Comment faciliter l’accès d’un monument éloigné ? Hephata vous donne une méthode.

L’important à retenir dans cet article :

Certains lieux historiques ont des difficultés pour attirer du public car le site n’est pas accessible facilement : pas de transports en commun, pas ou peu de signalisations, itinéraire compliqué… Or, il s’agit d’un point primordial pour développer une activité, notamment touristique et culturelle.

Le but de l’article est de vous aider à faciliter l’accès de votre public actuel ou potentiel à votre monument. Deux clés importantes sont donc à retenir :
– faciliter l’accès jusqu’à votre édifice, même éloignée de tout centre urbain, suppose de suivre une méthode
– une « bonne » communication sur les espaces est essentielle

 « Où vais je ? Je ne sais : mais je me sens poussé d’un destin impétueux, d’un destin insensé » – Victor Hugo

Notre méthode consiste en deux grandes approches à :
– améliorer la communication sur les moyens de transports disponibles ;
– faciliter et améliorer la signalisation. 

Avoir des visuels pour « raccourcir les distances » y est présenté comme essentiel. 

1. Indiquer les moyens d’accès

Tout d’abord, il est nécessaire d’identifier parfaitement tous les différents chemins pour parvenir jusqu’à vous en étant le plus exhaustif et le plus descriptif possible.

Pour cela, posez vous quelques bonnes questions :
– Peut on venir en transports en commun ? En vélo ? En voiture ? A cheval ? En hélicoptère ? A pied ?
– Si oui par quelles routes ? Une seule mène-t-elle au site ? Plusieurs ? 
– Faut il prendre l’autoroute, la nationale, de petits chemins de terre ?

Une fois que vous savez tous les itinéraires et les moyens de transports possibles, il est alors nécessaire de pouvoir l’expliquer facilement au public. Il faut donc être précis dans ses renseignements, et pouvoir le transmettre aisément, que ce soit par mail, téléphone ou sur son site internet.

Pour une indication efficace sur votre site internet, il est bon de se questionner correctement sur les informations vraiment importantes pour le public auquel je m’adresse. Il faut, en effet, prioriser les informations. 

Dans l’ordre, nous vous proposerions les actions suivantes :

1. Inscrire en premier lieu l’adresse du site, les coordonnées GPS et, une carte. Par exemple : Emplacement et itinéraire via Google Map.

2. Lister les différents moyens de transports : train, vol, bus, voiture, vélo…

3. Indiquer s’il y a un moyen de transports spécialisé pour votre domaine (cf partenariat en 2e partie). Par exemple : Navette spéciale amenant le public du parking du Mont Saint Michel à l’accueil de celui ci.

4. Indiquer les noms précis des routes, arrêt de bus, gares… Par exemple : Autoroute A6 direction Paris, Bus C4 direction Villejean arrêt Marbeuf, Gare Nogent-le-Retrou, Ligne 1 du métro arrêt La Défense…

5. Indiquer s’il y a des parkings chez vous (handicapés ou non) et, pour quels types moyens de transports ils sont réservés (voiture, bus, vélo).

6. Noter les proximités : proche du centre ville, d’une gare, d’un aéroport, d’un métro…Par exemple : A 10 min à pied du métro, à 30 min en voiture en partant de Caen…

7. Indiquer les accès à votre propriété : une seule route ou plusieurs, accès par l’entrée/les jardins/le parc, chemin piétonnier ou routier… Par exemple : Accès du château par la petite entrée du jardin ou par la grande entrée en face du parking

Le public s’intéresse également aux aspects extérieurs des transports, c’est à dire au temps et aux prix, qui ont une influence certaine sur la visite.

Vous pouvez donc, en plus des informations citées ci dessus, indiquer :
Le temps de trajet pour chaque type de transports. Par exemple : Pour le Château X à partir de Paris, 45 min en voiture, 1h15 en train, 2h en bus, 1 jour à pieds…
Les prix pour les différents trajets. Par exemple : Ticket de métro à 1€90, péage à 30€, bus à 13€…
Pour les billets notamment, attention à bien préciser quoi prendre (Ticket centre ville ou RER, Train TGV, TER…) les prix pouvant varier aisément. Il est avantageux de mettre les liens des sites utiles pour l’achat des billets (Ratp, Sncf…).

Ces indications présentes sur votre site internet peuvent également l’être sur la brochure de votre lieu. En effet, créer une brochure a plusieurs avantages : du visuel sur vos activités, ce que vous proposez, les visites, votre contact mais surtout les moyens de transports pour venir, les accès, une carte…

Les brochures papier peuvent d’ailleurs être introduites dans de nombreux établissements touristiques, hôteliers, gastronomiques… Un bon moyen de faire parler de vous un peu partout !

2. Faciliter le transport en créant des partenariats

Enfin, il est possible – et par ailleurs, important de créer des partenariats. Comme dit précédemment, vous pourrez par ailleurs soit y déposer vos brochures s’il s’agit d’un bâtiment, soit échanger une communication visuelle si c’est via un site internet par exemple.

Les différents partenaires peuvent être :
En fonction du lieu où vous vous situez. Par exemple : l’office de Tourisme de la ville la plus proche, les Comités Régionaux du Tourisme, la DRAC de votre région…
En fonction des transports qui mènent jusqu’à vous : SNCF, RATP, compagnies aériennes ou de bus…
Autour de votre lieu : Commerce de locations de voitures/vélos/navettes, les hébergements à proximité…

En outre, comme pour les prix, il est intéressant de mettre les liens des sites internet correspondants.

3. Identifier les nouveaux usages en matière de transport

Une solution innovante : le covoiturage.
Nous pouvons observer que les transports en commun ont très souvent une importance capitale, étant un moyen efficace et moins cher de ramener du public. Néanmoins, les lieux culturels ne sont pas forcément toujours bien desservis par ces derniers. 

Une solution peut être le covoiturage : l’application Blablacar bien connue, ou encore celle de Covoiture Art, qui permet de se rendre dans des lieux culturels plus ou moins éloignés en covoiturage.

Peut-être vous sera-t-il aussi possible de négocier une publicité sur ces sites spécifiques de « voyageurs » récurrents, pour les inviter à venir jusqu’à vous.

Si vous avez identifié un public ou des proches qui se rendent régulièrement sur votre site, n’hésitez d’ailleurs pas à les inviter à proposer leurs places disponibles pour se rendre chez vous.

Deux exemples en images : 

1. Le Château de Versailles

2. Le Mont-Saint-Michel :

Exemples

L’association O’BABELTUT organise chaque année le festival « Transports Culturels », permettant de partager les déplacements et faire des sorties culturelles dans les grandes salles de Toulouse.

Le trajet pour le public est organisé par le festival, soit en bus, soit en covoiturage : dans ce dernier cas, chaque personne peut s’inscrire pour y participer et ainsi partager sa voiture ou être passager. Il s’agit donc d’une idée innovante pour pouvoir se déplacer facilement et profiter des évènements culturels du festival sans se soucier de la distance à parcourir.

Conclusion

Comment faciliter l’accès d’un monument éloigné ? Les méthodes sont simples et la clé est de vous mettre à la place du potentiel visiteur. Améliorer l’accès à votre monument est, en effet, fondamentale pour le faire vivre. C’est d’ailleurs la première approche du public, le premier regard.

Pensez donc à vous appuyer sur les moyens de communications récents et , d’ailleurs, n’oubliez pas que des partenariats sont possibles avec les administrations locales environnantes pour un impact plus large.

Pour aller plus loin

Comment améliorer la visibilité d’un monument ?

Signalétique et orientation du public dans un monument

Comment attirer un public de niche ?

Comment recevoir du public dans les jardins, qu’ils soient classés ou non ? Hephata a interrogé Marie-Françoise Mathiot-Mathon, propriétaire du Château et des jardins de La Ballue.

L’important à retenir dans cet article :

Marie-Françoise Mathiot-Mathon est une passionnée de l’art des jardins, qu’elle considère comme un véritable partage culturel. En effet, ces jardins sont lieu de rencontres : public, photographes, réalisateurs… Le spectacle est toujours renouvelé au fil du temps, des saisons, et des contacts. Elle aime communiquer sur ce lieu unique et aux univers différents, d’Alice aux Pays des Merveilles au jardin « zen japonais », en passant par la mise en scène du paysage à travers la vague d’ifs. Au vu de son site internet clair et épuré et du succès de ses jardins, nous avons interviewé Marie-Françoise qui se charge elle-même de la communication autour de son site.

Votre public

Quel type de public accueillez vous ? Comment fait-on venir des jeunes à visiter à jardin, de quoi faut-il parler ?

Pour apprécier les jardins, nul besoin d’être un érudit, une sensibilité prononcée pour l’esthétique et la poésie sont seuls nécessaires ! Nous accueillons un public varié, bien que davantage à partir de 40 ans, et nous avons une politique incitative pour les enfants grâce à la gratuité jusqu’à 10 ans. Quelques groupes de personnes handicapées viennent nous visiter, et nous sommes heureux de leurs apprendre des éléments pratiques. Mais, nous regrettons de ne pas pouvoir accueillir plus de jeunes publics parce qu’ils seraient très certainement sensibles à cet art si particulier du jardin…. 

Nous ne recevons pas beaucoup de jeunes, il s’agit alors d’étudiants en art, jardins, paysages, ou architecture. Il s’agit plutôt d’un public à partir de 35-40 ans, assez cultivés.
Nous sommes ouverts à l’international, avec plus de 50% d’étrangers qui louent des chambres et un tiers qui visitent les jardins.

Nous avons une problématique double : deux sites et deux activités différentes, celle de l’accueil des jardins et celle de l’hébergement. Il faut donc toujours être à la pointe. 

Pensez-vous qu’il s’agisse de l’art topiaire en particulier qui fascine les visiteurs ou bien l’ambiance générale du jardin ?

Les personnes ne connaissent pas forcément l’art topiaire, qui consiste en la taille des végétaux. Je pense donc que c’est plutôt l’ambiance du jardin qui est propice à la réflexion et à la quiétude, et qui attire les visiteurs. 

L’excès de fréquentation fait perdre de la sérénité au lieu. C’est pourquoi, je fais tout pour que les gens s’y sentent bien et comme chez eux. C’est, pour ainsi dire, un jardin de la liberté.

Votre communication

Comment communiquez-vous sur vos jardins ? Plutôt en face à face ou digital ? Comment fait-on connaître un jardin ?

En ce qui concerne le face à face, l’accueil est personnalisé : nous prenons le temps pour leur parler du domaine, leur présenter le jardin, leur remettre le document de visite… Nous sommes présents pour nos visiteurs.

Je suis très active en communication, ayant reçu une formation webmarketing. Mais je me fais quand même aider par une attachée de presse. J’entretiens des relations privilégiées avec la presse (journal Architectural Digest par exemple), la télévision (pour des reportages institutionnels…).

Je suis également en contact avec de nombreux photographes, tels que Yann Monel qui est le photographe du jardin et avec qui un livre a été réalisé Les Jardins de La Ballue.

La communication passe par plusieurs canaux :
– le papier (les dépliants touristiques par exemple) ;
– les réseaux sociaux. Je suis très présente sur les réseaux sociaux, comme Instagram(800 followers), Twitter, et Facebook (1500 likes qui ont fait monter les statistiques). On y poste les aventures du quotidien (tissus muraux, restauration des toitures…) mais aussi des articles, comme par exemple celui sur le tournage du film d’Anthonin Peretjatko ;
– les sites web. J’ai deux sites, un pour le château (Château de La Ballue) et un pour les jardins (avec word press, Jardins de La Ballue), qui sont en permanence actualisés et complétés.

Il faut toujours être présent un maximum sur la toile et également faire attention aux sites d’avis. Dans la communication digitale, il est aussi important de constituer :
– des mailings
– des fichiers (clients, partenaires et médias).

Pour que les gens aient envie de revenir, la base est de réussir à joindre tous ces éléments !

En plus de la communication à proprement parler, avez-vous d’autres moyens pour atteindre vos visiteurs potentiels ?

Il faut aussi du contact physique : une boutique, un salon de thé… Nous proposons aux visiteurs de laisser leurs coordonnées email pour être tenus au courant des évènements que nous organisons.

Il est important de nous adapter à notre public : aujourd’hui la communication est forcément bilingue, au moins en anglais.

Au début, ce qui a été important c’était de définir la marque et ainsi de relancer la communication. Nous avons créé une véritable identité La Ballue, avec une ligne graphique identique depuis le début, un logo…

L’animation de vos jardins fait-elle partie de votre communication ? Comment s’organise-t-elle ?

Nous faisons de nombreuses animations dans divers domaines : la musique (3-4 concerts par an), l’opéra, le théâtre, la danse…Par exemple, nous avions réalisé une animation « Pâques au pays des merveilles ». Il y avait un côté « fait maison » et un univers ludique (qui est évidemment un des rôles importants du jardin).

Le lieu a permis des rencontres extraordinaires dans beaucoup de domaines (cinéma, musique, danse…). Il est très ouvert à l’Art Contemporain et rend possible la découverte de choses inimaginables.

Un autre exemple : le festival de danse contemporaine Extension Sauvage, avec Lattifa Laabissi. Dans ce cas, le jardin devient une proposition scénographique pour les danseurs, et le lieu permet de dépasser ses propres limites. Le festival est important pour s’inscrire dans le territoire.

Les animations demandent beaucoup d’énergie mais tous ceux qui travaillent ici s’impliquent beaucoup. Nous nous établissons comme la vitrine d’un savoir-faire artisanal français : il est impératif d’éviter toute faute de goût ! 

Je suis très sollicitée car les évènements jardins sont importants et diversifiés. La clé est une bonne signalétique et surtout un travail de communication. Il faut être très réactif, et ne rater aucun article de presse.

Cherchez-vous à avoir des retours de vos visiteurs ? Si oui par quels moyens (sondages, commentaires…) ?

Le public est souvent heureux d’avoir pu visiter nos jardins, qui sont un lieu d’échange social. Nous bénéficions de nombreux retours car nous sommes très à l’écoute, d’abord en direct mais aussi à travers de multiples outils de suivi : que ce soit par mail, ou dans les commentaires de sites touristiques tels que TripAdvisor, Booking… Nous effectuons une vérification presque quotidienne de ces messages, cela nous permet de prendre en compte les avis des visiteurs et ainsi de toujours nous améliorer.

Avez-vous des labels, des partenariats ?

Il est très important de travailler sur les labels : par exemple, celui de Jardin Remarquableest renouvelé tous les cinq ans, il faut donc toujours rester au top !
C’est notre troisième renouvellement de ce label : nous en avons eu un en 2005, 2011-2012, et 2016.

Mais ce n’est pas tout : il faut rechercher d’autres labels. Par exemple, effectuer une démarche de labellisation Qualité Tourisme, accomplie avec les chambres de commerce. Ils sont très exigeants et pourtant il s’agit déjà de notre troisième ou quatrième renouvellement.

Outre les labels, les partenaires sont évidemment primordiaux, que ce soit en guides papiers (Le Routard, Le Petit Futé…) et les sites spécialisés.

De même, je suis entrée cette année dans l’association des Plus Beaux Jardins de France(avec Bruno Monnier à la direction).
Cette démarche de labelisation est lente, progressive car elle se pense en fonction de nos développements tout autant que de nos découvertes des nouveaux labels. Nous restons donc bien attentifs à « ce qui se fait ». 

Quels sont vos résultats ?

Nous avons environ 6500 à 7000 visiteurs par an. La communication autour des jardins est un travail indirect de communication qui sert à la notoriété de notre activité d’hébergement.

Nous avons aussi reçu le prix du tourisme numérique il y a 3 ans, un trophée du tourisme, le Prix Européen des Jardins… Ce dernier a permis des retombées presses incroyables ! Cela démontre au public que nous avons réussi à professionnaliser un lieu chaleureux, tout en restant unique et haut de gamme.

Quels conseils donneriez-vous à des propriétaires qui essaient de suivre la même voie que vous ? Comment recevoir du public dans les jardins classés ?

Il faut être très patient car les répercussions sont lentes sur le nombre d’entrées.
Le bouche à oreille est très important, et cela fonctionne très bien notamment grâce à la qualité.

Le nombre d’entreprises touristiques en Bretagne étant important, nous avons une disproportion entre le nombre de visiteurs et la reconnaissance médiatique : beaucoup de presse mais pas assez de public. Nous réfléchissons donc à d’autres axes de développement, comme par exemple ouvrir un restaurant. Cela reste compliqué car il est difficile de trouver du personnel dans la même dynamique…

Pour aller plus loin

Valoriser des espaces paysagers d’exception

Astuces pour l’entretien d’un jardin remarquable

Développer la médiation culturelle pour les jardins

Choisir les essences d’arbre de son parc

Transformer un parc en jardin remarquable. Hephata est allé à la rencontrer des propriétaires du château de la Ballue pour en savoir plus sur la valorisation des jardins.

L’important à retenir dans cet article :

Marie-Françoise Mathiot-Mathon est propriétaire du domaine de La Ballue depuis 2005. Ce lieu a notamment été choisi pour ses jardins : créés au 17e siècle d’une base classique, ils sont refaits en 1973 par la précédente propriétaire Claude Artaud et deux architectes, François Hébert Stevens (neveu de l’architecte Robert Mallet-Stevens ; passionné du nombre d’or et ayant reçu un prix de littérature pour son ouvrage « L’art ancien de l’Amérique du sud ») et Paul Maymont (architecte utopique futuriste). 
Le jardin s’appuie sur des règles de l’architecture classique tout en s’approchant d’un mouvement avant gardiste. 

Classés monument historique en 1998, les jardins ont évolué au fil du temps et ont fait l’objet de restaurations successives. Mme Mathiot-Mathon et son mari, passionnés de jardins et de patrimoine, ont acquis La Ballue et ont poursuivi cette démarche de restauration et d’entretien. Elle a eu en particulier une démarche de gestion de la lumière et du volume de l’espace arboré et a travaillé en collaboration avec des arboristes : « travailler au jardin est essentiel à l’équilibre d’être humain, la qualité de vie est très améliorée ».

 LA RESTAURATION

Qu’est ce qui vous a donné cette envie de restaurer et de conserver ces jardins ?

Je souhaitais avant tout « emmener La Ballue vers demain ». En effet, dans les jardins, il y a un caractère évolutif, la fois vivant et fragile. Il faut garder à l’esprit qu’il n’y a jamais rien d’acquis dans un jardin.

Cela a été un vrai choix : nous arrivions d’un autre château, avec des connaissances préalables, et nous devions nous installer en Bretagne. 

Mon mari et moi même faisions un nouveau métier, des chambres d’hôtes, et nous avions donc des exigences sur la demeure et son environnement. Bien sûr, les jardins étaient un complément indispensable de la maison. Nous souhaitions une demeure historique, et la très belle harmonie entre l’architecture du château et le jardin a provoqué un véritable choc lorsque nous avons visité La Ballue.

Le Château sépare deux univers entre la cour vers le monde extérieur, et le jardin vers un monde intérieur et chaleureux. Nous voulions redonner vie à cet endroit, et ma famille m’a aidé à insuffler ce nouveau souffle.

Avez vous retrouvé des archives et des documents pour ainsi reproduire la disposition et les formes du jardin ?

Nous n’avons pas retrouvé de réelles archives sur les jardins du 17e siècle, mais nous avions le plan du nouveau jardin réalisé en 1973 par Claude Arthaud.

Comment s’est passée la restauration ? Quelles furent les premières étapes ? Combien de temps cela a t’il pris ?

J’ai effectué une analyse du jardin avec des spécialistes architectes à la DRAC et des arboristes. Il s’agissait de respecter l’oeuvre, tout en y prêtant des désordres et des anomalies afin de le renouveler dans le même temps. J’ai aussi créé le jardin des douves.

Le jardin a été refait par Claude Arthaud et j’y ai rajouté quelques éléments. Il est, en soi, en restauration permanente puisqu’il faut l’entretenir quotidiennement.

Nous avons donc réussi à améliorer la qualité de présentation, l’entretien du jardin…

Ce n’était pas toujours simple puisque le remplacement des végétaux vieillissants ou malades nécessitait de prendre déjà des végétaux très présents, de grandes tailles pour les remplacer, le jardin étant déjà mature. Par exemple, nous avons effectué la replantation de certaines chambres de verdure tel que le bosquet à attrape.

Un autre exemple de restauration est celle de la marquise de l’allée des tilleuls : tous les ans, la taille doit être entretenue. Il faut donc savoir « conduire », c’est à dire plier ou couper la bonne branche afin d’avoir la forme voulue. Cette technique d’arboristes est assez expérimentale et risquée à la fois. Mais le jeu en a valu la chandelle !

En quoi est-ce que la restauration des jardins allait de pair avec celle du château (axes définis…) ?

Le jardin est complètement lié au château. Dès 1615, le château est pensé avec des terrasses comprenant des jardins à la française, un verger et un potager. La disposition du jardin baroque italien s’inscrit dans le paysage en continuité de la maison. On peut d’ailleurs voir cette liaison dans la salle à manger : le plafond à caisson représente comme un plan des jardins qui y font face.

Qu’est-ce exactement que l’art topiaire ?

Il s’agit de tailler les végétaux pour leur donner des formes très variées. Ici, ce sont des topiaires à l’italienne, fantaisistes, extravagantes.

Avez-vous un ou des jardiniers en particulier ? Est-ce difficile d’en trouver pour conserver l’art topiaire ? Combien de fois par semaine, par mois ou par an faut-il les entretenir ?

Nous avons trois à cinq jardiniers tous les jours et un spécialiste en art topiaire. Il vient nous aider en supplément au moment de la taille, qui se réalise de juin à octobre tous les ans. En outre, les interventions sur les arbres sont réalisées par des arboristes grimpeurs, à chaque hiver.

Trouver des professionnels est devenu une problématique récurrente, car le métier de jardinier semble être dévalorisé. Nous n’avons pas les mêmes jardiniers chaque année, c’est pourquoi c’est compliqué et nous essayons de nombreuses choses.

Le problème pour trouver ces compétences c’est que souvent, soit les jardiniers sont très performants mais ne veulent pas vivre en milieu rural, soit ce sont des personnes locales moins qualifiées qu’il faudra former.

Organisez-vous des évènements dans vos jardins ?

Tout à fait, nous avons deux sortes d’évènements :
– le jardin pur, le végétal avec des week-ends de démonstration de l’art de la taille (art topiaire), et la taille des rosiers (depuis 2 ans).
– le culturel avec la danse, la musique…

Je suis souvent partagée entre l’intérêt d’animer le jardin mais aussi de le faire vivre autrement. C’est un lieu serein pour la visite et ces évènements doivent rester de simples moments précieux dans l’année.

Quelles sont les difficultés de la restauration d’un jardin remarquable ?

Dans la restauration, les difficultés habituelles sont surtout : 
– la fragilité du lieu, 
– le coût, 
– les collaborateurs.

Ce qui est le plus ardu, ce sont évidemment les coûts. Ils incorporent la masse salariale (les jardiniers, grimpeurs…), les équipements (quand je suis arrivée il n’y avait rien), les végétaux… Le financement privé est assez conséquent ! 

Avez-vous des conseils à donner à des propriétaires concernant la restauration de jardins ?

Un conseil en restauration : il faut savoir s’entourer des bonnes personnes. Il est bon aussi d’avoir des objectifs de long terme. Etre passionné, déterminé, courageux et entier pour y arriver !

Pour aller plus loin :

Interdiction du glyphosate pour les jardins historiques

Gérer et optimiser son domaine forestier

Prix et financements du patrimoine jardinier et paysager

Jardins d’Histoire, restauration et réhabilitation de Parcs et Jardins historiques

Jardin Patrimoine, restauration et création de parcs et jardins

Comment améliorer la visibilité d’un monument ? Hephata se penche sur la question de la signalétique extérieure.

L’important à retenir dans cet article :

 – La définition de la signalétique
– Une bonne signalétique doit être simple et efficace
– La marche à suivre pour la réaliser

 « A bien interpréter des signaux certains gagnent leur vie. A mal interpréter des signaux la plupart la perdent » – Daniel Desbiens.


De nombreux lieux culturels et historiques n’ont pas assez d’indications et de directions claires pour que le public vienne facilement. Les personnes peuvent donc se tromper de route ou ne pas la comprendre, et perdre du temps voire renoncer à venir.

Pour éviter cela, il est alors judicieux de penser en termes de signalétique : cela regroupe l’ensemble des signaux destinés à informer, diriger ou avertir dans les bâtiments, sur les routes, les chemins de fer, en mer… 

En effet, une meilleure signalisation de l’endroit, que ce soit en voiture ou en vélo par exemple, permet au public d’arriver facilement à destination, et de garder ainsi une première image positive du lieu. Il est possible de réfléchir à des solutions stratégiques afin que le trajet soit clair et le plus simple possible pour le public.

1. La réalisation d’une signalétique efficace et simple

Après avoir précédemment défini ce qu’était qu’une signalétique, nous vous présentons une méthode pour réaliser une signalisation efficiente, selon L’Instruction Interministérielle sur la signalisation routière et HandiNorme. Cette méthode est constituée en 3 étapes.

Les supports

Tout d’abord, il faut penser au type de panneau dont vous allez avoir besoin. Celui ci se décline sur plusieurs critères :
– La forme : flèche, rectangle, carré…
– La couleur : marron, vert, noir…
– Les dimensions : petit, moyen, grand…
– La matière : carton, métal, bois…
Par exemple : Un panneau rectangulaire en bois peint en rouge, un panneau d’autoroute simple avec le nom du lieu, une affiche proche du lieu indiquant le temps « à 5 min du magasin X à gauche »…
Attention : les formes et les couleurs des panneaux peuvent avoir des significations selon les codes auxquels vous êtes soumis. Pour cela, se référer au site : Catalogue des signaux routiers.

Les emplacements

Ensuite, il faut réfléchir au lieu :
– Le type de route où est implanté le panneau : route nationale / départementale, autoroute, chemins de terre / piétonnier, cycliste…
– L’endroit : Devant le domaine, en centre ville, en face du métro, à 1h30… Il faut que ce soit des emplacements stratégiques, que ce soit par rapport aux transports (gare, métro), qu’aux routes (croisements, directions…).
Par exemple : Panneau placé au croisement entre deux villes, et non au milieu d’une route droite sans possibilité de déplacements autres…
Attention : on ne peut pas faire n’importe quoi ! Il faut respecter les règles de l’art.

Travailler la visibilité

Enfin, il faut une bonne lisibilité pour attirer l’oeil du potentiel public. Cette lisibilité dépend de plusieurs critères :
– La visibilité : la hauteur du panneau, le lieu de placement (forêt, ville…)…
A éviter : panneau caché par des branches/feuilles, par des passants en zone piétonne, panneau trop bas pour que l’on puisse le voir de loin…
– La compréhension : utilisation d’un pictogramme normalisé (que tout le monde connait) si besoin, code couleur homogène sur tous les panneaux…
Exemple : emblème Monument Historique, symbole handicapé, restauration…
– La luminosité : panneau qui doit se voir aussi bien le jour que la nuit, pendant des intempéries (pluie, neige…)… Il faut alors utiliser des panneaux rétro-réfléchissants.
– La typographie : la disposition des caractères, les dimensions, le type de caractères (l’utilisation d’une police standard est préconisée), leur lisibilité (contraste entre les couleurs)…
Contre-exemple : écriture illisible.

Exemple en images :

EXEMPLE À NE PAS SUIVRE (Source : Journal 20 Minutes) : 

Le plus important à retenir dans ce point est donc qu’il est nécessaire d’installer des panneaux à des endroits stratégiques, cohérents et qu’ils soient bien lisibles et clairs.

Il est nécessaire également que vos indications soient homogènes (mêmes couleurs, tailles, contenus…) afin de ne pas perdre le public.

2. La marche à suivre pour installer une bonne signalétique

Une fois que vous avez réfléchi à la meilleure manière d’avoir une signalisation efficace et lisible, il faut donc tenir compte des aspects extérieurs qui entrent en jeu. En effet, de nombreuses conditions sont à respecter pour installer sa propre signalétique.

La cohérence du fléchage

En premier lieu, installer sa signalétique signifie la bonne implantation de vos panneaux à l’extérieur. Pour cela, il faut veiller au suivi du fléchage mais aussi de vos panneaux :
– Le positionnement : ne pas trop espacer les panneaux, optimiser le parcours (qu’il soit le plus simple possible)…
– L’orientation : indiquer correctement la direction. Il convient alors d’éviter les flèches qui indiquent des directions opposées.
– Le placement : endroits stratégiques et points de décisions (croisements…), de manière logique…

La réglementation

Ensuite il faut faire très attention à la réglementation ! En effet, pour les panneaux dits officiels, tels que les panneaux de routes par exemple, il y a des conditions précises à respecter :
– La densité : lourd, léger, quel type de matériau…
– Les dimensions du panneau
– Les supports des signaux : murs, mât, potence…
– La hauteur du panneau au niveau du sol : diffère selon une implantation en ville, en campagne…
– L’environnement : sur une route, près d’un lieu protégé, en centre-ville…

Cela nécessite par conséquent une autorisation de la Mairie de la commune, et vous devez faire une demande écrite au préalable. S’il accepte, il vous indiquera le nombre délimité de panneaux que vous pourrez installer, ainsi que les emplacements possibles selon vos requêtes. Vous pouvez trouver davantage d’indications ainsi que le formulaire dans le lien suivant : Service public pour les droits des panneaux.

Le prix

Prenez aussi en compte le prix : cela peut coûter plus ou moins cher (suivant toujours les mêmes caractéristiques, le type de panneaux, le nombre, le lieu…), mais c’est un investissement qui vaut souvent la peine puisqu’il participe à la communication touristique de votre monument. 

Les partenariats

Il est aussi possible de créer des partenariats avec différentes institutions comme la Mairie de votre ville / commune, la DRAC de votre région, les offices de tourisme les plus proches (ville, département, région)… Ainsi, les autorisations seront plus simples à obtenir, et vous pourrez avoir peut être une aide financière pour l’installation des panneaux.

Les alternatives ou les compléments

Si vous n’avez pas obtenu les autorisations nécessaires ou que vous n’avez pas les moyens financiers ou techniques d’implanter une signalétique en « dur », nous vous invitons à opter pour d’autres formes de communications ( flyers, affiches, plaquettes…). Pour en savoir plus nous vous invitons aussi à lire notre article sur le sujet.

3. Conclusion

Il n’est pas si compliqué de réaliser une signalétique efficace. En effet, il suffit de faire preuve de logique (suivi du fléchage, choix stratégiques des placements de panneaux..) et de simplicité (lisibilité, homogénéité..) tout en respectant scrupuleusement les règlementations en vigueur. Dans tous les cas, et pour être surs de vous, vous avez toujours la possibilité de créer des partenariats avec les établissements touristiques et les collectivités territoriales à proximité.

Pour aller plus loin :

Acheter de la signalisation

Comment améliorer la visibilité d’un monument ?

Signalétique et orientation du public dans un monument

Quelles associations autour des monuments historiques ? Hephata partage son interview de la Fondation du Patrimoine pour répondre à cette question.

L’important à retenir dans cet article :

La création d’une association loi 1901 est très répandue dans le secteur du patrimoine culturel, et notamment dans le cadre de la gestion de monuments historiques. Sa mise en place n’est pas très contraignante. Elle peut être utile pour gérer des activités ou organiser des chantiers. En outre, elle peut servir à accueillir des visites, simplement s’entourer ou encore financer ses projets de restauration.

La création d’une association est aussi une occasion de partager une passion commune avec d’autres personnes autour d’un même projet. 

Quelles associations autour des monuments historiques ? Julien Guinhut, Directeur de la Communication de la Fondation du Patrimoine, nous permet de bien comprendre les différents modèles d’associations existants et leurs rôles spécifiques. Hephata précise les points d’attention, notamment concernant le développement d’activités commerciales.

La mission de la Fondation du Patrimoine 

La Fondation du Patrimoine  mène différentes actions autour du patrimoine historique. Son objectif est de restaurer et de valoriser, notamment en accompagnant les propriétaires publics ou privés, dont font partie bon nombre d’associations, dans leurs projets de financement.  

La finalité de la Fondation du Patrimoine est la valorisation du patrimoine souligne Julien Guinhut, sous des formes différentes. En tant qu’expert dans le domaine associatif, le Directeur de la Communication offre des pistes pour ceux qui souhaiteraient s’y aventurer.

Qu’est-ce qu’une association ? 

Les associations sont régies et définies par la loi du 1er juillet 1901 : 
 « L’association est la convention par laquelle deux ou plusieurs personnes mettent en commun d’une façon permanente, leurs connaissances ou leur activité dans un but autre que de partager des bénéfices. » 

Attention : Une association est nécessairement à but non lucratif. Autrement dit, si vous souhaitez créer une structure dans le but d’en tirer des bénéfices, il s’agira de s’orienter plutôt vers un statut d’entreprise.

Quels sont les différents modèles d’associations ?

Il existe les associations non déclarées et les associations déclarées. 

1. L’association non déclarée

Julien Guinhut constate que de nombreuses associations du patrimoine ne sont pas déclarées. Il prévient que l’absence de déclaration revient à n’avoir aucun droit. Autrement dit, « si l’association non déclarée « existe » c’est parce qu’elle répond à la définition d’une association. Juridiquement elle est pourtant nulle ».

L’association non déclarée, ou de fait, aussi appelée « collectif », est un groupe qui n’a pas procédé aux formalités de déclaration. Pour autant, elle reste parfaitement légale. En revanche, elle n’est titulaire d’aucun droit car elle ne dispose pas de personne morale. Une association non déclarée peut suffire si l’objet ou le projet ne requiert pas de relations avec des personnes tierces. 

2. L’association déclarée

Déclarer son association lui confère un statut juridique. Cela permet d’avoir accès à de multiples droits, mais aussi, à des obligations. 

Les associations déclarées se distinguent en 3 catégories.

Les associations loi 1901 « classiques »

Une association est « classique » si elle concerne un cercle restreint de personnes. Autrement dit, si son objet ou son accès est « fermé » et qu’il ne sert que les intérêts personnels de ses membres. 
 Par exemple : l’association des anciens propriétaires du château de Tartuffle. Son objet est de réunir mensuellement des personnes qui ont réalisé des actions autour du château pour partager et s’informer de nouvelles actualités

Par ailleurs, une association sera également caractérisée de « classique » si elle pratique des activités commerciales qui lui permettent de dégager plus de 61 145€ de recette par an. Pour en savoir plus

L’association d’intérêt général

Une association est considérée d’intérêt général si elle a un caractère philanthropique, éducatif, scientifique, social, humanitaire, sportif, familial ou culturel. 

Si elle concourra à la mise en valeur du patrimoine artistique, à la défense de l’environnement naturel ou à la diffusion de la culture, de la langue et des connaissances scientifiques françaises, il s’agit également d’une association d’intérêt général.

En outre, rentre aussi dans cette catégorie, l’association qui répond à trois critères précis :  
1) L’association n’agit pas au profit d’un cercle restreint de personnes. L’action de l’organisme doit pouvoir bénéficier à toute personne désirant y adhérer.
2) Elle a une gestion désintéressée
3) Elle pratique une activité non-lucrative

 Par exemple : L’association pour la Renaissance du Château de Portes (RCP). « Cette association a pour but de mettre en œuvre, soit directement soit indirectement, tout moyen juridique, technique ou intellectuel pour l’organisation de chantiers ayant pour objet la sauvegarde, la réhabilitation et l’entretien du château de Portes ainsi que d’assurer son utilisation dans un but culturel et d’intérêt général. L’association peut aussi exercer ce but sur d’autres monuments et autres lieux que le château selon la demande qui lui est faite. » 

Julien Guinhut précise qu’en cas de moindre doute sur la bonne attribution du caractère « intérêt général », depuis la loi du 1er août 2003 il existe une procédure dite « du rescrit » qui permet d’interroger l’administration fiscale à propos de la situation particulière de l’association :

« Un organisme d’intérêt général peut donc s’assurer auprès de l’administration fiscale qu’il a bien cette qualité par la procédure du rescrit fiscal.
Pour cela, ils doivent faire la demande selon un modèle de lettre définie réglementairement, en courrier recommandé avec accusé de réception, à la direction départementale des finances publiques de leur siège »
.

L’association reconnue d’utilité publique

Le monde associatif perçoit cette reconnaissance d’utilité publique comme un label conférant à l’association une légitimité particulière dans son domaine d’action. 

Pour Julien Guinhut : « la reconnaissance d’utilité publique est décrétée, absolue, et juridique. C’est une image qui est claire pour les gens et qui rassurent donc les propriétaires et les mécènes ». 
La reconnaissance d’utilité publique n’est pas automatique. C’est le Conseil d’État qui décide par décret. En outre, la demande se fait à partir d’un dossier adressé par courrier au ministère de l’intérieur (Bureau des associations et des fondations – Ministère en charge de l’intérieur). 

Attention : l’association s’engage, en contrepartie, à accepter toutes les contraintes et tous les contrôles imposés par l’administration. Mais, il y a certains avantages… En effet, par exemple, concernant les subventions publiques, le statut de l’association peut avoir un impact. 

Pour Julien Guinhut, « plus le statut de l’association est difficile à obtenir, plus en réalité, l’association semble mériter des subventions ».

Mais, dans la pratique, le dispositif ne concerne que les organisations à vocation nationale. 

Quelle gestion pour les associations ayant des activités commerciales ? 

Une association peut pratiquer des activités commerciales générant des revenus tant qu’elles servent l’objet non lucratif de l’association. Au contraire, il peut être intéressant pour cette dernière de développer une activité lucrative. 

En réalité, pour Julien Guinhut, tout dépend de l’objet de l’association et du choix de stratégie que l’association adopte :
« Pour les petites associations, il vaut mieux ne pas avoir d’activités lucratives pour ne pas être imposé mais pour d’autres, il peut être intéressant de faire des calculs… Il est parfois plus intéressant de développer une activité commerciale et de payer des taxes, plutôt que de ne rien faire du tout !

Il faut aussi tenir compte de la différence entre les bénéfices commerciaux et ceux considérés comme non commerciaux. Les recettes qui ne sont pas
commerciales (billets de visites, etc.) ne sont donc pas soumises aux impôts, contrairement aux recettes commerciales (produits dérivés, etc.). »

Comment distinguer les activités qui sont « lucratives » de celles qui ne le sont pas ?

Une activité sera considérée comme lucrative si elle a un caractère « intéressé », et notamment si elle concurrence des entreprises commerciales. Au contraire, les spectacles, produits dérivés sont des revenus qui servent l’objet non lucratif. 

Un moyen de savoir si l’on exerce une activité lucrative ou non est d’appliquer la règle des 4P. Tout d’abord, le produit ne doit pas rentrer dans le marché concurrentiel, ou peu. Puis, le public ne doit pas être trop large. Ensuite, il faut que le prix soit raisonnable. Enfin la publicité, doit être inexistante (sauf campagne d’appel aux dons).

Qu’en est-il des activités lucratives telles que les chambres d’hôtes, l’organisation de réceptions, l’exposition de galeries… ? 
Julien Guinhut affirme qu’une telle activité lucrative peut effectivement « poser problème quant à la reconnaissance du caractère d’utilité publique ou d’intérêt général », en particulier si on ne respecte pas les critères précédents.  

Point sur les impôts et la TVA


Les associations bénéficient d’une franchise d’impôts et de TVA sous trois conditions cumulatives. L’association doit avoir une gestion désintéressée. Ensuite, les activités non lucratives doivent être largement dominantes. Enfin, le montant des recettes provenant des activités lucratives ne doit pas excéder 61 145 € *(par organisme et par année civile).

*Attention le seuil de 61 145 € pour bénéficier d’une franchise d’impôts et de TVA concerne l’année 2016. Le seuil peut évoluer chaque année. Celui de 2020 est de 72 000 €.

Six fois par an maximum, toute association a d’ailleurs le droit de percevoir des recettes commerciales sur des activités de bienfaisance. Ces recettes ne sont pas prises en compte dans le calcul des 61 145€.

Il existe des exceptions fiscales pour certaines associations : les associations qui aident les personnes défavorisées, les associations dont la mission principale est la représentation de spectacle, et les associations autour d’une galerie d’art contemporain, ne se voient pas imposer la TVA. 

L’article « Quelles associations autour des monuments historiques ? » Les associations des monuments : interview de la Fondation du Patrimoine » permet de mieux comprendre les différents types d’associations qui existent autour des monuments historiques.

Pour aller plus loin

Association pour la sauvegarde d’un château

Créer une association pour son château

Les acteurs du patrimoine : conseil, sensibilisation et lobbying

Signalétique et orientation du public dans un monument – quelles actions mener ?

L’important à retenir dans cet article :

Accueillir du public dans un monument historique ou dans des jardins n’est pas une simple affaire. Eviter les dérapages, les entrées dans les espaces dangereux ou privés, guider vers les points de vue qui ont de l’intérêt, mener une visite… ces éléments se préparent avec soin, et l’efficacité de l’accueil repose en partie sur la signalétique. 

En tant que designer diplômé en Art Graphique et option signalétique en dernière année, Antoine de Saboulin – freelance depuis 5 ans et directeur artistique de start-up à ses heures – accompagne les établissements dans la réalisation d’identités visuelles, de logos… et de leur signalétique.

Il nous donne quelques clés d’expert pour bien orienter son public.

Qu’est-ce qu’une « bonne signalétique » ? 

Une bonne signalétique doit répondre à 2 critères principaux : 
– être visible
– être adaptée au lieu et à l’environnement

Pour cela, les codes visuels du lieu sont importants. Par exemple, si la signalétique du métro est vive et colorée pour attirer l’attention, celle du Château de Chambord doit épouser les mêmes styles architecturaux que le domaine, aussi bien que des critères visuels qui évoquent la culture.

Quel type de signalétique installer ? (Fléchage, panneaux de couleurs, typographie…) 

La signalétique est sélectionnée suivant le lieu et le message à véhiculer. 

Par exemple, celle d’une exposition ne sera pas la même que pour orienter son chemin dans le métro, où les couleurs nous indiquent quelles lignes suivre pour se diriger vers la destination souhaitée.

Pour l’exposition, le cheminement sera davantage « littéraire », avec quelques textes, plus lisibles sur un mur uni. Des panneaux doivent pouvoir être installés pour attirer l’œil et être mobiles, pour se fixer n’importe où, là où les besoins de la visite l’imposent.

Avant de commencer à développer la créativité, le designer cherchera à s’imprégner du lieu et vérifier les conditions extérieures… Par exemple, en plein air, la signalétique doit résister au temps et à l’eau. Alors qu’en intérieur elle répondra à d’autres critères, tels que la hauteur du plafond, les couleurs des murs…

Quelles sont les démarches pour bien installer ses indications ?

Il y a plusieurs étapes pour cette démarche.

La phase de compréhension

Les clients qui commandent une signalétique posent dès le début un cahier des charges avec leurs souhaits.

Le designer échange avec le demandeur, qui nous fait part du projet. Si le propriétaire / gestionnaire décide de le faire lui-même, cette étape consistera en la clarification de ses propres besoins, de l’image qu’il veut renvoyer selon la thématique de la visite ou des lieux. Les formaliser sur un papier se révèle souvent indispensable pour éviter toute imprécision…

La phase d’immersion créative

Le designer se rend sur place et s’imprègne de l’identité visuelle du lieu. Accompagné de la personne en charge du projet, il comprend en détail ce qui est attendu, comment est élaboré le cheminement de la signalétique lors du parcours de la visite. 

Il commence alors à hiérarchiser les niveaux d’information : ce qui relève de la visite, ce qui relève du lieu, ce qui relève éventuellement d’autres choses (toilette, buvette, indications liées aux normes ERP…).

Si le propriétaire / décide de le faire lui-même, il doit « jouer le jeu » du parcours. S’il s’agit d’une visite guidée ou orientée, il s’agira pour lui de réaliser le parcours et de formaliser l’ensemble des choses qu’il imagine. S’il s’agit d’orienter des personnes dans un lieu « libre », il pourra être utile de faire évoluer dans les espaces une tierce personne afin de comprendre le cheminement « naturel » à réorienter… 

C’est à ce moment-là que les questions de type « pourquoi ce lieu n’est pas accessible ? Que se cache-t’il ici ? Je vais où juste après ? » ne doivent pas être contournées. 

La « bonne signalétique » s’accompagne d’une « bonne protection » des espaces privés. 

La phase de réalisation simplificatrice


Après la construction des supports, un travail d’épuration est effectué, de traitements des couleurs, de typographie… Le designer choisit parfois des objets pour mettre en mouvement l’espace et la dynamique.

Personnellement, la plupart du temps, j’ai eu la chance de pouvoir exprimer une liberté de créativité totale, mais cela peut dépendre de certains projets. Par exemple, si l’identité du lieu est déjà très forte, comme au château de Versailles, la signalétique possèdera les mêmes codes visuels pour que cela soit cohérent, et il y aura alors un peu moins de liberté créative.

A contrario, si dans un petit château l’identité graphique n’est pas forcément aboutie, il est possible de créer beaucoup d’éléments et de s’amuser : les couleurs, la typographie, le traitement des images…

La plupart du temps les propriétaires désirent des choses nouvelles et innovantes. Et c’est ce qui marche auprès du public !

Deux exemples :
– Lorsque nous rentrons dans le Centre Georges Pompidou, la signalétique est un peu « dans tous les sens » mais les informations sont inscrites en « énorme ». La signalétique est à l’image du Centre qui brasse de nombreuses œuvres et un public très riche. In fine, le tout est homogène et compréhensible : cohérent. C’est ce qui est attendu de la signalétique ! 
– À Montmartre, a contrario, ce sont de petits panneaux à hauteur des yeux, afin de ne pas envahir et gâcher l’architecture intérieure qui est plus « discrète ». Il faut davantage chercher l’information, mais la signalétique n’a pas besoin d’être trop visible, car le touriste y passe peu de temps. Le touriste cherche à « faire un tour dans le bâtiment ».

Y-a-t’il des « trucs » spécifiques à connaitre? Des codes de signalétique ?

Dans l’édition, il existe une mise en page et une hiérarchisation des titres normée : gros titre, sous titre et le texte.

Pour la signalétique, c’est la même chose : il faut la considérer comme une porte d’entrée visuelle afin de savoir quel cheminement emprunter. 
Cela commence avec un grand panneau à l’entrée, comme les gros titres des magazines. Puis cela diminue jusqu’aux petits cartels ou aux brochures de l’exposition. Comme un entonnoir, petit à petit, les tailles se rétrécissent, du global au singulier.

A quoi faut-il faire particulièrement attention lorsqu’on installe sa signalétique à l’intérieur d’un monument ?

La difficulté principale est le budget : la signalétique est importante mais elle doit être fixée dans un budget.

Le but est qu’elle soit évocatrice, visible, « imprégnante » pour le visiteur et qu’elle dure dans le temps. 

Pour trouver les solutions et les bonnes personnes, il faut l’intégrer dans le budget. Par exemple, si le propriétaire cherche un designer en Bretagne, il faudra penser éventuellement aux coûts de transports, et nous devrons faire des choix pour respecter les coûts limites.

Mis à part le budget, il faut prêter particulièrement attention à respecter l’architecture du lieu : cela peut être compliqué selon les bâtiments. Par exemple, si le plafond est trop haut, au lieu d’y fixer des panneaux nous pouvons installer des bandes de couleurs au sol.

Une « bonne signalétique » coûte combien ? Existe-t-il des « astuces » pour limiter les frais ?

Cela dépend du degré d’exigence du porteur de projet !

S’il désire des néons, des volumes suspendus, cela coûte très cher. Sinon il existe déjà des supports de communication, des cadres A4 par exemple, avec une possibilité de renouvellement qui est moins cher.

Pour les budgets intermédiaires, cela peut être de l’adhésif collé sur des supports plats et des murs, mais cela prend beaucoup plus de temps car cela nécessite un travail manuel dans un atelier.

Où la signalétique doit-elle être positionnée dans le lieu de visite ?

Cela dépend du lieu mais surtout du message : de nombreux critères existent, notamment le respect du lieu et du sujet. 

De même, il faut que la typographie « épouse le lieu ». Par exemple, pour une exposition contemporaine, elle sera plutôt fine et géométrique, tandis que pour Montmartre une typographie littéraire, fine, douce… Pour cet espace, il s’agit de respecter le lieu. La signalétique sera alors peu visible au milieu des photographies des touristes.

Quels conseils donneriez-vous à un propriétaire qui désire installer une signalétique efficace ?

Si le propriétaire désire conserver son lieu et ne pas le dénaturer, cela nécessitera une signalétique discrète.

Cependant, s’il préfère mettre en avant des évènements et des activités touristiques, il y a la possibilité de créer des choses plus imposantes et de s’amuser un peu dans la création.

Pour aller plus loin

La réglementation ERP dans les MH

Comment faciliter l’accès d’un monument éloigné ?

Recevoir du public dans les jardins classés

L’important à retenir dans cet article :

Accueillir des visiteurs en lien avec des activités dans un château ou un monument n’est pas simple. L’enjeu augmente lorsqu’il s’agit de faire croitre le nombre de visiteurs. Plusieurs techniques sont utilisées pour « booster » les visites et rendre ses espaces attractifs, parmi elles : la communication, la signalétique, la facilitation des transports, l’amélioration de la qualité des activités…

Le Château de Fougères en Bretagne a connu une belle croissance du nombre de visiteurs (plus de 106 000 en 2017). Evelyne Gautier Le Bail, Adjointe au Maire de Fougères nous donne quelques clés. A bien y regarder, ce qui compte serait : 
– L’adéquation du lieu aux activités
– L’adéquation des activités au public ciblé

Quelles sont les visites que vous proposez ? 

Le Château de Fougères s’adresse à un public très large autour de différents types de visites : 
– En groupe ou en individuel : 
Des visites libres avec des audio-guides (français, anglais, italien, allemand, espagnol ; ainsi qu’un audio-guide pour enfants).
Des visites guidées avec un guide agréé.
– Des visites classiques : de la forteresse ou dans les tours avec une scénographie sur l’Histoire du Château et son appartenance au royaume de France et de Bretagne (l’histoire des « Marches de Bretagne » entre le royaume et le duché de Bretagne).
– Des visites à thème : un calendrier pendant les vacances scolaires et les week-ends pour proposer des animations proposées par le service patrimoine et pouvant être enrichies en lien avec des associations patrimoniales.
– Des visites guidées en langues étrangères.
– Des livrets en 8 langues : les cinq langues citées précédemment et japonais, russe, néerlandais. 
– Des visites en langue des signes (LSF) à la demande.

Il est également possible de visiter la ville selon des thématiques telles que l’époque médiévale.

A quels publics vous adressez-vous ? Quel type de public aimeriez-vous davantage recevoir ? 

Notre public cible est constitué principalement de familles avec des enfants. C’est un public plutôt « saisonnier ». 

Néanmoins, nous développons un public sur toute l’année, par exemple en nous adressant aux seniors, aux publics affinitaires.
Nous recevons 12 000 scolaires par an et des groupes (environ 7 000 personnes par an). Nous souhaitons développer les packages.

Est-ce principalement de la clientèle Bretonne ou de toute la France ? 

En termes de billetterie, 70% de notre clientèle est française. Elle provient majoritairement de la région Grand-Ouest, soit de Bretagne, des Pays de la Loire, et de la Normandie. Une grande clientèle provient aussi de la Région Parisienne.

Nous souhaitons développer la clientèle du Nord de la France, en lien avec les stratégies marketing de la Région Bretagne.

Nous sommes également intéressés par le public international et nous développons des médiations en langues étrangères pour leur donner envie de visiter. Par exemple, nous recevons beaucoup d’anglais et d’espagnols et nous cherchons à élargir à des groupes internationaux comme les japonais ou les américains. 

Nous profitons de leur visite du Mont-Saint-Michel, géré par le CMN, et nous souhaitons les faire venir jusqu’au Château de Fougères.

Comment expliquez-vous que le nombre de visiteurs ait augmenté ? Que recherche le public ? 

La campagne de communication
Ce phénomène peut être expliqué par notre grande campagne de communication chaque année. Nous en avons lancé une nouvelle l’année dernière. Elle était notamment résumée par une grande affiche, comprenant la photo du château et le slogan « T’as pas vu Fougères, t’as rien vu ».

Par ailleurs, de façon générale, notre politique de communication est « très volontariste ». Elle se présente sous différents canaux :
– Institutionnelle : les affiches, les dépliants touristiques
– Web : les réseaux sociaux et le site internet
– La Presse : des publications dans des revues spécialisées pour les amateurs d’Histoire ou les familles
– Les Labels : Ville d’Art et d’Histoire, Destination Rennes et portes de Bretagne, la marque Bretagne…
– Les Guides : TripAdvisor, Le Petit Futé… (Nous avons de bons retours et de bonnes notes, il est donc important d’avoir de tels relais)
– Les Evènements : La parodie de Harry Potter tournée par le youtubeur Joueur du Grenier, l’émission de Stéphane Bern, le Tour de France qui va venir à Fougères et qui amène du public venant de 360 pays dans le monde… 

Cela nous confère une visibilité importante et amène ainsi davantage de visiteurs. 

Créer une expérience
Le public souhaite ici vivre une expérience, que ce soit en famille, avec des amis… Il faut leur proposer des animations et des évènements qui évoluent sans cesse. Le rôle des nouvelles technologies est important.

S’adresser aux bons publics
Il y a toujours des amateurs d’Histoire qui recherchent simplement la visite du patrimoine du château ! Il ne faut pas les négliger.

L’utilisation des nouvelles technologies est-elle importante pour attirer du public ? 

Cette utilisation est même primordiale ! 

Aujourd’hui nous utilisons la scénographie, soit une médiation visuelle et sonore des scènes historiques, qui est à la fois un média technologique visuel et sonore, mais nous avons de nombreux projets. 

En effet, une étude est menée en ce moment avec d’autres sites afin d’apporter de nouvelles technologies dans le cadre de travaux de recherches européens : 
– Un casque Oculus pour une réalité augmentée
– Une salle immersive 
– Des animations de Réalité Virtuelle grâce à des casques spéciaux
– L’utilisation de tablettes

Cela se met en place progressivement, et sera prêt pour 2019-2020.

L’organisation de l’ensemble de ses activités au sein du château nécessite quelles ressources ? 

Le Château est public et est géré en régie. Le budget de la ville est séparé entre les animations, l’entretien et la conservation du château, le personnel.
Pour donner une fourchette, le budget pour les animations estivales du soir varie entre 40 000 et 50 000€. 

Mais ce qui importe, c’est le chiffre d’affaires dégagé par ces investissements. Celui ci est de 550 000€, et ses recettes sont absolument essentielles pour la ville.

En ce qui concerne les effectifs, nous avons un ensemble de permanents et de saisonniers qui travaillent au château : 
– Une responsable qui s’occupe de l’ensemble,
– un animateur du patrimoine qui gère trois guides permanents, une dizaine de guides-conférenciers agréés vacataires et les saisonniers. Il est obligatoire que nous ayons des guides-conférenciers car nous possédons le label Ville d’Art et d’Histoire depuis 1984.
– Une équipe administrative composée de deux personnes à l’accueil des individuels et la réservation des groupes.
– Un technicien de maintenance pour la scénographie et les spectacles, ainsi que du personnel d’entretien,
– des intermittents du spectacle qui travaillent à l’année sous forme de prestations, mais qui peuvent aussi jouer dans d’autres sites que le nôtre.

Quelles clés donneriez-vous à un propriétaire qui désire augmenter le nombre de visiteurs ? 

Plusieurs conseils pour un propriétaire :
– La qualité d’accueil avant toute chose ! 
– La qualité de la communication est essentielle, notamment sur les réseaux sociaux.
– Etre recensé dans différents types de guides et sur les réseaux (TripAdvisor…), car le public regarde ce qu’ils conseillent.
– Etre associé à un grand événement. Cela permet de renforcer la notoriété et donc l’attractivité, de bénéficier de grandes retombées…
– Développer les animations déjà existantes.

Il est bien d’informer afin que les visiteurs souhaitent venir, revenir, et que le site devienne « incontournable » ! 

Pour aller plus loin :

 Pour en lire davantage : 

– LES CHÂTEAUX-ENTREPRISES – est-ce le modèle économique de demain ? 
– Le château de Fougères devient le deuxième château le plus visité en Bretagne
– Le château de Fougères lance sa mutation numérique

Comment attirer un public de niche ? Le développement d’activités haut-de-gamme permet d’attirer un public de niche : exemple du Château de Courances.

L’important à retenir dans cet article :

Vous cherchez des activités de qualité à développer dans votre domaine ? Vous ne voulez pas installer de grosses infrastructures qui viendraient dénaturer votre château ou vous déloger ? Le château de Courances, habité par ses propriétaires, accueille de nombreuses activités au sein d’un espace de 75 hectares.

Le domaine a su développer un véritable écosystème « haut de gamme ». Gastronomie, sport, cinéma, gîtes, potager de plusieurs hectares , tout est présent dans ces lieux. Ils sont restés harmonieux, rustiques et authentiques ! 

Contrairement aux idées reçues, proposer des prestations haut de gamme ne nécessite pas forcément de réaliser des aménagements qui feraient perdre son âme à votre château. En revanche, cela nécessite une organisation bien rodée avec des personnes impliquées et des propriétaires qui restent très investis dans la vie du domaine en gardant une vision d’ensemble sur toutes ces activités.

HEPHATA– Quelles sont vos astuces pour proposer des activités haut de gamme sans grandes installations et sans dénaturer le charme de votre château ?

MATHILDE LORAND – Par exemple, parmi nos nombreuses activités, nous proposons du polo. L’activité en tant que telle ne nécessite pas de grosses infrastructures : le domaine possède un grand terrain d’honneur de dimensions règlementaires (275m x 145m) . L’aménagement a simplement consisté en un nivellement du sol, une tonte régulièrel’installation de quatre piquets aux extrémités et le tour était joué ! Il y a également des écuries sur le domaine de 75 hectares pour accueillir les chevaux. 

Le polo, une histoire de famille

La création du club et l’histoire des propriétaires sont indissociables. En effet, plusieurs membres originaires d’Argentine, pays dans lequel le polo est une des disciplines phares, pratiquaient ce sport à haut niveau.

Toute l’année, nous accueillons également du public à « la Foulerie ». Il s’agit de notre salon de thé, réhabilité dans un ancien moulin à chanvre. Certains soirs, le temps d’un dîner des chefs du monde entier installent leurs brigades à La Foulerie et réalisent des plats directement avec les légumes du potager de Courances. Il est également possible de réserver la Foulerie pour des évènements privés. Concernant les aménagements, ils sont parfaitement authentiques ! Bien que la cuisine soit demeurée légèrement « spartiate », elle n’empêche pas de réaliser d’excellentes prestations !

Un potager biologique

En 2013, nous avons choisi de relancer le vieux potager de deux hectares qui a obtenu la certification Agriculture Biologique (AB) depuis Janvier 2015. La boutique se situe dans le domaine qui s’étend jusqu’au cœur du village de Courances. Elle est installée dans une vieille grange réhabilitée. Sa proximité avec le village permet aux habitants de venir acheter leurs produits du potager de Courances en vente directe. Nous collaborons également avec l’AMAP d’Epinay-sur-Orge

De plus, nous bénéficions d’une appellation numérique, Tomato & Co qui propose des parcelles « dédiées » à des familles, des entreprises et des restaurateurs qui peuvent décider ce qui leur sera livré tout au long de l’année. Les jardins possèdent une entité juridique « les jardins de Courances » , il s’agit d’une entreprise agricole à responsabilité limitée (EARL). Ces labels confèrent une tonalité particulière aux activités autour des jardins. Grâce à eux, nous assurons d’une certaine qualité de produit, d’une organisation reconnue, un niveau de service important. 

Un décor pour les tournages de film

Enfin, le château offre un merveilleux décor pour les tournages. Là encore, nous n’avons pas eu besoin de mettre en place des aménagements spécifiques pour accueillir ces sessions de tournage. L’équipe technique est libre de s’approprier le lieu. Les séances de tournage ont lieu en intérieur et en extérieur. Les metteurs en scène choisissent parfois de changer la décoration dans une pièce ou bien de repeindre un mur, mais nous n’effectuons pas d’aménagements particuliers.
C’est une location à la journée, cependant si le tournage dure plusieurs semaines ou mois le tarif varie en fonction. Cela dépend également du nombre de techniciens présents sur place. Le domaine de Courances a accueilli un gros tournage en 2016 pour le film Le Sens de la fête. Les tournages aussi longs n’ont lieu que tous les cinq ans environ.

Finalement vous avez opté pour des activités avec une image plutôt prestigieuse qui se prêtent au lieu, mais… est-ce seulement une question d’image ? Qu’y a-t-il concrètement derrière tout ça ? 

Certes, il y a de l’image, de la communication, etc… mais c’est avant tout grâce à desinfrastructures humaines et une véritable équipe de professionnels que nous pouvons maintenir cette prestance. J’essaie de coordonner un peu toutes ces activités : il y a des contraintes d’activités et de calendriers à respecter.

Ainsi, en temps normal le château n’accepte qu’entre deux semaines et un mois de tournage de cinéma par an. Ceux-ci stoppent la vie du domaine quasi totalement : « il suffit que l’on tonde la pelouse pour que le bruit dérange le tournage. » 

Pour cette raison, nous ne pouvons pas nous permettre d’exercer certaines activités comme les mariages car cela empêcherait le bon déroulement de celles qui s’effectuent parallèlement. La contrainte est qu’ils nécessitent une privatisation à la journée, de plus le domaine offre déjà beaucoup de prestations, ce serait une activité supplémentaire à gérer !

Au quotidien, chaque activité est orchestrée par des professionnels du milieu

Ainsi, plusieurs maraîchers entretiennent et récoltent les légumes du potager. Ils proposent des initiations faites au jardin pour les groupes, écoles primaires, collèges, ou encore les écoles spécialisées en maraîchage ou en horticulture pour lesquelles la diversité du jardin suscite un intérêt tout particulier. Ces initiations sont directement données par les maraîchers. 

Le club de polo, lui, propose des entraînements avec des professionnels, notamment Nelson Larocca, joueur de polo argentin depuis plus de vingt ans. Des cours de polo sont donnés par les joueurs professionnels et chaque week-end des sessions d’entraînementssont organisés . Pour s’inscrire, il faut simplement obtenir la Licence de la Fédération Française de Polo, la même démarche qu’une inscription dans un autre sport, et être membre de l’Association de Polo de Courances. Celle-ci organise occasionnellement des tournois amicaux et internationaux, jumelée avec l’association Roude Léiw Polo Club à Luxembourg, auxquels les visiteurs peuvent venir assister.

la Foulerie, nous travaillons avec des grands chefs du monde entier. On peut citer le chef triplement étoilé, Yannick Alleno, le Meilleur Ouvrier de France Eric Trochon, ou encoreMikkel Maarbjerg, chef danois doublement étoilé au Guide Michelin.

Le domaine de Courances est un lieu très dynamique ! Avez-vous des collaborateurs extérieurs pour vous aider dans certaines activités ? 

Oui, nous sommes en collaboration avec le Comité Départemental et Régional du tourisme. Plus particulièrement, dans la gestion de nos cottages, nous l’avons déléguée à Pierre d’histoire, entreprise spécialisée dans l’hébergement des sites du patrimoine d’exception. Nos cottages sont des gîtes situés face au jardin japonais, restaurés dans un vieux bâtiment. Il y avait notamment un vieux moulin, une scierie… Nous devions en faire quelque chose, nous ne voulions surtout pas laisser ce patrimoine à l’abandon

Par ailleurs, l’agence City Junction à Fontainebleau contribue à la location de nos appartements aux étudiants de l’INSEAD (grande école de commerce) à Fontainebleau. Nous disposons de sept appartements qui se trouvent dans le domaine du château, plus précisément dans un corps de ferme réhabilité. Ils sont aujourd’hui tous occupés. 

A l’avenir, y a-t-il des activités que vous aimeriez développer ? 

Nous aimerions développer l’aspect séminaire sur deux ou trois jours et proposer des gîtes avec neuf couchages pour les groupes, restaurés dans une vieille bâtisse située dans le domaine.

Pour aller plus loin

Quels sont les modèles d’activités des châteaux français ?

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Organiser un festival éléctro : quelles étapes ?

Un festival pour contrer la mérule : une action solidaire pour sauver le château familial

L’important à retenir dans cet article :

Une action solidaire pour le château ! Alors que le château est attaqué par la mérule pleureuse et se dégrade de jour en jour, une bande d’amis décident d’organiser un festival « fait maison » mélangeant styles et générations pour faire revivre leur château et le sauvegarder à long terme. 

Un évènement qui demande de l’organisation et de l’anticipation pour son bon déroulement !

Tout a commencé quand, « avec mes cousins, nous avons pitché l’idée auprès de ma grand-mère. Par la suite s’est formée l’association « La forge festival » dont le noyau dur, initialement de 9 personnes, est maintenant composé de 15 personnes, ayant participé à toute l’organisation du festival ! »

 HEPHATA – Comment vous est venue l’idée de créer un festival ? Comment avez-vous défini le style de votre concert ? 

 Marjolaine Clough d’Argentré – C’est avec une bande d’amis passionnés de musique, certains étant musiciens, ainsi que des connaissances dans l’événementiel et des architectes que nous avons eu la volonté de créer un festival au château pour, à travers un loyer payé à la SCI du château, récolter des fonds pour les travaux. Autre que financier, notre objectif était de « décloisonner les groupes sociaux et les âges par la musique » : 
 « J’ai pu faire découvrir l’électro à ma grand-mère, c’est un véritable lieu de rencontre entre les générations ! » 
Tout d’abord le concert débute avec la cérémonie d’ouverture, ensuite nous avons un mélange de plusieurs styles, il y a du rock, du jazz, de la cumbia, du rap, de l’hard rock, trois styles d’électro et deux représentations de moderne jazz ! C’est un festival multidisciplinaire qui regroupe plus de 30 artistes ! 

Nous avons voulu recréer une ambiance telle que celle des Fêtes de la Lumière à Lyon avec du mapping visuel ou vidéo qui permet de recréer des images de grande taille sur des structures en relief ou des monuments, ou recréer des univers à 360° sur le château. Musicalement parlant, nous voulions ramener les trois sous cultures Electro, ainsi que mélanger toutes les générations. De plus, le festival propose des concerts en live toute la journée.

Comment avez-vous présélectionné les artistes ? Avez-vous d’autres partenaires au niveau local ? Quels moyens de communication ont été mis en place ? 

Concernant les artistes qui se sont produits au festival, pour la plupart il s’agit de connaissances, ainsi que des amis musiciens. 
Cette année, pour la deuxième édition des artistes viennent d’eux-mêmes nous voir pour se produire sur scène ! Pour les autres, nous avons fait au cas par cas en fonction de notre sélection faite par Loris Bernot, en charge de la programmation. Notre démarche était la suivante : contacter les artistes, les convaincre de notre projet, se mettre d’accord sur les termes & conditions. Parfois nous pouvions prendre contact avec l’artiste directement, dans certains cas nous étions obligés de passer par son manager.

Nous avons bénéficié du soutien de la Mairie de Chailland, qui nous a fourni beaucoup de matériel et de l’aide précieuse lors de l’installation et désinstallation. Localement, nous avons eu de très bons retours des personnes alentours ainsi que des festivaliers.

Par ailleurs, nous avons travaillé main dans la main avec divers acteurs régionaux, parmi eux : La Ferme Du Theil, La Suzanaise, Sweat Lodge, Input Selector, Horus Solutions, M. Yves Travers, M. Jérôme Jousset de La Ferme d’Habit et la Communauté des Communes. 

Le festival a attiré plus de 300 personnes l’année passée ! Le pass 3 jours coûte 50 euros, de plus, des prix préférentiels sont proposés aux riverains qui souhaiteraient venir au festival. Les seules préventes disponibles sont les pass 3 jour et/ou une place dans le bus La Forge faisant le trajet Paris-Chailland.

Quelles sont les démarches nécessaires à l’organisation d’un festival ? Quelles sont les normes à respecter ? 

S’il s’agit d’un lieu privé, vous aurez plusieurs obligations administratives pour le bon déroulement de votre festival. 

1- Autorisations

– Demander une autorisation en mairie entre 5 mois et 6 semaines avant le début du festival en fonction de sa taille

– Pour la mise en place de chapiteaux, tentes ou gradins, une demande d’ouverture au public est nécessaire au moins un mois avant le festival, avec un dossier de sécurité (que nous détaillerons plus bas)

– Pour installer un bar il est nécessaire d’avoir l’ autorisation de la mairie ou de la préfecture de Police pour les grandes villes et respecter les règles sur le débit de boissons ponctuel. L’autorisation d’exploiter un débit de boissons ponctuel est généralement acceptée par les services de l’Etat civil, sous la forme d’un arrêté municipal. Par l’obtention d’une licence, elle vous permettra de vendre de l’alcool à consommer sur place ou à emporter à condition que le responsable du lieu en soit le garant. Des conditions horaires sont à respecter, et le respect d’une distance minimale de 100 mètres avec des bâtiments protégés, tels que des écoles, hôpitaux et monuments. Cependant, dans certains cas, des dérogations peuvent être accordées.

Pour faire votre demande d’autorisation, vous devez vous rendre à la mairie ou la préfecture 3 semaines avant l’évènement. Il faut déposer un formulaire et des pièces justificatives. La mairie ou la préfecture transmettre ensuite la demande à la gendarmerie.
En plus de cette demande, il est impératif de déclarer l’ouverture du débit de boissons au Trésor Public et de régler l’éventuelle taxe attribuée. (si vous n’êtes pas une association)

Pour le débit de boissons occasionnel, seules les boissons de catégorie 1 (boissons sans alcool) et 2 (boissons fermentées non distillées, type vin, bière, cidre) sont autorisés. 

2- Assurances

Votre assureur doit couvrir votre responsabilité civile en cas de préjudice causé au public. 

3- Sécurité

Enfin, une commission de sécurité visitera le lieu du concert, pour s’assurer qu’il est possible d’organiser un festival dans de bonnes conditions et d’accueillir du public. Vous devrez fournir un dossier de sécurité complet décrivant le festival, la jauge, les plans et certifications de conformité aux normes des installations (surtout électriques).

Il était nécessaire de préparer avec soin la Commission de Sécurité

• Accorder une importance quant aux règlements liés aux parkings
• Les premiers secours doivent pouvoir être apportés sur place, il est conseiller d’avoir la présence d’un pompier et d’une ambulance en cas d’urgence. Dans certains cas , l’autorité de police peut exiger la mise en place d’un  Dispositif Prévisionnel de Sécurité (DPS).
– Les règles de circulation appliquées
– La mise en place d’une équipe de sécurité ou de bénévoles pour assurer le contrôle des accès, la sécurité des lieux et la surveillance du matériel de spectacle
– Contrôler l’emplacement des chapiteaux qui ne doivent pas être trop près des arbres
– Disposer des extincteurs et points d’eau à proximité…
– Respecter les seuils de niveaux sonores (privilégier la multidiffusion et non seulement des enceintes sur scène)
– Pour prévenir de l’alcoolémie au volant, il est conseiller de mettre un place un stand de prévention routière avec des éthylotests gratuits

Un guide d’organisation des évènements rassemblant du public est disponible  en ligne

La préparation du camping aussi été une affaire spéciale.
 C’est autant de détails à ne pas négliger et anticiper ! 

Afin d’aider les propriétaires qui voudraient faire la même chose que vous, quels conseils précis donneriez-vous pour réussir un beau concert ? 

L’organisation d’un festival est un engagement qui prend du temps tant dans sa préparation que dans le rangement et le démontage. 

 1. Les détails ne sont pas à négliger ! Notamment il est bon d’anticiper les temps de rangement. Par exemple, cette année le verre est interdit. En effet trier les poubelles est un travail de grande ampleur qui nous a demandé 22h d’effort ! C’est un détail que nous n’avions pas anticipé et dont « on se serait bien passé » ! Cette année il n’y aura pas de verre, seulement des éco cup 

 2. Ensuite, tout dépend de si l’on souhaite réaliser le concert en extérieur ou intérieur. . Les différents aspects à bien vérifier : 

• Ne pas lésiner sur la qualité du système son car l’ambiance est très importante

• S’entourer de professionnels ou de personnes qui ont des compétences dans l’évènementiel. « Organiser un tel festival requière des compétences de management. Vous devez réussir à tout coordonner et être à l’écoute tant de l’équipe technique qu’artistique. » 

Communiquer en amont sur l’évènement par des affiches et sur les réseaux sociaux.

Pour aller plus loin

Page Facebook du festival 

Teaser de l’événement 2018 

Organiser un festival éléctro : quelles étapes ?

8 campagnes de communication efficaces

Créer une école de cuisine dans un château : exemple des Master Class de Fey

L’important à retenir dans cet article :

Développer une activité adaptée en fonction de son histoire et de son territoire, c’est une question de convictions ! 

Vous possédez un château avec une histoire forte ? N’hésitez pas une seconde ! « Je conseillerais à tout propriétaire d’aller simplement là où on a envie d’aller et jusqu’au bout de ses rêves ! » Sylvie Angel.

Vous êtes dans une région avec un terroir et un caractère qui se prêtent à la gastronomie, à l’œnologie, ou à d’autres activités ? Utilisez ces ressources ! 

Seulement, comment orienter ses activités en cohérence avec l’image et les ressources de son territoire ?
Dans cet article, Sylvie Angel nous explique comment elle est parvenue à faire revivre les masters class de cuisine au château du Feÿ, faisant écho à l’ancienne prestigieuse école de la Varenne, en utilisant les ressources locales.

Qu’est-ce qui vous a poussé à reprendre ce château et à vous lancer dans ce projet de développement ambitieux ? 

C’est une histoire de gastronomie…

C’est grâce à un ami restaurateur dans la région que nous avons découvert le château du Feÿ et son histoire culinaire : « mon mari et moi étant passionnés de cuisine, nous avons été tout de suite séduits ! » 

La précédente propriétaire était Anne Willan, professeure de cuisine anglo-américaineformée au Cordon Bleu , école de cuisine d’excellence, et élève de Julia Child pionnière aux Etats-Unis dans la gastronomie française et ses techniques de cuisine.  

Anne créa l’ école de cuisine de la Varenne en 1975, qui fut l’une des premières écoles de cuisine professionnelles en France à offrir un enseignement simultané en français et en anglais et des diplômes professionnels reconnus. L’école était initialement basée à Paris et les programmes de La Varenne qui comprenaient un mélange de programmes de certificat professionnel et de cours de dégustation gastronomique, se sont poursuivis au Château du Feÿ jusqu’en 2007. 

La propriétaire écrit des livres de cuisine

Par ailleurs, Anne écrit de nombreux livres de cuisine comme « La Varenne Pratique » et la série « Look and Cook » mais aussi « Willan’s The Country Cooking de France » qui a reçu deux prix du livre de la Fondation James Beard 2008 pour le meilleur livre de cuisine international. 

Cependant, des incidents familiaux les poussent à quitter le château en 2007. Les programmes de La Varenne au Château du Feÿ se terminent et La Varenne déménage à Santa Monica en Californie. Sylvie Angel et son mari décident de partir à la rencontre d’Anne Willan à la fondation Julia Child à Los Angeles dans le but de relancer les Master Class. Ils vont également à la rencontre d’ Amanda Hesser à New-York, une ancienne stagiaire à l’école de Varenne au château qui s’est passionnée pour le potager et a développé un jardin aromatique. Désormais, elle poursuit sa carrière dans l’alimentation aux Etats-Unis et dirige Food52, une entreprise de 45 employés. « Elle était très heureuse lorsque nous lui avons appris que nous avions racheté le château et que nous voulions faire revivre les masters class de cuisine. » 

Le château accueille maintenant une grande diversité d’activités, en lien avec la gastronomie

 Les masters class ne sont rouverts que depuis 6 mois, mais nous avons déjà pu reconstituer le jardin aromatique au château et développer un hectare de potager ainsi qu’une truffière. Nous effectuons en parallèle des promenades gourmandes, de découverte où l’on apprend au public ce qu’il est encore possible de manger dans la forêt. Des « week-end truffe » sont proposés, avec des initiations dans lesquelles nous montrons comment chercher les truffes.

Aviez-vous des compétences spécifiques concernant la gastronomie ou la pédagogie culinaire ? Comment vous êtes-vous organisés en famille ? 

J’ai dû effectuer un stage pour apprendre certaines règles, donner des cours et suivre le stage obligatoire d’hygiène. Cette formation hygiène alimentaire (HACCP) est obligatoire depuis le 1er octobre 2012. Les responsables d’établissements de restauration doivent avoir au moins une personne justifiant d’une formation en matière d’hygiène alimentaire dans leur effectif.

La formation dure quatorze heures minimums et doit permettre au professionnel d’acquérir les capacités nécessaires pour organiser et gérer l’activité de restaurationdans des conditions d’hygiène conformes à la réglementation.
Concernant la répartition des rôles entre les membres de la famille : je m’occupe de la partie « cuisine », mon mari des travaux, et ma fille de la location. Les cours de cuisine sont quant à eux donnés par des chefs cuisiniers.

Quelles installations spécifiques ou normes sont requises pour un tel projet ? 

La cuisine de 45 mètres carrés a été refaite entièrement par Bernard Viot qui a aussi fait celle du Bristol à Paris. Nous avons dû respecter des normes d’hygiènes et de sécurité. Le mieux est de faire appel à une commission de sécurité auprès de la préfecture. Elle sera à même de vous dire les travaux à effectuer pour vous mettre aux normes. Il s’agit d’une cuisine professionnelle et privé soumises aux normes des restaurants  .
Il est compliqué d’aménager de telles infrastructures dans un château ancien, notamment avec la cheminée en plein milieu de la cuisine. De plus ces travaux engendrent un budget conséquent qui, pour notre part, ont été entièrement financés sur fonds propres.

Lancer ce type d’activité nécessite certainement d’être bien entouré… Pourriez-vous nous parler de « l’écosystème » que vous avez su mettre en place ? 

D’abord, le marché local et le terroir sont des « donnés » indispensables. Par exemple, nous utilisons les truffes de bourgogne et du Périgord que nous cultivons nous-mêmes. Nous sommes sur le principe de « Farm to table » , ce qui signifie que nous utilisons exclusivement nos propres produits. 
Dans le potager nous comptons plus de 52 variétées de légumes plantés ! Nous avons aussi un verger, puis des truffiers du Périgord…

Puis, en termes d’entourage, nous travaillons avec Harry Drissen formé et diplômé du Cordon Bleu Paris. Dans un premier temps, il élabore les cours de cuisine sur plusieurs jours au château. Ensuite, il donne des cours en plusieurs langues. 
Nous faisons également appel à Jean luc Barnabet  pour les diners spéciaux « truffe de bourgogne ». D’autres grands chefs viennent du monde entier comme Cathleen Clarity de l’école des chefs américaine , Keigo Kimura, chef étoilé d’Auxerre, Ruben Sarfati  qui a participé à Top chef.

Pour l’avenir, nous souhaiterions aller encore plus loin… Par exemple, établir des partenariats avec la CIA culinaire et le Cordon bleu  en particulier avec le chef Briffard  , chef exécutif et directeur des Arts Culinaires de l’école.
Nous avons aussi un projet de jardin médicinal où il faudra certainement s’entourer d’experts de la question…

Finalement, monter un tel projet requière beaucoup de cohérence : 

– Un désir de développement des propriétaires en cohérence avec les atouts du territoire et l’histoire du château

– Une organisation centrée autour d’une thématique unique, qui se structure grâce à des partenaires d’excellence, reconnus dans leur domaine

– Une préparation méticuleuse des activités : la formation et la mise aux normes en étant deux composantes essentielles

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