Dans cet article, Hephata explique ce qu’est le tourisme expérientiel et son importance pour la valorisation du patrimoine.

Ce qu’il faut retenir

Le tourisme expérientiel rend les visiteurs plus actifs lors de leurs visites. Ainsi, il attire un public plus large et permet d’augmenter la fréquentation, et notamment celle des jeunes. Le tourisme expérientiel est donc un excellent outil de valorisation et de promotion du patrimoine culturel et historique.

Il permet la découverte de sites et monuments par un moyen plus ludique et dynamique : une manière de prendre connaissance autrement du patrimoine !

Introduction

Le tourisme expérientiel est une nouvelle manière de vivre l’offre touristique. Le touriste n’est plus réduit à un simple consommateur passif. Il devient au contraire l’acteur principal de son voyage touristique. Il cherche à vivre une expérience qui lui suscite des émotions mais qui soit également éducative. En outre, il souhaite découvrir de nouvelles cultures en vivant selon les habitudes des hommes et des femmes rencontrés. Intégrer la culture revient pour lui à loger dans des habitats traditionnels, à découvrir la gastronomie locale, à participer aux savoir-faire identitaires du territoire, à s’immerger dans la nature hors des sentiers battus, … Les nouvelles expériences touristiques sont ainsi motivées par une sorte de recherche d’authenticité.

Notons que la tendance pour le tourisme expérientiel est aussi due à la crise du Covid-19 qui a bouleversé les habitudes des voyageurs. Après avoir longtemps été confinés chez eux et avoir souffert de la solitude, les individus veulent opter pour une expérience de voyage davantage ancrée dans les cultures et les territoires locaux. Le rapport aux autres devient primordial avec une volonté de partager la vie et les habitudes culturelles des individus rencontrés.

L’expérientiel peut aussi accompagner la découverte de sites culturels, historiques et patrimoniaux, notamment par le biais d’activités :

  • Numériques ;
  • Immersives et multisensorielles ;
  • Ludiques et sportives ;
  • Artisanales et gastronomiques, etc., …

Les différentes formes du tourisme expérientiel

Le tourisme expérientiel peut prendre différentes formes :

  • Une recherche d’authenticité axée sur le dialogue avec les populations locales, la découverte de la nature hors des sentiers battus, la participation à des savoir-faire locaux, la dégustation de spécialités issues du terroir, etc., …
  • Des activités ludiques et sportives, des spectacles et des activités immersives ainsi que des parcours numériques ou de réalité augmenté permettant de découvrir et d’approfondir ses connaissances sur un site culturel, historique ou patrimonial.

              Parcours numériques et réalité augmentée

Les parcours numériques et en réalité augmentée permettent aux visiteurs d’effectuer des visites virtuelles et d’accéder aux reconstitutions des monuments à différentes époques. L’expérience virtuelle plonge les visiteurs dans le passé du monument. Ils découvrent la vie de ses contemporains, ceux qui l’ont commandité, ceux qui l’ont construit, ceux qui l’ont habité, etc., … Le visiteur peut ainsi se représenter les caractéristiques et la mentalité des hommes d’une époque bien précise. Il découvre le bâti dans son état d’origine ainsi que les partis pris architecturaux ou urbanistiques des concepteurs, etc., …

Visiteurs et touristes sont de plus en plus friands de ce type de visites car le contenu et le maniement des outils numériques est plus ludique. Il intéresse donc petits et grands. Par ailleurs, le numérique donne aux visiteurs une représentation visuelle du monument dans toutes ses dimensions : évolutions architecturales, état d’origine, parties manquantes ou non-ouvertes au public, etc., …

Enfin, l’avantage d’un contenu numérique est qu’il est plus facilement mis à jour qu’un contenu papier ou audio. Les outils numériques sont ainsi plus durables dans le temps. En effet, il n’est pas obligé d’en changer pour les faire évoluer et leur apporter des améliorations.

              Scénographies et mises en scène immersives

Une visite expérientielle d’un site ou d’un monument historique peut aussi se traduire par des mises en scènes et des scénographies immersives. Une mise en scène réussie permet en effet de plonger immédiatement les visiteurs dans une ambiance et une atmosphère spécifiques. Les touristes ne sont alors plus uniquement spectateurs mais ils intègrent au contraire complètement l’histoire du lieu à une époque donnée. Il est important d’offrir une mise en scène multisensorielle afin d’intégrer au maximum les visiteurs : vue, odorat, ouïe et même goût et toucher doivent être stimulés pour une immersion totale.

La première étape consiste donc à créer un storytelling pour déterminer quel fait historique on souhaite raconter et comment il va permettre de faire découvrir aux visiteurs des éléments clés du monument tels que l’architecture, les jardins, les œuvres d’art, etc., … Il faut ensuite rendre ce storytelling intelligible pour tous. Il s’agit en fait d’une accroche narrative qui va pouvoir captiver le visiteur et l’intégrer au récit. Cette narration devra prendre place dans un décor approprié. Il faut alors penser aux jeux de lumière, à la décoration des salles, à la présence d’objets spécifiques, à la présence de comédiens costumés, etc., … Il faudra aussi choisir la manière dont est transmise la narration (casque audio, comédiens, …) et comment elle peut être appuyée de musiques ou de fonds sonores pour rendre le discours plus impactant et englobant.

En fait, il s’agit d’une véritable mise en scène théâtrale ! Mais il est possible d’aller encore plus loin en proposant en plus une expérience olfactive, gustative et tactile (diffuseurs d’odeurs, dégustation, toucher et reconnaissance de textures, …).

              Activités ludiques et sportives

Une immersion dans un site historique n’est pas forcément fondée uniquement sur une sorte de mise en scène théâtrale et multisensorielle. En effet, il est aussi possible d’intégrer le visiteur en lui proposant des activités dynamiques et interactives. Il peut s’agir d’activités ludiques telles que les escapes Game par exemple, qui permettent de découvrir un lieu tout en se mettant dans la peau d’un enquêteur et en interagissant avec ses coéquipiers. Il peut aussi s’agir d’activités qui se déroulent dans le parc du monument : accrobranche, canoë, parcours d’obstacles, etc., …

Ce type d’activités dynamiques permet d’intéresser et d’attirer un public plus large. Mais aussi plus jeune avec notamment des groupes, des scolaires et des familles. C’est donc un bon moyen pour augmenter la fréquentation d’un site.

Participation à des activités artisanales et découvertes locales

Une autre manière de proposer une expérience touristique au visiteur n’est autre que le faire participer à des activités artisanales. Ce, afin de découvrir les savoir-faire locaux. Un site historique peut tout à fait proposer des ateliers dans lesquels les participants apprennent à créer un objet en verre, en argile, en bois, etc., …, à produire leurs propres vins ou spiritueux, à confectionner un fromage ou toute autre spécialité de la gastronomie locale, etc., …

Ces activités artisanales permettent ainsi de découvrir les savoir-faire et les gastronomiques de la tradition locale. C’est donc une manière pour le visiteur de vivre une expérience culturellement riche. Expérience qui le conduise à son immersion dans la vie et la culture locales.

Le tourisme expérientiel : un atout de valorisation du patrimoine

Le tourisme expérientiel peut également se révéler être un atout de valorisation du patrimoine. Il est en effet un excellent outil pour promouvoir le patrimoine et pour renouveler son image. Il permet en fait d’ouvrir les monuments à un public plus large mais aussi plus jeune. L’expérientiel au sein de sites et monuments historiques est donc primordial. En effet, il engage et sensibilise les générations futures dans la découverte et la protection du patrimoine.

              Exemples de valorisation du patrimoine par l’expérientiel

Plusieurs sites ou monuments historiques ont déjà intégré l’expérientiel dans leur offre touristique. Ce, en vue d’élargir leur public et d’augmenter leur fréquentation.

Au Palais des Papes à Avignon par exemple, les visiteurs disposent d’un Histopad, sorte de tablette numérique. Elle leur permet une visite sensorielle du monument ainsi qu’une visite virtuelle à 360° donnant accès à des espaces non ouverts au public telle que la chapelle Saint-Martial ainsi qu’à la reconstitution du monument selon les époques.

Au Théâtre antique d’Orange, un casque de réalité virtuel donne accès à une reconstitution digitale du site à 360°. Renaît sous les yeux des touristes l’Antiquité du Ier siècle après J.-C. S’adjoignent au outils numériques des visites costumées qui permet une immersion des visiteurs à l’époque antique.

A Bracciano, en Italie, le Château Odescalchi offre une expérience immersive unique puisqu’il s’agit de visiter le site de manière sportive et plutôt originale : une aventure se jouant sur cordes, entre terre, ciel et forteresse ! La visite du château se fait donc en progression verticale à l’aide d’une corde et d’un harnais. Ainsi harnachés et protégés de leurs casques, les visiteurs plongent à l’intérieur d’anciennes citernes, descendent en rappel le long des murs fortifiés, etc., …

En France, la Tour de Crest propose elle aussi une descente en rappel le long de sa muraille de pierre.

Conclusion

Les touristes apprécient donc de plus en plus le tourisme expérientiel qui est une nouvelle manière de voyager. En effet, ceux-ci sont en continuelle recherche de sensations, d’actions et d’expériences immersives qui les changent de leur quotidien. Il est donc de plus en plus impératif d’intégrer l’expérientiel aux offres touristiques pour attirer un public plus large. Les sites historiques et patrimoniaux peuvent aussi bénéficier de ce type de tourisme. D’autant plus que les parcours de visite augmentés permettent d’affiner la connaissance historique. Notamment grâce aux reconstitutions numériques ou aux visites virtuelles donnant accès à des lieux fermés au public.

Pour aller plus loin

La contribution du patrimoine au tourisme durable

La réalité virtuelle au service du parcours de visite

Séduire par le patrimoine gastronomique

Dans cet article, Hephata explique et décrit le label « Patrimoine européen » de la Commission européenne.

Ce qu’il faut retenir

Le label « Patrimoine européen » est attribué aux sites qui font mémoire de l’histoire européenne et de sa construction. Il cherche également à favoriser les discours multiculturels entre les citoyens des Etats-membres. C’est donc un label qui porte à la fois une dimension patrimoniale et historique mais également une dimension sociale.

Introduction

Avant d’être une union politico-économique, l’Europe est avant tout considérée comme un continent berceau de la civilisation gréco-romaine. C’est donc avant tout une civilisation et un territoire qui se sont construits progressivement, au gré des échanges commerciaux et culturels entre peuples puis nations. Cette histoire de l’Europe est visible dans les monuments et le patrimoine bâti tels que le Great Guild Hall en Estonie, le Promontoire de Sagres au Portugal ou encore le Palais Impérial de Vienne en Autriche.

L’histoire de l’Union européenne elle, est plus récente mais elle vient dans la continuité de celle de l’Europe. Cette histoire est également visible au travers du patrimoine architectural. On peut citer par exemple : le Château de Hambach symbole de lutte pour les libertés civiles, l’Ile italienne de Ventotene sur laquelle est signé un manifeste posant les bases d’une Europe unie ou encore le Village de Schengen au Luxembourg où a été signé l’accord éponyme.

Ces sites du patrimoine qui témoignent de l’histoire de l’Europe et de celle de l’Union européenne peuvent donc obtenir le label « Patrimoine européen ».

Contexte du label « Patrimoine européen »

Le label « Patrimoine européen » a été créé en 2005 à l’initiative de certains pays membres de l’Union européenne. Aujourd’hui, il est géré par la Commission européenne. L’avantage de ce label est qu’il permet d’intégrer un réseau et de gagner en notoriété à l’échelle européenne. C’est donc une manière d’accroître sa visibilité en dépassant la sphère uniquement nationale voire locale. Adhérer à ce label, c’est aussi partager des valeurs communes avec les autres membres du réseau « Patrimoine européen ». Là-encore ces valeurs communes et multiculturelles peuvent être un facteur d’attractivité touristique.

Pour obtenir le label, il faut être sélectionné une première fois auprès d’un jury national (Direction générale des patrimoines et de l’architecture – DGPA – en France). Une deuxième sélection s’effectue ensuite au niveau européen, auprès de la Commission européenne, qui décide de l’attribution ou non du label.

Le site labellisé peut à la fois être :

  • Un monument unique ;
  • Plusieurs monuments portant une thématique commune au sein d’un ou plusieurs pays.

Objectifs du label « Patrimoine européen »

Le label « Patrimoine européen » a pour objectif de sensibiliser les populations, et notamment les plus jeunes, à l’histoire de l’Europe, du Moyen Age à nos jours, ainsi qu’à celle de la construction de l’Union européenne. Le label porte donc à la fois une dimension patrimoniale et historique mais également une dimension sociale puisque le but est réellement d’impliquer les citoyens dans cette histoire de l’Europe. Il s’agit donc de partager, à travers le patrimoine, des valeurs communes : démocratie, droits de l’homme, paix et bonne entente entre les pays membres, … Cette politique culturelle communautaire est d’ailleurs un excellent moyen pour améliorer et renforcer le dialogue et les échanges interculturels entre les nations.

Le label concerne ainsi les sites porteurs d’une symbolique forte. Ces derniers se doivent d’être des témoins de l’héritage européen. Non seulement dans leur histoire et leur architecture mais également dans le discours actuel qu’ils diffusent.

Critères de sélection du label « Patrimoine européen »

Le label « Patrimoine européen » est donc attribué aux sites culturels et monuments qui font mémoire de l’histoire de l’Europe et de l’Union européenne et de son avènement mais également aux lieux fortement marqués par les atrocités de la guerre tels que les camps de concentration.

Par ailleurs, pour obtenir le label, les propriétaires et gestionnaires des sites concernés doivent axer la médiation du site sur ce rapport à l’histoire européenne. Ils doivent également favoriser l’accès du site au plus grand nombre ainsi que son ouverture multiculturelle. Cela passe notamment par des outils de médiation adaptés et disponibles en plusieurs langues.

Lieux et sites labellisés « Patrimoine européen »

A ce jour, 48 sites européens sont labellisés « Patrimoine européen » et cinq se situent en France :

  • Le mémorial de Chambon-sur-Lignon en Haute-Loire, haut site de refuge de personnes juives, de républicains espagnols, de résistants et de citoyens allemands antinazis ;
  • L’Abbaye de Cluny en Bourgogne, qui a largement contribué à la construction de l’Europe occidentale au Moyen Age ;
  • Le réseau de camps de Natzweiler en Alsace-Moselle et à Bade -Wurtemberg ;
  • Le quartier européen de Strasbourg qui abrite le Conseil de l’Europe, la Cour européenne des droits de l’homme et le Parlement européen de l’Union européenne ;
  • La Maison de Robert Schuman à Scy-Chazelles en Mozelle, lieu d’habitation du « Père de l’Europe ».

Conclusion

Le label « Patrimoine européen » récompense donc les sites culturels porteurs de l’histoire européenne et qui ont réellement pour objectif de faire rayonner, de témoigner, de sensibiliser et de transmettre le patrimoine culturel de l’Europe, dans sa matérialité mais également son immatérialité, aux citoyens européens mais aussi aux individus du monde entier.

Pour aller plus loin

Le label de la Fondation du patrimoine

Panorama des acteurs européens du patrimoine

15 biens méconnus inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO

Les fours à chaux de Vendenesse-lès-Charolles, une association engagée pour le patrimoine rural et industriel.

Introduction

Ces propos ont été receuillis par Blandine de Feydeau au cours d’un entretien avec le Président de l’assocation des fours à chaux de Vendenesse-lès-Charolles. L’objectif est de présenter cette association et de montrer comment le petit patrimoine, même protégé, repose essentiellement sur le travail pro-actif d’associations et de membres bénévoles. Associations qui travaillent en collaboration avec des communes et des habitants impliqués dans la sauvegarde du patrimoine local.

Une association engagée pour le patrimoine rural

Contexte historique

L’association des fours à chaux de Vendenesse-lès-Charolles est une association engagée pour le patrimoine rural. Elle a été créée en 1998, date à laquelle les fours ont été classés monuments historiques en raison de leur valeur patrimoniale. En effet, ceux-ci sont les derniers fours à chaux dotés de cheminées en France. Construits entre 1879 et 1881, la production de ce site industriel a stoppé au début des années 1960, en raison du délaissement de la chaux au profit du ciment mais également à cause de l’abandon de la voie de chemin de fer qui permettait l’acheminement des marchandises.


Délaissés, les fours se dégradent et risquent la destruction, jusqu’au jour où leur intérêt patrimonial est reconnu, en 1998. Ils sont alors restaurés, de 1998 à 2002, grâce à des chantiers d’insertion, et ouvrent alors leurs portes au public. A également été reconstruite une petite maison de cheminot le long de la voie ferrée qui borde le site et qui sert désormais de point d’accueil.

Intégration du patrimoine dans une offre touristique globale


Aujourd’hui, l’association se charge de faire vivre les fours en y organisant des visites ainsi que des animations pour le public. L’attractivité du site est boostée par son intégration dans une offre plus globale.


En effet, l’ancienne voie ferrée passant à proximité sert aujourd’hui de voie verte. Elle accueille les habitant locaux mais également quelques touristes et randonneurs. Celle-ci est longue d’une centaine de kilomètres et passe notamment par Paray-le-Monial, Charolles, les fours à chaux et leur commune de Vendenesse-lès-Charolles. L’originalité de la voie verte est qu’elle fait aujourd’hui l’objet d’un parcours multisensoriel où une certaine distance effectuée correspond à plusieurs milliards d’années. L’objectif étant de faire prendre conscience aux visiteurs de l’histoire de l’évolution de la Terre.


Chaque étape est marquée par un panneau indicatif qui aborde des thématiques géologiques, historiques, sociales. Des QR codes renvoient à une « lecture du paysage » opérée par une actrice professionnelle et délivrant des informations géologiques, environnementales et même écologiques tout le long du parcours.

Une attractivité reposant sur la pluriactivité


D’autres QR codes permettent de présenter les fours à chaux lorsque ceux-ci ne sont pas ouverts au public, en basse saison. Tout au long de l’année, le site accueille de nombreux scolaires (environ 400 par année en période pré-Covid), ce qui permet aussi de transmettre le patrimoine aux générations futures en sensibilisant les populations les plus jeunes.


D’autres activités type Son et lumière, conférences, concerts, théâtre, sont également régulièrement organisées. Il s’agit donc d’un site dynamique, qui, compris dans une offre plus globale, permet de dynamiser le territoire et de relancer son attractivité.

Le patrimoine rural facteur de cohésion sociale


Le site patrimonial est également facteur de cohésion sociale à l’échelle locale. Par exemple, panneaux et cartels sont maintenus par différents types de roches qui ont été apportées par des habitants, à la demande de l’Association. Ces roches racontent elles-mêmes une histoire : certaines ont servi à la construction des églises, d’autres au bocage, toutes sont typiques du terroir et de la diversité des sols de la région, etc., … De même, les
différents textes ont pu être évalués par les habitants, toujours dans le but d’inclure le plus grand nombre et de fédérer les habitants autour d’une même cause patrimoniale.


En ce qui concerne la promotion du site et sa visibilité touristique, la connaissance de celui-ci est relayée par les réseaux sociaux (site internet principalement), par la télévision (sur FR3) ainsi que par des agendas et guides touristiques.


Pour le volet financier, le site des fours à chaux bénéficie d’une aide régulière de la commune, du département ainsi que de la région, subventions qui permettent son entretien courant.

Le regard d’Hephata

Les facteurs clés de succès de l’association

  • Un investissement très fort des membres bénévoles et une participation de la commune
  • Une concertation régulière avec les élus locaux et les habitants
  • Une implication des habitants et notamment des riverains qui peuvent être concernés par certaines nuisances liées à la fréquentation du site
  • La pérennité de l’association (la disponibilité des bénévoles, leur motivation et le renouvellement des membres)
  • L’intégration du patrimoine des fours à chaux dans un parcours multisensoriel
  • La création d’animations et l’ouverture à des projets portés par des personnes extérieures à l’association
  • Une communication relayée par les acteurs du territoire

Quelques recommandations pour la valorisation du patrimoine rural

  • Intégrer les sites du patrimoine rural dans des circuits touristiques au sein du territoire et proposer ainsi la découverte d’autres patrimoines bâtis, naturels et même immatériels
  • Poursuivre un travail pro-actif dans la recherche de partenaires financiers, de mécènes, de porteurs d’animations et d’activités ainsi que de relais de communication

Pour aller plus loin

Pourquoi sauvegarder le patrimoine rural ?

Comment sauvegarder le patrimoine rural ?

Le tourisme de proximité réveille les territoires

Dans cet article, Hephata explique pourquoi sauvegarder le patrimoine rural et quel est l’intérêt de le protéger.

Ce qu’il faut retenir

Le patrimoine rural souffre d’un manque de protection et de reconnaissance. Son intérêt patrimonial peut être discuté selon les points de vue des individus. Dès lors, certaines personnes peuvent se demander pourquoi sauvegarder le patrimoine rural si celui-ci n’a plus d’utilité ?

En fait, le patrimoine rural peut se révéler être un véritable levier de développement pour le territoire. Ce, en termes d’attractivité touristique, de cohésion sociale et de création de richesse économique.

Introduction

Le patrimoine rural rassemble l’ensemble des biens immobiliers, mobiliers, naturels et immatériels appartenant au territoire rural. Leur intérêt patrimonial relève de l’identité et du sentiment d’appartenance dont ils sont porteurs. Par exemple, un paysage naturel est un patrimoine rural car il participe à l’identité d’un territoire. Et ce, encore plus s’il présente des constructions anciennes qui témoignent des savoir-faire locaux. Par exemple, des maisons traditionnelles, fermes et moulins, clôtures végétales naturelles (« queules »), sentiers, ponts, etc., … De même, la gastronomie est propre à chaque région ce qui lui permet d’être un facteur d’appartenance sociale. Il s’agit là d’un patrimoine immatériel.

Néanmoins, tout ce patrimoine rural présente une faille. N’étant que très rarement monumental, il est le plus souvent non protégé et non reconnu tel un patrimoine. Dès lors, avec la désertification des campagnes et la mutation de la société, ce petit patrimoine est en proie à des risques d’abandon, donc de dégradation, voire de destruction. En ce qui concerne le bâti, celui-ci risque également de subir des transformations qu’il ne peut pourtant pas assumer telles que les nouvelles mises aux normes énergétiques pourtant incompatibles avec sa qualité d’ancienneté.

Par ailleurs, la plus grande mobilité des populations peut conduire à un certain oubli des traditions et savoirs propres à chaque commune. Le patrimoine rural se trouve donc peu à peu délaissé et abandonné. C’est aussi un patrimoine qui a été banalisé. Peu de personnes y sont sensibilisées : au petit moulin de campagne, on préfère un château royal ou une cathédrale gothique. Le patrimoine monumente, en quelque sorte, efface le petit patrimoine vernaculaire ! Dès lors, si son intérêt patrimonial est discutable, pourquoi sauvegarder le patrimoine rural ?

Le patrimoine rural, facteur d’attractivité touristique

Tout d’abord, le patrimoine se révèle être un véritable facteur d’attractivité touristique. En effet, avec le développement des nouvelles pratiques liées au tourisme durable, les territoires ruraux français profitent de plus en plus de la demande touristique. La mode est au slowtourisme et privilégie désormais un tourisme de proximité  plus respectueux de l’environnement et davantage porté sur l’humain. Or, le relais du tourisme de proximité peut justement être l’ensemble des patrimoines ruraux qui parsèment le territoire. Ceux-ci renforcent en effet l’intérêt de la région et peuvent ainsi être inclus au sein de l’offre touristique globale.

Il y a donc un réel besoin de faire connaître et reconnaître le patrimoine rural. Ce afin de pouvoir le promouvoir et de communiquer dessus. Les acteurs touristiques du territoire tels que les tours opérateurs, les offices de tourisme, les PNR ou Grands Sites de France mais aussi les Services du patrimoine des Villes d’art et d’histoire ainsi que les mairies et associations locales ou nationales, telles que Urgences Patrimoine peuvent et doivent servir de relais. L’objectif étant de rendre visible ce patrimoine peu connu et de sensibiliser les populations à son intérêt, son histoire et sa sauvegarde.

L’objectif est aussi de créer tout un réseau d’offres touristiques autour du patrimoine rural. En effet, plus l’offre est complète et les sites nombreux à visiter, plus le territoire est attractif et cela permet aussi d’accroître les nuitées touristiques et d’allonger les séjours des visiteurs sur le territoire.

            Exemple

Voici le cas du site archéologique et naturel de Bibracte. Celui-ci a été labellisé « Grand Site de France » en 2007. Cela lui a permis de faire connaître et patrimonialiser tout un ensemble de patrimoines ruraux de la Bourgogne-Franche-Comté. Le site permet par exemple de découvrir les vestiges archéologiques du peuple des Eduens, les restes pastoraux des siècles passés sous la forme de « queules », ces haies naturelles construites par l’entrecroisement des branches d’arbres, …

La labellisation du site permet aussi de créer un offre touristique majeure qui englobe les autres destinations de la région tels que :

  • le Château de Sully ;
  • les musées et mémoriaux de la résistance dans le Morvan ;
  • le Château de Marguerite de Bourgogne ;
  • la Maison du patrimoine oral de Bourgogne ;
  • le patrimoine religieux ;
  • le Château de Bazoches, etc., …

Le patrimoine rural, générateur de richesse économique

Ensuite, le patrimoine rural peut être générateur d’une richesse économique pour le territoire. En effet, comme vu précédemment, le patrimoine rural renforce l’attractivité touristique du territoire. Ce tourisme est créateur de richesse puisqu’il entraîne non seulement la perception de recettes propres aux activités développées mais aussi parce qu’il est créateur d’emplois et de services directs et indirects. Ainsi, renforcer le tourisme dans un territoire c’est permettre le développement des transports, des offres d’hébergements et de restauration, de soins à la personne, des services de médiation culturelle et artistique, etc., …

Tous ces emplois contribuent notamment à redynamiser le territoire, à éviter sa désertification et à le rendre plus riche économiquement. Dès lors, cela conduit à entrer dans un cercle vertueux puisque rendre dynamique un territoire contribue lui-même à renforcer son attractivité et à le promouvoir à une échelle de plus en plus large.

Le patrimoine rural, facteur de cohésion sociale

Enfin, le patrimoine rural peut être un facteur de cohésion sociale. En effet, dans les petites communes rurales qui souffrent de la désertification, il est bon de rassembler les habitants autour d’une cause commune : le patrimoine. Mais encore faut-il que l’ensemble des habitants d’une commune ou d’un territoire reconnaisse ce patrimoine comme tel. Il y a donc tout un travail de sensibilisation à réaliser à l’échelle locale afin qu’un élément bâti, un objet, un paysage ou un bien immatériel soit reconnu d’intérêt patrimonial par tous.

            Exemple

Impliquer les résidents et leur ouvrir le site avec des activités dynamiques est la meilleure manière de sensibiliser les individus et de leur faire prendre conscience de l’intérêt patrimonial d’un site. C’est en tout cas ce que fait l’association des Fours à chaux de Vendenesse-lès-Charolles en Saône-et-Loire. Les habitants se sont sentis impliqués et inclus dans l’expérience patrimoniale car ils ont pu donner leurs avis sur différents cartels explicatifs de la visite et ont été appelés à donner des roches présentes dans leurs jardins, leurs villages, leurs régions, afin de montrer aux visiteurs des fours à chaux la diversité géologique des sols du territoire. De même les habitants peuvent participer à différentes animations organisées sur le site : Son et Lumière, théâtre extérieur, conférences, activités scolaires, etc., …

Le patrimoine rural apparaît ainsi comme un facteur de cohésion sociale. C’est une cause qui rassemble les personnes car elle leur rappelle leur appartenance au territoire, leur fait faire mémoire de leurs souvenirs d’enfance, témoigne d’un héritage passé source de connaissance, etc., …

Ainsi, le patrimoine rural contribue à redynamiser les territoires et aide à lutter contre l’exode rural. Notamment parce qu’il est aussi créateur d’emplois à travers l’activité touristique. Notons que certains patrimoines peuvent en plus être réhabilités en logements ou en commerces. On dépasse alors l’unique fonction de visite. Retenons par ailleurs qu’il est généralement moins coûteux de réhabiliter plutôt que de reconstruire. Dès lors, pourquoi détruire ?

Conclusion

Le patrimoine rural est donc un levier de développement économique pour les territoires. Réhabilité, il permet de faire revivre une commune car il peut se révéler générateur d’emploi et facteur de cohésion sociale ainsi que d’attractivité touristique. Néanmoins, comment sauvegarder le patrimoine rural ?

Pour aller plus loin

Faire rayonner le patrimoine avec l’agritourisme

Revitaliser les territoires

Le tourisme de mémoire en France

Dans cet article, Hephata explique comment sauvegarder le patrimoine rural pour le transmettre aux générations futures.

Ce qu’il faut retenir

Le patrimoine rural étant souvent peu protégé, il est davantage en proie aux risques d’abandon, de dégradation et de destruction. Il ne bénéfice quasiment pas d’aides de l’Etat et sa conservation est donc plus que précaire.

D’autres acteurs du territoire doivent donc assurer sa sauvegarde. Ils ont pour mission :

  • La connaissance de ce patrimoine ;
  • Sa restauration et son entretien ;
  • Sa mise en visibilité et son attractivité touristique.

Introduction

Le patrimoine rural se définit également comme le « petit patrimoine », le « patrimoine vernaculaire » ou encore le « patrimoine de proximité ». Il concerne l’ensemble des biens matériels, naturels et immatériels situés dans un milieu rural et présentant un intérêt historique, artistique, culturel ou architectural. Il peut s’agir :

  • De biens religieux : chapelles, calvaires, … ;
  • De lieux et objets de mémoire : cimetières, monuments aux morts, … ;
  • D’infrastructure liées à l’eau : écluses, aqueducs, puits, lavoirs, … ;
  • De sites agricoles, d’exploitation ou de production : moulins, fermes, fours, … ;
  • De sites industriels et post-industriels : gares, chemin de fer, … ;
  • De paysages naturels ou faits de mains d’hommes : haies, sentiers, bocage, … ;
  • De patrimoine immatériel : traditions orales, gastronomie, savoir-faire, …

N’étant pas monumental, le patrimoine rural est par définition un patrimoine non protégé. Il est donc rarement classé ou inscrit au titre des monuments historiques. De même, il ne bénéficie pas non plus toujours de labels. Ce manque de reconnaissance et de protection l’expose donc à des risques d’abandon, de dégradation voire de destruction.

Pourtant, le patrimoine rural s’avère être un excellent moyen de redynamisation et d’attractivité du territoire. Son entretien et sa sauvegarde se révèlent dont être d’une absolue nécessité pour le regain de vitalité des campagnes.

Cependant, comment sauvegarder le patrimoine rural ?

La patrimonialisation, un outil de sauvegarde ?

            Donner un sens, mettre en visibilité

Pour qu’un site, un objet ou un bâtiment, soit qualifié de « patrimoine », il faut lui donner un sens en identifiant sa valeur sociale, économique et culturelle. Cela nécessite d’avoir une bonne connaissance de l’objet en question. Ce, afin de pouvoir en restituer et en transmettre l’intérêt culturel, historique, artistique ou architectural. Généralement, c’est aux citoyens les plus proches de l’objet (habitants, locaux) de témoigner de cet intérêt. Ceux-ci peuvent constituer des associations de protection de leur patrimoine local.

Cette connaissance permet de changer le regard sur un objet, de sensibiliser les personnes à la dimension patrimoniale de cet objet, afin d’éviter que celui-ci apparaisse comme une banalité aux yeux du plus grand nombre. Dès lors qu’un objet ou un site est considéré comme relevant du champ patrimonial, il est plus aisé de le protéger et d’éviter que ce dernier ne soit détruit ou transformé. Reconnaître l’intérêt patrimonial d’un lieu ou d’un objet, c’est aussi permettre sa mise en visibilité auprès du public. Néanmoins, la patrimonialisation d’un site ou d’un objet n’est acté que lorsqu’elle bénéfice d’une reconnaissance publique officielle.

            Labelliser le patrimoine rural

Des labels peuvent indiquer cette reconnaissance publique. Un label n’est pas toujours générateur d’aides et de subventions. Néanmoins, il permet de protéger un patrimoine des risques de destruction ou de transformation. Il est également un gage de mise en visibilité de ce patrimoine.

Voici quelques labels permettant de reconnaître le patrimoine rural :

  • Le Label de la Fondation du patrimoine s’adresse aux propriétaires d’un bâtiment ou d’un site rural non protégé au titre des monuments historiques. Accordé pour une durée de cinq ans, il permet de reconnaître l’intérêt patrimonial d’un site. Le label accompagne les projets ayant pour objectif la restauration du site et sa mise en visibilité/son ouverture au public. Il permet également d’obtenir une aide financière de la Fondation et d’une déduction fiscale du montant des travaux.
  • Le label « Sites remarquables du goût » est attribué aux sites, communes, lieux-dits reconnus pour leur gastronomie ainsi que leur patrimoine culinaire et vinicole. Le label répond à une charte qualité qui prône l’accueil du public et la création de liens entre gastronomie et patrimoine naturel, architectural et culturel.

Restaurer le patrimoine rural

            Se tourner vers les acteurs du patrimoine rural

Sauvegarder le patrimoine rural, c’est aussi le restaurer et l’entretenir. Or, avec la baisse des aides de l’Etat, les petites communes et particuliers peinent de plus en plus à conserver le petit patrimoine. Ce sont donc désormais d’autres acteurs qui prennent le relais : les collectivités, les associations locales, les CAUE, les PNR, les Grands sites de France, les Villes et Pays d’art et d’histoire, etc.,…

Ces relais permettent de porter réellement les processus de patrimonialisation et contribuent à la mise en visibilité des sites au travers de publications, de missions de communication et de diffusion de la connaissance.

            Quels financements pour la restauration du patrimoine rural ?

Les différents acteurs mentionnés ci-dessus sont également de bons relais pour obtenir différentes aides et financements. Ces aides et financements proviennent le plus généralement des collectivités territoriales : régions, départements, communes, … Néanmoins, il existe d’autres fonds, subventions et prix provenant d’associations, d’entreprises, de la DRAC, du FEDER, etc., … La Banque des financements répertorie ces différents financements.

Réhabiliter le patrimoine rural

            Trouver une nouvelle fonction au patrimoine rural

Une des problématiques qui touche le patrimoine rural est qu’il a perdu sa fonctionnalité initiale. Il est donc désormais dépourvu de ses fonctions premières de production ou de fabrication. Même le patrimoine religieux peut-être soumis à un abandon dû à la désertification des territoires et à l’essoufflement du culte. Dès lors, comment rendre utile ce patrimoine désormais désuet ? Comment trouver une nouvelle fonction au patrimoine rural pour permettre sa sauvegarde et éviter sa destruction ?

            Mettre en tourisme le patrimoine rural

Cette réhabilitation du patrimoine rural, le fait de lui trouver une nouvelle fonction, doit se montrer efficace dans son attractivité afin da faire revivre les campagnes. Il y a là un réel besoin de s’adapter aux usages de la vie contemporaine sans dénaturer le patrimoine rural mais en faisant en sorte qu’il participe à la société et à l’économie. Cette réhabilitation peut être à destination des habitants mais également à destination des touristes.

En effet, il y a un réel besoin des touristes d’être de plus en plus indépendants, loin des grandes masses et des villes, dans des espaces ruraux et naturels. Il y a donc une demande croissante pour le tourisme de proximité et les nouvelles pratiques telles que le slowtourisme ou encore le tourisme de mémoire. Les touristes ont en effet de plus en plus tendance à délaisser le patrimoine monumental pour le petit patrimoine qu’ils allient à la découverte du patrimoine naturel et du patrimoine immatériel, notamment le patrimoine gastronomique. La réhabilitation du patrimoine rural a donc tout intérêt à s’orienter en faveur du tourisme et de la cohésion sociale avec les locaux.

Conclusion

La sauvegarde du patrimoine rural est donc l’œuvre d’acteurs du territoire et en priorité des particuliers qui se regroupent en associations. Ceux-ci doivent parvenir à faire reconnaître ce patrimoine et à le rendre visible pour en faire des centres d’intérêts du territoire. L’objectif étant d’obtenir des labels et reconnaissances permettant de protéger ce patrimoine et éviter ainsi sa dégradation et sa destruction. Le but est aussi de trouver des financements pour sa restauration et de lui trouver une nouvelle activité économiquement viable. Ce, afin de l’entretenir, de le faire vivre en l’ouvrant au public, de le faire perdurer dans le temps et de le transmettre aux générations futures.

Pour aller plus loin

Le tourisme durable : vers de nouvelles pratiques ?

Revitaliser les territoires

Faire rayonner le patrimoine avec l’agritourisme

Dans cet article, Hephata met en lumière la contribution du patrimoine au tourisme durable.

Introduction

Le tourisme durable est une alternative au tourisme de masse et repose sur trois piliers :

  • Economie ;
  • Société ;
  • Environnement.

Le troisième pilier fait en fait référence au patrimoine qu’il soit naturel ou culturel. Il recouvre ainsi une multitude de réalités : à la fois les paysages et la biodiversité mais également le bâti et les créations humaines.

En ce qui concerne le tourisme, l’environnement est d’une importance capitale. En effet, c’est lui qui est la cause de l’intérêt touristique d’une destination. Sans cet intérêt, les visiteurs ne voyageraient pas vers le lieu en question. L’entretien et la préservation de l’environnement sont donc des enjeux majeurs pour garder l’intérêt touristique d’un site. Paradoxalement, c’est pourtant l’afflux touristique qui est sans doute le plus gros risque de dégradation d’un site. En effet, le tourisme de masse et la sur-fréquentation entraînent la pollution ainsi que la détérioration de certains espaces. C’est pourquoi le tourisme responsable cherche à protéger au maximum l’environnement, non seulement pour des questions d’éthique mais également pour bénéficier d’une économie touristique viable sur le long terme.

Ainsi, tourisme durable et patrimoine sont faits pour fonctionner ensemble. Ils se soutiennent l’un l’autre. En effet, le tourisme peut contribuer à la valorisation, à la protection et à la préservation du patrimoine. Parallèlement, le patrimoine constitue l’intérêt d’une destination, permettant un afflux touristique contribuant à l’enrichissement économique du territoire. Par ailleurs, le patrimoine, par son esthétique, son histoire et/ou son intérêt culturel, participe au bien-être des Hommes, ce qui l’inclut parfaitement dans un des piliers du tourisme durable : la société.

Source : Atout France repris par Acteurs du Tourisme Durable

Le patrimoine, un point-clé de l’attractivité touristique

Le patrimoine est un des facteurs qui favorise l’attractivité touristique d’une destination. Il est donc important de le maintenir dans un bon état et de le faire perdurer. Cela est d’autant plus important qu’il constitue tout un héritage et est porteur d’histoire. Le conserver et le préserver est donc une question d’éthique avant tout même si le patrimoine peut aussi être perçu comme un outil de retombées économiques.

Ce patrimoine peut couvrir diverses réalités telles que :

  • La nature (paysages et biodiversité) ;
  • L’architecture (monuments historiques, bâtiments industriels, villas d’architectes, etc. …) ;
  • Les objets d’art et objets témoignant d’un savoir-faire ;
  • Les savoir-faire et les techniques ;
  • Les pratiques culturelles et gastronomiques, etc. …

Selon ces divers types de patrimoines, les enjeux de sauvegarde et de valorisation ne sont pas les mêmes. Néanmoins, les autorités compétentes du tourisme cherchent, par différents moyens, à les protéger et les valoriser. Ce, à la fois pour les faire perdurer dans le temps et les préserver des impacts négatifs de l’activité humaine mais aussi pour les rendre accessibles au plus grand nombre via l’activité touristique.

Exemple

Cette protection et cette valorisation passent par la mise en place de labels. On peut penser notamment à celui des Grands sites de France. Ce label cherche à préserver et promouvoir les grands sites naturels de France. Parmi eux, on trouve Bibracte – Morvan des Sommets. Le site comprend à la fois les paysages naturels du Morvan ainsi que les vestiges archéologiques gallo-romains retrouvés au Mont Beuvray. Le label permet de prendre des mesures pour préserver les paysages et continuer les fouilles archéologiques tout en les promouvant en proposant une offre d’accueil et d’activités aux touristes.

Le patrimoine, un apport positif pour la société

Le patrimoine est un élément à ne pas négliger au sein de la société. En effet, c’est un élément porteur du passé des hommes. Il est donc un héritage historique qui permet aux générations actuelles et futures de prendre connaissance du passé de l’humanité. Il témoigne ainsi des anciens savoir-faire et techniques mais également des différents modes de vie et traditions au travers de l’architecture, de la culture, des savoir-faire, des techniques et même des paysages.

Outre ses caractéristiques historiques, le patrimoine est souvent porteur d’une certaine esthétique. Le patrimoine participe ainsi au bien-être des êtres humains. Hephata a d’ailleurs vérifié cette hypothèse lors de son Etude d’impact publiée en 2017. Il s’est avéré que le patrimoine est porteur d’un effet thérapeutique. Ainsi, on observe une baisse des dépressions de 8% chez les individus âgés de plus de 50 ans se rendant dans un lieu culturel au moins une fois par mois.

Même si ce bien-être est généré par l’ensemble du patrimoine, il est en grande partie dû au patrimoine naturel : à la fois les paysages mais également les parcs et jardins dépendant de monuments historiques.

Exemple

Le Pont du Gard est un patrimoine protégé par de nombreux labels :

Il se trouve qu’en plus d’être un des uniques témoignages des aqueducs romains, le Pont du Gard est un site naturel d’exception. Il s’agit donc d’un lieu fort tant au niveau de son histoire que de sa biodiversité.

Le paysage méditerranéen de garrigue et la rivière offrent un cadre idyllique pour le bien-être et le repos. Les individus peuvent participer à des circuits et à des balades respectueuses de l’environnement. L’environnement paisible est idéal pour retrouver une certaine sérénité, faire un exercice physique et respirer du bon air frais.

On peut ainsi dire que le Pont du Gard est un exemple de destination touristique durable notamment parce qu’il participe au bien-être de la société (habitants et touristes) mais aussi parce qu’il est doté de nombreux labels qui protègent à la fois son environnement naturel mais aussi son architecture en tant que telle.

Le tourisme, un acteur de mise en valeur du patrimoine ?

Le tourisme est une activité créatrice de richesse. En effet, l’activité touristique permet à un territoire d’attirer des visiteurs qui seront des consommateurs. Il faut ainsi mettre à leur disposition des produits et des services pour satisfaire à leurs besoins et à leur bien-être. En échange, la mise à disposition de ces produits et services est rémunérée par ces visiteurs. Ainsi, le territoire pourra bénéficier de retombées économiques. Bien plus, l’offre de ces biens et services nécessitera la création d’emplois locaux permettant ainsi de redynamiser le territoire.

Or, si cette création de richesse est bénéfique au territoire ainsi qu’à ses habitants, elle l’est aussi pour le patrimoine local. En effet, le patrimoine est le plus souvent un élément constituteur de l’offre touristique du fait de son intérêt artistique et historique. Il peut donc, par ce biais, bénéficier des retombées économiques de l’activité touristique. Le ou les propriétaires d’un patrimoine qu’ils soient des particuliers, des associations, des entreprises ou des collectivités territoriales et qu’il s’agisse de patrimoine bâti, culturel ou naturel, a donc tout intérêt à promouvoir son patrimoine dans la sphère du tourisme.

Par ailleurs, bien plus que de le revaloriser économiquement, le tourisme peut être un canal de promotion d’un patrimoine. En effet, pour mettre en valeur une destination, d’importantes campagnes de communication sont mises en place. Celles-ci intègrent les lieux et activités intéressants du territoire (paysages, monuments, savoir-faire locaux, etc. …).

Le tourisme est donc un acteur de la mise en valeur du patrimoine puisqu’il lui permet une mise en visibilité et lui apporte des retombées économiques.

Conclusion

Le patrimoine a donc un rôle majeur à jouer dans le tourisme durable et inversement. Le patrimoine accroît en effet l’intérêt des sites touristiques. Néanmoins, il nécessite des actions de préservation et de protection pour ne pas subir les dégradations d’un tourisme de masse. Le tourisme responsable répond justement à cet enjeu en essayant de protéger au maximum l’environnement grâce à des modes de tourisme alternatif tels que :

Pour aller plus loin

Le tourisme de proximité réveille les territoires

La restauration et la réhabilitation du patrimoine religieux

15 biens méconnus inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO

Dans cet article, Hephata se penche sur les nouvelles pratiques liées au tourisme durable.

Introduction

Le tourisme durable est une alternative au tourisme de masse. Il vise à réduire, limiter voire contrer les effets négatifs du tourisme sur la société et l’environnement.

Le tourisme est une activité transversale touchant à de nombreux secteurs économiques. C’est un levier majeur pour les territoires pour leur enrichissement et leur développement. Ainsi, le tourisme est la première industrie économique mondiale. Elle représente environ 7,5% du PIB français selon le Rapport d’activité publié par Atout France en 2019. Il s’agit donc d’une activité qu’il faut encourager et développer. Néanmoins, le tourisme a des impacts souvent très négatifs sur la société et l’environnement. La sur-fréquentation est notamment la cause de ces troubles. Celle-ci crée une atmosphère d’inconfort pour les communautés d’accueil ainsi que des risques pour l’environnement et la gestion des ressources naturelles et culturelles.

Le tourisme durable cherche donc à inverser la tendance en essayant de concilier à la fois :

  • Le bien-être des visiteurs ;
  • Celui des habitants locaux ;
  • Celui des professionnels du tourisme (conditions de travail) ;
  • Le respect des ressources (naturelles et culturelles).

Ainsi, d’après l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), il repose sur trois piliers :

  • L’économie ;
  • La société ;
  • L’environnement.

Source : Atout France repris par Acteurs du Tourisme Durable

Autrement dit, le tourisme durable cherche à favoriser l’économie tout en inscrivant cette activité à long terme dans le respect de la nature et des Hommes.

Contexte historique du tourisme durable

Le tourisme durable est un concept qui est apparu progressivement. En effet, il résulte d’une prise de conscience suite aux phénomènes de tourisme de masse, de sur-fréquentation entraînant la pollution, la dégradation de l’environnement ainsi que le mal-être des visiteurs, des habitants et des professionnels du tourisme.

Lors du Sommet de Rio en 1992, l’impact des activités socio-économiques humaines sur l’environnement est interrogé. L’Agenda 21 est adopté durant cette grande rencontre mondiale. Ce dernier fixe l’objectif du développement touristique durable. Le défi est le suivant :

« Rendre compatible l’amélioration des conditions environnementales et sociales qui résultent du développement touristique avec le maintien de capacités de développement pour les générations futures ».

Les principes du tourisme durable sont définis en 1995 lors de la conférence mondiale du tourisme durable à Lanzarote. Y est aussi adoptée la Charte mondiale du tourisme durable. Les principes du tourisme durable sont réactualisés en 2004 par l’OMT. Ces principes sont les trois piliers évoqués précédemment :

  • Economie ;
  • Société ;
  • Environnement.

En 1999, l’Assemblée Générale de l’OMT adopte le Code mondial d’éthique du tourisme. Il cherche à guider les porteurs de projets touristiques pour que les différentes parties prenantes proposent des offres en adéquation avec le respect de l’Homme et de l’environnement.

En 2000, le Sommet mondial en Jordanie et la Déclaration d’Amman abordent la question du tourisme comme vecteur de paix entre les nations.

Lancé en 2006, le Groupe de travail international sur le développement du tourisme durable permet de soutenir une quarantaine de projets provenant d’une vingtaine de pays différents et d’environ 25 organisations.

En 2010, le PNUE (programme des nations unies pour l’environnement) lance le partenariat Mondial pour le tourisme durable.

Enfin, l’ONU proclame l’année 2017 comme année internationale du tourisme durable pour le développement.

Les principes du tourisme durable

Le tourisme durable s’articule autour de trois grands principes :

  • Economie ;
  • Société ;
  • Environnement.

Ces derniers lui permettent de réduire l’impact négatif de l’Homme sur l’environnement tout en garantissant une activité économique viable sur le long terme ainsi qu’un respect et la garantie du bien-être des consommateurs, des résidents locaux et des professionnels du tourisme.

Economie

Etant donné l’importance économique du tourisme, le tourisme responsable cherche à poursuivre voire à accroître la rentabilité économique des différentes activités touristiques. Il cherche à créer de la valeur et à générer de la richesse pour les territoires d’accueil. Ce, afin de garder une place importante dans le PIB d’un pays.

Néanmoins, le tourisme durable détient la particularité de vouloir créer de la richesse pour servir véritablement de levier économique pour les territoires et les habitants locaux. Ainsi, l’objectif n’est pas d’enrichir un petit nombre mais bien les communautés d’accueil. Cela passe par la lutte contre la corruption, la création d’emplois sur place ainsi que la valorisation des savoir-faire et services locaux.

Société

Le tourisme responsable a également à cœur de répondre de manière satisfaisante aux besoins et au bien-être des Hommes, qu’il s’agisse :

  • Des visiteurs et consommateurs (les touristes) ;
  • Des habitants et communautés d’accueil ;
  • Des professionnels et acteurs du tourisme.

L’objectif est ici de créer des emplois locaux avec de bonnes conditions de travail. En effet, les emplois du secteur du tourisme sont souvent précaires (CDD, emplois saisonniers, travail de nuit ou le week-end, etc. …). Ils sont le plus souvent liés à l’hôtellerie et à la restauration.

Un autre objectif est d’établir de bons contacts entre les populations d’accueil et les visiteurs. En effet, le visiteur est souvent celui qui porte l’étiquette du « touriste » qui vient déranger. Il peut être perçu comme un étranger qui vient modifier les conditions de vie quotidienne des habitants. Ainsi, le bien-être des résidents est un axe majeur du tourisme durable qui cherche notamment à contrer la sur-fréquentation des lieux. Cette sur-fréquentation et le phénomène de masse sont d’ailleurs également un poids pour les touristes eux-mêmes. Le but est donc de satisfaire le mieux possible aux exigences des touristes en leur assurant un séjour confortable et vivable, sans pressions, en paix et selon leurs envies.

Environnement

L’environnement comprend à la fois le patrimoine naturel mais également le patrimoine culturel. Il s’agit de préserver les lieux du tourisme qui souffrent souvent de la pollution et de dégradations du fait du nombre excessif de visiteurs et de touristes. Il s’agit également de limiter la surexploitation et la mauvaise gestion de ces ressources patrimoniales.

La protection de ces différents espaces est importante non seulement parce qu’il s’agit de notre patrimoine et de notre planète mais également parce qu’ils présentent souvent l’intérêt des destinations touristiques. Ainsi, préserver les espaces naturels, la biodiversité ou encore les monuments permet de les transmettre aux générations futures afin qu’elles en profitent à leur tour.

Le patrimoine occupe donc une place importante dans le tourisme durable.

Les sous-principes du tourisme durable

Le tourisme responsable présente des sous-principes qui se situent au croisement des valeurs principales. Celles-ci sont les suivantes :

  • L’équité, à la croisée entre société et économie en favorisant une juste rémunération au juste prix ;
  • La viabilité, qui fait le pont entre économie et environnement en encourageant les acteurs et professionnels du tourisme pour les objectifs mis en place afin de préserver l’environnement ;
  • La vivabilité, qui promeut une qualité de vie en proposant aux population un environnement plus sain grâce au respect de la biodiversité et grâce à la présence du patrimoine et d’activités culturelles.

Les différentes activités du tourisme durable

Le tourisme responsable peut être décliné en plusieurs activités. Celles-ci sont de plus en vogue et de plus en plus privilégiées par les touristes. En effet, elles sont plus agréables et répondent parfaitement au refus du tourisme de masse et de la sur-fréquentation.

L’écotourisme se situe à la croisée entre environnement et économie. Également connu sous la dénomination de « tourisme vert », il s’agit d’une pratique touristique orientée vers la découverte de la nature, de réserves naturelles, de l’agriculture (agritourisme, œnotourisme, spiritourisme, etc. …), de la ruralité ou de la nature urbaine (parcs, jardins écologiques, etc. …). L’objectif est dé découvrir la faune et la flore en la respectant.

Le tourisme éthique et solidaire cherche à bénéficier à la fois à l’économie et à l’environnement. C’est une forme de tourisme responsable qui cherche à impliquer au maximum les populations locales afin de favoriser le développement économique de leurs territoires. Il s’agit donc d’une forme de tourisme qui cherche à profiter au plus grand nombre en incluant toutes les parties prenantes.

Le tourisme social touche à la fois la société et l’économie. En effet, il souhaite favoriser la pratique touristique en la rendant accessible au plus grand nombre. Pour y parvenir, plusieurs mesures sont mises en place telles que :

  • La mise en accessibilité et l’aménagement des accès ;
  • L’attribution de chèques-vacances ;
  • La distribution de subventions ;
  • L’augmentation du nombre de congés payés ;
  • L’encouragement des voyages professionnels, etc. …

Conclusion

Le tourisme durable est un tourisme d’avenir, est le tourisme de demain. En effet, il tend enfin à remplacer le tourisme de masse. Celui-ci est de plus en plus exécré par les populations locales mais aussi par les visiteurs eux-mêmes.

Cette forme de tourisme alternatif cherche à avoir des impacts positifs à la fois sur l’environnement, la société et l’économie. Néanmoins, certains aspects de ce tourisme doivent toujours être requestionnés. Ainsi, si l’on prend exemple du tourisme éthique et solidaire, on peut se demander s’il est toujours une forme de tourisme responsable. En effet, cette forme de tourisme peut être perçue comme une « consommation » de la misère des populations les plus pauvres. Le visiteur vient-il alors véritablement pour aider ces populations en les enrichissant ou pour être un simple spectateur de leur pauvreté ?

Pour aller plus loin

Le tourisme de proximité réveille les territoires

Le tourisme de mémoire en France

Le slow tourisme, découvrir le patrimoine en flânant

Il Fondo per l'ambiante italiano-Hephata-Labo-du-patrimoine

Découvrez le FAI : il Fondo per l’Ambiente Italiano, un outil pour la protection et la valorisation du patrimoine italien.

Ce qu’il faut retenir

Il Fondo per l’Ambiante Italiano est une fondation italienne pour la protection et la valorisation du patrimoine italien. Initié sur le modèle du National Trust britannique, le Fondo Ambiante italiano s’intéresse à différents patrimoines :

– matériel (architectural et artistique) ;

– naturel (paysages et jardins).

Introduction

Il Fondo per l’Ambiante Italiano est une fondation italienne privée à but non lucratif. Le FAI a été créé en 1975 par Giulia Maria Crespi. Le Fondo ambiente italiano cherche à reproduire le modèle du National Trust britannique. Ce dernier souhaite justement à promouvoir et diffuser le patrimoine anglais. De la même manière, le FAI cherche à valoriser le patrimoine historique, artistique et paysager italien. Sa devise en témoigne : « Per il paesaggio, l’arte et la natura. Per sempre, per tutti » qui signifie « Pour le paysage, l’art et la nature. Pour toujours, pour tous. ».

C’est d’ailleurs dans cette optique qu’en 1988, il Fondo per l’Ambiente Italiano remporte la « Medaglia d’oro ai benemeriti della cultura e dell’arte ». Il s’agit de la Médaille du mérite de la culture et de l’art qui est décernée depuis 1950 par la République italienne à toute personne ou institution jouant un rôle décisif dans le monde de l’art et de la culture.

Pour contribuer à la valorisation et à la protection du patrimoine matériel et naturel italien, le FAI cherche à devenir le propriétaire ou le gestionnaire de sites ou biens patrimoniaux. En effet, devenir propriétaire ou gestionnaire lui permet d’entreprendre plus facilement des actions de conservation, de préservation, de restauration et de valorisation.

Histoire du Fondo per l’Ambiente italiano

Il Fondo per l’Ambiante Italiano a été créé en 1975. Tout d’abord, les lieux protégés et sauvegardés par le FAI sont issus de donations puis, progressivement, le FAI va également pouvoir acquérir de nouveaux sites.

C’est en 1976, que le FAI devient propriétaire d’un premier site naturel qu’il obtient par donation. Il s’agit d’une partie de l’île de Panarea située au large de Messine. L’aire mesure environ 1000 m² et comprend la Cala Junco. Cette première attribution va permettre la préservation d’une partie de l’île. Un an après, le FAI reçoit le Château d’Avio en donation. Il Fondo per l’Ambiante Italiano décide alors d’autoriser les donateurs à disposer du droit d’habitation d’une partie du bien cédé. Par ailleurs, il décide de dispenser les individus des coûts de restauration, d’entretien, de gardiennage, etc … La même année, le FAI acquiert le Monastère de Torba, situé en Lombardie. Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2011, ce bien présente le premier grand chantier de restauration opéré par le Fondo ambiente italiano. D’ailleurs, le chantier dure huit ans et s’achève en 1985.

Quant à la première concession, elle a lieu en 1999. Elle concerne le Jardin de Kolymbethra, situé en Sicile, dont l’entretien, fortement négligé, avait entraîné une importante dégradation du site. Ensuite, en 2017, est acquis le premier bien productif. Il s’agit des Salines de Conti Vecchi. Toujours en activité, elles sont ouvertes au public et améliorées grâce à un projet expérimental. Enfin, c’est en 2019 que le FAI organise le premier parcours de visite guidée. Ainsi, il Fondo per l’Ambiente Italiano organise un parcours multimedia au sein du Centre national d’études léopardiennes, permettant au public de découvrir la poésie de Leopardi.

Exemples d’acquisition de bien par il Fondo per l’Ambiente italiano

– Donation du Promontoire et de la Tour de la Punta Pagana (1981) ;

– Don du borgo di San Fruttuoso (1983) ;

– Donation de la Baia di Ieranto (1986) ;

– Acquisition du kiosque à journaux du XIXe siècle à Mantoue ;

-Acquisition des tableaux, des meubles, des céramiques et des porcelaines de la collection Alighiero De Micheli à Milan ;

Donation de la Villa Panza à Varese et de sa collection d’art contemporain américain (1996) ;

– Ouverture au public de la Villa Necchi Campiglio dans le cœur de Milan (2008) ;

– Acquisition de l’Abbaye de Santa Maria di Cerrate à Lecce (2012).

Cette liste n’est bien sûr qu’une sélection restreinte de l’ensemble des biens acquis par le FAI. Néanmoins, on perçoit bien la diversité des biens acquis : patrimoine naturel, patrimoine architectural prestigieux, patrimoine rural ou vernaculaire, objets d’art, …

Villa Panza-Hephata-Labo du patrimoine

© Villa Panza à Varese

Il Fondo per l’Ambiente Italiano : un outil pour la protection et la valorisation du patrimoine italien

Mission

Le FAI : il Fondo per l’Ambiante Italiano, agit dans huit domaines d’intervention différents :

– les lieux : il s’agit de prendre soin des lieux hérités, donnés et confiés (parcs, jardins, châteaux, demeures et villas historiques, abbayes, patrimoine rural et vernaculaire, …) ;

– le territoire : œuvrer pour que les lieux deviennent des leviers économiques du territoire et pour augmenter leur nombre et variété à travers toute l’Italie ;

– les relations : créer et amplifier les liens entre les différents acteurs du patrimoine présents sur le territoire ;

– les personnes : créer des liens entre le public et les lieux en concevant des expériences satisfaisant leurs différents désirs, besoins et attentes ;

– l’éducation et la sensibilisation : former et sensibiliser les populations à la protection et à la connaissance du patrimoine et des arts  ;

– l’impact zéro : réduire l’impact énergétique et atteindre les standards d’excellence européens ;

– la durabilité : encourager une meilleure exploitation des ressources, plus juste et équilibrée et plus respectueuse de l’environnement ;

– l’engagement civique : intégrer les divers débats au sujet de l’environnement ainsi que du patrimoine naturel et culturel.

Baia di Ieranto-Hephata-Labo-du-patrimoine

© Baia di Ieranto

Valeurs

Le FAI : il Fondo per l’Ambiante Italiano est porteur de 7 valeurs :

– « Conoscenza e competenza » (Connaissances et compétences) : L’objectif est d’ouvrir les lieux au public afin de créer des liens entre les personnes ainsi que l’histoire et le contexte du site.

– « Concretezza » (Concret) : il Fondo per l’Ambiente Italiano a à cœur de transformer les idées et initiatives pour la sauvegarde et la valorisation du patrimoine en actions efficaces.

– « Coerenza » (Cohérence) : il s’agit de rendre les actions fidèles aux convictions du FAI.

– « Indipendenza » (Indépendance) : le FAI s’engage à rester a-politique ainsi qu’a-confessionnel et à repousser toute forme d’idéologie ;

– « Qualità » (Qualité) : le FAI ambitionne la qualité et l’excellence ;

– « Curiosità » (Curiosité) : il Fondo per l’Ambiente Italiano cherche à faire la promotion de lieux insolites et moins connus ;

– « Ozio Operoso » (Loisirs actifs) : le FAI souhaite améliorer la qualité du temps libre des publics en vue de cultiver les passions personnelles et d’en générer de nouvelles.

Fonctionnement

Le FAI : il Fondo per l’Ambiante Italiano, travaille à la revalorisation du patrimoine matériel et naturel italien. Pour ce faire, il met en œuvre différentes actions. Tout d’abord, la première étape consiste à acquérir un bien. Ce dernier doit être représentatif de l’identité italienne et disposer d’une dimension patrimoniale.En outre, il s’agit le plus souvent de biens qui présentent un certain niveau de dégradation, qui sont à l’abandon ou en péril.

Ensuite, le FAI met en œuvre des chantiers de restauration. Il cherche des financements et s’occupe de faire appel à des spécialistes pour la restauration des sites. De la même manière, il gère la conservation de ces biens, notamment des œuvres d’art, des objets et meubles qu’il faut préserver des conditions environnementales ambiantes.

L’objectif suivant est de permettre la connaissance de ces différents biens : monuments comme objets, œuvres d’art ou mobilier. Il faut donc mettre en place des actions de médiation culturelle appropriées pour favoriser la mise en visibilité, créer une expérience et satisfaire aux attentes du public. C’est pourquoi le FAI a également la volonté d’approfondir la connaissance historique autour de ces biens. Une de ses missions est donc de comprendre le bien et le contexte dans lequel il s’inscrit afin de mieux transmettre ce patrimoine au public et aux générations futures.

Enfin, le FAI cherche à créer un réseau en intégrant les différents acteurs, entités et institutions du territoire liés à la sauvegarde des biens patrimoniaux.

Campagne de sensibilisation du Fai

Afin de sensibiliser le public aux enjeux liés au patrimoine et à sa protection, le FAI organise des campagnes annuelles ainsi que des activités pour mieux impliquer les individus dans la sauvegarde et la valorisation du patrimoine.

Tout d’abord, avec ses Journées de Printemps et d’Automne, le FAI permet au public d’accéder à des lieux habituellement méconnus et fermés. Lors de ces week-end, des bénévoles se chargent d’ouvrir ces différents lieux au public. Le Fondo ambiente italiano organise aussi des Soirées d’Eté durant lesquelles il prolonge l’ouverture de certains sites. Les visiteurs peuvent ainsi bénéficier d’une ambiance particulière et profiter du patrimoine sous un angle différent. Ensuite, il Fondo per l’Ambiante Italiano veille à promouvoir le patrimoine auprès des jeunes. C’est pourquoi il a créé les Journées Fai pour les écoles. Cet évènement propose une semaine de visites scolaires pour les « Classi Amiche FAI » (« Classes amies FAI »).

Enfin, le FAI a lancé depuis 1993 un programme nommé « Luoghi del Cuore » (« Lieux du cœur »). Celui-ci propose au peuple italien de voter pour une place ou un site de leur choix. La participation est gratuite et tout individu peut y participer en votant et/ou en ajoutant des lieux à la liste de choix. A l’issue de ce vote national, les lieux en tête de classement reçoivent des récompenses :

– 50 000 €, 40 000€ et 30 000 € pour tout projet déposé par les trois premiers vainqueurs ;

– 20 000 € maximum pour le gagnant de la catégorie « Villages et leurs lieux » ;

– 5 000 € pour l’ensemble des lieux ayant reçu au moins 50 000 votes ;

– une intervention de la FAI pour tous les lieux ayant reçu au moins 2 500 votes.

Scala dei Turchi

© Scala dei Turchi, deuxième au classement « Luoghi del Cuore » 2022.

Conclusion

Le FAI : il Fondo per l’Ambiente Italiano est donc le principal outil italien œuvrant en faveur du patrimoine national. Il s’intéresse surtout au patrimoine naturel (côtes, bois, jardins, …) et architectural. Plus ponctuellement, il cherche à valoriser les biens mobiliers, les œuvres d’art, les objets artisanaux, …

Très vite, le FAI atteint un nombre impressionnant d’abonnés. En effet, 40 ans après sa création, en 2016, il dépasse les 150 000 membres. Ces derniers sont des passionnés d’histoire, d’art et de patrimoine. Ils sont réellement attachés à l’héritage du patrimoine italien. Selon eux, cet héritage renforce l’identité nationale et c’est pourquoi ils cherchent à partager le patrimoine et à le transmettre aux générations futures.

Pour aller plus loin

Le National Trust : une success story

Le label de la Fondation du patrimoine

Panorama des acteurs européens du patrimoine

En France, le tourisme de mémoire permet aux territoires de valoriser leurs monuments et sites marqués par l’histoire. 

L’important à retenir de cet article :

Le tourisme de mémoire est une notion très vaste englobant une quantité de lieux de mémoire divers. Toutefois, plus le lieu est chargé d’une histoire sombre et contemporaine, à l’instar des deux guerres mondiales, plus il attirera les publics. En effet, l’aspect sensible est très important dans le tourisme de mémoire. Le recueillement et la commémoration sont des motivations pour les visiteurs.

– Le tourisme de mémoire fonctionne bien en France et se développe de plus en plus.

– En effet, les lieux de mémoire sont nombreux en France et jalonnent l’intégralité de son territoire. 

Introduction : 

Le tourisme de mémoire est pratiqué depuis plusieurs années. À travers le fil rouge du patrimoine mémoriel et de l’histoire, le tourisme de mémoire permet aux voyageurs de découvrir un territoire. Pour l’anthropologue Franck Michel, le tourisme de mémoire est avant tout caractérisé par son lien étroit avec le devoir de mémoire : faire mémoire, se recueillir et transmettre aux générations futures.

Répandu dans le monde, le tourisme de mémoire touche à la fois à l’intime et à un patrimoine commun. L’aspect sensible est à prendre en compte dans le tourisme de mémoire, car les lieux touchent souvent à des épisodes funestes de l’histoire.  

L’offre touristique de mémoire est un complément économique, culturel et attractif. Sa spécificité le rend unique. Le tourisme de mémoire comprend divers enjeux : pédagogiques, civiques et culturels. 

Générant chaque année environ 20 millions de visiteurs en France, le tourisme de mémoire est une pratique importante en France.

Présentation du tourisme de mémoire

Dans l’imaginaire commun, le tourisme de mémoire se résume aux mémoriaux de guerre, surtout ceux des deux guerres mondiales. Bien que les mémoriaux soient très importants dans le tourisme de mémoire, la notion est plus vaste et englobe divers sites historiques.

Le tourisme de mémoire est une forme de tourisme axée sur le patrimoine historique d’un lieu, surtout lorsque celui-ci témoigne ou a été marqué par un évènement ou une période. Néanmoins, il peut aussi s’agir de lieux créés spécifiquement pour accueillir les touristes souhaitant se recueillir autour d’un lieu ou d’un épisode de l’histoire.

Cet évènement ou période peut être fondateur pour l’histoire du lieu et du pays, et/ou potentiellement douloureux. Parmi les lieux concernés par le tourisme de mémoire, il y a notamment :

– Les lieux ayant une histoire marquée par une bataille ou une guerre, comme Les Plages du Débarquementen Normandie ou le Chemin des Dames  rancets-de-France ;

– Les mémoriaux et musées dédiés à la guerre, à l’instar du Mémorial de Caen

Le tourisme de mémoire inclut aussi les anciennes prisons, les forts et citadelles, les bunkers ou encore les bases-sous-marines. Les cimetières sont aussi des hauts-lieux pour le tourisme de mémoire, qu’il s’agisse de cimetières militaires comme celui d’Omaha Beach (Calvados) ou civils comme le cimetière du Père Lachaise(Paris).

Le tourisme de mémoire peut être un but en soi ou une étape sur un parcours. Dans les deux cas, la mise en scène autour des lieux et l’aspect pédagogique sont primordiaux, afin de préserver la sensibilité du public tout en éveillant les consciences.

La part sensible du tourisme de mémoire

L’aspect sensible et émotionnel est très important dans le tourisme de mémoire, car ce dernier touche à notre histoire et ce qu’elle a d’intime. Ainsi, la visite de certains lieux de mémoire marqués par une histoire particulièrement douloureuse doit être réalisée avec tact et pédagogie. Par exemple, à l’échelle mondiale, l’un des sites les plus visités dans le cadre du tourisme de mémoire est le camp de concentration d’Auschwitz-Birkenau. Témoin funeste d’une très sombre période de l’histoire, de nombreux individus ressentent le besoin d’aller s’y recueillir. 

Néanmoins, cela sera surtout valable pour des lieux témoins d’une histoire récente. En ce qui concerne les anciennes forteresses ou prisons, l’impact émotionnel n’est pas le même. Certains lieux attirent donc uniquement pour leur aspect historique, voir architectural, tandis que d’autres sont des lieux sensibles, appelant à la commémoration.

Exemple du Mémorial de la Shoah

Ouvert depuis 2005, le Mémorial de la Shoah est un lieu de mémoire consacré à l’histoire juive durant la Sconde Guerre mondiale, dont l’axe central est la Shoah. Le lieu compte différents lieux de mémoire. 

Le Mémorial de la Shoah est le fruit de la fusion entre deux entités : le Centre de Documentation Juive Contemporaine (CDJC) et le Mémorial du Martyr Juif Inconnu. La première entité fut créée clandestinement en 1943, en pleine guerre, afin de rassembler et conserver des preuves des actions de persécutions perpétrées à l’encontre des juifs. La seconde entité, le Mémorial du Martyr Juif Inconnu, fut inaugurée en 1956. Il s’agit d’un tombeau-mémorial destiné à commémorer les victimes de la Shoah. Il héberge le CDJC. 

En 2005, l’ensemble des lieux de mémoire du site ont été rassemblé pour devenir le Mémorial de la Shoah. Le lieu inclut notamment le Mur des Noms, le Mur des Justes et le Mémorial des Enfants.

Le Mémorial de la Shoah est à la fois un lieu de mémoire et de recueillement, mais aussi de pédagogie. Né de la volonté d’obtenir justice et de ne jamais oublier, le Mémorial poursuit ce but encore aujourd’hui. Le lieu organise des expositions temporaires et des conférences en lien avec la Shoah, accueillant la parole de témoins.

Les lieux de mémoire, à l’instar du Mémorial de la Shoah, sont aussi là pour continuer à faire vivre l’histoire, surtout ses heures les plus sombres, afin que les générations futures n’oublient pas.

La France, terre d’histoire et de mémoire

La France est un pays dont l’histoire est marquée par les conflits et évènements fondateurs. Le pays joue beaucoup sur ces grands évènements historiques à travers de nombreuses commémorations nationales, ainsi que des célébrations plus locales. Les évènements commémoratifs participent grandement à l’intérêt du public pour la mémoire et les lieux qui s’y rapportent. 

En outre, ces évènements génèrent une hausse du flux touristique dans les lieux concernés. Par exemple, en 2018, la France fêtait le centenaire de la fin de la Première Guerre Mondiale. Cette année-là, les sites mémoriels dédiés à cette guerre ont vu leur fréquentation fortement augmenter. 

Les régions françaises importantes pour le tourisme de mémoire

Bien que des lieux de mémoire soient dispersés partout sur le territoire français, certaines régions sont particulièrement importantes pour le tourisme de mémoire. Cela s’explique par :

– L’abondance de lieux de mémoire sur leur territoire ;

– Un territoire marqué par des conflits contemporains.

La Normandie, leader du tourisme de mémoire français

En France, la région la plus importante pour le tourisme de mémoire est la Normandie. Marquée principalement par la Seconde Guerre Mondiale, le territoire normand compte parmi les hauts-lieux du tourisme de mémoire.

Tout d’abord, la région possède de nombreux musées et mémoriaux. Bien que le musée ou mémorial le plus visité de France soit le Musée de l’Armée à Paris, tous les autres figurant en haut du classement sont situés en Normandie. Parmi ces sites, il y a notamment le Mémorial de Caen, qui occupe la deuxième place. Consacré à l’histoire du XXème siècle, le Mémorial de Caen est un musée historique dont la thématique principale tourne autour de la fragilité de la paix. Labellisé « Musée de France », le lieu fait aussi parti de l’International Network of Museums for Peace.

D’autres lieux comme le Musée du débarquement à Arromanches et le Musée Arromanches, respectivement 3ème et 4ème du classement, retracent l’histoire du débarquement en Normandie.

En plus de ces musées, la région Normandie possède un patrimoine naturel marqué par la guerre, avec notamment Les Plages du Débarquement. Des millions de visiteurs viennent chaque année découvrir ces lieux où l’histoire de France s’est écrite. 

Les Hauts-de-France et la Grande Guerre

Les Hauts-de-France sont la deuxième région la plus fréquentée pour le tourisme de mémoire. Possédant la plus grande nécropole de France, la nécropole Notre-Dame de Lorette, la région est très marquée par la Grande Guerre. Théâtre de guerre mais aussi de paix, les Hauts de France possèdent plusieurs grands sites de tourisme de mémoire, tels que :

– La carrière Wellington, réseau de galeries souterraines qui ont joué un rôle majeur durant la guerre ;

– La Clairière de l’Armistice, où s’est déroulée la négociation puis la signature de l’armistice le 11 novembre 1918.

Tristement célèbre, le plus connu d’entre tous est le Chemin des Dames. Théâtre de plusieurs batailles durant la Première Guerre Mondiale, le Chemin des Dames est un lieu de recueillement et de commémoration. Le lieu propose aussi diverses ressources pédagogiques afin d’apprendre aux plus jeunes ce qui s’est déroulé en ces lieux.

Valoriser un territoire et un patrimoine grâce au tourisme de mémoire

Présent partout sur le territoire, les lieux de mémoire possèdent un fort potentiel et génèrent un important flux touristique. Le tourisme de mémoire peut donc être une excellente manière de valoriser son territoire, notamment grâce à des activités à la fois pédagogique et commémoratives.

Le tourisme de mémoire plait à tout le monde, et surtout aux familles

Les études du public et témoignages démontrent que le tourisme de mémoire est souvent pratiqué par des familles. En effet, les parents souhaitent apprendre à leurs enfants l’histoire de leur pays, dans cette volonté de transmission et de ne jamais oublier. Les lieux s’adaptent donc en proposant des activités pédagogiques et ludiques.

Le Centre Juno Beach en Normandie rend hommage aux soldats canadiens ayant perdu la vie durant la Seconde Guerre Mondiale. Le Centre tire son nom de la plage Juno Beach, l’une des cinq plages du débarquement. Ce centre est un excellent exemple de lieu de mémoire adapté aux enfants. En effet, le lieu utilise divers équipements afin d’attirer l’attention des enfants comme des modules interactives et des écrans tactiles. Tout au long de la visite, les enfants doivent collectionner des « points coquelicots », dans un jeu de piste grandeur réelle. Les coquelicots sont une référence au coquelicot de la Légion Royale Canadienne.

Véritablement pensé pour les enfants, le Centre Juno Beach attire les curieux et les familles. Moins célèbre que la Pointe du Hoc ou Omaha Beach, le Centre se démarque grâce à ses équipements pédagogiques.

Développer des activités touristiques et culturelles au sein d’un lieu de mémoire

Valoriser un lieu de mémoire par des activités culturelles et touristiques permet de le dynamiser et de l’inclure dans la vie d’un territoire. 

À Saint-Nazaire dans les Pays-de-la-Loirela Base-sous-marine est au cœur des activités touristiques de la ville. Sa place est si importante que l’Office de Tourisme s’y est installé. 

Forteresse défensive construire par l’armée allemande durant la Seconde Guerre Mondiale afin d’y abriter leurs sous-marins, la Base-sous-marine est désormais un haut lieu du tourisme à Saint-Nazaire. Monument emblématique de la ville, c’est un incontournable. Des visites guidées sont proposées, bien que le lieu puisse aussi se visiter librement. Tout d’abord, il est possible de visiter certaines alvéoles ouvertes de la base. Les visiteurs peuvent aussi monter sur le toit de la base, qui offre une vue panoramique sur le port de Saint-Nazaire.

À la Base-sous-marine, les visiteurs ont accès à un certain nombre d’activités et équipements, comme un restaurant, une salle d’exposition et de concert et une boutique-souvenirs. Deux activités sont particulièrement réputées auprès des touristes :

– L’Escal’Altantic, musée-paquebot unique ;

– L’Espadon, seul sous-marin à flot visitable de France. 

Toutes ces activités mettent en avant le patrimoine de Saint-Nazaire grâce à son lieu de mémoire. La base-sous-marine est un atout touristique majeur pour la ville. Dans la même veine, le port militaire de Cherbourg est un acteur touristique de son territoire, notamment grâce à son sous-marin « Le redoutable ». 

Des aides publiques existent pour développer le tourisme de mémoire

Le tourisme de mémoire est un levier pour l’attractivité des territoires, comme le démontre l’exemple précédent de Saint-Nazaire et sa Base-sous-marine. Plusieurs régions ont compris cela. De ce fait, elles ont décidé de s’engager auprès des acteurs du tourisme et du patrimoine afin de développer le tourisme de mémoire. Voici quelques exemples de subventions régionales ;

– Les Hauts-de-France s’engagent dans l’accompagnement et la modernisation de l’offre de tourisme de mémoire ;

– Le Grand Est propose une aide financière pour protéger ses monuments aux morts ;

– L’Occitanie met en place une aide aux collectifs, associations ou entreprises, qui valorisent le patrimoine de mémoire.

Le Ministère des armées peut aussi soutenir des projets. En effet, il lance régulièrement des appels à projets dédiés au développement et/ou à l’innovation dans le tourisme de mémoire.

Conclusion :

Attirant chaque année de nombreux visiteurs, les lieux de mémoire sont des atouts pour le territoire. Les flux de touristes qui viennent visiter ces lieux peuvent ensuite en profiter pour découvrir les autres atouts d’une région : son patrimoine historique, naturel ou culturel. Ainsi, le tourisme de mémoire est un levier autant pour les propriétaires privés que pour les collectivités souhaitant valoriser leur patrimoine. 

Soit celui-ci se prête directement à du tourisme de mémoire, auquel cas il est très intéressant d’y développer des parcours et activités dans ce domaine. Soit le lieu ne s’y prête pas, mais peut offrir une activité complémentaire aux visiteurs : activité culturelle ou d’accueil, hébergement, restauration. En outre, le lieu peut accueillir un évènement en lien avec la mémoire comme une commémoration solennelle, une reconstitution historique ou encore un concert.

Pour aller plus loin :

Organiser une reconstitution historique dans un château

Historique et enjeux actuels du patrimoine

Comment revitaliser les territoires  : le Programme Action cœur de ville pour réinvestir les villes moyennes de leur dynamisme urbain

L’important à retenir

Le programme Action cœur de ville vise à revitaliser les centres des villes de taille moyenne. Une ville de taille moyenne compte entre 20 et 100 000 habitants. Ceci afin pour qu’elles réintègrent leurs places au niveau du maillage territorial. Les actions menées concernent notamment :

– le réaménagement urbain

– les restaurations et réhabilitations de bâtis anciens

– la mise aux normes des centres urbains en terme de sécurité, d’accessibilité et de transition énergétique

– la revalorisation du patrimoine

Introduction

L’État a initié le programme Action coeur de ville dans l’idée de réanimer la dynamique des centres-villes, notamment pour les bourgs de taille moyenne. Le Premier ministre Edouard Philippe aborde pour la première fois ce programme en public en décembre 2017. Il annonce que ce programme sera étendu sur cinq ans (2018-2022). Le plan ACV ensuite été lancé en avril 2018 par le Ministère de la Cohésion des territoires et les collectivités territoriales. Le programme a été conçu en partenariat avec les élus locaux et l’Association Ville de France mais aussi trois acteurs financiers : Action Logement, la Banque des territoires et l’Agence nationale de l’habitat.

Revitaliser les territoires : une enveloppe de 5 milliards d’euros

Le budget investi s’élève à cinq milliards d’euros injectés par le gouvernement afin de répondre à 7 enjeux prioritaires :

– Restructurer l’habitat (constructions neuves, restaurations/réhabilitations du bâti ancien)

– Redynamiser l’économie (favoriser l’installation et l’essor des commerces et entreprises)

– Augmenter les connexions physiques (accessibilité, mobilité) et numériques

– Valoriser le patrimoine et les sites publics

– Rendre plus attractifs les centres autour de services qualitatifs (loisirs, cultures, sport …)

– S’inscrire dans une politique environnementale respectueuse (gestion des déchets, réduction de la consommation d’énergies, biodiversité …)

– Aider à l’innovation notamment avec le développement de smart city (villes intelligentes)

Action cœur de ville (ACV) cible 222 villes de taille moyenne.

Carte des 222 villes françaises éligibles au Programme Action coeur de ville pour revitaliser les territoires

Ces villes concentrent environ le quart de la population française et jouent un rôle majeur dans le développement des régions. Certaines bénéficient d’un certain essor. D’autres subissent une chute de leur démographie, de leur économie et de leur dynamisme. Ainsi, un peu plus de la moitié des villes moyennes subissent un taux de vacance commerciale supérieure à 10 %. La vacance commerciale désigne la non-exploitation de locaux commerciaux. Ce taux de 10 % de non-exploitation commerciale est révélateur d’un certain déficit économique pour la plupart des villes moyennes.

C’est donc dans une volonté de relancer la dynamique de ces pôles urbains que le programme Action cœur de ville a été initié. L’objectif est de réduire la fracture territoriale et d’améliorer les conditions de vie des habitants.

Le programme Action cœur de ville : revitaliser les territoires

Au cœur de ce plan national ACV, on trouve aussi une dimension patrimoniale. Cela s’explique du fait que le vieux bâti fait partie intégrante des villes qui ont conservé leurs centres historiques. Parmi les 222 villes élues au programme ACV, 65% sont dotées d’un site patrimonial remarquable (SPR) ou ont engagé l’élaboration d’un SPR et 96 portent le label Villes et pays d’art et d’histoire (VPAH). Ainsi, le plan ACV permet de développer le territoire via la relance de projets patrimoniaux d’importance. L’investissement dans la restauration des centres historiques a un impact fort, tant au niveau :

– social et humain (création d’emplois non délocalisables, accroissement d’un sentiment d’appartenance et d’une identité patrimoniale forte chez les habitant, développement de liens sociaux, augmentation du bien-être)

– fiscal et économique (augmentation de la valeur des biens, création de richesse avec l’augmentation d’emplois locaux)

– écologique (transition énergétique, aménagement et entretien de parcs, jardins et zones vertes)

Revitaliser les territoires en alliant le patrimoine et l’humain

Avec la réhabilitation du patrimoine ancien, ACV cherche à embellir le cadre de vie des habitants. C’est un programme avant tout humain qui se concentre sur les conditions des individus. Ainsi, certaines villes proposent d’intégrer les citoyens aux actions directionnelles du plan ACV afin que tous puissent y prendre part dans une dimension co-participative. A Senlis, les habitants sont invités aux « Mardis Cœur de Ville » pendant lesquels ils peuvent proposer et adhérer ou non à des idées de développement de leur ville. La reconquête du centre-ville passe ainsi par une recherche d’unité entre les individus. Par exemple, grâce au « Mardi Coeur de Ville » du 13 octobre 2020, les habitants ont pu déambuler dans leur ville et analyser les différentes vitrines commerciales afin d’échanger sur les programmes d’entretien ou de réfection à mettre en place.

Ville de Senlis

Néanmoins, certaines villes laissent de côté la dimension patrimoniale. Si le programme réussit à booster les projets de revalorisation déjà existants, il n’accorde pas forcément la priorité aux sites historiques. Ainsi, c’est surtout grâce à l’intervention d’acteurs de la sauvegarde du patrimoine tels que la Fondation du Patrimoine ou encore les Sites et Cités remarquables de France que l’on doit la prise en compte patrimoniale au sein du programme Action cœur de Ville.

Revitaliser les territoires en favorisant les restaurations et réhabilitations

Dans sa politique de réhabilitation des centres-villes le programme ACV s’attarde sur le réaménagement urbain. Les interventions de restauration, de réhabilitation, de reconversion, d’animation et de modernisation sont nombreuses.

D’après l’Agence nationale de la Cohésion des territoires, 545 actions (28 % des opérations) sont focalisées sur la restauration et la réhabilitation. Au premier semestre 2020, on pouvait compter 153 OPAH (Opérations programmées d’amélioration de l’habitat), 28 ORI (Opérations de restauration immobilière), RHI (résorption de l’habitat insalubre) et Thirori (restauration immobilière). Il y a également des travaux de mise aux normes pour la sécurité et l’accessibilité (personnes à mobilité réduite par exemple). Enfin des travaux sont menés pour satisfaire à la transition énergétique.

Les opérations sont lancées grâce à des plans de gestion dont disposent les villes lorsqu’elles sont dotées d’un site historique d’exception. Les études architecturales et historiques des villes ainsi que les inventaires artistiques, archéologiques, culturels et paysagers des villes permettent d’élaborer :

– le Plan de sauvegarde et de mise en valeur (PSMV)

– le Plan de valorisation de l’architecture et du patrimoine (PVAP)

Les projets de réhabilitation des centres-villes sont orientés à partir de ces analyses.

Sélectionnée parmi les 222 villes du programme ACV, on trouve la ville d’Autun. Elle a justement mené plusieurs opérations en faveur de son patrimoine avec la restauration :

– du passage Balthus

– des remparts antiques

– de la rue Maladière

– du Musée Lapidaire

– des façade du théâtre municipal

Ville d’Autun

Les restaurations du patrimoine concernent aussi les édifices religieux. La ville de Niort a investit une partie du budget alloué dans la restauration de l’église Notre-Dame classée Monument historique. Les architectes des bâtiments de France ont bien évidemment été en charge des travaux.

Revitaliser les territoires : les limites du programme Action cœur de ville

Un des freins pour revitaliser les territoires est le surnombre de communes choisies pour bénéficier du plan ACV. En effet, répartis à l’ensemble des villes moyennes, les cinq milliards prévus pour l’aide au développement s’avèrent insuffisants. Or, il faut des budgets colossaux pour répondre aux défis de revalorisation patrimoniale des centres urbains. Il faut en effet répondre aux enjeux de sauvegarde et de protection, d’hygiène, de sécurité, d’accessibilité, de mixité sociale, … Ainsi, l’enveloppe des cinq milliards ne permet pas de couvrir l’ensemble des projets communaux. Cela restreint ainsi la revalorisation des centres-villes.

En outre, la politique de revitalisation des centres-villes peut se montrer quelque peu paradoxale. En effet, nombreuses sont les communes qui continuent à développer leurs zones commerciales en périphérie. Or, cet accroissement nuit aux centres eux-mêmes car ces zones font de la concurrence au rayonnement des centres-bourgs. Cependant, le décret d’application de la loi ELAN tente d’enrayer cette tendance. Celle-ci permet aux préfets de stopper les projets d’implantation dans les communes bénéficiant du plan Action cœur de ville. Ainsi, le préfet de l’Allier a pu interdire à deux grandes surfaces alimentaires de venir occuper les environs périphériques de la ville de Moulin.

Conclusion

L’État a lancé le Programme Action cœur de ville afin de redynamiser les centres des villes moyennes. L’objectif est que ces dernières réintègrent le maillage territorial en devenant des pôles urbains moteurs. Certaines villes délaissent cependant la place accordée à la valorisation du patrimoine. Pourtant, des acteurs du patrimoine tels que la Fondation du Patrimoine ou encore les Sites et Cités remarquables de France ont tout de même fortement encourage et soutenue cette revalorisation patrimoniale. Ainsi, de nombreuses interventions de restauration et de réhabilitation ont été menées. Elles concernent tout à la fois le bâti et les équipements anciens particuliers (maisons d’habitation) que collectifs (théâtres, mairies, églises, …).

Pour aller plus loin

L’insertion sociale et la sauvegarde du patrimoine

Le patrimoine des territoires, le patrimoine de proximité

Comment rendre utile le patrimoine français ?

Notre étude d’impact 2020