Processus et demande de financement MH et ISMH auprès de la DRAC

L’important à retenir dans cet article :

Le processus de demande de subventions est long et complexe, et il est normal de s’y perdre, que ce soit dans l’ordre des démarches à faire ou dans les interlocuteurs auprès de qui les faire. 
Cet article présente :
– Un schéma explicatif du processus de demande de subvention
– Des notes sur les différents acteurs du processus de demande de subvention
– Les liens vers les sites qui permettent de retrouver « facilement » les bons interlocuteurs

Une aide pouvant prendre plusieurs formes

Avant toute chose, il convient de rappeler ce qu’est une subvention mais aussi en quoi elle consiste. Définie par le Ministère de la Culture et de la communication (source), une subvention est :
– une contribution facultative de l’administration,
– sous forme pécuniaire ou en nature (par exemple, la mise à disposition d’un local), 
– justifiée par un intérêt général
– destinée à la conduite d’une action ou au financement de l’activité du bénéficiaire. Ces actions ou activités sont initiées, définies et mises en œuvre par les bénéficiaires.

Attention : Les Directions Régionales des Affaires Culturelles (DRAC) fournissent une aide technique qui va bien au-delà des seules subventions financières. De manière non-exhaustive, elles peuvent fournir selon les besoins et leurs disponibilités : des conseils, l’appui de leurs compétences, leur expertise et leur soutien financier. 

Bien que ces aides aillent souvent de pair, cet article se concentre sur le dernier point, à savoir le processus de demande de subvention financière. Mais, nous vous encourageons à bénéficier tout autant des bons conseils des experts disponibles que des enveloppes.

Qui est concerné et comment s’y prendre ?

Les monuments protégés, c’est-à-dire classés, inscrits ou détenant le label d’aide au patrimoine décerné par la Fondation au Patrimoine, peuvent être éligibles à des subventions accordées de la part des DRAC. 

Il est possible d’obtenir ces aides substantielles à condition de bien les demander. Il faut également respecter un certain nombre de contreparties ou de conditions spécifiques.

Le processus de demande de subvention peut être complexe et de ce fait les démarches à suivre peuvent paraître parfois contradictoires. Le schéma suivant récapitule un processus de demande de subvention financière dans ses grandes lignes. 

Pour bénéficier d’une subvention, l’opération doit avoir fait l’objet d’une autorisation de travaux ou d’un permis de construire. Elle doit également être inscrite à la programmation de l’année en cours. Enfin, l’opération ne doit pas avoir reçu de commencement d’exécution (les devis ne doivent pas être signés).

Attention : Chaque projet mérite un fonctionnement qui lui est propre. Néanmoins, bon nombre d’entre eux ont globalement suivi le processus suivant.

(1) AMO (Assistant à Maîtrise d’Ouvrage) : a pour mission d’aider le maître d’ouvrage (porteur de projet) à définir, piloter mais aussi réaliser le projet. Il a également un rôle de conseil/assistance, le décideur restant le maître d’ouvrage. Certains AMO travaillent en bureau d’étude.

(2) Bureau d’étude : cabinet d’expertises à caractère scientifique mais aussi technique (état des lieux, conception d’un produit ou l’organisation d’un service…).

(3) CRMH (Conservation Régionale des Monuments Historiques) : ce service de la DRAC recense et met à jour l’inventaire de sa région. Il a donc une compétence scientifique et technique. 

(4) Architecte du patrimoine : Diplômé de l’École de Chaillot, c’est un architecte spécialisé dans la restauration, la réhabilitation et l’aménagement des sites patrimoniaux, notamment des bâtiments protégés au titre des Monuments Historiques. 

(5) ACMH (Architecte en Chef des Monuments Historiques) : œuvre à la restauration des monuments historiques classés appartenant à l’État, notamment les cathédrales et les palais nationaux. Seuls des Architectes du patrimoine peuvent, par un concours public, devenir ACMH. 

(6) ABF (Architecte des Bâtiments de France) : appartient au corps des AUE (Architectes et Urbanistes de l’État) ayant choisi l’option « patrimoine ». Il a pour mission d’entretenir et conserver les monuments historiques, qu’ils soient protégés ou non. Il veille également au respect de la qualité de l’habitat (constructions neuves et réhabilitations) aux abords des monuments historiques et dans les autres espaces protégés.

(7) UDAP (Unité Départementale de l’Architecture et du Patrimoine) : est le service où exercent les ABF. Il répond aux directives de la DRAC et du préfet.

(8) DGP (Direction Générale des Patrimoines) : est l’une des quatre principales entités du ministère de la Culture et de la Communication. Elle est elle-même constituée de quatre services consacrés à l’architecture, aux archives de France, aux musées de France et au patrimoine. 

Attention : chaque dossier, chaque projet, chaque DRAC, chaque partie prenante ayant ses spécificités et ses modes de fonctionnement, des actions peuvent différer. N’hésitez donc pas à demander conseil auprès de ces intéressés.

A qui s’adresser et comment ?

Il vous sera nécessaire de contacter la DRAC de votre région. La liste des DRAC ainsi que leurs contacts est disponible sur le site du Ministère de la Culture ici

Le document relatif aux travaux sur les monuments historiques et à la demande de subvention adéquate est le cerfa n°15459*01. Vous pouvez le récupérer ici.

A vous de jouer ! Si vous avez d’autres questions, n’hésitez pas à nous écrire : (contact@hephata.fr)

Pour aller plus loin

Protéger un monument – MH ou ISMH ?

Les règles des abords de monuments historiques

Trouver un financement

La photographie au service des châteaux. Hephata a interrogé Didier Saulnier et Thomas Garnier, des photographes qui rendent hommage aux monuments.

L’important à retenir dans cet article :

 La mise en valeur du patrimoine, c’est aussi une question de « point de vues ». A ce sujet, les photographes jouent un rôle particulièrement important pour rendre hommage aux monuments, leurs jardins et leurs occupants.

A l’occasion de la sortie de l’ouvrage « Les Paradis Secrets de Marie-Antoinette », paru le 2 novembre 2017 en co-édition Albin Michel / château de Versailles – un ouvrage de photographies sur le Hameau de la Reine et le Petit Trianon à Versailles, nous avons interrogé Didier Saulnier et Thomas Garnier. Les 4 photographes du domaine comptent aussi Christophe Fouin et Christian Millet, co-auteurs de l’ouvrage. Ils mettent la photographie au service des châteaux.

Avant d’arriver au château de Versailles, quels parcours avez-vous choisis ?

Didier Saulnier : J’ai un parcours atypique pour un photographe de Versailles : en effet, j’ai commencé en 1979 au Sri Lanka et j’ai ensuite été photographe de presse. J’ai donc été en free-lance quasiment toute ma vie, prenant mes propres décisions pour construire les images.
A une certaine période, le monde a commencé à changer. Et celui que nous connaissions s’est en quelque sorte « terminé » avec la numérisation. Il a fallu trouver une jolie voie pour continuer, et celle-ci a été Versailles.

Thomas Garnier : J’ai commencé au château de Versailles en 2008 en tant que médiateur culturel pendant 3 ans, puis j’ai effectué un Mastère de management dans la culture, l’art et le patrimoine, avec option dans le numérique (graphisme…). Cette formation était donc assez transversale, située entre l’art et la communication.
Je suis ensuite revenu au château en 2011 en tant que photographe et chef de projet audiovisuel, et à présent s’est ajoutée également la fonction de Community Manager.

Quelle est votre façon de travailler autour du château de Versailles, et plus particulièrement dans le cadre de votre ouvrage ?

D. S. : Aujourd’hui, je travaille au sein de la direction de l’information et de la communication du château de Versailles.

Cela demande une implication quotidienne étant donnée la permanence des évènements, des chantiers, des actualités, des personnalités qui s’y rendent… J’y ai vécu des rencontres étonnantes comme avec Bernard Arnault en 2013, ou encore Pierce Brosnan pour une interview réalisée avec l’un de mes collègues !
En parallèle de l’actualité, il y a des travaux de plus longue haleine à suivre. Par exemple, en ce moment, le chantier sur la Chapelle Royale me sollicite beaucoup.

T. G. : De mon côté, je réalise des photographies en début de semaine, où j’effectue des reportages le lundi, jour de fermeture du Château. Le reste de la semaine, je m’occupe d’autres projets au sein du service du développement numérique, par exemple la création de supports audiovisuels, des expériences de réalité virtuelle…

D’une manière générale, il s’agit souvent de photographies « de commande », bien que je puisse avoir des occasions et du temps pour faire d’autres belles photos et de proposer de nouvelles idées créatives.

Dans le cadre du livre « Les Paradis Secrets de Marie-Antoinette » – qui est la suite du premier (« Le Château de Versailles vu par ses photographes ») – nous avions pour but de mettre en valeur des éléments un peu particuliers…

Nous avons voulu montrer « ce que nous ne voyions pas », « ouvrir les portes fermées »… En quelque sorte, faire partager au plus grand nombre le privilège d’être photographe au château, avec l’accès à tous ses secrets et tous les mystères de l’architecture de Versailles.

Nous avions le désir de faire découvrir un point de vue historique, une passion pour le lieu et la photographie. Ce travail fut une belle émulation créative entre nous, chacun avec son œil différent parmi les photographes du château de Versailles.

Photographier des châteaux, c’est un métier particulier… Quelles sont les raisons de votre choix ? Et du choix de Versailles en particulier ?

D. S. : Je souhaitais enrichir mes travaux à côté de la presse et le château de Versailles m’en a donné une belle occasion. Travailler dans un tel endroit est une chance inouïe !

T. G. : En premier lieu, j’aime ce château… ! Versailles a une particularité. C’est un lieu qui s’appréhende à la fois dans l’infiniment grand et à la fois dans l’infiniment petit. Par exemple, nous pouvons observer la galerie des Glaces dans son ensemble mais le moindre détail est travaillé : il n’y a pas de faux semblant !

A Versailles, tout est quasiment parfait. Pour nous, photographes, c’est une source inépuisable de travail car nous trouvons toujours quelque chose à renouveler. 
Dans le livre, c’est exactement ce que nous avons pu pointer : les détails que les visiteurs ne voient pas. Il s’agit d’une relation privilégiée avec les œuvres, et le fait de s’imprégner du travail du sculpteur, de l’ébéniste, du peintre…

Qu’est-ce que la photographie vous inspire ? Quel est votre regard sur le château… ?

D. S. : Il est difficile de répondre, le domaine étant tellement vaste entre les jardins, les bosquets, le parc, le château…

C’est un site que j’affectionne particulièrement depuis toujours : tout petit déjà je m’y baladais avec ma grand mère, je faisais des compétitions de vélos de 7km autour du canal, j’y rencontrais mes premiers amours… Aujourd’hui j’habite à côté !

Ayant longtemps travaillé en Asie, je trouvais cela important de revenir en France à un moment de ma vie : c’était là l’occasion de retrouver mes racines, d’avoir un retour aux sources de mon enfance. La boucle est à présent bouclée !

T. G. : Je pense que je m’attache très particulièrement aux détails : ce que je préfère, c’est mettre en valeur les choses.

J’apprécie également rendre hommage à toutes ces personnes qui ont rendu son image au château, sa perfection : les conservateurs, les restaurateurs, la mise en scène, l’éclairage…

Ce lieu ne laisse pas vraiment de place à l’approximation, nous devons être efficaces, et être précis dans nos photographies.

Quel temps cela prend-il de faire de « bonnes photographies » ? Et d’en constituer un recueil ?

D. S. : J’en prends tous les jours mais cela a pris plus de temps pour le livre que nous avons publié, « Les Paradis secrets de Marie-Antoinette ». Le premier ouvrage de la série, « Le château de Versailles vu par ses photographes » est principalement centré sur le château, celui sur Marie Antoinette – il est magnifique – a demandé un travail de recherche plus important.

Dans ce projet, il y avait la façon habituelle de chacun, pour travailler les images. Christian Millet, au service de Versailles depuis 39 ans, connaissait parfaitement toutes les photographies possibles du château ou presque. 

Nous devions alors compléter et ajuster au mieux les photos pour le livre, sachant qu’il est difficile de faire des choix : les images doivent « se parler », être homogènes entre elles (au niveau des couleurs, des lumières…). Nicolas de Cointet était le chef d’orchestre, pour nous faire jouer, nous, les quatre photographes du livre !

T. G. : Pour le livre, nous avons d’abord été chercher dans nos albums personnels. Par exemple, certaines photographies montrent de la neige à Versailles alors que cela faisait 5 ans qu’il n’avait pas neigé…

Chacun de nous a accumulé des visuels, nous avons procédé à des recherches dans nos archives récentes. Ensuite, il nous a fallu 4 à 5 mois pour ajouter le reste des clichés, et obtenir la cohérence : une vraie visite du château pour le spectateur.

Quels sont vos projets futurs en terme de patrimoine ?

D. S. : Je vais rester au château de Versailles, car il y a tellement de choses à y voir qu’une vie n’y suffirait pas ! Tout change en permanence : la lumière, les saisons, les œuvres, les restaurations…

Par exemple, en me promenant petit avec ma grand mère dans le parc, les statues magnifiques que nous pouvons voir aujourd’hui n’étaient pas du tout entretenues, il y avait de la mousse, du lichen… Aujourd’hui, ce parc statuaire est sûrement l’un des plus grands au monde et n’a pas d’équivalent.
A ce sujet, la politique de restauration est vraiment intéressante : les statues les plus dégradées sont restaurées puis mises à l’abri et des copies sont installées à leur place. Nous y voyons tous les détails avec une précision de 5 microns, c’est incroyable.

T. G. : Je reste à Versailles ! Quoique l’un de mes projets serait de l’aborder par le ciel. J’ai récemment obtenu une licence de pilote pour pouvoir réaliser des vues aériennes du château par drone.
C’est intéressant car ce lieu est conçu pour être vu du ciel : au niveau de ses perspectives, de ses jardins… il y a une véritable correspondance aérienne.

Néanmoins, il est difficile de « créer du nouveau » en terme de photographies à Versailles : tout ou presque, a déjà été réalisé par les prédécesseurs et les visiteurs. Notre travail nécessite donc une vraie humilité. Nous trouvons beaucoup d’éléments dans les archives, la créativité se rejoint partout, mais il sera peut être possible de créer des choses différentes grâce aux nouvelles technologies. Qui sait ?

Que cherchez-vous à communiquer du patrimoine dans vos photos ?

D. S. : Cela dépend pour qui nous les prenons. Pour les conservateurs qui nous sollicitent, nous cherchons d’abord à rendre visibles un maximum de détails. La photographie doit être la plus nette et la plus éclairée possible. C’est souvent difficile avec le soleil, il faut que ce soit ni trop sombre ni trop clair…

Pour la communication et la presse, des images fortes, dynamiques, qui flashent sont nécessaires. Il y a certains codes évidents : par exemple pour les magazines, toujours décentrer le sujet du bon côté. Il ne doit jamais être au milieu. Mais aussi penser à la largeur de l’image, les endroits d’insertion du texte et du chapeau…
Ce sont des détails propres à chaque situation qui sont primordiaux.

T. G. : Chaque photographie a un message différent. Pour ce livre, le Petit Trianon, par exemple, arrive à faire sentir l’intimité, à entrer dans le domaine privé des personnages et à mieux imaginer qui ils étaient à leur époque.

Avez-vous d’autres exemples en terme de patrimoine ?

D. S. : J’ai travaillé pour les éditions Flohic, sur le patrimoine des communes de France, qu’il soit religieux, militaire, agricole…C’était des ouvrages collectifs, deux tomes de plusieurs centaines de pages, sur des châteaux, des abbayes… Et cela dans de nombreux endroits magnifiques : la Sartre, l’Essonne, la Garonne, le Maine et Loire…

Mon plus beau souvenir a été le château de Saumur, car j’ai pu prendre des photos en paramoteur (parapente à moteur), avec un vol en basse altitude. Le moment a été tout simplement magique.

T. G. : En tant que simple visiteur, j’ai parcouru de nombreux châteaux.
En tant que professionnel, j’ai déjà travaillé à Fontainebleau ; mais aussi dans divers endroits dans le cadre de Versailles, pour des expositions extérieures : Rambouillet, le Château d’Angers, l’Hermitage…

Quels autres photographes de monuments ont réussi à transmettre quelque chose de particulier ?

D. S. : Il y en a énormément. Ce qui me marque chez les photographes c’est surtout la puissance des images. Les premiers noms qui me viennent à l’esprit sont Philippe Baudille qui travaille beaucoup sur les châteaux de la Loire mais aussi Jean-Baptiste Le Roux, qui photographie entre autre Versailles.

T. G. : Mes collègues de Versailles évidemment !

Si vous deviez donner des techniques aux propriétaires qui cherchent à prendre de belles photos (mis à part vous contacter !) quels conseils leur donneriez-vous ?

D. S. : D’après moi, les bons « trucs » seraient :
– Cadrer correctement le sujet, sachant que le cadrage dépend de ce que chacun souhaite donner comme image,
– tourner autour du sujet, y revenir plusieurs fois et à différents moments de la journée,
– prendre la « belle lumière », soit tôt le matin ou tard le soir de préférence,
– faire très attention à la balance automatique des blancs sur un appareil photo !
– Etre vigilant à la définition (petite, moyenne, large) avec le conseil se mettre plutôt « au large » avec un maximum de pixels,
– c’est mieux d’avoir un pied pour construire la photo et ainsi qu’elle soit bien définie,
– éviter de laisser le stabilisateur optique, surtout pour les pauses longues,
– et enfin, prendre son temps !

T. G. : Pour moi :
– En priorité, il faut acheter un pied pour pouvoir faire des photos en pose des intérieurs. Cela est impossible sans, il n’y aura pas de qualité. 
– Acheter des objectifs, et pourquoi pas un drone !

Il est aussi pratique de savoir faire des retouches sur Photoshop, pour obtenir exactement ce que nous voulons. Il est possible pour cela de regarder des tutos sur Youtube, ainsi tout le monde peut l’effectuer.

Est-ce que vous exposez ?

D. S. : Je ne suis pas très demandeur car cela prend beaucoup de temps. Mes plus belles expositions sont mes photographies dans les magazines.
Une image dont je suis fier est celle d’Agnès B. au château de Versailles (dans le magazine éponyme), où elle raconte ses souvenirs du lieu.

T. G. : Nous avons exposé notre travail il y a un an dans le domaine de Marly-le-Roi, tous les quatre. Sinon, nous nous voyons davantage dans les nombreuses éditions du château de Versailles, ou bien dans la presse et les campagnes d’affichages du métro, puisque nous sommes dans la communication.

Pour aller plus loin

Comment recevoir des tournages dans son château ?

Diversifier les activités dans un site historique

Organiser des shooting photos dans son château

Association pour la sauvegarde d’un château : ce qu’il faut savoir

L’important à retenir dans cet article :

La création d’une association loi 1901 est une « astuce » très répandue dans le secteur du patrimoine culturel. Sa mise en place n’est pas très contraignante. Elle peut être utile pour gérer des activités, organiser des chantiers, accueillir des visites. Enfin, elle peut simplement permettre de s’entourer de soutien ou de financer ses projets de restauration. Mais au-delà de ces avantages, la création d’une association est aussi une occasion de partager une passion avec d’autres personnes ! 

L’association se décline selon plusieurs modèles. Vous trouverez dans cet article les avantages associés aux associations, les nuances de fonctionnements et quelques conseils pratiques pour bien choisir son statut.

Pour en savoir plus : 
La définition et les différentes variantes d’associations, leur rôle respectif, accompagné d’exemples représentatifs 
Les démarches à suivre pour créer sa propre association
– Les alternatives aux associations (à venir)

Conditions de création et de statut des associations

Caractéristiques générales à savoir pour toutes les associations :
Les dirigeants doivent exercer leur activité à titre bénévole (sauf au bout de 3 ans d’exercice avec des fonds propres excédant 200 000 euros, l’association a le droit d’avoir un salarié dirigeant. Pour en avoir trois, il faut atteindre 1 million d’euros de fonds)

Les dirigeants de l’association sont responsables civilement et pénalement des éventuelles fautes de gestion (en cas de mauvaise déclaration des statuts : activités commerciales ou non, déduction fiscales…). En outre, les apports des membres en numéraire, en nature ou en industrie sont autorisés. La responsabilité des membres est limitée à leurs apports et les fonds propres de l’association sont les cotisations de ses membres. L’association ne dispose pas de capital (c’est-à-dire qu’il n’y a pas d’actionnaires).

Que veut dire « Transparence et désintéressement » ?

Il s’agit de prouver : 
– La cohérence des buts et des moyens de l’association, 
– L’existence de règles permettant un fonctionnement démocratique, – La gestion financière désintéressée.

Que veut dire « Solidité financière » ?

Il s’agit d’un état financier qui repose sur les acquis suivants : 
– Un montant annuel minimum de ressources estimé à 46000 € provenant des ressources propres, 
– Un montant de subventions publiques qui n’excède pas la moitié du budget, afin de garantir son autonomie, 
– Des résultats positifs au cours des 3 derniers exercices.

Avantages dont bénéficient les associations

Qu’est-ce que les reçus fiscaux ?

Ils permettent aux donateurs de déduire de 60 à 75% du montant de leurs dons de leurs impôts, selon la personnalité juridique. Pour plus de détails, voir l’article correspondant sur le mécénat dans le patrimoine.

Attention : A compter du 1er janvier 2018, l’administration fiscale contrôle sur place que les montants portés sur les reçus correspondent bien aux dons et versements effectués.
Sont concernés les dons et les cotisations d’adhésion versées à l’association, à condition que l’adhérent ne reçoive aucune contrepartie à son versement.

A quoi correspondent les droits de mutations ?

Aussi appelé frais de notaire, ils correspondent à tous les droits et taxes perçus par le notaire pour le compte de l’État et des collectivités à chaque changement de propriétaire d’un bien immobilier.

Modalités de gestion des biens d’une association

Les associations peuvent être propriétaire ou locataire :
Celles qui sont simplement déclarées ne peuvent acquérir à titre onéreux, posséder et administrer que le local destiné à l’administration de l’association et à la réunion de ses membres ainsi que les immeubles strictement nécessaires à l’accomplissement du but qu’elle se propose (Article 6 de la loi du 1er juillet 1901). 
Les associations reconnues d’utilité publique ne peuvent posséder ou acquérir d’autres immeubles que ceux nécessaires au but qu’elles se proposent (Article 11 de la loi du 1er juillet 1901). Toutefois, elles peuvent acquérir, sans limitation, à titre onéreux ou à titre gratuit, des bois, forêts ou terrains à boiser.
Les associations reconnues d’utilité publique ont l’obligation de vendre les immeubles qu’elles recevraient par donations ou par legs et qui ne seraient pas nécessaires à leur fonctionnement.

Les modalités liées à l’utilisation des biens sont spécifiques à chaque association qui peut les spécifier dans un règlement intérieur.
En cas de dissolution de l’association, les biens ne peuvent être partagés entre les membres car d’un point de vue juridique, cela peut être qualifié de « partage des bénéfices ». Bien souvent, ils sont donc transmis sous forme de dons à des fondations ou des associations ayant un thème semblable.

Inconvénients

Malgré les avantages liés à la création de l’association, la gestion n’en demande pas moins une implication durable des porteurs du projet associatif ainsi que de la perte de « tout pouvoir ». 

Implication à la création : se mettre d’accord sur les objectifs, élire un comité, et rassembler des passionnés. 
Implication dans la gestion : être présent régulièrement aux réunions et servir les objectifs fixés. Prendre en compte le caractère chronophage du travail administratif : veiller au paiement des cotisations, tenir une comptabilité, organiser les assemblées et les évènements.
Perte de pouvoir absolu dans les décisions : dorénavant, il faudra être prêt à accepter que le projet prenne une autre orientation que celle initialement prévue… Les décisions sont prises démocratiquement.
• Il est plus difficile pour une association loi 1901 d’emprunter des fonds auprès d’une banque du fait qu’une association ne dispose pas de capital. Certaines banques sont toutefois spécialisées dans le domaine associatif (Crédit Mutuel, Crédit coopératif …).

Quelques conseils supplémentaires

En dehors des statuts, il est conseillé d’élaborer une charte ou des règles de gouvernance. Cela permet en effet de régir les rapports entre les bénévoles et de régler les éventuels conflits (exemple). En fonction de l’objet de l’association, il faut également être capable de bien présenter les conditions d’assurance des bénévoles. Un sujet majeur lors de l’intervention sur des chantiers participatifs (Les ateliers de Franck).

Conclusion

Généralement, les porteurs de projets qui cherchent des moyens pour préserver, entretenir et valoriser leur patrimoine utilisent l’association loi 1901. Elles organisent des évènements, ou même des chantiers participatifs qui font vivre le monument. Aussi, le simple fait d’être organisé en association peut rassurer sur la pérennité et le sérieux de votre projet. L’association étant par définition constituée de plusieurs membres, vous allez sûrement devoir vous hiérarchiser et vous partager les tâches. Cela montre votre capacité à vous organiser. C’est donc une question de crédibilité, notamment lors de la recherche de partenaires financiers.

Pour aller plus loin

Charte d’engagement réciproque entre l’État, le mouvement associatif et les collectivités

La capacité de posséder les locaux

Créer une association pour son château

Quelles associations autour des monuments historiques ?

L’important à retenir dans cet article :

Accueillir des visiteurs en lien avec des activités dans un château ou un monument n’est pas simple. L’enjeu augmente lorsqu’il s’agit de faire croitre le nombre de visiteurs. Plusieurs techniques sont utilisées pour « booster » les visites et rendre ses espaces attractifs, parmi elles : la communication, la signalétique, la facilitation des transports, l’amélioration de la qualité des activités…

Le Château de Fougères en Bretagne a connu une belle croissance du nombre de visiteurs (plus de 106 000 en 2017). Evelyne Gautier Le Bail, Adjointe au Maire de Fougères nous donne quelques clés. A bien y regarder, ce qui compte serait : 
– L’adéquation du lieu aux activités
– L’adéquation des activités au public ciblé

Quelles sont les visites que vous proposez ? 

Le Château de Fougères s’adresse à un public très large autour de différents types de visites : 
– En groupe ou en individuel : 
Des visites libres avec des audio-guides (français, anglais, italien, allemand, espagnol ; ainsi qu’un audio-guide pour enfants).
Des visites guidées avec un guide agréé.
– Des visites classiques : de la forteresse ou dans les tours avec une scénographie sur l’Histoire du Château et son appartenance au royaume de France et de Bretagne (l’histoire des « Marches de Bretagne » entre le royaume et le duché de Bretagne).
– Des visites à thème : un calendrier pendant les vacances scolaires et les week-ends pour proposer des animations proposées par le service patrimoine et pouvant être enrichies en lien avec des associations patrimoniales.
– Des visites guidées en langues étrangères.
– Des livrets en 8 langues : les cinq langues citées précédemment et japonais, russe, néerlandais. 
– Des visites en langue des signes (LSF) à la demande.

Il est également possible de visiter la ville selon des thématiques telles que l’époque médiévale.

A quels publics vous adressez-vous ? Quel type de public aimeriez-vous davantage recevoir ? 

Notre public cible est constitué principalement de familles avec des enfants. C’est un public plutôt « saisonnier ». 

Néanmoins, nous développons un public sur toute l’année, par exemple en nous adressant aux seniors, aux publics affinitaires.
Nous recevons 12 000 scolaires par an et des groupes (environ 7 000 personnes par an). Nous souhaitons développer les packages.

Est-ce principalement de la clientèle Bretonne ou de toute la France ? 

En termes de billetterie, 70% de notre clientèle est française. Elle provient majoritairement de la région Grand-Ouest, soit de Bretagne, des Pays de la Loire, et de la Normandie. Une grande clientèle provient aussi de la Région Parisienne.

Nous souhaitons développer la clientèle du Nord de la France, en lien avec les stratégies marketing de la Région Bretagne.

Nous sommes également intéressés par le public international et nous développons des médiations en langues étrangères pour leur donner envie de visiter. Par exemple, nous recevons beaucoup d’anglais et d’espagnols et nous cherchons à élargir à des groupes internationaux comme les japonais ou les américains. 

Nous profitons de leur visite du Mont-Saint-Michel, géré par le CMN, et nous souhaitons les faire venir jusqu’au Château de Fougères.

Comment expliquez-vous que le nombre de visiteurs ait augmenté ? Que recherche le public ? 

La campagne de communication
Ce phénomène peut être expliqué par notre grande campagne de communication chaque année. Nous en avons lancé une nouvelle l’année dernière. Elle était notamment résumée par une grande affiche, comprenant la photo du château et le slogan « T’as pas vu Fougères, t’as rien vu ».

Par ailleurs, de façon générale, notre politique de communication est « très volontariste ». Elle se présente sous différents canaux :
– Institutionnelle : les affiches, les dépliants touristiques
– Web : les réseaux sociaux et le site internet
– La Presse : des publications dans des revues spécialisées pour les amateurs d’Histoire ou les familles
– Les Labels : Ville d’Art et d’Histoire, Destination Rennes et portes de Bretagne, la marque Bretagne…
– Les Guides : TripAdvisor, Le Petit Futé… (Nous avons de bons retours et de bonnes notes, il est donc important d’avoir de tels relais)
– Les Evènements : La parodie de Harry Potter tournée par le youtubeur Joueur du Grenier, l’émission de Stéphane Bern, le Tour de France qui va venir à Fougères et qui amène du public venant de 360 pays dans le monde… 

Cela nous confère une visibilité importante et amène ainsi davantage de visiteurs. 

Créer une expérience
Le public souhaite ici vivre une expérience, que ce soit en famille, avec des amis… Il faut leur proposer des animations et des évènements qui évoluent sans cesse. Le rôle des nouvelles technologies est important.

S’adresser aux bons publics
Il y a toujours des amateurs d’Histoire qui recherchent simplement la visite du patrimoine du château ! Il ne faut pas les négliger.

L’utilisation des nouvelles technologies est-elle importante pour attirer du public ? 

Cette utilisation est même primordiale ! 

Aujourd’hui nous utilisons la scénographie, soit une médiation visuelle et sonore des scènes historiques, qui est à la fois un média technologique visuel et sonore, mais nous avons de nombreux projets. 

En effet, une étude est menée en ce moment avec d’autres sites afin d’apporter de nouvelles technologies dans le cadre de travaux de recherches européens : 
– Un casque Oculus pour une réalité augmentée
– Une salle immersive 
– Des animations de Réalité Virtuelle grâce à des casques spéciaux
– L’utilisation de tablettes

Cela se met en place progressivement, et sera prêt pour 2019-2020.

L’organisation de l’ensemble de ses activités au sein du château nécessite quelles ressources ? 

Le Château est public et est géré en régie. Le budget de la ville est séparé entre les animations, l’entretien et la conservation du château, le personnel.
Pour donner une fourchette, le budget pour les animations estivales du soir varie entre 40 000 et 50 000€. 

Mais ce qui importe, c’est le chiffre d’affaires dégagé par ces investissements. Celui ci est de 550 000€, et ses recettes sont absolument essentielles pour la ville.

En ce qui concerne les effectifs, nous avons un ensemble de permanents et de saisonniers qui travaillent au château : 
– Une responsable qui s’occupe de l’ensemble,
– un animateur du patrimoine qui gère trois guides permanents, une dizaine de guides-conférenciers agréés vacataires et les saisonniers. Il est obligatoire que nous ayons des guides-conférenciers car nous possédons le label Ville d’Art et d’Histoire depuis 1984.
– Une équipe administrative composée de deux personnes à l’accueil des individuels et la réservation des groupes.
– Un technicien de maintenance pour la scénographie et les spectacles, ainsi que du personnel d’entretien,
– des intermittents du spectacle qui travaillent à l’année sous forme de prestations, mais qui peuvent aussi jouer dans d’autres sites que le nôtre.

Quelles clés donneriez-vous à un propriétaire qui désire augmenter le nombre de visiteurs ? 

Plusieurs conseils pour un propriétaire :
– La qualité d’accueil avant toute chose ! 
– La qualité de la communication est essentielle, notamment sur les réseaux sociaux.
– Etre recensé dans différents types de guides et sur les réseaux (TripAdvisor…), car le public regarde ce qu’ils conseillent.
– Etre associé à un grand événement. Cela permet de renforcer la notoriété et donc l’attractivité, de bénéficier de grandes retombées…
– Développer les animations déjà existantes.

Il est bien d’informer afin que les visiteurs souhaitent venir, revenir, et que le site devienne « incontournable » ! 

Pour aller plus loin :

 Pour en lire davantage : 

– LES CHÂTEAUX-ENTREPRISES – est-ce le modèle économique de demain ? 
– Le château de Fougères devient le deuxième château le plus visité en Bretagne
– Le château de Fougères lance sa mutation numérique

Créer une association pour son château : comment s’y prendre ?

L’important à retenir dans cet article :

La création d’une association loi 1901 est une « astuce » très répandue dans le secteur du patrimoine culturel, et notamment des monuments historiques. Sa mise en place n’est pas très contraignante et elle peut être utile pour gérer des activités, organiser des chantiers, accueillir des visites, simplement s’entourer de soutien ou financer ses projets de restauration.
Mais au-delà des avantages, la création d’une association est aussi une occasion de partager une passion commune avec d’autres personnes autour d’un même projet ! L’association se décline selon plusieurs modèles. Vous trouverez dans cet article les démarches à suivre pour créer sa propre association.

Procédure de déclaration de son association et de demande de subventions

Objet et objectif de l’association

Avant toute chose, vos collaborateurs et vous-même, devez absolument vous mettre d’accord sur l’objet et les objectifs qui seront portés par le projet. Il s’agit en effet d’un projet « commun ». Il faut donc le créer ensemble. 

Exemple

L’association pour la Renaissance du Château de Portes (RCP)
« Cette association a pour but de mettre en œuvre, soit directement soit indirectement, tout moyen juridique, technique ou intellectuel pour l’organisation de chantiers ayant pour objet la sauvegarde, la réhabilitation et l’entretien du château de Portes ainsi que d’assurer son utilisation dans un but culturel et d’intérêt général. L’association peut aussi exercer ce but sur d’autres monuments et autres lieux que le dit château selon la demande qui lui est faite. »

Choix et rédaction des statuts

Il s’agit de rédiger les statuts en tenant notamment compte des éléments suivants : 

– Un nom pour l’association 
– Une adresse de siège social 
– Les conditions d’adhésion 
– Les modalités de dissolution 
– La nomination des dirigeants (président.e.s, vice-président.e, etc.), ainsi que des membres du conseil d’administration et du bureau
– Intérêt général ou non, activités commerciales ou non, etc. 

Exemples

Les statuts de Patrimoine-Environnement
Les statuts des Amis du Vieux Château d’Airvault (AVCA)

Mode de gouvernance (optionnel)

Le mode de gouvernance de l’association est libre. La mise en place d’une hiérarchie au sein de l’organisation n’est donc pas une obligation. Il est aussi possible de définir un « règlement intérieur » (Association Rempart ) ou une « charte »
L’ensemble de ces éléments peut être décidé lors d’une Assemblée Générale, qui doit d’ailleurs avoir lieu au moins une fois par an.

Déclaration des statuts

Les statuts de l’association doivent être déclarés et publiés dans un journal officiel. 
Déclaration en ligne
Déclaration à imprimer à adresser à la préfecture ou à la sous-préfecture du siège social de votre asso

L’association reçoit automatiquement un numéro d’inscription au répertoire national des associations (RNA). Le numéro se présente sous cette forme : débutant par W et composé de 9 chiffres.

NOTA BENE

L’association acquiert la capacité juridique, c’est-à-dire l’aptitude à bénéficier de droits, seulement le jour où son extrait de déclaration est publié au Journal officiel des associations et fondations d’entreprise (JOAFE)

Inscription et immatriculation au répertoire SIRENE

La demande n’est pas obligatoire. Elle est à demander lorsque l’association souhaite :
– Demander des subventions auprès de l’État ou des collectivités territoriales
– Employer des salariés
– Exercer des activités qui conduisent au paiement de la TVA ou de l’impôt sur les sociétés

L’inscription est à réaliser par courrier, auprès de l’INSEE qui gère ce répertoire. L’association reçoit un certificat d’inscription à conserver (il n’est pas délivré de duplicata en cas de perte). Voici les documents qui seront obligatoires ou utiles : 
Le modèle-type
– Une copie des statuts 
– Une copie de l’extrait paru au Journal officiel (ou à défaut le récépissé de dépôt des statuts en préfecture). 

Autres répertoires et fédérations d’associations où il est intéressant d’inscrire les associations autour du patrimoine :
Rempart
Patrimoine & Environnement
Fondation du patrimoine
Fédération Française des Associations de sauvegarde des Moulins

Conclusion

La création d’une association n’est pas très contraignante et demande peu de temps. Ainsi, une fois les spécificités définies et les accords trouvés avec vos collaborateurs, il ne vous reste plus qu’à faire les quelques démarches administratives. 

La France concentre plusieurs milliers d’associations dédiées à la sauvegarde du patrimoine monumental et des centaines de milliers de bénévoles, alors n’attendez plus pour créer la vôtre !

Pour aller plus loin

Quelles associations autour des monuments historiques ?

Association pour la sauvegarde d’un château

Les chantiers participatifs au service du patrimoine

Les chantiers participatifs au service du patrimoine sont aux réhabilitations ce que le « crowdfunding » est au financement. Hephata a interviewé l’association de Heritage Historique.

L’important à retenir dans cet article :

Pour HEPHATA, il s’agit une alternative intelligente aux solutions traditionnelles, qui repose sur le principe de la collaboration…

Héritage Historique est une association de passionnés d’histoire qui agit notamment au service de la reconstitution. 

En découvrant le château de Châteauneuf-sur-Epte à l’abandon, l’association s’est engagée pour sa réhabilitation. Dans l’attente depuis 2,5 ans de lancer les travaux, l’association s’est structurée pour réaliser des chantiers participatifs et faire avancer les « petits travaux » (entretien, débroussaillage, consolidations de murs…).

Que faut-il savoir avant de se lancer dans un chantier participatif bénévole ? 

Pour les propriétaires, organiser des chantiers bénévoles est en réalité plus compliqué qu’il n’y paraît. Généralement, il s’agit de commencer par constituer un groupe composé de notre cercle d’amis. Puis, cela se complexifie.

Une énergie importante est alors requise afin de former les nouveaux bénévoles et de les écouter. En particulier, il devient nécessaire d’apprendre à concilier nos façons de faire avec celles des volontaires – notamment ceux qui ont déjà accumulés des compétences – et à accepter de « partager votre projet ».

Du côté de l’association, cela n’a pas été trop difficile de partager le projet. Dès le début, nous souhaitions que « le château appartienne à tout le monde » ! Mais, il en faut du temps pour qu’un projet lancé par quelqu’un devienne une entreprise commune à de nombreux participants ! Il en faut du temps pour créer un projet porteur de sens pour tous les bénévoles à long terme…

Comment solliciter des bénévoles la première fois ? 

Deux points essentiels pour solliciter les bénévoles : l’intérêt et la confiance. 

Pour la confiance, cela commence par le bouche-à-oreille auprès des personnes que nous connaissons, notre « 1er cercle ». Puis, la famille et les cercles d’amis vont en parler autour d’eux. C’est le passage au « 2ème cercle ». Pour résumer, les cercles se répartissent comme suit : 
– le « premier cercle », correspond à la famille, les amis,
– le « deuxième cercle », correspond aux amis d’amis, les connaissances,
– le « troisième cercle », correspond aux « inconnus » touchés par le bouche à oreille, la communication sur internet ou sur place.

Et puis, pour susciter l’intérêt, il faut communiquer ! 
Bien sûr, de la publicité sur le site est nécessaire pour toucher le « 3ème cercle », c’est-à-dire, les personnes avec qui nous n’avons, a priori, aucun lien. 
Un simple affichage permet d’attirer du monde. Mais attention, sur 1000 personnes touchées, seulement 3 ou 4 personnes seront réellement intéressées ; et parmi elles, 1 seule s’engagera à long terme !

L’intérêt des personnes volontaires variera généralement selon la période de l’année et le type de travaux engagé. Bien que la forteresse soit magnifique et qu’elle puisse se targuer de 1000 ans d’histoire, ce n’est pas évident de susciter l’intérêt, en particulier l’hiver… !

Aussi, si nous arrivons à faire parler les personnes du château et du projet à leur entourage, de potentiels bénévoles et professionnels auront-ils envie de venir une première fois. Charmés par le lieu, ils auront généralement envie de revenir y travailler. 

Quel est le profil type de vos bénévoles sur ce chantier participatif ? 

Les bénévoles sont des personnes qui ont du temps à offrir. 
Le profil type comprend souvent :
– des personnes retraitées (souvent avec des limites imposées par la complexité des travaux physiques),
– des jeunes (rarement au-dessus de 40 ans),
– des étudiants (qui n’ont pas forcément de véhicules pour venir).

Parmi eux, on trouve des artisans – qui aiment le travail des mains et qui ont l’habitude de manipuler la matière – et des personnes « de bureau », – qui veulent s’extraire de leur vie quotidienne pour se ressourcer dans un environnement naturel. Il est vrai que lorsqu’on découvre le site, c’est magique ! Il s’agit d’un cadre de nature extraordinaire !

Tous désirent acquérir des connaissances. Les bénévoles viennent certes pour le patrimoine, mais aussi pour apprendre quelque chose, une technique, un artisanat, une maitrise… et les encadrants peuvent leur apporter un peu de cela. 
Par exemple, une personne est arrivée une fois sans savoir planter un clou. Elle avait « deux mains gauches et deux pieds gauches… » mais, maintenant elle s’en sort très bien ! 

L’avantage de notre château est que chacun peut choisir ce qu’il veut faire, en fonction de ses compétences, et peut voir le projet évoluer de semaines en semaines. 

Vous avez des encadrants pour gérer les bénévoles. Quel est leur profil ? Comment faites-vous pour les convaincre ? 

Il nous faut au moins un encadrant par week-end, si ce n’est plus, en fonction du nombre de personnes présentes et de la variété des chantiers menés en parallèle. 
Ils sont primordiaux car sans eux un bénévole ne peut pas travailler. Et sans eux, les organisateurs ne peuvent pas gérer un chantier multitâche, car à chaque sollicitation, notre propre chantier (ainsi que nos bénévoles) ne peut continuer. 

L’encadrant-type est « locomotive ». 
C’est à dire qu’il est autonome : il peut gérer un groupe, former des gens…
Son niveau de compétence ne doit pas être forcément très important et il peut encadrer des tâches basiques telles que le débroussaillage. Nous le formons sur la sécurité et le maniement des outils, et il doit savoir transmettre cela aux autres. 

Nous valorisons aussi les encadrants techniques (maçonnerie, charpenterie, menuiserie) pour les travaux plus complexes. 

Néanmoins, la plupart des professionnels ont peu de temps à consacrer pour ce genre de projet. 

Comment est-ce que vous organisez les chantiers au cours de l’année ?

L’organisation apporte la visibilité, et donc la fiabilité des ressources. 
De manière générale, les bénévoles et les encadrants ont des contraintes, il faut donc tenter de bloquer des dates et s’y tenir.

Notre dilemme est d’essayer de trouver un équilibre entre deux approches : 
Organiser un événement tous les mois afin qu’il y ait du monde, sachant que les volontaires ne peuvent pas forcément venir pour une seule date dans le mois. Ils sont alors frustrés et il y a un potentiel d’effort de communication perdu. 
Organiser le plus d’évènements possibles, mais alors cela peut épuiser les bénévoles et créer un poids pour les encadrants, qu’il faut préserver.

Quels sont les outils pour communiquer avant le chantier et ceux pour organiser les taches pendant ? 

Certaines personnes pouvant être désorientées avant l’évènement, nous communiquons sur Facebook les travaux de la prochaine journée. Généralement, ce ne sont que les nouveaux bénévoles qui lisent. L’information est toujours « doublée » pour rappeler la journée.

Puis, sur place, toute l’année, dès le matin, nous communiquons la vision globale de la planification du chantier.

Ce sont des gens de confiance et autonomes qui la font, afin d’accueillir en faisant visiter le château, de susciter l’intérêt chez le public, notamment les nouveaux bénévoles, et de leur communiquer des informations importantes concernant le déroulement de la journée. 

Pour cela, on utilise un mode très graphique : 
– Un tableau blanc avec les différentes zones du château, la composition des groupes de travail (coupe des arbres délicats, accommodations des bénévoles, débroussaillage, bûcherons spécialisés, électriciens, plombiers…). On écrit les zones où l’on a avancé et où le chantier est terminé. Aujourd’hui, on ne permet qu’aux encadrants de lancer de nouveaux chantiers en autonomie. 

– Un tableau pour les consignes et les messages pour que les encadrants et les bénévoles qui ne sont pas là une semaine sur deux, puissent communiquer entre eux.

– Un autre pour les priorités, et les avancements.

Pour suivre les chantiers après les journées, la communication envers les encadrants est essentielle. Pour celle-ci, nous communiquons par Facebook et par mail.

Quelle est la journée type d’un chantier, heure par heure ? 

Exemple d’une journée type, heure par heure. 

Nota bene : il est nécessaire que tout le monde travaille et se repose en même temps : 

Comment faites-vous pour assurer la sécurité ? 

Lors de l’accueil des nouveaux bénévoles, nous axons en priorité la communication autour de la formation sur la sécurité (ne pas se balader là où le chantier n’a pas été sécurisé), les gestes à ne pas commettre, etc. Puis autour des assurances : dans tous les cas les gens qui participent aux chantiers sont couverts, qu’ils soient membres de l’association ou simples bénévoles.

Il y a trois assurances qui peuvent couvrir les risques encourus : 
– celle de responsabilité civile du château, 
– celle de l’association, 
– et celle des visiteurs (notamment « accident de la vie », qu’il doit souscrire au titre de sa vie privée mais qui n’est pas obligatoire).

Le choix des assurances est à définir en fonction des deux possibles statuts existants pour un bénévole. 
– Soit, il doit être membre de l’association et il est couvert par les assurances de l’association. 
– Soit il est simple bénévole, et il signe une convention de travail bénévole où il s’engage notamment à respecter le lieu et les consignes qui lui sont données.

Organisez-vous les repas et les nuitées ? 

L’organisation des repas nécessite une charge supplémentaire, et un coût, d’autant plus les venues sont très aléatoires. 

Chacun apporte donc son ravitaillement sachant que, à Châteauneuf-sur-Epte, il n’y a ni eau, ni électricité, ni chauffage. 

Pour dormir, chacun prend sa tente et son sac de couchage.

Comment vous situez-vous par rapport à Rempart, qui rassemble des associations de chantiers participatifs autour du patrimoine d’exception ? 

Nous y sommes affiliés à Rempart depuis peu. L’idée ici est de fidéliser aussi les bénévoles sur la durée. 

Les chantiers de type Rempart sont particulièrement intéressants lorsqu’il y a un encadrant sur la durée, ce qui favorise un excellent apprentissage (technique, architecture…) sur le long terme.

Où trouvez-vous votre motivation pour réaliser ce projet ? 

La motivation se trouve principalement dans l’amour du patrimoine et du lieu !
Lorsqu’on accompagne un projet qui avance lentement, avec tous les obstacles que l’on peut rencontrer, il faut s’accrocher ! Par ailleurs, s’entourer d’autres personnes avec qui vivre l’aventure est primordial ! 

Néanmoins, il est difficile de trouver des bénévoles lorsque l’on n’est pas connu, de même que pour le crowdfunding.

Par exemple, en termes de dons, nous avons rassemblé environ entre 8 000 et 10 000€ par an, grâce à l’association et aux particuliers, qui sont alors de véritables passionnés.
Nous avons réalisé une campagne sur les réseaux sociaux afin de récolter 20 000€ pour la fin de l’année et toucher un grand nombre de personnes dans le secteur du patrimoine mais nous avons reçu peu de résultats. Comme les chantiers, le crowdfunding est un véritable métier, et ce n’est pas facile même pour ceux qui ont déjà un réseau comme Dartagnans ou Adopte un château.

Affaire à suivre, donc ! 

Pour aller plus loin :

 – Participer au chantier de Châteauneuf-sur-Epte
– Association Rempart

Comment gérer un château aux allures de village ? Quel modèle de gestion pour faire vivre un site touristique utilement et efficacement ?

L’important à retenir dans cet article :

Faire vivre un château est une affaire de gestion quotidienne. Pour nous inspirer, Peter Bal – véritable chef d’entreprise – nous partage sa vision d’un site historique qui peut vivre au rythme de la société contemporaine. 

Classé Monument Historique depuis 1965, et racheté par Peter Bal en 1999, le château de Millemont comprend 6 000 m2 de bâtiments et 600 hectares de terres, dont 500 de forêts et 48 de terres agricoles. Situé à une heure de Paris, le village attenant compte 241 habitants.

 Le propriétaire a récemment pris conscience de la vocation de son patrimoine : il s’agit d’un « château-village » auquel il souhaite redonner ses fonctions d’origine tout en le rendant utile aux besoins de la société contemporaine. 

Pour lui, trois clés sont indispensables pour faire vivre utilement un tel site : 
– Prendre son temps pour comprendre la destinée du château sans s’arrêter aux contraintes de gestion conjoncturelles,
– Toujours s’assurer auprès des experts d’activités que l’on souhaite développer s’ils aimeraient les développer sur place,
– Fuir absolument en l’absence de « coup de cœur ».

HEPHATA – Quels conseils donneriez-vous à un propriétaire de château pour réussir à développer des activités cohérentes avec son patrimoine ?

Peter BAL – Que l’on soit propriétaire, locataire ou employé, l’essentiel, je crois, c’est d’abord d’être passionné par son domaine. Rien ne se fait sans passion. A titre personnel, quand j’embauche une personne, je ne cherche pas des gens qui « souhaitent faire » ou qui « font », je veux des gens qui « sont ». Souvent je m’amuse à demander à mes futurs employés agricoles de me montrer leurs mains. Si celles-ci ne sont pas des mains de travailleurs, je ne peux que les inviter à revenir dans 18 mois ! 

Ensuite, il faut comprendre sa propriété et sa terre. Il est indispensable de la connaître intégralement (son histoire, son climat, sa géologie, sa culture, son exposition au vent, etc.). Il s’agit, en quelque sorte, de « venir à l’essence » de son identité. A Millemont, nous avons découvert assez récemment que l’identité profonde du lieu est celle d’être un château-village. 

En même temps l’identité permet de définir ce qu’on peut faire d’un lieu, cela lui apporte sa distinction. Par exemple, nous sommes très différents de Vaux-le-Vicomte… ! 
C’est à partir de la connaissance de ce que l’on a que l’on peut trouver ce que l’on peut faire. Or, cela prend du temps et il ne faut pas chercher à « forcer » certains projets : quand on est dans l’effort, c’est généralement que l’on se trompe. Il ne faut rien faire par obligation. 

Enfin, si vous voulez des conseils, prenez-les uniquement auprès des personnes qui sont parvenues à réaliser ce que vous souhaiteriez atteindre.

Dans le respect de cette identité, comment avez-vous déterminé les activités à développer à Millemont ?

Au départ, j’ai profité de l’emplacement stratégique du château à 45 km de Paris pour recevoir des tournages, comme celui de Marie-Antoinette de Sofia Coppola par exemple. Certains films nous ont apporté jusqu’à 250 000 € de revenus. 

Puis cela a évolué. Cela n’a plus été aussi facile d’attirer les maisons de production depuis la création de la Cité du cinéma [inaugurée en 2012 à Saint-Denis, ndlr]. 

Par ailleurs, j’ai progressivement compris l’identité du lieu et j’ai souhaité faire en sorte que Millemont réponde à des besoins concrets de la société contemporaine, qu’il devienne un lieu pour soutenir l’innovation, les nouveaux modes de vie « slow life » ou les initiatives économiques sociales et solidaires. Rapidement, le château est devenu un « centre » qui accueille des démarches de « co-création » entre les occupants réguliers et temporaires.

Par exemple nous avons accueillons des organisations comme MakeSense pour leurs évènements. Des expérimentations ont aussi eu lieu, portées par des associations telles qu’Assemblée Virtuelle autour de projets sociaux, technologiques, écologiques… ou encore, il y a plus longtemps, la POC 21 qui a transformé le parc en « innovation camp ».

Dans le but de rester cohérent avec cette identité, comment choisissez-vous vos occupants et visiteurs de passage ?

Le château est un lieu dont la fonction première [défendre, administrer un territoire, ndlr] a disparu, il convient donc de la repenser. Millemont n’échappe pas à la règle. 

Ce lieu était d’abord un village, c’est son identité, et je souhaite aujourd’hui lui rendre cet usage. Je cherche à co-construire une communauté villageoise. Ce château est « extraordinaire » dans sa fonction de village, dans le sens de « hors-du-commun ».

Pour intégrer cet ensemble, les conditions le sont tout autant… Les occupants doivent parler deux langues au minimum car cela induit une plus grande plasticité cognitive qui multiplie généralement les points de vue sur un sujet (la langue structurant notre vision des choses). Ils doivent partager les mêmes valeurs que celles portées par le château. 
Et, afin de nous assurer une stabilité financière, ils doivent être financièrement indépendants. 

Malgré ces exigences, il n’est pourtant pas question d’être dans la possessivité, bien au contraire. Pour faire fonctionner un château aujourd’hui, il est indispensable d’accepter de l’ouvrir pour le faire vivre : seul le partage permet son fonctionnement. Beaucoup de personnes pensent qu’il est facile de gérer un château mais si l’on regarde les chiffres, on constate que ceux qui achètent un château le revendent en moyenne deux ans et demi plus tard, car ils prennent conscience de la charge que cela représente !

Alors, quel est votre secret pour financer l’entretien d’un domaine aussi vaste que celui de Millemont ?

Aujourd’hui mes principales sources de revenus sont la location d’une partie des bâtiments (à travers des baux classiques de location), les événements organisés en continu au château (séminaires, ateliers, etc.), les droits de chasse, les produits issus de la gestion forestière (« non-conventionnelle » à Millemont) et de l’exploitation agricole. Nous bénéficions parfois de quelques financements extérieurs.

Ces revenus permettent d’assurer l’entretien du domaine, soit environ 250 000 € par an. Mais, ces dépenses sont voulues parce qu’elles donnent de la valeur à Millemont, que ce soit pour les restaurations, l’entretien ou l’accueil d’activités !

En tant que gestionnaire, comment occupez-vous le château et quelles sont vos clés de « bonne gestion » ?

En réalité, je suis présent dans le château environ trois jours par semaine et le reste du temps je suis en Belgique. Je m’occupe de ce lieu comme un « projet » à faire vivre quand bien même mon intention initiale – il y a presque 20 ans – était d’en faire une opération immobilière.

En tant que gestionnaire, j’ai progressivement compris qu’une bonne gestion s’accompagnait de trois éléments.

Le langage

Il faut apprendre le langage des différents corps de métier dont on va devoir s’entourer pour les sujets d’exploitation, de restauration, de gestion…

L’équipement

Acheter soi-même les matériaux ou les infrastructures dont on a besoin pour réaliser ses travaux (par exemple des échafauds) est un élément de négociation important avec les artisans et entreprises du bâtiment…

oser travailler sans les « grands »

Penser que les gros noms et les entreprises de taille importante sont indispensables est une erreur ! L’erreur est presque d’avoir les moyens et la position de « travailler avec les grands » car cela ne favorise pas l’émergence de solutions qui correspondent profondément à notre situation… Par exemple, lors de la tempête de 1999 face à l’indisponibilité des grandes entreprises forestières, nous avons fait intervenir des experts de la régénérescence naturelle… puis, nous avons eu la chance de faire venir David Nash de New York pour réutiliser les bois tombés et d’en faire des œuvres d’art ! Aujourd’hui, nous avons un rendement 80% supérieur aux forêts alentour et la logique de « régénérescence naturelle » demeure notre stratégie de gestion.

Quelle formation avez-vous suivie ?

J’ai été à l’école de la vie ! Initialement, j’ai une formation en arts (peinture et sculpture), mais j’ai surtout une passion pour les bâtiments, que je comprends très bien, et pour les forêts.

Qu’est-ce qui selon vous explique l’échec de gestion de certains châtelains ?

Pour les châteaux qui appartiennent depuis plusieurs générations à une même famille, il y a un vrai risque que les propriétaires se crispent sur un devoir moral de conservation du bien familial.

Cette obligation familiale tronque la saine gestion. Elle engendre généralement une parcellisation progressive du domaine (vente des terres, des bâtiments annexes, etc.) pour financer des réparations importantes à court, alors que ce sont souvent ces parties externes qui permettent l’entretien du château lui-même à long terme grâce aux revenus qu’elles peuvent générer.

Pour s’en sortir, trois clés sont indispensables pour faire vivre utilement un tel site : 
– Prendre son temps pour comprendre la destinée du château sans s’arrêter aux contraintes de gestion conjoncturelles,
– Toujours s’assurer auprès des experts d’activités que l’on souhaite développer s’ils aimeraient les développer sur place,
– Fuir absolument en l’absence de « coup de cœur ».

Pour aller plus loin

Les acteurs du patrimoine : la gestion

Gérer un château en couple

Sortir des activités hôtelières et culturelles dans un château

Monter un bon dossier de financement pour restaurer son château n’est pas chose facile. Hephata vous explique donc comment faire !

L’important à retenir dans cet article :

Monter un bon dossier de financement pour restaurer un château suppose une préparation méthodique, une présentation structurée et des informations de qualité. Cet article propose une méthode pour organiser la construction de son dossier. Les 3 points essentiels: 
– Ne pas négliger l’importance du travail en amont : préparation des documents, choix des mots clés, collecte des illustrations
– Les principales étapes ou parties contenues dans un bon dossier
– Les indispensables et les astuces qui pourront « faire la différence »

 Afin de réaliser un projet de restauration ou de lancement d’activités au sein d’un monument historique, de nombreux porteurs de projets se tournent vers des financements extérieurs. Avant d’envoyer un dossier, il convient de suivre quelques étapes pour une rédaction rapide, efficace et exhaustive. 

Le travail préparatoire à la constitution d’un dossier de financement

Rassembler la documentation

Quels que soient les financeurs ou partenaires envisagés, il est fortement conseillé de rassembler toute sa documentation avant de se lancer dans sa présentation. La documentation, rassemblée et triée permettra au porteur de projet, non seulement de se simplifier la rédaction, mais aussi et surtout un gain de temps.

La liste de documents suivante, bien que non exhaustive, donne une idée de la documentation dont il est question :
– des rapports précis sur les projets (travaux, évènements …) réalisés, en cours de réalisation ou à réaliser, 
– les éventuelles études préalables (terrain, sol, archéologie, historique…) , 
– les compte-rendus des éventuels échanges avec la DRAC ou des conseils régionaux et départementaux, 
– les échanges avec les ABF, les architectes du patrimoine et vos maitres d’œuvre,
– les devis obtenus, le cas échéant,
– le budget prévisionnel, 
– le rétroplanning, 
– des photos de bonne qualité des espaces concernés,
– les documents historiques…

L’ordre dans lequel ces documents sont listés correspond aux questions suivantes : 
– Qui porte le projet ? 
– Quel est le projet ? 
– Comment comptez-vous le réaliser ? 
– Les deux dernières entrées sont les documents qui seront utiles tout du long pour appuyer votre propos et qui constitueront en partie les potentielles annexes.

Rédiger l’essentiel en 3 parties introductives

De ces pièces rassemblées, un premier travail de synthèse est nécessaire pour rédiger les 3 premières parties essentielles du dossier. Il doit présenter un descriptif du projet mené et à mener, un descriptif des porteurs de projet et un descriptif du ou des monuments et espaces concernés.

« Tout ce qui se conçoit clairement, s’énonce clairement ». Autrement dit, un projet bien développé, suppose une présentation bien développée. Le but de tout ce travail préparatoire est de déterminer l’identité du projet, et de la rendre explicite pour les potentiels partenaires, autant que pour soi.

Evaluer la cohérence du projet avec les partenaires envisagés et définir ses contreparties

Une fois ce premier travail terminé, la sélection des financeurs et/ou partenaires potentiels devient plus aisée En fonction de l’identité projet, certains mécènes ou partenaires seront en effet plus susceptibles que d’autres à participer. Pour le savoir, le porteur de projet a besoin d’étudier le profil des entreprise, leurs valeurs, leurs actions de mécénat passées, leurs activités, etc. (voir à ce sujet notre article « Financer la restauration d’un monument – Quel type de financement pour quel type de projet. » (à venir)),  

En outre, la définition des contreparties offertes aux financeurs est une étape essentielle. En effet, en fonction de leur financement, les partenaires ont droit à des avantages dans la limite autorisée par la réglementation (voir notre article “Comment fonctionne le mécénat autour du patrimoine historique ?”). Il est donc sain de proposer de partager la valeur créée par l’intervention des partenaires visés. Soyez créatifs et utilisez les spécificités du monument et de ses abords !

Exemples de contreparties : 
– Visibilité du partenaire sur les supports de communication ;
– Invitation au vernissage, à une visite privée, à une inauguration ;
– Mise à disposition des espaces pour un évènement partenaire…

A partir de ces éléments, il vous faut donc rédiger un 4ème paragraphe qui complètera les 3 premiers de la partie introductive. Ce paragraphe doit contenir un descriptif des besoins financiers exacts, des partenaires cherchés et des contreparties envisagées.

Construire son dossier de financement : les étapes du plan 

Les étapes suivantes sont générales et peuvent ne pas s’appliquer à tous les projets. Il s’agit d’axes de réflexion pour guider l’élaboration d’un dossier de financement. Chaque dossier doit donc s’adapter à son destinataire. Le tableau suivant récapitule les différentes parties de plan qu’il est possible d’envisager. 

Les astuces des demandes de financement

La présentation : Choisir les bonnes couleurs, le bon design et une typographie cohérente. Vous êtes donc invité à souligner les mots clés, les phrases importantes et les idées essentielles. Ces choix peuvent paraître triviaux mais ils font la différence entre un dossier qui est étudié par les partenaires et un dossier qui n’est même pas ouvert. 
Personnaliser son dossier en travaillant son esthétique est judicieux, mais avant tout : veillez à rester simple.

Les visuels : Intégrer de bonnes photographies ou schémas du projet au dossier pour illustrer aisément les points abordés. En outre, l’utilisation de visuels comme des images, des vidéos, des logos ou encore des icônes attire le regard du destinataire du projet. 
Un dossier avec de bons visuels, c’est-à-dire, variés et de bonne qualité, peuvent augmenter la valeur d’un dossier en comparaison avec un autre. 

Les contreparties : Il est positif de bien mettre en avant les contreparties fiscales (si le financeur est un mécène) dans le dossier et les contreparties envisagées en lien avec votre projet (pour les sponsors et mécènes). Attention, pour les mécènes, les contreparties ne peuvent pas dépasser 20% de la valeur du mécénat. 

Les preuves : Mettre en annexe les preuves des différents éléments chiffrés avancés est un avantage considérable. Cela permet aux partenaires de se projeter davantage dans votre projet. Les preuves ? Ce sont l’ensemble des documents préparés en amont et qui mettent en valeur la cohérence et la consistance de votre projet.

Liste de documents à fournir

Certains documents sont indispensables et généraux à toutes les demandes de financement. Aussi, voici une liste des principaux documents à inclure au dossier.

Pour aller plus loin

Les acteurs du patrimoine : le financement

Notre formation sur le financement

Financement MH et ISMH auprès de la DRAC

Cerfa 12156-05 – demande de subvention association

Notice – demande de subvention pour travaux

Comment valoriser des espaces paysagers d’exception ?

L’important à retenir dans cet article :

Entretenir son jardin soi-même est une tâche parfois difficile à exécuter et nécessite des outils de jardinages adaptés, un savoir faire spécifique, du temps et des fonds… Pour ces raisons, faire appel à des professionnels des espaces verts, qui ont une vision d’experts et pourront vous conseiller est une bonne alternative . Le service proposé est de qualité et peu onéreux, d’autant plus que vous pourrez bénéficier d’avantages fiscaux lié à leur embauche.

En général on distingue 2 types de professionnels : 

– le jardinier qui s’occupe de l’entretien à proprement parler

– le paysagiste qui conçoit les aménagements paysagers

Les jardiniers professionnels : les tarifs et les avantages fiscaux

Un jardinier est un expert. Il saura vous conseiller sur les aménagements, les végétaux. Il sait par ailleurs exactement quand il faut tailler, quels produits utiliser, reconnaître les maladies…etc.

Faire appel à un jardinier peut vous éviter de nombreux problèmes. D’autant plus que les tarifs restent abordables. Le tarif du jardinier varie en fonction de chaque espace vert. Chaque jardin est unique et chaque besoin est donc différent. Le tarif horaire se situe autour de  20 et 40 €. Cependant, un bon jardinier peut très bien être également paysagiste. Il peut aussi être spécialisé dans l’art topiaire, autrement dit la taille des arbustes dans un but décoratif.

Nota bene

Vous pouvez bénéficier d’une réduction fiscale allant jusqu’à 50% grâce au chèque emploi service universel pour certains travaux d’entretien. Les tickets CESU prépayés (Chèque Emploi Service Universel) peuvent vous être délivrés par votre employeur, votre CE, votre caisse de retraite, ou d’autres organismes. 
Pour en savoir plus

La plateforme en ligne des jardiniers professionnels émane de la Coopérative Professionnels à Domicile qui regroupe le plus important réseau de jardiniers professionnels en France. Avec un jardinier membre de cette coopérative, vous pouvez bénéficier d’un crédit d’impôt de 50% des dépenses acquittées auprès de la Coopérative pour l’entretien de votre jardin. Le plafond total des dépenses annuelles par foyer fiscal est néanmoins fixé à 12 000 € soit 6 000 € de crédit d’impôt.
Il existe des plafonds particuliers pour certaines activités : 500 € pour le petit bricolage soit 250 € de réduction et 5000 € pour le jardinage soit une réduction de 2500 €.
Pour les gros arbres, il est vivement conseillé de faire appel à un professionnel, un grimpeur. Ne prenez aucun risque ! Il est conseillé de les tailler une fois dans l’année. 

Les paysagistes : une multitude de spécialités pour vous accompagner

C’est un véritable expert en botanique. Le paysagiste vous accompagne dans la conception et réalisation de votre jardin. Dans cette branche spécifique de métier, il existe d’ailleurs d’autres sous-catégories de métiers : 

L’architecte-paysagiste 

Il a le rôle de maître d’œuvre durant les travaux. Ayant des compétences à la fois dans la conception et l’architecture, il se charge en amont de dessiner les plans avec des logiciels adaptés. Il essaye de trouver un compromis entre les vos besoins et ceux de vos espaces verts . Avec l’établissement d’un plan de plantation, il va choisir les variétés les plus adaptées au milieu souhaité. 
Ce plan doit tenir compte de différents facteurs : le climat, la nature du sol, l’exposition du lieu par rapport au soleil, etc…

 L’artisan-paysagiste (ou jardinier-paysagiste)

Si son rôle va de la conception jusqu’à la réalisation du projet, il met surtout en œuvre les travaux de terrassement, de maçonnerie et de plantation avec son équipe.

Cependant il possède aussi des connaissances pointues en biologie végétale, qui lui permettent d’effectuer un travail efficace en adéquation avec le milieu naturel.
Si vous ne savez pas comment aménager votre grand jardin, faire appel à un paysagiste est un véritable gain de temps !

Les tarifs d’un paysagiste sont de 28 € à 48 € l’heure. Ceux d’un architecte-paysagiste représentent un coût plus élevé du fait de la multiplicité de ses compétences. Leurs tarifs varient entre 48 € et 60 €. Il existe des sites en lignes qui proposent des devis gratuits de paysagistes. Ces devis se fondent sur votre espace et vos délais.
Cependant il est nécessaire que le professionnel se rende sur les lieux pour faire une estimation du coût des travaux. Avant de telles démarches, veillez à bien réfléchir au préalable à votre projet et délimiter vos besoins. Cela permettra au paysagiste d’avoir un cadre de base et établissez un budget maximum pour l’ensemble de l’aménagement du jardin. Par ailleurs, il est nécessaire d’installer certaines infrastructures en premier. C’est le cas par exemple de l’arrosage automatique ou la mise en place d’une terrasse. Il est alors important d’informer le paysagiste en amont.

Les autres professionnels à contacter

Par ailleurs, le groupement d’employeurs Monuments Historiques Emplois Services(MHES), créée par la Demeure historique est une association qui propose à ses adhérents de la main d’œuvre pour leurs travaux ou entretien dans des tâches diverses comme l’entretien de parcs et jardins, du secrétariat ou de petits travaux de maçonnerie. Pour en savoir plus : La Demeure Historique


En outre, si vous êtes propriétaires d’écuries, vous avez la possibilité de louer un box ou un paddock à des particuliers de passage, via la plateforme Staybler . Ce système représente un gain d’argent pour les propriétaires. La location peut atteindre 300 € et permet ainsi de ne pas laisser les écuries à l’abandon.

Pour aller plus loin

Développer la médiation culturelle pour les jardins 

Valoriser et entretenir son parc historique

Prix et financements du patrimoine jardinier et paysager

Reprendre un château abandonné : le témoignage d’un repreneur ultra-motivé

L’important à retenir dans cet article :

« Après des années d’abandon, le château de Gardères menaçait de tomber en ruine. Il a été restauré grâce à la ténacité d’un homme, soutenu par les habitants de la région. » (Lavie.fr)

Il n’est pas facile de tout reconstruire lorsqu’un château a été laissé à l’abandon de nombreuses années : par où commencer, vers qui se tourner et comment trouver des moyens de financement ?

Pour nous éclairer, David Liagre qui s’est lancé dans la restauration du château de Gardères nous explique sa démarche, le déroulement de son projet ainsi que les différents acteurs qu’il a pu solliciter . Il nous donne quelques clés pour reprendre un monument historique : 
– Ne pas s’éloigner de la réalité du terrain – notamment sur les problématiques de financement – pour mener ses projets jusqu’au bout ;
– S’entourer de compétences mais aussi de personnes fiables qui permettent de garder le moral et tenir dans les épreuves ;
– Identifier la bonne structure juridique permettant à la fois la gestion du lieu, l’engagement de parties prenantes et le financement.

 Qu’est-ce qui vous a motivé à vous lancer dans un tel projet ? 

À la suite d’une indivision d’une quinzaine de personnes, le château n’était plus entretenu. Voir le château dans un tel état de délabrement était un crève-cœur. A force de passer devant, d’y venir et de le voir comme ça, j’ai eu une prise de conscience. Si on ne faisait rien il allait sans doute disparaitre. Finalement, c’est devenu un peu comme mon enfant !

Pouvez-vous nous en dire plus sur ceux qui vous ont aidé ? Qui sont-ils et comment ont-ils contribué à la sauvegarde du château ? 

Ce sont uniquement des bénévoles qui m’ont aidé. D’abord des amis, puis des personnes attristées de me voir seul dans une telle « galère ». 
Nous sommes une quarantaine, regroupés dans une association que j’ai créé en 2004 : Gardères 1723.

L’association a un bail de 50 ans sur le château et elle s’occupe de tous les abords extérieurs, notamment pour l’organisation des évènements. Chaque personne de l’association est une source de compétences et chacun peut contribuer à sa façon. Par ailleurs, cette association et chaque membre qui la compose constituent un soutien moral très important !

Comment avez-vous planifié l’ensemble des travaux ? 

La priorité fut de mettre le château hors d’eau et hors d’air. Il en allait de sa sauvegarde !

Ensuite, les autres travaux furent planifiés en fonction d’un budget annuel et des disponibilités des artisans. 
Il est difficile de trouver des artisans pour d’aussi vastes chantiers d’autant plus s’ils s’allongent sur plusieurs mois. Ils ne sont pas toujours disponibles ou pas nécessairement qualifiés ! Mais à force de persévérance, nous y sommes arrivés !

Comment avez-vous financé tous les travaux ? Quels sont-ils et quels ont été les plus coûteux d’entre eux ? 

Le château en lui-même, je l’ai financé avec des fonds propres grâce à la revente d’une maison 19ème. Je me suis empressé de faire les travaux de gros-œuvres, les plus urgents, et bien souvent les plus coûteux, tels que la toiture, le chauffage et l’électricité. 

Tout le château est inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques(ISMH), mais je n’ai pas fait les démarches pour obtenir des aides. Me concernant, cela ne semblait pas particulièrement pertinent… 
D’une part, les aides de la DRAC pour les ISMH plafonnent à 20%, et en réalité, elles pouvaient s’élever uniquement à 3%. Par ailleurs, pour refaire la toiture, l’institution souhaitait que je fasse installer une toiture provisoire, le temps de monter un dossier de demande de subvention. N’ayant ni le budget ni l’autorisation pour (8 mois auraient été nécessaires) et étant donnée l’urgence, j’ai opté pour agir rapidement et porter les financements seuls. 

Quelles sont aujourd’hui les ressources qui vous aident le plus pour continuer à entretenir et à faire vivre la propriété ? Avez-vous développé des activités ? 

Les aides du conseil départemental

L’association bénéficie d’aides sur les abords du bâtiment. Uniquement sur les abords car notre conseil départemental n’intervient pas sur le patrimoine classé ou inscrit.  
En revanche, le conseil départemental aide à hauteur de 12000€ sur les abords. Nous avons de la chance dans la région car il s’investit encore un peu. Dans le département voisin, le conseil général a choisi d’orienter ses budgets ailleurs ! 

Les mécènes – via la Fondation du Patrimoine

D’autre part, l’association permet de solliciter la Fondation du Patrimoine et, à travers elle, des donateurs-mécènes.  

Les concours

Le statut d’association a aussi permis de participer à des concours. J’ai notamment obtenu en 2007, le 1er prix départemental et le 2ème prix national pour la restauration du patrimoine local. J’ai ainsi eu le droit à une aide de 20000€, ce qui est loin d’être négligeable.

Et en 2010, la Fondation MH a lancé un concours autour des projets d’accessibilité des jardins à tous, aux handicapés moteurs et sensoriels. L’association a donc récolté là aussi20000€

Au-delà de l’aide financière, ces concours sont un moyen de se distinguer. Nous avons le droit à des parutions dans les magazines, nous sommes invités à des cocktails avec des élus. C’est un excellent moyen de nouer des relations. 

Les activités

Pour les activités, le château ouvre ses portes pour les manifestations nationales telles que les Journées du patrimoine, ou encore les Rendez-vous aux jardins.
En plus de cela, de façon générale, le château est ouvert d’avril à septembre (55 jours) ou durant les mois de juin, juillet et août (40 jours).
Attention : les revenus sont minimes. Si j’ouvre au public, c’est pour partager ma passion !

Enfin, nous accueillons des activités évènementielles (des séminaires et des mariages, par exemple). Mais bien souvent, l’on s’imagine que parce que c’est un château, nous pouvons recevoir un large public. En réalité, le château ne peut recevoir que 90 personnes maximum. L’événementiel reste donc une activité limitée.

Quelles démarches faut-il faire pour mettre en place de telles activités ? 

Il est nécessaire de prendre un bon temps de préparation pour organiser des événements. Pour les évènements nationaux, nous sommes responsables de procéder à l’affichage des affiches qui nous sont envoyées. 

En ce qui concerne la démarche de communication pour les Journées du patrimoine, ou encore les Rendez-vous aux jardins, il faut s’inscrire auprès de l’Etat. Certains communiquent leurs actions dans les journaux locaux ou sur leur site internet.

En ce qui concerne la démarche de communication pour l’évènementiel, nous informons soit grâce au site du château ou grâce à Facebook, mais surtout par le bouche-à-oreille. Je suis quasiment le seul château ouvert au public dans les Hautes-Pyrénées, ça aide un peu !

Quels conseils donneriez-vous à un jeune repreneur de château ? 

D’abord, de ne pas avoir peur et de surtout de bien s’entourer pour garder le moral ! Mais aussi, de ne pas avoir peur d’avancer seul… 
En réalité, il s’agira de faire face à la jalousie de certains et aux préjugés malheureusement bien ancrés d’autres… Avoir un château ne signifie pas que l’on est riche ! 

Ensuite, avant de se lancer, il est nécessaire de s’informer sur la dure « réalité des choses ». Il existe un fossé entre la théorie et la pratique, aussi ne faut-il pas laisser aveugler par les promesses des uns et des autres…

Enfin, je conseillerai de s’inscrire dans les associations telles que la Demeure Historique, la Fondation du Patrimoine, ou encore les VMF. Cela permet de participer à des concours comme ceux auxquels j’ai participé, et d’obtenir une certaine visibilité.

Pour aller plus loin

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