Dans cet article, Hephata présente les différentes initiatives et les gestionnaires du patrimoine historique en Europe.

Ce qu’il faut retenir

En Europe, sur onze pays étudiés, on distingue quinze opérateurs majeurs, que l’on peut diviser en trois catégories :

  • Les fonds nationaux inspirés du modèle anglo-saxon ;
  • Les gestionnaires culturels et touristiques ;
  • Les groupes hôteliers.

En France, on observe qu’il n’y a pas d’opérateurs multi-activités type National Trust. On trouve davantage des gestionnaires culturels et touristiques ou des entreprises portant une activité hôtelière ou évènementielle.

Introduction

Si la France présente un patrimoine riche et varié, il n’en est pas moins des autres pays d’Europe. En effet, eux aussi disposent d’une histoire et d’une culture propres et profondément ancrées, dont une partie peut se révéler dans les éléments patrimoniaux nationaux. Ces autres pays européens ont donc les mêmes enjeux de protection et de valorisation du patrimoine architectural qu’en France.

Pour recourir aux besoins du patrimoine historiques, différents acteurs nationaux du patrimoine se mobilisent donc sur leurs propres territoires.

Voici une présentation des gestionnaires du patrimoine historique en Europe.

Les initiatives européennes inspirées du modèle Anglo-saxon

              Le National Trust pour le patrimoine anglo-saxon

Le National Trust est le deuxième propriétaire foncier du Royaume-Uni, après la Couronne. Créé en 1895, il opère en Angleterre, au Pays de Galles, sur l’Ile de Man et en Irlande du Nord. Cette association à but non lucratif a pour objectif de conserver et ouvrir au public le patrimoine culturel et naturel sur ces zones-là. Le National Trust s’intéresse à la fois au patrimoine archéologique, au patrimoine bâti de toutes époques (300 monuments), au patrimoine industriel, au patrimoine naturel (780 miles de côtes, 250 000 hectares terres et 200 jardins) ainsi qu’aux objets et œuvres d’art (environ un million).

Comme à l’habitude des autres fonds nationaux pour le patrimoine, le National Trust privilégie la multi-activité pour la valorisation des sites. Il organise ainsi dans les différents monuments :

  • Des visites ;
  • Des locations saisonnières (séjours et vacances) et évènementielles ;
  • Des animations, évènements et loisirs ;
  • Des activités agricoles et sylvicoles ;
  • De la production d’énergie.

Sur l’année 2021/2022, le National Trust a dépensé 672 M €. L’association tire ses revenus des fonds issus de la cotisation des membres (222 M € en 2021, grâce à quatre millions de membres adhérents), aux cessions ou locations de biens immobiliers ou naturels issus de legs ou donations, aux collectes de fonds, aux campagnes de financements, aux revenus de ses placements financiers ainsi qu’à la vente de produits en ligne. Il faut également noter que ce fond national réduit ses coûts grâce au soutien de 67 000 bénévoles.

              La Fai, fond italien

La Fai (fondo per l’Ambiente italiano) a été créée en 1975. Il s’agit d’une fondation à but non lucratif inspirée du National Trust anglais. Elle possède 58 lieux dont 35 sont ouverts au public. Son objectif est la sauvegarde et la valorisation du patrimoine artistique et naturel en Italie ainsi que la restauration et l’ouverture au public de biens historiques, artistiques ou naturels. En 2021, la Fai a dépensé 3 M €. En guise de revenus, la Fai dispose de fonds issus de la cotisation de ses membres, de dons, partenariats et mécénats (particuliers et entreprises) ainsi que des recettes issues des évènements d’entreprises.

              Autres fonds tirés du modèle anglo-saxon

D’autres fonds nationaux sont investis pour le patrimoine historique en Europe. Ils sont tous inspirés du National Trust et sont pour la plupart situés dans des pays anglo-saxons ou des anciennes colonies britanniques. Parmi ces fonds, on peut citer :

Les gestionnaires culturels et touristiques du patrimoine historique en Europe

              Les Fondations européennes pour le patrimoine

Parmi les gestionnaires culturels et touristiques du patrimoine historique en Europe, on trouve bien évidement les fondations qui oeuvrent à la sauvegarde du patrimoine et à leur ouverture en France.

Il existe de nombreuses fondations en Europe peuvent gérer un ou plusieurs lieux :

              Le CMN, gestionnaire culturel en France

Le Centre des monuments nationaux  est un établissement public sous tutelle du ministère de la Culture. Créé en 1914, il gère actuellement 137 000 biens culturels et plus de 100 monuments dont 19 sont inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Notons que ces monuments sont propriétés de l’Etat. Le but du CMN est de :

  • Conserver, restaurer et entretenir le patrimoine ;
  • Le rendre accessible au plus grand nombre ;
  • Favoriser la vie culturelle et le développement touristique ;
  • Assurer une mission d’éditeur public.

En 2022, le CMN a reçu plus de 10 millions de visiteurs sur l’ensemble de ses sites patrimoniaux et a organisé plus de 400 manifestations culturelles. En 2021, le CMN a bénéficié d’un budget de 224 M €, budget réparti entre les dépenses de fonctionnement et les investissements. Quant aux revenus, ceux-ci sont assurés par les recettes générées par les monuments eux-mêmes (les droits d’entrée représentent environ 25 M €), par les financements de l’Etat ainsi que par les dons et le mécénat.

              L’Institut de France, propriétaire de biens patrimoniaux

L’Institut de France date de 1795. C’est une instance de conseil indépendante auprès des pouvoirs publics. L’Institut de France a pour mission le rayonnement des lettres, des sciences et des arts, la recherche et le soutien à la création ainsi que la protection d’un important patrimoine dont il est propriétaire. L’Institut de France est également un des plus grands mécènes de France avec près de 25 M € distribués chaque année par ses fondations abritées au titre des prix et subventions. Actuellement, l’Institut dispose de 20 sites historiques dans lesquels il développe toutes sortes d’activités :

  • Visites ;
  • Bibliothèques et centres de documentation ;
  • Locations professionnelles et privées ;
  • Hébergements ;
  • Expositions d’objets d’art et de collections, musées ;
  • Rencontres, formations, débats et conférences ;
  • Promenades et jardins ;
  • Animations et loisirs.

              Les entreprises valorisant le patrimoine historique

De nombreuses entreprises valorisent le patrimoine historique. En France, on trouve par exemple :

Kléber Rossillon est une entreprise privée créée en 1985 pour la préservation et la valorisation de lieux culturels et touristiques, leur ouverture au public, l’augmentation de leur notoriété et de leur fréquentation. L’entreprise possède 12 lieux qui ont accueilli plus de deux millions de visiteurs en 2022.

L’entreprise agit en France en en Belgique (un site uniquement) et s’intéresse à tout type de patrimoine : châteaux et belles demeures, patrimoine naturel, patrimoine archéologique et patrimoine industriel. Elle a néanmoins un cahier des charges précis. Le site doit :

  • Être situé dans une zone très touristique mais avec une faible concurrence ;
  • Bénéficier d’une certaine notoriété et d’un bon positionnement géographique ;
  • Être doté d’un caractère historique fort : histoire majeure à raconter sur place, faits marquants, … ;
  • Avoir un caractère esthétique atypique et/ou exceptionnel.

Les opérateurs hôteliers et évènementiels dans les sites du patrimoine européen

              Châteauform’, séminaires professionnels

Châteauform’ est une entreprise privée créée en 1996. Son activité réside dans l’ouverture des lieux du patrimoine aux entreprises et au bien-être des collaborateurs. Bénéficiant de 64 sites, le cahier des charges de Châteauform’ est strict : les lieux d’exception doivent disposer de plus de 80 chambres et doivent être situés à proximité de Paris, des grandes métropoles ou des aéroports. Ce, afin d’en faciliter l’accès aux entreprises. C’est pourquoi les châteaux et sites historiques de l’entreprise sont principalement situés en Ile-de-France bien qu’on en trouve également à Bordeaux, Lyon, Aix-en-Provence, Marseille ainsi qu’en Allemagne, Espagne, Suisse, Italie, Belgique et aux Pays-Bas.

              Paradores de turismo, chaîne hôtelière dans le patrimoine espagnol

Paradores de turismo intervient en Espagne majoritairement (seulement un site hors-frontières, au Portugal). Créée en 1928, cette société cherche à promouvoir le tourisme en Espagne en conservant le patrimoine historique. On compte aujourd’hui 98 paradores, hôtels qui prennent place dans des sites architecturaux (châteaux, forteresses, couvents, monastères et autres édifices historiques). L’activité d’hôtellerie de luxe permet ainsi de revitaliser des sites du patrimoine espagnol. Elle permet aussi de les inscrire dans des circuits touristiques, notamment grâce à la création d’une dizaine d’itinéraires « de Paradores à Paradores » qui invitent les touristes à parcourir et à visiter l’Espagne en faisant une halte dans chaque hôtel patrimonial détenu par la marque.

              Pousadas de Portugal, groupe hôtelier valorisant les sites historiques

Pousadas de Portugal est une entreprise dont le but est de créer des hôtels à la fois rustiques et authentiques dans des sites historiques du Portugal. Existant depuis 1940, Pousadas de Portugal a été racheté par le groupe Pestana en 2003. Cette entreprise n’est donc plus gérée par l’Etat portugais. Certains sites font donc l’objet de concessions d’exploitation pour une durée de 40 ans, ce depuis 2003, tandis que d’autres ont été acquis par le groupe entre temps. Aujourd’hui, l’entreprise possède 40 pousadas au Portugal. La volonté actuelle est d’ouvrir d’autres sites historiques et de les transformer en hôtels dans les anciennes colonies portugaises.

Conclusion

Les gestionnaires de sites patrimoniaux en Europe peuvent donc être distingués en trois grandes catégories :

  • Les fonds nationaux inspirés du modèle anglo-saxon qui sont généralement des associations, des fondations ou des organismes à but non-lucratif. Leur objectif est véritablement de démocratiser l’accès à la culture et au patrimoine. Leur défi est donc de restaurer les sites historiques, de les promouvoir et de les ouvrir au public en y développant de la multi-activité. Ces fonds nationaux fonctionnent grâce à l’implication des citoyens (adhésions de membres, dons, legs, mécénat, bénévolat, etc., …). Ils ont donc une vocation à la fois patrimoniale, environnementale mais également sociale.
  • Les gestionnaires culturels et touristiques peuvent à la fois relever de l’initiative publique ou privée. Ils ne sont pas directement propriétaires des sites mais tirent leurs revenus de l’activité qu’ils développent. L’implication sociale est moins présente bien qu’ils aient à cœur de restaurer, valoriser et ouvrir le patrimoine au public.
  • Les chaînes hôtelières ou entreprises évènementielles dans des sites historiques ne cherchent pas tant à démocratiser l’accès aux monuments mais souhaitent plutôt revaloriser les sites historiques en leur adjoignant une nouvelle activité économique rentable sur le long terme. Les recettes sont issues des évènements professionnels ou de l’activité hôtelière de luxe.

Pour aller plus loin

15 biens méconnus inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO

Panorama des acteurs européens du patrimoine

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Les fours à chaux de Vendenesse-lès-Charolles, une association engagée pour le patrimoine rural et industriel.

Introduction

Ces propos ont été receuillis par Blandine de Feydeau au cours d’un entretien avec le Président de l’assocation des fours à chaux de Vendenesse-lès-Charolles. L’objectif est de présenter cette association et de montrer comment le petit patrimoine, même protégé, repose essentiellement sur le travail pro-actif d’associations et de membres bénévoles. Associations qui travaillent en collaboration avec des communes et des habitants impliqués dans la sauvegarde du patrimoine local.

Une association engagée pour le patrimoine rural

Contexte historique

L’association des fours à chaux de Vendenesse-lès-Charolles est une association engagée pour le patrimoine rural. Elle a été créée en 1998, date à laquelle les fours ont été classés monuments historiques en raison de leur valeur patrimoniale. En effet, ceux-ci sont les derniers fours à chaux dotés de cheminées en France. Construits entre 1879 et 1881, la production de ce site industriel a stoppé au début des années 1960, en raison du délaissement de la chaux au profit du ciment mais également à cause de l’abandon de la voie de chemin de fer qui permettait l’acheminement des marchandises.


Délaissés, les fours se dégradent et risquent la destruction, jusqu’au jour où leur intérêt patrimonial est reconnu, en 1998. Ils sont alors restaurés, de 1998 à 2002, grâce à des chantiers d’insertion, et ouvrent alors leurs portes au public. A également été reconstruite une petite maison de cheminot le long de la voie ferrée qui borde le site et qui sert désormais de point d’accueil.

Intégration du patrimoine dans une offre touristique globale


Aujourd’hui, l’association se charge de faire vivre les fours en y organisant des visites ainsi que des animations pour le public. L’attractivité du site est boostée par son intégration dans une offre plus globale.


En effet, l’ancienne voie ferrée passant à proximité sert aujourd’hui de voie verte. Elle accueille les habitant locaux mais également quelques touristes et randonneurs. Celle-ci est longue d’une centaine de kilomètres et passe notamment par Paray-le-Monial, Charolles, les fours à chaux et leur commune de Vendenesse-lès-Charolles. L’originalité de la voie verte est qu’elle fait aujourd’hui l’objet d’un parcours multisensoriel où une certaine distance effectuée correspond à plusieurs milliards d’années. L’objectif étant de faire prendre conscience aux visiteurs de l’histoire de l’évolution de la Terre.


Chaque étape est marquée par un panneau indicatif qui aborde des thématiques géologiques, historiques, sociales. Des QR codes renvoient à une « lecture du paysage » opérée par une actrice professionnelle et délivrant des informations géologiques, environnementales et même écologiques tout le long du parcours.

Une attractivité reposant sur la pluriactivité


D’autres QR codes permettent de présenter les fours à chaux lorsque ceux-ci ne sont pas ouverts au public, en basse saison. Tout au long de l’année, le site accueille de nombreux scolaires (environ 400 par année en période pré-Covid), ce qui permet aussi de transmettre le patrimoine aux générations futures en sensibilisant les populations les plus jeunes.


D’autres activités type Son et lumière, conférences, concerts, théâtre, sont également régulièrement organisées. Il s’agit donc d’un site dynamique, qui, compris dans une offre plus globale, permet de dynamiser le territoire et de relancer son attractivité.

Le patrimoine rural facteur de cohésion sociale


Le site patrimonial est également facteur de cohésion sociale à l’échelle locale. Par exemple, panneaux et cartels sont maintenus par différents types de roches qui ont été apportées par des habitants, à la demande de l’Association. Ces roches racontent elles-mêmes une histoire : certaines ont servi à la construction des églises, d’autres au bocage, toutes sont typiques du terroir et de la diversité des sols de la région, etc., … De même, les
différents textes ont pu être évalués par les habitants, toujours dans le but d’inclure le plus grand nombre et de fédérer les habitants autour d’une même cause patrimoniale.


En ce qui concerne la promotion du site et sa visibilité touristique, la connaissance de celui-ci est relayée par les réseaux sociaux (site internet principalement), par la télévision (sur FR3) ainsi que par des agendas et guides touristiques.


Pour le volet financier, le site des fours à chaux bénéficie d’une aide régulière de la commune, du département ainsi que de la région, subventions qui permettent son entretien courant.

Le regard d’Hephata

Les facteurs clés de succès de l’association

  • Un investissement très fort des membres bénévoles et une participation de la commune
  • Une concertation régulière avec les élus locaux et les habitants
  • Une implication des habitants et notamment des riverains qui peuvent être concernés par certaines nuisances liées à la fréquentation du site
  • La pérennité de l’association (la disponibilité des bénévoles, leur motivation et le renouvellement des membres)
  • L’intégration du patrimoine des fours à chaux dans un parcours multisensoriel
  • La création d’animations et l’ouverture à des projets portés par des personnes extérieures à l’association
  • Une communication relayée par les acteurs du territoire

Quelques recommandations pour la valorisation du patrimoine rural

  • Intégrer les sites du patrimoine rural dans des circuits touristiques au sein du territoire et proposer ainsi la découverte d’autres patrimoines bâtis, naturels et même immatériels
  • Poursuivre un travail pro-actif dans la recherche de partenaires financiers, de mécènes, de porteurs d’animations et d’activités ainsi que de relais de communication

Pour aller plus loin

Pourquoi sauvegarder le patrimoine rural ?

Comment sauvegarder le patrimoine rural ?

Le tourisme de proximité réveille les territoires

Dans cet article, Hephata explique pourquoi sauvegarder le patrimoine rural et quel est l’intérêt de le protéger.

Ce qu’il faut retenir

Le patrimoine rural souffre d’un manque de protection et de reconnaissance. Son intérêt patrimonial peut être discuté selon les points de vue des individus. Dès lors, certaines personnes peuvent se demander pourquoi sauvegarder le patrimoine rural si celui-ci n’a plus d’utilité ?

En fait, le patrimoine rural peut se révéler être un véritable levier de développement pour le territoire. Ce, en termes d’attractivité touristique, de cohésion sociale et de création de richesse économique.

Introduction

Le patrimoine rural rassemble l’ensemble des biens immobiliers, mobiliers, naturels et immatériels appartenant au territoire rural. Leur intérêt patrimonial relève de l’identité et du sentiment d’appartenance dont ils sont porteurs. Par exemple, un paysage naturel est un patrimoine rural car il participe à l’identité d’un territoire. Et ce, encore plus s’il présente des constructions anciennes qui témoignent des savoir-faire locaux. Par exemple, des maisons traditionnelles, fermes et moulins, clôtures végétales naturelles (« queules »), sentiers, ponts, etc., … De même, la gastronomie est propre à chaque région ce qui lui permet d’être un facteur d’appartenance sociale. Il s’agit là d’un patrimoine immatériel.

Néanmoins, tout ce patrimoine rural présente une faille. N’étant que très rarement monumental, il est le plus souvent non protégé et non reconnu tel un patrimoine. Dès lors, avec la désertification des campagnes et la mutation de la société, ce petit patrimoine est en proie à des risques d’abandon, donc de dégradation, voire de destruction. En ce qui concerne le bâti, celui-ci risque également de subir des transformations qu’il ne peut pourtant pas assumer telles que les nouvelles mises aux normes énergétiques pourtant incompatibles avec sa qualité d’ancienneté.

Par ailleurs, la plus grande mobilité des populations peut conduire à un certain oubli des traditions et savoirs propres à chaque commune. Le patrimoine rural se trouve donc peu à peu délaissé et abandonné. C’est aussi un patrimoine qui a été banalisé. Peu de personnes y sont sensibilisées : au petit moulin de campagne, on préfère un château royal ou une cathédrale gothique. Le patrimoine monumente, en quelque sorte, efface le petit patrimoine vernaculaire ! Dès lors, si son intérêt patrimonial est discutable, pourquoi sauvegarder le patrimoine rural ?

Le patrimoine rural, facteur d’attractivité touristique

Tout d’abord, le patrimoine se révèle être un véritable facteur d’attractivité touristique. En effet, avec le développement des nouvelles pratiques liées au tourisme durable, les territoires ruraux français profitent de plus en plus de la demande touristique. La mode est au slowtourisme et privilégie désormais un tourisme de proximité  plus respectueux de l’environnement et davantage porté sur l’humain. Or, le relais du tourisme de proximité peut justement être l’ensemble des patrimoines ruraux qui parsèment le territoire. Ceux-ci renforcent en effet l’intérêt de la région et peuvent ainsi être inclus au sein de l’offre touristique globale.

Il y a donc un réel besoin de faire connaître et reconnaître le patrimoine rural. Ce afin de pouvoir le promouvoir et de communiquer dessus. Les acteurs touristiques du territoire tels que les tours opérateurs, les offices de tourisme, les PNR ou Grands Sites de France mais aussi les Services du patrimoine des Villes d’art et d’histoire ainsi que les mairies et associations locales ou nationales, telles que Urgences Patrimoine peuvent et doivent servir de relais. L’objectif étant de rendre visible ce patrimoine peu connu et de sensibiliser les populations à son intérêt, son histoire et sa sauvegarde.

L’objectif est aussi de créer tout un réseau d’offres touristiques autour du patrimoine rural. En effet, plus l’offre est complète et les sites nombreux à visiter, plus le territoire est attractif et cela permet aussi d’accroître les nuitées touristiques et d’allonger les séjours des visiteurs sur le territoire.

            Exemple

Voici le cas du site archéologique et naturel de Bibracte. Celui-ci a été labellisé « Grand Site de France » en 2007. Cela lui a permis de faire connaître et patrimonialiser tout un ensemble de patrimoines ruraux de la Bourgogne-Franche-Comté. Le site permet par exemple de découvrir les vestiges archéologiques du peuple des Eduens, les restes pastoraux des siècles passés sous la forme de « queules », ces haies naturelles construites par l’entrecroisement des branches d’arbres, …

La labellisation du site permet aussi de créer un offre touristique majeure qui englobe les autres destinations de la région tels que :

  • le Château de Sully ;
  • les musées et mémoriaux de la résistance dans le Morvan ;
  • le Château de Marguerite de Bourgogne ;
  • la Maison du patrimoine oral de Bourgogne ;
  • le patrimoine religieux ;
  • le Château de Bazoches, etc., …

Le patrimoine rural, générateur de richesse économique

Ensuite, le patrimoine rural peut être générateur d’une richesse économique pour le territoire. En effet, comme vu précédemment, le patrimoine rural renforce l’attractivité touristique du territoire. Ce tourisme est créateur de richesse puisqu’il entraîne non seulement la perception de recettes propres aux activités développées mais aussi parce qu’il est créateur d’emplois et de services directs et indirects. Ainsi, renforcer le tourisme dans un territoire c’est permettre le développement des transports, des offres d’hébergements et de restauration, de soins à la personne, des services de médiation culturelle et artistique, etc., …

Tous ces emplois contribuent notamment à redynamiser le territoire, à éviter sa désertification et à le rendre plus riche économiquement. Dès lors, cela conduit à entrer dans un cercle vertueux puisque rendre dynamique un territoire contribue lui-même à renforcer son attractivité et à le promouvoir à une échelle de plus en plus large.

Le patrimoine rural, facteur de cohésion sociale

Enfin, le patrimoine rural peut être un facteur de cohésion sociale. En effet, dans les petites communes rurales qui souffrent de la désertification, il est bon de rassembler les habitants autour d’une cause commune : le patrimoine. Mais encore faut-il que l’ensemble des habitants d’une commune ou d’un territoire reconnaisse ce patrimoine comme tel. Il y a donc tout un travail de sensibilisation à réaliser à l’échelle locale afin qu’un élément bâti, un objet, un paysage ou un bien immatériel soit reconnu d’intérêt patrimonial par tous.

            Exemple

Impliquer les résidents et leur ouvrir le site avec des activités dynamiques est la meilleure manière de sensibiliser les individus et de leur faire prendre conscience de l’intérêt patrimonial d’un site. C’est en tout cas ce que fait l’association des Fours à chaux de Vendenesse-lès-Charolles en Saône-et-Loire. Les habitants se sont sentis impliqués et inclus dans l’expérience patrimoniale car ils ont pu donner leurs avis sur différents cartels explicatifs de la visite et ont été appelés à donner des roches présentes dans leurs jardins, leurs villages, leurs régions, afin de montrer aux visiteurs des fours à chaux la diversité géologique des sols du territoire. De même les habitants peuvent participer à différentes animations organisées sur le site : Son et Lumière, théâtre extérieur, conférences, activités scolaires, etc., …

Le patrimoine rural apparaît ainsi comme un facteur de cohésion sociale. C’est une cause qui rassemble les personnes car elle leur rappelle leur appartenance au territoire, leur fait faire mémoire de leurs souvenirs d’enfance, témoigne d’un héritage passé source de connaissance, etc., …

Ainsi, le patrimoine rural contribue à redynamiser les territoires et aide à lutter contre l’exode rural. Notamment parce qu’il est aussi créateur d’emplois à travers l’activité touristique. Notons que certains patrimoines peuvent en plus être réhabilités en logements ou en commerces. On dépasse alors l’unique fonction de visite. Retenons par ailleurs qu’il est généralement moins coûteux de réhabiliter plutôt que de reconstruire. Dès lors, pourquoi détruire ?

Conclusion

Le patrimoine rural est donc un levier de développement économique pour les territoires. Réhabilité, il permet de faire revivre une commune car il peut se révéler générateur d’emploi et facteur de cohésion sociale ainsi que d’attractivité touristique. Néanmoins, comment sauvegarder le patrimoine rural ?

Pour aller plus loin

Faire rayonner le patrimoine avec l’agritourisme

Revitaliser les territoires

Le tourisme de mémoire en France

Dans cet article, Hephata explique comment sauvegarder le patrimoine rural pour le transmettre aux générations futures.

Ce qu’il faut retenir

Le patrimoine rural étant souvent peu protégé, il est davantage en proie aux risques d’abandon, de dégradation et de destruction. Il ne bénéfice quasiment pas d’aides de l’Etat et sa conservation est donc plus que précaire.

D’autres acteurs du territoire doivent donc assurer sa sauvegarde. Ils ont pour mission :

  • La connaissance de ce patrimoine ;
  • Sa restauration et son entretien ;
  • Sa mise en visibilité et son attractivité touristique.

Introduction

Le patrimoine rural se définit également comme le « petit patrimoine », le « patrimoine vernaculaire » ou encore le « patrimoine de proximité ». Il concerne l’ensemble des biens matériels, naturels et immatériels situés dans un milieu rural et présentant un intérêt historique, artistique, culturel ou architectural. Il peut s’agir :

  • De biens religieux : chapelles, calvaires, … ;
  • De lieux et objets de mémoire : cimetières, monuments aux morts, … ;
  • D’infrastructure liées à l’eau : écluses, aqueducs, puits, lavoirs, … ;
  • De sites agricoles, d’exploitation ou de production : moulins, fermes, fours, … ;
  • De sites industriels et post-industriels : gares, chemin de fer, … ;
  • De paysages naturels ou faits de mains d’hommes : haies, sentiers, bocage, … ;
  • De patrimoine immatériel : traditions orales, gastronomie, savoir-faire, …

N’étant pas monumental, le patrimoine rural est par définition un patrimoine non protégé. Il est donc rarement classé ou inscrit au titre des monuments historiques. De même, il ne bénéficie pas non plus toujours de labels. Ce manque de reconnaissance et de protection l’expose donc à des risques d’abandon, de dégradation voire de destruction.

Pourtant, le patrimoine rural s’avère être un excellent moyen de redynamisation et d’attractivité du territoire. Son entretien et sa sauvegarde se révèlent dont être d’une absolue nécessité pour le regain de vitalité des campagnes.

Cependant, comment sauvegarder le patrimoine rural ?

La patrimonialisation, un outil de sauvegarde ?

            Donner un sens, mettre en visibilité

Pour qu’un site, un objet ou un bâtiment, soit qualifié de « patrimoine », il faut lui donner un sens en identifiant sa valeur sociale, économique et culturelle. Cela nécessite d’avoir une bonne connaissance de l’objet en question. Ce, afin de pouvoir en restituer et en transmettre l’intérêt culturel, historique, artistique ou architectural. Généralement, c’est aux citoyens les plus proches de l’objet (habitants, locaux) de témoigner de cet intérêt. Ceux-ci peuvent constituer des associations de protection de leur patrimoine local.

Cette connaissance permet de changer le regard sur un objet, de sensibiliser les personnes à la dimension patrimoniale de cet objet, afin d’éviter que celui-ci apparaisse comme une banalité aux yeux du plus grand nombre. Dès lors qu’un objet ou un site est considéré comme relevant du champ patrimonial, il est plus aisé de le protéger et d’éviter que ce dernier ne soit détruit ou transformé. Reconnaître l’intérêt patrimonial d’un lieu ou d’un objet, c’est aussi permettre sa mise en visibilité auprès du public. Néanmoins, la patrimonialisation d’un site ou d’un objet n’est acté que lorsqu’elle bénéfice d’une reconnaissance publique officielle.

            Labelliser le patrimoine rural

Des labels peuvent indiquer cette reconnaissance publique. Un label n’est pas toujours générateur d’aides et de subventions. Néanmoins, il permet de protéger un patrimoine des risques de destruction ou de transformation. Il est également un gage de mise en visibilité de ce patrimoine.

Voici quelques labels permettant de reconnaître le patrimoine rural :

  • Le Label de la Fondation du patrimoine s’adresse aux propriétaires d’un bâtiment ou d’un site rural non protégé au titre des monuments historiques. Accordé pour une durée de cinq ans, il permet de reconnaître l’intérêt patrimonial d’un site. Le label accompagne les projets ayant pour objectif la restauration du site et sa mise en visibilité/son ouverture au public. Il permet également d’obtenir une aide financière de la Fondation et d’une déduction fiscale du montant des travaux.
  • Le label « Sites remarquables du goût » est attribué aux sites, communes, lieux-dits reconnus pour leur gastronomie ainsi que leur patrimoine culinaire et vinicole. Le label répond à une charte qualité qui prône l’accueil du public et la création de liens entre gastronomie et patrimoine naturel, architectural et culturel.

Restaurer le patrimoine rural

            Se tourner vers les acteurs du patrimoine rural

Sauvegarder le patrimoine rural, c’est aussi le restaurer et l’entretenir. Or, avec la baisse des aides de l’Etat, les petites communes et particuliers peinent de plus en plus à conserver le petit patrimoine. Ce sont donc désormais d’autres acteurs qui prennent le relais : les collectivités, les associations locales, les CAUE, les PNR, les Grands sites de France, les Villes et Pays d’art et d’histoire, etc.,…

Ces relais permettent de porter réellement les processus de patrimonialisation et contribuent à la mise en visibilité des sites au travers de publications, de missions de communication et de diffusion de la connaissance.

            Quels financements pour la restauration du patrimoine rural ?

Les différents acteurs mentionnés ci-dessus sont également de bons relais pour obtenir différentes aides et financements. Ces aides et financements proviennent le plus généralement des collectivités territoriales : régions, départements, communes, … Néanmoins, il existe d’autres fonds, subventions et prix provenant d’associations, d’entreprises, de la DRAC, du FEDER, etc., … La Banque des financements répertorie ces différents financements.

Réhabiliter le patrimoine rural

            Trouver une nouvelle fonction au patrimoine rural

Une des problématiques qui touche le patrimoine rural est qu’il a perdu sa fonctionnalité initiale. Il est donc désormais dépourvu de ses fonctions premières de production ou de fabrication. Même le patrimoine religieux peut-être soumis à un abandon dû à la désertification des territoires et à l’essoufflement du culte. Dès lors, comment rendre utile ce patrimoine désormais désuet ? Comment trouver une nouvelle fonction au patrimoine rural pour permettre sa sauvegarde et éviter sa destruction ?

            Mettre en tourisme le patrimoine rural

Cette réhabilitation du patrimoine rural, le fait de lui trouver une nouvelle fonction, doit se montrer efficace dans son attractivité afin da faire revivre les campagnes. Il y a là un réel besoin de s’adapter aux usages de la vie contemporaine sans dénaturer le patrimoine rural mais en faisant en sorte qu’il participe à la société et à l’économie. Cette réhabilitation peut être à destination des habitants mais également à destination des touristes.

En effet, il y a un réel besoin des touristes d’être de plus en plus indépendants, loin des grandes masses et des villes, dans des espaces ruraux et naturels. Il y a donc une demande croissante pour le tourisme de proximité et les nouvelles pratiques telles que le slowtourisme ou encore le tourisme de mémoire. Les touristes ont en effet de plus en plus tendance à délaisser le patrimoine monumental pour le petit patrimoine qu’ils allient à la découverte du patrimoine naturel et du patrimoine immatériel, notamment le patrimoine gastronomique. La réhabilitation du patrimoine rural a donc tout intérêt à s’orienter en faveur du tourisme et de la cohésion sociale avec les locaux.

Conclusion

La sauvegarde du patrimoine rural est donc l’œuvre d’acteurs du territoire et en priorité des particuliers qui se regroupent en associations. Ceux-ci doivent parvenir à faire reconnaître ce patrimoine et à le rendre visible pour en faire des centres d’intérêts du territoire. L’objectif étant d’obtenir des labels et reconnaissances permettant de protéger ce patrimoine et éviter ainsi sa dégradation et sa destruction. Le but est aussi de trouver des financements pour sa restauration et de lui trouver une nouvelle activité économiquement viable. Ce, afin de l’entretenir, de le faire vivre en l’ouvrant au public, de le faire perdurer dans le temps et de le transmettre aux générations futures.

Pour aller plus loin

Le tourisme durable : vers de nouvelles pratiques ?

Revitaliser les territoires

Faire rayonner le patrimoine avec l’agritourisme

Dans cet article, Hephata explique la démarche à suivre pour la décoration intérieure d’un site historique.

Ce qu’il faut retenir

Le réaménagement des espaces d’un site historique peut bénéficier de l’accompagnement d’un spécialiste en vue de son bon déroulement.

Il faut suivre une certaine démarche et faire appel aux bons interlocuteurs pour concevoir la décoration intérieure la plus adaptée au site historique sans le dénaturer.

Introduction

L’aménagement intérieur d’un site historique est une question majeure, notamment lorsque celui-ci a pour ambition d’être ouvert au public. Or, certains sites historiques possèdent des intérieurs dépouillés ou quelque peu inconfortables. Ceux-ci nécessitent donc d’être réaménagés afin de présenter une esthétique adaptée au cadre patrimonial auquel ils appartiennent. Ce type de réaménagement pose une certaine réflexion puisque l’enjeu est de valoriser un site patrimonial par sa décoration intérieure, sans pour autant le dénaturer.

Ainsi, peut-on adopter un design contemporain pour valoriser un intérieur historique et classique ? Doit-on se cantonner à réitérer la décoration traditionnelle du site ? Peut-on trouver une alternative en proposant par exemple du mobilier contemporain mais orné de motifs anciens ? Le contraire est également valable : user d’un mobilier ancien et classique mais en l’habillant de coloris et de motifs plus contemporains, … Tous ces questionnements méritent une réflexion approfondie. En effet, l’enjeu de créer un intérieur confortable et attirant pour le public tout en respectant l’unicité des lieux.

Mais pour engager cette démarche, vaut-il mieux faire appel à un architecte ou à un décorateur d’intérieur ? Quelle est ensuite la procédure à suivre pour réaménager les intérieurs d’un site historique ?

La différence entre architecte et décorateur d’intérieur

              L’architecte d’intérieur

L’architecte d’intérieur dispose de connaissances variées dans le domaine de l’architecture et du design, compétences qu’il acquiert à l’issu d’un diplôme variant entre trois et cinq ans. Il est davantage un créateur et un concepteur d’intérieur. Il peut en effet effectuer des travaux lourds, contrairement au décorateur, qui modifient complètement l’agencement intérieur ainsi que la distribution des pièces. L’architecte d’intérieur dispose donc d’un œil plus technique et conceptuel que le décorateur d’intérieur.

              Le décorateur d’intérieur

Le décorateur d’intérieur est davantage spécialisé dans les tendances et l’histoire du design. Ses capacités se portent donc plutôt sur l’aménagement des espaces et non pas sur l’aspect structurel de l’architecture. Il compose donc avec l’existant en apportant des éléments décoratifs : mobilier, bibelots, tableaux, objets d’ornement, couvrement des murs et des sols, etc., … S’il souhaite toucher à la structure de l’édifice, il doit donc faire appel à l’intervention d’un architecte d’intérieur.

Par ailleurs, l’exercice du métier de décorateur d’intérieur n’est pas obligatoirement soumis à l’obtention d’un diplôme, il peut donc être quelque peu moins compétent qu’un architecte d’intérieur.

Quelles démarches pour redécorer mon site historique

Redécorer un site historique nécessite de suivre une certaine démarche. Tout d’abord, il faut analyser les besoins de l’édifice. Celui-ci nécessite-t-il une simple décoration ou a-t-il besoin, en plus, d’un renforcement de ces parties structurelles internes ? Définir le besoin permettra de comprendre à quel type de professionnel il faut faire appel : un architecte d’intérieur, un décorateur, ou bien les deux ? La recherche du professionnel peut se faire via un appel d’offres afin de mettre en concurrence les différents candidats et ainsi bénéficier de propositions différentes.

Il faut ensuite rechercher ce professionnel et viser principalement ceux qui ont une appétence dans le domaine patrimonial. Ceci peut être visible dans les références de l’architecte ou du décorateur en question. Celui-ci a-t-il déjà travaillé pour un monument historique, un château ou toute autre belle demeure à caractère patrimonial ? Si c’est bel et bien le cas, quel a été le résultat de leur travail : était-il satisfaisant et suffisamment respectueux du patrimoine ? Il peut également être intéressant de vérifier que les références proposées par l’expert répondent à votre propre goût et à vos critères en matière d’esthétisme.

Lors de vos premiers contacts avec l’expert, celui-ci réalisera un état des lieux du monument. Puis il établira un cahier des charges. Il proposera ensuite des planches de tendances et d’inspirations ainsi que des croquis ou des mises en scènes 3D imagées. Cela permettra d’avoir un aperçu du projet et des choix opérés. Ces illustrations pourront être retravaillées ou complètement modifiées en fonction de vos attentes, pour que celles-ci soient satisfaites au maximum. S’ensuivra ensuite le chantier pour mettre en forme les espaces et les aménager en matière de décoration et d’ameublement.

Quels sont les points à ne pas négliger pour la décoration intérieure d’un site historique ?

Il y a plusieurs points à ne pas négliger pour la décoration intérieure d’un site historique. Tout d’abord, il faut veiller à ce que la décoration intérieure ne dénature pas l’intégrité du monument. Ensuite, il faut veiller à respecter la réglementation ERP du monument en question. Les normes ERP concernent les établissements recevant du public et visent à assurer la sécurité et l’accessibilité des visiteurs. Il faut donc veiller à ce que la décoration intérieure, et notamment la disposition du mobilier, ne viennent pas à l’encontre de la sécurité et la mobilité des visiteurs (accès aux issues de secours par exemple).

Enfin, il est bon de mettre en place une signalétique adaptée qui s’insert avec harmonie dans la décoration intérieure de l’édifice. Cette signalétique doit en effet donner des indications de circulation au public, sans pour autant « abîmer » l’image visuelle du lieu. Pour cela, il faut trouver un type de signalétique (esthétique et supports) qui s’intègre avec harmonie au monument tout en restant visible et percevable en un coup d’œil.

Conclusion

Un architecte d’intérieur étant plutôt spécialisé dans l’aménagement ergonomique des espaces, il intervient surtout sur la structure des édifices. Or, dans le cadre des sites historiques, il n’est pas pensable de toucher à la structure (hormis pour la restaurer ou la consolider), même si le monument n’est pas protégé. En effet, modifier la structure intérieure d’un site historique viendrait rompre l’unicité du site. Cela entraînerait donc la perte de sa valeur, à la fois architecturale, historique, artistique, culturelle et esthétique. Il est donc davantage recommandé de faire appel à un décorateur d’intérieur. Celui-ci dispose d’une connaissance plus large dans l’histoire et les tendances du design, à la condition, bien sûr, que celui-ci soit sensibilisé au patrimoine. Ce, afin qu’il propose une solution adaptée aux caractéristiques du site.

Pour aller plus loin

Réinventer les intérieurs des monuments historiques

Le métier de programmiste

Design Thinking et patrimoine historique

Dans cet article, Hephata étudie comment réinventer les intérieurs des monuments historiques en vue de leur valorisation.

Ce qu’il faut retenir

Réinventer les intérieurs des monuments historiques, c’est :

  • Repenser la décoration intérieure ;
  • S’intéresser à une scénographie appropriée pour un site historique ;
  • Intégrer une signalétique adaptée.

Introduction

En vue de leur valorisation, réinventer les intérieurs des monuments historiques devient une réelle nécessité. En effet, il s’agit de mettre une bâtisse en valeur en créant une ambiance confortable et chaleureuse qui respecte l’histoire du site. L’aménagement doit également comprendre une signalétique intuitive pour guider les visiteurs dans l’espace.

L’aspect intérieur des espaces est important car il entre en jeu pour donner vie au monument, retracer son histoire et lui conférer une âme en quelque sorte. Il s’agit d’établir une rencontre entre le lieu et le visiteur, de redonner un sens et un contexte à un site afin de renforcer son lien à l’histoire, l’art et la culture.

Souvent négligées, décoration intérieure, scénographie et signalétique doivent être prises en compte dans la mise en valeur d’un site historique. Elles doivent contribuer au confort des visiteurs et à la médiation. Ainsi, elles renforceront le rayonnement du site et participeront à son attractivité touristique au sein du territoire. En effet, il est toujours plus agréable de visiter ou de séjourner dans une demeure historique soignée plutôt que dans un grand château glacial et austère.

Repenser la décoration intérieure d’un château

Repenser la décoration intérieure d’un site d’exception vise à créer un intérieur confortable. L’objectif est de donner une ambiance et une atmosphère uniques à un espace. Le principal défi est d’attirer les visiteurs et de faire en sorte qu’ils se sentent bien tout en leur rappelant le caractère historique et culturel du site.

Pour repenser la décoration intérieure d’un monument historique, il faut donc prendre en compte plusieurs critères :

  • L’histoire du lieu et de sa construction ;
  • Les matériaux utilisés (bois, marbre, pierre, …) ;
  • Les teintes et coloris utilisés initialement ou ceux existants actuellement ;
  • La distribution et l’aménagement de l’espace (luminosité, volumes, décors existants type moulures, colonnes, etc., …) ;
  • Les activités et le concept thématique développés au sein du site historique.

En fonction des ces différents critères, il est possible de choisir un style décoratif adapté. Néanmoins, il faut déterminer au préalable un fil directeur afin de bénéficier d’une décoration cohérente et ainsi éviter une certaine forme d’éclectisme.

Il est tout d’abord possible d’opter pour un style entièrement classique et traditionnel qui reprenne le décor initial du site (meubles anciens chinés dans des ventes aux enchères, lustres d’époque, tapisseries, tableaux de maîtres, etc., …). Ce type de décors permettra de plonger les spectateurs dans une autre époque. Ils pourront ainsi bénéficier d’une expérience immersive unique.

Il est également possible de renoncer à un intérieur classique et d’opter plutôt pour un aménagement contemporain, sans pour autant dénaturer le lieu. Une bonne alternative peut être d’aménager l’espace avec des meubles contemporains mais d’opter pour des coloris ou des motifs d’époque. Le contraire peut être juste également : employer des meubles anciens mais les habiller de motifs contemporains ! Quoiqu’il en soit, une touche contemporaine amènera du caractère au décor. Elle donnera au lieu une atmosphère confortable et inédite tout en renouvelant l’image du site qui peut sembler archaïque de prime abord, du fait de son caractère historique.

              Exemple

La Maison de Haute Couture Fendi et le Mobilier National ont participé au réaménagement du Palais de l’Académie de France à Rome. La restauration des six salons d’apparat devait se faire en cohérence avec les précédentes interventions de Richard Peduzzi, architecte et scénographe, et du peintre Balthus. Le nouveau mobilier a donc été choisi dans le respect de l’environnement créé par ces deux individus :

  • Tapis tissés mains en laine recyclée, aux tons subtils et dégradés reprenant ceux des murs ;
  • Table modulable imitant les pavés de la Via Appia, dans un doux travertin bleuté parfait pour l’inscrire dans le Salon Bleu ;
  • Table Borghèse rappelant les élégants pins sylvestres, si chers à l’Italie, de par son marbre Verde Viana ;
  • Tapisseries contemporaines contrastant avec l’austérité des murs et tranchant avec le décor à l’Antique, etc., …

Mettre en place la scénographie d’un monument historique

La scénographie est un terme qui provient du monde du théâtre. Il désigne « l’art de dessiner la scène ». La scénographie consiste ainsi à créer une expérience immersive en faisant appel aux sens. L’objectif est de créer un fil de visite narratif et interactif par l’intermédiaire de cartels, de dispositifs audiovisuels, d’outils numériques et digitaux, etc., …

Il s’agit ainsi de fournir un contenu et un discours à l’attention du public en vu de lui donner des clés d’interprétation, de compréhension et de lecture du monument. Ce, de manière ludique et interactive afin de simplifier l’approche à la culture.

La mise en place d’une scénographie cohérente est donc plus que nécessaire dans un lieu historique proposant des visites mais elle peut également être utilisée dans des sites voués à des activités d’hébergement ou de restauration. Elle viendra alors en supplément de ces activités principales.

En ce qui concerne la scénographie, il faut penser au discours que l’on souhaite véhiculer (le contenu) et la manière dont on veut qu’il soit distribué (la forme). De larges choix sont alors possibles mais le tout est de garder une unité tant au niveau des objets utilisés, qu’au niveau de leur design.

Ainsi, la décoration intérieure peut également servir de scénographie. Le choix du mobilier et de sa disposition peut permettre d’illustrer les modes de vie et habitudes d’une époque.

Il faut noter que la scénographie peut également prendre en compte des animations éphémères telles que des décorations florales à l’occasion du printemps ou encore une mise en lumière de l’édifice durant les soirées d’été par exemple, …

              Exemple

L’agence Klapisch Scénographes s’est chargée de mettre en place une exposition permanente pour le château de Châteaubriant. L’enjeu étant d’unifier les différents espaces et temporalités, le parcours scénographique s’articule autour de trois piliers :

  • La création de supports inspirés de représentations picturales du Moyen Age et de la Renaissance ;
  • Une narration transmise par des personnages fictifs ;
  • Une immersion participative et interactive du public.

Intégrer la signalétique dans son site historique

Enfin, il est important d’intégrer une signalétique intuitive dans un monument historique. En effet, celle-ci vise à orienter les publics et à faciliter leurs déplacements au sein des espaces. Cette signalétique doit néanmoins s’intégrer avec naturel dans l’ensemble de la décoration et de la scénographie intérieures.

Par ailleurs, elle doit être unifiée afin que l’œil puisse tout de suite la capter et l’identifier comme un élément d’orientation au sein du parcours. Les supports peuvent être multiples et il est bon de réfléchir avant d’effectuer le choix définitif. En effet, il faut opter pour des supports qui ne portent pas atteinte ou ne détériore pas le monument en lui-même.

Conclusion

Réinventer les intérieurs des monuments historiques ne se fait donc pas sans réflexion. En effet, le cadre historique nécessite de comprendre comment il va pouvoir être mis en valeur sans être dénaturé. Qu’il s’agisse de la décoration intérieure, de la scénographie ou de la signalétique, il faut donc penser au message que l’on désire véhiculer ainsi qu’au discours que l’on souhaite transmettre au public.

La scénographie, la décoration intérieure et la signalétique doivent être cohérentes entre elles car elles peuvent prendre part à la médiation du monument. Médiation qui permet de donner des clés d’interprétation et de lecture du site historique en question.

Pour aller plus loin

Dialogue entre l’art contemporain et le patrimoine

Comment créer un musée ?

Le luxe et le patrimoine historique sont indissociables

Dans cet article, Hephata aborde la question de la diversité du patrimoine industriel.

Introduction

Le patrimoine industriel est une notion qui a émergé en France dans les environs des années 1970. L’héritage industriel n’a intégré le champ patrimonial que tardivement. En effet, il a longtemps été perçu comme le témoignage visible de la chute d’une activité économique. Les anciennes usines et friches industrielles jalonnant le territoire reflétaient ainsi un sentiment de disgrâce et de honte. Elles étaient le reflet d’un échec et des conditions de vie déplorables des ouvriers. L’image s’est renversée progressivement, passant d’un sentiment négatif à une perception plus positive des friches industrielles. Ces éléments industriels, une fois patrimonialisés et réhabilités, participent à la refonte de l’identité territoriale. Ils permettent de redonner une certaine fierté aux habitants et renforcent l’attractivité touristique, ce qui permet de redynamiser les régions. Le patrimoine industriel revitalisé dispose donc d’un réel avenir en termes de revitalisation et de promotion des territoires.

Le patrimoine industriel fait référence aux éléments du passé qui témoignent du monde du travail. Il se traduit par des éléments architecturaux, par des paysages exploités par l’homme mais également par un héritage immatériel (savoir-faire, gestes, techniques, conditions de vie, histoire sociale et économique, etc., …). Le patrimoine industriel recouvre ainsi une multiplicité très diverse qui dépasse l’image unique de l’usine et de la friche industrielle.

Patrimoine proto-industriel ou patrimoine classique ?

Bien que le patrimoine industriel soit souvent assimilé aux usines, il concerne également les bâtiments plus anciens. Ceux voués aux productions artisanales ou agricoles par exemples. On peut citer les moulins, les verreries, les distilleries ou encore les papeteries. Ces bâtiments, souvent de taille modeste, présentent un intérêt au niveau de leur architecture. Ils présentent aussi un intérêt du point de vue technique ou par les savoir-faire qu’ils véhiculent. Néanmoins, ce patrimoine pourra souvent être qualifié de « rural » plutôt que « d’industriel », notamment du fait qu’il soit démuni, architecturalement parlant, du « style industriel », que nous évoquerons plus tard.

D’autres bâtiments, de plus grande ampleur, sont les manufactures royales. Celles-ci sont remarquables de par la qualité de leur architecture qu’elles empruntent aux palais princiers. Ce, afin de magnifier le pouvoir royal. Ces manufactures renferment le plus souvent des savoir-faire artisanaux. On peut citer notamment la manufacture de Sèvres. Néanmoins, on trouve également des manufactures de tabac (Morlaix ou Issy-les-Moulineaux) ou d’armement (Châtellerault). De même que pour les bâtis agricoles, par leur architecture plutôt traditionnelle et solennelle, ce type de monument pourra davantage être assimilé à un patrimoine classique plutôt qu’à un patrimoine industriel.

Le patrimoine des révolutions industrielles

La Première révolution industrielle a éclos dans le courant des années 1770-1850. Elle se caractérise par l’émergence du chemin de fer et de la machine à vapeur. Mais aussi par celle de la sidérurgie et de l’industrie textile. La Seconde révolution industrielle se déploie dans les années 1850-1914. Elle est marquée par l’invention de l’électricité, l’exploitation du pétrole ainsi que l’émergence de l’industrie chimique et automobile. C’est aussi la naissance du fordisme et du travail à la chaîne. Ce dernier impacte notamment l’organisation des usines.

La Première révolution industrielle pose les bases d’un vaste empire industriel qui perdura encore avec la Seconde révolution industrielle. C’est à ce moment-ci qu’émergent les premières usines. Celles-ci font généralement partie d’ensembles plus vastes, les ouvriers étant souvent logés sur place dans des quartiers et cités spécialement conçus pour eux. Ces espaces de logements font parfois preuve d’une volonté d’accorder du confort ainsi que de bonnes conditions de vie aux ouvriers. Il arrive ainsi que l’architecture de ces espaces d’habitation soit également qualitative et recherchée. C’est par exemple le cas du Familistère Godin à Guise.

Dans le Bassin Minier, au Nord de la France, on trouve également des cités ouvrières dont l’habitat, au briques typiques, est appelé « corons ». Ces cités côtoient les terrils et les sites d’extraction qui caractérisent les paysages culturels du Nord. 

Le style industriel

La dénomination de « patrimoine industriel » peut aussi être accordée aux biens qui possèdent un style industriel. Il s’agit alors de bâtiments dont les matériaux sont issus des révolutions industrielles : le fer, le béton, l’acier, le verre, la brique etc., … Ainsi l’architecture industrielle comprend tout à la fois les blocs massifs de béton, les palais d’aciers ornés de grandes verrières ou encore les anciennes cheminées de briques. Ces éléments architecturaux, typiques du style industriel, sont souvent conservés lors de réhabilitations du patrimoine industriel. En effet, ils constituent des éléments identitaires du passé industriel.

Ainsi l’école d’architecture Paris Val-de-Seine a décidé de conserver une halle métallique ainsi que la cheminée des locaux de l’ancienne usine d’air comprimée dans laquelle elle s’est installée.

Conclusion

Le patrimoine industriel recouvre donc de multiples réalités. Il renvoie en effet à différentes époques chronologiques bien distinctes. Ainsi, le Moyen Age et son économie agraire ont eux-mêmes transmis des bâtiments qui font partie du patrimoine industriel comme les moulins ou les ateliers d’artisans par exemple. Cette appartenance au patrimoine industriel est tout à fait justifiée du fait qu’il s’agit d’ouvrages dont la fonction n’est autre que productive. Néanmoins, ils sont souvent davantage assimilés aux patrimoines plus traditionnels, ruraux ou classiques, du fait de leur architecture dépourvue de toute trace industrielle (fer, béton, verrières, etc., …).

Les révolutions industrielles permettent le passage d’une économie agraire à une économie commerciale et industrielle de grande ampleur. De la Première révolution industrielle, on tire le patrimoine des grandes manufactures d’Etat, le patrimoine des premiers chemins de fer et celui des industries textiles et sidérurgiques. De la Seconde, on hérite surtout du patrimoine des grandes usines liées au fordisme et au travail à la chaîne.

Pour aller plus loin

Le tourisme durable : vers de nouvelles pratiques ?

La restauration et la réhabilitation du patrimoine religieux

Le tourisme de mémoire en France

Dans cet article, Hephata met en lumière la contribution du patrimoine au tourisme durable.

Introduction

Le tourisme durable est une alternative au tourisme de masse et repose sur trois piliers :

  • Economie ;
  • Société ;
  • Environnement.

Le troisième pilier fait en fait référence au patrimoine qu’il soit naturel ou culturel. Il recouvre ainsi une multitude de réalités : à la fois les paysages et la biodiversité mais également le bâti et les créations humaines.

En ce qui concerne le tourisme, l’environnement est d’une importance capitale. En effet, c’est lui qui est la cause de l’intérêt touristique d’une destination. Sans cet intérêt, les visiteurs ne voyageraient pas vers le lieu en question. L’entretien et la préservation de l’environnement sont donc des enjeux majeurs pour garder l’intérêt touristique d’un site. Paradoxalement, c’est pourtant l’afflux touristique qui est sans doute le plus gros risque de dégradation d’un site. En effet, le tourisme de masse et la sur-fréquentation entraînent la pollution ainsi que la détérioration de certains espaces. C’est pourquoi le tourisme responsable cherche à protéger au maximum l’environnement, non seulement pour des questions d’éthique mais également pour bénéficier d’une économie touristique viable sur le long terme.

Ainsi, tourisme durable et patrimoine sont faits pour fonctionner ensemble. Ils se soutiennent l’un l’autre. En effet, le tourisme peut contribuer à la valorisation, à la protection et à la préservation du patrimoine. Parallèlement, le patrimoine constitue l’intérêt d’une destination, permettant un afflux touristique contribuant à l’enrichissement économique du territoire. Par ailleurs, le patrimoine, par son esthétique, son histoire et/ou son intérêt culturel, participe au bien-être des Hommes, ce qui l’inclut parfaitement dans un des piliers du tourisme durable : la société.

Source : Atout France repris par Acteurs du Tourisme Durable

Le patrimoine, un point-clé de l’attractivité touristique

Le patrimoine est un des facteurs qui favorise l’attractivité touristique d’une destination. Il est donc important de le maintenir dans un bon état et de le faire perdurer. Cela est d’autant plus important qu’il constitue tout un héritage et est porteur d’histoire. Le conserver et le préserver est donc une question d’éthique avant tout même si le patrimoine peut aussi être perçu comme un outil de retombées économiques.

Ce patrimoine peut couvrir diverses réalités telles que :

  • La nature (paysages et biodiversité) ;
  • L’architecture (monuments historiques, bâtiments industriels, villas d’architectes, etc. …) ;
  • Les objets d’art et objets témoignant d’un savoir-faire ;
  • Les savoir-faire et les techniques ;
  • Les pratiques culturelles et gastronomiques, etc. …

Selon ces divers types de patrimoines, les enjeux de sauvegarde et de valorisation ne sont pas les mêmes. Néanmoins, les autorités compétentes du tourisme cherchent, par différents moyens, à les protéger et les valoriser. Ce, à la fois pour les faire perdurer dans le temps et les préserver des impacts négatifs de l’activité humaine mais aussi pour les rendre accessibles au plus grand nombre via l’activité touristique.

Exemple

Cette protection et cette valorisation passent par la mise en place de labels. On peut penser notamment à celui des Grands sites de France. Ce label cherche à préserver et promouvoir les grands sites naturels de France. Parmi eux, on trouve Bibracte – Morvan des Sommets. Le site comprend à la fois les paysages naturels du Morvan ainsi que les vestiges archéologiques gallo-romains retrouvés au Mont Beuvray. Le label permet de prendre des mesures pour préserver les paysages et continuer les fouilles archéologiques tout en les promouvant en proposant une offre d’accueil et d’activités aux touristes.

Le patrimoine, un apport positif pour la société

Le patrimoine est un élément à ne pas négliger au sein de la société. En effet, c’est un élément porteur du passé des hommes. Il est donc un héritage historique qui permet aux générations actuelles et futures de prendre connaissance du passé de l’humanité. Il témoigne ainsi des anciens savoir-faire et techniques mais également des différents modes de vie et traditions au travers de l’architecture, de la culture, des savoir-faire, des techniques et même des paysages.

Outre ses caractéristiques historiques, le patrimoine est souvent porteur d’une certaine esthétique. Le patrimoine participe ainsi au bien-être des êtres humains. Hephata a d’ailleurs vérifié cette hypothèse lors de son Etude d’impact publiée en 2017. Il s’est avéré que le patrimoine est porteur d’un effet thérapeutique. Ainsi, on observe une baisse des dépressions de 8% chez les individus âgés de plus de 50 ans se rendant dans un lieu culturel au moins une fois par mois.

Même si ce bien-être est généré par l’ensemble du patrimoine, il est en grande partie dû au patrimoine naturel : à la fois les paysages mais également les parcs et jardins dépendant de monuments historiques.

Exemple

Le Pont du Gard est un patrimoine protégé par de nombreux labels :

Il se trouve qu’en plus d’être un des uniques témoignages des aqueducs romains, le Pont du Gard est un site naturel d’exception. Il s’agit donc d’un lieu fort tant au niveau de son histoire que de sa biodiversité.

Le paysage méditerranéen de garrigue et la rivière offrent un cadre idyllique pour le bien-être et le repos. Les individus peuvent participer à des circuits et à des balades respectueuses de l’environnement. L’environnement paisible est idéal pour retrouver une certaine sérénité, faire un exercice physique et respirer du bon air frais.

On peut ainsi dire que le Pont du Gard est un exemple de destination touristique durable notamment parce qu’il participe au bien-être de la société (habitants et touristes) mais aussi parce qu’il est doté de nombreux labels qui protègent à la fois son environnement naturel mais aussi son architecture en tant que telle.

Le tourisme, un acteur de mise en valeur du patrimoine ?

Le tourisme est une activité créatrice de richesse. En effet, l’activité touristique permet à un territoire d’attirer des visiteurs qui seront des consommateurs. Il faut ainsi mettre à leur disposition des produits et des services pour satisfaire à leurs besoins et à leur bien-être. En échange, la mise à disposition de ces produits et services est rémunérée par ces visiteurs. Ainsi, le territoire pourra bénéficier de retombées économiques. Bien plus, l’offre de ces biens et services nécessitera la création d’emplois locaux permettant ainsi de redynamiser le territoire.

Or, si cette création de richesse est bénéfique au territoire ainsi qu’à ses habitants, elle l’est aussi pour le patrimoine local. En effet, le patrimoine est le plus souvent un élément constituteur de l’offre touristique du fait de son intérêt artistique et historique. Il peut donc, par ce biais, bénéficier des retombées économiques de l’activité touristique. Le ou les propriétaires d’un patrimoine qu’ils soient des particuliers, des associations, des entreprises ou des collectivités territoriales et qu’il s’agisse de patrimoine bâti, culturel ou naturel, a donc tout intérêt à promouvoir son patrimoine dans la sphère du tourisme.

Par ailleurs, bien plus que de le revaloriser économiquement, le tourisme peut être un canal de promotion d’un patrimoine. En effet, pour mettre en valeur une destination, d’importantes campagnes de communication sont mises en place. Celles-ci intègrent les lieux et activités intéressants du territoire (paysages, monuments, savoir-faire locaux, etc. …).

Le tourisme est donc un acteur de la mise en valeur du patrimoine puisqu’il lui permet une mise en visibilité et lui apporte des retombées économiques.

Conclusion

Le patrimoine a donc un rôle majeur à jouer dans le tourisme durable et inversement. Le patrimoine accroît en effet l’intérêt des sites touristiques. Néanmoins, il nécessite des actions de préservation et de protection pour ne pas subir les dégradations d’un tourisme de masse. Le tourisme responsable répond justement à cet enjeu en essayant de protéger au maximum l’environnement grâce à des modes de tourisme alternatif tels que :

Pour aller plus loin

Le tourisme de proximité réveille les territoires

La restauration et la réhabilitation du patrimoine religieux

15 biens méconnus inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO

Dans cet article, Hephata se penche sur les nouvelles pratiques liées au tourisme durable.

Introduction

Le tourisme durable est une alternative au tourisme de masse. Il vise à réduire, limiter voire contrer les effets négatifs du tourisme sur la société et l’environnement.

Le tourisme est une activité transversale touchant à de nombreux secteurs économiques. C’est un levier majeur pour les territoires pour leur enrichissement et leur développement. Ainsi, le tourisme est la première industrie économique mondiale. Elle représente environ 7,5% du PIB français selon le Rapport d’activité publié par Atout France en 2019. Il s’agit donc d’une activité qu’il faut encourager et développer. Néanmoins, le tourisme a des impacts souvent très négatifs sur la société et l’environnement. La sur-fréquentation est notamment la cause de ces troubles. Celle-ci crée une atmosphère d’inconfort pour les communautés d’accueil ainsi que des risques pour l’environnement et la gestion des ressources naturelles et culturelles.

Le tourisme durable cherche donc à inverser la tendance en essayant de concilier à la fois :

  • Le bien-être des visiteurs ;
  • Celui des habitants locaux ;
  • Celui des professionnels du tourisme (conditions de travail) ;
  • Le respect des ressources (naturelles et culturelles).

Ainsi, d’après l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), il repose sur trois piliers :

  • L’économie ;
  • La société ;
  • L’environnement.

Source : Atout France repris par Acteurs du Tourisme Durable

Autrement dit, le tourisme durable cherche à favoriser l’économie tout en inscrivant cette activité à long terme dans le respect de la nature et des Hommes.

Contexte historique du tourisme durable

Le tourisme durable est un concept qui est apparu progressivement. En effet, il résulte d’une prise de conscience suite aux phénomènes de tourisme de masse, de sur-fréquentation entraînant la pollution, la dégradation de l’environnement ainsi que le mal-être des visiteurs, des habitants et des professionnels du tourisme.

Lors du Sommet de Rio en 1992, l’impact des activités socio-économiques humaines sur l’environnement est interrogé. L’Agenda 21 est adopté durant cette grande rencontre mondiale. Ce dernier fixe l’objectif du développement touristique durable. Le défi est le suivant :

« Rendre compatible l’amélioration des conditions environnementales et sociales qui résultent du développement touristique avec le maintien de capacités de développement pour les générations futures ».

Les principes du tourisme durable sont définis en 1995 lors de la conférence mondiale du tourisme durable à Lanzarote. Y est aussi adoptée la Charte mondiale du tourisme durable. Les principes du tourisme durable sont réactualisés en 2004 par l’OMT. Ces principes sont les trois piliers évoqués précédemment :

  • Economie ;
  • Société ;
  • Environnement.

En 1999, l’Assemblée Générale de l’OMT adopte le Code mondial d’éthique du tourisme. Il cherche à guider les porteurs de projets touristiques pour que les différentes parties prenantes proposent des offres en adéquation avec le respect de l’Homme et de l’environnement.

En 2000, le Sommet mondial en Jordanie et la Déclaration d’Amman abordent la question du tourisme comme vecteur de paix entre les nations.

Lancé en 2006, le Groupe de travail international sur le développement du tourisme durable permet de soutenir une quarantaine de projets provenant d’une vingtaine de pays différents et d’environ 25 organisations.

En 2010, le PNUE (programme des nations unies pour l’environnement) lance le partenariat Mondial pour le tourisme durable.

Enfin, l’ONU proclame l’année 2017 comme année internationale du tourisme durable pour le développement.

Les principes du tourisme durable

Le tourisme durable s’articule autour de trois grands principes :

  • Economie ;
  • Société ;
  • Environnement.

Ces derniers lui permettent de réduire l’impact négatif de l’Homme sur l’environnement tout en garantissant une activité économique viable sur le long terme ainsi qu’un respect et la garantie du bien-être des consommateurs, des résidents locaux et des professionnels du tourisme.

Economie

Etant donné l’importance économique du tourisme, le tourisme responsable cherche à poursuivre voire à accroître la rentabilité économique des différentes activités touristiques. Il cherche à créer de la valeur et à générer de la richesse pour les territoires d’accueil. Ce, afin de garder une place importante dans le PIB d’un pays.

Néanmoins, le tourisme durable détient la particularité de vouloir créer de la richesse pour servir véritablement de levier économique pour les territoires et les habitants locaux. Ainsi, l’objectif n’est pas d’enrichir un petit nombre mais bien les communautés d’accueil. Cela passe par la lutte contre la corruption, la création d’emplois sur place ainsi que la valorisation des savoir-faire et services locaux.

Société

Le tourisme responsable a également à cœur de répondre de manière satisfaisante aux besoins et au bien-être des Hommes, qu’il s’agisse :

  • Des visiteurs et consommateurs (les touristes) ;
  • Des habitants et communautés d’accueil ;
  • Des professionnels et acteurs du tourisme.

L’objectif est ici de créer des emplois locaux avec de bonnes conditions de travail. En effet, les emplois du secteur du tourisme sont souvent précaires (CDD, emplois saisonniers, travail de nuit ou le week-end, etc. …). Ils sont le plus souvent liés à l’hôtellerie et à la restauration.

Un autre objectif est d’établir de bons contacts entre les populations d’accueil et les visiteurs. En effet, le visiteur est souvent celui qui porte l’étiquette du « touriste » qui vient déranger. Il peut être perçu comme un étranger qui vient modifier les conditions de vie quotidienne des habitants. Ainsi, le bien-être des résidents est un axe majeur du tourisme durable qui cherche notamment à contrer la sur-fréquentation des lieux. Cette sur-fréquentation et le phénomène de masse sont d’ailleurs également un poids pour les touristes eux-mêmes. Le but est donc de satisfaire le mieux possible aux exigences des touristes en leur assurant un séjour confortable et vivable, sans pressions, en paix et selon leurs envies.

Environnement

L’environnement comprend à la fois le patrimoine naturel mais également le patrimoine culturel. Il s’agit de préserver les lieux du tourisme qui souffrent souvent de la pollution et de dégradations du fait du nombre excessif de visiteurs et de touristes. Il s’agit également de limiter la surexploitation et la mauvaise gestion de ces ressources patrimoniales.

La protection de ces différents espaces est importante non seulement parce qu’il s’agit de notre patrimoine et de notre planète mais également parce qu’ils présentent souvent l’intérêt des destinations touristiques. Ainsi, préserver les espaces naturels, la biodiversité ou encore les monuments permet de les transmettre aux générations futures afin qu’elles en profitent à leur tour.

Le patrimoine occupe donc une place importante dans le tourisme durable.

Les sous-principes du tourisme durable

Le tourisme responsable présente des sous-principes qui se situent au croisement des valeurs principales. Celles-ci sont les suivantes :

  • L’équité, à la croisée entre société et économie en favorisant une juste rémunération au juste prix ;
  • La viabilité, qui fait le pont entre économie et environnement en encourageant les acteurs et professionnels du tourisme pour les objectifs mis en place afin de préserver l’environnement ;
  • La vivabilité, qui promeut une qualité de vie en proposant aux population un environnement plus sain grâce au respect de la biodiversité et grâce à la présence du patrimoine et d’activités culturelles.

Les différentes activités du tourisme durable

Le tourisme responsable peut être décliné en plusieurs activités. Celles-ci sont de plus en vogue et de plus en plus privilégiées par les touristes. En effet, elles sont plus agréables et répondent parfaitement au refus du tourisme de masse et de la sur-fréquentation.

L’écotourisme se situe à la croisée entre environnement et économie. Également connu sous la dénomination de « tourisme vert », il s’agit d’une pratique touristique orientée vers la découverte de la nature, de réserves naturelles, de l’agriculture (agritourisme, œnotourisme, spiritourisme, etc. …), de la ruralité ou de la nature urbaine (parcs, jardins écologiques, etc. …). L’objectif est dé découvrir la faune et la flore en la respectant.

Le tourisme éthique et solidaire cherche à bénéficier à la fois à l’économie et à l’environnement. C’est une forme de tourisme responsable qui cherche à impliquer au maximum les populations locales afin de favoriser le développement économique de leurs territoires. Il s’agit donc d’une forme de tourisme qui cherche à profiter au plus grand nombre en incluant toutes les parties prenantes.

Le tourisme social touche à la fois la société et l’économie. En effet, il souhaite favoriser la pratique touristique en la rendant accessible au plus grand nombre. Pour y parvenir, plusieurs mesures sont mises en place telles que :

  • La mise en accessibilité et l’aménagement des accès ;
  • L’attribution de chèques-vacances ;
  • La distribution de subventions ;
  • L’augmentation du nombre de congés payés ;
  • L’encouragement des voyages professionnels, etc. …

Conclusion

Le tourisme durable est un tourisme d’avenir, est le tourisme de demain. En effet, il tend enfin à remplacer le tourisme de masse. Celui-ci est de plus en plus exécré par les populations locales mais aussi par les visiteurs eux-mêmes.

Cette forme de tourisme alternatif cherche à avoir des impacts positifs à la fois sur l’environnement, la société et l’économie. Néanmoins, certains aspects de ce tourisme doivent toujours être requestionnés. Ainsi, si l’on prend exemple du tourisme éthique et solidaire, on peut se demander s’il est toujours une forme de tourisme responsable. En effet, cette forme de tourisme peut être perçue comme une « consommation » de la misère des populations les plus pauvres. Le visiteur vient-il alors véritablement pour aider ces populations en les enrichissant ou pour être un simple spectateur de leur pauvreté ?

Pour aller plus loin

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Le slow tourisme, découvrir le patrimoine en flânant

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Grâce au ticket mécène : parrainez une oeuvre d’art et contribuez à l’enrichissement culturel des collections d’un musée !

Ce qu’il faut retenir

Si un musée souhaite accroître et enrichir ses collections, il doit recourir au don ou au mécénat. En effet, ses ressources primaires sont généralement insuffisantes pour acquérir une œuvre.

Initié par le Musée d’art contemporain de Bordeaux, le ticket mécène est une forme de mécénat ou de financement participatif. Développé dans le domaine culturel et artistique des institutions muséales, il pourrait également être employé pour le patrimoine architectural.

Introduction

Avec le ticket mécène : parrainez une oeuvre ! Il est une sorte de financement participatif ou de crowdfunding. C’est un procédé qu’a mis en place le musée d’art contemporain de Bordeaux (le CAPC) en 2013. C’est Thomas Boisserie qui l’a initié et l’a aussitôt déposé à l’INPI (Institut national de la propriété industrielle).

Le ticket mécène permet à l’institution de bénéficier de micro-dons de la part des visiteurs. Il s’agit donc d’une stratégie de financement qui vise le grand public. Même si le montant de chaque don est infime, la somme cumulée de ces dons permet un apport financier important.

L’avantage de cette stratégie est qu’elle est assez simple à mettre en place. Ici, il ne s’agit ni de faire appel à de grands mécènes, ni de mettre en place des levées de fonds complexes. Il suffit simplement de proposer un tarif supplémentaire pour les billets d’entrée et de mettre en place une signalétique adaptée. Il y a donc moins de moyens et d’outils (communication, médiation, etc …) à mettre en place que lors de grandes campagnes de financement.

Par ailleurs, les contreparties du ticket mécène sont simples à mettre en œuvre. Elles exigent moins d’inventivité et de complexité que dans le cadre du mécénat, du sponsoring ou du naming.

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Le ticket mécène : parrainez une oeuvre du CPAC

Le ticket mécène : le concept

Le CAPC est le musée d’art contemporain de Bordeaux. Inauguré en 1983, il est devenu Musée de France en 2003. Malgré sa collection de 1299 œuvres qui totalisent environ 190 artistes, le CAPC cherche toujours et encore à enrichir sa collection en y intégrant de nouvelles œuvres contemporaines.

Cet enrichissement des collections est nécessaire pour le rayonnement culturel du musée sur le territoire. L’enrichissement des collections est même un devoir des musées et notamment ceux labellisés « Musée de France ».

Néanmoins, l’achat d’une œuvre est très coûteuse et les musées ne bénéficient pas forcément de l’appui de l’État pour ces acquisitions. Ils ne peuvent pas non plus compter sur leurs fonds propres, ceux-ci étant trop faibles.

C’est ainsi que le CAPC a eu l’idée du ticket mécène. Comme son nom l’indique, le ticket mécène fait appel au mécénat. Cependant, il possède la particularité de s’adresser au grand public. En effet, le ticket mécène est un billet spécial dont le prix est plus élevé qu’un billet d’entrée initial. Ce ticket propose une contribution spéciale de 3€ minimum en complément du tarif de base. Ce supplément financier est destiné à l’achat d’une œuvre supplémentaire pour la collection.

Par ailleurs, le partenariat avec l’association des amis du CAPC entraîne un abondement au ticket mécène. Chaque micro-don effectué est ainsi multiplié par deux.

Le ticket mécène : coûts

En ce qui concerne les différents coûts liés à la mise en place du ticket mécène, ceux si sont relativement faibles. En effet, ils ne concernent que l’édition des magnets, la communication sur l’opération et l’organisation de l’évènement de clôture de la campagne d’acquisition.

Une question néanmoins se pose : comment engager le public à payer un prix plus élevé ? Généralement, une des réponses consiste à afficher le prix du ticket mécène de manière plus explicite que le prix normal, de façon à ce que la possibilité du don ressorte de manière explicite. Il faut donc agir sur la signalétique. Cela demande cependant de la modération. En effet, il faut veiller à ce que l’engagement des donateurs reste libre et non pas imposé.

Le ticket mécène : contreparties

Afin d’attirer les publics et de leur donner envie de contribuer à l’acquisition d’une œuvre, il faut tout de même mettre en place quelques contreparties. Le CAPC de Bordeaux a eu l’idée de distribuer des magnets représentant des parties de l’œuvre. Ainsi, chaque donateur repart avec un fragment de l’œuvre ce qui permet de concrétiser le fait qu’il en est en partie propriétaire. Cette pièce symbolique de l’œuvre lui permet de se ressentir comme un acteur du rayonnement culturel sur le territoire.

Par ailleurs, le musée a décidé de créer une véritable intégration des donateurs dans le processus d’achat de l’œuvre. En effet, l’institution muséale tient ces derniers sont tenus au courant de l’évolution de la campagne d’acquisition. Lorsque l’œuvre est enfin entrée dans la collection, le musée invite tous les donateurs à un temps de convivialité. Il s’agit d’un évènement ou l’œuvre est accueillie comme il se doit, en présence de tous ses contributeurs. Ces derniers ont alors le privilège d’assister à « l’ouverture de caisse ». Il s’agit du moment où l’œuvre se dévoile enfin et entre définitivement dans la collection. Or, ces moments sont généralement réservés au personnel des musées.

Enfin, même s’il s’agit de micro-dons, les contributeurs peuvent bénéficier de déductions fiscales, grâce à la loi Aillagon, et ce, à hauteur de 66 % du don effectué. Néanmoins, comme il s’agit de micro-dons, très peu de personnes y ont recours.

Le ticket mécène : parrainez l’oeuvre Understanding through peace

La première œuvre qui a bénéficié de l’expérience du ticket mécène n’est autre que Understanding through peace de Nicolas Garait-Leavenworth. La galerie bordelaise Cortex Athletico l’a vendu pour une somme de 12 000 €. 800 contributeurs ont participé à l’acquisition de l’oeuvre via le ticket mécène. Les donateurs ont apporté 5 000 € et l’institution muséale 2 000 €. Les 5 000 € restants sont le fait de l’abondement opéré par l’association des amis du CPAC.

Le ticket mécène : autres alternatives

En France d’autres institutions et musées ont adopté le ticket mécène. C’est le cas du Musée de la Piscine de Roubaix qui cherche à financer la restauration d’une de ses œuvres. Il s’agit des Trois amis de Pierre-Jean-Edmond Castan. On estime à 1800 € la restauration de l’oeuvre.

Une concession du droit d’usage du ticket mécène a aussi été autorisée pour la Ville de Chartres pour son Musée des Beaux-arts. La participation des donateurs est libre et vise davantage la restauration d’œuvres plutôt que l’acquisition de nouvelles. Le Musée des Beaux arts de Chartres cherche notamment à restaurer le tableau Métabus, roi des Volsques de Léon Cogniet. Le coût de la restauration s’élève 17 000 €.

Conclusion

Le ticket mécène permet donc de parrainer une oeuvre. Il est donc une méthode de financement très intéressante. Son succès est dû au montant très faible que chaque don requiert. Si l’opération est encore assez originale en France, elle est plus courante au Royaume-Uni. Elle tend cependant à se déployer dans d’autres musées mais également à se diversifier.

Par exemple, il est tout à fait envisageable de développer des sortes de tickets mécènes pour les monuments historiques. Il est possible de majorer les billets d’une faible contribution pour financer la restauration ou l’entretien du site.

Quoiqu’il en soit, le ticket mécène a remporté le prix de l’Association française des fundraisers pour l’innovation mécénale.

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Pour aller plus loin

Les acteurs du patrimoine : le financement

Le mécénat patrimonial : fonctionnement et utilisation

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