Le défi de la connexion internet dans les châteaux. Hephata vous propose de vaincre ces problèmes techniques !

L’important à retenir dans cet article :

 – Les bases d’une bonne connexion internet dans un château
– Les différents moyens de créer son propre réseau internet quand on est dans une « zone blanche »
– Comment avoir internet partout chez soi quand on habite dans un 1000 m² ou quand les murs sont trop épais

Les avantages d’internet

Si vous lisez cet article, c’est que vous avez déjà accès à internet, mais peut être que votre réseau ne vous convient pas et que vous souhaitez l’améliorer.

Internet est aujourd’hui un outil indispensable pour se relier au reste du monde. Même les plus réticents d’entre vous ont surement déjà cédé. Mais n’y voyez pas là un mal. Bien au contraire, acteur du patrimoine que vous êtes, il est grand temps de faire évoluer le domaine.
Avoir accès à internet, c’est ouvrir de nouvelles portes et de nouvelles perspectives d’avenir. Grâce à cet outil, vous aller pouvoir mieux vous faire connaitre et peut être mieux rentabiliser vos investissements si vous décidez d’ouvrir votre propriété au public. Par ailleurs, ce n’est plus « un petit un plus » pour vos visiteurs, mais bien « un indispensable » – à quelques exceptions près.

Ce qu’il faut savoir sur l’accès internet

Si le réseau n’arrive pas jusque chez vous, peut-être que vous êtes néanmoins éligibles à la fibre optique ; n’hésitez pas à contacter votre opérateur réseau qui saura vous conseiller. 
Attention, les opérateurs facturent les tirages de ligne au-delà d’un certain métrage…
Sachez par ailleurs que le premier ministre Edouard Philippe a annoncé vouloir déployer le très haut débit dans l’ensemble des zones blanches de l’Hexagone avant 2022. Une somme de 150€ serait versée au 1,5 million de foyers isolés pour qu’ils puissent se raccorder à la fibre d’ici à la fin du quinquennat. 

Avoir internet haut-débit, même en zone blanche : créer son propre réseau

Une zone blanche est considérée comme telle à partir du moment où il n’y a pas d’ADSL (Asymmetric Digital Subscriber Line).
L’ADSL permet par exemple d’utiliser une ligne téléphonique pour transmettre et recevoir des données numériques autrement que par le service téléphonique traditionnel, c’est-à-dire analogique. Cela permet d’avoir accès au haut-débit.
Mais comment rendre cela possible ? En créant son propre réseau internet grâce à un système de relais et d’émetteurs/récepteurs Wifi
Des exemples de tels réseaux existent déjà et font leurs preuves. Je vous invite à lire l’article « Un particulier a trouvé une solution contre les zones blanches en Dordogne », où il est expliqué comment un habitant a permis à une quinzaine de foyers mal connectés de recevoir le haut-débit.
Ce qu’a fait cette personne retraitée se rapproche d’ailleurs de la technologie WiMax qui transmet les données sans fil, sur un rayon d’une douzaine de kilomètres, à partir d’une antenne-relais reliée à un réseau de fibre optique.

Les relais internet à l’intérieur de la maison

Il est très probable que la Wifi ne parvienne pas à couvrir la totalité de votre logement, ou bien même une partie désirée de votre logement. Cela est dû à une distance trop grande ou à des murs trop épais. Pour remédier à cela, il existe divers relais internet.

1. Le partage de connexion

Lorsque je capte le réseau téléphonique portable.
Aujourd’hui, votre téléphone portable peut servir de box à lui tout seul. Cela est possible grâce à l’outil « partage de connexion ». Le partage de connexion va puiser dans votre forfait internet mobile et va le partager grâce au réseau sans fil, Wifi ou Bluetooth.
Tous les appareils à proximité de votre téléphone pourront ainsi bénéficier de la connexion.
Cet outil est d’autant plus intéressant car les forfaits internet ne cessent d’augmenter – jusqu’à 100 Go / mois, soit 417 heures de vidéos en qualité moyenne (480p) pour donner un ordre d’idée.

2. Les répéteurs

Il s’agit de boitiers qui étendent votre couverture réseau sans fil. Il existe des répéteurs qui passent par le réseau électrique domestique. Pour les utiliser, il faut donc bien faire attention que les pièces que vous souhaitez relier soient sur le même réseau. Il en existe d’autres qui passent par le réseau Wifi déjà existant. C’est-à-dire qu’ils vont capter le signal déjà existant et le relayer dans un certain périmètre. Il faut donc impérativement s’assurer que le répéteur est bien dans le périmètre d’action du routeur. Ce genre de relai coûte entre 50 et 100€. Grâce à un relayeur antenne directionnel, vous pouvez par exemple vous servir de ces bornes d’accès sans fil pour propager votre réseau wifi dans votre jardin. Ou même pourquoi pas, si vous avez un voisin pas trop éloigné, vous arranger avec lui pour n’utiliser qu’un abonnement internet pour deux maisons.

Ils sont trouvables dans tous les grands magasins liés au domaine (Fnac, Darty…), ou chez votre opérateur. Leur prix varie en moyenne entre 50 et 200 €.

3. Les commutateurs / Switch

Ils permettent d’améliorer votre débit internet en le répartissant mieux. Il dirige le trafic dans la bonne direction.
Il s’agit d’un boitier disposant de plusieurs ports Ethernet qui permettent ainsi de multiplier les connexions internet. C’est une sorte de multiprise internet
Mais sa fonction première consiste en la répartition équitable du débit selon la demande.
Le commutateur peut également servir en tant que rallonge et c’est cela qui nous intéresse. Pour cela, on le relie au routeur principal grâce à des rallonges spécifiques que vous pouvez trouver un peu partout, ou grâce à des câbles RJ45, utilisés couramment pour les connexions Ethernet et pour les connecteurs téléphoniques. 

Les commutateurs sont trouvables aux mêmes endroits que les répéteurs. Le prix varie entre 20 et 50 € en moyenne. En revanche, si vous ne souhaitez pas voir des câbles se balader chez vous, je vous conseille plutôt la méthode précédente.

Conclusion

Que ce soit pour votre confort personnel, familial, ou dans un but économique dans l’optique d’ouvrir votre domaine au public, internet est devenu une préoccupation de premier ordre. Tant son accès que la qualité de son réseau sont des facteurs importants que l’on cherche constamment à améliorer. 
Pour les voyageurs, l’expérience numérique prend de plus en plus d’ampleur, et le Wifi est devenu la norme. En plus d’améliorer l’expérience sur place et le relai par les visiteurs, internet permettra de développer votre propre communication et d’ainsi améliorer la notoriété de votre patrimoine.
Internet serait-il la principale clé pour l’avenir de notre précieux patrimoine ?

Pour aller plus loin

Un particulier a trouvé une solution contre les zones blanches en Dordogne

Créer son réseau, l’exemple du switch

Internet dans les hôtels

Internet dans son jardin 

Technologie WiMax

Fonctionnement du répéteur 

8 campagnes de communication efficaces

Réaliser une bonne analyse territoriale pour développer une offre attractive pour un monument. Hephata a rencontré Laurent Chalard pour vous apporter des clés de réponse.

L’important à retenir dans cet article :

 – pourquoi est il intéressant de réaliser une étude de territoire
– quels sont les critères à prendre en compte
– quels sont les outils à utiliser

Introduction

Géographe consultant, Laurent Chalard réalise des travaux pour les collectivités territoriales, concernant les dynamiques socio-démographiques.
Il écrit des articles de recherche sur ces mêmes thématiques dans des revues spécialisées, ainsi que dans la presse pour grand public (Le Figaro, Le Monde, Libération…), et tient également un blog
avec ses différents articles et interventions médiatiques.

1. L’analyse du territoire

Dans quel contexte et pour quelle raison faut-il réaliser une étude du territoire ? 

Cette analyse va permettre un point essentiel qui est de problématiser une thématique, préalable à tout lancement d’activité économique ou d’action autour de ces activités (communication, partenariats, évènementiel…)

Quelques exemples de problématiques :

– Réaliser une étude du territoire sur les aspects sociaux, pour identifier mon public cible et adapter mon activité évènementielle (étudier les grands flux touristiques, les principales thématiques culturelles présentes dans la région, la typologie de visiteurs sera alors utile)

– Réaliser une étude du territoire sur les aspects économiques, pour connaitre mon positionnement par rapport à mes concurrents et identifier les besoins de mes clients avant de lancer une activité de chambres d’hôtes (étudier le nombre d’hôtels, le prix moyen des chambres, le PIB généré par le secteur dans le département, l’emplacement des espaces d’accueil, la typologie de voyageurs… me seront alors plus utiles)

– Réaliser une étude du territoire sur les aspects géographiques, pour connaître les lieux et bâtiments alentours et voir si je peux établir des partenariats avec ses derniers autour de mes activités culturelles (connaitre mes homologues, les activités et prix pratiqués, la typologie de clientèle, les routes / chemins sur lesquels ils sont présents, leurs outils de communication… seront alors des outils clés pour s’assurer de notre complémentarité)

Etablir une problématique permet de gagner un temps considérable dans la multiplication des données et des sources. Il faut toujours rester fixé sur les informations qui vont nourrir la problématique et les synthétiser.

Très concrètement, à quoi cela doit il permettre in fine ? 

En fait, tout dépend de la raison de la mission donc vous vous occupez : cela peut être pour connaître les dynamiques du territoire, sa structure de population, ses centres d’intérêts, pour des besoins d’équipements, pour créer des externalités positives… Il y a beaucoup d’utilités différentes qui dépendent entièrement des motifs du demandeur de l’étude.

En théorie, cela permet de bien comprendre les dynamiques du territoire, afin de gérer les équipements (transports par exemple), les installations pour le public (pour accueillir un public, pour compléter les offres)…

Cela sert exactement de la même façon que les démarches marketing menées par les entreprises privées : par exemple, un supermarché qui veut s’installer sur un territoire a besoin des caractéristiques de consommation de ses potentiels futurs clients.

Pour les propriétaires de château, il s’agit d’une étude de marché territorial, c’est-à-dire de connaître les caractéristiques de son territoire pour orienter les décisions en termes de valorisation économique du château, en étant cohérent avec les opportunités et les menaces (structurelles ou conjoncturelles) offertes par l’environnement.

Comment réaliser une analyse du territoire ? (géographique, historique, économique…) 

Pour réaliser une étude efficace du territoire, il faut effectuer d’une manière générale :

1. Une analyse géographique (ou migratoire)

Le premier élément important est de parcourir le terrain à pieds. Aujourd’hui, on est davantage dans les statistiques alors qu’il est fondamental de bien analyser les paysages, l’environnement (s’il est humide/sec, rural/urbain, beau/laid…). C’est cet aspect géographique, souvent négligé, qui est à l’origine des secteurs d’activités prépondérants, de l’organisation des transports, de la typologie de population présente…

2. Une analyse de l’humain

En ce qui concerne les statistiques, cela nécessite un minimum d’informations afin de reconnaître la dynamique démographique (le nombre d’habitants, l’âge…), mais surtout de mesurer l’attractivité du territoire considéré. Au-delà du profil social du territoire, étudié sur la base de critères objectifs (aisées, populaires, urbaines, péri-urbaines, CSP…), il est indispensable d’étudier les populations « en visite » (les flux de tourisme, les saisons, etc) pour comprendre objectivement les motifs d’attraction des touristes saisonniers, permanents, locaux, nationaux ou internationaux (tourisme culturel, tourisme d’affaire…)

3. Une analyse économique

Il faut tout d’abord regarder la situation économique, qui peut être « productive » (c’est-à-dire, de quoi se compose le PIB du département ou de la région : industries, services aux entreprises, agriculture…) ou bien « résidentielle » (c’est-à-dire, les centres urbains ou péri-urbains, sont-ils des stations balnéaires, occupés à l’année, ponctuellement, des maisons secondaires…)

4. une analyse politique

Il est bon de s’interroger sur les orientations stratégiques des politiques locales (régionales, départementales, communales). S’appuyer sur les éléments présentés permet d’anticiper de nouvelles opportunités de développement et de s’intégrer dans des programmes.

L’offre ne sera pas la même selon le territoire où le château se situe. C’est pourquoi il est essentiel de percevoir tous les éléments de la façon la plus précise possible.

Où trouver les sources, les documents qui aident à la réalisation de ces études ? 

Il y a plusieurs types de sources, souvent indispensables et « assez simple » d’utilisation.

Les données principales, fournies par l’INSEE

Il s’agit d’une base d’études territoriales. On y trouve également des données d’autres instituts, comme la Chambre de Commerce pour les données économiques par exemple.

Les PLU (Plans Locaux d’Urbanisme), situés dans les communes

Ils synthétisent les données de l’INSEE propres à leurs territoires. Il est possible d’y avoir accès à la Mairie de sa commune. Certains sites internet peuvent parfois y donner accès. Il leur est obligatoire d’avancer ces données au public.

Les ScoT (Schéma de Cohérence Territoriale), dans les zones urbaines

Ce sont des documents plus généraux, car ils sont établis à échelle plus large. Le diagnostic d’un territoire est d’une qualité inégale selon les cas car ils sont commandés à des structures privées. Il s’agit donc essentiellement d’informations basiques et non d’une analyse profonde du territoire.

Les recherches vidéographiques sur le territoire à étudier
Les documents d’orientations stratégiques fournis par les Régions ou les Départements

Les DRAC fournissent généralement des analyses assez consistantes de leur territoire sur les plans économique, culturel… et fournissent aussi des éléments concernant les orientations stratégiques de développement. 

Quels sont les outils pour réaliser une analyse du territoire ? 

Les professionnels utilisent souvent l’analyse SIG (Système d’Information Géographique), qui est un programme informatique avec une cartographie détaillée du territoire. Ce n’est cependant pas accessible au public, mais un bon élément pour une analyse environnementale « pure ».

Pour les études géographiques, un autre outil important est la carte topographique au 1/25000ème. Il s’agit de cartes détaillées et en vues aériennes. Elles couvrent l’ensemble du territoire communale, avec de nombreuses informations au niveau de la structure du bâti et du paysage.

L’application Google Map, qui fonctionne sur le même système que la carte topographique, peut être utilisée avant d’aller sur le terrain, bien qu’elle ne soit pas toujours à jour (il y a une rotation sur 10-15 ans de l’INSEE qui relève une portion du territoire) ; et tout le monde peut s’en servir, surtout les propriétaires.

Quelles sont les étapes d’une analyse du territoire ? 

1ère étape

En théorie, on effectue d’abord les premières recherches d’informations sur le territoire, par Google, des données statistiques… Phase de défrichage qui permet généralement d’affiner l’objectif de l’étude.

2ème étapte

Il s’agit de la phase « problématique », lors de l’analyse du territoire on problématise la situation. Dans le cadre de travaux de géographes, un exemple de problématique pourrait être « détailler le fait que les terres sont en voies de désertification dans telle ou telle région et identifier les conséquences que cela engendre ». Pour un propriétaire ou gestionnaire de monument, ce pourrait être « identifier les principales sources de revenus touristiques dans la région et les potentiels à développer ».

Attention : le travail se fait sur plusieurs mois et les recherches prennent parfois plus de temps que prévu.

3Ème étape

Il faut aller sur le terrain, soit faire un tour de la commune, du quartier, des offres concurrentes… afin de faire un travail statistique, et une récolte des données. 

4Ème étape

Le travail d’un consultant sera d’insérer ces données dans des tableaux statistiques, d’analyser et de commenter ces tableaux, puis de synthétiser les recommandations. Pour un propriétaire, il s’agira plus simplement de compiler les éléments selon la logique qui lui est propre pour dégager les grandes tendances du sujet étudié et décider des orientations à prendre en conséquence.

5Ème étape (optionnelle)

La phase finale, pour le consultant, est celle de la restitution auprès des interlocuteurs, grâce à un schéma synthétique. Pour le propriétaire gestionnaire qui agit seul, il sera bon de présenter le résultat de ses recherches à un tiers afin d’éviter les biais naturels liés à la volonté d’aller dans une direction précise en amont de la recherche. Le tiers saura apporter l’objectivité.

Peut on le faire seul facilement ? Quelles compétences faut il avoir ? 

Il est possible pour un propriétaire de le réaliser seul, ce qui lui évitera de faire appel à un professionnel et ce qui sera moins coûteux. 

Néanmoins cela va dépendre de son temps. Une personne retraitée pourra le faire tandis que cela sera plus difficile pour une personne active car le temps des recherches est significatif (compter 2 semaines à 1 mois selon les problématiques des propriétaires). 

Il faut aussi de l’intérêt pour le territoire et surtout ne pas être rebuté par les documents techniques et statistiques. En effet, ces derniers ne sont pas toujours très faciles à appréhender, surtout si cela n’est pas le cœur d’activité de celui qui se fait chercheur ! Bien sûr, il ne faut pas être rebuté par les chiffres. C’est parfois un peu long, surtout lorsque l’on ne sait pas où chercher les données : il faut alors être préparé et patient.

En termes de compétences, il faut en premier lieu de la curiosité intellectuelle, un peu comme pour la démarche historique (par exemple les propriétaires qui exécutent des recherches sur l’histoire de leur château). Donc de la curiosité sur l’espace où a été inscrit le château dans le paysage, véritable moteur à l’époque de sa construction, dans des espaces immenses et ouverts.

Il est aussi utile de posséder des compétences statistiques de base, afin de comprendre les pourcentages, sachant que toute personne un peu diplômée est en capacité de le faire.

Conclusion

Il faut savoir apprivoiser les sources et jongler avec ces dernières, c’est à dire vérifier leur fiabilité et leur cohérence entre elles. Faites attention s’il s’agit de sources différences. Par exemple si elles ne sont pas à la même date ou la même échelle pour un seul territoire. Il devient alors difficile de les comparer. 

Il est également indispensable d’éviter que les informations importantes soient noyées parmi d’autres et que les conclusions soient erronées.

Et enfin il faut avoir du temps.

Pour aller plus loin

Monter un bon dossier de financement

Auto-diagnostic des besoins et des ressources

Se former

Comment faciliter l’accès d’un monument éloigné ? Hephata vous donne une méthode.

L’important à retenir dans cet article :

Certains lieux historiques ont des difficultés pour attirer du public car le site n’est pas accessible facilement : pas de transports en commun, pas ou peu de signalisations, itinéraire compliqué… Or, il s’agit d’un point primordial pour développer une activité, notamment touristique et culturelle.

Le but de l’article est de vous aider à faciliter l’accès de votre public actuel ou potentiel à votre monument. Deux clés importantes sont donc à retenir :
– faciliter l’accès jusqu’à votre édifice, même éloignée de tout centre urbain, suppose de suivre une méthode
– une « bonne » communication sur les espaces est essentielle

 « Où vais je ? Je ne sais : mais je me sens poussé d’un destin impétueux, d’un destin insensé » – Victor Hugo

Notre méthode consiste en deux grandes approches à :
– améliorer la communication sur les moyens de transports disponibles ;
– faciliter et améliorer la signalisation. 

Avoir des visuels pour « raccourcir les distances » y est présenté comme essentiel. 

1. Indiquer les moyens d’accès

Tout d’abord, il est nécessaire d’identifier parfaitement tous les différents chemins pour parvenir jusqu’à vous en étant le plus exhaustif et le plus descriptif possible.

Pour cela, posez vous quelques bonnes questions :
– Peut on venir en transports en commun ? En vélo ? En voiture ? A cheval ? En hélicoptère ? A pied ?
– Si oui par quelles routes ? Une seule mène-t-elle au site ? Plusieurs ? 
– Faut il prendre l’autoroute, la nationale, de petits chemins de terre ?

Une fois que vous savez tous les itinéraires et les moyens de transports possibles, il est alors nécessaire de pouvoir l’expliquer facilement au public. Il faut donc être précis dans ses renseignements, et pouvoir le transmettre aisément, que ce soit par mail, téléphone ou sur son site internet.

Pour une indication efficace sur votre site internet, il est bon de se questionner correctement sur les informations vraiment importantes pour le public auquel je m’adresse. Il faut, en effet, prioriser les informations. 

Dans l’ordre, nous vous proposerions les actions suivantes :

1. Inscrire en premier lieu l’adresse du site, les coordonnées GPS et, une carte. Par exemple : Emplacement et itinéraire via Google Map.

2. Lister les différents moyens de transports : train, vol, bus, voiture, vélo…

3. Indiquer s’il y a un moyen de transports spécialisé pour votre domaine (cf partenariat en 2e partie). Par exemple : Navette spéciale amenant le public du parking du Mont Saint Michel à l’accueil de celui ci.

4. Indiquer les noms précis des routes, arrêt de bus, gares… Par exemple : Autoroute A6 direction Paris, Bus C4 direction Villejean arrêt Marbeuf, Gare Nogent-le-Retrou, Ligne 1 du métro arrêt La Défense…

5. Indiquer s’il y a des parkings chez vous (handicapés ou non) et, pour quels types moyens de transports ils sont réservés (voiture, bus, vélo).

6. Noter les proximités : proche du centre ville, d’une gare, d’un aéroport, d’un métro…Par exemple : A 10 min à pied du métro, à 30 min en voiture en partant de Caen…

7. Indiquer les accès à votre propriété : une seule route ou plusieurs, accès par l’entrée/les jardins/le parc, chemin piétonnier ou routier… Par exemple : Accès du château par la petite entrée du jardin ou par la grande entrée en face du parking

Le public s’intéresse également aux aspects extérieurs des transports, c’est à dire au temps et aux prix, qui ont une influence certaine sur la visite.

Vous pouvez donc, en plus des informations citées ci dessus, indiquer :
Le temps de trajet pour chaque type de transports. Par exemple : Pour le Château X à partir de Paris, 45 min en voiture, 1h15 en train, 2h en bus, 1 jour à pieds…
Les prix pour les différents trajets. Par exemple : Ticket de métro à 1€90, péage à 30€, bus à 13€…
Pour les billets notamment, attention à bien préciser quoi prendre (Ticket centre ville ou RER, Train TGV, TER…) les prix pouvant varier aisément. Il est avantageux de mettre les liens des sites utiles pour l’achat des billets (Ratp, Sncf…).

Ces indications présentes sur votre site internet peuvent également l’être sur la brochure de votre lieu. En effet, créer une brochure a plusieurs avantages : du visuel sur vos activités, ce que vous proposez, les visites, votre contact mais surtout les moyens de transports pour venir, les accès, une carte…

Les brochures papier peuvent d’ailleurs être introduites dans de nombreux établissements touristiques, hôteliers, gastronomiques… Un bon moyen de faire parler de vous un peu partout !

2. Faciliter le transport en créant des partenariats

Enfin, il est possible – et par ailleurs, important de créer des partenariats. Comme dit précédemment, vous pourrez par ailleurs soit y déposer vos brochures s’il s’agit d’un bâtiment, soit échanger une communication visuelle si c’est via un site internet par exemple.

Les différents partenaires peuvent être :
En fonction du lieu où vous vous situez. Par exemple : l’office de Tourisme de la ville la plus proche, les Comités Régionaux du Tourisme, la DRAC de votre région…
En fonction des transports qui mènent jusqu’à vous : SNCF, RATP, compagnies aériennes ou de bus…
Autour de votre lieu : Commerce de locations de voitures/vélos/navettes, les hébergements à proximité…

En outre, comme pour les prix, il est intéressant de mettre les liens des sites internet correspondants.

3. Identifier les nouveaux usages en matière de transport

Une solution innovante : le covoiturage.
Nous pouvons observer que les transports en commun ont très souvent une importance capitale, étant un moyen efficace et moins cher de ramener du public. Néanmoins, les lieux culturels ne sont pas forcément toujours bien desservis par ces derniers. 

Une solution peut être le covoiturage : l’application Blablacar bien connue, ou encore celle de Covoiture Art, qui permet de se rendre dans des lieux culturels plus ou moins éloignés en covoiturage.

Peut-être vous sera-t-il aussi possible de négocier une publicité sur ces sites spécifiques de « voyageurs » récurrents, pour les inviter à venir jusqu’à vous.

Si vous avez identifié un public ou des proches qui se rendent régulièrement sur votre site, n’hésitez d’ailleurs pas à les inviter à proposer leurs places disponibles pour se rendre chez vous.

Deux exemples en images : 

1. Le Château de Versailles

2. Le Mont-Saint-Michel :

Exemples

L’association O’BABELTUT organise chaque année le festival « Transports Culturels », permettant de partager les déplacements et faire des sorties culturelles dans les grandes salles de Toulouse.

Le trajet pour le public est organisé par le festival, soit en bus, soit en covoiturage : dans ce dernier cas, chaque personne peut s’inscrire pour y participer et ainsi partager sa voiture ou être passager. Il s’agit donc d’une idée innovante pour pouvoir se déplacer facilement et profiter des évènements culturels du festival sans se soucier de la distance à parcourir.

Conclusion

Comment faciliter l’accès d’un monument éloigné ? Les méthodes sont simples et la clé est de vous mettre à la place du potentiel visiteur. Améliorer l’accès à votre monument est, en effet, fondamentale pour le faire vivre. C’est d’ailleurs la première approche du public, le premier regard.

Pensez donc à vous appuyer sur les moyens de communications récents et , d’ailleurs, n’oubliez pas que des partenariats sont possibles avec les administrations locales environnantes pour un impact plus large.

Pour aller plus loin

Comment améliorer la visibilité d’un monument ?

Signalétique et orientation du public dans un monument

Comment attirer un public de niche ?

Le métier d’AMO : expertise des chantiers de patrimoine. Hephata a rencontré Nicolas Burette pour qu’il nous parle de son métier en tant qu’assistant à maîtrise d’ouvrage.

L’important à retenir dans cet article :

Un château a besoin d’un entretien constant. Les propriétaires sont bien au courant de cette caractéristique propre aux vieilles bâtisses. Cependant, beaucoup de propriétaires sont dépassés par le nombre de travaux à faire… soit le temps leur manque, soit ils ont besoin d’expertises complémentaires pour s’en occuper, préparer, gérer et recevoir les travaux livrés, soit, tout simplement, ils ont besoin d’être soutenus lors de ces démarches. 
Dans ces cas, il est possible de faire appel à un professionnel, que l’on appelle souvent un AMO (Assistant à Maitrise d’Ouvrage).

Nous reviendrons sur les points suivant :
– La définition d’un AMO
– Un témoignage d’AMO
– La technique de travail d’un professionnel

Qu’est-ce qu’un AMO ? 

 Un AMO est un assistant. Il aide le maître d’ouvrage, le porteur de projet, à définir, à piloter et à exploiter un projet. L’assistant a un rôle de conseil et de proposition. Il préconise au propriétaire / gestionnaire des recommandations dont seul ce dernier reste décisionnaire. L’AMO accompagne le propriétaire à toutes les étapes de son projet.
Souvent, il accompagne des projets de réhabilitation. Mais ce n’est pas systématiquement le cas. 

Certains AMO accompagnent des projets de développement culturel. D’autres avec leur formation d’architecte ou d’ingénieur accompagnent des projets de réhabilitation. Quoiqu’il en soit, chaque AMO a sa spécificité et sait en faire profiter son interlocuteur.

L’AMO a des compétences en gestion, administration et organisation de projet. Il apporte un regard d’expert. Son souhait est d’accompagner le propriétaire afin de fournir de bons outils de base (documents, supports attractifs…) qui favoriseront une bonne autonomie sur les différents sujets traités.

Pourquoi embaucher un AMO ?
« Les conseilleurs ne sont pas les payeurs ». Cet adage est bien vrai, mais ne justifie pas que l’on se prive d’aide. A bon général, bon aide de camp !

Le recours à un AMO se justifie en particulier par la taille, la complexité, certaines spécificités d’un projet ou d’un besoin de compétences spécifiques. Dès qu’il existe un risque en matière de pilotage de projet, il est souhaitable de travailler avec un AMO.  

L’intérêt d’un AMO se remarque dès l’étude préventive. Cette dernière est effectuée avant de contacter un ABF ou de faire une demande de financement. Il aide le propriétaire à identifier et à préciser la nature de son besoin (bâtiment, parc, activités), il recommande des professionnels en fonction des besoins identifiés (matériaux, architecte, artisans, etc.) 

Puis, il contruit les dossiers avec le propriétaire.

 De quoi est constitué un dossier d’étude préalable de chantier, élaboré par un AMO ?
Ce type de dossier regroupe de nombreux documents différents. C’est l’AMO qui identifie et trouve les documents – souvent indispensables – que le propriétaire ne possède pas. A défaut, c’est l’AMO qui les construits à partir de ses recherches. 

Quelques exemples d’éléments composants un dossier : 

Les études historiques
L’AMO fait des études historiques sur le passé du bâtiment, il va chercher l’historique des travaux, répertorie les corps d’état et les différents problèmes liées à ces corps. C’est utile car cela fournit des informations précieuses à tous les prestataires qui interviendront sur le chantier. En outre, de telles études permettent au propriétaire de comprendre pour quelle raison telle décision a été prise par le passé. C’est une affaire de cohérence et de respect de l’histoire d’un lieu…

Le cahier des charges
L’état des lieux complet est indispensable car, grâce aux problèmes répertoriés dans le dossier, l’AMO peut élaborer le cahier des charges précis des travaux. La vision des besoins et des priorités devient alors plus claire. 

Le budget
L’AMO s’occupe aussi de l’aspect administratif, c’est-à-dire, du budget par exemple, du coût des travaux. 

La présentation générale du projet – destinée aux parties prenantes techniques ou financières
Les dossiers seront aussi complétés de visuels sur les espaces, sur les éléments de fondation, du mobilier, de plans, etc. Il aide même les propriétaires à monter des dossiers de financement, mais juste le montage. Les propriétaires s’occupent de l’envoyer. 

La conservation des historiques
Ces dossiers servent aussi pour garder un historique sur les dernières études et les derniers travaux. Cela permet de constater les évolutions et donc les nouveaux besoins.

La réalisation de l’état des lieux sanitaire

Attention : il y a un vrai besoin constant de mise à jour de l’état des lieux de la propriété, mais aussi des documents qui la concerne. Cette mise à jour est très rarement effectuée et c’est ce qui explique l’état de délabrement progressif de certaines bâtisses non anticipé, aucune ne présentant de caractéristiques de vieillissement, d’humidité ou autre, quelques années plus tôt. En réalité, il suffit de 2 à 3 ans pour laisser mourir un mur…
L’idéal serait d’effectuer un tour complet de son patrimoine, chaque année, juste après l’hiver. 

 Qu’est-ce qu’un état des lieux sanitaire ? Pourquoi est-ce si important pour les monuments historiques ? 
Un état des lieux sanitaire est une cartographie très précise de l’état technique et sanitaire des bâtiments, complété d’un historique rapide concernant cet état de fait.
Un suivi technique suppose la réalisation d’un rapport composé de fiches sanitaires. 

Un état des lieux est important pour suivre les évolutions de ses espaces, les notifier, les comprendre, les analyser et anticiper ce qu’il peut advenir. Rares sont ceux qui le font de façon professionnelle. Cela sauverait de nombreuses bâtisses sans en payer le prix fort ! 

Pour un état des lieux sanitaire, j’effectue d’abord une identification du monument puis un état des lieux global. Ensuite je donne un retour sur les derniers travaux ainsi qu’une observation exhaustive de l’existant (corps d’état/par postes avec un repérage sur le plan, listage, observation un par un en utilisant les visuels). Enfin, je propose une compilation méthodique de ces éléments dans un dossier.

Concernant la cartographie, je dessine moi-même un schéma à l’aide de visuels principalement. J’ai en effet un outil de cartographie que j’utilise pour le bilan, mais la majorité des détails se trouvent en extérieur. C’est un risque d’erreur que de vouloir réfléchir sur un espace. Il faut penser dans l’espace global, c’est-à-dire toute la propriété.

 Comment travaille un AMO de façon générale… ou plutôt comment procédez-vous personnellement dans le cadre des travaux ?
Je réalise un état des lieux, en partant des détails jusqu’au plus général. Je réfléchis par corps d’état. Puis, j’élabore une stratégie de priorisation afin de proposer la démarche de travaux la plus efficace possible. Enfin, j’anticipe les sujets liés à la gestion financière, et cette fois-ci, je pars du général pour revenir aux détails. 

Plus précisément, ma démarche est la suivante. Je regarde d’abord visuellement les espaces (sans plan, schéma rapide). Ensuite, je réalise le détail des structures (si besoin alors je démarche des bureaux d’études ou d’architecte). Puis je réalise un chiffrage des travaux pour avoir une idée du budget global et je construis, ce qu’on appelle le phasage : 
– Programmation (fait par l’architecte)
– Phasage technique : je fais en fonction des besoins et les priorise. Hiérarchisation des urgences mise en relation avec la capacité financière du propriétaire.

Enfin, j’étudie la capacité financière : étude des finances, certains particuliers ont parfois des budgets alloués aux travaux (il me le transmet et je vois ce qui va manquer) et je propose des dossiers de financements de base afin de transmettre aux potentiels aides, mécènes, etc.

 Quels outils utilisez-vous ? 
Les outils que j’utilise sont artisanaux. Je n’utilise pas de logiciel particulier pour m’aider dans mon travail, mais je les connais bien. Si besoin est, je consulte un bureau d’étude technique pour consolider certaines de mes études les plus complexes. 
L’état des lieux se fait visuellement, très méthodiquement, et les préconisations en dérivent. 

 Finalement, les AMO sont-ils indispensables aux propriétaires ou bien peuvent-ils, s’ils ont les compétences et le temps, réaliser eux-mêmes les préparatifs aux travaux et les états des lieux sanitaires ? 
En quelque sorte, les AMO sont aux propriétaires, ce que des consultants sont à des entreprises…

Ils sont pleinement utiles lorsque : 

Les compétences, le temps et les outils viennent à manquer

L’urgence des travaux approche : diminuer l’anxiété favorise une prise de décision sereine et rationnelle, souvent plus économique à long terme

La complexité des espaces ou des travaux est importante, en particulier lorsque le patrimoine a un historique complexe ou inconnu

La multiplicité des sujets à traiter impose une vision globale maitrisée : les travaux, l’appel de fonds, la gestion des tiers, etc.

La multiplicité des parties prenantes est complexe à orienter – dans le cas des familles indivisaires notamment

Vous connaissez désormais le métier d’AMO et son expertise des chantiers de patrimoine.

Pour aller plus loin

Le géomètre expert au service des monuments

Un AMO inspiré et spécialisé dans le patrimoine historique

Le BIM, outil numérique de gestion

Nicolas Burette – Patrimoine historique

Transformer un parc en jardin remarquable. Hephata est allé à la rencontrer des propriétaires du château de la Ballue pour en savoir plus sur la valorisation des jardins.

L’important à retenir dans cet article :

Marie-Françoise Mathiot-Mathon est propriétaire du domaine de La Ballue depuis 2005. Ce lieu a notamment été choisi pour ses jardins : créés au 17e siècle d’une base classique, ils sont refaits en 1973 par la précédente propriétaire Claude Artaud et deux architectes, François Hébert Stevens (neveu de l’architecte Robert Mallet-Stevens ; passionné du nombre d’or et ayant reçu un prix de littérature pour son ouvrage « L’art ancien de l’Amérique du sud ») et Paul Maymont (architecte utopique futuriste). 
Le jardin s’appuie sur des règles de l’architecture classique tout en s’approchant d’un mouvement avant gardiste. 

Classés monument historique en 1998, les jardins ont évolué au fil du temps et ont fait l’objet de restaurations successives. Mme Mathiot-Mathon et son mari, passionnés de jardins et de patrimoine, ont acquis La Ballue et ont poursuivi cette démarche de restauration et d’entretien. Elle a eu en particulier une démarche de gestion de la lumière et du volume de l’espace arboré et a travaillé en collaboration avec des arboristes : « travailler au jardin est essentiel à l’équilibre d’être humain, la qualité de vie est très améliorée ».

 LA RESTAURATION

Qu’est ce qui vous a donné cette envie de restaurer et de conserver ces jardins ?

Je souhaitais avant tout « emmener La Ballue vers demain ». En effet, dans les jardins, il y a un caractère évolutif, la fois vivant et fragile. Il faut garder à l’esprit qu’il n’y a jamais rien d’acquis dans un jardin.

Cela a été un vrai choix : nous arrivions d’un autre château, avec des connaissances préalables, et nous devions nous installer en Bretagne. 

Mon mari et moi même faisions un nouveau métier, des chambres d’hôtes, et nous avions donc des exigences sur la demeure et son environnement. Bien sûr, les jardins étaient un complément indispensable de la maison. Nous souhaitions une demeure historique, et la très belle harmonie entre l’architecture du château et le jardin a provoqué un véritable choc lorsque nous avons visité La Ballue.

Le Château sépare deux univers entre la cour vers le monde extérieur, et le jardin vers un monde intérieur et chaleureux. Nous voulions redonner vie à cet endroit, et ma famille m’a aidé à insuffler ce nouveau souffle.

Avez vous retrouvé des archives et des documents pour ainsi reproduire la disposition et les formes du jardin ?

Nous n’avons pas retrouvé de réelles archives sur les jardins du 17e siècle, mais nous avions le plan du nouveau jardin réalisé en 1973 par Claude Arthaud.

Comment s’est passée la restauration ? Quelles furent les premières étapes ? Combien de temps cela a t’il pris ?

J’ai effectué une analyse du jardin avec des spécialistes architectes à la DRAC et des arboristes. Il s’agissait de respecter l’oeuvre, tout en y prêtant des désordres et des anomalies afin de le renouveler dans le même temps. J’ai aussi créé le jardin des douves.

Le jardin a été refait par Claude Arthaud et j’y ai rajouté quelques éléments. Il est, en soi, en restauration permanente puisqu’il faut l’entretenir quotidiennement.

Nous avons donc réussi à améliorer la qualité de présentation, l’entretien du jardin…

Ce n’était pas toujours simple puisque le remplacement des végétaux vieillissants ou malades nécessitait de prendre déjà des végétaux très présents, de grandes tailles pour les remplacer, le jardin étant déjà mature. Par exemple, nous avons effectué la replantation de certaines chambres de verdure tel que le bosquet à attrape.

Un autre exemple de restauration est celle de la marquise de l’allée des tilleuls : tous les ans, la taille doit être entretenue. Il faut donc savoir « conduire », c’est à dire plier ou couper la bonne branche afin d’avoir la forme voulue. Cette technique d’arboristes est assez expérimentale et risquée à la fois. Mais le jeu en a valu la chandelle !

En quoi est-ce que la restauration des jardins allait de pair avec celle du château (axes définis…) ?

Le jardin est complètement lié au château. Dès 1615, le château est pensé avec des terrasses comprenant des jardins à la française, un verger et un potager. La disposition du jardin baroque italien s’inscrit dans le paysage en continuité de la maison. On peut d’ailleurs voir cette liaison dans la salle à manger : le plafond à caisson représente comme un plan des jardins qui y font face.

Qu’est-ce exactement que l’art topiaire ?

Il s’agit de tailler les végétaux pour leur donner des formes très variées. Ici, ce sont des topiaires à l’italienne, fantaisistes, extravagantes.

Avez-vous un ou des jardiniers en particulier ? Est-ce difficile d’en trouver pour conserver l’art topiaire ? Combien de fois par semaine, par mois ou par an faut-il les entretenir ?

Nous avons trois à cinq jardiniers tous les jours et un spécialiste en art topiaire. Il vient nous aider en supplément au moment de la taille, qui se réalise de juin à octobre tous les ans. En outre, les interventions sur les arbres sont réalisées par des arboristes grimpeurs, à chaque hiver.

Trouver des professionnels est devenu une problématique récurrente, car le métier de jardinier semble être dévalorisé. Nous n’avons pas les mêmes jardiniers chaque année, c’est pourquoi c’est compliqué et nous essayons de nombreuses choses.

Le problème pour trouver ces compétences c’est que souvent, soit les jardiniers sont très performants mais ne veulent pas vivre en milieu rural, soit ce sont des personnes locales moins qualifiées qu’il faudra former.

Organisez-vous des évènements dans vos jardins ?

Tout à fait, nous avons deux sortes d’évènements :
– le jardin pur, le végétal avec des week-ends de démonstration de l’art de la taille (art topiaire), et la taille des rosiers (depuis 2 ans).
– le culturel avec la danse, la musique…

Je suis souvent partagée entre l’intérêt d’animer le jardin mais aussi de le faire vivre autrement. C’est un lieu serein pour la visite et ces évènements doivent rester de simples moments précieux dans l’année.

Quelles sont les difficultés de la restauration d’un jardin remarquable ?

Dans la restauration, les difficultés habituelles sont surtout : 
– la fragilité du lieu, 
– le coût, 
– les collaborateurs.

Ce qui est le plus ardu, ce sont évidemment les coûts. Ils incorporent la masse salariale (les jardiniers, grimpeurs…), les équipements (quand je suis arrivée il n’y avait rien), les végétaux… Le financement privé est assez conséquent ! 

Avez-vous des conseils à donner à des propriétaires concernant la restauration de jardins ?

Un conseil en restauration : il faut savoir s’entourer des bonnes personnes. Il est bon aussi d’avoir des objectifs de long terme. Etre passionné, déterminé, courageux et entier pour y arriver !

Pour aller plus loin :

Interdiction du glyphosate pour les jardins historiques

Gérer et optimiser son domaine forestier

Prix et financements du patrimoine jardinier et paysager

Jardins d’Histoire, restauration et réhabilitation de Parcs et Jardins historiques

Jardin Patrimoine, restauration et création de parcs et jardins

Les outils de gestion d’un château hôtel ou comment développer une offre d’hébergement ?

L’important à retenir dans cet article :

Quels sont les outils de gestion d’un château hôtel ? Autrement dit, comment développer une offre d’hébergement ? Colas Guyonnaud, fondateur de Châteaux Expériences est gestionnaire de la marque Rêve de Châteaux, créée par les VMF. C’est un entrepreneur hors du commun. Depuis près de 7 ans, Colas développe une vision du marché du patrimoine privé innovante et invite à penser autrement la façon de gérer des activités d’accueil, depuis la façon de communiquer, jusqu’à la façon d’accueillir ses visiteurs…

C’est autour des outils déployés par les deux sociétés que Colas s’exprime, apportant une motivation ambitieuse à tous les propriétaires qui se risqueront à la lire.

Quelle est ton activité ?

Pour résumer, Châteaux Expériences c’est du « clé-en-main », le propriétaire « ne fait rien » et nos équipes s’occupent de toute la gestion d’accueil de publics, de A-à-Z (chambres d’hôtes, séminaires, locations saisonnières, mariages).

 Rêve de Châteaux est un outil, c’est une plateforme, qui permet aux propriétaires de gérer eux-mêmes leurs activités (séminaires, visites, mariages…) en communiquant sur ces dernières et gérant directement leurs réservations, leurs paiements, etc.

Avec Châteaux Expériences, notre activité initiale, nous gérons des châteaux pour le compte des propriétaires. Les propriétaires interviennent rarement, ils nous font confiance. 
Nos actions : 
– En amont, nous pouvons les conseiller sur les activités qu’ils peuvent développer dans leurs châteaux, mais aussi sur la façon de les promouvoir.
– Puis, nous gérons les réservations de A-à-Z… Très concrètement, il s’agit presque de services de « conciergerie ». Nous sommes rapidement opérationnels pour les réservations, les paiements, les contrats, la gestion des informations de dernière minute et l’accueil sur place…
– Enfin, nous pouvons aussi les accompagner dans le recrutement et la formation de l’intendant, c’est-à-dire la personne sur place qui accueille les gens. Nous pouvons également réaliser des sites internet pour des châteaux ou les améliorer.

Finalement, sur quel périmètre d’activités te considères-tu (distribution, communication, entretien…) ?

Comme nous nous occupons des activités de séjours, de chambres d’hôtes, de locations, de privatisations de châteaux, nous nous devons d’être présents sur tous les périmètres d’activité de la chaine de valeur, depuis la distribution à la communication en passant le calendrier, la gestion des espaces…

Comment es-tu organisé sur chaque activité ?

La communication
Pour la communication, nous distribuons d’abord sur les sites de Châteaux Expériences et de Rêve de Châteaux puis sur certains canaux pertinents comme d’autres plateformes : soit connues (Airbnb) soit celles des partenaires (Wedding Planner…).
Mais nous avons peu d’activités sur les réseaux sociaux, car pour 3000 personnes qui utilisent la plateforme, il y a seulement 300 followers Facebook par exemple !

La gestion des réservations
Ensuite, il y a un processus de négociation, avec des échanges téléphoniques ou de mails, et une gestion des réservations. Cette fonction de conciergerie et de services prend du temps. Il faut aussi être présent s’il y a un problème pendant le séjour et nous nous renseignons si cela s’est bien passé.

A la fin, nous les conseillons d’en parler autour d’eux, sur de multiples canaux. Il s’agit d’un certain nombre d’actions menées toujours en relation avec le propriétaire.

Les services complémentaires de distribution aux propriétaires
Par ailleurs, le fait de récupérer la gestion de Rêve de Châteaux a pour objectif d’apporter des outils aux châtelains afin qu’ils puissent tout gérer eux mêmes à travers la plateforme.
L’objectif est d’avoir un canal puissant. Le fait de rassembler tout le monde sur un seul site favorise la visibilité de chacun. 
C’est une logique nouvelle que nous proposons. En effet, sur le marché des châteaux, tous les logiciels de gestion sont séparés par activité (chambres d’hôtes, mariages…). Nous voulons instaurer un système avec un calendrier par produit que le propriétaire veut vendre et un calendrier pour synchroniser le tout.

Quels outils utilisez-vous pour gérer chacune de vos activités (distribution, communication, gestion des espaces, calendrier, trésorerie, gestion RH…) ?

La distribution
Nous utilisons Rêve de Château, les sites des châteaux et l’ensemble des sites et plateforme existantes (Airbnb, Booking, etc). Mais ces dernières ne sont généralement pas appropriées aux propositions des propriétaires de châteaux ou de manoirs : les montants ne sont pas comparables, les prestations attendues sont plus importantes…

Les réservations
Pour Châteaux Expériences, nous utilisons principalement le logiciel PMF pour gérer les réservations car il permet de rentrer toutes les informations et de suivre les actions.
Par exemple, les informations de réservation (dates…), le paiement en deux temps (un acompte et un solde), les mails (pour le solde, la caution…).
Il s’agit de l’équivalent des logiciels qu’utilisent les hôtels pour gérer leurs chambres. 
Ainsi, il est aussi possible de tenir informer les propriétaires de ce qu’il se passe dans leurs demeures, les missions de l’intendant… Cela orchestre le tout.

Pour Rêve de Châteaux, les réservations se font à travers le site. Libres aux propriétaires d’y insérer leur propre logiciel de suivi.

La communication
Essentiellement, à travers une Newsletter mensuelle et des publications sur les réseaux sociaux.

La gestion RH
Etant donné la variété des sujets à traiter, mais aussi des spécificités liées à chaque domaine, nous avons différentes formes de gestion. En direct, avec le téléphone, mail ou en étant sur place ; ou en indirect via les outils de la plateforme…

Combien êtes-vous au sein de l’équipe ? Travailles-tu seul ou en équipe pour assumer l’ensemble de ces fonctions ?

Nous sommes trois à temps plein, un sur chaque site et moi même qui en dirige deux. Il y a également des consultants extérieurs qui nous apportent de l’aide ponctuellement (pour le développement internet, la communication…).

Selon toi, qu’est-ce qui est le plus important et que tout propriétaire devrait avoir ?

En fait, cela dépend de ce que le propriétaire veut faire, si c’est une petite ou une grosse activité, il y a différentes formules (louer de temps en temps, des activités culturelles…).

Il faut bien réfléchir à ce qu’il peut faire chez lui, ce qu’il veut faire, les ressources qu’il est prêt à mettre et en fonction, s’équiper d’un certain nombre d’outils (site internet, réseaux sociaux…).

Cela devient compliqué s’il n’y a personne pour gérer derrière, c’est pourquoi il faut une plateforme claire et utile comme Rêve de Châteaux ou bien un gestionnaire « clé-en-main » comme Châteaux Expériences.

Pour aller plus loin

La réglementation ERP dans les MH

Sortir des activités hôtelières et culturelles dans un château

Lancer des activités dans un site historique

Restaurer un château et sa chapelle : la méthode. Hephata a interviewé Bruno Lestrat, president de l’Association de Sauvegarde du Patrimoine de l’Aisne Meridionale

L’important à retenir dans cet article :

Préserver le patrimoine ? Volontiers ! Participer à la restauration du monument ? Volontiers ! Valoriser les savoir-faire locaux ancestraux ? Cela n’est pas réservé au château de Guédelon ! Pour beaucoup, cette association du patrimoine et des savoir-faire est devenue une action prioritaire. Quelques clés pour se lancer.
L’Association de Sauvegarde du Patrimoine de l’Aisne Méridionale intervient sur la conservation et l’animation de deux monuments classés : le château et l’église de Berzy-le-Sec, dans l’Aisne. Il s’agit d’une action de « préservation de patrimoine » à travers l’organisation de chantiers internationaux de bénévoles. Le chantier a débuté en 1998, et l’Association fête ses 20 ans cette année.
Bruno Lestrat président de l’ASPM raconte comment le château et l’église servent de support à une transmission de savoir-faire, et une conservation d’un patrimoine médiéval.

En préambule…

La restauration du château et de la chapelle permet de valoriser et de transmettre le savoir-faire technique et traditionnel de l’époque médiévale.

La transmission des métiers artisanaux privilégie le contact entre la matière et le geste.L’intervention d’engins mécanisés n’est pas souhaitée, afin de rester en adéquation avec le monument, par exemple retailler la pierre à la main, tailler le bois à la hache pour la charpente…

L’association va jusqu’à fabriquer au sein du chantier les matériaux dont elle a besoin pour la préservation du monument. Par exemple, le toit de la chapelle est en restauration et pour retrouver le panel de couleurs disparues des tuiles, elles sont fabriquées à la main et cuite au feu de bois dans un four de tuilier construit pour l’occasion.

Comment se déroule la restauration du château ? Quelles sont les différentes étapes ?

Il y a plusieurs étapes pour restaurer un beau patrimoine :

1ère étape

Établir un lien juridique entre l’association et le propriétaire sous forme d’une convention, d’un bail… En effet, l’association n’est pas propriétaire du monument et il est nécessaire de constituer un ou plusieurs contrats afin de sécuriser l’opération et définir le rôle de chacun.

2ème étape

Si l’intervention porte sur un monument protégé (classé MH ou inscrit), certaines règles doivent être respectées, notamment la réalisation d’études afin de définir un projet de programme de travaux à effectuer pour la restauration : 
o Une étude préalable à la restauration, c’est-à-dire un diagnostic, une analyse de la problématique qui se trouve dans le monument, 
o Une étude archéologique et historique du château. 

3ème étape

La connaissance des « maux » établie, il faut dresser les priorités dans l’intervention et les techniques qui seront appropriées. Tout cela en concertation avec les autorités compétentes (DRAC, Architectes des Bâtiments de France…) si le monument est protégé.

4ème étape

Les travaux déterminés, il convient d’en assurer le financement (voir comment monter un bon dossier de financement et quels financements conviennent à quels types de projets).

5ème tape

Ensuite, nous entamons les travaux. S’agissant d’un chantier de bénévoles, il nous faut au minimum un encadrant technique afin qu’il puisse transmettre ses connaissances, sur un savoir-faire particulier, aux gens qui n’en connaissent pas les rudiments.

6ème étape

Établissement d’un calendrier prévoyant les différentes phases de travaux de restauration, avec les financements dédiés…

Sur un chantier, il est possible de voir travailler ensemble entre 2 à 10 corps de métiers différents (forgeron, céramiste, menuisier…). On retrouve cet échange qu’il y avait entre les artisans à l’époque médiévale !

Il est intéressant de rencontrer les mêmes problématiques qu’à l’époque, bien qu’aujourd’hui, nous profitons de meilleures conditions de sécurité (échafaudages par exemple) et d’un temps disponible plus important.

Dans le cadre de l’association, le but est la préservation et la restauration du patrimoine. Nous n’avons ni les contraintes de rentabilité, ni les contraintes d’échéance, que les entreprises rencontrent. La seule véritable contrainte est celle dictée par l’état du monument, les risques d’effondrements… qui peuvent d’ailleurs nécessiter une intervention rapide et efficace.

Comment financez–vous ce chantier ?

Nous sommes un chantier international de bénévoles. Malgré la présence de personnes qui donnent gracieusement de leur temps, nous nous sommes entourés de partenaires pour soutenir le projet, en menant une politique de financements croisés. Cette stratégie nous a permis de collecter des fonds pour réaliser les travaux :
– Les collectivités territoriales : commune, département et région,
– Les services de l’Etat : les DRAC pour l’achat des matériaux, le paiement des artisans ; la Direction Régionale de la Jeunesse et des Sports pour l’aspect animation, éducation populaire et jeunesse…,
– La Fondation du Patrimoine pour la transmission des savoir-faire techniques traditionnels liés à la conservation du patrimoine… Il s’agit d’un financement qui participe à la préservation de ce patrimoine immatériel menacé parfois de disparition.
– Les opérations de formation : nos chantiers servent également de support à des stages de formation liés aux métiers du patrimoine. Les financements levés contribuent à la sauvegarde de nos monuments.
– Les souscriptions : nous sollicitons directement le public, grâce à notre partenariat avec la Fondation du Patrimoine. 
– La participation des bénévoles : ces derniers règlent auprès de l’association des frais d’inscription dont le montant est variable selon la nature et la durée du chantier choisi.

Comment avez-vous convaincu les personnes de l’association de vous suivre dans cette voie ? Quel est le projet que vous leur aviez proposé ?

La présentation s’est réalisée en plusieurs étapes :

Dans un premier temps, la restauration était réduite à des actions simples. 

Elle était ouverte aux habitants du village et aux amis. C’était donc une occasion de se retrouver autour d’un projet commun.

Progressivement, les interventions sont devenues plus techniques

Il a fallu structurer nos chantiers, se former et s’entourer de professionnels dans l’encadrement de certains de nos ateliers,… et le recrutement des bénévoles s’est élargi en conséquence.

Ensuite, nous nous sommes rattachés à l’Union Rempart

Intégré au sein du réseau, nous avons pu communiquer sur l’existence de notre chantier et de notre besoin croissant de bénévole. Le réseau Rempart nous a ainsi permis d’attirer de nouveaux volontaires et de bénéficier de précieux conseils !

Au fur et à mesure, nous avons élargi le cercle des recrutements, jusqu’à l’international (brésiliens, israéliens, chiliens…) !

Nous avons lié des partenariats internationaux, comme par exemple ICOMOS Israël, toujours par le biais d’Union Rempart. 

Aujourd’hui, l’ampleur des travaux s’est accrue et diversifiée

Grâce notamment à la relation de confiance qui s’est créée entre l’association et les services de l’Etat en charge de la surveillance des opérations.

Ainsi, plus notre champ d’action s’ouvre, plus les activités sont multiples et attirent davantage de bénévoles. Cette progressivité permet de fidéliser un public de plus en plus nombreux tout en préservant l’ambiance de départ.

Le nombre de personnes évolue régulièrement : au cours de l’année 2017, nous avons accueilli plus de 500 bénévoles répartis sur 65 sessions et 22 thématiques différentes (bois, pierre, vitrail…).

Néanmoins, nous n’y travaillons pas toute l’année, l’hiver n’étant pas propice aux travaux. Ces derniers se déroulent du printemps à l’automne et nous profitons du reste de l’année pour rédiger nos demandes de subvention, faire nos compte-rendus, nos bilans, nos études préalables, nos commandes de matériels, nos ajustements liés aux financements,… Il s’agit d’une phase de préparation et de recherche d’encadrants indispensables qui s’inscrit dans un mouvement perpétuel.

Quelle est votre journée type heure par heure ?

Nous dormons tous sur place, soit en campement, soit chez l’habitant, dans un gîte, en caravane…

Il y a un échange singulier entre les volontaires qui participent à la conservation de ce patrimoine et les habitants qui profitent de celui-ci. L’existence de cette relation entre acteurs et spectateurs de la sauvegarde du patrimoine crée une véritable émulation autour de ce projet.

Étiez-vous formé à lancer un tel chantier ?

Au départ, je n’étais pas du tout formé. A travers mes études autour de la conservation du patrimoine historique, je connaissais les protocoles d’intervention et le volet administratif sur les Monuments Historiques. Cependant, l’aspect pratique et technique de la restauration m’était inconnu, j’ai pu l’apprendre en participant à d’autres chantiers de bénévoles et en côtoyant les professionnels des métiers du patrimoine.

Fort de ces expériences, j’ai pu assurer un encadrement des chantiers de manière plus adaptée. Toutefois, rien n’est figé et l’apprentissage demeure riche et permanent. Ce qui est intéressant c’est l’apprentissage permanent du savoir-faire.

Avez-vous retrouvé des archives concernant le château et pouvant vous aider à la restauration ? Par qui êtes-vous accompagnés ?

Nous avons déjà retrouvé de nombreuses archives et nous continuons à le faire. Nous avons la chance de disposer d’une documentation assez riche : des photographies, des écrits, des témoignages d’architectes ou de personnes qui ont travaillé ou vécu sur place, des découvertes archéologiques… La mise en place d’une session « Relevé & archéologie du bâti » a permis à l’association de dresser les plans des monuments, de dresser des relevés « pierre à pierre » des élévations, d’obtenir des informations sur l’histoire de la construction du monument. Nous entourer de techniciens et d’historiens permet donc de véritablement approcher l’histoire de ce patrimoine.

Mais, à présent, nous ne pouvons plus nous contenter d’une étude historique. Nous faisons appel à des spécialistes des matériaux, des archéologues, des artisans… Le champ d’action doit être le plus large et le plus ouvert possible. A travers nos interventions, nous entrons dans l’intimité du bâtiment pour mieux apprécier les différentes techniques utilisées dans sa construction, savoir lire et interpréter les traces d’outils laissées par les « oeuvriers » de chaque époque. … L’archéologie du bâti constitue aujourd’hui une source historique à part entière. L’approche de l’homme et de la matière constitue, en effet, à mon sens une problématique importante dans l’étude d’un monument et de l’art de le bâtir. 

Chacun de nos ateliers, par l’apprentissage des techniques d’autrefois, apporte également des informations très précieuses. L’archéologie expérimentale ainsi pratiquée complète nos chantiers de fouilles archéologiques plus traditionnelles. 

Au delà de la consultation d’archives, de monographies…, les sources historiques apparaissent désormais plus riches que celles que j’ai pu imaginer lors de la création de l’association.

Quelles difficultés et quelles joies avez-vous ? Une anecdote à raconter…

Les difficultés essentielles que nous rencontrons sont inhérentes à : 

– L’accueil de 20 à 80 personnes qui vont vivre ensemble de quelques jours à plusieurs semaines, et la fédération de toutes ces énergies autour du projet commun. 

– La formation des personnes qui ne sont pas du métier, afin qu’elles puissent apporter leur part dans la restauration du bâtiment.

Nous devons à la fois canaliser, fédérer, et transmettre un savoir faire. Mais aussi répondre à leurs attentes, car ils donnent de leur temps : comprendre des métiers, découvrir une région, apprendre une langue… Tout faire pour leur donner envie de revenir.

Evidemment, il y a énormément d’anecdotes, par exemple un moment magnifique : un couple d’israéliens qui étaient venus en voyage de noces sur le chantier.

Il y a un brassage des cultures extraordinaire ! Il va jusqu’au partage de la gastronomie. En effet, chaque jour, des bénévoles s’occupent du repas et nous pouvons déjeuner un jour espagnol, le lendemain bourguignon, le surlendemain brésilien…

Quels sont les résultats ? Combien de temps cela a t’il pris ?

Depuis 1998, nous travaillons dans la sauvegarde du château mais aussi de l’église de ce village. Actuellement, nous achevons une phase de travaux sur la restauration de la façade sud du château, qui combine d’ailleurs plusieurs corps de métiers (charpente, menuiserie, vitrail, taille de pierre, forge…).

Cette campagne a commencé il y a 4 ou 5 ans et sera vraisemblablement finie au terme de l’année 2018-2019. Chaque phase de travaux terminée constitue donc un résultat important dans la préservation de notre patrimoine, chaque étape compte.

Quelles sont les retombées économiques d’un tel projet ?

Nous privilégions les circuits courts : approvisionner les matériaux et les vivres en local. Une dynamique économique se met donc en place et un impact local direct est établi.

Nous accueillons les visiteurs pour découvrir ce que nous proposons. Naturellement, ils consomment sur place….
Quoique modeste, notre impact est réel, en plus de celui de faire découvrir la région.
 A présent, les personnes nous contactent pour voir s’il est possible de venir, de faire des visites guidées mais aussi d’organiser des ateliers pour enfants… Nos actions contribuent à valoriser notre belle région si méconnue.

Quelles clés donneriez-vous à un propriétaire désirant restaurer son château à l’aide de chantiers participatifs ?

Quelques conseils :

– Prendre soin de définir un cadre juridique sain, de soigner le périmètre d’intervention de chacun des acteurs (qui fait quoi et pourquoi…).

– Définir les moyens d’action, les supports à utiliser pour restaurer son monument :
o soit je fais appel à des professionnels qui vont facturer leur intervention ; 
o soit créer un chantier de bénévoles qui permettra une interaction entre le public, les artisans, l’administration, le propriétaire….

– Ne pas négliger l’importance de l’énergie à consacrer, notamment lorsque le projet est de taille significative. En effet, animer et conserver un monument : c’est le travail d’une vie ! strong>Il faut réellement en prendre conscience dès le départ, car cela occupe une grande partie de son temps.

Une fois que les personnes savent tout cela, il faut se lancer !

Il est donc urgent d’agir pour la sauvegarde de notre patrimoine sous toutes ses formes et le transmettre aux générations futures dans les meilleures conditions possibles !

Pour aller plus loin

Les chantiers participatifs au service du patrimoine

Le Crowdfunding : un nouvel outil de financement

Trouver un financement

Association pour la sauvegarde d’un château : ce qu’il faut savoir

L’important à retenir dans cet article :

La création d’une association loi 1901 est une « astuce » très répandue dans le secteur du patrimoine culturel. Sa mise en place n’est pas très contraignante. Elle peut être utile pour gérer des activités, organiser des chantiers, accueillir des visites. Enfin, elle peut simplement permettre de s’entourer de soutien ou de financer ses projets de restauration. Mais au-delà de ces avantages, la création d’une association est aussi une occasion de partager une passion avec d’autres personnes ! 

L’association se décline selon plusieurs modèles. Vous trouverez dans cet article les avantages associés aux associations, les nuances de fonctionnements et quelques conseils pratiques pour bien choisir son statut.

Pour en savoir plus : 
La définition et les différentes variantes d’associations, leur rôle respectif, accompagné d’exemples représentatifs 
Les démarches à suivre pour créer sa propre association
– Les alternatives aux associations (à venir)

Conditions de création et de statut des associations

Caractéristiques générales à savoir pour toutes les associations :
Les dirigeants doivent exercer leur activité à titre bénévole (sauf au bout de 3 ans d’exercice avec des fonds propres excédant 200 000 euros, l’association a le droit d’avoir un salarié dirigeant. Pour en avoir trois, il faut atteindre 1 million d’euros de fonds)

Les dirigeants de l’association sont responsables civilement et pénalement des éventuelles fautes de gestion (en cas de mauvaise déclaration des statuts : activités commerciales ou non, déduction fiscales…). En outre, les apports des membres en numéraire, en nature ou en industrie sont autorisés. La responsabilité des membres est limitée à leurs apports et les fonds propres de l’association sont les cotisations de ses membres. L’association ne dispose pas de capital (c’est-à-dire qu’il n’y a pas d’actionnaires).

Que veut dire « Transparence et désintéressement » ?

Il s’agit de prouver : 
– La cohérence des buts et des moyens de l’association, 
– L’existence de règles permettant un fonctionnement démocratique, – La gestion financière désintéressée.

Que veut dire « Solidité financière » ?

Il s’agit d’un état financier qui repose sur les acquis suivants : 
– Un montant annuel minimum de ressources estimé à 46000 € provenant des ressources propres, 
– Un montant de subventions publiques qui n’excède pas la moitié du budget, afin de garantir son autonomie, 
– Des résultats positifs au cours des 3 derniers exercices.

Avantages dont bénéficient les associations

Qu’est-ce que les reçus fiscaux ?

Ils permettent aux donateurs de déduire de 60 à 75% du montant de leurs dons de leurs impôts, selon la personnalité juridique. Pour plus de détails, voir l’article correspondant sur le mécénat dans le patrimoine.

Attention : A compter du 1er janvier 2018, l’administration fiscale contrôle sur place que les montants portés sur les reçus correspondent bien aux dons et versements effectués.
Sont concernés les dons et les cotisations d’adhésion versées à l’association, à condition que l’adhérent ne reçoive aucune contrepartie à son versement.

A quoi correspondent les droits de mutations ?

Aussi appelé frais de notaire, ils correspondent à tous les droits et taxes perçus par le notaire pour le compte de l’État et des collectivités à chaque changement de propriétaire d’un bien immobilier.

Modalités de gestion des biens d’une association

Les associations peuvent être propriétaire ou locataire :
Celles qui sont simplement déclarées ne peuvent acquérir à titre onéreux, posséder et administrer que le local destiné à l’administration de l’association et à la réunion de ses membres ainsi que les immeubles strictement nécessaires à l’accomplissement du but qu’elle se propose (Article 6 de la loi du 1er juillet 1901). 
Les associations reconnues d’utilité publique ne peuvent posséder ou acquérir d’autres immeubles que ceux nécessaires au but qu’elles se proposent (Article 11 de la loi du 1er juillet 1901). Toutefois, elles peuvent acquérir, sans limitation, à titre onéreux ou à titre gratuit, des bois, forêts ou terrains à boiser.
Les associations reconnues d’utilité publique ont l’obligation de vendre les immeubles qu’elles recevraient par donations ou par legs et qui ne seraient pas nécessaires à leur fonctionnement.

Les modalités liées à l’utilisation des biens sont spécifiques à chaque association qui peut les spécifier dans un règlement intérieur.
En cas de dissolution de l’association, les biens ne peuvent être partagés entre les membres car d’un point de vue juridique, cela peut être qualifié de « partage des bénéfices ». Bien souvent, ils sont donc transmis sous forme de dons à des fondations ou des associations ayant un thème semblable.

Inconvénients

Malgré les avantages liés à la création de l’association, la gestion n’en demande pas moins une implication durable des porteurs du projet associatif ainsi que de la perte de « tout pouvoir ». 

Implication à la création : se mettre d’accord sur les objectifs, élire un comité, et rassembler des passionnés. 
Implication dans la gestion : être présent régulièrement aux réunions et servir les objectifs fixés. Prendre en compte le caractère chronophage du travail administratif : veiller au paiement des cotisations, tenir une comptabilité, organiser les assemblées et les évènements.
Perte de pouvoir absolu dans les décisions : dorénavant, il faudra être prêt à accepter que le projet prenne une autre orientation que celle initialement prévue… Les décisions sont prises démocratiquement.
• Il est plus difficile pour une association loi 1901 d’emprunter des fonds auprès d’une banque du fait qu’une association ne dispose pas de capital. Certaines banques sont toutefois spécialisées dans le domaine associatif (Crédit Mutuel, Crédit coopératif …).

Quelques conseils supplémentaires

En dehors des statuts, il est conseillé d’élaborer une charte ou des règles de gouvernance. Cela permet en effet de régir les rapports entre les bénévoles et de régler les éventuels conflits (exemple). En fonction de l’objet de l’association, il faut également être capable de bien présenter les conditions d’assurance des bénévoles. Un sujet majeur lors de l’intervention sur des chantiers participatifs (Les ateliers de Franck).

Conclusion

Généralement, les porteurs de projets qui cherchent des moyens pour préserver, entretenir et valoriser leur patrimoine utilisent l’association loi 1901. Elles organisent des évènements, ou même des chantiers participatifs qui font vivre le monument. Aussi, le simple fait d’être organisé en association peut rassurer sur la pérennité et le sérieux de votre projet. L’association étant par définition constituée de plusieurs membres, vous allez sûrement devoir vous hiérarchiser et vous partager les tâches. Cela montre votre capacité à vous organiser. C’est donc une question de crédibilité, notamment lors de la recherche de partenaires financiers.

Pour aller plus loin

Charte d’engagement réciproque entre l’État, le mouvement associatif et les collectivités

La capacité de posséder les locaux

Créer une association pour son château

Quelles associations autour des monuments historiques ?

Créer une association pour son château : comment s’y prendre ?

L’important à retenir dans cet article :

La création d’une association loi 1901 est une « astuce » très répandue dans le secteur du patrimoine culturel, et notamment des monuments historiques. Sa mise en place n’est pas très contraignante et elle peut être utile pour gérer des activités, organiser des chantiers, accueillir des visites, simplement s’entourer de soutien ou financer ses projets de restauration.
Mais au-delà des avantages, la création d’une association est aussi une occasion de partager une passion commune avec d’autres personnes autour d’un même projet ! L’association se décline selon plusieurs modèles. Vous trouverez dans cet article les démarches à suivre pour créer sa propre association.

Procédure de déclaration de son association et de demande de subventions

Objet et objectif de l’association

Avant toute chose, vos collaborateurs et vous-même, devez absolument vous mettre d’accord sur l’objet et les objectifs qui seront portés par le projet. Il s’agit en effet d’un projet « commun ». Il faut donc le créer ensemble. 

Exemple

L’association pour la Renaissance du Château de Portes (RCP)
« Cette association a pour but de mettre en œuvre, soit directement soit indirectement, tout moyen juridique, technique ou intellectuel pour l’organisation de chantiers ayant pour objet la sauvegarde, la réhabilitation et l’entretien du château de Portes ainsi que d’assurer son utilisation dans un but culturel et d’intérêt général. L’association peut aussi exercer ce but sur d’autres monuments et autres lieux que le dit château selon la demande qui lui est faite. »

Choix et rédaction des statuts

Il s’agit de rédiger les statuts en tenant notamment compte des éléments suivants : 

– Un nom pour l’association 
– Une adresse de siège social 
– Les conditions d’adhésion 
– Les modalités de dissolution 
– La nomination des dirigeants (président.e.s, vice-président.e, etc.), ainsi que des membres du conseil d’administration et du bureau
– Intérêt général ou non, activités commerciales ou non, etc. 

Exemples

Les statuts de Patrimoine-Environnement
Les statuts des Amis du Vieux Château d’Airvault (AVCA)

Mode de gouvernance (optionnel)

Le mode de gouvernance de l’association est libre. La mise en place d’une hiérarchie au sein de l’organisation n’est donc pas une obligation. Il est aussi possible de définir un « règlement intérieur » (Association Rempart ) ou une « charte »
L’ensemble de ces éléments peut être décidé lors d’une Assemblée Générale, qui doit d’ailleurs avoir lieu au moins une fois par an.

Déclaration des statuts

Les statuts de l’association doivent être déclarés et publiés dans un journal officiel. 
Déclaration en ligne
Déclaration à imprimer à adresser à la préfecture ou à la sous-préfecture du siège social de votre asso

L’association reçoit automatiquement un numéro d’inscription au répertoire national des associations (RNA). Le numéro se présente sous cette forme : débutant par W et composé de 9 chiffres.

NOTA BENE

L’association acquiert la capacité juridique, c’est-à-dire l’aptitude à bénéficier de droits, seulement le jour où son extrait de déclaration est publié au Journal officiel des associations et fondations d’entreprise (JOAFE)

Inscription et immatriculation au répertoire SIRENE

La demande n’est pas obligatoire. Elle est à demander lorsque l’association souhaite :
– Demander des subventions auprès de l’État ou des collectivités territoriales
– Employer des salariés
– Exercer des activités qui conduisent au paiement de la TVA ou de l’impôt sur les sociétés

L’inscription est à réaliser par courrier, auprès de l’INSEE qui gère ce répertoire. L’association reçoit un certificat d’inscription à conserver (il n’est pas délivré de duplicata en cas de perte). Voici les documents qui seront obligatoires ou utiles : 
Le modèle-type
– Une copie des statuts 
– Une copie de l’extrait paru au Journal officiel (ou à défaut le récépissé de dépôt des statuts en préfecture). 

Autres répertoires et fédérations d’associations où il est intéressant d’inscrire les associations autour du patrimoine :
Rempart
Patrimoine & Environnement
Fondation du patrimoine
Fédération Française des Associations de sauvegarde des Moulins

Conclusion

La création d’une association n’est pas très contraignante et demande peu de temps. Ainsi, une fois les spécificités définies et les accords trouvés avec vos collaborateurs, il ne vous reste plus qu’à faire les quelques démarches administratives. 

La France concentre plusieurs milliers d’associations dédiées à la sauvegarde du patrimoine monumental et des centaines de milliers de bénévoles, alors n’attendez plus pour créer la vôtre !

Pour aller plus loin

Quelles associations autour des monuments historiques ?

Association pour la sauvegarde d’un château

Les chantiers participatifs au service du patrimoine

Créer une école de cuisine dans un château : exemple des Master Class de Fey

L’important à retenir dans cet article :

Développer une activité adaptée en fonction de son histoire et de son territoire, c’est une question de convictions ! 

Vous possédez un château avec une histoire forte ? N’hésitez pas une seconde ! « Je conseillerais à tout propriétaire d’aller simplement là où on a envie d’aller et jusqu’au bout de ses rêves ! » Sylvie Angel.

Vous êtes dans une région avec un terroir et un caractère qui se prêtent à la gastronomie, à l’œnologie, ou à d’autres activités ? Utilisez ces ressources ! 

Seulement, comment orienter ses activités en cohérence avec l’image et les ressources de son territoire ?
Dans cet article, Sylvie Angel nous explique comment elle est parvenue à faire revivre les masters class de cuisine au château du Feÿ, faisant écho à l’ancienne prestigieuse école de la Varenne, en utilisant les ressources locales.

Qu’est-ce qui vous a poussé à reprendre ce château et à vous lancer dans ce projet de développement ambitieux ? 

C’est une histoire de gastronomie…

C’est grâce à un ami restaurateur dans la région que nous avons découvert le château du Feÿ et son histoire culinaire : « mon mari et moi étant passionnés de cuisine, nous avons été tout de suite séduits ! » 

La précédente propriétaire était Anne Willan, professeure de cuisine anglo-américaineformée au Cordon Bleu , école de cuisine d’excellence, et élève de Julia Child pionnière aux Etats-Unis dans la gastronomie française et ses techniques de cuisine.  

Anne créa l’ école de cuisine de la Varenne en 1975, qui fut l’une des premières écoles de cuisine professionnelles en France à offrir un enseignement simultané en français et en anglais et des diplômes professionnels reconnus. L’école était initialement basée à Paris et les programmes de La Varenne qui comprenaient un mélange de programmes de certificat professionnel et de cours de dégustation gastronomique, se sont poursuivis au Château du Feÿ jusqu’en 2007. 

La propriétaire écrit des livres de cuisine

Par ailleurs, Anne écrit de nombreux livres de cuisine comme « La Varenne Pratique » et la série « Look and Cook » mais aussi « Willan’s The Country Cooking de France » qui a reçu deux prix du livre de la Fondation James Beard 2008 pour le meilleur livre de cuisine international. 

Cependant, des incidents familiaux les poussent à quitter le château en 2007. Les programmes de La Varenne au Château du Feÿ se terminent et La Varenne déménage à Santa Monica en Californie. Sylvie Angel et son mari décident de partir à la rencontre d’Anne Willan à la fondation Julia Child à Los Angeles dans le but de relancer les Master Class. Ils vont également à la rencontre d’ Amanda Hesser à New-York, une ancienne stagiaire à l’école de Varenne au château qui s’est passionnée pour le potager et a développé un jardin aromatique. Désormais, elle poursuit sa carrière dans l’alimentation aux Etats-Unis et dirige Food52, une entreprise de 45 employés. « Elle était très heureuse lorsque nous lui avons appris que nous avions racheté le château et que nous voulions faire revivre les masters class de cuisine. » 

Le château accueille maintenant une grande diversité d’activités, en lien avec la gastronomie

 Les masters class ne sont rouverts que depuis 6 mois, mais nous avons déjà pu reconstituer le jardin aromatique au château et développer un hectare de potager ainsi qu’une truffière. Nous effectuons en parallèle des promenades gourmandes, de découverte où l’on apprend au public ce qu’il est encore possible de manger dans la forêt. Des « week-end truffe » sont proposés, avec des initiations dans lesquelles nous montrons comment chercher les truffes.

Aviez-vous des compétences spécifiques concernant la gastronomie ou la pédagogie culinaire ? Comment vous êtes-vous organisés en famille ? 

J’ai dû effectuer un stage pour apprendre certaines règles, donner des cours et suivre le stage obligatoire d’hygiène. Cette formation hygiène alimentaire (HACCP) est obligatoire depuis le 1er octobre 2012. Les responsables d’établissements de restauration doivent avoir au moins une personne justifiant d’une formation en matière d’hygiène alimentaire dans leur effectif.

La formation dure quatorze heures minimums et doit permettre au professionnel d’acquérir les capacités nécessaires pour organiser et gérer l’activité de restaurationdans des conditions d’hygiène conformes à la réglementation.
Concernant la répartition des rôles entre les membres de la famille : je m’occupe de la partie « cuisine », mon mari des travaux, et ma fille de la location. Les cours de cuisine sont quant à eux donnés par des chefs cuisiniers.

Quelles installations spécifiques ou normes sont requises pour un tel projet ? 

La cuisine de 45 mètres carrés a été refaite entièrement par Bernard Viot qui a aussi fait celle du Bristol à Paris. Nous avons dû respecter des normes d’hygiènes et de sécurité. Le mieux est de faire appel à une commission de sécurité auprès de la préfecture. Elle sera à même de vous dire les travaux à effectuer pour vous mettre aux normes. Il s’agit d’une cuisine professionnelle et privé soumises aux normes des restaurants  .
Il est compliqué d’aménager de telles infrastructures dans un château ancien, notamment avec la cheminée en plein milieu de la cuisine. De plus ces travaux engendrent un budget conséquent qui, pour notre part, ont été entièrement financés sur fonds propres.

Lancer ce type d’activité nécessite certainement d’être bien entouré… Pourriez-vous nous parler de « l’écosystème » que vous avez su mettre en place ? 

D’abord, le marché local et le terroir sont des « donnés » indispensables. Par exemple, nous utilisons les truffes de bourgogne et du Périgord que nous cultivons nous-mêmes. Nous sommes sur le principe de « Farm to table » , ce qui signifie que nous utilisons exclusivement nos propres produits. 
Dans le potager nous comptons plus de 52 variétées de légumes plantés ! Nous avons aussi un verger, puis des truffiers du Périgord…

Puis, en termes d’entourage, nous travaillons avec Harry Drissen formé et diplômé du Cordon Bleu Paris. Dans un premier temps, il élabore les cours de cuisine sur plusieurs jours au château. Ensuite, il donne des cours en plusieurs langues. 
Nous faisons également appel à Jean luc Barnabet  pour les diners spéciaux « truffe de bourgogne ». D’autres grands chefs viennent du monde entier comme Cathleen Clarity de l’école des chefs américaine , Keigo Kimura, chef étoilé d’Auxerre, Ruben Sarfati  qui a participé à Top chef.

Pour l’avenir, nous souhaiterions aller encore plus loin… Par exemple, établir des partenariats avec la CIA culinaire et le Cordon bleu  en particulier avec le chef Briffard  , chef exécutif et directeur des Arts Culinaires de l’école.
Nous avons aussi un projet de jardin médicinal où il faudra certainement s’entourer d’experts de la question…

Finalement, monter un tel projet requière beaucoup de cohérence : 

– Un désir de développement des propriétaires en cohérence avec les atouts du territoire et l’histoire du château

– Une organisation centrée autour d’une thématique unique, qui se structure grâce à des partenaires d’excellence, reconnus dans leur domaine

– Une préparation méticuleuse des activités : la formation et la mise aux normes en étant deux composantes essentielles

Pour aller plus loin

Reprendre un château abandonné

Comment gérer un château aux allures de village ?

Le modèle économique des châteaux du XXIème