Comment recevoir du public dans les jardins, qu’ils soient classés ou non ? Hephata a interrogé Marie-Françoise Mathiot-Mathon, propriétaire du Château et des jardins de La Ballue.

L’important à retenir dans cet article :

Marie-Françoise Mathiot-Mathon est une passionnée de l’art des jardins, qu’elle considère comme un véritable partage culturel. En effet, ces jardins sont lieu de rencontres : public, photographes, réalisateurs… Le spectacle est toujours renouvelé au fil du temps, des saisons, et des contacts. Elle aime communiquer sur ce lieu unique et aux univers différents, d’Alice aux Pays des Merveilles au jardin « zen japonais », en passant par la mise en scène du paysage à travers la vague d’ifs. Au vu de son site internet clair et épuré et du succès de ses jardins, nous avons interviewé Marie-Françoise qui se charge elle-même de la communication autour de son site.

Votre public

Quel type de public accueillez vous ? Comment fait-on venir des jeunes à visiter à jardin, de quoi faut-il parler ?

Pour apprécier les jardins, nul besoin d’être un érudit, une sensibilité prononcée pour l’esthétique et la poésie sont seuls nécessaires ! Nous accueillons un public varié, bien que davantage à partir de 40 ans, et nous avons une politique incitative pour les enfants grâce à la gratuité jusqu’à 10 ans. Quelques groupes de personnes handicapées viennent nous visiter, et nous sommes heureux de leurs apprendre des éléments pratiques. Mais, nous regrettons de ne pas pouvoir accueillir plus de jeunes publics parce qu’ils seraient très certainement sensibles à cet art si particulier du jardin…. 

Nous ne recevons pas beaucoup de jeunes, il s’agit alors d’étudiants en art, jardins, paysages, ou architecture. Il s’agit plutôt d’un public à partir de 35-40 ans, assez cultivés.
Nous sommes ouverts à l’international, avec plus de 50% d’étrangers qui louent des chambres et un tiers qui visitent les jardins.

Nous avons une problématique double : deux sites et deux activités différentes, celle de l’accueil des jardins et celle de l’hébergement. Il faut donc toujours être à la pointe. 

Pensez-vous qu’il s’agisse de l’art topiaire en particulier qui fascine les visiteurs ou bien l’ambiance générale du jardin ?

Les personnes ne connaissent pas forcément l’art topiaire, qui consiste en la taille des végétaux. Je pense donc que c’est plutôt l’ambiance du jardin qui est propice à la réflexion et à la quiétude, et qui attire les visiteurs. 

L’excès de fréquentation fait perdre de la sérénité au lieu. C’est pourquoi, je fais tout pour que les gens s’y sentent bien et comme chez eux. C’est, pour ainsi dire, un jardin de la liberté.

Votre communication

Comment communiquez-vous sur vos jardins ? Plutôt en face à face ou digital ? Comment fait-on connaître un jardin ?

En ce qui concerne le face à face, l’accueil est personnalisé : nous prenons le temps pour leur parler du domaine, leur présenter le jardin, leur remettre le document de visite… Nous sommes présents pour nos visiteurs.

Je suis très active en communication, ayant reçu une formation webmarketing. Mais je me fais quand même aider par une attachée de presse. J’entretiens des relations privilégiées avec la presse (journal Architectural Digest par exemple), la télévision (pour des reportages institutionnels…).

Je suis également en contact avec de nombreux photographes, tels que Yann Monel qui est le photographe du jardin et avec qui un livre a été réalisé Les Jardins de La Ballue.

La communication passe par plusieurs canaux :
– le papier (les dépliants touristiques par exemple) ;
– les réseaux sociaux. Je suis très présente sur les réseaux sociaux, comme Instagram(800 followers), Twitter, et Facebook (1500 likes qui ont fait monter les statistiques). On y poste les aventures du quotidien (tissus muraux, restauration des toitures…) mais aussi des articles, comme par exemple celui sur le tournage du film d’Anthonin Peretjatko ;
– les sites web. J’ai deux sites, un pour le château (Château de La Ballue) et un pour les jardins (avec word press, Jardins de La Ballue), qui sont en permanence actualisés et complétés.

Il faut toujours être présent un maximum sur la toile et également faire attention aux sites d’avis. Dans la communication digitale, il est aussi important de constituer :
– des mailings
– des fichiers (clients, partenaires et médias).

Pour que les gens aient envie de revenir, la base est de réussir à joindre tous ces éléments !

En plus de la communication à proprement parler, avez-vous d’autres moyens pour atteindre vos visiteurs potentiels ?

Il faut aussi du contact physique : une boutique, un salon de thé… Nous proposons aux visiteurs de laisser leurs coordonnées email pour être tenus au courant des évènements que nous organisons.

Il est important de nous adapter à notre public : aujourd’hui la communication est forcément bilingue, au moins en anglais.

Au début, ce qui a été important c’était de définir la marque et ainsi de relancer la communication. Nous avons créé une véritable identité La Ballue, avec une ligne graphique identique depuis le début, un logo…

L’animation de vos jardins fait-elle partie de votre communication ? Comment s’organise-t-elle ?

Nous faisons de nombreuses animations dans divers domaines : la musique (3-4 concerts par an), l’opéra, le théâtre, la danse…Par exemple, nous avions réalisé une animation « Pâques au pays des merveilles ». Il y avait un côté « fait maison » et un univers ludique (qui est évidemment un des rôles importants du jardin).

Le lieu a permis des rencontres extraordinaires dans beaucoup de domaines (cinéma, musique, danse…). Il est très ouvert à l’Art Contemporain et rend possible la découverte de choses inimaginables.

Un autre exemple : le festival de danse contemporaine Extension Sauvage, avec Lattifa Laabissi. Dans ce cas, le jardin devient une proposition scénographique pour les danseurs, et le lieu permet de dépasser ses propres limites. Le festival est important pour s’inscrire dans le territoire.

Les animations demandent beaucoup d’énergie mais tous ceux qui travaillent ici s’impliquent beaucoup. Nous nous établissons comme la vitrine d’un savoir-faire artisanal français : il est impératif d’éviter toute faute de goût ! 

Je suis très sollicitée car les évènements jardins sont importants et diversifiés. La clé est une bonne signalétique et surtout un travail de communication. Il faut être très réactif, et ne rater aucun article de presse.

Cherchez-vous à avoir des retours de vos visiteurs ? Si oui par quels moyens (sondages, commentaires…) ?

Le public est souvent heureux d’avoir pu visiter nos jardins, qui sont un lieu d’échange social. Nous bénéficions de nombreux retours car nous sommes très à l’écoute, d’abord en direct mais aussi à travers de multiples outils de suivi : que ce soit par mail, ou dans les commentaires de sites touristiques tels que TripAdvisor, Booking… Nous effectuons une vérification presque quotidienne de ces messages, cela nous permet de prendre en compte les avis des visiteurs et ainsi de toujours nous améliorer.

Avez-vous des labels, des partenariats ?

Il est très important de travailler sur les labels : par exemple, celui de Jardin Remarquableest renouvelé tous les cinq ans, il faut donc toujours rester au top !
C’est notre troisième renouvellement de ce label : nous en avons eu un en 2005, 2011-2012, et 2016.

Mais ce n’est pas tout : il faut rechercher d’autres labels. Par exemple, effectuer une démarche de labellisation Qualité Tourisme, accomplie avec les chambres de commerce. Ils sont très exigeants et pourtant il s’agit déjà de notre troisième ou quatrième renouvellement.

Outre les labels, les partenaires sont évidemment primordiaux, que ce soit en guides papiers (Le Routard, Le Petit Futé…) et les sites spécialisés.

De même, je suis entrée cette année dans l’association des Plus Beaux Jardins de France(avec Bruno Monnier à la direction).
Cette démarche de labelisation est lente, progressive car elle se pense en fonction de nos développements tout autant que de nos découvertes des nouveaux labels. Nous restons donc bien attentifs à « ce qui se fait ». 

Quels sont vos résultats ?

Nous avons environ 6500 à 7000 visiteurs par an. La communication autour des jardins est un travail indirect de communication qui sert à la notoriété de notre activité d’hébergement.

Nous avons aussi reçu le prix du tourisme numérique il y a 3 ans, un trophée du tourisme, le Prix Européen des Jardins… Ce dernier a permis des retombées presses incroyables ! Cela démontre au public que nous avons réussi à professionnaliser un lieu chaleureux, tout en restant unique et haut de gamme.

Quels conseils donneriez-vous à des propriétaires qui essaient de suivre la même voie que vous ? Comment recevoir du public dans les jardins classés ?

Il faut être très patient car les répercussions sont lentes sur le nombre d’entrées.
Le bouche à oreille est très important, et cela fonctionne très bien notamment grâce à la qualité.

Le nombre d’entreprises touristiques en Bretagne étant important, nous avons une disproportion entre le nombre de visiteurs et la reconnaissance médiatique : beaucoup de presse mais pas assez de public. Nous réfléchissons donc à d’autres axes de développement, comme par exemple ouvrir un restaurant. Cela reste compliqué car il est difficile de trouver du personnel dans la même dynamique…

Pour aller plus loin

Valoriser des espaces paysagers d’exception

Astuces pour l’entretien d’un jardin remarquable

Développer la médiation culturelle pour les jardins

Choisir les essences d’arbre de son parc

Transformer un parc en jardin remarquable. Hephata est allé à la rencontrer des propriétaires du château de la Ballue pour en savoir plus sur la valorisation des jardins.

L’important à retenir dans cet article :

Marie-Françoise Mathiot-Mathon est propriétaire du domaine de La Ballue depuis 2005. Ce lieu a notamment été choisi pour ses jardins : créés au 17e siècle d’une base classique, ils sont refaits en 1973 par la précédente propriétaire Claude Artaud et deux architectes, François Hébert Stevens (neveu de l’architecte Robert Mallet-Stevens ; passionné du nombre d’or et ayant reçu un prix de littérature pour son ouvrage « L’art ancien de l’Amérique du sud ») et Paul Maymont (architecte utopique futuriste). 
Le jardin s’appuie sur des règles de l’architecture classique tout en s’approchant d’un mouvement avant gardiste. 

Classés monument historique en 1998, les jardins ont évolué au fil du temps et ont fait l’objet de restaurations successives. Mme Mathiot-Mathon et son mari, passionnés de jardins et de patrimoine, ont acquis La Ballue et ont poursuivi cette démarche de restauration et d’entretien. Elle a eu en particulier une démarche de gestion de la lumière et du volume de l’espace arboré et a travaillé en collaboration avec des arboristes : « travailler au jardin est essentiel à l’équilibre d’être humain, la qualité de vie est très améliorée ».

 LA RESTAURATION

Qu’est ce qui vous a donné cette envie de restaurer et de conserver ces jardins ?

Je souhaitais avant tout « emmener La Ballue vers demain ». En effet, dans les jardins, il y a un caractère évolutif, la fois vivant et fragile. Il faut garder à l’esprit qu’il n’y a jamais rien d’acquis dans un jardin.

Cela a été un vrai choix : nous arrivions d’un autre château, avec des connaissances préalables, et nous devions nous installer en Bretagne. 

Mon mari et moi même faisions un nouveau métier, des chambres d’hôtes, et nous avions donc des exigences sur la demeure et son environnement. Bien sûr, les jardins étaient un complément indispensable de la maison. Nous souhaitions une demeure historique, et la très belle harmonie entre l’architecture du château et le jardin a provoqué un véritable choc lorsque nous avons visité La Ballue.

Le Château sépare deux univers entre la cour vers le monde extérieur, et le jardin vers un monde intérieur et chaleureux. Nous voulions redonner vie à cet endroit, et ma famille m’a aidé à insuffler ce nouveau souffle.

Avez vous retrouvé des archives et des documents pour ainsi reproduire la disposition et les formes du jardin ?

Nous n’avons pas retrouvé de réelles archives sur les jardins du 17e siècle, mais nous avions le plan du nouveau jardin réalisé en 1973 par Claude Arthaud.

Comment s’est passée la restauration ? Quelles furent les premières étapes ? Combien de temps cela a t’il pris ?

J’ai effectué une analyse du jardin avec des spécialistes architectes à la DRAC et des arboristes. Il s’agissait de respecter l’oeuvre, tout en y prêtant des désordres et des anomalies afin de le renouveler dans le même temps. J’ai aussi créé le jardin des douves.

Le jardin a été refait par Claude Arthaud et j’y ai rajouté quelques éléments. Il est, en soi, en restauration permanente puisqu’il faut l’entretenir quotidiennement.

Nous avons donc réussi à améliorer la qualité de présentation, l’entretien du jardin…

Ce n’était pas toujours simple puisque le remplacement des végétaux vieillissants ou malades nécessitait de prendre déjà des végétaux très présents, de grandes tailles pour les remplacer, le jardin étant déjà mature. Par exemple, nous avons effectué la replantation de certaines chambres de verdure tel que le bosquet à attrape.

Un autre exemple de restauration est celle de la marquise de l’allée des tilleuls : tous les ans, la taille doit être entretenue. Il faut donc savoir « conduire », c’est à dire plier ou couper la bonne branche afin d’avoir la forme voulue. Cette technique d’arboristes est assez expérimentale et risquée à la fois. Mais le jeu en a valu la chandelle !

En quoi est-ce que la restauration des jardins allait de pair avec celle du château (axes définis…) ?

Le jardin est complètement lié au château. Dès 1615, le château est pensé avec des terrasses comprenant des jardins à la française, un verger et un potager. La disposition du jardin baroque italien s’inscrit dans le paysage en continuité de la maison. On peut d’ailleurs voir cette liaison dans la salle à manger : le plafond à caisson représente comme un plan des jardins qui y font face.

Qu’est-ce exactement que l’art topiaire ?

Il s’agit de tailler les végétaux pour leur donner des formes très variées. Ici, ce sont des topiaires à l’italienne, fantaisistes, extravagantes.

Avez-vous un ou des jardiniers en particulier ? Est-ce difficile d’en trouver pour conserver l’art topiaire ? Combien de fois par semaine, par mois ou par an faut-il les entretenir ?

Nous avons trois à cinq jardiniers tous les jours et un spécialiste en art topiaire. Il vient nous aider en supplément au moment de la taille, qui se réalise de juin à octobre tous les ans. En outre, les interventions sur les arbres sont réalisées par des arboristes grimpeurs, à chaque hiver.

Trouver des professionnels est devenu une problématique récurrente, car le métier de jardinier semble être dévalorisé. Nous n’avons pas les mêmes jardiniers chaque année, c’est pourquoi c’est compliqué et nous essayons de nombreuses choses.

Le problème pour trouver ces compétences c’est que souvent, soit les jardiniers sont très performants mais ne veulent pas vivre en milieu rural, soit ce sont des personnes locales moins qualifiées qu’il faudra former.

Organisez-vous des évènements dans vos jardins ?

Tout à fait, nous avons deux sortes d’évènements :
– le jardin pur, le végétal avec des week-ends de démonstration de l’art de la taille (art topiaire), et la taille des rosiers (depuis 2 ans).
– le culturel avec la danse, la musique…

Je suis souvent partagée entre l’intérêt d’animer le jardin mais aussi de le faire vivre autrement. C’est un lieu serein pour la visite et ces évènements doivent rester de simples moments précieux dans l’année.

Quelles sont les difficultés de la restauration d’un jardin remarquable ?

Dans la restauration, les difficultés habituelles sont surtout : 
– la fragilité du lieu, 
– le coût, 
– les collaborateurs.

Ce qui est le plus ardu, ce sont évidemment les coûts. Ils incorporent la masse salariale (les jardiniers, grimpeurs…), les équipements (quand je suis arrivée il n’y avait rien), les végétaux… Le financement privé est assez conséquent ! 

Avez-vous des conseils à donner à des propriétaires concernant la restauration de jardins ?

Un conseil en restauration : il faut savoir s’entourer des bonnes personnes. Il est bon aussi d’avoir des objectifs de long terme. Etre passionné, déterminé, courageux et entier pour y arriver !

Pour aller plus loin :

Interdiction du glyphosate pour les jardins historiques

Gérer et optimiser son domaine forestier

Prix et financements du patrimoine jardinier et paysager

Jardins d’Histoire, restauration et réhabilitation de Parcs et Jardins historiques

Jardin Patrimoine, restauration et création de parcs et jardins

Mérules et champignons : comment lutter contre et s’en prémunir dans un château ?

L’important à retenir dans cet article :

 – Les bons réflexes à avoir pour se prémunir de la moisissure
– Un outil révolutionnaire pour lutter efficacement contre les champignons
– Les différentes méthodes de traitement d’une moisissure déjà présente

Contexte

L’INSEE estime le parc immobilier français à 34 millions de logements. Selon lui, 1/3 serait affecté soit par des problèmes d’humidité, de luminosité, ou de de chauffage, et donc potentiellement par des problèmes de champignons.
Dans les châteaux en particulier, la moisissure et les champignons ont tendance à facilement se propager. Ils se constituent souvent dans les milieux humides, sombres, non chauffés, ainsi que sur les matériaux constitués de matières organiques tels que le bois, les tapisseries, les tuiles, etc. 
Leur propagation peut être extrêmement rapide selon les situations et parfois catastrophique. Les conséquences peuvent être matérielles, mais également sanitaires et à l’origine d’allergies humaines.
Un champignon est de la moisissure en stade précoce. C’est à ce moment-là qu’il faudrait agir rapidement, et plus encore à mesure qu’évolue la moisissure. Comme toujours, il vaut mieux prévenir que guérir

Les causes de la moisissure : un fléau lié à l’humidité

Il est donc impératif de trouver la cause de l’humidité si l’on ne veut pas que la moisissure et les champignons reviennent continuellement.
L’humidité peut être due à plusieurs facteurs : une maison en partie enterrée ou entourée de douves, une fuite d’eau, une mauvaise isolation, une mauvaise aération, etc. On parle alors de désordre thermo-hydrique.
Il existe plusieurs types de champignons intérieurs, qui se forment en se nourrissant de matières organiques. 
Le mérule : c’est le plus connu. On l’appelle aussi champignons des maisons. Il désigne plusieurs espèces de champignons qui se nourrissent de bois humides.
La salpêtre : ce n’est pas un champignon, mais il existe aussi. Il provient de remontées capillaires associées à une mauvaise ventilation.

Mérule

Détecter et prévenir la moisissure

Il y a des signes qui ne trompent pas et qu’il faut savoir détecter rapidement pour adapter au mieux le traitement. Plus vous détecterez tôt ces signes et moins les dégâts seront importants : papier peint qui se décolle, dégradation des plâtres et enduits qui s’effritent, revêtement de sol qui pourrit, auréoles, cloques, et bien sûr petits champignons.

Les outils utilisés par des professionnels
Il existe des outils qui permettent de mesurer l’humidité : thermo hygromètre, analyses chimiques.

Les méthodes pour anticiper la formation de moisissure
En connaissance des causes de leur développement, les experts conseillent de : 
Vérifier l’isolation, notamment celle en contact avec le sol (Voir article isolation), 
Chauffer correctement l’intérieur de manière à garder une température stable autour de 20°C, et de l’aérer régulièrement, au moins une fois par jour, le matin par exemple,
Ne pas laisser des espaces trop sombres, en laissant les portes ouvertes par exemple,
Ne pas stocker du bois ou du carton dans des milieux humides
Traiter le bois, les murs, et vérifier que les évacuations d’eau telles que les gouttières, les caniveaux, etc. ne sont pas encombrées (feuilles mortes, mousses).

Le bio-détecteur fongique, un outil permettant de voir la moisissure avant qu’elle ne soit vue

Conçu par le CSTB (Centre Scientifique et Technique du Bâtiment), cette balise de surveillance et de diagnostic permet à son utilisateur de détecter la présence de mérule et de moisissures à un stade très précoce alors même que l’œil nu ne peut pas les voir.
Le salon Pollutec de 2014 a primé le biodétecteur fongique Technique Innovante pour l’Environnement . Par sa technologie et son innovation, il participe à la sauvegarde des constructions, à la bonne conservation de notre patrimoine culturel, mais aussi, et c’est important de le souligner, à la santé des occupants des lieux.

En plus d’être très utile, ce détecteur est aussi très simple d’utilisation. Il suffit de l’installer dans l’environnement que l’on souhaite surveiller. Il se chargera ensuite lui-même de collecter et d’analyser en temps réel les informations qu’il collecte. 
En cas de risque de développement champignonneux, le détecteur fongique donne une alerte et il est alors possible d’intervenir dans les meilleurs délais pour mettre un terme à la prolifération de la moisissure. 
Bioguess, filiale du CSTB, propose désormais l’ensemble du dispositif de surveillance et de diagnostic des aéro-contaminants de l’air intérieur pour…780€ par mois. Le prix est malheureusement très élevé. A vous de voir si l’investissement en vaut la peine.
Mais alors comment faire pour lutter contre la moisissure déjà présente ?

Lutter contre la moisissure déjà présente ; des outils pour l’assèchement forcé de la zone contaminée

Quel que soit le type de moisissure déjà présente, l’origine reste la même, l’humidité. Il faut alors procéder à un assèchement forcé de la zone contaminée. Pour cela vous pouvez utiliser un déshydrateur ou un déshumidificateur, trouvable un peu partout pour des prix variants entre 100 et 600 € (Darty, etc.)

Les traitements supplémentaires
Une fois le support asséché, il faut procéder à un traitement supplémentaire, qui varie en fonction du type de champignons. Le mieux est de faire appel à un professionnel spécialisé dans les problèmes d’humidité. Seul un professionnel sera capable de vous conseiller au mieux sur les traitements adaptés à votre problème pour l’éliminer durablement.
On vous donne néanmoins quelques astuces qui vous permettront d’agir le plus rapidement possible.
Mérule : il existe des traitements chimiques assez complexes (reportez-vous au Pour aller plus loin…). 
Le traitement par air chaud est très efficace et consiste en la hausse de la température de la pièce infectée à une cinquantaine de degrés pendant plusieurs heures. Le mérule ne supporte pas les chaleurs extrêmes.
Attention : Ne grattez pas le mérule ou n’essayez pas de le tuer à l’eau de javel, vous ne ferez qu’accélérer le développement du champignon.

Salpêtre : dépôt blanchâtre généralement situé à la base des murs intérieurs à cause de problèmes de remontées capillaires. Il faut complètement retirer les enduits contaminés par le salpêtre. Ils sont définitivement corrompus.

Salpêtre

Prévenir plutôt que guérir

Il est important de bien régler tous les problèmes à leur source car la mesure de l’humidité n’est pas uniquement corrélée à la croissance de moisissures. Ces dernières ont également besoin d’eau liquide pour se développer.
Vous l’aurez compris, avant toute chose il vous faut corriger vos problèmes généraux d’humidité sinon tous vos efforts seront vains. Améliorez également votre ventilation intérieure, réglez vos problèmes de remontées capillaires, procédez éventuellement à des traitements de surface avec des enduits anti humidité.
Et petit conseil supplémentaire, prêtez une attention particulière à vos gouttières (parfois encastrées dans la maçonnerie), souvent à l’origine d’une infiltration d’eau.  
Désormais vous le savez, il faut prévenir plutôt que guérir. Vous serez plus tranquille et la tâche n’en sera que plus simple.

Pour aller plus loin

Un festival pour contrer la mérule

Restaurer un château et sa chapelle : la méthode

Comment améliorer la visibilité d’un monument ? Hephata se penche sur la question de la signalétique extérieure.

L’important à retenir dans cet article :

 – La définition de la signalétique
– Une bonne signalétique doit être simple et efficace
– La marche à suivre pour la réaliser

 « A bien interpréter des signaux certains gagnent leur vie. A mal interpréter des signaux la plupart la perdent » – Daniel Desbiens.


De nombreux lieux culturels et historiques n’ont pas assez d’indications et de directions claires pour que le public vienne facilement. Les personnes peuvent donc se tromper de route ou ne pas la comprendre, et perdre du temps voire renoncer à venir.

Pour éviter cela, il est alors judicieux de penser en termes de signalétique : cela regroupe l’ensemble des signaux destinés à informer, diriger ou avertir dans les bâtiments, sur les routes, les chemins de fer, en mer… 

En effet, une meilleure signalisation de l’endroit, que ce soit en voiture ou en vélo par exemple, permet au public d’arriver facilement à destination, et de garder ainsi une première image positive du lieu. Il est possible de réfléchir à des solutions stratégiques afin que le trajet soit clair et le plus simple possible pour le public.

1. La réalisation d’une signalétique efficace et simple

Après avoir précédemment défini ce qu’était qu’une signalétique, nous vous présentons une méthode pour réaliser une signalisation efficiente, selon L’Instruction Interministérielle sur la signalisation routière et HandiNorme. Cette méthode est constituée en 3 étapes.

Les supports

Tout d’abord, il faut penser au type de panneau dont vous allez avoir besoin. Celui ci se décline sur plusieurs critères :
– La forme : flèche, rectangle, carré…
– La couleur : marron, vert, noir…
– Les dimensions : petit, moyen, grand…
– La matière : carton, métal, bois…
Par exemple : Un panneau rectangulaire en bois peint en rouge, un panneau d’autoroute simple avec le nom du lieu, une affiche proche du lieu indiquant le temps « à 5 min du magasin X à gauche »…
Attention : les formes et les couleurs des panneaux peuvent avoir des significations selon les codes auxquels vous êtes soumis. Pour cela, se référer au site : Catalogue des signaux routiers.

Les emplacements

Ensuite, il faut réfléchir au lieu :
– Le type de route où est implanté le panneau : route nationale / départementale, autoroute, chemins de terre / piétonnier, cycliste…
– L’endroit : Devant le domaine, en centre ville, en face du métro, à 1h30… Il faut que ce soit des emplacements stratégiques, que ce soit par rapport aux transports (gare, métro), qu’aux routes (croisements, directions…).
Par exemple : Panneau placé au croisement entre deux villes, et non au milieu d’une route droite sans possibilité de déplacements autres…
Attention : on ne peut pas faire n’importe quoi ! Il faut respecter les règles de l’art.

Travailler la visibilité

Enfin, il faut une bonne lisibilité pour attirer l’oeil du potentiel public. Cette lisibilité dépend de plusieurs critères :
– La visibilité : la hauteur du panneau, le lieu de placement (forêt, ville…)…
A éviter : panneau caché par des branches/feuilles, par des passants en zone piétonne, panneau trop bas pour que l’on puisse le voir de loin…
– La compréhension : utilisation d’un pictogramme normalisé (que tout le monde connait) si besoin, code couleur homogène sur tous les panneaux…
Exemple : emblème Monument Historique, symbole handicapé, restauration…
– La luminosité : panneau qui doit se voir aussi bien le jour que la nuit, pendant des intempéries (pluie, neige…)… Il faut alors utiliser des panneaux rétro-réfléchissants.
– La typographie : la disposition des caractères, les dimensions, le type de caractères (l’utilisation d’une police standard est préconisée), leur lisibilité (contraste entre les couleurs)…
Contre-exemple : écriture illisible.

Exemple en images :

EXEMPLE À NE PAS SUIVRE (Source : Journal 20 Minutes) : 

Le plus important à retenir dans ce point est donc qu’il est nécessaire d’installer des panneaux à des endroits stratégiques, cohérents et qu’ils soient bien lisibles et clairs.

Il est nécessaire également que vos indications soient homogènes (mêmes couleurs, tailles, contenus…) afin de ne pas perdre le public.

2. La marche à suivre pour installer une bonne signalétique

Une fois que vous avez réfléchi à la meilleure manière d’avoir une signalisation efficace et lisible, il faut donc tenir compte des aspects extérieurs qui entrent en jeu. En effet, de nombreuses conditions sont à respecter pour installer sa propre signalétique.

La cohérence du fléchage

En premier lieu, installer sa signalétique signifie la bonne implantation de vos panneaux à l’extérieur. Pour cela, il faut veiller au suivi du fléchage mais aussi de vos panneaux :
– Le positionnement : ne pas trop espacer les panneaux, optimiser le parcours (qu’il soit le plus simple possible)…
– L’orientation : indiquer correctement la direction. Il convient alors d’éviter les flèches qui indiquent des directions opposées.
– Le placement : endroits stratégiques et points de décisions (croisements…), de manière logique…

La réglementation

Ensuite il faut faire très attention à la réglementation ! En effet, pour les panneaux dits officiels, tels que les panneaux de routes par exemple, il y a des conditions précises à respecter :
– La densité : lourd, léger, quel type de matériau…
– Les dimensions du panneau
– Les supports des signaux : murs, mât, potence…
– La hauteur du panneau au niveau du sol : diffère selon une implantation en ville, en campagne…
– L’environnement : sur une route, près d’un lieu protégé, en centre-ville…

Cela nécessite par conséquent une autorisation de la Mairie de la commune, et vous devez faire une demande écrite au préalable. S’il accepte, il vous indiquera le nombre délimité de panneaux que vous pourrez installer, ainsi que les emplacements possibles selon vos requêtes. Vous pouvez trouver davantage d’indications ainsi que le formulaire dans le lien suivant : Service public pour les droits des panneaux.

Le prix

Prenez aussi en compte le prix : cela peut coûter plus ou moins cher (suivant toujours les mêmes caractéristiques, le type de panneaux, le nombre, le lieu…), mais c’est un investissement qui vaut souvent la peine puisqu’il participe à la communication touristique de votre monument. 

Les partenariats

Il est aussi possible de créer des partenariats avec différentes institutions comme la Mairie de votre ville / commune, la DRAC de votre région, les offices de tourisme les plus proches (ville, département, région)… Ainsi, les autorisations seront plus simples à obtenir, et vous pourrez avoir peut être une aide financière pour l’installation des panneaux.

Les alternatives ou les compléments

Si vous n’avez pas obtenu les autorisations nécessaires ou que vous n’avez pas les moyens financiers ou techniques d’implanter une signalétique en « dur », nous vous invitons à opter pour d’autres formes de communications ( flyers, affiches, plaquettes…). Pour en savoir plus nous vous invitons aussi à lire notre article sur le sujet.

3. Conclusion

Il n’est pas si compliqué de réaliser une signalétique efficace. En effet, il suffit de faire preuve de logique (suivi du fléchage, choix stratégiques des placements de panneaux..) et de simplicité (lisibilité, homogénéité..) tout en respectant scrupuleusement les règlementations en vigueur. Dans tous les cas, et pour être surs de vous, vous avez toujours la possibilité de créer des partenariats avec les établissements touristiques et les collectivités territoriales à proximité.

Pour aller plus loin :

Acheter de la signalisation

Comment améliorer la visibilité d’un monument ?

Signalétique et orientation du public dans un monument

Foncières éthiques et gestion de monuments historiques. Nous avons rencontré Margaux Mantel, gestionnaire du Château de Nanterre.

L’important à retenir dans cet article :

ETIC est une société foncière « responsable » qui rénove des bâtiments à haute performance environnementale. 

Son but est de créer de véritables sites hébergeant des activités sociales, « environnementalement » positives, et d’accueillir des « projets qui vont dans le sens d’une société épanouie ». 

Il y a sept centres ETIC en France. Parmi, eux, le Château de Nanterre, inscrit Monument Historique. Depuis 2010-2011, il s’est ouvert à des entreprises qui s’y sont installées.

Le modèle développé par ETIC est novateur. Les entreprises foncières n’osent pas s’intéresser aux monuments historiques en raison de la complexité de gestion de tels immeubles d’exception.

Et pourtant, ETIC a relevé le défi, avec brio ! Nous vous invitons à découvrir leur modèle économique.

LE PROJET ETIC

Margaux Mantel nous raconte comment ETIC fait revivre le château de Nanterre.

Quel est le projet d’ETIC pour le Château de Nanterre ?

Le projet d’ETIC est de rénover des friches industrielles afin de créer un impact environnemental et sociétal positif. Le Château de Nanterre est en réalité une usine, construite en 1901. C’est un bâtiment historique inscrit et le nom de « château » a été attribué par un collectif d’artistes. 

Il s’agit d’immobilier. Concrètement, nous préparons et mettons ces bâtiments à disposition des « acteurs positifs » de l’Economie Sociale et Solidaire. Nous agissons donc comme un gestionnaire de lieu commercialisé, au service d’acteurs utiles et éthiques.

Notre façon de gérer ces espaces est simple : nous accueillons des associations et des entreprises et proposons des bureaux à des loyers modérés, afin qu’elles se développent dans de bonnes conditions. Selon leurs besoins et leurs problématiques, elles peuvent échanger et partager ensemble. 

Notre fonctionnement a le mérite de créer de véritables « éco-systèmes » pour ces acteurs, qui cherchent non seulement des espaces de travail, mais aussi des espaces de rencontre.

Quels acteurs de l’économie sociale et solidaire (ESS) faites-vous venir chez vous ?

Ils ont tous un ou plusieurs points communs. D’ailleurs, c’est peut-être un argument qui les attire chez nous, en plus de l’esthétique des lieux. Nous faisons venir des associations et des entreprises sociales qui ont un impact positif sur l’environnement et qui partagent la même charte de valeur (Ethical Property).

Les critères de cette charte sont assez pratiques. Ils représentent à la fois ce à quoi ETIC s’engage et ce que nous cherchons chez nos locataires. Nous souhaitons accueillir des acteurs complémentaires, afin de les aider au mieux à « aller dans le bon sens », grâce à une « bonne » influence. Tous les secteurs et tous les types de profils, tant que les entreprises et associations partagent une certaine logique propre à l’ESS (lucrativité limitée, gouvernance partagée…) sont donc visés. Nous trouvons ainsi des entreprises telles que WWF, Terre de Liens, UCPA ou bien des agences paysagères… La finalité de ces organisation est commune : l’intérêt général.

Quels sont les modèles contractuels utilisés (contrat de bail pour la location ? Convention d’occupation ? Prestation de services pour le co-working ? Autre chose… ?)

Nous sommes très flexibles pour nous adapter au mieux aux besoins de nos occupants. De ce fait, nous proposons plusieurs types de modèles contractuels :

– Des contrats de bail traditionnels pour les locations, qui supposent des loyers, des charges et l’intégration de clauses spécifiques (pour le préavis par exemple). Celles-ci peuvent différer selon les entreprises. Par exemple, nous proposons un préavis de 4 mois pour le plus grand bureau – ce qui reste court et permet à l’occupant de se retourner facilement – et parfois moins pour les plus petits bureaux.
– Des contrats de prestation de services pour les entrepreneurs, entreprises et autres personnes qui souhaitent utiliser les espaces de co-working.
– Des conventions de mise à disposition des espaces (pour le potager notamment). Le potager est mis à disposition d’une association qui travaille autour de la réinsertion en même temps que sur la perma-culture. Nous l’avons rendu volontairement flexible ! 

Pour nous, cette flexibilité contractuelle est assez simple à mettre en place. Nous sommes une jeune entreprise, encore adaptable (ETIC a moins de 20 salariés) et il est toujours possible d’innover.

Comment faites-vous pour attirer des entreprises chez vous ? Quelle est votre façon de communiquer ? 

En réalité, le centre est déjà pré-rempli avant d’ouvrir, car le développement se fait en lien avec des personnes sur place, qui cherchent des locaux. Ce qui attire les entreprises, c’est notre manière de faire et notre cohérence du début à la fin.

Nous réalisons une commercialisation dite « classique ». C’est-à-dire que nous sollicitons les différents acteurs du territoire pour communiquer largement sur notre disponibilité d’espaces en plus de notre communication propre (via la presse, des portes ouvertes…).

Attention : nous proposons des services dédiés à des acteurs spécifiques, qui veulent répondre à un besoin du territoire. Pour atteindre ces acteurs, une communication bien ciblée est nécessaire ainsi qu’un bon réseau. A ce sujet, au préalable, des études de territoire peuvent être lancées, en lien avec les associations locales, les centres sociaux…

Qu’est-ce qui intéresse les entreprises dans la location d’un château ? Autrement dit, le « château » : est-ce un argument majeur?

Pour rappel, même s’il s’agit d’un bâtiment historique inscrit, ce n’est pas un château mais une usine datant de 1901, magnifique et en pierres rouges ! Il est difficile d’aller à contrecourant et de dire qu’il ne s’agit pas vraiment d’un château, nous devons alors effectuer un lourd travail de communication. 

Le nom est à double tranchant : il y a ceux qui veulent louer parce que « un château c’est classe ! » et, au contraire, ceux qui pensent que « c’est snob» . In fine, les acteurs restent généralement charmés par le cadre exceptionnel, le beau bâtiment, les jardins… et, nous sommes heureux d’offrir aux associations qui n’ont pas les moyens la « vie de château ! ».

Accueillez-vous beaucoup d’organisations ? Quelle est votre gestion sur place ?

Nous accueillons actuellement environ 10 à 15 organisations, soit une cinquantaine de personnes, sachant que nos espaces peuvent compter jusqu’à 120 postes.

ETIC place un(e) référent(e) sur place pour s’occuper des aspects administratifs et de la « gestion locative ». Il ne s’agit pas d’un rôle d’accompagnement ou d’animation, mais plutôt d’un rôle de « facilitateur » qui organise la mise en relation des occupants au jour-le-jour, qui est attentif à chaque locataire afin qu’il s’approprie les espaces…

Tous les trois mois, nous réalisons un « comité de résidents », avec des discussions sur les aspects techniques, pratiques…

En tant que référente, je travaille seule sur place mais je peux obtenir de l’aide de la part du siège de la société en cas de besoins, auprès des responsables juridiques, financiers…

Avez-vous des problématiques de gestion liées au partage d’espaces ?

Ce sont des espaces dits « mutualisés » (réunions, espaces de détente…). Parfois, quelques problèmes de médiation, d’aménagement ou d’entente entre locataires peuvent jaillir, mais ces problématiques restent rares.

Comment avez-vous financé les réhabilitations ? Les futurs locataires sont-ils « parties prenantes » ?

L’actionnariat de ETIC
ETIC est une SAS solidaire. À entreprise « solidaire » actionnariat solidaire ! Le capital de la société se situe entre 3 et 4 millions d’euros, et il y a eu une levée de fonds complémentaire au niveau de la société lors du développement du centre de Nanterre.

Des personnes privées ou morales peuvent acheter des parts, mais celles-ci doivent répondre (elles aussi) à certains critères, notamment sociaux. Toutes les organisations qui souhaitent participer ne peuvent pas être acceptées…

Les associés de la Société Civile et Immobilière du Château de Nanterre
Le montant des travaux a atteint 4,7 millions d’euros. 

Nous avons une vision à long terme et solidaire, différente du modèle d’immobilier classique.
D’abord parce que l’actionnariat est « solidaire ». Ensuite, parce qu’il s’engage sur une période de 50 ans minimum avec des clauses anti-spéculatives. Il est composé de personnes qui acceptent d’être rémunérées en-dessous de l’immobilier classique pour investir dans un projet « socialement fort ». 

Les associés sont des fonds privés et des fonds d’investissements. La composition du capital doit être en cohérence avec les acteurs occupants les lieux. Globalement, nous restons indépendants des pouvoirs publics sauf de la Caisse des Dépôts qui est l’un des partenaires historiques de l’entreprise, mais seulement pour l’amorçage du projet.

Le modèle économique qui nous permet d’attirer les fonds pour le château est différent de l’immobilier classique
Notre modèle économique est « assez tendu » et il s’agit donc de faire « certaines économies ». Mais, cela ne l’empêche pas d’être stable. Il repose sur des loyers très bas pour des organisations qui ont peu d’argent. Les marges des loyers sont extrêmement faibles. Cela nous permet de participer à leur amorçage et leur développement. Les exigences de rentabilité sont plus faibles que traditionnellement. 
Mais, nos fonds s’engagent à très long terme. Cela permet de reculer dans le temps le seuil de rentabilité à atteindre, sans l’abaisser ! 

Comment rémunérez-vous les espaces (loyer fixe ? % de chiffres d’affaires ?…) ?

Pour le moment, nous « gagnons » peu d’argent. La rentabilité sera atteinte dans le long terme puisqu’il s’agit d’un investissement « à long terme ». 

Néanmoins, nous avons acquis une expérience autour du développement de projets similaires. Nous avons 4 à 5 sollicitations par semaine provenant de collectifs d’acteurs en phase de développement sur le même type de projets, pour apporter notre expertise sur le montage juridique, financier, les partenariats, le budget… Nous leur apportons donc notre expertise sur 2 phases importantes :
– celle de montage du projet (conseil, AMO), et
– celle de gestionnaire de centre.

Notre prestation a un coût faible, car là encore, nous demeurons dans une certaine logique éthique.

Pourquoi avez-vous choisi un tel modèle ?

Au départ, nous avons constaté que certaines personnes faisaient des choses merveilleuses pour notre société, en terme de santé, d’environnement… mais que ces personnes n’étaient pas ou très peu aidées.

Ces acteurs, à but généralement non lucratif, font avancer notre société ! Et pourtant, ils peinent à avoir accès à des locaux et à des services de qualité.

Le lieu dans lequel nous nous trouvons pour travailler a un impact important, et il ne faut pas le négliger afin d’oeuvrer dans de bonnes conditions ! C’est ce que ETIC propose. 

Pour diminuer leurs frais au maximum, nous travaillons donc à mutualiser les services et une multitude de « petites choses » qui permettent un moindre entretien, un moindre gaspillage… 

Ainsi, réunir des organisations ensemble permet d’avoir un impact encore plus fort… ! 

Foncières éthiques et gestion de monuments historiques. Vous savez désormais de quoi il retourne grâce aux explications de Margaux Mantel, gestionnaire du Château de Nanterre.

Conclusion

Pour créer un tel modèle, il faut :
– Construire une charte pour accueillir des acteurs au sein des mêmes espaces et rester centré sur un objectif commun. A chacun de l’inventer en lien avec des acteurs – si possible – locaux.
– Ne pas avoir peur de l’innovation contractuelle… mais bien se faire entourer de cabinets d’avocats spécialisés pour ne pas tomber dans de graves écueils.
– Mettre en place une gestion sur place dédiée et s’outiller correctement pour accueillir, animer et accompagner les acteurs sur place (assurances, outils partagés, espaces communs…)
– Communiquer largement ! 
– Se faire conseiller par ETIC en personne ? 

Pour aller plus loin

Comment choisir ses outils de gestion hôtelière ?

Gérer et optimiser son domaine forestier

Comment gérer un château aux allures de village ?

Les outils de gestion d’un château hôtel ou comment développer une offre d’hébergement ?

L’important à retenir dans cet article :

Quels sont les outils de gestion d’un château hôtel ? Autrement dit, comment développer une offre d’hébergement ? Colas Guyonnaud, fondateur de Châteaux Expériences est gestionnaire de la marque Rêve de Châteaux, créée par les VMF. C’est un entrepreneur hors du commun. Depuis près de 7 ans, Colas développe une vision du marché du patrimoine privé innovante et invite à penser autrement la façon de gérer des activités d’accueil, depuis la façon de communiquer, jusqu’à la façon d’accueillir ses visiteurs…

C’est autour des outils déployés par les deux sociétés que Colas s’exprime, apportant une motivation ambitieuse à tous les propriétaires qui se risqueront à la lire.

Quelle est ton activité ?

Pour résumer, Châteaux Expériences c’est du « clé-en-main », le propriétaire « ne fait rien » et nos équipes s’occupent de toute la gestion d’accueil de publics, de A-à-Z (chambres d’hôtes, séminaires, locations saisonnières, mariages).

 Rêve de Châteaux est un outil, c’est une plateforme, qui permet aux propriétaires de gérer eux-mêmes leurs activités (séminaires, visites, mariages…) en communiquant sur ces dernières et gérant directement leurs réservations, leurs paiements, etc.

Avec Châteaux Expériences, notre activité initiale, nous gérons des châteaux pour le compte des propriétaires. Les propriétaires interviennent rarement, ils nous font confiance. 
Nos actions : 
– En amont, nous pouvons les conseiller sur les activités qu’ils peuvent développer dans leurs châteaux, mais aussi sur la façon de les promouvoir.
– Puis, nous gérons les réservations de A-à-Z… Très concrètement, il s’agit presque de services de « conciergerie ». Nous sommes rapidement opérationnels pour les réservations, les paiements, les contrats, la gestion des informations de dernière minute et l’accueil sur place…
– Enfin, nous pouvons aussi les accompagner dans le recrutement et la formation de l’intendant, c’est-à-dire la personne sur place qui accueille les gens. Nous pouvons également réaliser des sites internet pour des châteaux ou les améliorer.

Finalement, sur quel périmètre d’activités te considères-tu (distribution, communication, entretien…) ?

Comme nous nous occupons des activités de séjours, de chambres d’hôtes, de locations, de privatisations de châteaux, nous nous devons d’être présents sur tous les périmètres d’activité de la chaine de valeur, depuis la distribution à la communication en passant le calendrier, la gestion des espaces…

Comment es-tu organisé sur chaque activité ?

La communication
Pour la communication, nous distribuons d’abord sur les sites de Châteaux Expériences et de Rêve de Châteaux puis sur certains canaux pertinents comme d’autres plateformes : soit connues (Airbnb) soit celles des partenaires (Wedding Planner…).
Mais nous avons peu d’activités sur les réseaux sociaux, car pour 3000 personnes qui utilisent la plateforme, il y a seulement 300 followers Facebook par exemple !

La gestion des réservations
Ensuite, il y a un processus de négociation, avec des échanges téléphoniques ou de mails, et une gestion des réservations. Cette fonction de conciergerie et de services prend du temps. Il faut aussi être présent s’il y a un problème pendant le séjour et nous nous renseignons si cela s’est bien passé.

A la fin, nous les conseillons d’en parler autour d’eux, sur de multiples canaux. Il s’agit d’un certain nombre d’actions menées toujours en relation avec le propriétaire.

Les services complémentaires de distribution aux propriétaires
Par ailleurs, le fait de récupérer la gestion de Rêve de Châteaux a pour objectif d’apporter des outils aux châtelains afin qu’ils puissent tout gérer eux mêmes à travers la plateforme.
L’objectif est d’avoir un canal puissant. Le fait de rassembler tout le monde sur un seul site favorise la visibilité de chacun. 
C’est une logique nouvelle que nous proposons. En effet, sur le marché des châteaux, tous les logiciels de gestion sont séparés par activité (chambres d’hôtes, mariages…). Nous voulons instaurer un système avec un calendrier par produit que le propriétaire veut vendre et un calendrier pour synchroniser le tout.

Quels outils utilisez-vous pour gérer chacune de vos activités (distribution, communication, gestion des espaces, calendrier, trésorerie, gestion RH…) ?

La distribution
Nous utilisons Rêve de Château, les sites des châteaux et l’ensemble des sites et plateforme existantes (Airbnb, Booking, etc). Mais ces dernières ne sont généralement pas appropriées aux propositions des propriétaires de châteaux ou de manoirs : les montants ne sont pas comparables, les prestations attendues sont plus importantes…

Les réservations
Pour Châteaux Expériences, nous utilisons principalement le logiciel PMF pour gérer les réservations car il permet de rentrer toutes les informations et de suivre les actions.
Par exemple, les informations de réservation (dates…), le paiement en deux temps (un acompte et un solde), les mails (pour le solde, la caution…).
Il s’agit de l’équivalent des logiciels qu’utilisent les hôtels pour gérer leurs chambres. 
Ainsi, il est aussi possible de tenir informer les propriétaires de ce qu’il se passe dans leurs demeures, les missions de l’intendant… Cela orchestre le tout.

Pour Rêve de Châteaux, les réservations se font à travers le site. Libres aux propriétaires d’y insérer leur propre logiciel de suivi.

La communication
Essentiellement, à travers une Newsletter mensuelle et des publications sur les réseaux sociaux.

La gestion RH
Etant donné la variété des sujets à traiter, mais aussi des spécificités liées à chaque domaine, nous avons différentes formes de gestion. En direct, avec le téléphone, mail ou en étant sur place ; ou en indirect via les outils de la plateforme…

Combien êtes-vous au sein de l’équipe ? Travailles-tu seul ou en équipe pour assumer l’ensemble de ces fonctions ?

Nous sommes trois à temps plein, un sur chaque site et moi même qui en dirige deux. Il y a également des consultants extérieurs qui nous apportent de l’aide ponctuellement (pour le développement internet, la communication…).

Selon toi, qu’est-ce qui est le plus important et que tout propriétaire devrait avoir ?

En fait, cela dépend de ce que le propriétaire veut faire, si c’est une petite ou une grosse activité, il y a différentes formules (louer de temps en temps, des activités culturelles…).

Il faut bien réfléchir à ce qu’il peut faire chez lui, ce qu’il veut faire, les ressources qu’il est prêt à mettre et en fonction, s’équiper d’un certain nombre d’outils (site internet, réseaux sociaux…).

Cela devient compliqué s’il n’y a personne pour gérer derrière, c’est pourquoi il faut une plateforme claire et utile comme Rêve de Châteaux ou bien un gestionnaire « clé-en-main » comme Châteaux Expériences.

Pour aller plus loin

La réglementation ERP dans les MH

Sortir des activités hôtelières et culturelles dans un château

Lancer des activités dans un site historique

Le label de la Fondation du patrimoine : une aide fiscale au petit patrimoine

L’important à retenir dans cet article :

Le label de la fondation du Patrimoine est un dispositif d’aide pour le patrimoine rural et à ce que l’on appelle communément le « petit patrimoine de proximité ». Il s’agit d’une aide dite « passive ». Il permet en effet aux propriétaires de ces monuments, ni inscrits ni classés, de déduire de leur revenus imposables une partie des montants engagés dans les travaux de restauration.

Introduction : Un label unique en son genre

Depuis 2000, la Fondation du Patrimoine encore toute jeune, obtient du Ministère de l’Economie et des Finances une habilitation à créer un label octroyant des réductions fiscales. Aujourd’hui encore, elle est aussi la seule fondation à avoir une pareille habilitation. Celle-ci lui a d’ailleurs permis de décerner pas moins de 1365 labels depuis sa création, soit plus de 58 401 000€ de travaux. Le montant moyen des travaux est en effet de 48 106 € par dossier. 

Les avantages liés à l’attribution du label :

– Aide financière de la Fondation correspondant au minimum à 2% des travaux ;

– Avantage fiscal, sous forme de déduction de 50% minimum du montant des travaux du revenu imposable ;

– Mobilisation de mécénat, sous condition et sous forme d’appel aux dons de particuliers et d’entreprises ;

– Aide des collectivités, variable selon les régions.

1. Les critères d’éligibilité

Ces conditions sont définies par les articles 156-I-3° et 156-II-1° ter du Code Général des Impôts. L’instruction fiscale 5 B-5-05 du Bulletin Officiel régissant le dispositif du Label est disponible sur simple demande.

Le label a pour but de favoriser la conservation et la mise en valeur d’immeubles particulièrement caractéristiques du patrimoine mais aussi de l’architecture locale. 


Il peut être délivré à des « propriétaires privés, à des personnes physiques ou à des sociétés transparentes » (de type SCI, SNC, GFR…), souhaitant réaliser des travaux de réhabilitation d’un immeuble non protégé au titre des monuments historiques. Le label reconnait l’intérêt patrimonial d’un immeuble privé, bati ou non-bati (parcs et jardins), répondant à l’un ou plusieurs des critères suivants :

– Situé dans les zones rurales, bourgs et petites villes de moins de 20 000 habitants. Cette caractéristique est une nouveauté du label, qui se limitait avant aux communes de moins de 2 000 habitants ;

– Localisé dans un Site Patrimonial Remarquable (SPR) ; 

– Situé en site classé au titre du code de l’environnement.

En dehors de ces zones, le label se destine aussi aux immeubles non-habitables caractéristiques du patrimoine rural, ce qu’on classifie en « petit patrimoine » : pigeonnier, lavoir, four à pain, chapelle, etc.


Le label s’applique à un programme de travaux réalisés sur l’extérieur du bâtiment et visibles de la voie publique
 ayant reçu un avis favorable de l’Architecte des Bâtiments de France : toitures (couvertures et charpentes), façades, huisseries, menuiseries extérieures, etc. 

Nota Bene : pour que le label soit attribué, il est impératif que les travaux n’aient pas encore débutés.

attention

Les travaux d’intérieurs ne sont normalement pas éligibles sauf dans le cas d’immeubles non-habitables. Dans ce cas, les propriétaires s’engagent à les rendre accessibles au public. 

Les étapes pour obtenir le label
  1. Obtention du ou des devis
  2. Obtention de la validation de l’ABF ou d’un avis favorable
  3. Constitution d’un dossier de demande de label à faire parvenir en suite au délégué régional de la Fondation

Il convient de solliciter la fondation au lancement du projet, après l’obtention du ou des devis, mais impérativement avant le lancement des travaux. 

En outre, le label est valable pendant 5 ans, ce qui correspond à la durée laissée aux propriétaires pour entreprendre les travaux à l’occasion desquels la fondation a été sollicitée.

2. Le fonctionnement du Label – Fiscalité et contreparties

Le label se décline en deux versions :
– Celle dédiée aux propriétaires non imposables : aide financière active
– Celle décernée aux propriétaires imposables : aide financière passive

Le label dédié aux propriétaires non imposables


Sont concernés : les propriétaires non imposables ou dont l’impôt sur le revenu est inférieur à 1300€ (avant l’application des déductions, réductions ou crédits d’impôt). Le label leur permet donc d’obtenir de la Fondation du Patrimoine une aide financière directe au lieu d’une déduction fiscale.

Le label dédié aux propriétaires imposables


Pour ces propriétaires, le label permet de bénéficier de déductions fiscales :
Si l’immeuble ne génère aucun revenu (généralement des propriétés principales ou secondaires), déduction sur leur revenu global de :
50% du montant TTC des travaux de restauration ;
100% du montant TTC des travaux de restauration s’ils ont été financés à auteur d’au moins 20% par des subventions publiques ou par la Fondation du Patrimoine

Si l’immeuble est loué nu et génère des revenus fonciers, déduction de leurs revenus fonciers : 100% du montant TTC des travaux de restauration, avec report du déficit éventuel sur le revenu global pendant les 5 ans et sans limitation de montant.

En contrepartie de ces avantages fiscaux, le dispositif n’est d’ailleurs pas particulièrement intrusif.

Liberté dans le choix des entreprises. Les propriétaires peuvent choisir librement les entrepreneurs qui réaliseront les travaux. Ils doivent néanmoins respecter les potentielles prescriptions de l’ABF. 
Ouverture au public non obligatoire. La labellisation du monument n’implique pas de l’ouvrir au public. En revanche, l’édifice, ou du moins une de ses façades principales doit, être visible depuis la voie publique. C’est-à-dire une route, un chemin de randonnée, un chemin de fer, une voie fluviale ou encore une autoroute. 

A vous de jouer ! Si vous avez d’autres questions, n’hésitez pas à nous écrire : contact@hephata.fr

Pour aller plus loin

Le guide du Label

Protéger un monument – MH ou ISMH ?

Les règles des abords de monuments historiques

Restaurer un château et sa chapelle : la méthode. Hephata a interviewé Bruno Lestrat, president de l’Association de Sauvegarde du Patrimoine de l’Aisne Meridionale

L’important à retenir dans cet article :

Préserver le patrimoine ? Volontiers ! Participer à la restauration du monument ? Volontiers ! Valoriser les savoir-faire locaux ancestraux ? Cela n’est pas réservé au château de Guédelon ! Pour beaucoup, cette association du patrimoine et des savoir-faire est devenue une action prioritaire. Quelques clés pour se lancer.
L’Association de Sauvegarde du Patrimoine de l’Aisne Méridionale intervient sur la conservation et l’animation de deux monuments classés : le château et l’église de Berzy-le-Sec, dans l’Aisne. Il s’agit d’une action de « préservation de patrimoine » à travers l’organisation de chantiers internationaux de bénévoles. Le chantier a débuté en 1998, et l’Association fête ses 20 ans cette année.
Bruno Lestrat président de l’ASPM raconte comment le château et l’église servent de support à une transmission de savoir-faire, et une conservation d’un patrimoine médiéval.

En préambule…

La restauration du château et de la chapelle permet de valoriser et de transmettre le savoir-faire technique et traditionnel de l’époque médiévale.

La transmission des métiers artisanaux privilégie le contact entre la matière et le geste.L’intervention d’engins mécanisés n’est pas souhaitée, afin de rester en adéquation avec le monument, par exemple retailler la pierre à la main, tailler le bois à la hache pour la charpente…

L’association va jusqu’à fabriquer au sein du chantier les matériaux dont elle a besoin pour la préservation du monument. Par exemple, le toit de la chapelle est en restauration et pour retrouver le panel de couleurs disparues des tuiles, elles sont fabriquées à la main et cuite au feu de bois dans un four de tuilier construit pour l’occasion.

Comment se déroule la restauration du château ? Quelles sont les différentes étapes ?

Il y a plusieurs étapes pour restaurer un beau patrimoine :

1ère étape

Établir un lien juridique entre l’association et le propriétaire sous forme d’une convention, d’un bail… En effet, l’association n’est pas propriétaire du monument et il est nécessaire de constituer un ou plusieurs contrats afin de sécuriser l’opération et définir le rôle de chacun.

2ème étape

Si l’intervention porte sur un monument protégé (classé MH ou inscrit), certaines règles doivent être respectées, notamment la réalisation d’études afin de définir un projet de programme de travaux à effectuer pour la restauration : 
o Une étude préalable à la restauration, c’est-à-dire un diagnostic, une analyse de la problématique qui se trouve dans le monument, 
o Une étude archéologique et historique du château. 

3ème étape

La connaissance des « maux » établie, il faut dresser les priorités dans l’intervention et les techniques qui seront appropriées. Tout cela en concertation avec les autorités compétentes (DRAC, Architectes des Bâtiments de France…) si le monument est protégé.

4ème étape

Les travaux déterminés, il convient d’en assurer le financement (voir comment monter un bon dossier de financement et quels financements conviennent à quels types de projets).

5ème tape

Ensuite, nous entamons les travaux. S’agissant d’un chantier de bénévoles, il nous faut au minimum un encadrant technique afin qu’il puisse transmettre ses connaissances, sur un savoir-faire particulier, aux gens qui n’en connaissent pas les rudiments.

6ème étape

Établissement d’un calendrier prévoyant les différentes phases de travaux de restauration, avec les financements dédiés…

Sur un chantier, il est possible de voir travailler ensemble entre 2 à 10 corps de métiers différents (forgeron, céramiste, menuisier…). On retrouve cet échange qu’il y avait entre les artisans à l’époque médiévale !

Il est intéressant de rencontrer les mêmes problématiques qu’à l’époque, bien qu’aujourd’hui, nous profitons de meilleures conditions de sécurité (échafaudages par exemple) et d’un temps disponible plus important.

Dans le cadre de l’association, le but est la préservation et la restauration du patrimoine. Nous n’avons ni les contraintes de rentabilité, ni les contraintes d’échéance, que les entreprises rencontrent. La seule véritable contrainte est celle dictée par l’état du monument, les risques d’effondrements… qui peuvent d’ailleurs nécessiter une intervention rapide et efficace.

Comment financez–vous ce chantier ?

Nous sommes un chantier international de bénévoles. Malgré la présence de personnes qui donnent gracieusement de leur temps, nous nous sommes entourés de partenaires pour soutenir le projet, en menant une politique de financements croisés. Cette stratégie nous a permis de collecter des fonds pour réaliser les travaux :
– Les collectivités territoriales : commune, département et région,
– Les services de l’Etat : les DRAC pour l’achat des matériaux, le paiement des artisans ; la Direction Régionale de la Jeunesse et des Sports pour l’aspect animation, éducation populaire et jeunesse…,
– La Fondation du Patrimoine pour la transmission des savoir-faire techniques traditionnels liés à la conservation du patrimoine… Il s’agit d’un financement qui participe à la préservation de ce patrimoine immatériel menacé parfois de disparition.
– Les opérations de formation : nos chantiers servent également de support à des stages de formation liés aux métiers du patrimoine. Les financements levés contribuent à la sauvegarde de nos monuments.
– Les souscriptions : nous sollicitons directement le public, grâce à notre partenariat avec la Fondation du Patrimoine. 
– La participation des bénévoles : ces derniers règlent auprès de l’association des frais d’inscription dont le montant est variable selon la nature et la durée du chantier choisi.

Comment avez-vous convaincu les personnes de l’association de vous suivre dans cette voie ? Quel est le projet que vous leur aviez proposé ?

La présentation s’est réalisée en plusieurs étapes :

Dans un premier temps, la restauration était réduite à des actions simples. 

Elle était ouverte aux habitants du village et aux amis. C’était donc une occasion de se retrouver autour d’un projet commun.

Progressivement, les interventions sont devenues plus techniques

Il a fallu structurer nos chantiers, se former et s’entourer de professionnels dans l’encadrement de certains de nos ateliers,… et le recrutement des bénévoles s’est élargi en conséquence.

Ensuite, nous nous sommes rattachés à l’Union Rempart

Intégré au sein du réseau, nous avons pu communiquer sur l’existence de notre chantier et de notre besoin croissant de bénévole. Le réseau Rempart nous a ainsi permis d’attirer de nouveaux volontaires et de bénéficier de précieux conseils !

Au fur et à mesure, nous avons élargi le cercle des recrutements, jusqu’à l’international (brésiliens, israéliens, chiliens…) !

Nous avons lié des partenariats internationaux, comme par exemple ICOMOS Israël, toujours par le biais d’Union Rempart. 

Aujourd’hui, l’ampleur des travaux s’est accrue et diversifiée

Grâce notamment à la relation de confiance qui s’est créée entre l’association et les services de l’Etat en charge de la surveillance des opérations.

Ainsi, plus notre champ d’action s’ouvre, plus les activités sont multiples et attirent davantage de bénévoles. Cette progressivité permet de fidéliser un public de plus en plus nombreux tout en préservant l’ambiance de départ.

Le nombre de personnes évolue régulièrement : au cours de l’année 2017, nous avons accueilli plus de 500 bénévoles répartis sur 65 sessions et 22 thématiques différentes (bois, pierre, vitrail…).

Néanmoins, nous n’y travaillons pas toute l’année, l’hiver n’étant pas propice aux travaux. Ces derniers se déroulent du printemps à l’automne et nous profitons du reste de l’année pour rédiger nos demandes de subvention, faire nos compte-rendus, nos bilans, nos études préalables, nos commandes de matériels, nos ajustements liés aux financements,… Il s’agit d’une phase de préparation et de recherche d’encadrants indispensables qui s’inscrit dans un mouvement perpétuel.

Quelle est votre journée type heure par heure ?

Nous dormons tous sur place, soit en campement, soit chez l’habitant, dans un gîte, en caravane…

Il y a un échange singulier entre les volontaires qui participent à la conservation de ce patrimoine et les habitants qui profitent de celui-ci. L’existence de cette relation entre acteurs et spectateurs de la sauvegarde du patrimoine crée une véritable émulation autour de ce projet.

Étiez-vous formé à lancer un tel chantier ?

Au départ, je n’étais pas du tout formé. A travers mes études autour de la conservation du patrimoine historique, je connaissais les protocoles d’intervention et le volet administratif sur les Monuments Historiques. Cependant, l’aspect pratique et technique de la restauration m’était inconnu, j’ai pu l’apprendre en participant à d’autres chantiers de bénévoles et en côtoyant les professionnels des métiers du patrimoine.

Fort de ces expériences, j’ai pu assurer un encadrement des chantiers de manière plus adaptée. Toutefois, rien n’est figé et l’apprentissage demeure riche et permanent. Ce qui est intéressant c’est l’apprentissage permanent du savoir-faire.

Avez-vous retrouvé des archives concernant le château et pouvant vous aider à la restauration ? Par qui êtes-vous accompagnés ?

Nous avons déjà retrouvé de nombreuses archives et nous continuons à le faire. Nous avons la chance de disposer d’une documentation assez riche : des photographies, des écrits, des témoignages d’architectes ou de personnes qui ont travaillé ou vécu sur place, des découvertes archéologiques… La mise en place d’une session « Relevé & archéologie du bâti » a permis à l’association de dresser les plans des monuments, de dresser des relevés « pierre à pierre » des élévations, d’obtenir des informations sur l’histoire de la construction du monument. Nous entourer de techniciens et d’historiens permet donc de véritablement approcher l’histoire de ce patrimoine.

Mais, à présent, nous ne pouvons plus nous contenter d’une étude historique. Nous faisons appel à des spécialistes des matériaux, des archéologues, des artisans… Le champ d’action doit être le plus large et le plus ouvert possible. A travers nos interventions, nous entrons dans l’intimité du bâtiment pour mieux apprécier les différentes techniques utilisées dans sa construction, savoir lire et interpréter les traces d’outils laissées par les « oeuvriers » de chaque époque. … L’archéologie du bâti constitue aujourd’hui une source historique à part entière. L’approche de l’homme et de la matière constitue, en effet, à mon sens une problématique importante dans l’étude d’un monument et de l’art de le bâtir. 

Chacun de nos ateliers, par l’apprentissage des techniques d’autrefois, apporte également des informations très précieuses. L’archéologie expérimentale ainsi pratiquée complète nos chantiers de fouilles archéologiques plus traditionnelles. 

Au delà de la consultation d’archives, de monographies…, les sources historiques apparaissent désormais plus riches que celles que j’ai pu imaginer lors de la création de l’association.

Quelles difficultés et quelles joies avez-vous ? Une anecdote à raconter…

Les difficultés essentielles que nous rencontrons sont inhérentes à : 

– L’accueil de 20 à 80 personnes qui vont vivre ensemble de quelques jours à plusieurs semaines, et la fédération de toutes ces énergies autour du projet commun. 

– La formation des personnes qui ne sont pas du métier, afin qu’elles puissent apporter leur part dans la restauration du bâtiment.

Nous devons à la fois canaliser, fédérer, et transmettre un savoir faire. Mais aussi répondre à leurs attentes, car ils donnent de leur temps : comprendre des métiers, découvrir une région, apprendre une langue… Tout faire pour leur donner envie de revenir.

Evidemment, il y a énormément d’anecdotes, par exemple un moment magnifique : un couple d’israéliens qui étaient venus en voyage de noces sur le chantier.

Il y a un brassage des cultures extraordinaire ! Il va jusqu’au partage de la gastronomie. En effet, chaque jour, des bénévoles s’occupent du repas et nous pouvons déjeuner un jour espagnol, le lendemain bourguignon, le surlendemain brésilien…

Quels sont les résultats ? Combien de temps cela a t’il pris ?

Depuis 1998, nous travaillons dans la sauvegarde du château mais aussi de l’église de ce village. Actuellement, nous achevons une phase de travaux sur la restauration de la façade sud du château, qui combine d’ailleurs plusieurs corps de métiers (charpente, menuiserie, vitrail, taille de pierre, forge…).

Cette campagne a commencé il y a 4 ou 5 ans et sera vraisemblablement finie au terme de l’année 2018-2019. Chaque phase de travaux terminée constitue donc un résultat important dans la préservation de notre patrimoine, chaque étape compte.

Quelles sont les retombées économiques d’un tel projet ?

Nous privilégions les circuits courts : approvisionner les matériaux et les vivres en local. Une dynamique économique se met donc en place et un impact local direct est établi.

Nous accueillons les visiteurs pour découvrir ce que nous proposons. Naturellement, ils consomment sur place….
Quoique modeste, notre impact est réel, en plus de celui de faire découvrir la région.
 A présent, les personnes nous contactent pour voir s’il est possible de venir, de faire des visites guidées mais aussi d’organiser des ateliers pour enfants… Nos actions contribuent à valoriser notre belle région si méconnue.

Quelles clés donneriez-vous à un propriétaire désirant restaurer son château à l’aide de chantiers participatifs ?

Quelques conseils :

– Prendre soin de définir un cadre juridique sain, de soigner le périmètre d’intervention de chacun des acteurs (qui fait quoi et pourquoi…).

– Définir les moyens d’action, les supports à utiliser pour restaurer son monument :
o soit je fais appel à des professionnels qui vont facturer leur intervention ; 
o soit créer un chantier de bénévoles qui permettra une interaction entre le public, les artisans, l’administration, le propriétaire….

– Ne pas négliger l’importance de l’énergie à consacrer, notamment lorsque le projet est de taille significative. En effet, animer et conserver un monument : c’est le travail d’une vie ! strong>Il faut réellement en prendre conscience dès le départ, car cela occupe une grande partie de son temps.

Une fois que les personnes savent tout cela, il faut se lancer !

Il est donc urgent d’agir pour la sauvegarde de notre patrimoine sous toutes ses formes et le transmettre aux générations futures dans les meilleures conditions possibles !

Pour aller plus loin

Les chantiers participatifs au service du patrimoine

Le Crowdfunding : un nouvel outil de financement

Trouver un financement

Quelles associations autour des monuments historiques ? Hephata partage son interview de la Fondation du Patrimoine pour répondre à cette question.

L’important à retenir dans cet article :

La création d’une association loi 1901 est très répandue dans le secteur du patrimoine culturel, et notamment dans le cadre de la gestion de monuments historiques. Sa mise en place n’est pas très contraignante. Elle peut être utile pour gérer des activités ou organiser des chantiers. En outre, elle peut servir à accueillir des visites, simplement s’entourer ou encore financer ses projets de restauration.

La création d’une association est aussi une occasion de partager une passion commune avec d’autres personnes autour d’un même projet. 

Quelles associations autour des monuments historiques ? Julien Guinhut, Directeur de la Communication de la Fondation du Patrimoine, nous permet de bien comprendre les différents modèles d’associations existants et leurs rôles spécifiques. Hephata précise les points d’attention, notamment concernant le développement d’activités commerciales.

La mission de la Fondation du Patrimoine 

La Fondation du Patrimoine  mène différentes actions autour du patrimoine historique. Son objectif est de restaurer et de valoriser, notamment en accompagnant les propriétaires publics ou privés, dont font partie bon nombre d’associations, dans leurs projets de financement.  

La finalité de la Fondation du Patrimoine est la valorisation du patrimoine souligne Julien Guinhut, sous des formes différentes. En tant qu’expert dans le domaine associatif, le Directeur de la Communication offre des pistes pour ceux qui souhaiteraient s’y aventurer.

Qu’est-ce qu’une association ? 

Les associations sont régies et définies par la loi du 1er juillet 1901 : 
 « L’association est la convention par laquelle deux ou plusieurs personnes mettent en commun d’une façon permanente, leurs connaissances ou leur activité dans un but autre que de partager des bénéfices. » 

Attention : Une association est nécessairement à but non lucratif. Autrement dit, si vous souhaitez créer une structure dans le but d’en tirer des bénéfices, il s’agira de s’orienter plutôt vers un statut d’entreprise.

Quels sont les différents modèles d’associations ?

Il existe les associations non déclarées et les associations déclarées. 

1. L’association non déclarée

Julien Guinhut constate que de nombreuses associations du patrimoine ne sont pas déclarées. Il prévient que l’absence de déclaration revient à n’avoir aucun droit. Autrement dit, « si l’association non déclarée « existe » c’est parce qu’elle répond à la définition d’une association. Juridiquement elle est pourtant nulle ».

L’association non déclarée, ou de fait, aussi appelée « collectif », est un groupe qui n’a pas procédé aux formalités de déclaration. Pour autant, elle reste parfaitement légale. En revanche, elle n’est titulaire d’aucun droit car elle ne dispose pas de personne morale. Une association non déclarée peut suffire si l’objet ou le projet ne requiert pas de relations avec des personnes tierces. 

2. L’association déclarée

Déclarer son association lui confère un statut juridique. Cela permet d’avoir accès à de multiples droits, mais aussi, à des obligations. 

Les associations déclarées se distinguent en 3 catégories.

Les associations loi 1901 « classiques »

Une association est « classique » si elle concerne un cercle restreint de personnes. Autrement dit, si son objet ou son accès est « fermé » et qu’il ne sert que les intérêts personnels de ses membres. 
 Par exemple : l’association des anciens propriétaires du château de Tartuffle. Son objet est de réunir mensuellement des personnes qui ont réalisé des actions autour du château pour partager et s’informer de nouvelles actualités

Par ailleurs, une association sera également caractérisée de « classique » si elle pratique des activités commerciales qui lui permettent de dégager plus de 61 145€ de recette par an. Pour en savoir plus

L’association d’intérêt général

Une association est considérée d’intérêt général si elle a un caractère philanthropique, éducatif, scientifique, social, humanitaire, sportif, familial ou culturel. 

Si elle concourra à la mise en valeur du patrimoine artistique, à la défense de l’environnement naturel ou à la diffusion de la culture, de la langue et des connaissances scientifiques françaises, il s’agit également d’une association d’intérêt général.

En outre, rentre aussi dans cette catégorie, l’association qui répond à trois critères précis :  
1) L’association n’agit pas au profit d’un cercle restreint de personnes. L’action de l’organisme doit pouvoir bénéficier à toute personne désirant y adhérer.
2) Elle a une gestion désintéressée
3) Elle pratique une activité non-lucrative

 Par exemple : L’association pour la Renaissance du Château de Portes (RCP). « Cette association a pour but de mettre en œuvre, soit directement soit indirectement, tout moyen juridique, technique ou intellectuel pour l’organisation de chantiers ayant pour objet la sauvegarde, la réhabilitation et l’entretien du château de Portes ainsi que d’assurer son utilisation dans un but culturel et d’intérêt général. L’association peut aussi exercer ce but sur d’autres monuments et autres lieux que le château selon la demande qui lui est faite. » 

Julien Guinhut précise qu’en cas de moindre doute sur la bonne attribution du caractère « intérêt général », depuis la loi du 1er août 2003 il existe une procédure dite « du rescrit » qui permet d’interroger l’administration fiscale à propos de la situation particulière de l’association :

« Un organisme d’intérêt général peut donc s’assurer auprès de l’administration fiscale qu’il a bien cette qualité par la procédure du rescrit fiscal.
Pour cela, ils doivent faire la demande selon un modèle de lettre définie réglementairement, en courrier recommandé avec accusé de réception, à la direction départementale des finances publiques de leur siège »
.

L’association reconnue d’utilité publique

Le monde associatif perçoit cette reconnaissance d’utilité publique comme un label conférant à l’association une légitimité particulière dans son domaine d’action. 

Pour Julien Guinhut : « la reconnaissance d’utilité publique est décrétée, absolue, et juridique. C’est une image qui est claire pour les gens et qui rassurent donc les propriétaires et les mécènes ». 
La reconnaissance d’utilité publique n’est pas automatique. C’est le Conseil d’État qui décide par décret. En outre, la demande se fait à partir d’un dossier adressé par courrier au ministère de l’intérieur (Bureau des associations et des fondations – Ministère en charge de l’intérieur). 

Attention : l’association s’engage, en contrepartie, à accepter toutes les contraintes et tous les contrôles imposés par l’administration. Mais, il y a certains avantages… En effet, par exemple, concernant les subventions publiques, le statut de l’association peut avoir un impact. 

Pour Julien Guinhut, « plus le statut de l’association est difficile à obtenir, plus en réalité, l’association semble mériter des subventions ».

Mais, dans la pratique, le dispositif ne concerne que les organisations à vocation nationale. 

Quelle gestion pour les associations ayant des activités commerciales ? 

Une association peut pratiquer des activités commerciales générant des revenus tant qu’elles servent l’objet non lucratif de l’association. Au contraire, il peut être intéressant pour cette dernière de développer une activité lucrative. 

En réalité, pour Julien Guinhut, tout dépend de l’objet de l’association et du choix de stratégie que l’association adopte :
« Pour les petites associations, il vaut mieux ne pas avoir d’activités lucratives pour ne pas être imposé mais pour d’autres, il peut être intéressant de faire des calculs… Il est parfois plus intéressant de développer une activité commerciale et de payer des taxes, plutôt que de ne rien faire du tout !

Il faut aussi tenir compte de la différence entre les bénéfices commerciaux et ceux considérés comme non commerciaux. Les recettes qui ne sont pas
commerciales (billets de visites, etc.) ne sont donc pas soumises aux impôts, contrairement aux recettes commerciales (produits dérivés, etc.). »

Comment distinguer les activités qui sont « lucratives » de celles qui ne le sont pas ?

Une activité sera considérée comme lucrative si elle a un caractère « intéressé », et notamment si elle concurrence des entreprises commerciales. Au contraire, les spectacles, produits dérivés sont des revenus qui servent l’objet non lucratif. 

Un moyen de savoir si l’on exerce une activité lucrative ou non est d’appliquer la règle des 4P. Tout d’abord, le produit ne doit pas rentrer dans le marché concurrentiel, ou peu. Puis, le public ne doit pas être trop large. Ensuite, il faut que le prix soit raisonnable. Enfin la publicité, doit être inexistante (sauf campagne d’appel aux dons).

Qu’en est-il des activités lucratives telles que les chambres d’hôtes, l’organisation de réceptions, l’exposition de galeries… ? 
Julien Guinhut affirme qu’une telle activité lucrative peut effectivement « poser problème quant à la reconnaissance du caractère d’utilité publique ou d’intérêt général », en particulier si on ne respecte pas les critères précédents.  

Point sur les impôts et la TVA


Les associations bénéficient d’une franchise d’impôts et de TVA sous trois conditions cumulatives. L’association doit avoir une gestion désintéressée. Ensuite, les activités non lucratives doivent être largement dominantes. Enfin, le montant des recettes provenant des activités lucratives ne doit pas excéder 61 145 € *(par organisme et par année civile).

*Attention le seuil de 61 145 € pour bénéficier d’une franchise d’impôts et de TVA concerne l’année 2016. Le seuil peut évoluer chaque année. Celui de 2020 est de 72 000 €.

Six fois par an maximum, toute association a d’ailleurs le droit de percevoir des recettes commerciales sur des activités de bienfaisance. Ces recettes ne sont pas prises en compte dans le calcul des 61 145€.

Il existe des exceptions fiscales pour certaines associations : les associations qui aident les personnes défavorisées, les associations dont la mission principale est la représentation de spectacle, et les associations autour d’une galerie d’art contemporain, ne se voient pas imposer la TVA. 

L’article « Quelles associations autour des monuments historiques ? » Les associations des monuments : interview de la Fondation du Patrimoine » permet de mieux comprendre les différents types d’associations qui existent autour des monuments historiques.

Pour aller plus loin

Association pour la sauvegarde d’un château

Créer une association pour son château

Les acteurs du patrimoine : conseil, sensibilisation et lobbying

Signalétique et orientation du public dans un monument – quelles actions mener ?

L’important à retenir dans cet article :

Accueillir du public dans un monument historique ou dans des jardins n’est pas une simple affaire. Eviter les dérapages, les entrées dans les espaces dangereux ou privés, guider vers les points de vue qui ont de l’intérêt, mener une visite… ces éléments se préparent avec soin, et l’efficacité de l’accueil repose en partie sur la signalétique. 

En tant que designer diplômé en Art Graphique et option signalétique en dernière année, Antoine de Saboulin – freelance depuis 5 ans et directeur artistique de start-up à ses heures – accompagne les établissements dans la réalisation d’identités visuelles, de logos… et de leur signalétique.

Il nous donne quelques clés d’expert pour bien orienter son public.

Qu’est-ce qu’une « bonne signalétique » ? 

Une bonne signalétique doit répondre à 2 critères principaux : 
– être visible
– être adaptée au lieu et à l’environnement

Pour cela, les codes visuels du lieu sont importants. Par exemple, si la signalétique du métro est vive et colorée pour attirer l’attention, celle du Château de Chambord doit épouser les mêmes styles architecturaux que le domaine, aussi bien que des critères visuels qui évoquent la culture.

Quel type de signalétique installer ? (Fléchage, panneaux de couleurs, typographie…) 

La signalétique est sélectionnée suivant le lieu et le message à véhiculer. 

Par exemple, celle d’une exposition ne sera pas la même que pour orienter son chemin dans le métro, où les couleurs nous indiquent quelles lignes suivre pour se diriger vers la destination souhaitée.

Pour l’exposition, le cheminement sera davantage « littéraire », avec quelques textes, plus lisibles sur un mur uni. Des panneaux doivent pouvoir être installés pour attirer l’œil et être mobiles, pour se fixer n’importe où, là où les besoins de la visite l’imposent.

Avant de commencer à développer la créativité, le designer cherchera à s’imprégner du lieu et vérifier les conditions extérieures… Par exemple, en plein air, la signalétique doit résister au temps et à l’eau. Alors qu’en intérieur elle répondra à d’autres critères, tels que la hauteur du plafond, les couleurs des murs…

Quelles sont les démarches pour bien installer ses indications ?

Il y a plusieurs étapes pour cette démarche.

La phase de compréhension

Les clients qui commandent une signalétique posent dès le début un cahier des charges avec leurs souhaits.

Le designer échange avec le demandeur, qui nous fait part du projet. Si le propriétaire / gestionnaire décide de le faire lui-même, cette étape consistera en la clarification de ses propres besoins, de l’image qu’il veut renvoyer selon la thématique de la visite ou des lieux. Les formaliser sur un papier se révèle souvent indispensable pour éviter toute imprécision…

La phase d’immersion créative

Le designer se rend sur place et s’imprègne de l’identité visuelle du lieu. Accompagné de la personne en charge du projet, il comprend en détail ce qui est attendu, comment est élaboré le cheminement de la signalétique lors du parcours de la visite. 

Il commence alors à hiérarchiser les niveaux d’information : ce qui relève de la visite, ce qui relève du lieu, ce qui relève éventuellement d’autres choses (toilette, buvette, indications liées aux normes ERP…).

Si le propriétaire / décide de le faire lui-même, il doit « jouer le jeu » du parcours. S’il s’agit d’une visite guidée ou orientée, il s’agira pour lui de réaliser le parcours et de formaliser l’ensemble des choses qu’il imagine. S’il s’agit d’orienter des personnes dans un lieu « libre », il pourra être utile de faire évoluer dans les espaces une tierce personne afin de comprendre le cheminement « naturel » à réorienter… 

C’est à ce moment-là que les questions de type « pourquoi ce lieu n’est pas accessible ? Que se cache-t’il ici ? Je vais où juste après ? » ne doivent pas être contournées. 

La « bonne signalétique » s’accompagne d’une « bonne protection » des espaces privés. 

La phase de réalisation simplificatrice


Après la construction des supports, un travail d’épuration est effectué, de traitements des couleurs, de typographie… Le designer choisit parfois des objets pour mettre en mouvement l’espace et la dynamique.

Personnellement, la plupart du temps, j’ai eu la chance de pouvoir exprimer une liberté de créativité totale, mais cela peut dépendre de certains projets. Par exemple, si l’identité du lieu est déjà très forte, comme au château de Versailles, la signalétique possèdera les mêmes codes visuels pour que cela soit cohérent, et il y aura alors un peu moins de liberté créative.

A contrario, si dans un petit château l’identité graphique n’est pas forcément aboutie, il est possible de créer beaucoup d’éléments et de s’amuser : les couleurs, la typographie, le traitement des images…

La plupart du temps les propriétaires désirent des choses nouvelles et innovantes. Et c’est ce qui marche auprès du public !

Deux exemples :
– Lorsque nous rentrons dans le Centre Georges Pompidou, la signalétique est un peu « dans tous les sens » mais les informations sont inscrites en « énorme ». La signalétique est à l’image du Centre qui brasse de nombreuses œuvres et un public très riche. In fine, le tout est homogène et compréhensible : cohérent. C’est ce qui est attendu de la signalétique ! 
– À Montmartre, a contrario, ce sont de petits panneaux à hauteur des yeux, afin de ne pas envahir et gâcher l’architecture intérieure qui est plus « discrète ». Il faut davantage chercher l’information, mais la signalétique n’a pas besoin d’être trop visible, car le touriste y passe peu de temps. Le touriste cherche à « faire un tour dans le bâtiment ».

Y-a-t’il des « trucs » spécifiques à connaitre? Des codes de signalétique ?

Dans l’édition, il existe une mise en page et une hiérarchisation des titres normée : gros titre, sous titre et le texte.

Pour la signalétique, c’est la même chose : il faut la considérer comme une porte d’entrée visuelle afin de savoir quel cheminement emprunter. 
Cela commence avec un grand panneau à l’entrée, comme les gros titres des magazines. Puis cela diminue jusqu’aux petits cartels ou aux brochures de l’exposition. Comme un entonnoir, petit à petit, les tailles se rétrécissent, du global au singulier.

A quoi faut-il faire particulièrement attention lorsqu’on installe sa signalétique à l’intérieur d’un monument ?

La difficulté principale est le budget : la signalétique est importante mais elle doit être fixée dans un budget.

Le but est qu’elle soit évocatrice, visible, « imprégnante » pour le visiteur et qu’elle dure dans le temps. 

Pour trouver les solutions et les bonnes personnes, il faut l’intégrer dans le budget. Par exemple, si le propriétaire cherche un designer en Bretagne, il faudra penser éventuellement aux coûts de transports, et nous devrons faire des choix pour respecter les coûts limites.

Mis à part le budget, il faut prêter particulièrement attention à respecter l’architecture du lieu : cela peut être compliqué selon les bâtiments. Par exemple, si le plafond est trop haut, au lieu d’y fixer des panneaux nous pouvons installer des bandes de couleurs au sol.

Une « bonne signalétique » coûte combien ? Existe-t-il des « astuces » pour limiter les frais ?

Cela dépend du degré d’exigence du porteur de projet !

S’il désire des néons, des volumes suspendus, cela coûte très cher. Sinon il existe déjà des supports de communication, des cadres A4 par exemple, avec une possibilité de renouvellement qui est moins cher.

Pour les budgets intermédiaires, cela peut être de l’adhésif collé sur des supports plats et des murs, mais cela prend beaucoup plus de temps car cela nécessite un travail manuel dans un atelier.

Où la signalétique doit-elle être positionnée dans le lieu de visite ?

Cela dépend du lieu mais surtout du message : de nombreux critères existent, notamment le respect du lieu et du sujet. 

De même, il faut que la typographie « épouse le lieu ». Par exemple, pour une exposition contemporaine, elle sera plutôt fine et géométrique, tandis que pour Montmartre une typographie littéraire, fine, douce… Pour cet espace, il s’agit de respecter le lieu. La signalétique sera alors peu visible au milieu des photographies des touristes.

Quels conseils donneriez-vous à un propriétaire qui désire installer une signalétique efficace ?

Si le propriétaire désire conserver son lieu et ne pas le dénaturer, cela nécessitera une signalétique discrète.

Cependant, s’il préfère mettre en avant des évènements et des activités touristiques, il y a la possibilité de créer des choses plus imposantes et de s’amuser un peu dans la création.

Pour aller plus loin

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