Séduire par le patrimoine gastronomique : découvrez ce patrimoine qui fait la fierté des français et renforce leur identité.

L’important à retenir de cet article :

La gastronomie est un pilier de l’identité française. Inscrite dans le patrimoine français au même titre que les monuments et sites historiques, la gastronomie plait aux touristes français et internationaux. De cet attrait pour la gastronomie est né le tourisme culinaire, qui permet aux individus de découvrir un territoire grâce à sa gastronomie et à ses produits du terroir.

Introduction :

Selon Jean-Yves Le Drian, actuel ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, « il n’y a pas meilleure porte d’entrée pour la France que ses saveurs et ses goûts ». La France est une terre de saveurs, jalonnée par l’opulence de produits issus des terroirs de chaque région. Ainsi, la gastronomie est une manière pour les touristes de découvrir un territoire, au gré de ses produits du terroir, et son patrimoine.

À titre informatif, le mot « restaurant » est l’un des mots français les plus utilisés à travers le monde. Cette information qui parait anecdotique révèle l’importance de la gastronomie française et le lien, conscient ou non, que font les étrangers entre la gastronomie et la France. Les deux sont indissociables : la gastronomie fait intégralement partie de l’identité française.

Ainsi, le « repas gastronomique des français » a été classé au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO en 2010. La protection concerne le déroulement des repas, la qualité des recettes et produits, ainsi que son aspect social. En effet, en France, la gastronomie est au cœur de nos pratiques sociales, comme le raconte le podcast de Louie Media, « Manger ».

L’importance de la gastronomie française est telle qu’elle inspire les artistes et écrivains  depuis des siècles. De l’écrivain François Rabelais au peintre Gustave Caillebotte, les créateurs ont été inspirés par la gastronomie française. Tandis que le premier met en avant l’opulence de la cuisine française et des banquets d’antan, le second a retranscrit sur sa toile le raffinement et l’élégance du dîner à la française. 

Nature morte au homard, Gustave Caillebotte, 1883

Dans une huile sur toile intitulée Nature morte au homard, le peintre représente un homard, sobrement disposé sur une nappe blanche. Ce tableau, acheté par des collectionneurs américains, rend hommage à la gastronomie française.

La gastronomie, symbole indissociable de la France

La France est reconnue de par le monde pour de nombreuses richesses, à l’instar de son patrimoine. La plus symbolique est la gastronomie, mêlant raffinement et simplicité, savoir-faire, culture et patrimoine. 

Le patrimoine gastronomique en France rassemble divers éléments : les savoir-faire et techniques culinaires, les recettes et les produits, mais aussi les coutumes et légendes liées à l’histoire culinaire du pays. En France, chaque région possède au moins une spécialité gastronomique, qu’il s’agisse d’un produit du terroir ou d’une recette, qui fait intégralement partie de son identité. 

Certaines de ces spécialités régionales sont tellement réputées à travers le monde qu’elles sont devenues symboliques de la région, et plus largement de la France. Par exemple, la galette bretonne à base de sarrasin se mange dans tous les pays, et c’est un incontournable pour les touristes. D’autres plats français sont aussi réputés à l’étranger, à l’instar du gratin dauphinois, du bœuf bourguignon ou de la ratatouille. D’ailleurs, Ratatouille (2007) est le titre d’un célèbre film d’animation Disney Pixar, qui rend hommage à la gastronomie française. 

Les plats traditionnels de nos régions ont su conquérir le monde, attisant toujours plus la curiosité des touristes pour la gastronomie française. 

« Goût de / Good France », ou le rayonnement de la gastronomie française à l’international

Chaque année, l’évènement « Goût de / Good France », mets à l’honneur la gastronomie française à travers le monde. Initié en 2015 par le célèbre chef cuisinier Alain Ducasse, l’évènement reprend l’idée des Dîners d’Épicure du chef Auguste Escoffier. Ces dîners se sont déroulés de 1911 à 1914 avant d’être arrêtés par la Première guerre mondiale. Il s’agissait d’évènements mondiaux au cours desquels des chefs, répartis dans divers pays, préparaient un repas gastronomique français, pour célébrer la cuisine française. 

Lorsqu’Alain Ducasse fait renaitre ces dîners à travers l’évènement intitulé « Goût de / Good France », il choisit de mettre en avant la diversité du patrimoine gastronomique français en valorisant chaque année une région différente. Un grand dîner est organisé à Paris, tandis qu’une multitude d’autres sont parallèlement servis dans les ambassades et consulats à travers le monde, ainsi que dans des restaurants. La dernière édition, qui aurait dû avoir lieu en 2020, prévoyait de mettre en avant les cheffes et chefs du Centre-Val-de-Loire.

Ces évènements contribuent au rayonnement international de la gastronomie française.

La diversité du patrimoine gastronomique en France

Le patrimoine gastronomique englobe aussi des lieux liés à la culture culinaire : les jardins, potagers et vergers, ainsi que les restaurants, cafés, etc. À ce titre, près de 90 potagers sont protégés au titre des Monuments Historiques, dont une quinzaine sont classés tels que :

– Le Potager du Roi au Domaine de Versailles ;

– Le potager du Château de la Roche-Guyon ;

– Celui du Château de Villandry, qui accueille chaque année environ 350 000 visiteurs. 

Les Jardins Potagers du Château de Villandry

Ces lieux sont à la fois du patrimoine historique, naturel et gastronomique. En effet, il n’est pas rare que ces trois domaines s’entremêlent, puisqu’ils sont tous intrinsèques à l’identité du pays. 

En plus des potagers protégés, nombreux sont les restaurants qui bénéficient d’une protection au titre des Monuments Historiques. Certains restaurants occupaient déjà les lieux avant d’être classés, tandis que d’autres se sont installés (a postériori) dans des monuments historiques. Parmi les restaurants installés dans des lieux historiques, en voici quelques-uns célèbres : 

– Le Jules Verne à Paris, au sein de l’emblématique Tour Eiffel ;

– La Cigale à Nantes, brasserie unique au décors somptueux, qui illumine le cœur de Nantes depuis 1895.

Sublimer le patrimoine historique grâce à la gastronomie

La gastronomie partage avec le patrimoine historique quelques caractéristiques. Tous les deux sont importants dans l’identité du pays et témoignent de son histoire, chacun à leur manière. Ils sont aussi les témoins de l’évolution du mode de vie des français, selon les époques et les territoires.

De plus, le patrimoine historique et le patrimoine gastronomique partagent des valeurs telles que l’authenticité, le raffinement mais aussi la simplicité, ainsi que le respect des matières premières.

Ainsi, nombreux sont les chefs qui ont décidé de s’installer dans des lieux patrimoniaux afin d’y développer leurs restaurants.

L’Auberge du Père Bise du chef Jean Sulpice

Créée au début du XXème siècle, l’Auberge du Père Bise est une ancestrale maison de bien-être, théâtre du patrimoine culinaire de la région. En effet, l’Auberge est particulièrement réputée pour avoir été tenue par Marguerite Bise, grande cheffe française. Elle est la troisième femme ayant obtenu trois étoiles au Guide Michelin. L’Auberge a longtemps été tenue par la même famille, la famille Bise, avant d’être rachetée par le jeune chef Jean Sulpice.

Bordée par les eaux du Lac d’Annecy, l’Auberge est un lieu unique et intemporel, entre patrimoine gastronomique, historique et naturel. La beauté du lieu a séduit Jean Sulpice et sa compagne, qui ont repris l’Auberge en 2016. Depuis, le jeune chef laisse sa créativité s’épanouir, proposant une gastronomie qui se veut responsable et durable, alliant tradition et modernité.

L’Auberge propose deux types de restauration, un restaurant gastronomique 2 étoiles, ainsi qu’un espace bar. Dans ses restaurants, le chef propose une cuisine ancrée dans son terroir, à l’écoute des saisons et respectueuse des produits.

De par son histoire, l’Auberge du Père Bise est le lieu idéal pour l’épanouissement d’un chef. Toutefois, même des lieux patrimoniaux dont l’histoire n’est pas marquée par la gastronomie, c’est-à-dire qui ne sont pas des brasseries ou restaurants historiques, peuvent devenir de parfaits théâtres pour un restaurant.

La gastronomie au château de Fonscolombe

Situé au cœur d’un terrain de 12 hectares, près d’Aix-en-Provence, le Château de Fonscolombe est un sublime édifice construit au XVIIIème siècle dans le style Quattrocento. À l’issue d’une vingtaine d’années de restauration, l’édifice rouvre ses portes en 2017. 

Devenu un hôtel 5 étoiles, le lieu possède aussi deux restaurants ainsi que des vignes, véritable atout pour accueillir les amateurs d’oenotourisme, ce dernier étant intimement lié au tourisme gastronomique. De plus, le lieu possède un potager, dont les productions sont directement utilisés dans les restaurants. 

Classé parmi les Relais & Châteaux, le restaurant accueille les touristes , les locaux ainsi que les résidents du château, venus séjourner quelques jours en vacances.

Le restaurant principal du Château de Fonscolombe est le restaurant L’Orangerie, dont les terrasses offrent une vue imprenable sur le parc du domaine. Le chef du restaurant est Quentin Durand, jeune chef français ayant travaillé auprès des plus grands.

Afin d’offrir une expérience unique à ses clients, ces derniers ont la possibilité d’échanger avec le chef à leur arrivée. Au cours de cette discussion, le chef prend connaissance de la « Madeleine de Proust » des clients, afin de leur faire revivre ce souvenir. À travers cette expérience, le moment au sein du restaurant s’imprime dans la mémoire sensorielle de la clientèle. De cette manière, le lieu crée un véritable lien émotionnel avec le client. C’est une manière de pérenniser la clientèle grâce à une technique s’approchant du neuromarketing.

Charmer le public grâce au tourisme gastronomique

L’attrait des touristes pour la gastronomie a donné naissance à une branche du tourisme nommée le tourisme gastronomique ou tourisme culinaire. En France, environ 13 millions de touristes déclarent pratiquer le tourisme gastronomique. Pour certains touristes, il s’agit de la première motivation pour découvrir un lieu, premier critère de choix. Pour d’autres, le tourisme gastronomique est un atout supplémentaire, mais pas la raison de leur voyage. Les activités complémentaires appréciées par les touristes sont les visites culturelles et patrimoniales, ainsi que les activités de plein air.

Le tourisme gastronomique englobe différentes pratiques, prenant aussi en compte l’oenotourisme ou l’agritourisme. En effet, le tourisme culinaire ou gastronomique concerne toutes les pratiques qui vont mettre en avant le patrimoine gastronomique d’un lieu. 

Tandis que certains touristes désirent simplement découvrir les mets et recettes traditionnels d’un territoire, d’autres recherchent une véritable expérience culinaire mémorable. Ils ont alors le désir de s’initier à la cuisine, de s’immerger dans la culture et le patrimoine grâce à la gastronomie. Ainsi, les activités proposées dans le cadre du tourisme gastronomique sont variées :

– Atelier dégustation en compagnie d’un chef ;

– Stages de cuisine auprès d’un chef ;

– Visites de vignes, de fermes ou de marchés en compagnie d’un spécialiste.

Développer l’une de ces activités en complément de son restaurant est un bon moyen d’attirer les touristes en recherche d’expérience.

Le restaurant La Chapelle Saint-Martin de Gilles Dudognon

Installé dans une ancienne résidence de porcelainiers du XIXème siècle, caractéristique de la ville de Limoges, le restaurant La Chapelle Saint-Martin accueille les clients dans l’univers du chef Gilles Dudognon. Le restaurant de Gilles Dudognon met en valeur le patrimoine bâti de la région, notamment l’histoire de la porcelaine, ainsi que le patrimoine gastronomique.

Une image contenant bâtiment, villégiature

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La Chapelle Saint-Martin ⓒgroupon.fr

Originaire de la région, Gilles Dudognon revendique fièrement son amour pour ce territoire et son patrimoine à travers sa cuisine. Il travaille principalement avec des artisans et producteurs locaux, créant ainsi une synergie entre le lieu et les autres acteurs du territoire.

Afin de diversifier l’expérience autour de la gastronomie locale, le lieu propose diverses activités thématiques :

– Des cours de cuisine ainsi qu’une expérience en immersion en cuisine avec le chef ;

– Un menu thématique « Grande Escapade », incluant une dégustation Accord Mets et Vins ;

– Les « Ruches à manger », déjeuner atypique au sein du parc.

Grâce à ces différentes expériences qui complètent les simples repas au restaurant, le lieu propose aux touristes amateurs de gastronomie un véritable panel d’activités adaptées aux envies et besoins de chacun. 

Conclusion :

 Le tourisme gastronomique est un véritable levier pour attirer des clients au sein d’un territoire ou d’un site patrimonial. Premièrement, il apporte de la visibilité au lieu ainsi qu’une rentabilité sur le long terme. Ensuite, il permet de créer un lien avec la clientèle grâce à la gastronomie, à travers une expérience sensorielle unique que seuls les plaisirs de la table peuvent procurer.

Que ce soit du côté des chefs cuisinier ou du côté des propriétaires et gestionnaires de sites patrimoniaux, mêler patrimoine historique et patrimoine gastronomique est une excellente manière d’offrir à la clientèle une expérience unique. De plus, le patrimoine historique est généralement lié au patrimoine naturel, qui est lui-même essentiel en gastronomie.

Pour aller plus loin :

Lancer des activités dans un site historique

Créer une école de cuisine dans un château

Dans cet article, Hephata présente les différentes activités liées à l’oenotourisme pour découvrir le patrimoine. 

L’important à retenir de cet article : 

Le patrimoine français est varié et ne se limite pas au patrimoine bâti. L’œnotourisme met en avant différentes facettes du patrimoine : naturel, bâti, culturel et immatériel.

La France regorge d’atouts pour le développement de l’oenotourisme, dont l’impact économique positif est d’ores et déjà reconnu par les acteurs du tourisme. 

Ce qu’il faut retenir : 

– L’oenotourisme et le patrimoine sont intimement liés

– L’oenotourisme permet d’élargir son activité et d’attirer une nouvelle clientèle

– En temps de pandémie, alors que les frontières se ferment et qu’il est difficile de voyager à l’étranger, se positionner sur la thématique de l’oenotourisme est une réelle opportunité 

Introduction : 

Le patrimoine français est riche. Au-delà du patrimoine bâti, la France regorge de patrimoine naturel, culturel et immatériel. L’œnologie est l’un de ces patrimoines réputés dans le monde entier. En effet, trois vignobles français sont classés par l’UNESCO : Saint Emilion, la Champagne et la Bourgogne.

L’attrait pour ce savoir-faire ancestral et la curiosité des voyageurs ont participé à faire émerger depuis plusieurs années une nouvelle forme de tourisme centré sur l’activité viticole : l’oenotourisme. Cet intérêt porté par les touristes est grandissant. 

L’agence de développement touristique française Atout France comptabilisait en 2016 plus de 10 millions de touristes dans ce secteur, contre 7,5 millions en 2009. En termes économiques, l’oenotourisme génère 5,2 milliards d’euros de recettes / an. C’est un atout majeur pour les acteurs du territoire puisqu’il le structure  par des retombées économiques à court comme à long terme.

En France, l’oenotourisme fonctionne très bien. Le vin fait partie du patrimoine français et la France est reconnue à l’internationale pour ses excellents breuvages et ses savoir-faire. Selon les études d’Atout France, près de 60% des oenotouristes sont français. Les 40% restant sont composés principalement de voyageurs européens, venant majoritairement de pays frontaliers comme la Belgique et l’Angleterre. 

1. L’oenotourisme : faire découvrir des savoir-faire ancestraux

L’oenotourisme révèle les richesses des territoires français et permet aux voyageurs, étrangers ou non, de les découvrir. En France, le vignoble est présent dans de nombreuses régions. Chacune d’entre elle possède ses spécificités, autant en termes de culture, de paysage que d’architecture.

Par ailleurs, l’oenotourisme peut etre pratiqué en séjour de courte ou longue durée ainsi qu’en itinérance.

L’oenotourisme itinérant, découvrir une région au gré des vignobles

L’oenotourisme se prête particulièrement bien au tourisme en itinérance, permettant ainsi de découvrir plusieurs domaines viticoles et les subtilités de chaque terroir. Parmi les routes des vins célèbres, prenons l’exemple de la « Route des Vins d’Alsace », récemment labellisée Vignobles & Découverte. Cette dernière peut se parcourir grâce à des moyens de transports collectifs (bus), en voiture ou en vélo pour les voyageurs adeptes de cyclotourisme, mode de slow tourisme fort apprécié.

La « Route des Vins d’Alsace » parcourt 170km de territoire piémont viticole, du Nord au Sud, de Marlenheim à Thann.  Assurément, c’est un pilier du rayonnement de la région alsacienne. Créée dès le début des années 1950, la Route des Vins d’Alsace est une destination complexe, composées de diverses offres : 

– Sentiers viticoles ;

– Rallyes dans les vignobles ;

– École des vins ;

Sans compter les nombreux domaines viticoles proposant des activités de découverte, des visites de caves suivies de dégustation, de la restauration ainsi que des hébergements.

Vignes et villages d’Alsace

L’évènement national « Pique-Nique chez le Vigneron Indépendant » se déroule depuis 25 ans dans la région alsacienne. Ayant lieu pendant trois jours, le principe est le suivant : aller déjeuner chez un vigneron en apportant son panier repas. 

Les « Vins du Val de Loire au fil de l’eau » : vins, croisière et patrimoine

Le « Pays des châteaux » est aussi le pays du vin. À bord d’une touée cabanée, embarcation fluviale typique de la Loire,  le voyageur découvre les merveilles du patrimoine bâti, naturel et immatériel de la région Centre Val de Loire.

En compagnie d’un vigneron, parfois aussi capitaine du bateau, les touristes dégustent produits du terroir et vins des domaines locaux.

Cet itinéraire regroupe différents circuits fluviaux, parmi lesquels la « Toue de Nantes » et la balade « Régal Vigneron ». Tout en naviguant sur l’Erdre, la plus belle rivière de France selon François 1er, les voyageurs peuvent ainsi échanger avec un vigneron du vignoble nantais.

Au cœur de l’Anjou, Loire Vins Aventure propose des excursions sur la Loire à bord de l’Etoile qui Rit, qui se décline en trois offres dont « La Loire Pittoresque ». Au départ de Montsoreau jusqu’à Saint Germain sur Vienne, les voyageurs ont alors l’occasion de découvrir villages et châteaux, comme celui de Montsoreau, transformé en musée d’art contemporain.

En complément des excursions, Loire Vins Aventure propose restauration et dégustation de vins du Domaine des Champs Fleuris. Les touristes peuvent alors découvrir patrimoine bâti et patrimoine naturel , pour une expérience unique.  

2. L’oenotourisme : dynamiser l’évènementiel

L’œnologie entretient des liens étroits avec le patrimoine. Considérée elle-même comme un patrimoine immatériel, l’œnologie implique aussi le patrimoine naturel à travers les vignobles et le patrimoine historique via les différents monuments des domaines viticoles.

L’oenotourisme s’adresse à tous les publics, des néophytes aux passionnés. De nombreuses activités permettent de découvrir cet univers en famille, entre amis ainsi que dans le cadre de l’entreprise.

Rouge aux lèvres : agence spécialisée dans l’évènementiel œnologique auprès des entreprises

Créée par Margot Durancel, sommelière, journaliste et influenceuse vin, l’agence Rouge aux lèvres organise des évènements autour du vin pour les entreprises et leurs clientèles. Composée de sommeliers juniors et de sommeliers séniors, l’agence organise des masterclass, des dîners et voyages œnologiques, et propose la mise en place de bar à thèmes lors de cocktails professionnels.

Pour organiser ses évènements, l’agence dispose d’un carnet d’adresse exclusif composé de lieux prestigieux, parfois secrets, et souvent fermés au public. Pour les propriétaires ou gestionnaires de lieux patrimoniaux remarquables, accueillir un évènement œnologique haut de gamme peut être un bon moyen de développer son réseau tout en préservant son intimité.

En temps de pandémie, l’agence propose à ses clients des « E@Degustation », « les Virtual Wine Tour », sorte de masterclass à domicile en visioconférence. Pour se faire, l’agence se charge de tout organiser : la conception du coffret, la livraison auprès des clients et l’expérience digitale avec un sommelier de l’agence. Un format évènementiel intéressant en période de crise sanitaire !

La plateforme Visit French Wine, véritable guide oenotouristique recensant les acteurs du secteur

La plateforme Visit French Wine recense des dizaines d’activités, d’expériences et de lieux pour partir faire de l’oenotourisme. Le site permet de chercher une expérience personnalisée répondant à différents critères. Parmi les diverses expériences répertoriées et valorisées par la plateforme, nombreuses sont celles qui mêlent oenotourisme et patrimoine.

Grâce à une telle plateforme, un gestionnaire de site historique peut s’inspirer d’expériences existantes, analyser la concurrence locale et se positionner. Si son activité est recensée par la plateforme, c’est aussi un atout de visibilité non négligeable.

La Maison Rémy Martin à Cognac : le spiritourisme, petit frère de l’oenotourisme

Bien que l’oenotourisme soit principalement axé sur le vin, la France possède un autre savoir-faire : les spiritueux. Le cognac est l’une des eaux-de-vie les plus appréciées dans le monde. D’ailleurs, les savoir-faire de l’élaboration du cognac sont inscrits à l’inventaire du patrimoine culturel immatériel français, première étape avant le classement au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO.

La Maison Rémy Martin à Cognac, labellisée Entreprise du Patrimoine Vivant, est l’une des plus prestigieuses maisons de cognac. Fondée en 1724, le savoir-faire de la maison repose sur une distillation traditionnelle et l’utilisation de produits de grandes qualités. D’ailleurs, la Maison propose un large choix d’activités touristiques axées sur la gastronomie, la découverte du patrimoine et des savoir-faire. 

L’intérêt pour les grandes maisons de spiritueux grandit en France, donnant naissance à une nouvelle forme de tourisme complémentaire de l’oenotourisme : le spiritourisme. Pour les propriétaires de lieux patrimoniaux, créer des évènements en lien avec l’oenotourisme ou le spiritourisme est le moyen d’attirer une nouvelle clientèle.

Afin d’impliquer encore plus le touriste dans la découverte des vignobles, la plateforme Visit French Wine recense aussi des activités dans la veine de l’agritourisme. L’agritourisme, forme de tourisme à la ferme, propose aux voyageurs de découvrir les savoir-faire agricoles. Dans l’oenotourisme, ce sont les savoir-faire viticoles qui sont mis en avant, notamment les vendanges.

Le Château Guipière, entre vendanges et séminaires d’entreprises

Situé à quelques kilomètres de Nantes dans le vignoble du muscadet, le Château Guipière propose une salle de réunion jouxtant le chai. Pour les séminaires se déroulant au mois de septembre, c’est l’occasion pour les visiteurs d’expérimenter l’art des vendanges en pratiquant cette activité l’après-midi.

Vignes en automne
L’expérience « Vendanges » au Château de Pommard

En Bourgogne, les curieux sont invités à venir observer, apprendre et participer aux vendanges du Château de Pommard. Après avoir découvert la méthode de récolte traditionnelle, c’est le moment de déguster des spécialités de la gastronomie bourguignonne tout en savourant des vins typiques de la région. Les activités proposées au château de Pommard sont idéales pour le team-building et les séminaires d’entreprises.

Château de Pommard

Ne disposant pas d’une offre d’hébergement, le château a cependant mis en place un système de conciergerie afin d’accompagner au mieux leur clientèle dans la préparation de leur séjour en Bourgogne. 

Il serait judicieux pour un propriétaire ou gestionnaire de site historique, situé à proximité d’un domaine viticole, de servir d’hébergement partenaire pour les vignobles ne proposant pas ce service, à l’instar du Château de Pommard. 

3. L’oenotourisme : offrir des lieux d’hébergements ressourçant pour des séjours uniques

Que ce soit pour un séjour de courte durée dans le cadre d’un circuit touristique ou pour un séjour de longue durée, les domaines viticoles sont des lieux d’accueil privilégiés. Idéalement situés au cœur des vignes, les hébergements touristiques dans les domaines viticoles permettent aux touristes d’être plongés en immersion dans la vie des vignerons . L’espace d’un instant, le voyageur plonge dans une nature exceptionnelle et découvre des savoirs-faire ancestraux.

Il est donc judicieux, lorsque cela est possible, de proposer une offre d’hébergement au sein de son vignoble. Gîtes de France réalise un classement par « épis », à l’instar des étoiles pour les hôtels et restaurants. Cette classification s’applique à différents types d’hébergements :

– Les gîtes, classés de 1 à 5 épis ;

– Les gîtes de groupe, de 1 à 4 épis ;

– La chambre d’hôtes, de 1 à 5 épis ;

– Les campings et chalets, de 1 à 4 épis. 

Nota Bene : les hébergements dit « insolites » ne font pas l’objet d’un classement.

Le Domaine de Verchant : proposer un hébergement de luxe au cœur des vignes 

À seulement quelques minutes du centre de Montpellier se trouve le Domaine de Verchant. Maison de maitre transformé en hôtel 5 étoiles proposant des chambres et des suites. Le lieu est classé Relais & Châteaux. Par ailleurs, Le Domaine de Verchant propose aussi un appartement privé ainsi que deux maisons privatives.

Le Domaine de Verchant propose divers services ;

– Le Restaurant « Verchant » ;

– La « Plage dans les vignes » composée d’une piscine, d’un restaurant et d’un bar tel une oasis au cœur des vignes ;

– Un SPA, proposant aussi des cabines privatives ;

– Une salle de fitness ;

– La boutique-caveau, pour déguster et acheter les vins du domaine.

Vidéo Domaine de Verchant domainedeverchant.com

La vue imprenable sur les vignes du Languedoc fait du Domaine de Verchant un véritable havre de paix, de calme et de volupté pour la clientèle en recherche d’expérience haut de gamme. 

Camper chez le vigneron dans le Val de Loire, une offre d’hébergement plus accessible

Pour les touristes préférant l’itinérance et le camping, il est possible de faire étape chez le vigneron. En effet, dans le Val de Loire, plus particulièrement dans la région de Saumur, plusieurs vignerons proposent des emplacements à titre gratuit pour accueillir des campeurs comme au Clos des Cordeliers.

Conclusion 

Accessible à tous grâce à une diversité d’offres adaptées à un public très large, l’oenotourisme est un atout pour le patrimoine français. En effet, il permet d’étendre la vision du patrimoine, de penser plus large, en s’intéressant au patrimoine naturel, culturel et aux savoir-faire (patrimoine immatériel). 

L’oenotourisme est incontestablement un atout pour les propriétaires ou gestionnaires de domaines viticoles. Toutefois, il peut aussi s’adapter aux lieux historiques n’ayant visiblement aucun lien avec l’œnologie. Si la région où se situe le bien possède une histoire forte liée à l’œnologie ou est particulièrement réputée pour ses vins, un lieu historique peut en bénéficier et organiser des évènements autour de cette thématique.

Pour aller plus loin : 

Le slow tourisme, découvrir le patrimoine en flânant

Lancer des activités dans un site historique 

Quels financement pour lancer une activité touristique ?

Quelles entreprises s’appuient sur l’acquisition d’actifs naturels ou patrimoniaux pour renforcer leur stabilité financière ?

L’important à retenir dans cet article

C’est une véritable stratégie des entreprises qui, pour renforcer leur stabilité financière, acquièrent des biens fonciers issus du patrimoine naturel. 

Une entreprise, pour renforcer sa stabilité financière peut choisir d’axer sa stratégie sur des acquisitions foncières. Acheter du patrimoine naturel lui permet de :
– Asseoir sa stratégie financière sur l’acquisition de biens tangibles ayant une valeur, a priori intrinsèque, bien que de plus en plus sensible aux spéculations
– Dé-risquer son portefeuille d’actifs à travers des actifs décorrélés des marchés financiers
– S’engager dans une politique écologique, voire ISR (Investissement Socialement Responsable), utile et durable en plus d’être tendance

Avant toute chose, que faut-il entendre par « stabilité financière » ?

Selon la Banque Centrale Européenne (BCE), « la stabilité financière est une situation dans laquelle le système financier – qui englobe les intermédiaires, les marchés et les infrastructures de marché – est capable de résister aux chocs, en réduisant la probabilité d’une interruption du processus d’intermédiation financière qui serait suffisamment importante pour perturber l’allocation optimale des ressources ». Pour une entreprise, devenir stable financièrement implique donc d’avoir des ressources extérieures à son activité principale qui lui permettent de survivre en cas de crise (krach boursier, crise sanitaire, effondrement du marché, très forte concurrence etc.).

La notion de « foncier » quant à elle, se distingue de l’immobilier en ce qu’elle désigne tout ce qui relève de la terre. On parle de foncier bâti ou de foncier non bâti. Aussi le foncier renvoie aussi bien aux terrains constructibles qu’aux terres agricoles ou aux forêts. 

Asseoir une stratégie financière sur l’acquisition de biens tangibles ayant une valeur, a priori, intrinsèque, bien que de plus en plus sensible aux spéculations

Les biens fonciers issus du patrimoine naturel sont, par essence, tangibles. Il s’agit de biens  physiques. C’est le cas des matières premières, issues des forêts (le bois) ou des terres agricoles (le blé, le maïs, le raisin…) ou encore de l’or. Par son caractère réel, le bien ne peut être séparé de sa valeur qui lui est intrinsèque. 

Les rendements de ces biens réels sont moins importants que les produits issus des placements en bourse. Néanmoins, un tel investissement présente une plus grande sécurité qui réside dans cette valeur tangible. Fonder sa stratégie d’entreprise sur ce type de biens est une stratégie qui permet de renforcer sa stabilité financière à  long terme. 

En revanche, le risque est de se retrouver face à une situation où la spéculation, pratique liée aux opérations financières et commerciales fondées sur les fluctuations du marché, vient dénaturer le marché. L’intention première de l’achat devient alors une volonté de revendre plus cher quelques années plus tard. Selon Dominique Plihon, professeur d’économie financière à l’Université Paris XIII et membre des économistes attérés, la spéculation est critiquable notamment  parce que la spéculation peut contribuer à l’instabilité des marchés ou à des crises graves comme la crise sur la dette publique grecque ou sur l’euro.

Dé-risquer son portefeuille d’actifs à travers des actifs décorrélés des marchés financiers

Les entreprises possèdent de nombreux actifs (immobilisés ou circulants). Il s’agit de tous les biens et droits qu’elles possèdent : bâtiments, matériel, créances, personnel, parts de marché etc. Beaucoup d’entreprises décident de placer leur argent, ce qu’on appelle le portefeuille d’actifs, pour le faire fructifier. Il existe différents moyens : 
– L’achat de parts de capital 
– L’investissement en bourse

Ces actifs sont attachés au aléas des marchés financiers mondiaux, lieux physiques ou virtuels où les investisseurs négocient des titres à l’achat ou à la vente. 

Avec la crise de 2008, les investisseurs ont pu être amenés à changer de stratégie. Isabelle Scemama, head of fund groups et responsable des actifs réels au sein d’AXA IM, explique que « les effets de la crise et la baisse des taux d’intérêt ont conduit les investisseurs à se tourner de plus en plus vers des placements moins liquides, mais plus rentables ». L’acquisition de foncier naturel apparaît comme une solution possible . Comme dit précédemment, acheter du foncier naturel c’est investir dans des actifs assis sur des biens réels, par essence, décorrélés des marchés financiers. 

Investir dans des actifs décorrélés de ces marchés permet aux entreprises de :
– Augmenter le rendement global de leur portefeuille grâce à des rendements compris entre 2 et 15%
– Accroître la diversification de leur portefeuille financier 
– Se protéger contre l’inflation et sécuriser leurs revenus
– Investir dans des actifs stables qui ne souffrent pas de la cyclicité des marchés boursiers et dont la valorisation n’est pas remise en cause à chaque crise boursière
– Réduire la volatilité des performances du portefeuille financier

Olivier Héreil, directeur général adjoint, directeur des investissements et des gestions d’actifs de BNP Paribas Cardif, précise qu’il préfère « attendre de trouver des opportunités sur les marchés au meilleur prix plutôt que de nous contraindre à investir tous les ans ».

Sur le long terme, la demande pour le bois présente un potentiel réel de prise de valeur dans deux secteurs principalement l’énergie et la construction. Les revenus issus de l’exploitation sylvicole (vente de bois, location de chasse etc.) lui permettront de renforcer sa résilience. 

S’engager dans une politique écologique, voire ISR

Plusieurs entreprises ont pour stratégie d’investir dans le patrimoine. Elles achètent donc des châteaux pour servir une politique RSE ou ISR (Investissement Socialement Responsable). Cette stratégie se décline également pour les entreprises qui cherchent à valoriser le patrimoine naturel.. 

En outre, à l’heure de la protection environnementale, acquérir une forêt ou des terres agricoles a du sens d’un point de vue ISR. L’investissement socialement responsable (ISR) cherche à concilier placement financier et critères environnementaux. On parle « d’application des principes du développement durable à l’investissement ». Aussi, une entreprise qui fonderait sa stratégie sur l’acquisition foncière de biens issus du patrimoine naturel s’engage dans une politique écologique, utile et durable. Un tel engagement peut considérablement renforcer son image de marque. Il s’inscrit dans une dynamique de protection. de l’environnement très en vogue, tel que le pratique la marque d’ameublement Ikea.

Les risques inhérents à ce type d’investissement 

Ce type d’investissements présentent des risques non négligeables :
L’illiquidité de ce type d’actifs : pour devenir rentables, ces actifs doivent être détenus sur le long terme. En cas de besoin de capitaux à court terme, l’investisseur ne peut donc pas compter sur la vente de ses actifs
La sélection des actifs : les investisseurs doivent notamment s’assurer de :

– La viabilité des projets financés sur le long terme
– La solidité de l’exploitant qui le gère
– Les perspectives des marchés sélectionnés, notamment ceux dont les prix sont régulés par l’État

Dans la filière du bois par exemple, ces risques sont ceux liés à la perte en capital en raison :
– Des risques naturels (incendies, tempêtes) 
– De la baisse de la valeur du bois 

Exemple

Groupama Immobilier, qui gère les actifs de la Société Forestière Groupama a investi dans la filière sylvicole. Propriétaire d’environ 22 000 hectares de forêts, la société gère, pour ses mandants, un patrimoine valorisé à 3,2 milliards d’euros. À ce titre, Groupama Immobilier est un des principaux gestionnaires d’actifs immobiliers français. La Société Forestière Groupama est le troisième propriétaire forestier institutionnel français. En investissant dans les forêts, l’entreprise s’assure une stabilité financière. Cet investissement est particulièrement pertinent aux vues de son domaine de compétences et d’actions. En outre, ces actions de valorisation contribue au bon entretien du parc forestier français, une aubaine pour le patrimoine naturel.

Conclusion

Si acquérir du patrimoine naturel pour renforcer la stabilité financière de son entreprise se fait beaucoup, il n’est pas nécessaire de le faire soi-même. Aussi, certains acteurs économiques réalisent des transactions de biens fonciers (des forêts, des vignobles etc.) pour le compte de leurs clients (holding familiales, investisseurs…). 

Pour aller plus loin 


Renforcer sa production en valorisant le patrimoine

Patrimoine et politique RSE des entreprises

Entreprises : investir dans le patrimoine bâti

Pour Hephata, opter pour une offre différenciante permet d’augmenter l’attractivité du château et faire face à la concurrence.

Le domaine se situe sur un territoire qui :
Invite à la création de lieux de vie préservés, respectueux de l’environnement et inspirants. L’existence de nombreuses zones d’activités situées au Nord du département explique d’ailleurs cette position (zones commerciales, centres d’affaires, hubs…) ;
Encourage les initiatives pour valoriser les infrastructures sportives et de loisirs, les actions en faveur du patrimoine et celles en faveur de la création d’emplois ;
– Incite à créer des espaces hôteliers différenciants et complets en réponse à la stabilité du tourisme de loisir (notamment du tourisme local) et la croissance du tourisme d’affaires.

Le projet, stable, a reposé sur :
– La capacité des propriétaires à rentabiliser les investissements rapidement par la mise en place d’une équipe compétente ;
– La cohérence du projet d’ensemble ;
– La possibilité d’adaptation des installations éphémères et finales en fonction d’un planning itératif.

La première contrainte, pour augmenter l’attractivité du château par une offre différenciante, est d’intégrer dans la réflexion du projet une occupation familiale régulière dans le château. Puis, la seconde, est que le projet doit dégager un résultat positif rapidement. En effet, il doit permettre le financement bancaire associé au développement d’activités et à la restauration du domaine. Il doit, par ailleurs, permettre le versement d’un revenu destiné à une équipe complète de gestion.

Hephata a accompagné les propriétaires d’un château situé dans les Hauts-de-France. Sa mission est de proposer un concept marketing permettant d’attirer différents flux touristiques dans le château.

Les points communs entre le territoire, les propriétaires et du site sont la recherche du beau, organisée autour de :
– D’abord, un site paisible, à l’architecture et aux décors raffinés, qui invite à la contemplation et à l’apprentissage de la beauté ;
– Ensuite, des porteurs de projet qui prônent la prise de distance avec la vie quotidienne ;
– Enfin, un territoire aux espaces naturels préservés et entretenus (exploitation des ressources naturelles, mise en beauté des espaces extérieurs…).

Leur spécificité est la bivalence, portée par :
– Un site situé à la fois au carrefour de 3 capitales européennes (Paris, Londres, Bruxelles) et sur un territoire peu dynamique ;
– Des porteurs de projet compétents pour la gestion de projets et l’évènementiel, dont le regard est tourné vers l’étranger ;
– Un territoire qui attire un public international (tourisme de mémoire) et des franciliens (tourisme naturel).

L’étude de ces différentes caractéristiques a conduit Hephata à élaborer un concept marketing pour attirer différents flux touristiques dans le château. Le concept propose d’une part des activités centrées sur le luxe visant un public de touristes internationaux. D’autre part, il offre des services fondés sur l’art de vivre à la française à destination d’un public ultra-local.

Diagnostic développement château Hephata

Diagnostic développement château Hephata

Hephata intègre des espaces historiques dans un projet économique harmonieux en cherchant à les penser comme une foncière. Cela implique de les commercialiser un par un pour des activités différentes.

Le château se situe sur un territoire très marqué par le tourisme international de mémoire. Les politiques départementales valorisent la création de nouvelles offres d’hébergement touristiques et gastronomiques. Elles cherchent également à développer les offres culturelles sur le territoire. Ces politiques incitent à positionner le château sur l’accueil touristique « haut de gamme ». Le département préserve l’environnement rural. Il doit d’ailleurs sa renommé aux nombreuses zones naturelles protégées dont la Vallée et la Baie de Somme.

Installer une activité pour dynamiser l’ensemble du domaine est un réel enjeu pour la nouvelle génération de propriétaires. Vivant à l’étranger, ces derniers n’occupent le château qu’occasionnellement. En outre, les postes de dépenses sont couverts par des revenus essentiellement issus de l’exploitation sylvicole arrivant à leur terme. Développer une activité autonome permettant d’entretenir le domaine est donc indispensable.

Enfin, Hephata prévoit la gestion en cas de développement d’activités. La complexité de la création d’un produit stable est que le produit est la résultante de la variété de ses occupants. Aussi, penser les espaces historiques du domaine comme une foncière (organisme spécialisé dans la gestion locative de surfaces à vocation commerciale) facilite la gestion du lieu.

Hephata_Chateau privé_Concept

Hephata_Chateau privé_Concept

Hephata cherche à allier patrimoine historique et solidarité dans le développement d’un véritable projet entrepreneurial.

Contexte

Date de l’intervention : Décembre 2019 – Février 2020 ;

Propriétaire : Personne privée ;

Porteur de projet : Particulier ;

Département : Somme ;

Projet : Restauration du Château de Bouillancourt-en-Séry pour y développer un projet social et solidaire qui valorise le territoire rural de la Somme.

Objectif

Concevoir un projet de développement économique cohérent avec les ambitions du propriétaire, les opportunités du territoire et la faisabilité technique du site.

Enjeux

En amont de la stratégie de levée de fonds, la définition du concept marketing est venue répondre aux enjeux suivants :

Structurer un projet marketing puissant permettant de rassembler durablement de nombreux acteurs autour du projet ;

Créer un concept d’activité solidaire dans un site historique tout en maintenant son ouverture à la visite ;

Attirer et faire cohabiter des cibles (personae) différentes par une stratégie adaptée.

Résultats

Les résultats obtenus à l’issue de cette première phase d’accompagnement sont les suivants :

Création d’un nouveau modèle de vie communautaire responsable axé autour d’un château et de son jardin expérimental ;

Développement d’un lieu d’accueil tourné vers des catégories sociales très différentes, répondant à une demande sous-jacente des politiques territoriales qui soutiennent les projets en faveur de son attractivité

Comment lancer des activités dans un site historique ? Hephata vous propose une méthode.

L’important à retenir dans cet article :

 1. L’ensemble des étapes et questions à se poser dans le cadre du développement d’activités
2. Une approche détaillée pour faciliter l’accès à la bonne information selon vos avancées
3. Les clés pour développer des activités avant de financer ses réhabilitations

 « Lorsque vous poursuivez vos objectifs guidés par vos valeurs dans le contexte de vos rêves, des miracles se produisent. » Paul Mckenna

Le patrimoine français est vaste. Il rassemble en effet de nombreux édifices bien différents les uns des autres : châteaux, églises, fermes, orangeries… Or, quand certains ont une activité florissante, d’autres peinent à tenir debout.
Les nombreux partisans du patrimoine désirent tout mettre en œuvre pour conserver nos joyaux historiques. Cependant, lorsque l’accès aux compétences, au réseau ou au financement est rare, cela n’est pas aisé.
Pour préserver et conserver son patrimoine, certains (Adopte un Château, Dartagnans…) propose d’ailleurs un accompagnement dédié ou l’accès à de nouvelles formes financement. Il y a aussi une façon de développer des activités de façon autonome pour préserver son bien. Ce que Hephata propose à travers la partie « Gestion d’Activités » du Château-LAB, c’est de faciliter le développement, le lancement et la gestion d’activités innovantes, durables, cohérentes et rentables.

AVANT LE LANCEMENT

Avant de lancer ses activités, il est nécessaire de passer par les étapes suivantes :

1- Etablir ses objectifs

Est-ce un projet de vie professionnel ou une nécessité ponctuelle ? Mais aussi : suis-je prêt à me lancer dans le développement économique ?  

2- Faire le point sur son contexte actuel

– Etat des lieux du patrimoine : ressources naturelles, bâtiments.
– Aspects financiers et fiscaux : évaluer ses biens, ses ressources, ses dépenses.
– Ses compétences : personnelles ou expertise proche
– La règlementation : lois auxquelles je suis soumis, normes
– Son organisation familiale ou institutionnelle 
– Son environnement : forces et faiblesses du territoire (environnement, économie, culture, population), positionnement géographique

3- Identifier une thématique ou un concept

4- Définir une stratégie efficace pour répondre à vos objectifs

Comment définir les grandes étapes pour y arriver ? Faire tout seul ou bien faire faire ? Comment établir un business plan ?

5- Identifier les problème éventuels

Identifier les problèmes éventuels et trouver des solutions à partir de la grille IDPA. Il faut d’abord identifier la situation, les acteurs et les problèmes. Puis il faut faire le diagnostic de l’action engagée. Enfin, il est nécessaire d’effectuer une prospective qui veut exprimer l’anticipation puis de proposer des actions.

LANCER LES ACTIVITES

– Préparer ses espaces en fonction de l’activité développée
– Organiser une équipe adaptée ou faire seul ?
– Communiquer sur ses activités (réseaux sociaux, presse, sites web)
– Régler mes problèmes d’accessibilité
– Trouver un financement pour lancer des activités
– Trouver la structure juridique et fiscale adaptée
– Choisir le bon exploitant
– Quelle assurance choisir 


GERER SES ACTIVITES

– Avoir des indicateurs de suivi de performance
– Comment s’assurer que ses clients sont satisfaits ?
– Quels outils pour faciliter la gestion (communication, réservations…)

Chez Châteaux Expériences, le coeur de métier c’est la gestion. Le P-DG, Colas Guyonnaud propose sa vision :

Pour aller plus loin

Comment gérer un château aux allures de village ?

Développer des activités ludiques dans un château

Concevoir une activité durable dans un château

Le modèle économique des châteaux du XXIème – qu’en pense Nicolas Navarro, propriétaire du château du Taillis ?

L’important à retenir dans cet article :


Ces dernières années, le château a pris beaucoup d’ampleur. Début décembre 2017, la famille Navarro – à la fois entrepreneure et propriétaire – a lancé son premier marché de Noël. 1 000 personnes étaient attendues… A la surprise générale, 3 000 personnes étaient au rendez-vous ! 

Nicolas, 36 ans, et sa femme, ont développé des animations culturelles qui ne transforment par les espaces… 

HEPHATA a souhaité partager avec vous, quelque unes des clés d’un modèle qui a de l’avenir :
– Travailler la cohérence entre les activités et le patrimoine
– La logique des « petits pas »
– Apprendre à faire soi même, des petits travaux aux évènements
– Savoir se faire entourer des bonnes personnes : les bénévoles et les experts

Vous accueillez de nombreuses activités culturelles dans votre château et que vous gérez vous-même de A-à-Z. C’est plutôt rare d’en faire autant, simplement en famille. Est-ce que tu pourrais nous en dire un peu plus sur les raisons qui vous y ont poussées ? 

D’abord, ce sont les parents qui ont racheté le château du Taillis. Par passion. Très vite, ils ont été confrontés aux problèmes que rencontrent tous les propriétaires c’est-à-dire, les entretiens très lourds liés aux bâtiments anciens, les travaux urgents qui fragilisaient la sauvegarde des bâtiments et les impôts. On s’est retrouvé très tôt dans l’obligation d’assurer les petits travaux, en faisant nous-même et en développant des activités pour les financer.

Depuis presque 10 ans, avec ma femme, nous réfléchissons aux animations et organisons leur développement. Nous sélectionnons seulement les activités qui sont adaptées aux lieux et qui évitent toute modification importante ou inaltérable des éléments bâtis et naturels environnants. Mon but serait presque de faire vivre le château comme il y a 200 ans !

En termes de typologie d’animation et de thématique, cela implique quelques restrictions. Par exemple, pour le moment, nous avons décidé de ne plus réorganiser de vide-greniers car ces derniers ne nous semblent plus être en adéquation avec l’image du château.

Avant d’en arriver là, par quoi avez-vous commencé et pourquoi ? 

La toute première activité que nous avons lancée, c’est l’ouverture au public parce que nous voulions que tout le monde puisse en profiter. Notre château fait partie du paysage local, c’est « notre » château ». Il appartient en partie aussi aux habitants. Des visites libres et des visites guidées étaient proposées aux individuels. Mais après quelques années, le nombre de visiteurs est resté assez limité (environ 2000 personnes par an). 

Maintenant, nous organisons uniquement des visites de groupes car les visites individuelles sont disparates, très consommatrices de temps et avec une rentabilité faible (prix d’entrée à partir de 5€ par personne). 

Au début, nous étions essentiellement concentrés sur la notion de « partage du patrimoine ». Mais nous avons rapidement compris que pour survivre, il faut aussi penser en termes de rentabilité. 

Justement, pourrais-tu nous en dire un peu plus sur toutes vos activités ? En particulier, celles qui marchent le mieux chez vous ? 

Alors, nous accueillons pour : 

Des célébrations et évènements privés (mariages, diners, anniversaires, etc…).
Ce sont les activités les plus rentables, plus que les séminaires. Les célébrations privées demandent moins de travail et d’organisation parce que les clients s’impliquent davantage, en comparaison aux séminaires qui ont plus de besoins spécifiques et des budgets définis, non négociables. Pour les célébrations, nous pouvons proposer (à la demande) quelques chambres ainsi que des prestations particulières… 

Des événements grand public en tout genre (marché de noël, la « visite aux lumières », une visite de nuit aux bougies…), en particulier, c’est ma passion, des célébrations commémoratives de la Seconde Guerre Mondiale.
Pour l’occasion, nous avons une buvette, nous vendons du matériel d’époque et des livres sur le sujet… nous sommes même vêtus de nos uniformes ! Ces évènements attirent de plus en plus de monde mais sont compliqués à organiser et demandent une implication des bénévoles très importante. Néanmoins, après plusieurs éditions et années d’existence, les évènements sont rentables. Selon les évènements, le nombre de visiteurs est variable. 

Des murder party qui marchent assez bien et des rendez-vous et des colloques…
Nous avons aussi pu ouvrir un musée sur le thème de la bataille de Normandie dans les écuries en 2004, sans changer leur structure encore une fois.  

Nous avons aussi d’autres projets, lancer une activité de gîtes par exemple dans l’orangerie…

Point sur les visiteurs : 
Attention, le type de public varie en fonction des activités. Depuis quelques années, nous développons des « réceptions touristiques » destinées plus particulièrement aux touristes étrangers (visites privatives avec quelques animations dédiées comme des diners par exemple).

Là, nous profitons de l’aura des grands monuments, comme Giverny, qui attirent ce type de visiteurs… 
Sinon, ce sont les touristes du territoire qui participent à nos animations culturelles.

Ce qui est intéressant, c’est que tous reviennent d’année en année. Cela montre que le château a établi une communauté de réguliers.

Selon toi, qu’est-ce que viennent chercher les visiteurs dans un château privé ? Est-ce que le fait d’être propriété « privée » attire ?

En fait, ce qui marche, c’est ce qui est authentique. Les visiteurs aiment venir parce qu’en même temps que la découverte d’un lieu ou d’un évènement, ils découvrent comment nous vivons… Ils viennent notamment parce qu’ils apprécient voir des châtelains qui vivent dans leur château. Nos hôtes sont généralement très surpris d’ailleurs ! Ils découvrent que les propriétaires sont des personnes normales, facilement abordable et pas forcément très aisées. 

Ce qui m’amuse, c’est quand nos passagers me prennent pour un ouvrier et me demandent si le propriétaire est présent ! C’est drôle, l’image du châtelain « au-dessus des gens communs » et l’image de la vieille aristocratie existent toujours… alors que c’est de moins en moins le cas.

J’aime pouvoir partager mon expérience et ma vie avec le public. J’aime que les jeux des enfants se mélangent aux meubles anciens… Les visiteurs apprécient que la maison soit en vie même quand les enfants courent dans leurs pattes ! Cela apporte de la chaleur au patrimoine… 

Le fait de vivre dans son lieu de travail doit avoir un réel impact sur votre vie privée…

Puisque le château dans son ensemble est ouvert au public, nous n’avons plus vraiment de vie privée, c’est sûr ! Notre lieu de vie est devenu notre lieu de travail ! 

Par ailleurs, c’est assez dur de « bien habiter » dans un château… Il faut faire de nombreux travaux de confort (électricité, chauffage, double vitrage).  Aujourd’hui, ça fait plus de 13 ans, il n’existe qu’une seule pièce véritablement confortable dans tout le château où la famille peut se réunir pour jouer ou regarder un film. 

L’autre difficulté dans la vie quotidienne est l’agencement du château et de ses pièces. L’aménagement du château est fait pour une époque où des dizaines de domestiques travaillaient. La taille des pièces et le cheminement que les domestiques devaient prendre n’avaient pas d’incidence sur la vie des propriétaires. 

Aujourd’hui, ça peut poser problème : l’organisation des pièces de vie n’est franchement pas toujours optimale.

Vous faites-vous aider pour organiser toutes ces activités ?

Avec ma femme, nous organisons seuls les événements, puis nous nous faisons aider pour les réaliser. Nous nous entourons de bénévoles (amis, amis d’amis, famille et particuliers). Ils sont aujourd’hui près d’une cinquantaine, dont une vingtaine de bénévoles réguliers. Ils préparent, organisent, coordonnent, se déguisent, accueillent, animent…

Mais, c’est compliqué. Ils viennent pour rendre service ! On ne peut pas les forcer à faire telle ou telle tâche, ou les répartir sans demander leur avis… C’est difficile d’harmoniser leur implication.
Maintenant nous avons des employés, un ouvrier de jardin et une jeune fille qui nous aident pour la communication. 

Quels canaux de communication utilises-tu pour toucher la variété de publics concernés ? 

Nous avons appris au fur et à mesure…

Via notre site ou sur les réseaux sociaux, plus particulièrement sur Facebook , nous touchons une communauté assez réactive, composée en particulier de mères qui cherchent des activités à faire pour leurs enfants, des femmes aux foyers ou à la retraite pour des événements tricot ou couture. Nous venons de nous mettre à Instagram …

• Nous utilisons l’affichage (affiches, foyers). L’affichage touche le local. Il marche bien car les visiteurs les plus présents sont du territoire sur un rayon de 60km, pour ceux qui viennent pour les évènements culturels. 

• Nous sollicitons la presse (spécialisée et locale) très régulièrement car c’est plus simple de gérer les périodes de publication, contrairement à la presse nationale. Mais, c’est une presse qui reste très fortement influencée par la conjoncture, par exemple, la mort de Johnny, les faits divers ou les événements organisés par grands monuments voisins. Au niveau national, nos retombées sont moins régulières parce que les obtenir demande une vraie organisation : d’anticiper la périodicité des thématiques et de connaitre les bonnes personnes ! 

Le fait d’être intégré à des réseaux d’experts fonctionne particulièrement… par exemple, pour organiser l’animation sur la 2nde Guerre mondiale, c’est très utile d’être intégré dans des associations spécialisées. Il est bon d’avoir quelques entrées dans le milieu du thème exploité. A l’inverse, pour le marché de Noël, il nous a été compliqué de trouver des exposants lors de la première édition, car nous n’étions pas intégrés à un tel type de réseau. Pour l’année suivante, c’est différent !

La visibilité du château… c’est l’avantage d’être sur une départementale, même si je n’avoue ne pas beaucoup l’apprécier.

• Et, enfin, le bouche à oreille marche bien ! C’est ce qui a aidé à démarrer au départ. 

Quelles difficultés rencontres-tu essentiellement en tant que « gestionnaire privé » ? 

La concurrence est rude. Les grands monuments captent le public mais aussi les aides financières et les partenariats. 

Ces « monstres » publics, comme l’Abbaye de Jumièges ou Saint Martin de Baucherville qui appartiennent au département, qui sont situées à 20 km, sont subventionnés et les institutions mécènes comme publiques se concentrent sur ces sites connus en oubliant – parfois – les plus petits sites. Par ailleurs, ils fonctionnent et sont entretenus par une multitude de personnels. 

Point sur la concurrence : 
La différence majeure entre les monuments publics et les privés, c’est que les premiers ne cherchent pas la rentabilité sur leurs évènements et peuvent donc offrir des animations gratuites, comme les musées de la ville de Rouen ou les communes. Il est impossible de rivaliser avec ces monuments : leurs moyens sont beaucoup plus importants et leurs contraintes bien moindres ! 

A titre d’exemple, beaucoup de communes de Normandie ont des marchés de Noël, entièrement gratuite… cela peut nous desservir, à niveau de prestation égale. A nous de chercher notre différenciation.
Néanmoins, des monuments comme Giverny, qui attirent des visiteurs américains, nous permettent à nous aussi d’attirer de la clientèle étrangère. 

Comment faites-vous pour tenir le cap d’un tel choix de vie ? 

Honnêtement ? On m’a posé plusieurs fois la question et je ne sais pas…

• Je pense que c’est lié à la personnalité : j’ai commencé quelque chose, je dois le finir…

• Je pense aussi qu’ on tient le coup grâce aux bénévoles, à leur soutien et leur motivation. Le soutien des visiteurs qui me remercient de leur raconter toutes mes anecdotes et de contribuer à la sauvegarde du patrimoine… cela me donne chaud au cœur et me pousse à continuer. Il y a aussi les visiteurs qui proposent de m’aider à rénover le château. 

Par exemple, un homme avait critiqué ma façon de couper la vigne du château. Je lui propose de le faire lui-même s’il le souhaite. Contre toute attente, il m’a dit « d’accord ». Un mois plus tard, il appelle et demande s’il peut venir aujourd’hui pour tailler la vigne. Il est arrivé quelques heures plus tard et nous avons coupé ensemble la plante.  

La vocation et l’intérêt que j’ai pour le château m’ont poussés à me perfectionner dans les activités autour du site et m’ont poussé à travailler certains aspects qui – initialement – ne m’intéressait pas nécessairement. Je pense aussi que j’ai développé des compétences autour du château. A force de faire les travaux moi-même ou de gérer des activités, on devient les pro de ce truc-là spécifiquement…

En tout cas, ça vaut le coup, quand on voit les résultats…

Comment gérer un château aux allures de village ? Quel modèle de gestion pour faire vivre un site touristique utilement et efficacement ?

L’important à retenir dans cet article :

Faire vivre un château est une affaire de gestion quotidienne. Pour nous inspirer, Peter Bal – véritable chef d’entreprise – nous partage sa vision d’un site historique qui peut vivre au rythme de la société contemporaine. 

Classé Monument Historique depuis 1965, et racheté par Peter Bal en 1999, le château de Millemont comprend 6 000 m2 de bâtiments et 600 hectares de terres, dont 500 de forêts et 48 de terres agricoles. Situé à une heure de Paris, le village attenant compte 241 habitants.

 Le propriétaire a récemment pris conscience de la vocation de son patrimoine : il s’agit d’un « château-village » auquel il souhaite redonner ses fonctions d’origine tout en le rendant utile aux besoins de la société contemporaine. 

Pour lui, trois clés sont indispensables pour faire vivre utilement un tel site : 
– Prendre son temps pour comprendre la destinée du château sans s’arrêter aux contraintes de gestion conjoncturelles,
– Toujours s’assurer auprès des experts d’activités que l’on souhaite développer s’ils aimeraient les développer sur place,
– Fuir absolument en l’absence de « coup de cœur ».

HEPHATA – Quels conseils donneriez-vous à un propriétaire de château pour réussir à développer des activités cohérentes avec son patrimoine ?

Peter BAL – Que l’on soit propriétaire, locataire ou employé, l’essentiel, je crois, c’est d’abord d’être passionné par son domaine. Rien ne se fait sans passion. A titre personnel, quand j’embauche une personne, je ne cherche pas des gens qui « souhaitent faire » ou qui « font », je veux des gens qui « sont ». Souvent je m’amuse à demander à mes futurs employés agricoles de me montrer leurs mains. Si celles-ci ne sont pas des mains de travailleurs, je ne peux que les inviter à revenir dans 18 mois ! 

Ensuite, il faut comprendre sa propriété et sa terre. Il est indispensable de la connaître intégralement (son histoire, son climat, sa géologie, sa culture, son exposition au vent, etc.). Il s’agit, en quelque sorte, de « venir à l’essence » de son identité. A Millemont, nous avons découvert assez récemment que l’identité profonde du lieu est celle d’être un château-village. 

En même temps l’identité permet de définir ce qu’on peut faire d’un lieu, cela lui apporte sa distinction. Par exemple, nous sommes très différents de Vaux-le-Vicomte… ! 
C’est à partir de la connaissance de ce que l’on a que l’on peut trouver ce que l’on peut faire. Or, cela prend du temps et il ne faut pas chercher à « forcer » certains projets : quand on est dans l’effort, c’est généralement que l’on se trompe. Il ne faut rien faire par obligation. 

Enfin, si vous voulez des conseils, prenez-les uniquement auprès des personnes qui sont parvenues à réaliser ce que vous souhaiteriez atteindre.

Dans le respect de cette identité, comment avez-vous déterminé les activités à développer à Millemont ?

Au départ, j’ai profité de l’emplacement stratégique du château à 45 km de Paris pour recevoir des tournages, comme celui de Marie-Antoinette de Sofia Coppola par exemple. Certains films nous ont apporté jusqu’à 250 000 € de revenus. 

Puis cela a évolué. Cela n’a plus été aussi facile d’attirer les maisons de production depuis la création de la Cité du cinéma [inaugurée en 2012 à Saint-Denis, ndlr]. 

Par ailleurs, j’ai progressivement compris l’identité du lieu et j’ai souhaité faire en sorte que Millemont réponde à des besoins concrets de la société contemporaine, qu’il devienne un lieu pour soutenir l’innovation, les nouveaux modes de vie « slow life » ou les initiatives économiques sociales et solidaires. Rapidement, le château est devenu un « centre » qui accueille des démarches de « co-création » entre les occupants réguliers et temporaires.

Par exemple nous avons accueillons des organisations comme MakeSense pour leurs évènements. Des expérimentations ont aussi eu lieu, portées par des associations telles qu’Assemblée Virtuelle autour de projets sociaux, technologiques, écologiques… ou encore, il y a plus longtemps, la POC 21 qui a transformé le parc en « innovation camp ».

Dans le but de rester cohérent avec cette identité, comment choisissez-vous vos occupants et visiteurs de passage ?

Le château est un lieu dont la fonction première [défendre, administrer un territoire, ndlr] a disparu, il convient donc de la repenser. Millemont n’échappe pas à la règle. 

Ce lieu était d’abord un village, c’est son identité, et je souhaite aujourd’hui lui rendre cet usage. Je cherche à co-construire une communauté villageoise. Ce château est « extraordinaire » dans sa fonction de village, dans le sens de « hors-du-commun ».

Pour intégrer cet ensemble, les conditions le sont tout autant… Les occupants doivent parler deux langues au minimum car cela induit une plus grande plasticité cognitive qui multiplie généralement les points de vue sur un sujet (la langue structurant notre vision des choses). Ils doivent partager les mêmes valeurs que celles portées par le château. 
Et, afin de nous assurer une stabilité financière, ils doivent être financièrement indépendants. 

Malgré ces exigences, il n’est pourtant pas question d’être dans la possessivité, bien au contraire. Pour faire fonctionner un château aujourd’hui, il est indispensable d’accepter de l’ouvrir pour le faire vivre : seul le partage permet son fonctionnement. Beaucoup de personnes pensent qu’il est facile de gérer un château mais si l’on regarde les chiffres, on constate que ceux qui achètent un château le revendent en moyenne deux ans et demi plus tard, car ils prennent conscience de la charge que cela représente !

Alors, quel est votre secret pour financer l’entretien d’un domaine aussi vaste que celui de Millemont ?

Aujourd’hui mes principales sources de revenus sont la location d’une partie des bâtiments (à travers des baux classiques de location), les événements organisés en continu au château (séminaires, ateliers, etc.), les droits de chasse, les produits issus de la gestion forestière (« non-conventionnelle » à Millemont) et de l’exploitation agricole. Nous bénéficions parfois de quelques financements extérieurs.

Ces revenus permettent d’assurer l’entretien du domaine, soit environ 250 000 € par an. Mais, ces dépenses sont voulues parce qu’elles donnent de la valeur à Millemont, que ce soit pour les restaurations, l’entretien ou l’accueil d’activités !

En tant que gestionnaire, comment occupez-vous le château et quelles sont vos clés de « bonne gestion » ?

En réalité, je suis présent dans le château environ trois jours par semaine et le reste du temps je suis en Belgique. Je m’occupe de ce lieu comme un « projet » à faire vivre quand bien même mon intention initiale – il y a presque 20 ans – était d’en faire une opération immobilière.

En tant que gestionnaire, j’ai progressivement compris qu’une bonne gestion s’accompagnait de trois éléments.

Le langage

Il faut apprendre le langage des différents corps de métier dont on va devoir s’entourer pour les sujets d’exploitation, de restauration, de gestion…

L’équipement

Acheter soi-même les matériaux ou les infrastructures dont on a besoin pour réaliser ses travaux (par exemple des échafauds) est un élément de négociation important avec les artisans et entreprises du bâtiment…

oser travailler sans les « grands »

Penser que les gros noms et les entreprises de taille importante sont indispensables est une erreur ! L’erreur est presque d’avoir les moyens et la position de « travailler avec les grands » car cela ne favorise pas l’émergence de solutions qui correspondent profondément à notre situation… Par exemple, lors de la tempête de 1999 face à l’indisponibilité des grandes entreprises forestières, nous avons fait intervenir des experts de la régénérescence naturelle… puis, nous avons eu la chance de faire venir David Nash de New York pour réutiliser les bois tombés et d’en faire des œuvres d’art ! Aujourd’hui, nous avons un rendement 80% supérieur aux forêts alentour et la logique de « régénérescence naturelle » demeure notre stratégie de gestion.

Quelle formation avez-vous suivie ?

J’ai été à l’école de la vie ! Initialement, j’ai une formation en arts (peinture et sculpture), mais j’ai surtout une passion pour les bâtiments, que je comprends très bien, et pour les forêts.

Qu’est-ce qui selon vous explique l’échec de gestion de certains châtelains ?

Pour les châteaux qui appartiennent depuis plusieurs générations à une même famille, il y a un vrai risque que les propriétaires se crispent sur un devoir moral de conservation du bien familial.

Cette obligation familiale tronque la saine gestion. Elle engendre généralement une parcellisation progressive du domaine (vente des terres, des bâtiments annexes, etc.) pour financer des réparations importantes à court, alors que ce sont souvent ces parties externes qui permettent l’entretien du château lui-même à long terme grâce aux revenus qu’elles peuvent générer.

Pour s’en sortir, trois clés sont indispensables pour faire vivre utilement un tel site : 
– Prendre son temps pour comprendre la destinée du château sans s’arrêter aux contraintes de gestion conjoncturelles,
– Toujours s’assurer auprès des experts d’activités que l’on souhaite développer s’ils aimeraient les développer sur place,
– Fuir absolument en l’absence de « coup de cœur ».

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