Gérer un château en couple. Est-ce une bonne ou une mauvaise idée ? Hephata a rencontré deux couples propriétaires pour vous donner des éléments de réponse.

L’important à retenir dans cet article :

Se retrouver à la tête d’un château c’est se lancer dans une sacrée aventure. Souvent affaire de famille, les châteaux attirent de nombreux couples qui sont amenés à travailler ensemble à la gestion de leur domaine. Mais comment savoir si travailler en couple est fait pour nous ?

Cet article permettra de comprendre les tenants et aboutissants de ce mode de fonctionnement pour les châteaux qui ont choisi de développer des activités autour de :

– La capacité à travailler ensemble

– La vision du projet à court, moyen et long terme

– Quelques conseils pratiques pour réussir une bonne gestion commune

Introduction

Beaucoup de propriétaires se demandent s’il est possible de mener en parallèle un métier extérieur et le projet de développement autour d’un monument historique. En outre, quels sont les avantages à travailler conjointement au projet ? Quels sont les inconvénients ? Quelles contraintes doit-on anticiper pour ne pas laisser pour compte sa vie de famille ?

Gérer les activités d’un château est une activité professionnelle à part entière. Tous les propriétaires le disent, reprendre la gestion d’un château mais aussi trouver un modèle économique qui tienne la route s’apparente à la création d’une entreprise. Pour travailler en couple, comme d’ailleurs avec un membre de sa famille (enfant, frère ou sœur), il convient de :

– Mettre son énergie au service d’un projet commun

– Apporter des compétences complémentaires à l’élaboration du projet

– Être capable de passer beaucoup de temps ensemble

Aussi, avant de se lancer, le couple doit avoir en tête que la séparation entre leur vie privée et leur vie professionnelle va inévitablement être réduite. Tous les couples ne sont pas nécessairement capables de travailler ensemble. Il est nécessaire, voire vital, de se poser les bonnes questions pour éviter la catastrophe. HEPHATA a pu interroger deux couples propriétaires pour en savoir un peu plus.

Thibaud et Julie de Rohan Chabot, propriétaires du château de Bonnefontaine en Bretagne ont développé des activités de réception (mariages, séminaires, gîtes) en parallèle de leur activité professionnelle. Il s’agit pour eux d’apporter des revenus supplémentaires pour entretenir le château. Leur choix est de « réinvestir à 100 % les revenus générés par les activités de la propriété ». Il est nécessaire pour eux d’avoir une activité professionnelle à l’extérieur de la propriété.

Géraud et Stéphanie de Laffon, propriétaires du château de Gizeux en Indre-et-Loire se sont positionnés sur une offre de visites grand public (surtout les familles) ainsi qu’une offre de chambres d’hôtes. Au lancement du projet, Géraud arrête son travail pour se consacrer entièrement à la valorisation du château (offre, axes stratégiques, marketing). Après trois ans, il décide de se mettre à son compte en choisissant une profession compatible avec l’activité économique du château. Selon eux, une activité salariée est inenvisageable avec le développement de ce style de projet. Stéphanie, quant à elle, travaille à temps plein pour le château pendant neuf mois de l’année. Pendant la période estivale, elle travaille sept jours sur sept.

1. Savoir si l’on est capable de travailler en couple

Comme dans une entreprise, travailler ensemble nécessite de savoir évacuer les sentiments et émotions personnelles, qui n’entrent pas dans le cadre professionnel. Pour gérer un château, il faut donc se mettre dans la peau d’un entrepreneur. Et entreprendre en couple nécessite de développer une très bonne communication. Celle-ci sera immanquablement favorisée par la connaissance mutuelle et la complémentarité des deux individus qui découle de toute vie de couple. En outre, les propriétaires s’accordent pour dire que la jeunesse est un facteur très positif qui favorise l’audace et la créativité.  

a) Savoir travailler en couple dans un château nécessite une communication sans tabou

La question qu’il convient de se poser est la suivante : communiquons-nous bien l’un avec l’autre ? Savons-nous nous dire les choses, simplement ? Entre associés, il faut adopter un mode d’échanges bienveillant. Il s’agit de se parler avec franchise, en évitant les non-dit, tout en restant respectueux des idées de l’autre. En outre, la vie de couple implique une grande connaissance mutuelle qui facilite le travail conjoint. Chacun apporte sa pierre à l’édifice grâce à une certaine complémentarité.

Au château de Gizeux par exemple, Stéphanie est plus prudente que Géraud. Cela permet « d’équilibrer avec l’enthousiasme, parfois trop débordant » de son mari. Pour Géraud, l’idée de reprendre la gestion du château familial était déjà présente lorsqu’ils se sont rencontrés. La question d’une gestion commune a donc été abordée très rapidement. Même s’ils ne savaient pas la tournure que prendrait une potentielle reprise, le projet était présent dans leurs têtes dès le départ. Sans l’accord de principe de sa future épouse, il aurait pris un tout autre cheminement professionnel.

À Gizeux il n’y a pas de tabou : les préjugés ferment les portes. Sans essayer, aucun succès. Alors on saisit toutes les opportunités : une logique qui favorise la créativité.

Thibaud de Rohan Chabot explique, quant à lui, que collaborer ensemble demande un réel travail pour anticiper les réactions de l’un et de l’autre. L’objectif premier est celui de ne pas se marcher sur les pieds : à chacun ses activités ! La communication est donc fondamentale pour éviter les doublons.

b) Savoir travailler en couple c’est faire preuve d’audace et d’inventivité, des critères favorisés par la jeunesse

Pour Stéphanie, il faut commencer jeune ! Avec Géraud, ils ont eu la chance de reprendre la gestion économique et touristique du château à 32 et 38 ans. Un vrai atout au niveau de l’énergie. D’autant que plus on est jeune, moins on est exigeant sur le confort de vie. On peut plus facilement se permettre de venir s’installer dans le château avec peu de chauffage et de s’adapter à un cadre rustique, à la décoration parfois démodée. Seule l’aventure compte.

Pour Thibaud et Julie, arriver jeune leur a permis d’avoir l’énergie et l’envie nécessaires pour mener à bien le projet. « La motivation peut s’estomper avec le temps, d’autres projets pouvant prendre la place » nous explique Thibaud. Il s’agit donc de savoir commencer au bon moment.

c) Savoir travailler en couple c’est optimiser la répartition des tâches pour éviter les conflits

L’une des principales difficultés du travail en couple consiste à bien définir le rôle et les tâches de chacun afin d’éviter un empiètement de l’un sur le travail de l’autre. Sans cela, le couple va droit au conflit. La confiance en l’autre est également indispensable pour ne pas se sentir étouffé dans son travail.

Au château de Gizeux, Géraud gère la réflexion stratégique, la rédaction des messages de communication, la recherche d’opportunités ainsi que la diversification des offres (axe, conception, test). Stéphanie s’occupe quant à elle de la phase opérationnelle. Ainsi, elle gère les chambres d’hôtes : accueil, tables d’hôtes, visites privées. Elle se charge également de la partie touristique : visites scolaires, ateliers, visites de groupes pour les adultes et les touristes étrangers. Enfin, la gestion des équipes lui revient : guides, billetterie, restauration.

À Bonnefontaine, Thibaud nous explique que la gestion en couple implique une grande discipline : segmenter les tâches permet d’éviter les doublons, les contre-ordres. Chacun doit avoir ses propres missions et les piloter seul. Pour eux, la répartition des tâches s’est effectuée naturellement, en fonction des affinités et du temps de chacun. Julie s’occupe des réceptions, de l’accueil du public et de la gestion des travaux. Thibaud gère la partie administrative ainsi que la gestion rurale et forestière du domaine.

Bilan

Vous êtes capables de travailler en couple dans un château si vous savez communiquer sans tabou, faire preuve d’audace et d’inventivité mais aussi optimiser la répartition des tâches !

2. Apprendre à séparer vie privée et vie professionnelle

Pour mener à bien un projet de développement d’activités économiques dans un château en couple, il est indispensable de séparer vie privée et vie professionnelle. Pour cela, il faut savoir analyser les conséquences qu’aura un projet entrepreneurial sur la vie de famille, choisir l’éducation que l’on veut donner à ses enfants, ne pas faire une croix sur les temps de vacances et réfléchir les espaces selon leurs fonctions.

a) Apprendre à séparer vie privée et vie professionnelle c’est analyser les conséquences sur la vie de famille

Pour Thibaud de Rohan Chabot, il est important de préserver sa vie de couple : en l’absence d’enfants, notamment, et si l’activité est exercée à domicile, il est parfois difficile de se ménager du temps personnel. Pour maintenir un bon équilibre au sein de l’entreprise, il conseille donc d’instaurer un rituel.  

En outre, il faut toujours garder à l’esprit l’objectif principal de l’activité. Il convient de trouver un équilibre avec les activités commerciales. Pour eux, il s’agit avant tout de conserver l’esprit d’une maison de famille, accueillante, transmissible à la génération suivante.

b) Apprendre à séparer vie privée et vie professionnelle c’est anticiper l’éducation que l’on veut pour ses enfants

La question de l’éducation des enfants est une réelle problématique qui implique de se demander s’il sera possible de rester habiter le château à l’approche du collège. La question réside avant tout dans le fait de décider de vivre ou non à la campagne ce qui a des conséquences sur la scolarité des enfants.

c) Apprendre à séparer vie privée et vie professionnelle c’est ne pas oublier de prendre des temps de vacances

À Gizeux, la grande contrainte est celle de l’absence de vacances. Avec les visites, il est impossible de partir en vacances l’été. Et pendant l’année, les chambres d’hôtes bloquent également la situation. Pendant longtemps, les vacances de Noël ont permis de s’extraire un peu du château. Avec le confinement dû à la crise sanitaire de mars à mai 2020, Stéphanie avoue avoir redécouvert la joie de se mettre dans un transat ou de faire un barbecue en famille.

Pour Thibaud et Julie, savoir décrocher et ne pas cannibaliser la sphère privée est une priorité. Prendre des vacances permet donc de s’éloigner et de revenir avec une motivation renouvelée.

d) Apprendre à séparer vie privée et vie professionnelle c’est réfléchir les espaces par rapport à leur destination

À Gizeux, Stéphanie donne les conseils suivants : « si on veut travailler à deux, il faut être sûr de pouvoir le faire ». Et pour cela il faut, dès le départ, réfléchir la demeure dans sa globalité avec ses différentes fonctions. Les lieux privés doivent servir à la vie de couple et la vie familiale. Les bureaux sont destinés au travail. Les espaces d’accueil sont destinés aux visiteurs et aux hôtes.

Pendant longtemps le château de Gizeux n’avait pas pour priorité d’avoir d’espace familial dédié. La volonté principale étant de monter rapidement en flux économique. Mais attention, revenir en arrière pour délimiter les espaces est beaucoup plus difficile. L’arrivée des premiers petits-enfants peut changer la donne. Il est indispensable que les enfants de la famille puissent se sentir en vacances quand ils viennent passer quelques jours au château.

3. Quelques conseils pour une bonne reprise à deux

Reprendre la gestion d’un monument historique implique d’être curieux de tout et d’avoir la volonté de transformer des idées en réalisations concrètes. Ensuite, il faut rester compétitif sur son marché ce qui implique de se réinventer en permanence. Pour cela, et si c’est possible, il faut s’entourer d’une équipe dynamique qui aidera les propriétaires à porter les différents projets. En outre, il semble nécessaire d’avoir le regard ouvert sur le monde extérieur pour garder le cap tout en ne s’enfermant pas dans son projet.

a) S’entourer d’une bonne équipe pour renforcer la dynamique du lieu

En tant que propriétaire et porteur de projet, il est plus facile d’avancer sereinement dans le développement d’activités lorsqu’on est entouré par une équipe dynamique et compétente. Mais pas toujours facile de dégager le flux nécessaire à l’entretien du domaine et à sa restauration en embauchant des saisonniers.

À Gizeux, par exemple les équipes de stagiaires se succèdent ce qui n’est pas toujours facile à gérer. Pour satisfaire l’offre, il arrive parfois qu’il faille y avoir six stagiaires en même temps afin de gérer l’accueil, la billetterie, les visites, la vie pratique etc. Le problème est de réussir à trouver des étudiants multifonction avec des profils complets ce qui s’avère être de plus en plus complexe. Avoir une équipe plus stable faciliterait le travail.

b) Conserver une ouverture d’esprit sur le monde

Avoir vu autre chose

Pour Thibaud de Rohan Chabot, il faut identifier le bon moment pour se lancer, ni trop tôt ni trop tard. Avant de se « retirer » à la campagne il faut avoir vu le monde, gagner de l’expérience, faire ses armes ailleurs. La frustration de ne rien connaitre d’autre s’accroît avec le temps. À Bonnefontaine, ils ont repris le projet en 2013, au retour d’une expatriation à l’étranger (Dubaï).

Mais il ne faut pas non plus trop attendre car le désir d’entrepreneuriat peut passer, donc il ne faut pas laisser passer le bon moment et se lancer. La difficulté est de savoir identifier le bon moment. En outre, il ne faut jamais s’installer si la situation juridique, successorale, familiale n’est pas claire, cela finit toujours, ou presque, en catastrophe. 

Garder le cap

Thibaud et Julie expliquent qu’il ne faut surtout pas « se laisser écraser par une tâche qui parfois peut sembler bien lourde ». Il faut sans cesse se rappeler les raisons qui ont poussé à se lancer. Autrement dit, l’objectif principal est à toujours garder, comme un fil rouge. Pour eux, il s’agit avant tout de préserver le caractère familial du lieu. Le business développé est un moyen mais non une fin en soi. 

À Gizeux, dès que l’année est bonne économiquement, l’argent est réinvesti dans des chantiers de restauration. C’est la priorité que se sont donnée Géraud et Stéphanie. En outre, faire de son mieux est fondamental ce qui aide à ne pas se décourager. 

Ne pas s’enfermer dans le projet

Rester libre par rapport au projet est primordial. Pour Géraud, le développement d’activités au château de Gizeux est une belle aventure. Néanmoins, s’il fallait choisir entre la famille et le château, il n’hésiterait pas, ce serait la famille.

« On s’est dit qu’on donnerait 25 ans de notre vie mais c’est tout. Cette activité est usante et on a envie de vivre une dernière période de grands-parents pour voyager, revoir nos amis plus régulièrement. » Il ne faut pas se sentir prisonnier du projet. Aussi, se fixer une deadline permet de :

– Ne pas s’accrocher avec entêtement sur la façon dont on voit les choses : il faut pouvoir dès le début aborder ce sujet et mettre sur la table l’avenir souhaité

– Prendre du recul face aux choses : le propriétaire n’est qu’un maillon dans la grande histoire du lieu.

Pour Géraud, « entrer dans le business doit toujours être accompagné de la question : comment on en sort ? »

Conclusion

Gérer un château en couple est un projet de vie. À la fois fascinant et motivant, il implique de savoir se poser les bonnes questions avant de se lancer. Éducation des enfants, délimitation des espaces dédiés à la vie privée et à la vie professionnelle, répartition des tâches etc., se lancer dans un projet de développement économique de son château n’est pas à prendre à la légère. En outre les propriétaires qui parviennent à avancer sereinement dans leur projet sont ceux qui ont appris à se détacher de leur propriété en considérant qu’ils ne sont que des dépositaires du lieu et de son histoire.

A vous de jouer ! Si vous avez d’autres questions, n’hésitez pas à nous écrire : contact@hephata.fr

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Quelles entreprises s’appuient sur l’acquisition d’actifs naturels ou patrimoniaux pour renforcer leur stabilité financière ?

L’important à retenir dans cet article

C’est une véritable stratégie des entreprises qui, pour renforcer leur stabilité financière, acquièrent des biens fonciers issus du patrimoine naturel. 

Une entreprise, pour renforcer sa stabilité financière peut choisir d’axer sa stratégie sur des acquisitions foncières. Acheter du patrimoine naturel lui permet de :
– Asseoir sa stratégie financière sur l’acquisition de biens tangibles ayant une valeur, a priori intrinsèque, bien que de plus en plus sensible aux spéculations
– Dé-risquer son portefeuille d’actifs à travers des actifs décorrélés des marchés financiers
– S’engager dans une politique écologique, voire ISR (Investissement Socialement Responsable), utile et durable en plus d’être tendance

Avant toute chose, que faut-il entendre par « stabilité financière » ?

Selon la Banque Centrale Européenne (BCE), « la stabilité financière est une situation dans laquelle le système financier – qui englobe les intermédiaires, les marchés et les infrastructures de marché – est capable de résister aux chocs, en réduisant la probabilité d’une interruption du processus d’intermédiation financière qui serait suffisamment importante pour perturber l’allocation optimale des ressources ». Pour une entreprise, devenir stable financièrement implique donc d’avoir des ressources extérieures à son activité principale qui lui permettent de survivre en cas de crise (krach boursier, crise sanitaire, effondrement du marché, très forte concurrence etc.).

La notion de « foncier » quant à elle, se distingue de l’immobilier en ce qu’elle désigne tout ce qui relève de la terre. On parle de foncier bâti ou de foncier non bâti. Aussi le foncier renvoie aussi bien aux terrains constructibles qu’aux terres agricoles ou aux forêts. 

Asseoir une stratégie financière sur l’acquisition de biens tangibles ayant une valeur, a priori, intrinsèque, bien que de plus en plus sensible aux spéculations

Les biens fonciers issus du patrimoine naturel sont, par essence, tangibles. Il s’agit de biens  physiques. C’est le cas des matières premières, issues des forêts (le bois) ou des terres agricoles (le blé, le maïs, le raisin…) ou encore de l’or. Par son caractère réel, le bien ne peut être séparé de sa valeur qui lui est intrinsèque. 

Les rendements de ces biens réels sont moins importants que les produits issus des placements en bourse. Néanmoins, un tel investissement présente une plus grande sécurité qui réside dans cette valeur tangible. Fonder sa stratégie d’entreprise sur ce type de biens est une stratégie qui permet de renforcer sa stabilité financière à  long terme. 

En revanche, le risque est de se retrouver face à une situation où la spéculation, pratique liée aux opérations financières et commerciales fondées sur les fluctuations du marché, vient dénaturer le marché. L’intention première de l’achat devient alors une volonté de revendre plus cher quelques années plus tard. Selon Dominique Plihon, professeur d’économie financière à l’Université Paris XIII et membre des économistes attérés, la spéculation est critiquable notamment  parce que la spéculation peut contribuer à l’instabilité des marchés ou à des crises graves comme la crise sur la dette publique grecque ou sur l’euro.

Dé-risquer son portefeuille d’actifs à travers des actifs décorrélés des marchés financiers

Les entreprises possèdent de nombreux actifs (immobilisés ou circulants). Il s’agit de tous les biens et droits qu’elles possèdent : bâtiments, matériel, créances, personnel, parts de marché etc. Beaucoup d’entreprises décident de placer leur argent, ce qu’on appelle le portefeuille d’actifs, pour le faire fructifier. Il existe différents moyens : 
– L’achat de parts de capital 
– L’investissement en bourse

Ces actifs sont attachés au aléas des marchés financiers mondiaux, lieux physiques ou virtuels où les investisseurs négocient des titres à l’achat ou à la vente. 

Avec la crise de 2008, les investisseurs ont pu être amenés à changer de stratégie. Isabelle Scemama, head of fund groups et responsable des actifs réels au sein d’AXA IM, explique que « les effets de la crise et la baisse des taux d’intérêt ont conduit les investisseurs à se tourner de plus en plus vers des placements moins liquides, mais plus rentables ». L’acquisition de foncier naturel apparaît comme une solution possible . Comme dit précédemment, acheter du foncier naturel c’est investir dans des actifs assis sur des biens réels, par essence, décorrélés des marchés financiers. 

Investir dans des actifs décorrélés de ces marchés permet aux entreprises de :
– Augmenter le rendement global de leur portefeuille grâce à des rendements compris entre 2 et 15%
– Accroître la diversification de leur portefeuille financier 
– Se protéger contre l’inflation et sécuriser leurs revenus
– Investir dans des actifs stables qui ne souffrent pas de la cyclicité des marchés boursiers et dont la valorisation n’est pas remise en cause à chaque crise boursière
– Réduire la volatilité des performances du portefeuille financier

Olivier Héreil, directeur général adjoint, directeur des investissements et des gestions d’actifs de BNP Paribas Cardif, précise qu’il préfère « attendre de trouver des opportunités sur les marchés au meilleur prix plutôt que de nous contraindre à investir tous les ans ».

Sur le long terme, la demande pour le bois présente un potentiel réel de prise de valeur dans deux secteurs principalement l’énergie et la construction. Les revenus issus de l’exploitation sylvicole (vente de bois, location de chasse etc.) lui permettront de renforcer sa résilience. 

S’engager dans une politique écologique, voire ISR

Plusieurs entreprises ont pour stratégie d’investir dans le patrimoine. Elles achètent donc des châteaux pour servir une politique RSE ou ISR (Investissement Socialement Responsable). Cette stratégie se décline également pour les entreprises qui cherchent à valoriser le patrimoine naturel.. 

En outre, à l’heure de la protection environnementale, acquérir une forêt ou des terres agricoles a du sens d’un point de vue ISR. L’investissement socialement responsable (ISR) cherche à concilier placement financier et critères environnementaux. On parle « d’application des principes du développement durable à l’investissement ». Aussi, une entreprise qui fonderait sa stratégie sur l’acquisition foncière de biens issus du patrimoine naturel s’engage dans une politique écologique, utile et durable. Un tel engagement peut considérablement renforcer son image de marque. Il s’inscrit dans une dynamique de protection. de l’environnement très en vogue, tel que le pratique la marque d’ameublement Ikea.

Les risques inhérents à ce type d’investissement 

Ce type d’investissements présentent des risques non négligeables :
L’illiquidité de ce type d’actifs : pour devenir rentables, ces actifs doivent être détenus sur le long terme. En cas de besoin de capitaux à court terme, l’investisseur ne peut donc pas compter sur la vente de ses actifs
La sélection des actifs : les investisseurs doivent notamment s’assurer de :

– La viabilité des projets financés sur le long terme
– La solidité de l’exploitant qui le gère
– Les perspectives des marchés sélectionnés, notamment ceux dont les prix sont régulés par l’État

Dans la filière du bois par exemple, ces risques sont ceux liés à la perte en capital en raison :
– Des risques naturels (incendies, tempêtes) 
– De la baisse de la valeur du bois 

Exemple

Groupama Immobilier, qui gère les actifs de la Société Forestière Groupama a investi dans la filière sylvicole. Propriétaire d’environ 22 000 hectares de forêts, la société gère, pour ses mandants, un patrimoine valorisé à 3,2 milliards d’euros. À ce titre, Groupama Immobilier est un des principaux gestionnaires d’actifs immobiliers français. La Société Forestière Groupama est le troisième propriétaire forestier institutionnel français. En investissant dans les forêts, l’entreprise s’assure une stabilité financière. Cet investissement est particulièrement pertinent aux vues de son domaine de compétences et d’actions. En outre, ces actions de valorisation contribue au bon entretien du parc forestier français, une aubaine pour le patrimoine naturel.

Conclusion

Si acquérir du patrimoine naturel pour renforcer la stabilité financière de son entreprise se fait beaucoup, il n’est pas nécessaire de le faire soi-même. Aussi, certains acteurs économiques réalisent des transactions de biens fonciers (des forêts, des vignobles etc.) pour le compte de leurs clients (holding familiales, investisseurs…). 

Pour aller plus loin 


Renforcer sa production en valorisant le patrimoine

Patrimoine et politique RSE des entreprises

Entreprises : investir dans le patrimoine bâti

Panorama des acteurs européens du patrimoine. Qui sont-ils ? Quel est leur rôle ?

L’important à retenir dans cet article :

En France, les institutions pour le patrimoine sont nombreuses. Elles effectuent un travail constant en matière de conservation et de valorisation du patrimoine. La Fondation du Patrimoine, la Demeure Historique, les Vieilles Maisons Françaises œuvrent à la sauvegarde de notre identité collective. 

En Europe, des organismes comme Europa Nostra fédèrent autour des politiques de valorisation du patrimoine européen. Ils créent de véritables mouvements citoyens. Actions concrètes, concours, mises en place de partenariats etc., les initiatives ne manquent pas. Elles prouvent que le patrimoine est, aujourd’hui encore, au cœur des préoccupations internationales. 

Les points clés de cet article : 
– Les grandes étapes de la reconnaissance d’un patrimoine culturel à l’échelle européenne depuis le début le XVIIIème siècle 
– La place du patrimoine en Europe aujourd’hui avec la création d’un espace culturel commun
– Les organismes ayant pour mission de sauvegarder ce patrimoine à l’échelle européenne
– L’avis des européens par rapport à l’Europe culturelle

Introduction

Selon le Conseil de l’Union Européenne, « le patrimoine culturel est un atout majeur pour l’Europe et une composante importante du projet européen […] en étant un socle de connaissances irremplaçable et [une] ressource précieuse pour la croissance économique, l’emploi et la cohésion sociale, il enrichit la vie de centaines de millions de personnes, nourrit l’inspiration des intellectuels et des artistes et est un moteur pour les industries culturelles et créatives ». Outre ces considérations, l’Union Européenne a mis en place des politiques culturelles communes en matière de patrimoine. Elle considère ce dernier comme étant le ciment matériel qui lie les européens entre eux. 

Le patrimoine culturel provoque ainsi un certain engouement au sein des mentalités et des politiques européennes. Il est un atout multidisciplinaire, vecteur transversal dans les relations humaines. Au-delà de sa dimension matérielle historique, le patrimoine est un outil de promotion territoriale.

1- La notion de patrimoine culturel dans l’histoire, une montée progressive vers la reconnaissance du Patrimoine comme « atout majeur » de l’Union Européenne

a) Le patrimoine culturel, acteur de la construction des identités nationales du XVIIIème au XXème siècle

Dans son ouvrage « Le patrimoine culturel, instrument de la stratégie de légitimation de l’Union européenne », Marie-Anne Guérin explique que l’apparition de la notion de patrimoine au sens culturel du terme est apparue avec l’idée de nation au moment de la Révolution française. Il joue « un rôle majeur dans la construction des identités nationales aux XIXème et XXème siècles ».

La philosophie des Lumières opère un changement de réflexion sur la légitimité des États. On passe d’un pouvoir de droit divin à la souveraineté nationale ou populaire. Les monuments historiques, les châteaux, les églises deviennent alors une propriété commune. Cette propriété participe « à la production ou encore à la mise en sens de la collectivité nationale, en l’inscrivant dans le Temps. Le patrimoine culturel va donc avoir la mission de donner un sens nouveau à la Nation. 

b) L’apparition de la notion d’identité européenne après la Seconde Guerre Mondiale

Avant les deux guerres mondiales, des rivalités culturelles bouleversaient déjà l’échiquier européen. Les rapports de dominations nationales étaient encore très forts. Aucune union communautaire n’avait été créée hormis le partage d’un même territoire géographique (Le Vieux continent) et d’une volonté commune : devenir la puissance dominante de l’Europe en étendant son territoire grâce aux colonies. C’est avec la fluidification des échanges, qu’une culture européenne a commencé à se diffuser entre les États. Le tourisme naît dès le XVIIIème siècle entraînant de premiers partages autour d’une culture commune. 

Après la montée des nationalismes, on assiste à une méfiance globale sur la mise en place d’actions voire de politiques culturelles, certains criant à « l’impérialisme ». Au sortir de la Seconde Guerre Mondiale, les seules préoccupations sont alors d’ordre purement économique ! La priorité est de rétablir une stabilité économique au sein des relations interétatiques. En parallèle de cela, on remarque un intense désir de faire communauté et de s’investir davantage dans sa Nation. La Libération permet de mettre en exergue les identités culturelles et ethniques, mises sous silence par les idéologies. Elle permet également de mettre la culture au centre, en tant que dimension capitale et déterminante de l’identité européenne

Ainsi, à partir des années 1950, le Conseil de l’Europe commence à proposer des actions culturelles plus importantes pour l’UE. Se développe une volonté de garder en commun ce Patrimoine et de le pérenniser afin de pouvoir le transmettre. C’est ainsi que le Conseil de l’Europe décide de mettre la création de politiques culturelles au cœur des préoccupations des enjeux internationaux. Leur vocation est de valoriser cet héritage commun.

c) Les Traités, fondements des politiques culturelles à l’échelle européenne à la fin du XXème siècle

Le 7 février 1992 est signé le Traité de Maastricht. Il fait de la culture et du Patrimoine un atout majeur pour l’Union Européenne. Le Traité formule clairement la volonté de l’Union Européenne de « s’unir dans la diversité » , notamment grâce à la culture. L’article 128-1 l’évoque très clairement : « La Communauté contribue à l’épanouissement des cultures des États membres dans le respect de leur diversité nationale et régionale, tout en mettant en évidence l’héritage culturel commun. »

Le Traité de Lisbonne entré en vigueur en 2009, prend des dispositions communes entre les états membres au sujet du Patrimoine. L’article 3 du Traité évoque la volonté de l’UE de « veiller à la sauvegarde et au développement du patrimoine culturel européen »

2- La place du Patrimoine en Europe aujourd’hui : valoriser un espace culturel commun

missions

Dans les années 2000, l’UE a développé un programme intitulé « Culture 2000 » afin de cadrer la mise en place de politiques culturelles. Sa vocation est de mettre en en valeur un espace culturel commun  aux européens en favorisant la  coopération entre les créateurs, les acteurs culturels et les institutions culturelles des Etats membres. Le programme Culture prévoit des subventions visant à promouvoir la coopération culturelle.

Cependant, l’UE a rencontré, au moment de la formulation de ces dernières, des obstacles de taille puisque chaque état membre n’avait pas les mêmes capacités économiques ni matérielles de les appliquer. L’Union Européenne a donc adopté un positionnement de conseil et de recommandation dans l’exercice de ces politiques puisqu’elles ne pouvaient s’appliquer uniformément à l’ensemble de l’Europe

De ce fait, en matière de politiques patrimoniales, l’Europe s’attache à définir le patrimoine non pas en tant que politique mais en tant qu’identité justifiante du peuple européen.

Financement

L’Union Européenne a alors mis en place un programme commun « Europe Créative ». Ce programme vise à financer la valorisation et la sauvegarde du Patrimoine européen. 

Selon le Parlement Européen, il dispose d’un budget de 1,46 milliard d’euros pour la période 2014-2020. Cela couvre principalement des projets culturels et médiatiques. Sur ce montant, près de 27 millions d’euros ont été affectés à des projets liés au patrimoine culturel. Ces financements œuvrent en faveur de la stratégie Europe 2020 qui vise à augmenter le nombre de d’emplois. « Elle met l’accent sur une croissance intelligente, durable et inclusive comme moyen de surmonter les faiblesses structurelles de l’économie européenne, d’en améliorer la compétitivité et la productivité et de jeter les bases d’une économie sociale de marché durable. »

En collaboration avec la Banque européenne d’investissement, les acteurs de l’UE comme  Europa Nostra en faveur de la protection du patrimoine culturel européen participent d’une même voix à la préservation des sept sites patrimoniaux considérés comme étant les plus en danger d’Europe.

a) Favoriser les relations inter-étatiques en matière culturelle – le rôle de la Commission Européenne

Missions

L’Union Européenne a dépêché sa commission pour mettre en place un cadre théorique en matière de politiques patrimoniales et fédérer ses états membres autour de rencontres, d’assemblées afin de prendre des décisions communes. L’objectif est de favoriser les relations inter-étatiques et de développer des projets communs. 

OUtils

Pour répondre à cette mission, a notamment été mis en place en 2018 l’année européenne du patrimoine culturel https://patrimoineeurope2018.culture.gouv.fr/ qui fixe une campagne de communication autour du Patrimoine et de la valorisation des projets qui y sont liés. Elle a pour objectif de mettre en évidence par l’octroi d’un label les meilleures pratiques de valorisation et de conservation inter-étatiques afin de renforcer un sentiment d’appartenance à un espace européen commun.

Impacts

Le Parlement Européen continue à prendre des mesures pour la sauvegarde du patrimoine culturel de l’Union Européenne en mettant en place des initiatives, comme le programme « Europe créative », et en encourageant les actes des institutions nationales pour le Patrimoine. Cela a un impact considérable notamment en matière d’éducation. Selon un sondage réalisé en octobre 2017, 47% de la population européenne serait favorable à l’intégration d’un volet « patrimoine culturel » dans les programmes scolaires.

De même, on assiste à un intérêt croissant ces dernières années pour la préservation de l’environnement, non seulement sur le plan écologique mais aussi sur le plan historique, avec une véritable envie de le pérenniser pour le transmettre aux générations futures. Ainsi, l’Union Européenne a mis en place un nouveau programme intitulé « Horizon 2020 » qui soutient tous « les projets liés au patrimoine culturel dans des domaines tels que le patrimoine scientifique, la primauté industrielle et les défis sociétaux. »

Avec un budget de plus de 100 millions d’euros, ce programme soutient des initiatives innovantes comme la numérisation des espaces culturels (réalité virtuelle, animations 3D…). En 2016, « Horizon 2020 » avait soutenu au Prix du Patrimoine Culturel de l’UE d’Europa Nostra le projet de recherche SASMAP qui permet par une modélisation 3D de reconstruire « in situ » le patrimoine subaquatique. Il serait composé, selon l’UNESCO, d’environ 3 millions d’épaves de navires, sans oublier les paysages et les ruines sous-marines. 

b) Mettre le patrimoine au premier plan de la conscience collective – le rôle d’Europe Nostra

Missions

Créée à la fin du XXème siècle, cette organisation non gouvernementale (ONG) est aujourd’hui à la tête d’une fédération européenne pour le patrimoine culturel. Sur plus de 50 pays, Europa Nostra agit en partenariat avec l’UNESCO, l’Union Européenne et le Conseil de l’Europe. Avec aujourd’hui à sa tête le chanteur d’opéra Plácido Domingo, le but permanent d’Europa Nostra est de mettre le patrimoine, sa conservation et valorisation au premier plan de la conscience collective.

Pour cela, ces missions sont multiples. Son rôle est de : 
– Agir comme un groupe de pression représentatif du patrimoine culturel en Europe. Elle mène en ce sens une véritable action militante. Une de leur dernière initiative, #Ode2Joy permettait à quiconque de prouver son attachement au patrimoine en réinterprétant l’Ode à la Joie de Beethoven devant son monument favori. Ce challenge a eu un impact exceptionnel sur les réseaux sociaux puisque des milliers de vidéos ont été tournées dans toute l’Europe autour d’une même communion, d’un même chant : l’hymne européen. 
– Célébrer et promouvoir l’excellence à travers les Prix du Patrimoine culturel de l’Union Européenne et met en place plusieurs récompenses d’un montant maximal de 10 000€ ; 
– Sauver les monuments historiques, sites et paysages culturels de l’Europe considérés en danger ;
– Animer un réseau d’acteurs du patrimoine culturel en Europe. 

Europa Nostra a un réel impact politique sur le financement européen avec des actions directes ou indirectes. Leur action principale réside dans la mise en place d’un Prix pour le patrimoine culturel de l’Union Européenne qui récompense toutes les actions mises en place pour la conservation du patrimoine culturel avec notamment la restauration de bâtiments et des collections d’art. 

outils

Le Prix européen du Patrimoine mis en place avec l’Union Européenne est l’outil le plus précieux de l’organisation pour faire passer son message sur les solutions qu’elle peut apporter concrètement au monde culturel européen dans un mouvement citoyen.  

Ce Prix récompense les initiatives européennes selon 4 catégories : 
– Les projets de conservation ;
– La recherche ;
– La contribution exemplaire à la conservation du patrimoine ;
– L’éducation, la formation et la sensibilisation.

Pour l’édition 2019, plus de 140 candidatures ont été examinées par un jury international afin de valoriser chaque initiative et de mettre en exergue les meilleures d’entre elles. Vingt-sept lauréats ont été sélectionnés dans toute l’Europe selon les catégories énoncées précédemment. Sur ces vingt-sept lauréats, des Français ont été distingués pour leurs efforts notamment en matière de conservation comme en témoigne le château de Montreuil-Bonnin (Vienne) récompensé pour son travail de restauration engagé en 2013. 

La Commission Européenne et Europa Nostra, dans le cadre du Prix du Patrimoine culturel européen, ont même honoré la Brigade des Sapeurs-pompiers de Paris suite à leur précieuse intervention lors de la tragédie qui a frappé Notre-Dame de Paris le 15 avril 2019. 

Financement

Europa Nostra reçoit ses fonds principalement du mécénat et de l’Union Européenne. Cette dernière lui attribue une subvention de 40 000 € chaque année. Des familles influentes et mécènes comme les Leventis, des Chypriotes, ou les Koster, une famille hollandaise, participent activement à proposer de nouveaux dons mais il ne faut pas oublier le mécénat d’entreprise qui réalise quant à lui une importante part des fonds financiers d’Europa Nostra.

c) Une Europe culturelle reconnue par les européens

Une enquête réalisée par Ipsos et le Ministère de la Culture réalisée en 2007 montre que, s’il existe beaucoup de désaccords entre les États européens sur le plan politique, économique ou social, « l’Europe Culturelle semble être aujourd’hui une réalité véritablement ressentie par une bonne part des citoyens de l’Union Européenne ».

83% des européens considèrent qu’au moins une partie de leur patrimoine national est intégré au sein du patrimoine culturel européen. Ainsi, pour 60% des européens, le patrimoine culturel européen apparaît comme un élément incontournable du sentiment d’appartenance à l’UE. Selon l’enquête, « si ce sentiment est aussi fort, c’est très certainement aussi parce que les racines culturelles de l’Europe sont plus anciennes que le projet institutionnel et politique qui ne date que de l’après-guerre. »

L’Europe apparaît également comme une chance pour la sauvegarde des patrimoines nationaux et ne représente pas nécessairement un risque de perte d’identité nationale. Pour 58% des européens, l’Europe peut d’ailleurs être un levier supplémentaire pour trouver des aides de sauvegarde. En outre, les patrimoines culturels européens des autres intéressent de plus en plus les citoyens européens. 

Pour les enquêteurs la date d’adhésion à l’Union Européenne et le sentiment d’appartenance à une communauté culturelle européenne sont liés. « Peut-être le fait que Florence, Berlin, Paris, Avignon, Bologne et Helsinki aient été déclarées capitales ou villes européennes de la culture, a-t-il contribué à l’émergence d’une conscience dans ce domaine en France, en Italie, en Allemagne et en Finlande. »

Conclusion :

Préserver le patrimoine culturel en Europe est donc une affaire collective qui déclenche de nombreuses initiatives citoyennes encouragées par les institutions du patrimoine. Cela se remarque notamment par l’engouement provoqué par le nombre de membres d’Europa Nostra. Même si la Commission Européenne ne peut établir des politiques communes aux états membres de l’UE, elle apporte des recommandations et des conseils permanents afin de construire une unité globale autour du Patrimoine et de sa valeur identitaire. 

A vous de jouer ! Si vous avez d’autres questions, n’hésitez pas à nous écrire : contact@hephata.fr

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Comment faire pour organiser des shooting photos dans son château ?

L’important à retenir dans cet article :
 A l’heure où la photo est un média de communication et de souvenir omniprésent, pourquoi ne pas en faire un vecteur de valorisation de son château ? Organiser des séances photos, les fameux « shootings », dans son château s’avère être une réelle opportunité, tant pour faire découvrir sa propriété que pour obtenir une nouvelle source de revenus financiers. 

Cet article permettra de :
– Découvrir les différents types de shootings (privés & professionnels)
– Connaître les avantages et inconvénients à développer cette activité

Introduction:

L’invention de la photographie ne s’est pas faite en un jour. De Nicéphore Niépce à Daguerre, inventeur du daguerréotype, aux frères Lumière, les techniques d’obtention de photos ont considérablement évolué.

On retrouve des styles de photographies en tout genre : mode, mariage, aérien, animalier, de paysages, d’architecture etc. Pour Philippe Halsman, il existe deux grandes catégories : les photos que l’on « prend » et les photos que l’on « fait ». Selon cette classification, le photographe est alors un reporter visuel ou un auteur visuel. 

La Bourse du Talent, qui récompense de jeunes photographes, distingue quant à elle quatre grandes catégories de lauréats en fonction de la catégorie de photos choisie : paysage, mode, portrait et reportage.

Alliant décors de rêve et espaces inédits, les châteaux apparaissent comme des lieux particulièrement adaptés à toutes ces typologies de photographies. Chaque shooting est une occasion de faire circuler l’image du château. Proposer son château pour cette activité ne demande ni investissements ni servitude pour le propriétaire. Il est libre de laisser l’ensemble de son château ou de sélectionner uniquement certains espaces : le parc, les escaliers, un salon en particulier etc. Impossible donc de se sentir « envahi ». 

Qu’il soit organisé dans un cadre privé ou dans un cadre public, le shooting est un outil pour valoriser les vieilles pierres ! Le succès et la rentabilité financière sont assurés.

1- Les shootings privés – la recherche d’un décor de rêve pour sublimer les personnes 

Aujourd’hui, tout le monde sait « faire de la photo ». Les voyages et visites sont l’occasion de remplir la mémoire des téléphones par d’innombrables photos en tout genre : paysages, portraits, monuments, scènes en actions etc. Néanmoins, si la photographie est désormais à la portée de tous, certains évènements de la vie impliquent de réaliser de vraies séances photos. La mode se répand… Pourquoi ne pas faire appel à un photographe professionnel pour immortaliser les moments de vie uniques ?

Quelles sont les cibles des shooting privés ?

Enterrements de vie de jeune fille (EVJF), enterrement de vie de garçon (EVG), mariage, naissance d’un enfant etc., les occasions de shooting privés ne manquent pas ! L’objectif est de trouver un cadre enchanteur. Les escaliers d’un château, les salons d’un manoir, la roseraie ou les canaux d’un domaine sont des lieux particulièrement prisés pour ce genre d’occasion. 

La prise de clichés est un véritable moyen de valoriser son site ! Les photos passent de main en main, circulent sur les réseaux sociaux et assurent, mine de rien, la publicité du lieu de shooting. Montrer son château dans ce qu’il a de plus beau apparaît donc comme essentiel ! 

Quels tarifs sont généralement pratiqués ?

Pour un shooting de mariage, les tarifs sont assez variables. Certains sites proposent des prestations à partir de 30 euros pour la location des espaces extérieurs du château. Si une bonne communication est effectuée, un tarif très attractif peut amener facilement des clients. La situation du château influe également sur le succès de l’offre : facilité d’accès et proximité de Paris ou des grandes villes sont des gages de réussite ! 

Quels sont les avantages à prendre en compte ?

Dans la sphère privée, le bouche à oreille fonctionne beaucoup. De belles photos de mariage prises dans un beau lieu va immanquablement faire « effet boule de neige ». L’idée de réaliser son shooting de mariage dans tel ou tel château va rapidement se propager. Na pas hésiter à être en contact et même à créer des partenariats avec des photographes spécialisés dans le domaine ! 

Quels sont les inconvénients et contraintes à prendre en compte ?

Le budget des particuliers est moins important que celui des professionnels. Il faudra accepter plus de shooting pour atteindre un chiffre d’affaire conséquent. En outre beaucoup de châteaux, qui louent leurs châteaux pour des mariages, incluent la séance photos dans la location du lieu. Si votre château n’est pas ouvert pour des mariages, le marché est donc très concurrencé ! 

Par ailleurs, les contraintes sont quasi inexistantes : dans le cadre d’un shooting pour un mariage, il suffit au propriétaire d’être présent. Le couple arrive avec son photographe et déroule sa séance comme bon lui semble. Le propriétaire doit veiller au bon entretien de son domaine afin d’assurer la qualité du « décor » proposé pour le shooting. Comme dans tous les domaines, une mauvaise réputation se répand plus rapidement qu’une bonne réputation. Proposer un shooting dans un espace mal entretenu, mal rangé ou peu propre risque de freiner très rapidement les réservations… 

Comment faire connaître son château ?

Pour accueillir des shootings privés, notamment pour les mariages, il est impératif de textebeaucoup communiquer sur le site internet du château et sur les réseaux sociaux. Il est également conseillé de communiquer auprès des photographes, wedding planner, associations etc. susceptibles d’être en contact avec les bonnes personnes.

Quels exemples de châteaux qui accueillent pour des shooting privés ?

Le Studio Mir Family, dans le Val de Marne propose différentes prestations autour de l’immortalisation « des grossesse, des premiers jours du nouveau-né et des sourires de la famille ». Une équipe spécialisée en partie dédiée aux futures mamans et aux bébés.

Et parfois, les futures mamans voient choses en grand ! Direction le Domaine de Chambord

On retrouve également les shooting d’inspiration pour les mariages. C’est le moment détente des mariés avant d’accueillir tous les invités. Place au moment de pur bonheur !

Enfin, on retrouve des shootings organisés par des associations de voitures de collection qui sont nombreuses à chercher des lieux pour leur rallye. C’était le cas au château du Taillis qui a accueilli, en septembre 2017, la 23ème édition du Rallye Automobile de Grand Papa.

2- Les shootings professionnels – la recherche de lieux inédits pour valoriser les produits

Proposer son château comme lieu de shooting, c’est répondre à une véritable demande.

Quelles sont les cibles des shooting privés ?

Nombreux sont les photographes, créateurs, designers etc., à la recherche de sites de prestige pour mettre en avant leurs modèles, produits et marques. On trouve fréquemment sur les réseaux sociaux des « posts » de photographes à la recherche d’un site historique pour accueillir leur shooting.  

Quels tarifs sont généralement pratiqués ?

Pour faire son shooting dans un monument historique, une marque verse au propriétaire entre 300 et 2.000 euros par jour. Un revenu financier non négligeable ! Au château de Janvry, par exemple, les tarifs varient de 750 € hors taxe / jour pour les shootings de projets en création (pour les sociétés de moins d’un an) à 1 500 € hors taxe / jour pour les shootings professionnels. Une journée de shooting s’étend de 9h à 19h. Les propriétaires demandent 250 € hors taxes par heure de shooting supplémentaire.

Quels sont les avantages à prendre en compte ?

Travailler avec des professionnels est rassurant puisque la location du lieu se fait de manière encadrée. 

Quels sont les inconvénients et contraintes à prendre en compte ?

Les shootings pour des publicités peuvent nécessiter une organisation complexe. Le risque est de voir arriver des équipes importantes composées de maquilleuses, caméristes, photographes, costumiers etc. Le propriétaire peut donc être amené à louer d’autres espaces à la société qui sollicite son château afin d’accueillir tout matériel de maquillage, de logistique etc. Il doit également prendre en compte ses possibilités d’accueil de véhicules. Un shooting peut nécessiter de disposer d’un grand parking à proximité du lieu de la séance photos. Il est donc nécessaire d’aborder tous ces points dès la première prise de contact avec la société concernée.

En principe, le propriétaire ne peut s’opposer à la diffusion des photos. Néanmoins, si les photos venaient à porter atteinte à sa vie privée, il pourrait contester la diffusion. Par exemple : une photo qui montrerait trop distinctement les parties habitées du château ou qui laisserait voir des documents personnels etc.

En outre, il peut également s’agir d’une photo publicitaire qui va engendrer une sur-fréquentation de curieux. Ils voudront voir le lieu du shooting. Le risque est que la vie courante des propriétaires en soit incommodée.

Comment faire connaître son château ?

Pour un shooting type « publicité » il sera préférable de s’inscrire sur des plateformesregroupant les sites pouvant accueillir les shootings comme : 
Easy Spaces
En Premier Lieu
Wakup
Les Maisons de Zoe

Dans ce cas de figure, n’importe quel château ne peut pas être retenu. L’idéal est de posséder plusieurs grands espaces et au minimum une grande pièce d’au moins 50 m2. La pièce louée doit pouvoir présenter une belle luminosité et être située non loin d’un endroit où stationner facilement. 

Pour traiter avec une société professionnelle, le propriétaire doit établir un contrat de location. Ce contrat définit précisément le temps passé sur le site, les espaces compris dans la location et les tarifs demandés. Il sera nécessaire de faire également un état des lieux avant et après le shooting

Exemples de contrat de location pour un shooting

Beaucoup de châteaux accueillent des shooting privés. D’un point de vue de la communication, accueillir des shooting de marques célèbres influencera immanquablement l’intérêt du public pour le site. 

Dans le cadre d’un shooting publicitaire, les photos prises pourront être diffusées comme affiches publicitaires ou faire l’objet de publications sur les réseaux sociaux. L’image du château est ainsi véhiculée très efficacement auprès d’un public qui n’aurait pas nécessairement eu connaissance de ce château s’il n’avait vu cette photo sur Instagram, Facebook ou autres outils de communication.

Le château de Canisy a accueilli en 2018, un shooting photo afin de présenter une collection de la marque Sezane. Les photos issues du shooting ont engendré plus de 300 interactions sur Facebook. Sur Instagram, chaque photo a été vue plusieurs milliers de fois. Les chiffres parlent d’eux-mêmes et témoignent de la visibilité que peut dégager l’organisation d’un shooting dans son château.

Au château de Champs-sur-Marne (site ouvert au public toute l’année), la marque Pandora a profité des beaux jours pour effectuer son shooting nouvelle collection.

Le château de Janvry, quant à lui, n’est pas ouvert au public pendant l’année mais dédie un pan de son activité de réceptions à l’accueil de tournages et de shooting. Il met à disposition ses salons, grandes chambres, théâtre, ancienne cuisine, grenier, chambres de bonne, cachots, caves ainsi que son domaine, ses bois et prairies. 

Le château de Vaugrigneuse, qui a déjà reçu plusieurs shooting de mode (les Echos spécial mode, Sarenza…) dédie une page de son site internet à la promotion de l’accueil de shootings. 

Conclusion 

Lorsqu’on parle d’organiser un shooting dans son château, il est nécessaire de distinguer shooting privé et shooting professionnel. L’organisation sera sans doute plus contraignante pour le second cas de figure mais aura des retombées financières et publicitaires très avantageuses pour le site. Pour éviter tout désagrément, le propriétaire doit établir un contrat précis qui évitera tout problème durant la réalisation du shooting. 

Malgré quelques contraintes, l’offre de shooting est très intéressante à exploiter dans le cadre de la valorisation des vieilles pierres. Le marché explose et les lieux anciens sont particulièrement prisés pour leur authenticité et l’esprit qu’ils dégagent. 

A vous de jouer ! Si vous avez d’autres questions, n’hésitez pas à nous écrire : contact@hephata.fr

Pour aller plus loin

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La photographie au service des châteaux

L’influence du luxe sur le patrimoine historique

Les orangeries et structures éphémères

Les avantages pour des investisseurs institutionnels d’investir dans du patrimoine historique naturel : fiscalité avantageuse, diversification du risque, rendement…

Introduction

Pourquoi investir dans le patrimoine historique naturel ? Sur le marché économique, certains acteurs dédient leur activité professionnelle à la gestion du portefeuille financier de clients qu’ils conseillent. Ils ont pour mission de repérer des terres agricoles, des vignobles, des forêts etc., d’en évaluer le potentiel et de les acheter pour leur en faire bénéficier. Dans cet article, vous découvrirez les motivations de ces gestionnaires qui investissent dans le patrimoine naturel pour le compte de leur client. Et vous pourrez donc vous en inspirer. 

Ce que vous trouverez dans cet article :
– Proposer des solutions d’investissements diverses qui apportent de la valeur et dé-risquent le portefeuille de leurs clients
– Offrir la possibilité de réaliser des plus-values, éventuellement défiscalisées
– Offrir un rendement sécurisé et plutôt stable
– Assurer une sécurité patrimoniale et fiscale par un placement ancré sur des biens réels

Une stratégie d’acquisition de patrimoine naturel pour le compte des clients

Les sociétés de gestion de portefeuille ont pour mission de gérer les investissements de leurs clients qui sont principalement des :
– Investisseurs institutionnels
Family offices
– Épargnants

Les investisseurs institutionnels sont des organismes non-bancaires dont le rôle est d’investir les fonds collectés auprès de leurs clients (assurés, particuliers, fonds de pensions etc.) dans des valeurs mobilières (actions, obligations), en immobilier ou dans les matières premières. On retrouve des banques, des compagnies d’assurances, des fonds de placement, des caisses de retraites… Ces organismes sont des investisseurs sur le long terme. Ils exercent un rôle économique très important sur les marchés financiers puisque l’argent qu’ils placent sert à alimenter le capital-risque, donc à stimuler la création d’entreprise. 

Les family offices datent de la fin du  XIXème siècle. De grandes familles industrielles, comme les Rockefeller, ont en effet eu besoin de se référer à des professionnels pour préserver et développer leur patrimoine familial. Il existe deux sorte de family offices :
Les single-family office : organisations privées qui accompagnent une seule famille à structurer son patrimoine et à gérer ses actifs tout en gérant ses affaires quotidiennes et administratives. Son rôle est d’être l’interlocuteur unique de la famille.
Les multi-family office : sociétés commerciales privées qui accompagnent plusieurs familles fortunées dans l’organisation, la gestion et la préservation de leur patrimoine

Les épargnants sont des personnes qui réalisent l’action d’épargner. L’objectif de l’épargne est de stocker ou d’économiser de l’argent de manière sécurisée. L’épargne peut être réalisée en vue d’un projet comme par exemple l’acquisition d’un bien mobilier ou immobilier. On retrouve deux catégories d’épargnants :  
Des personnes physiques (des particuliers) qui peuvent placer leur argent sur un livret d’épargne
Des personnes morales (des entreprises) qui peuvent placer leur argent sur un compte courant professionnel

Proposer des solutions d’investissements diverses à ses clients qui viennent apporter de la valeur et dé-risquent leur portefeuille

L’acquisition de patrimoine naturel est un investissement sécurisé. Il s’appuie en effet sur des actifs qui sont des biens réels, et possèdent donc une valeur qui leur est intrinsèque. En outre, il est possible de répartir son épargne sur différents types de biens (type de culture, essences d’arbre, géographie etc.) et donc de réduire les risques. 

Les organismes qui gèrent le portefeuille patrimonial pour le compte de leurs clients cherchent donc à diversifier leur patrimoine. Ils se tournent alors facilement vers l’investissement dans le patrimoine naturel dans la mesure où ils cherchent à valoriser un portefeuille en lui faisant prendre le moins de risque possible. 

Offrir la possibilité de réaliser des plus-values, éventuellement défiscalisées

L’objectif premier des sociétés de gestion de portefeuille consiste à piloter des capitaux ou des fonds afin de dégager un revenu et d’enregistrer des plus-values sur la durée. Il convient de trouver l’équilibre entre la part de rendements et la part de risques. En effet, plus le rendement du portefeuille est élevé, plus les actifs sont risqués. Pour atténuer ces risques, les gestionnaires diversifient les investissements. C’est dans ce cadre que l’investissement dans le patrimoine historique est pertinent. 

Offrir un rendement sécurisé et plutôt stable

L’investissement dans des actifs décorrélés des marchés financiers permet aux entreprises d’augmenter le rendement global de leur portefeuille grâce à des rendements qui fluctuent entre 2% et 15%. À l’inverse des placements en bourse, investir le patrimoine financier de ses clients dans le patrimoine naturel c’est le protéger de l’inflation et en sécuriser les revenus. 

Investir en forêts par exemple est un investissement sur le long terme, au minimum dix ans, puisque le cycle d’exploitation du bois est long. Mais ensuite cet investissement procure un rendement régulier et stable dans le temps, en moyenne entre 1% et 3% par an. 

Assurer une sécurité patrimoniale et fiscale grâce à un placement ancré sur des biens réels

Les sociétés de gestion de portefeuille gèrent le patrimoine de leurs clients en cherchant des solutions d’investissements diverses qui :
– Favorisent la plus-value 
– Assurent leur sécurité patrimoniale et fiscale

De ce fait, elles portent un vif intérêt au patrimoine naturel qui est assis sur des biens réels, par essence décorrélés de l’instabilité des marchés financiers. D’un point de vue fiscal, ces placements ont aussi un rôle à jouer. Aujourd’hui, investir dans le patrimoine naturel c’est s’engager dans une démarche écologique tendance. Par ailleurs, la préservation de l’environnement est valorisée par le gouvernement par des avantages fiscaux intéressants comme des réductions d’impôt sur le revenu.  

Exemples

Les groupements fonciers forestiers

À défaut d’investir en direct, l’investisseur peut acquérir des parts de Groupements Fonciers Forestiers (GFF), pour un montant minimum de 5 000 €. En outre, investir dans la forêt permet de bénéficier du cadre fiscal privilégié des GFF avec différents mécanismes :
La réduction d’impôt sur le revenu, via le le dispositif « Madelin », qui permet d’investir dans un GFF et d’obtenir une réduction d’IR à hauteur de 18% 
La transmission sous le régime « Monichon » qui permet de bénéficier de droits de transmission à hauteur de 75% de la valeur des forêts détenues 
Le report d’imposition sur la plus-value grâce au le régime de l’apport-cession, fixé par  l’article 150-0 B-ter du Code Général des Impôts, qui s’adresse aux actionnaires d’entreprise

Des acteurs spécialisés dans l’immobilier forestier accompagnent les propriétaires privés de forêt dans leurs transactions. C’est par exemple le cas de  Forêt Patrimoine qui accompagne chaque année la vente d’une quinzaine de forêts, comprises entre 2 500 à 4 500 hectares, à des particuliers mais aussi à des institutionnels et à des entreprises. 

Les groupements fonciers viticoles

Parmi les actifs fonciers, le viticole occupe une place importante en France. Seule Société de Gestion de Portefeuille agréée par l’AMF à intervenir en Champagne, France Valley, propose par exemple d’investir en achetant des parts de Groupements Fonciers Viticoles (GFV) ou d’actions de Foncières dont elle est gestionnaire. Le foncier Champenois ne représente que 1% de la surface viticole française mais 21% en valeur. Seule 0,6% de la surface est échangée chaque année en Champagne, et ces transactions ne sont pas accessibles aux investisseurs privés. 

Le cadre fiscal des GFV favorise ces investissements par différents mécanismes : 
Une réduction d’impôt sur le revenu à hauteur de 18 %, selon l’article 199 terdecies-0 A du CGI
L’exonération de droit de transmission au regard des articles 793 et 793 bis du CGI qui prévoient un abattement de 75% des droits fiscaux en cas de donation ou succession

L’exonération totale d’Impôt sur la Fortune Immobilière (IFI)

Les groupements fonciers agricoles

Il est également possible d’acquérir un terrain agricole via les Groupements Fonciers Agricoles (GFA). Il s’agit d’un investissement beaucoup plus abordable dont la mise minimale exigée n’excède souvent pas plus de 5 000 €. Les parts sont vendues par des sociétés spécialisées comme Agrifrance, département spécialisé du groupe Groupe BNP Paribas – Paribas Wealth Management ou des gestionnaires de patrimoine. 

Source : BNP Paribas Wealth Management

Conclusion

Investir dans le patrimoine historique naturel pour le compte de clients permet de le valoriser. Les sociétés de gestion de portefeuille ont pour mission de gérer au mieux les investissements de leurs clients – pour leur apporter une plus-value et un rendement intéressants tout en dé-risquant au maximum leur portefeuille. 

Par ailleurs, les entreprises peuvent venir elles-mêmes valoriser leurs acquisition en y injectant leurs techniques, leurs savoir-faire, leurs capitaux. La valorisation des savoir-faire intervient dans le cadre des politiques RSE.

Pour aller plus loin

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Entreprises : investir dans le patrimoine bâti

Patrimoine et politique RSE des entreprises

Utiliser le patrimoine naturel à des fins marketing. Comment les entreprises s’appuient sur le patrimoine naturel pour revendiquer un positionnement différenciant et une image de marque authentique ?

L’important à retenir dans cet article

Pourquoi utiliser le patrimoine naturel à des fins marketing ? Soutenir son image de marque ou un positionnement différenciant peut s’appuyer sur des actions de soutien en faveur du patrimoine naturel. Cet article vous permettra de comprendre la stratégie des entreprises en la matière : 
– Choisir une politique d’acquisition purement européenne pour préserver une identité collective commune ou répondre à une demande croissante du consommateur
– Allier le luxe au patrimoine comme outil de relations publiques
– Valoriser l’image de marque en s’appropriant du patrimoine prestigieux

Introduction

L’image de marque d’une entreprise est la représentation qu’elle véhicule auprès de ses clients sur internet ou via les médias. Cette image de marque est jugée par les consommateurs duquel il découle une bonne ou une mauvaise réputation. L’effet immédiat que produit l’image sur les clients est la notoriété. Il est donc très important pour les entreprises de soigner leur image de marque dans la mesure où celle-ci influence la conduite de leurs clients. De même une entreprise dont le positionnement est novateur ou différent, doit se différencier par des moyens qui viendront capter l’attention de ses cibles

Les entreprises mettent en place des stratégies de valorisation de leur engagement pour le développement durable : garantie de la qualité et de la provenance des matières premières, compensation écologique, notamment, à travers la RSE. Elles peuvent aussi miser sur le patrimoine naturel dans l’objectif de valoriser leur image de marque ou leur positionnement. 

Une stratégie qui utilise le patrimoine naturel comme levier pour soutenir son image de marque ou un positionnement différenciant

Beaucoup d’entreprises placent beaucoup d’espoir et donc de moyens financiers dans leur stratégie marketing. Cette stratégie tend à permettre d’atteindre les objectifs commerciaux et marketing qui sont fixés par la direction. Il s’agit d’un plan d’actions qui doit être mis en œuvre sur long terme.

Utiliser le patrimoine naturel comme levier pour soutenir son image de marque ou pour obtenir un positionnement différent sur le marché sont des stratégies marketing qui peuvent être  utilisée par certaines entreprises. 

Choisir une politique d’acquisition purement européenne pour préserver une identité collective commune ou répondre à une demande croissante du consommateur

Préserver une identité collective commune

Après la crise économique de 2008, certains États d’Europe ont dû commencer à vendre leur patrimoine culturel et naturel afin d’éponger leurs dettes. La Troïka, l’alliance de la Banque centrale européenne, de la Commission européenne et du Fonds monétaire international, a par exemple demandé à l’Irlande d’identifier ses biens d’une valeur de 3 milliards d’euros et de les mettre en vente en remboursement de ses dettes. L’entreprise forestière publique a alors été mise en vente grâce à un bail emphytéotique de 99 ans. Face à de nombreuses manifestations en 2013, le plan avait été suspendu. En Autriche, deux montagnes ont été mises en vente en 2011 pour un montant de 121 000 €. En Grèce, c’est  la mise en vente de terres et îles vierges qui a été exigée, comme à Corfou. 

Si l’on considère que le patrimoine européen est une identité collective à préserver, les entreprises françaises ont un rôle à jouer pour éviter que ce patrimoine ne passe aux mains d’investisseurs non européens. Une entreprise peut donc valoriser son image de marque en acquérant du patrimoine naturel, et en communiquant sur son engagement en tant qu’acteur économique européen. 

Répondre à une demande croissante du consommateur

Dans le milieu forestier, beaucoup d’entreprises sont accusées d’être à l’origine d’une déforestation de masse pour répondre à la demande croissante des consommateurs. En France, par exemple, le coût du bois-énergie a augmenté de 13 à 15 % au cours des dernières années en raison d’une forte augmentation de la demande en bois de chauffage.  On assiste à une demande croissante des consommateurs européens de produits naturels pour leur mobilier, tel que le bois.  

Décider d’acquérir du patrimoine naturel européen permet donc à certaines entreprises de production de soigner leur image de marque face aux potentielles accusations, tout en répondant à la demande.

Allier le luxe au patrimoine naturel comme outil de relations publiques

Par ailleurs, les entreprises sont amenées à utiliser des méthodes spécifiques pour :
– Communiquer sur leurs activités
– Promouvoir leur image de marque

Ces méthodes relèvent de ce qu’on appelle les relations publiques (RP) d’une entreprise. On remarque que les grandes marques de luxe aiment à recevoir leurs invités lors de soirées de gala dans des lieux de patrimoine historique hauts en couleurs. Luxe et patrimoine font très bon ménage. Il permettent aux marques de se différencier facilement de leurs concurrents par une communication fondée notamment sur l’esthétisme. L’objectif est de « donner envie ». 

L’évènementiel est un excellent moyen pour communiquer sur des thèmes qui vont renforcer l’image de marque ou le positionnement choisi par l’entreprise. Fêter un anniversaire permet par exemple de :
– Retracer les grandes étapes qui ont marqué l’histoire de l’entreprise
– Donner les résultats
– Remercier collaborateurs et clients

En outre, les RP sont un moyen pour faire connaître l’entreprise par le biais de la communication institutionnelle. L’entreprise a tout loisir pour parler de ses valeurs, de ses actions, de ses résultats et objectifs etc. Une communication réussie passe par une bonne entente avec les prescripteurs de son secteur et notamment les journalistes. Ces derniers sont continuellement à la recherche de sujets d’actualité intéressants et originaux qui seront à même d’intéresser leurs lecteurs. 

Le luxe appartient à cette catégorie de sujets très en vogue. Les français excellent dans ce secteur avec des grandes marques comme Hermès, LVMH ou Chanel. Au niveau mondial le marché du luxe est « dopé par l’enrichissement de la classe moyenne des pays émergents » rapporte l’économiste Lionel Fontagne. Selon lui, « tout ce qui peut renforcer l’image de marque d’un produit est très important (…). Il faut aussi savoir raconter une histoire ».

Et c’est cette histoire qui attire les lecteurs, très intéressés par le patrimoine dans sa globalité (artisanat et savoir-faire français, patrimoine naturel et culturel). C’est aussi un sujet qui attire les journalistes. Soutenir le patrimoine naturel est donc une bonne stratégie pour promouvoir son image de marque ou son positionnement sur le marché ! 

Valoriser son image de marque en s’appropriant du patrimoine naturel de prestige

Bon nombre d’investisseurs étrangers s’approprient du patrimoine prestigieux. Depuis les années 2010, les investisseurs chinois ont commencé à investir dans le vignoble bordelais. 

Selon Michael Baynes sollicité par la Revue du Vin de France, de l’agence immobilière Maxwell-Storrie-Baynes spécialisée dans le foncier viticole bordelais, « ils achètent d’abord des petits domaines, de 2 à 7 millions d’euros, afin de commencer à connaître le secteur. Pour leur second achat ils investissent un peu plus ». Ce rachat s’explique notamment par une volonté affirmée de communiquer auprès de la clientèle chinoise sur l’amélioration des vins grâce à une fabrication « Made in France ».

Li Lijuan, œnologue qui a travaillé auprès de l’acquéreur du château Grand Mouëys en 2012, prédit que la tendance s’oriente vers l’achat de propriétés classées qui sont plus chères ! Pour elle, l’investissement est logique : les vins « se vendent dix fois plus cher en Chine ».

Exemples

Voici des exemples d’entreprises qui cherchent à utiliser le patrimoine naturel à des fins marketing.

Cas n°1 : LVMH et Bernard Arnault au Château d’Yquem

Pour LVMH, l’image de marque ça compte. Chef de file mondial de l’industrie du luxe en termes de chiffre d’affaires, le groupe possède plus de soixante-dix marques de prestige dans le domaine des vins et spiritueux. Quoi de plus naturel que d’allier luxe et patrimoine ? Côté patrimoine bâti, LVMH a fait du château d’Yquem, qui surplombe le terroir un véritable outil de relations publiques. En 2005, Bernard Arnault y a d’ailleurs marié sa fille Delphine, membre du Conseil d’administration de l’entreprise.

Les journalistes étaient nombreux à suivre l’événement pour apercevoir des personnalités du monde des affaires, de la politique et de la mode venus assister à la cérémonie : Karl Lagerfeld, Bernadette Chirac, alors épouse du président de la République, des membres du gouvernement dont Nicolas Sarkozy ou encore l’infante d’Espagne. 

Un véritable coup de com’ aussi bien pour la presse dites « people » que pour la presse économique. Devenir l’actionnaire majoritaire d’un grand cru valorise fortement l’image d’une entreprise et de son directeur.

Cas n°2 : Jinshan Zhang et le château du Grand Mouëys

En quelques années, la Chine est devenue le premier pays importateur du vin de Bordeaux. Le pays doit en effet faire face à une forte augmentation de sa demande en vin et le savoir-faire bordelais permet d’améliorer les vins chinois.

Question de business mais aussi de prestige et d’image de marque. Jinshan Zhang, propriétaire du groupe Ningxiahong, a racheté le château du Grand Mouëys. Il explique que « les vins de Bordeaux sont les plus célèbres et les plus appréciés en Chine. » Pour lui, acheter un château en appellation Côtes de Bordeaux est donc « une stratégie à long terme pour l’image de marque »

Cas n°3 : Ikea soigne son image de marque face aux accusations liées à la déforestation de masse pour le commerce international

On accuse l’Europe d’être responsable d’un tiers de la déforestation liée au commerce international. Pour faire face à ces accusations, Ikea a développé une réelle politique de communication autour de ses différentes actions dont :
– Le soin de son image par un travail collaboratif avec The Forest Stewardship  et WWF 
– L’adoption d’un code strict, pour le respect des forêts
– La communication sur l’origine du bois et la légalité de son emballage

Conclusion 

Soutenir le patrimoine naturel permet donc de soutenir son image de marque ou son positionnement sur le marché. C’est pour cette raison que beaucoup d’entreprise se posent la question d’utiliser le patrimoine naturel à des fins marketing. C’est un levier important notamment dans le secteur du luxe et de la consommation. Prestige, engagement, voilà des mots qui sont très recherchés par les entreprises pour valoriser leur action.

Pour aller plus loin

Entreprises : investir dans le patrimoine bâti

Les actifs naturels ou patrimoniaux des entreprises

Renforcer sa production en valorisant le patrimoine

Investir dans le patrimoine historique naturel

Comment les entreprises relient patrimoine et politique RSE ? Les grandes entreprises qui intègrent le patrimoine à leur politique RSE décuplent leurs impacts économiques, écologiques et sociaux

L’important à retenir dans cet article

Les entreprises investissent dans le patrimoine naturel dans une dynamique de protection de l’environnement, de l’écosystème. Valoriser son engagement RSE à travers le patrimoine naturel est-ce donc si simple ?

Cet article vous permettra de comprendre la stratégie d’investissement des entreprises qui s’engagent en faveur du développement durable, à travers différentes actions :

– Garantir la qualité et la provenance des matières premières
– Bénéficier de labels et de certifications
– S’inscrire dans une politique de compensation écologique
– Promouvoir un engagement éthique et responsable en faveur du développement durable et apporter des preuves de cet engagement

Une stratégie d’acquisition qui vient porter un engagement RSE

Face à l’urgence de protéger l’environnement, de nombreuses entreprises se sont engagées dans la réduction des dépenses énergétiques, le recyclage des déchets, la formation des  salariés autour du développement durable, notamment. Ces engagements s’inscrivent, de manière plus large dans une politique encadrée : la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) qui, selon la Commission Européenne est « la responsabilité des entreprises vis-à-vis des effets qu’elles exercent sur la société »

Il s’agit pour les entreprises d’intégrer volontairement les préoccupations sociales et environnementales dans le cadre de :
– Leurs activités commerciales
– Leurs relations avec leurs parties prenantes

La RSE s’appuie sur trois piliers, la triple bottom line, qui transpose la notion de développement durable à l’échelle de l’entreprise : un développement économiquement efficace, socialement équitable et écologiquement soutenable.

Selon Madame Gro Harlem Brundtland, Première Ministre norvégienne qui préside la commission en charge du futur Rapport Brundtland sur l’environnement et le développement en 1987, le développement durable est un « développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs ».

Aujourd’hui par exemple la filière du bois est très controversée. Se posent en effet de réelles questions sur l’origine du bois et sur le pillage des forêts  ainsi que de mauvaises gestions de la production en bois. Internaliser les matières premières de la filière bois s’inscrit dans une logique RSE. Elle permet notamment de :  
– Garantir la provenance des matériaux et d’offrir une vraie transparence aux acheteurs sur toute la chaîne de production 
– Solliciter des labels écologiques et responsables
– Lutter contre le vandalisme

Garantir la qualité et la provenance des matières premières

Pour les entreprises de production, acheter des ressources en matières premières permet une gestion en direct de leur approvisionnement. Aussi, cela  leur permet de garantir la provenance des matériaux utilisés

Les entreprises qui achètent des ressources en matières premières et deviennent donc elles-mêmes productrices de ces dernières peuvent ainsi offrir une transparence aux acheteurs sur toute la chaîne de production. Il leur est plus simple de tracer la qualité des matières utilisées et également de vérifier qu’elles proviennent d’une gestion responsable et légale.

Des méthodes sont mises en place pour permettre l’identification du matériau utilisé dans les stocks mais aussi sur les documents commerciaux des entreprises. Achats et ventes sont ainsi contrôlés et tracés, pour assurer au consommateur final une fiabilité maximale. Ces méthodes peuvent intégrer une démarche de labellisation ou de certification.

Pouvoir bénéficier de labels et de certifications

Les concepts comme le financement éthique, le commerce équitable ou le développement durable sont mesurés par des normes, des labels ou des certifications. Dans le cadre d’une démarche RSE, la labellisation et la certification sont donc des leviers très utilisés. Ils permettent, en effet, aux entreprises de structurer leur démarche et de la valoriser auprès de leurs différentes parties prenantes. La labellisation consiste à se faire attribuer une marque spéciale, le label, qui garantit l’origine et un niveau de qualité défini. La certification, quant à elle, permet aux entreprises de faire reconnaître que leurs produits et services sont conformes aux normes et règlements en vigueur. 

Dans la filière du bois, on retrouve notamment le label FSC et la certification PEFC. 

Le label FSC

Le label Forest Stewardship Council (FSC), créé en 1993, promeut une « gestion responsable des forêts ». En outre, il permet de contrôler les produits issus de ses forêts certifiées depuis leur origine jusqu’à leur distribution en passant par le processus de fabrication. L’objectif du label est donc de garantir que les produits utilisés proviennent de ressources contrôlées et prélevées de manière responsable. À titre d’exemple, l’Europe possède plus de 48% des forêts certifiées FSC dans le monde. 

Pour être labellisé FSC, l’entreprise certifiée doit répondre à dix principes : 

  1. Respecter les lois en vigueur ainsi que les traités internationaux 
  2. Préserver ou accroître le bien-être social et économique de ses travailleurs
  3. Respecter les populations autochtones (en dehors de la France métropolitaine)
  4. Maintenir ou améliorer le bien-être social et économique, à long termes des communautés locales dans chaque opération de gestion forestière
  5. Encourager l’utilisation efficace des produits et services de la forêt pour en garantir la viabilité économique  
  6. Mettre en œuvre une gestion forestière qui maintient les écosystèmes, la diversité biologique et les valeurs qui y sont associées 
  7. Disposer d’un document de gestion appliqué et mis à jour régulièrement
  8. Évaluer les pratiques de gestion par un suivi sérieux (qualité et quantité des produits forestiers, maintien des valeurs de conservation)
  9. Identifier, évaluer, préserver et suivre les Hautes Valeurs de Conservation présentes dans son unité de gestion
  10. Mettre en œuvre des activités de gestion qui respectent l’ensemble des principes et critères du FSC, et visent à atteindre les objectifs économiques, environnementaux et sociaux décrits dans le document de gestion.

La certification PEFC

La certification forestière PEFC atteste du respect des fonctions environnementales, sociétales et économiques de la forêt. Elle repose sur deux mécanismes complémentaires 

La certification forestière qui atteste :
– De la gestion durable de la forêt 
– Du respect des fonctions environnementales, sociétales et économiques de la forêt

Etapes de la certification (Source)

La certification des entreprises qui transforment le bois : ce mécanisme permet d’assurer la traçabilité de la matière depuis le prélèvement du bois en forêt jusqu’à la commercialisation du produit fini en passant par toute la chaîne de transformation. 

Enfin, certaines entreprises s’engagent par le biais d’une charte développement durable. C’est le cas notamment des établissements et entreprises publiques qui doivent se montrer exemplaires en la matière. La signature d’une telle charte les engage à :
– Mener une réflexion stratégique de développement durable 
– Traduire cette réflexion dans sa vision, ses projets, son management et sa façon de rendre compte, en impliquant le personnel et les différentes parties prenantes 
– Élaborer un document stratégique de développement durable
– Élaborer et piloter, dans le cadre de son document stratégique, un plan d’actions permettant d’intégrer les principes de gouvernance et de mise en œuvre 

S’inscrire dans une politique de compensation écologique

Le mécanisme de compensation écologique vise à compenser les potentiels impacts négatifs que pourrait produire sur la biodiversité un aménagement ou un projet de construction. Ce mécanisme intervient donc en amont du projet. 

Il s’agit souvent de venir compenser les impacts liés à des chantiers de construction urbanistiques tel que la construction d’infrastructures, de zones d’activités commerciales ou industrielles etc. Ces compensations peuvent être des :
– Travaux de restauration de milieux ou d’espèce
– Opérations de gestion 
– Processus immatériels comme la formation ou la sensibilisation des usagers 
– Opérations de protection comme la création d’une réserve naturelle

Ainsi, beaucoup de promoteurs immobiliers utilisent ce levier pour compenser leurs impacts liés à la construction de centres commerciaux, de parking etc. Ils détruisent une partie de la biodiversité mais se dédouanent par des travaux d’ingénierie écologique

Promouvoir un engagement éthique et responsable en faveur du développement durable et apporter des preuves de cet engagement

Les  géants commerciaux du numérique et du commerce investissent dans les énergies vertes. Ainsi, Google, Amazon ou Facebook investissent dans les panneaux solaires ou l’éolien. Apple est, quant à lui, propriétaire de plus de 14 500 hectares de forêt notamment en Chine. 

Ces groupes internationaux achètent des forêts pour les gérer intégralement. L’idée est de promouvoir une gestion durable mais aussi de s’engager dans les actions en faveur des énergies renouvelables. Ces entreprises ont besoin de montrer au monde leurs actions en matière de protection de l’environnement.

Apporter les preuves de cet engagement passe notamment par :
– Une démarche de labellisation et de certification 
– La publication récurrente de chiffres clairs et précis via des communiqués de presse, par exemple pour Ikea

Mais attention au greenwashing, même dans le cas de la marque Ikea, avec sa campagne “Agir à la racine” qui consistait à arracher un sapin des forêts commerciales pour sauver les forêts avec L’Office National des Forêts.  Ces entreprises peuvent être accusées de mal gérer leurs forêts et d’essayer de s’acheter une conscience…

L’opération “Agir à la racine” de la marque Ikea 

Exemples

Cas n°1 : la filière du bois avec Porada 

« Promouvoir son engagement éthique de l’utilisation du bois », voilà les mots qu’utilise la marque de mobilier italienne Porada qui s’engage en matière d’engagement éthique et responsable en matière environnementale. Son ambition ? Valoriser son action comme utilisateur de bois responsable et respectueux de la nature. 

En outre, pour montrer son engagement RSE au sein de ses acquisitions de forêts, Porada : 
– Pratique une gestion très conservatrice de la forêt
– Limite les coupes de bois
– Utilise le bois de manière responsable et respectueuse de la nature
– Promeut le « bois durable »

Cas n°2 : la compensation écologique avec les promoteurs immobiliers

C’est dans ce cadre de compensation écologique que les promoteurs REI Habitat et Icade ont signé un accord-cadre avec la société Néosylva. Cet accord permet aux deux promoteurs d’acquérir des droits sur les forêts de Néosylva et d’acheter la capacité de ces forêts à séquestrer le carbone atmosphérique. Le projet consiste à acquérir par avance 200 000 m² potentiels de bâtiment bois dans les cinq ans pour la construction de deux bâtiments de 5 000 m² sur l’île de Nantes. Le chantier requiert 700 ha de plantations et engage Néosylva à replanter 10 ha en Loire-Atlantique. Ces travaux doivent être certifiés auprès du label Bas Carbone.

« Concrètement, un constructeur a intérêt à dire moi, je construis en bois français et en plus, je replante » affirme Jean Guenolé-Cornet, président fondateur de la société. En échange de la garantie de renouvellement de la forêt dans 50 ans, les promoteurs s’engagent alors à reverser à Néosylva entre 1 000 et 3 000 € par hectare reboisé.

La compensation écologique (Source)

Cas n°3 : la certification avec Groupama Immobilier

Pour Stéphane Le Goff, Responsable Investment&Asset Management Forêts chez Groupama Immobilier, acheter des forêts c’est valoriser « la structure foncière des massifs forestiers en gestion, tout en participant au remembrement foncier ». Le stock de carbone séquestré dans les forêts de la société illustre sa contribution à l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre de la France. Aussi, l’ensemble des forêts de la Société Forestière Groupama, est certifié PEFC, programme de reconnaissance de la gestion durable, et qui favorise la biodiversité.

Conclusion

Ainsi, acheter du patrimoine naturel est une manière pour les entreprises de mettre en avant leur politique RSE. Cela leur permet de garantir la qualité et la provenance des matières premières qu’elles utilisent et aussi d’obtenir des labels et des certifications qui leur permettent de « valider » tous leurs engagements.

Pour aller plus loin

Notre étude d’impact

Investir dans le patrimoine historique naturel

Entreprises : investir dans le patrimoine bâti

Pour une entreprise, renforcer sa production tout en valorisant le patrimoine, est-ce possible ? Quels sont les avantages industriels qui en découlent ?

L’important à retenir dans cet article

Selon la définition de l’INSEE, les entreprises ont pour objet la « production de biens et de services ». En économie, on dit qu’elles évoluent sur un marché, système d’échanges où se rencontrent l’offre (les vendeurs) et la demande (les acheteurs). Aussi, pour faire face à la concurrence présente sur ce marché, chaque entreprise doit en permanence renforcer sa capacité de production. Comment font-elles ? Quelles stratégies adoptent-elles ? 

L’investissement dans le patrimoine bâti est déjà un moyen de développement viable pour les entreprises. Alors pourquoi investir dans le patrimoine naturel historique ? Acquérir un ensemble de ressources et des matières premières est une piste pour développer une production dans la mesure où cela permet de : 
– Éviter de perdre la marge liée aux producteurs et distributeurs 
– Réaliser des économies d’échelle 
– Injecter des savoir-faire et améliorer la performance de la production 
– Gagner du temps dans la production et éviter la dépendance vis-à-vis des fournisseurs 

Qu’est-ce que le patrimoine naturel ?

C’est en 1972 qu’apparaît la notion de patrimoine naturel avec l’adoption de la Convention concernant la protection du patrimoine culturel et naturel  par l’UNESCO . La nature et la culture sont alors mis sur un pied d’égalité. Le patrimoine naturel est une ressource à protéger et valoriser. Ce patrimoine est un « ensemble de sites non modifiés par l’homme », distingués en trois catégories :
– Les monuments naturels : grottes, cascades, chênes
– Les formations géologiques et les zones « constituant l’habitat d’espèces animale et végétale menacées »
– Les zones naturelles présentant un intérêt du point de vue de la faune et de la flore ou de l’écologie

Conformément à l’article L. 411-1 A du code de l’environnement, ces sites sont recensés dans l’Inventaire National du Patrimoine Naturel. Créé en 2003 et géré par le Musée National d’Histoire Naturelle, l’INPN institue pour l’ensemble du territoire national, qu’il soit terrestre, fluvial et marin, un inventaire national du patrimoine naturel, défini comme « l’inventaire des richesses écologiques, faunistiques, floristiques, géologiques, minéralogiques et paléontologiques ». L’État en assure la conception, l’animation et l’évaluation. 

Une stratégie fondée sur l’acquisition de ressources en matières premières 

Une matière première est un matériau d’origine naturelle faisant l’objet d’une transformation et d’une utilisation économique. On distingue quatre catégories de matières premières : 
– Les denrées alimentaires (légumes, viande, poisson)
– Les matières premières végétales (bois, caoutchouc, coton), minérales (sel, pétrole) et métalliques (fer, or, étain)

L’abbaye Notre-Dame de Sénanque et ses champs de lavande (Gordes, Vaucluse)

Dans une chaîne de production, ce n’est pas l’achat des matières premières qui coûte le plus cher. Pour autant, cet achat génère de nombreux frais supplémentaires liés notamment aux marges dégagées par les différents intermédiaires situés sur cette même chaîne. Aussi, pour les entreprises dont l’approvisionnement en matières premières est très important en volume, acheter les ressources en matières premières est une stratégie à étudier !

Éviter de perdre la marge liée aux producteurs et distributeurs

Acheter du patrimoine naturel permet à l’entreprise de gérer en direct son approvisionnement en matière première. Elle devient elle-même productrice de matière première. Nul besoin alors de faire appel aux producteurs et aux distributeurs.

Les producteurs et distributeurs facturent au client final un prix global qui comprend le prix du produit brut auquel est ajouté la marge. Pour le client final, acheter les ressources en matière première lui permet d’obtenir ses propres produits naturels et de supprimer cette marge. Une stratégie qui induit nécessairement un gain économique

En outre, en fabriquant des produits issus de matières premières qui lui appartiennent, l’entreprise est libre d’augmenter ou non le prix de vente du produit final. Si elle décide de ne pas le modifier, elle pourra accroître sa propre marge bénéficiaire.

Réaliser des économies d’échelles

Une économie d’échelle correspond à la baisse du coût unitaire d’un produit obtenue grâce à l’augmentation de la quantité de sa production. Pour réaliser des économies d’échelles, une entreprise peut choisir entre différents mécanismes dont :
– La répartition des coûts fixes incompressibles (machines, bâtiments, frais administratifs etc.) sur un plus grand nombre d’unités produites
– L’apprentissage des techniques de production
– L’optimisation de l’organisation du travail (par exemple la spécialisation de la production par du travail à la chaîne)
– Des achats de masse auprès des fournisseurs (par exemple via des centrales d’achat)

Si elle décide de baisser les prix de vente, l’entreprise pourra augmenter son nombre de ventes et améliorer son positionnement sur le marché économique.  

Injecter son savoir-faire pour améliorer la performance des productions

Dans les différentes stratégies utilisées par les entreprises pour développer leur croissance, le rachat de patrimoine naturel leur permet de renforcer leur offre commerciale auprès des clients. En effet, elles peuvent mettre à profit leur savoir-faire et expertise dans certaines techniques de production pour maîtriser davantage la transformation des matières premières et donc améliorer la performance de la production.

L’injection de son savoir-faire dans les techniques de production peut permettre à l’entreprise de toucher plusieurs types de clientèle. 

L’exemple montre que les organisations, en internalisant les ressources en matière première et en y apportant leur savoir-faire, non seulement réalisent des économies intrinsèques à l’internalisation – parce que leurs outils de production, leurs processus et méthodes, leurs compétences internes et leurs capacité d’investissement le permettent – mais aussi, valorisent le patrimoine mieux que quiconque. Il y a donc un véritable effet gagnant-gagnant à ces acquisitions, car en même temps que le patrimoine vient apporter de la valeur à l’entreprise, l’entreprise en donne à ce dernier. C’est le cas lorsque LVMH rachète des terres viticoles françaises, un exemple détaillé ci-après. 

Cela pose néanmoins question : y a-t-il un risque d’épuisement plus rapide ? 

Eviter la dépendance aux fournisseurs et gagner du temps dans sa production

Dans la production, il est difficile de ne pas devenir dépendant de ses fournisseurs. Un fournisseur peut détenir intégralement une source d’approvisionnement d’une matière première. Il est alors en situation ascendante sur ses clients et peut négocier les prix comme il l’entend. 

C’est ce qu’explique le modèle des cinq forces de Porter, professeur de stratégie à Harvard, qui permet d’évaluer les forces concurrentielles existant sur un même marché économique : 
– La menace des nouveaux entrants sur le marché
– La menace des produits de substitution
– Le pouvoir de négociation des clients
– Le pouvoir de négociation des fournisseurs
– L’intensité de la rivalité entre les concurrents

Aussi, acquérir du patrimoine naturel, c’est-à-dire des ressources en matières premières, permet à l’entreprise de :

– Gagner du temps puisqu’elle gère son approvisionnement en direct
– Ne plus dépendre économiquement et opérationnellement de ses fournisseurs
– Obtenir de meilleures performances de production et de vente lorsqu’elle réalise des économies d’échelle

Exemples

Voici des exemples d’entreprises qui ont su répondre à cette question : « pourquoi investir dans le patrimoine naturel historique ? »

Cas n°1 : LVMH et Château d’Yquem ou comment LVMH renforce son arsenal de production en achetant ses propres vignobles

En 1999, le groupe LVMH devient l’actionnaire majoritaire du vignoble d’Yquem, élevé au rang de Premier Cru Supérieur en 1855. Ainsi, LVMH mise sur l’exploitation et la valorisation de ressources viticoles du Château d’Yquem, pour lesquelles il a su développer de nouvelles techniques dans le processus de fabrication qui ont permis d’accroître le volume de production.  

Sans augmenter le nombre d’hectares, la production de Bordelais et de Sauternes est passée de 100 000 à 125 000 bouteilles par an. Une belle manière de valoriser le patrimoine viticole.

Depuis, LVMH a acquis d’autres domaines. D’abord des vignobles prestigieux comme Moët & Chandon, Veuve Cliquot, Ruinart ou Hennessy, labellisés en 2019 « vins d’exception » par le groupe. Ensuite en Provence, misant sur le vin rosé, avec les Châteaux du du Galoupet et d’Esclans en 2019. Pour s’en tenir au cas français — puisque LVMH possède aussi des domaines viticoles californiens –, cette acquisition de patrimoine naturel soutien l’internationalisation, la légitimité et la croissance des bénéfices de l’entreprise LVMH, tout en assurant la valorisation du patrimoine naturel viticole. 

Vin du Château d’Yquem

Cas n°2 : IKEA devient propriétaire de bois pour anticiper une activité de production exceptionnelle

Ikea a acheté trente-quatre fois la surface du bois de Vincennes. Ce géant de la conception et la vente de mobilier et objets de décoration doit faire face à une activité de production exceptionnelle. « Dans le secteur de l’ameublement pour la maison, nous sommes, avec l’américain Walmart, le plus gros acheteur au monde » souligne Henrik Elm, global purchase manager de l’entreprise.

D’après une estimation de 2013 de La Tribune, plus de 100 millions de produits sont vendus chaque année. 60% de ses produits sont fabriqués à base de bois pour une consommation annuelle de 16,27 millions de mètres cubes de bois. Chaque année, Ikea consomme 4,1 millions d’hectares de bois soit l’équivalent d’un quart des massifs forestiers français.

Alors, pour respecter sa promesse de « prix bas tous les jours », Ikea doit à tout prix réduire ses coûts. Internaliser son apport en matière première, le bois, en achetant des forêts semble être la solution incontournable…

Conclusion

Acheter du patrimoine naturel est une manière pour les entreprises de production d’acheter les ressources en matières premières nécessaires à la fabrication des objets qu’elles vendent sur le marché. En choisissant cette stratégie d’acquisition, elles peuvent réaliser des économies, gagner du temps ou encore améliorer leur performance par l’injection de nouveaux savoir-faire. 

Pour aller plus loin

Entreprises : investir dans le patrimoine bâti

Les actifs naturels ou patrimoniaux des entreprises

Utiliser le patrimoine naturel à des fins marketing

Défiscaliser les charges liées à la restauration d’un monument historique. Quelles charges sont déductibles au titre de la loi Monuments Historiques ? Quels sont les revenus concernés ? 

Les monuments historiques français sont soumis à un régime fiscal bien particulier qui varie selon la situation de l’immeuble. Les propriétaires de monuments peuvent bénéficier de déductions fiscales de charges engagées mais aussi lorsqu’ils réalisent des travaux sur leur Bien Immobilier. 

La loi Monuments Historiques 2020 propose ainsi aux investisseurs et aux propriétaires une défiscalisation intéressante permettant en contrepartie la rénovation et l’entretien du patrimoine historique.

Ce que vous trouverez dans cet article : 
– Un résumé des principes et conditions régissant la loi Monuments Historiques 
– Les déductions fiscales concernées dans le cadre de cette loi 
– Les modalités des déductions fiscales selon le type et l’usage de MH

Focus sur la loi Monuments Historiques 2020

La loi Monuments Historiques existe depuis 1913. Cette loi de défiscalisation vise à favoriser l’entretien et la restauration de biens patrimoniaux inscrits ou classés au titre des Monuments Historiques. 

La loi Monuments Historiques 2020 propose d’intéressantes opportunités de déductions fiscales pour les propriétaires de biens patrimoniaux qui souhaiteraient entreprendre des travaux de restauration. On peut imputer le montant des travaux des revenus fonciers et professionnels du propriétaire, et ce sans aucune limite. 

Conditions impératives pour prétendre à un régime fiscal particulier

Pour bénéficier d’un régime dérogatoire, il faut remplir certaines conditions :
Le Bien Immobilier doit être classé, inscrit à l’ISMH, ou détenteur d’un label délivré par la Fondation du Patrimoine en raison d’un caractère historique ou artistique particulier.
– Le propriétaire doit s’engager à conserver l’immeuble pendant au moins 15 ans.
– Le bien ne peut être détenu par une société opaque,
c’est-à-dire une société assujettie à l’Impôt sur les Sociétés (IS).
Le bien ne peut faire l’objet d’une co-propriété, sauf à détenir une autorisation des ministères du budget et de la culture. 

Qui sont les propriétaires concernés par la loi MH 2020 ?

L’investissement Monuments Historiques en 2019 s’adresse plus particulièrement aux investisseurs situés dans les tranches d’imposition supérieures. L’impact fiscal étant optimisé pour les revenus situés dans les tranches à 41% et 45% ». 

Les propriétaires peuvent être :
Tous les contribuables domiciliés fiscalement en France au sens de l’article 4B, détenant ainsi le Bien en direct. 
Les Sociétés civiles immobilières (SCI) familiales, c’est-à-dire lorsque les associés sont membres de la même famille. 
Les Sociétés constituées par des collectivités publiques
Les SCI non soumises à l’Impôt sur les Sociétés (IS) détenant un Bien affecté à l’habitation pour au moins 75% des surfaces habitables. Pour les Biens acquis après 2018, il n’est plus nécessaire de faire une demande d’agrément auprès des ministères du budget et de la culture. 

Attention ! Les sociétés à capitaux, soumises à l’IS, sont exclues de cette liste.

En cas de classement ou d’inscription partiel limité à des éléments isolés ou dissociables de l’ensemble immobilier (un escalier ou certaines salles par exemple) les avantages fiscaux du régime Monuments Historiques 2020 ne concernent que les parties classées ou inscrites.

Quels sont les immeubles concernés par la loi MH 2020 ?

Les monuments concernés sont ceux répondant aux critères précités. 

Il faut apporter une nuance quant au temps annuel d’ouverture au public du site. On peut réduire les 50 ou 40 jours du nombre de jours durant lesquels le MH fait l’objet de visites d’enfants ou de scolaires et étudiants (dans le cadre de conventions conclues avec des établissements d’enseignement). Ces visites doivent avoir lieu entre le 1er septembre et le 31 août de l’année suivante et doivent accueillir au moins 20 participants à chaque fois. La réduction de jours d’ouverture du site ne peut cependant dépasser dix jours au total. 

Attention ! Tout immeuble construit sur une zone de proximité d’un site classé ne peut pas être éligible à la défiscalisation des MH à moins que cet immeuble ne soit lui-même classé ou inscrit. 

Pour bénéficier des avantages fiscaux de la loi MH 2020, le Bien ne peut être démoli ou transformé à moins d’en avoir reçu l’autorisation du ministère de la culture. Le propriétaire s’engage également, à ce titre, à conserver son Bien pour une période de 15 ans minimum à compter de son acquisition.

La réduction des charges 

En plus des conditions ci-dessus, les charges inhérentes à la gestion du monument sont déductibles à 100% si le monument est ouvert au public, et à 50% s’il ne l’est pas.  On considère qu’un site est ouvert au public dès lors qu’il est ouvert 50 jours entre avril et septembre (dont 25 jours non ouvrables) ou 40 jours entre juillet et septembre. 

La loi Monuments Historiques 2020 rend déductibles de l’impôt un certain nombre de charges, si elles sont liées aux travaux, à l’entretien ou à la visite du monument historique. Il s’agit des charges concernant : 
– Les frais de publicité
– Les assurances
– La taxe foncière
– Les frais de gestion (rémunération de garde, conciergerie, dépenses d’acquisition de matériel)
– Les frais d’entretien

Contraintes de travaux 

Les travaux doivent aboutir à la restauration des logements Monuments Historiques. C’est au propriétaire de les initier. Un Architecte des Bâtiments de France devra suivre leur qualité. Il revient à une société privée ou à un architecte de réaliser les travaux.  

Les déductions fiscales liées aux travaux effectués sur un MH

En cas de travaux effectués sur un bien immeuble remplissant tous les critères exposés ci-dessus la part du coût des travaux, à la charge du propriétaire, est déductible à 100% de l’impôt sur le revenu à condition que le monument soit ouvert au public.

Si le monument n’est pas ouvert au public mais bénéficie de subventions d’Etat pour les travaux, la part due par le propriétaire est également déductible à 100%. En revanche, si les travaux ne bénéficient pas d’une subvention d’état, cette part est déductible à 50%. 

Les avantages fiscaux concrets de la loi MH 2020

La loi MH présente divers avantages pour les investisseurs. Au-delà de la satisfaction de savoir œuvrer à la protection du patrimoine, la défiscalisation entraînée par la loi n’a aucun plafond, elle entraîne une exonération de tous les droits de succession (lien article Les avantages fiscaux liés aux Monuments Historiques) aux conditions habituelles. L’imposition reste classique en cas de plus-value immobilière

Cette loi permet donc de déduire de ses impôts le montant des travaux effectués sur un MH. Les différents types de travaux permettant l’éligibilité à ce régime fiscal sont les travaux permettant au bien d’être habitable, les travaux de démolition ainsi que les travaux des murs extérieurs et les travaux de rénovation de la toiture.

Les déductions possibles selon les différents usages du MH 

Les déductions fiscales sont imputables pour partie au revenu global et pour partie au revenu foncier, suivant les conditions suivantes : 

  1. L’investissement ne génère aucune recette

Les charges foncières sont déductibles du revenu global, à hauteur de 100% si le MH est ouvert au public, de 50% dans le cas contraire

  1. L’investissement génère des recettes mais est inoccupé 

Les charges foncières sont déductibles du revenu foncier. Dans le cas où le bien est loué, elles sont déductibles du revenu global

  1. L’investissement génère des recettes et est occupé

Les charges foncières relatives à la partie occupée du Bien sont déductibles du revenu global. Celles relatives à la partie inoccupée sont déductibles du revenu foncier. 

Source : BOFIP

Pour aller plus loin 

Protéger un monument – MH ou ISMH ?

Les avantages fiscaux liés aux Monuments Historiques

Les avantages fiscaux liés aux Monuments Historiques : à quels types d’avantages les propriétaires peuvent prétendre ? Quelles sont les conditions pour les obtenir ?

En France, posséder un monument historique donne droit à certains avantages fiscaux. Ces avantages visent notamment les impôts (IR et ISF) ainsi que les droits de succession et de donation. Il peut s’agir de déduction de charges ou d’exonération.

Ils offrent aux propriétaires des allègements financiers dans divers domaines (travaux, ouverture au public, etc.). Ces avantages répondent à des conditions précises relatives à la nature et à la gestion et l’entretien du bien. On regarde aussi s’il est ouvert ou non au public. La majorité de ces avantages relèvent de la loi Monuments Historiques 2020

Attention ! Les règles présentées ci-après sont les dispositions en vigueur en 2019. Elles sont susceptibles d’évoluer à la suite de modifications législatives ou réglementaires. 

Ce que vous trouverez dans cet article : 
– Les conditions de propriété et d’usage d’un MH pour obtenir des avantages fiscaux 
– Les déductions fiscales de charges et travaux pour les MH 
– Les avantages fiscaux liés aux donations ou successions de MH
– L’exonération de l’IFI pour les MH

Tout au long de la lecture, vous pouvez tout savoir sur la loi Monuments Historiques dans le détail. Cet article concerne les propriétaires de monuments protégés. En ce qui concerne les monuments sans protection, l’article sur la fiscalité pour des propriétaires de patrimoine non protégés pourra être utile. 

Quelles sont les conditions pour obtenir un avantage fiscal ?

Il existe certaines conditions pour bénéficier des avantages fiscaux. Plusieurs typologies de propriétaires peuvent y prétendre : 

Le cas des personnes physiques 

Ces avantages fiscaux concernent tous les contribuables dont le domicile est en France au sens de l’article 4B. Ils doivent posséder ou acquérir un Monument Historique protégé. Il doit donc avoir fait l’objet d’un classement, d’une inscription ou d’une labellisation par la Fondation du Patrimoine.

Le cas des personnes morales 

Si la détention en direct du Bien est nécessaire pour prétendre à des avantages fiscaux, certaines sociétés y ont droit : 
Les Sociétés civiles immobilières (SCI) familiales, c’est-à-dire lorsque les associés sont membres de la même famille. Les Sociétés constituées par des collectivités publiques
Les SCI non soumises à l’Impôt sur les Sociétés (IS) détenant un Bien affecté à l’habitation pour au moins 75% des surfaces habitables. Pour les Biens acquis après 2018, il n’est plus nécessaire de faire une demande d’agrément auprès des ministères du budget et de la culture. 

attention

La loi exclut de cette liste les sociétés à capitaux, soumises à l’IS

Dans les deux cas, ces propriétaires doivent détenir un immeuble : 
Classé monument historique ou inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques (ISMH)
Qui fait partie du patrimoine national grâce au label délivré par la Fondation du patrimoine 
Non classé mais ouvert au public, à savoir 50 jours par an, dont 25 non ouvrables au cours des mois d’avril à septembre inclus, ou bien 40 jours pendant les mois de juillet, août et septembre. 

Si le classement concerne l’essentiel de l’immeuble (façades, toitures, principaux bâtiments, etc.), le propriétaire est susceptible de bénéficier de l’exonération de droits de donation et succession.

S’il ne vise qu’une partie isolée et dissociable de l’immeuble (tour, escalier, plafonds d’une salle donnée, etc.), l’administration peut restreindre la déduction des charges aux seuls travaux affectant cette partie.

Les charges foncières (travaux de réparation, assurances, frais de gestion, taxe foncière), quant à elles, sont déductibles à condition que :
Le propriétaire du monument historique s’engage à conserver l’immeuble pendant 15 ans minimum à compter de son acquisition 
– L’immeuble ne doit pas faire l’objet d’une division en copropriété, sauf si cette division a fait l’objet d’une autorisation des ministères du Budget et de la Culture
– Pour bénéficier des avantages fiscaux de la loi MH 2020, il n’est pas possible de démolir le bien ni de le transformer, à moins d’en avoir reçu l’autorisation du ministère de la culture.

Quels sont les différents avantages fiscaux ?  

Il existe plusieurs avantages fiscaux auxquels les propriétaires de MH peuvent prétendre, en fonction de leurs besoins. 

Les déductions fiscales de charges et travaux

Le propriétaire d’un monument qui respecte toutes les conditions précitées, peut imputer sur le total de ses revenus imposables les charges liées à son bien, et notamment : 
Les travaux 
– Les assurances
– Les frais de gestion 
– La taxe foncière 
– Les frais de publicités et les charges résultant du droit de visite

On déduit donc ces charges soit du revenu foncier global soit du revenu lié au patrimoine, en fonction de l’usage fait du MH. 

A quelles conditions un propriétaire peut-il défiscaliser les charges sur son revenu ? 

1. Lorsqu’il n’y a pas d’ouverture au public

– Si le bien ne génère aucune recette et bénéficie seulement d’un agrément, le propriétaire peut imputer 50% des charges définies ci-dessus.

– Si le bien génère des recettes, par location par exemple, la fraction des charges liées à la partie louée est déduite des recettes totales obtenues.

Les propriétaires peuvent aussi opter pour une déduction forfaitaire égale à 75% de l’ensemble des charges foncières affectant la totalité de l’immeuble.

2. Le cas particulier des monuments ouverts au public 

Si le monument ne génère aucune recette, le propriétaire peut déduire de ses impôts 100% des charges si le bien est classé ou inscrit.

Cependant, si le bien génère des recettes, le propriétaire doit déduire des recettes de visite, les frais correspondants à cette visite (frais de publicité, achat de matériel informatique, salaire des guides, du personnel d’accueil et d’entretien…). Il peut aussi opter pour une déduction forfaitaire de 1 525 euros (2 290 euros si un parc est également ouvert au public). 

Les droits de donation et de succession dans le cadre des MH

Les immeubles classés ou inscrits sont, en principe, exonérés de droits de succession ou de donation, si le classement concerne l’immeuble dans son ensemble. L’exonération s’étend également aux parcs et jardins qui entourent l’immeuble, à condition qu’ils soient aménagés pour la visite. Les meubles peuvent aussi être exonérés s’ils constituent le prolongement historique ou artistique de l’immeuble.

Il existe des conditions supplémentaires à remplir pour obtenir l’exonération : 
– Les bénéficiaires de la donation ou de la succession doivent signer avec les ministères de la Culture et du Budget une convention à durée indéterminée précisant les modalités d’entretien des biens concernés, les conditions d’accès au public, le maintien des meubles.
L’immeuble doit s’ouvrir au public au moins 80 journées par année (de mai à septembre) ou 60 journées (du 15 juin à fin septembre).

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– Si l’une des conditions prévues par la convention n’est pas respectée, la transmission est soumise aux droits de donation ou succession, sur la base de la valeur des biens, au jour de la rupture de la convention.
– La vente, même partielle, des meubles ou immeubles est assimilée à une remise en cause de la convention et entraîne la taxation de la transmission.

Si le bénéficiaire de l’exonération donne à son tour l’immeuble, celle-ci est remise en cause sauf si les bénéficiaires de cette seconde donation adhèrent eux-aussi à la convention. Ils bénéficient alors d’une seconde exonération.

Si le bénéficiaire de l’exonération décède, l’exonération n’est pas remise en cause, même si ses héritiers n’adhèrent pas à la convention. 

La plus-value en cas de vente 

En cas de revente, la plus-value est imposée selon le régime d’imposition des plus-values immobilières des particuliers. Elle correspond au prix de vente moins le prix de revient (le prix du foncier hors travaux). Elle est fiscalisée à hauteur de 36,02%.

L’exonération de l’Impôt sur la fortune immobilière (IFI) pour les MH

Depuis 2018, l’IFI a remplacé l’ISF. Il concerne les personnes détenant un patrimoine immobilier net supérieur à 1,3 million d’euros. 

Sous certaines conditions, les propriétaires de MH peuvent ne pas être redevables de l’IFI. En effet, selon l’amendement adopté le 15 décembre 2017, ce type de biens s’ajoute à la liste des éléments exonérés de l’impôt sur la fortune immobilière en partie, voire en totalité. Dans ce cas l’exonération équivaut aux ¾ de la valeur imposable du MH. 

Les conditions pour obtenir cette exonération : 

Tout d’abord, le bien doit être classé monument historique ou inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques (ISMH). Ensuite, le propriétaire doit s’engager à conserver le bien au moins 15 ans au titre de l’article 156 bis du code général des impôts relatif au régime des monuments historiques). Enfin, le monument doit être affecté à usage commercial ou professionnel ou accueillir des visites payantes. Cette affectation peut d’ailleurs être partielle ou totale. 

Pour aller plus loin : 

Pour effectuer les démarches (travaux, convention) auprès du ministère du budget