des coûts de vos activités Analyse ABC

Croire en soi pour réussir ses objectifs

Que signifie croire en soi ? Faut-il croire en soi pour réussir ou les compétences suffisent-elles ?
« C’est en bonne partie sur la base des croyances d’auto-efficacité que les individus choisissent quels buts poursuivre, combien d’efforts dépenser, combien de temps continuer à persévérer face aux difficultés, quel niveau de stress et de découragement être prêts à subir face aux difficultés et aux échecs » (Albert Bandura, 1989).

Croire en soi, c’est d’abord croire en ses capacités et ses compétences

C’est ce sentiment d’efficacité personnelle, dans lequel nous sommes satisfaits par le succès de nos actes. C’est notre capacité à performer dans un domaine qui prédispose invariablement nos choix d’activités. Tel un déterminisme personnel et professionnel, croire en soi est en quelque sorte l’indicateur, le baromètre de notre investissement dans la vie. Il oriente et fixe la poursuite de nos objectifs. 

Plus vous vivrez un succès professionnel ou personnel, plus vous serez amené à croire en vos propres capacités pour accomplir la mission demandée, et ce dans n’importe quel domaine. A contrario, l’échec va réduire ce sentiment de manière drastique.

Il faut donc bien cerner quelles sont vos envies, cibler vos capacités et plus largement vos projets pour établir une stratégie de succès

Mais que cela ne vous empêche pas de prendre des risques ou de vous tromper dans la mise en place de vos activités lucratives qui impose beaucoup d’enjeux à court et long terme. 

Si, par exemple, vous avez décidé de créer un concept d’Escape Game dans votre château, c’est certes une activité à succès mais qui présente beaucoup de contraintes : accueillir une structure sans détériorer les lieux, construire une énigme en lien avec l’histoire du château, mettre en place un matériel adapté, recruter un responsable d’activité… Tout cela coûte cher et impose un gros investissement personnel. A vous de voir si le jeu en vaut la chandelle et si vous croyez que c’est la bonne activité, celle qui fera décoller la visibilité de votre château…

In fine, vous verrez que tout n’est qu’une question de priorités et d’organisation. 

Conserver son énergie

Nous vous conseillons dans votre organisation quotidienne de commencer dès le matin à vous occuper des tâches urgentes de la Catégorie A (CF – analyse ABC), vous serez ainsi « soulagé » et pourrez vous consacrer à d’autres missions tout au long de la journée. Arrivé en fin de journée, essayez de noter tous les points positifs de celle-ci afin de garder votre énergie et de ne pas vous laisser submerger par les points négatifs qui auraient tendance à entacher votre moral. 


Enfin, sachez déléguer ! Beaucoup de personnes peuvent vous aider que ce soit dans votre cercle familial ou dans un cercle plus large. Etre seul pour s’occuper de son château est impensable. Pas besoin de s’entourer de professionnels. Néanmoins, il vous faut être entouré par des personnes qui ont de l’expérience ou qui sont très motivés pour vous aider. 
Ces personnes sont précieuses. Elles seront là pour vous apporter du soutien et vous accompagner. Membres de votre famille, amis, bénévoles, n’hésitez pas à les solliciter. 
Voici quelques sites répertoriant des associations qui seraient susceptibles de vous aider : 
– Des cadres retraités qui offrent de leur temps : Retraités_temps ; Cadres_retraite
– Des bénévoles pour vous aider dans vos travaux de chantier : bénévoles_chantier

Conclusion

Mettre en place des activités dans son château suppose de la créativité et de la rigueur pour ne pas se laisser submerger par la quantité de tâches qui se dressent devant vous. Croire en soi et en sa propre intuition est souvent la clé. N’ayez pas peur d’avancer et d’offrir à votre château un second souffle ! 
Vous voilà avec toutes les clés pour pouvoir générer de l’argent grâce à votre château. Nous espérons que ces clés vous ont été utiles et que vous pourrez amorcer sereinement votre projet !

A vous de jouer ! Si vous avez d’autres questions, n’hésitez pas à nous écrire : contact@hephata.fr

Pour aller plus loin :

 – COMMENT GAGNER DE L’ARGENT GRÂCE À MON CHÂTEAU – Les premières actions à mener dans le lancement d’activités
– COMMENT GAGNER DE L’ARGENT GRÂCE À MON CHÂTEAU – Quelle réflexion avoir en amont du lancement d’activité ?

Quelles stratégies efficaces pour une levée de fonds en mécénat ?

L’important à retenir dans cet article :

 Des restaurations de moyenne ou de grande envergure, les propriétaires de châteaux en ont bien souvent. Bien souvent aussi s’interrogent-ils sur la possibilité de les faire financer par du mécénat. Mais de quoi parle-t-on réellement ?

Cet article permettra de :
– Connaître et comprendre les différentes formes de mécénat : en numéraire, en nature, de compétence, de partenariats média ou croisé.
– Appréhender les types de restaurations éligibles au mécénat avec trois exemples concrets

Introduction


L’État français subit aujourd’hui d’importantes difficultés budgétaires. La part qu’il réserve à la sauvegarde du patrimoine historique se révèle donc bien insuffisante. C’est face à cet état de choses que les entreprises se retrouvent sollicitées pour prendre la relève. Elles viennent à « la rescousse des châteaux français » . Elles deviennent ce qu’on appelle des mécènes.

Un article précédent donne une définition intéressante du mécénat. Il s’agit du soutien financier, matériel ou de compétences apporté par une entreprise ou un particulier à une action ou une activité d’intérêt général (culture, recherche, humanitaire). 

Selon l’ADMICAL, le mécénat d’entreprise ne cesse d’augmenter depuis une dizaine d’années. Selon François Debiesse, président de l’association, « Le contexte économique et politique est favorable (…). Les entreprises ont en effet compris le rôle sociétal qu’elles peuvent jouer pour soutenir les initiatives positives de notre pays. »


 Les chiffres clés du mécénat en France.

En 2017, la majorité des mécènes sont des TPE (62 %) et des PME (34 %). Les entreprises mécènes privilégient les initiatives locales ou régionales (89 %). En outre, 83 % des structures soutenues sont des structures privées. Les principaux domaines concernés par le mécénat sont le social (28 %), la culture et le patrimoine (28 %) et l’éducation (23 %).

1- Les différentes formes de mécénat

Bien souvent, face à des travaux importants, les propriétaires de monuments historiques s’interrogent sur la possibilité de faire appel à des fonds privés via le mécénat. Avant 2007, seuls les monuments publics pouvaient faire appel à ce type de financement. La loi de finances pour 2007 l’ouvre désormais aux propriétaires privés de monuments historiques classés ou inscrits. Ils peuvent donc bénéficier du soutien financier ou matériel d’entreprises, organisations ou personnes privées pour restaurer leur monument.

Quand on pense au mécénat, on imagine bien souvent qu’il s’agit d’un don en argent. Il existe pourtant cinq sortes de mécénat.

a) Le mécénat financier ou en numéraire

Définition : Il s’agit d’un don d’argent au profit d’un projet d’intérêt général.

Qui est mécène ? Aujourd’hui, 92% des entreprises mécènes utilisent cette forme de mécénat. Elle représente 84% du budget total du mécénat en France.

Pour quel type de projet ? Le mécénat en numéraire est la forme de mécénat la plus utilisée. Il permet de financer tout type de projets de la restauration de mobilier à la réhabilitation de parcs et jardins. 

Exemples : On peut citer l’engagement de la Fondation d’entreprise du Groupe GDF Suezen faveur du patrimoine bâti. Chaque année, depuis 1994, la fondation signe des conventions pluriannuelles pour la restauration et la création de vitraux. Il en est de même pour les Fondations Velux qui ont restauré la verrière de la Rotonde d’Antin du Grand Palais à Paris ou encore les vitraux de la Sainte-Chapelle. 

b) Le mécénat en nature

Définition : Le mécénat en nature consiste à mettre à disposition du demandeur des produits ou des services. 

Qui est mécène ? En moyenne, 39% des entreprises mécènes font du mécénat en nature et 42% d’entre elles sont des ETI et des grandes entreprises. 

Pour quel type de projet ? Le mécénat en nature se décline dans le don d’un bien immobilisé (véhicule, mobilier, matériel…), la fourniture de marchandise en stock (matériel informatique, sonos…) ou encore la prestation de services (réparations, entretien, imprimerie…).

Exemples : Au château de Sassenage , propriété de la Fondation de France, des demandes ont été mises en ligne sur le site internet du château afin d’obtenir des produits et matériel spécifique : de la peinture pour l’embellissement des salles, des gravillons pour la Cour d’honneur, de la signalétique pour la partie Musée. Une manière étonnante mais bénéfique de financer ses restaurations et aménagements ! 

Par ailleurs, des plateformes web permettent la mise en relation d’associations avec des entreprises. Dans ce cadre, l’Agence du Don en Nature créée en 2009 permet aux industriels de redistribuer aux associations leurs excédents de stocks non alimentaires. Ainsi, depuis sa création, 13 millions d’euros de produits neufs ont été redistribués à un réseau composé de 260 associations. 

c) Le mécénat de compétences

Définition : Dans le cadre du mécénat de compétence, l’entreprise mécène agit dans son domaine d’expertise en assurant l’exécution directe et la charge financière des travaux grâce à l’implication de ses salariés. Ceux-ci assurent leurs missions de mécénat sur leur temps de travail. Ce mécénat est aujourd’hui très en vogue parce qu’il répond parfaitement à la politique RSE (responsabilité sociale) des entreprises qui l’intègre désormais dans leur stratégie. Il permet :
– Au salarié d’être impliqué dans la vie de l’entreprise et de l’enrichir de nouvelles expériences ;
– À l’entreprise de développer son impact social et de renforcer sa réputation et la cohésion de ses équipes ;
– Au demandeur d’acquérir un appui humain et de nouveaux savoir-faire pour développer son activité.

Qui est mécène ? 20% des entreprises mécènes font du mécénat de compétences. Cette forme de mécénat représente 13% du budget du mécénat en France. 

Pour quel type de projet ? Le mécénat de compétences est très utilisé pour le patrimoine bâti. 

Exemples : On peut citer des exemples de grands groupes qui font œuvre de mécénat de compétence en faveur du patrimoine bâti, via leurs Fondations :
Vinci qui a restauré la galerie des glaces du château de Versailles ;
Bouygues qui a restauré des éléments patrimoniaux de l’Hôtel de la Marine à Paris ;
Eiffage qui a restauré les colonnes de Buren du Palais Royal et la Rotonde Zambelli du Palais Garnier.

d) Le mécénat de partenariats média

Définition : On parle de mécénat de partenariats média lorsqu’un média décide de mettre à disposition gratuitement ou à tarif réduit un espace publicitaire à un porteur de projet. 

Qui est mécène ? Le média devient mécène en tant que relai d’initiatives positives et révélateur de projets. 

Pour quel type de projet ? Tous les types de projets sont visés. Dans le patrimoine, ces aides touchent les initiatives culturelles (ouverture à la visite) et les grands projets de restauration. 

Exemples : À l’occasion des Journées Européennes du Patrimoine ou au lancement de votre projet d’activités, alertez la presse locale et invitez-les ! 

e) Le mécénat associé ou mécénat croisé

Définition : Le mécénat croisé est une action qui agit à la fois sur deux domaines comme par exemple l’art et le handicap visuel.

Qui est mécène ? Les entreprises qui utilisent cette forme de mécénat sont, en général, celles qui craignent qu’on leur reproche des dépenses considérées comme non prioritaires. Elles préfèrent alors se tourner vers les actions sociales. Grâce au mécénat croisé, il n’y a pas de difficulté pour faire d’une pierre deux coups !

Pour quel type de projet ? Cette forme de mécénat est très utilisée en période de crise lorsque le mécénat financier est plus difficile à justifier et apparaît davantage comme un luxe. Il est beaucoup utilisé pour les parcours de visites de musées.

Exemples : Au musée George Pompidou à Paris, la Fondation Swiss Life a concrétisé un partenariat avec une association sur la maladie d’Alzheimer. Une structure de visite guide à destination des personnes atteintes de cette maladie a donc été mise en place. 
Au théâtre de l’Odéon à Paris, quatre programmes incorporent également des axes sociaux et culturels. 

 2- Des exemples de restaurations qui ont fait l’objet de mécénat dans les châteaux

Depuis plusieurs années, le mécénat dit « patrimonial » retient l’attention des entreprises. Ce mouvement s’est beaucoup accentué avec notamment la mission Stéphane Berne ou encore l’incendie de Notre Dame de Paris. Ces initiative et évènement ont renforcé le sentiment de proximité des Français et des entreprises à l’égard du patrimoine. 

a) Les travaux réalisés grâce au mécénat au château de Bourron (Essonne)

Au château de Bourron, propriété de Guy et Estrella de Cordon, différents chantiers de restauration ont été menés depuis 2018 grâce au mécénat. Il aura fallu huit mois et demi de travaux pour restaurer les trente-sept marches de l’escalier en fer à cheval du château, typique de cette région du Gâtinais, non loin du château de Fontainebleau. Ce ne sont pas moins de 270 000 euros qui ont été financés via le mécénat. 

En outre, des chantiers de restauration des statues et fontaines du parc ont été permis grâce à l’appui d’une entreprise du bâtiment qui a proposé ses compétences pour former le personnel du château. Un mécénat de compétences mis à profit pour apprendre à enlever les mousses et champignons présents sur les objets en pierre : statues, bancs, puits…

Par ailleurs, cette même société a fait œuvre de mécénat en nature en proposant de remplacer le socle d’une statue de l’empereur Alexandre le Grand, à hauteur de 7 200 € HT. La reconstitution de la tête du personnage, dérobée en 1983, fera l’objet dans un deuxième temps d’une campagne de crowdfunding, dont la reconstitution est en projet. 

b) Six campagnes de mécénat en numéraire pour le château de Gizeux (Indre-et-Loire)

Juin 2019 a été un tournant important dans la vie du château de Gizeux, propriété de Géraud et Stéphanie de Laffon. Un mois fondamental qui a été marqué par l’inauguration de la fameuse Galerie des châteaux, entièrement restaurée en seulement sept années. À la fois fierté et trésor du château de Gizeux, la Galerie des Châteaux avait été réalisée dans les années 1680-1685 par une école de peinture. Ce ne sont en effet pas moins de 400 m² de peintures murales, représentant les grands châteaux royaux comme Chambord ou Versailles, qui devaient être sauvés de l’humidité ! 

Un chantier extraordinaire qui a été permis grâce à la mise en place de six campagnes de mécénat participatif successives, financées via My Major Compagny puis Dartagnans

c) Les chantiers participatifs de l’association historique de Marcoussis dans l’Essonne

Au château de Montagu, l’Association historique de Marcoussis ( AHM), créée en 1990, s’est fixée pour objectif de protéger le château, de le restaurer et de le transformer en un lieu de formation et de découverte de l’architecture médiévale. 

Reconnue d’intérêt général, l’association organise des chantiers de bénévoles depuis une vingtaine d’années en association avec le Groupement REMPART d’Ile de France. Prendre part à un chantier participatif dans le cadre de la sauvegarde d’un monument historique, à titre bénévole, c’est déjà être mécène puisqu’il favorise la mise en œuvre des compétences de chacun pour un projet déterminé. 

À Marcoussis, l’AHM propose des activités de jeunesse et d’éducation populaire et a été, à ce titre, agréée Jeunesse et Éducation Populaire. 

Conclusion

Le mécénat est donc une excellente manière de trouver des financements pour la restauration des monuments et des oeuvres d’art qu’ils abritent. Aujourd’hui, la démarche RSE des entreprises tend vers le soutien des projets culturels et patrimoniaux locaux. Dans un monde qui traverse une forte crise, la quête de sens est plus que sous-jacente, aussi bien chez les particuliers que chez les entreprises. Alors, à vos projets !

Pour aller plus loin :

 – Le site du Ministère de la culture
Les prix de mécénat via l’Association pour les Monuments Historiques
Le Réseau REMPART



A vous de jouer ! Si vous avez d’autres questions, n’hésitez pas à nous écrire : contact@hephata.fr

Le périmètre d’intervention d’un géomètre expert au service des monuments

L’important à retenir dans cet article :

 Comme tous les propriétaires fonciers, les propriétaires de monuments historiques se retrouvent bien souvent confrontés à des problèmes de voisinage. Un voisin a toujours tendance à vouloir s’affranchir des limites de sa propriété pour empiéter sur celle des autres. La profession de géomètre-expert a donc pour objectif d’accompagner les propriétaires dans leurs démarches pour faire respecter leur domaine et leurs biens fonciers. « Si les Français ont une excellente image de la profession (82% de bonne ou très bonne opinions), moins d’un Français sur cinq (19%) considère bien la connaître ». 
Zoom sur ces « garant(s) d’un cadre de vie durable » !

Cet article permettra de :
– Découvrir ou mieux connaître le métier de géomètre-expert grâce à l’interview de Gabrielle Mattei
– Appréhender des notions techniques tel que le bornage ou la délimitation de propriétés

Introduction

Gabrielle Mattei est Géomètre-Expert dans le Cap Corse et dépend de l’Ordre des Géomètres-Experts de Marseille. Cette profession libérale est encadrée par la loi du 7 mai 1946.

Après une classe préparatoire aux grandes écoles à Ajaccio, elle intègre l’école Française d’ingénieur spécialisée dans le domaine du Conservatoire National des Arts et Métiers puis finalise ses études en institut de recherche et développement, appliqués à la cartographie et télédétection de sinistralité à Aix-en-Provence. Par la suite, le troisième plus grand cabinet de géomètres-experts à Paris la recrute. Elle rentre ensuite en Corse dans un cabinet spécialisé dans le domaine rural patrimonial. En parallèle de son travail, elle y mène un stage permettant d’obtenir l’agrément pour devenir Géomètre-Expert. 

1. Quelle est l’activité du Géomètre-Expert ?

La profession disposant d’un monopole pour « dresser les plans et documents topographiques qui délimitent les propriétés foncières », l’activité actuelle de Gabrielle Mattei se concentre sur le foncier et ses thèmes connexes, toujours guidée par le respect des règles ordinales.

Il s’agit donc, pour la majeure partie du temps, de bornages et divisions de propriété, le but étant de garantir le respect de la propriété et des biens fonciers, problématiques très ancrées dans les fondements de la société française.

Au-delà de ces aspects de fixation de limites de propriété, le géomètre intervient sur divers secteurs : l’urbanisme, la topographie, le lever architectural, la copropriété et la volumétrie. Des montages fonciers permettant le respect des droits de chacun. À titre d’exemples, le géomètre peut :
– Informer des possibilités de construction attachées à un terrain ;
– Effectuer des démarches administratives (certificats d’urbanisme pour une construction, permis d’aménager, déclaration préalable…) ;
– Réaliser un recensement patrimonial de propriétés (plans à l’appui).

Les titres de propriété et le cadastre n’offrent pas toujours des garanties suffisantes. Pour rappel, le cadastre n’a qu’une vocation fiscale. Le géomètre assure donc ces prestations en matière de foncier pour le compte de particuliers, professionnels ou collectivités territoriales. Le géomètre les aide à mener à bien leurs projets en respectant la règlementation, pour prévenir tout potentiel litige.

2. Qu’est-ce que le bornage, cœur de métier du géomètre-expert ?

Plusieurs cas de figure se présentent lorsque les clients sollicitent le géomètre-expert pour un bornage. Ils peuvent, par exemple, avoir besoin de : 
– Vérifier la superficie d’un terrain dans le cadre d’une vente
– Clôturer leur propriété 
– Vérifier que l’aménagement prévu par un voisin n’est pas sur leur propriété. 
Le bornage permet donc de régler légalement ces questions une bonne fois pour toutes.

En effet, le bornage a pour effet de définir juridiquement et de matérialiser sur un terrain les limites des propriétés privées contiguës, appartenant (ou destinées à appartenir) à des propriétaires différents. Il met en œuvre le respect du contradictoire.

Trois types de prestations sont réalisées :
– Le bornage amiable (si les propriétaires sont d’accord pour le faire réaliser) qui donne lieu à un procès-verbal signé des parties et entériné dans les archives du géomètre-expert,
– Le bornage judiciaire (en l’absence d’accord des parties), où le géomètre-expert intervient comme expert de justice désigné par le juge,
– La délimitation des propriétés affectées de la domanialité publique. Dans ce troisième cas, la mission consiste à assister la collectivité pour les opérations d’analyse, de matérialisation de la limite, de rédaction du procès-verbal de délimitation et de notification aux riverains.

En Corse, par exemple, Gabrielle Mattei a décidé de mettre l’accent sur les questions d’indivisions qui y sont omniprésentes. Le but est toujours de renforcer l’acte foncier du bornage pour lequel un process a spécifiquement été créé, depuis les recherches généalogiques jusqu’au contradictoire.

3. Pourquoi la surface cadastrale d’un bien ne correspond-elle pas à la surface mesurée par un géomètre-expert ? Quelle est la différence ?

Il est très important de faire cette distinction. Le plan cadastral est un document administratif à vocation fiscale. En effet, il recense et identifie la propriété foncière pour l’établissement des bases d’imposition (taxe foncière, taxe d’habitation). Ainsi, il ne garantit pas les limites de la propriété mais en livre uniquement une représentation graphique.

En revanche, la surface mesurée par le géomètre-expert, et fixée à l’issue de la procédure de bornage contradictoire, est la surface réelle de la propriété.

4. Quels sont les besoins des clients dans le cadre de division de propriété ?

Les besoins sont multiples mais il s’agit essentiellement de création de lotissements ou de partage de terrain dans le cadre d’une succession. Le cas d’un détachement de terrain pour une vente est un exemple récurrent. L’étude de faisabilité de la division puis l’évaluation des étapes nécessaires à la bonne réalisation de l’opération sont alors menées. 

Une fois que les parties valident le projet de division, le géomètre envoie les documents au centre des impôts fonciers pour la conservation cadastrale.

Le géomètre-expert est habilité pour réaliser ces opérations. Ces étapes sont obligatoires dans le cadre de tout changement de limite de propriété (divisions, lotissements, partages, échanges, etc.).

Il peut également être nécessaire, selon le cas, de créer ou maintenir des servitudes.

5. Quelles missions sont liées aux questions d’origine de propriété ?

L’établissement d’une origine de propriété, la recherche d’héritiers, l’approfondissement des antécédents généalogiques ou historiques de servitude peuvent nécessiter une analyse comparée minutieuse. L’idée est de retracer l’histoire de ces parcelles, de leurs divisions successives par l’étude croisée de l’ancien et du cadastre actuel, d’une part, mais aussi des actes de mutations permettant l’identification de ses propriétaires successifs.

6. L’intervention d’un géomètre-expert est-elle nécessaire sur un chantier de restauration d’un Monument Historique ?

Un monument historique regorge, par essence, de particularismes architecturaux. Une erreur d’estimation du coût des travaux peut donc avoir de lourdes conséquences sur le suivi des financements à débloquer. 

Selon Gabrielle Mattei, la mission du géomètre consiste à garantir au client  » une meilleure maîtrise de projet, de la géométrie de son bâti aux contours du parcellaire, tant d’un point de vue du conseil technique que juridique ». Le géomètre peut donc être amené à réaliser :
• Un relevé des intérieurs et extérieurs par la numérisation des bâtiments en trois dimensions : maquette BIM du site, extraction des plans planimétriques, coupes, façades, visite virtuelle… Cette dernière prestation est très demandée car elle permet de mieux coordonner les corps de métier entre eux et projeter les modifications, extensions, constructions pour évaluer les coûts de manière très précise. Elle est aussi un très ludique et devient un argument marketing de choix ;
L’établissement de plans topographiques/plans de façades/coupes : ces prestations peuvent s’étendre au relevé d’état des lieux des implantations viticoles, aménagements paysagers, etc. ;
Un relevé par drone de toitures pour une exploitation d’orthophotographies aériennes : cela peut être très utile pour cibler des zones d’intervention sur une toiture. »

Conclusion

Ainsi, les géomètres-experts ont un vrai rôle à jouer dans la société. Il sont en effet au coeur des problématiques de qualité de vie des individus et d’aménagement des territoires. Que vous soyez une commune ou un propriétaire de château, n’hésitez donc plus à vous adresser à eux.

Pour aller plus loin :

 Découvrez d’autres interviews de nos spécialistes du patrimoine :

– DEVELOPPER DES ACTIVITES DE MEDIATION POUR VALORISER LES PARCS ET JARDINS DE SON CHÂTEAU – Interview de Marc Brillat-Savarin
– RESTAURER UN CHÂTEAU ET SA CHAPELLE – Interview de Bruno Lestrat, président de l’Association de Sauvegarde du Patrimoine de l’Aisne Méridionale
– LANCER DES ACTIVITES DANS MON CHÂTEAU – Comment réaliser une bonne analyse de territoire ?  Interview de Laurent Chalard, Géographe

A vous de jouer ! Si vous avez d’autres questions, n’hésitez pas à nous écrire : contact@hephata.fr

Pour contacter le CABINET MATTEI – GEOMETRE-EXPERT : 
9, route du Tennis – 20200 Santa Maria di Lota
04 95 31 20 15 – gabrielle.mattei@geometre-expert.fr

Comment recevoir des tournages dans son château ? Hephata vous engage à saisir l’opportunité !

L’important à retenir dans cet article :

 La France est actuellement l’un des trois pays les plus filmés dans le monde. On constate que le cinéma peut avoir une influence, parfois très large, sur le flux touristique d’un territoire. Accueillir le tournage d’un film dans son château est une occasion de dynamiser considérablement la visibilité du lieu. Bien qu’un tel projet puisse sembler pharaonique pour certains propriétaires, il suffit de connaître certains points pour bien s’organiser et … gagner facilement de l’argent !

Cet article permettra de :
– Connaître les raisons qui favorisent l’accueil des tournages dans un château
– Comprendre les étapes pour proposer son château aux réalisateurs 
– Découvrir des exemples de tournages qui donnent envie

Introduction


Accueillir le tournage d’un film dans son château a un impact réel sur son image. En effet, pour Jeanne Hollande de la direction des relations extérieurs du château de Versailles , il faut « accueillir des tournages pour donner envie aux personnes du monde entier de vouloir visiter les lieux. L’impact de l’image est très important pour donner envie aux gens de venir »

1- Pourquoi accueillir un tournage dans son château ?

a) Une opportunité touristique

Accueillir un film dans son château c’est participer à une œuvre artistique et découvrir un monde souvent inconnu. C’est aussi donner au lieu une visibilité immense et insoupçonnée. En France et en Europe, la tendance est au développement du « ciné-tourisme ». Présenter son château à l’écran, dans le cadre d’un film ou d’une série, peut donner envie aux spectateurs de se rendre sur le lieu du tournage. Il s’agit donc d’un vecteur publicitaire non négligeable ! 

Un grand nombre de lieux pratiquent déjà les tournages pour valoriser leur patrimoine. En effet, ce ne sont pas moins de 197 films qui ont été tournés au château de Versailles depuis 1904. Cela a largement participer à développer la renommée du château dans le monde. Mais pas besoin d’être une star internationale pour se lancer dans cette activité. À titre d’exemple, on peut citer le château du Plessis-Bourré, en Maine-et-Loire, qui a accueilli divers tournages de films célèbres tels que Peau d’Âne de Jacques Demy, Fanfan la Tulipe de Gérard Krawczyk ou encore La Princesse de Montpensier de Bretrand Tavernier. 

Exemples

Le château de Champs-sur-Marne, en Seine-et-Marne a quant à lui, accueilli plus de 35 tournages depuis les années 1940 : L’habit vert de Roger Richbé, Un amour de Swann de Volker Schlondorff, L’allée du Roi de Nina Companeez, Marie-Antoinette de Sofia Coppola etc. Pour ce château, l’accueil de tournages est devenu une activité à part entière. Beaucoup de visiteurs viennent voir « le château de tel ou tel film », le jardin dans lequel évoluent les acteurs de Dernier Amour etc…

Un château dans un film est un château vivant et habité autour duquel est racontée une histoire qui plaît. Les visites du château peuvent alors jouer sur l’imaginaire du film. Un excellent moyen pour attirer un public curieux ! Le château de Champs-sur-Marne propose par exemple des tablettes tactiles, dans chaque pièce du château, diffusant les extraits de films tournés dans cette même pièce. 

L’exemple le plus emblématique du développement du ciné-tourisme est sans doute celui du château de Highclere en Angleterre, suite à la diffusion de la série Downton Abbey. Le château, propriété privée, recevait jusqu’alors environ 30 000 visiteurs par ans. Le chiffre à doublé dès le début de la diffusion de la série. Il accueille désormais jusqu’à 1 200 personnes par jour. Faites le calcul !

Aujourd’hui les propriétaires « jouent le jeu » et proposent aux visiteurs des activités en lien avec l’ambiance de la série. Il est désormais possible de se projeter totalement dans les décors du film. En août 2018 par exemple, le château avait proposé un événement reproduisant les scènes de Downton transformé en hôpital de guerre, avec des comédiens, des véhicules d’époque etc.

b) Une opportunité financière

D’un point de vue financier, accueillir un tournage peut rapporter beaucoup d’argent ! Le tarif d’une location de monument historique pour un tournage varie selon le temps de tournage prévu, la nature du bien etc… Les tarifs de location varient entre 1 500 et 3 000 euros par jour. Plus le site est exceptionnel, plus le prix peut monter. Au château de Versailles par exemple, chaque journée de tournage est facturée 15 000 euros… Pour François-Maurice Dalinval, cofondateur de l’agence  Cinédécors, « les possesseurs de belles propriétés peuvent même en vivre ». 

Le  château de Courances, dans l’Essonne, est également devenu un lieu emblématique grâce au tournage du film Le Sens de la Fête. De nombreux visiteurs viennent désormais visiter le « décor » du film !  

Le propriétaire doit déclarer la totalité des revenus procurés par la location de son château pour un tournage. En outre, le Code Général des Impôts prévoit que :  
– Les revenus perçus en échange de la mise à disposition d’un local nu pour le tournage d’un film sont imposables dans la catégorie des revenus fonciers
– Les revenus perçus en échange de la mise à disposition d’un local meublé pour le tournage d’un film sont imposables dans la catégorie des bénéfices industriels et commerciaux
– Si la mise à disposition présente un caractère ponctuel, ces revenus demeurent néanmoins imposables dans la catégorie des revenus fonciers

2- Quelles actions mener pour accueillir des tournages dans son château ?

a) Avant la sélection : proposer son château

Pour les sociétés de production, louer la maison d’un particulier revient moins cher que de créer des décors. Si les biens les plus recherchés sont les appartements de standing moyen autrement dit « l’appartement de M. Tout-le-Monde », les villas avec piscine, loft, usines, manoirs, châteaux, granges et fermes restent bien évidemment en ligne de mire. 

Et, point positif pour les châteaux, la hauteur de plafond est un critère fondamental pour faciliter les prises de vue. De même, il faut de l’espace pour pouvoir accueillir véhicules et équipes de tournage ! Enfin, si votre domaine est situé en Ile-de-France, foncez ! La majorité des sociétés de production se trouvent en région parisienne et leur objectif est de limiter leurs coûts de déplacement. D’ailleurs, une aide de la région Ile-de-France, versée par le Fonds de soutien aux industries techniques cinématographiques et audiovisuelles, soutient les projets de tournages franciliens des maisons de production.

Pour pouvoir être contacté par une société de production, il existe plusieurs démarches :
Le recensement par des sociétés spécialisées Situation, 20 000 LieuxMiresCinédécorsThe Place to See

L’inscription sur des plateformes de référencement : Cast ThingsLieuxdetournage.frEasy Spaces
La présentation de son lieu au Salon des tournages, le fameux Production Forum, qui accueille chaque année une centaine d’exposants et professionnels du cinéma.

Établir un plan d’installation 

b) Une fois sélectionné : préparer le tournage

Un tournage peut durer entre 3 jours et 6 semaines. Il est donc impératif de se renseigner en amont sur les dispositions prises à l’égard du propriétaire par la société de production. S’il est, par exemple, amené à déménager temporairement, la société doit le reloger. 

Un plan d’installation s’impose pour plusieurs raisons :
Fixer précisément les espaces occupés pour le tournage en lui-même : le plan d’installation ne doit pas se faire avec les équipes de repérages qui ne seront probablement pas sur place au moment du tournage. Le plan d’installation doit se faire avec le régisseur. 

Déterminer les pièces réquisitionnées pour les activités annexes au tournage : pour une pièce utilisée pour le tournage, trois ou quatre pièces sont occupées par les équipes techniques, les équipes de maquillage, les costumiers etc. Si le propriétaire souhaite établir un forfait à la pièce occupée et non à la journée, il doit donc bien prendre en compte ce critère. Par ailleurs, si le lieu est trop petit pour accueillir ces équipes, il est possible de louer une annexe.  

Prévoir la gestion des véhicules : le propriétaire doit établir avec le régisseur l’emplacement précis des véhicules et mentionner les endroits où il refuse que des véhicules stationnent. Au château de Champs-sur-Marne, un tournage a d’ailleurs du accueillir trente-sept camions ! 

Le château de Beynac, en Dordogne qui a récemment accueilli Matt Damon et Ben Affleck pour le tournage du film The last duel !
Prévoir une convention de tournage 

Afin d’éviter tout malentendu et comme dans n’importe quel marché professionnel, il est nécessaire d’établir un contrat avec la société de production. Celui-ci doit donc prévoir : 
– L’état des lieux du site avant le début du tournage et après le clap de fin ;
– Les dispositions financières ;
– Le statut des membres de l’équipe de tournage : ceux-ci dépendent du code du travail. Néanmoins, s’ils sont victimes d’un accident pendant le tournage, le propriétaire du château ne peut en aucun cas être porté responsable. 

Exemple de convention de tournage 

Mettre en place un cahier des charges 

Pour assurer le bon déroulement du tournage, le propriétaire et l’équipe de tournage doivent mettre en place un cahier des charges précis prévoyant les lieux autorisés, les horaires de l’équipe, les installations techniques et électriques, les consignes de sécurités, les interdictions (fumer, boire ou manger dans le château par exemple). 

Pour la série Versailles l’enjeu a été de tourner en l’absence de public ! Mais ceci n’est pas une mince affaire… 

Prévoir d’être présent au cours des tournages 

Dans le cadre d’un tournage, le propriétaire est le protecteur de son monument. C’est à lui de veiller qu’aucun risque n’est pris vis-à-vis de son château. Il est donc préférable qu’une personne du château soit présente afin d’éviter tout problème. En outre, pour éviter toute détérioration des meubles ou objets, il est indiqué de démeubler entièrement la pièce et de faire couvrir le sol car le matériel technique peut endommager les parquets. 

Enfin, c’est au propriétaire de se renseigner précisément sur le film qui va être tourné dans son château. Il est en droit de demander le scénario ou le synopsis pour ne pas retrouver son château dans un film X… Concernant les photos des tournages, celles-ci peuvent être soumise à des droits à l’image. S’il veut en publier pour valoriser son site ou créer un outil de communication, il doit en demander l’autorisation à la société de production. 

Savoir à qui s’adresser

Pendant un tournage, une multiplicité d’acteurs apparaît. On peut facilement se perdre et ne plus savoir à qui s’adresser. Aussi, seules trois personnes sont à connaître : 
Le chef décors : c’est lui qui gère les équipes de décors. Ces dernières ne dépendent pas du régisseur et peuvent avoir la fâcheuse tendance à ne pas avoir d’horaires fixes… Ils peuvent arriver à 5h du matin le jour du tournage ou travailler jusqu’à 2h la veille… Ceci peut être évité si le propriétaire prend contact avec le chef décor et négocie des horaires très précis avec lui. Ainsi, durant l’installation des décors, il est préférable qu’une personne du château reste avec l’équipe pour vérifier que le lieu soit bien respecté.
Le chef régie : le propriétaire a tout intérêt à se mettre en bonnes relations avec la régie. C’est elle qui est précisément au courant de tous les horaires et déplacements. De même pour toute question, il est préférable de s’adresser au premier assistant, bras droit du réalisateur. Celui-ci est bien souvent plus au fait des détails pratiques que le réalisateur. 
La production : si un acteur s’adresse au propriétaire pour des exigences particulières ou extravagantes, le propriétaire présente le cas à la production et lui demande d’administrer l’affaire afin d’éviter tout conflit direct avec les artistes.

Conclusion

Réaliser des tournages dans son château c’est obtenir une visibilité touristique très large en se plaçant sur les rangs du ciné-tourisme et en participant à une création artistique tout en vivant une expérience hors du commun. Certes il ne s’agira pas d’une activité de tout repos mais les retombées touristiques et financières seront assurément significatives. Alors, votre château sera-t-il le prochain à apparaître dans un chef d’œuvre du septième art ? 

A vous de jouer ! Si vous avez d’autres questions, n’hésitez pas à nous écrire : contact@hephata.fr

Pour aller plus loin :

 Guide pratique des tournages en France
Châteaux utilisés pour le tournage de films célèbres

Diversifier les activités dans un site historique : comment faire ? Quelles activités sont recommandées ?

L’important à retenir dans cet article :

 Le roi-soleil n’est plus, mais la splendeur du Château de Versailles continue de briller et d’irradier le monde. Il ne cesse d’attirer des visiteurs de tous les pays. En 2017, les recettes budgétaires de l’établissement s’élevaient d’ailleurs à 94,1 M€, dont 77 M€ de ressources propres et 17,7 M€ de subventions publiques. Le géant du tourisme réussit donc à s’autofinancer en majeure partie. Mais, hormis la billetterie (55,1 M€), la location d’espaces (2,5 M€) et le mécénat (13,2 M€), quels autres modèles économiques le Château de Versailles a-t-il mis en œuvre pour générer des revenus ? 

Dans cet article nous aborderons trois activités développées à Versailles : les concessions, les licences de marque et les campagnes de souscription. D’ores et déjà, vous pourrez retenir que la concession favorise le développement de nouvelles offres (service et produit). Ensuite, vous apprendrez que la licence de marque permet de bénéficier de la notoriété et du prestige d’une autre marque. Enfin, vous verrez que le produit-partage stimule la générosité de son consommateur, en le rendant « conso-acteur ».

Introduction

Le château de Versailles est géré par un établissement public, créé à cet effet en 1995. Comme tous les EPA (établissement public administratif), il est doté d’une autonomie de gestion administrative et financière afin de remplir une mission d’intérêt général. L’établissement public du château de Versailles est placé sous la tutelle du ministère de la culture et du ministère en charge du budget.

Aujourd’hui, l’EPA du château de Versailles est placé sous la présidence deCatherine Pégard. L’administrateur général est Thierry Gausseron. Son budget annuel est d’environ 100 millions d’euros. Pour financer ses dépenses, on distingue entre :
– Les dépenses de fonctionnement qui sont financées par ses ressources propres notamment celles qu’il tire de sa billetterie et de ses activités commerciales
– Les dépenses d’investissement qui sont en partie financées par une subvention annuelle de l’Etat et complétées par sa capacité d’autofinancement. Tous les résultats d’exploitation sont réinvestis dans le fonctionnement et l’entretien du domaine. 

Sa mission est de porter la stratégie de développement du domaine. Pour exploiter au mieux ses ressources, il cherche à diversifier les activités de son site historique grandiose et donc à diversifier ses revenus. Pour cela, il utilise des activités spécifiques.   


1- La concession

a) Définition

La concession est un contrat qui accorde le droit d’assurer un service public. En d’autres termes, la concession permet à une personne publique (État, collectivité territoriale, établissement public), le concédant, de concéder la gestion d’un service à une entreprise ou un commerçant (personne privée), le concessionnaire. Le concédant percevra des revenus de son concessionnaire sous forme d’une redevance.

b) Les concessions au château de Versailles

L’établissement public du château de Versailles a mis en place de nombreuses formes de concessions sur son domaine avec près de 80 contrats signés avec des tiers. Diverses activités et services sont concernés. C’est le cas de la location (vélos, barques, voiturettes), le parking, certains services de visites ou encore la restauration (Ore-Ducasse ou Angélina), sans compter les différentes boutiques et espaces commerciaux. En 2017, le château a signé deux nouvelles concessions.

La première est une concession avec l’entreprise Nature et Découvertes, qui exploite le site des étangs de Gobert à des fins de cultures maraîchères et fruitières. Une offre pédagogique devrait également être mise en place pour animer le lieu et promouvoir la permaculture et l’écologie en zone urbaine. De quoi renforcer la politique de promotion du développement durable.  


La deuxième concession concerne la Réunion des Musées Nationaux – Grand Palais (RMN-GP) pour l’occupation et l’exploitation des espaces commerciaux présents au sein du château de Versailles et du Grand Trianon. Plusieurs objectifs sont poursuivis tels que le réaménagement des espaces et la refonte du catalogue de produits. Le Château de Versailles mise sur la valorisation des savoir-faire pour accroître le panier moyen par visiteur et améliorer le chiffre d’affaires.

Par ailleurs, l’établissement public du Château de Versailles est très attentif au choix de ses concessionnaires et s’assure qu’ils respectent l’image de marque du Château et s’accordent avec sa vocation historique et patrimoniale, qu’ils répondent à un besoin non encore couvert par les services déjà exploités et qu’ils s’adressent à un public familial ou touristique.

En 2017, les concessions du Château de Versailles lui ont rapporté près de 6 millions d’euros ! Ci-dessous le détail du chiffre d’affaires et des redevances de l’établissement :

c) Les avantages de recourir à une concession

Faire appel à un concessionnaire peut permettre au gestionnaire d’un monument de développer des services et des activités pour lesquelles il n’a pas de compétences, de ressources humaines ou de ressources financières. On peut concéder par exemple :
– Un service de transport (vélo, barque, voiturette) pour faciliter la visite du domaine 
– Un service de restauration (glaces, boissons, snack) 

La concession permet également de profiter de la notoriété de la marque ou de l’enseigne concédée afin d’accroître ses ventes.  

d) Les inconvénients de recourir à une concession

Le contrat de concession n’est pas sans inconvénient. En effet, une concession est un contrat à durée déterminée duquel découle une certaine précarité. Par ailleurs, la concession implique l’existence de quotas d’achats et de ventes ainsi qu’une exclusivité d’approvisionnement ce qui réduit la marge de manœuvre.
En outre, trop externaliser ses services risque d’entraîner une déconnexion avec le château et une dégradation de l’image de marque . Il faut donc établir des critères précis dans la prospection de son concessionnaire !

2- La licence de marque

a) Définition

La licence de marque est une autre forme d’accord par lequel le titulaire de la marque, le concédant, permet à une autre personne, le licencié, d’utiliser cette marque en échange du versement de redevances, aussi appelées royalties. On calcule le montant en fonction de l’exploitation qui en découle. La différence avec un contrat de franchise réside dans le fait que ni la mise à disposition d’un savoir-faire éprouvé répondant à des qualités spécifiques ni la stipulation d’une assistance obligatoire ne sont nécessaires.

Le titulaire de la marque garde le contrôle sur l’usage de celle-ci et définit le prix, la publicité et la communication, ou encore la promotion des ventes afin de protéger son image et sa notoriété. Il s’agit d’une sorte de contrat de bail.

b) Les licences de marque au château de Versailles

L’établissement public a bien compris que la marque « Versailles » fait vendre. Il exploite donc sa notoriété à travers différents contrats de licence. Parmi les licenciés, on retrouve Bernardaud qui a produit un service de table appelé « Versailles », inspiré des moulures sculptées sur les portes du Petit Trianon, ainsi qu’une lithophanie « Grandes Eaux » et une tasse au motif de jardin chinois. La Faïencerie de Gien, propose, quant à elle, deux séries exclusives d’assiettes, représentant des gravures provenant des collections du château de Versailles. On retrouve également des coffrets macarons inédits de la Maison Ladurée. Enfin, la société française Made in Paris, s’est inspirée des grands personnages de l’histoire de Versailles et du château lui-même afin de créer une collection de bougies. 

C’est donc la volonté de valoriser le savoir-faire et l’excellence à la française qui guide le choix des licenciés. En 2017, les différents contrats de licence de marque conclus par l’établissement public lui ont permis de générer un chiffre d’affaires de 1,4 million d’euros.

c) Les avantages de recourir à une licence de marque

L’utilisation de la licence de marque permet de renforcer positivement l’image de marque d’un monument. En outre, le prestige d’un château peut s’appuyer sur les valeurs communes partagées avec certaines entreprises. L’excellence, la tradition, l’héritage, l’artisanat sont des critères clés.

D’ailleurs, la licence de marque offre la possibilité de développer la présence du château sur le marché et d’améliorer sa communication. Posséder une boutique, qu’elle soit physique ou en ligne, permet aussi d’élargir la gamme de produits du château. 

d) Les inconvénients de recourir à une licence de marque

Il est important de garder le contrôle sur sa marque, et d’être en mesure de vérifier son utilisation. En effet, si un scandale éclate sur l’un des produits licenciés, c’est la marque qui s’en verra fortement dégradée. Le Château de Versailles a par exemple entamé une procédure contre l’entreprise « Oh ! Légumes oubliés » avec qui il avait passé un contrat. Ce n’est pas Versailles qui a produit les légumes, comme l’exigeait l’accord conclu. 

3- La campagne de souscription

a) Définition

La campagne de souscription permet, au cours d’une période déterminée, de solliciter des dons qui contribueront à soutenir un projet. La souscription cible particulièrement les entreprises. Ces projets peuvent notamment être l’acquisition d’une œuvre, la rénovation d’un bâtiment ou encore l’édition d’un catalogue.

b) Les campagnes de souscription au château de Versailles

Par deux fois, avec Hermès et Guerlain, le château de Versailles a mis en place un contrat innovant ayant donné lieu à deux campagnes de souscription inédites pour financer des travaux de restauration.

La souscription en association avec la maison Hermès a donc permis de créer le carré de soie « Promenade à Versailles ». Le carré s’inspire pour sa composition des canaux structurant le parc du domaine. Un véritable succès ! La vente de plus de 2 300 carrés, à 335 € l’unité, a permis d’atteindre un chiffre d’affaires de 650 000 €. La totalité des bénéfices de l’opération a permis de soutenir la restauration des appartements royaux. Une opération très bénéfique pour l’établissement, mais aussi pour la marque. Elle s’est ainsi offert une prestigieuse opération de communication sans débourser le moindre euro. De plus, la souscription a permis à la maison Hermès de toucher un large public international : plus de 10 % d’américains, 10 % d’européens et 4 % de japonais. 

Fort de ce premier succès, une opération similaire a été conduite avec l’enseigne Guerlain. Ainsi, 292 flacons de parfum en série limitée, numérotés et vendus à 550 € se sont écoulés : un chiffres d’affaires de plus de 130 000 €. On compte, parmi les souscripteurs, 18 % d’américains, 7 % d’européens et 5 % d’asiatiques.  

c) Les avantages de recourir à une souscription en partenariat avec une marque

Le carré de soie et le flacon inédit produits en partenariat avec Versailles sont ce que l’on peut appeler en marketing des « produits-partage ». Très présents dans l’industrie alimentaire, on les retrouve de plus en plus souvent dans d’autres secteurs. Ils existent sous diverses formes : argent reversé, arbres plantés, vaccins distribués pour l’achat d’un produit etc.

Le produit-partage fait appel à la générosité du consommateur en l’impliquant dans une cause telle que l’écologie, la sauvegarde du patrimoine, l’humanitaire. Celle-ci lui donne envie d’acheter pour se sentir « utile », on parle alors de conso-acteur. Le produit partage est également un moyen innovant de communiquer de manière différente et efficace. Il permet aux marques de s’engager et de défendre des valeurs qui servent leur image et leur notoriété, tout en dynamisant leurs ventes.  

d) Les inconvénients à recourir à une souscription en partenariat avec une marque

Le risque de la souscription en partenariat avec une marque est qu’elle soit mal « pricée ». Dans ce cas, les retombées économiques ne reviendraient qu’à la marque !

Conclusion

Il existe bien des modèles économiques pour exploiter son château : concessions, licences de marques, souscriptions. Chacun a sa spécificité, ses avantages et ses inconvénients. La stratégie mise en place doit permettre de répondre aux besoins encore non couverts par le château, de générer de nouveaux revenus, mais aussi d’accroître la satisfaction du visiteur. Il est important de veiller à ne pas porter atteinte à la cohérence de l’offre, ce qui risquerait de dégrader l’image. Il faut donc, au préalable, exprimer clairement son positionnement et définir ses valeurs et son identité.

Pour aller plus loin

L’influence du luxe sur le patrimoine historique

Idées pour rentabiliser un monument historique

Quels sont les modèles d’activités des châteaux français ?