La sauvegarde du patrimoine au service de l’homme. « Le XXIe siècle sera religieux ou ne sera pas ». Cette phrase prêtée à A. Malraux résume sa pensée : « depuis cinquante ans la psychologie réintègre les démons dans l’homme. Tel est le bilan sérieux de la psychanalyse. Je pense que la tâche du prochain siècle, en face de la plus terrible menace qu’ait connu l’humanité, va être d’y réintroduire les dieux ».
Malraux savait-il ? Savait-il que « réintroduire les dieux » pouvait vouloir dire « introduire la science dans l’homme pour en faire des dieux » ? Hephata se penche donc sur les liens entre le patrimoine et l’homme.
L’important à retenir dans cet article :
« Le XXIe siècle sera religieux ou ne sera pas »
Le célèbre Y. N. Harari (auteur des Best-Sellers Homo Sapiens et Homo Deus) affirme que, avec l’immortalité et le bonheur absolu, la « divinisation » de l’homme par la science est une des trois composantes actuelles du Graal de l’humanité, ou plutôt du Graal cherché par les acteurs de cette révolution, les GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon), les NATU (Netflix, AirBnB, Tesla et Uber) et leurs homologues chinois, les BATX (Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi) ?
Est-ce cette intuition qui a poussé Malraux à créer le ministère d’État chargé des Affaires Culturelles ? Pourquoi lui avoir confié la « mission de rendre accessibles les œuvres capitales de l’humanité, et d’abord de la France, au plus grand nombre possible de Français » ?
Nous ne saurons jamais. Quoiqu’il en soit, cette volonté de protéger l’art et toutes ses dimensions, notamment esthétiques, philosophiques, identitaires, communautaires, historiques, culturelles, architecturales, politiques, éthiques… fut la volonté d’un homme du XXème siècle. Consciemment ou non, il a souhaité fournir aux générations suivantes, l’arme précieuse de la plus large culture possible.
Son but, peut-être, fut celui de permettre d’aborder sereinement les questions spirituelles ou religieuses. Des questions qui s’imposent aux nouvelles générations.
Maintenant que les questions se posent avec la science (voir Le patrimoine historique face à la science) : il y a « urgence en la demeure ». Urgence à réactiver ces lieux de l’histoire, ces lieux dans lesquels les âges, et les pays « ont exprimé… leur plus intime pensée ». C’est ce que rappelle Michelet dans le chapitre Harmoniques (Jeanne d’Arc et autres textes, Ed. établie par Paul Viallaneix).
Noria, le robot-guide du Château d’Oiron
Une proposition : changer de paradigme et faire des espaces historiques, des lieux de réconciliation entre le passé et l’avenir
Alors que le sillon se creuse, peut-être est-il temps de changer de paradigme.
Temps d’arrêter d’envisager les technologies comme unique avenir et tout le reste comme les représentants d’un passé révolu. Car nos vies ne peuvent pas être rangées dans une vision binaire et simpliste de l’avant/après, où seules deux options sont posées :
– Un après qui n’aurait pas sa place. Les contre-courants prônent un retour radical aux racines, avec le regain d’intérêt pour les métiers manuels et peut-être aussi le retour à la spiritualité.
– Un avant qui n’aurait plus sa place. Les futuristes et les trans-humanistes prônent l’homme augmenté, invincible, aux facultés améliorées et à la vie éternelle. On envisage la mort de la mort. Mais ne nous y trompons pas, cette mort de la mort passe par une mort de l’Homme. Dénaturé, modifié, augmenté, notre corps ne peut être pensé indépendamment de notre origine.
Mais si, au contraire, nous cessions d’envisager l’avenir comme la mort de notre passé ? Si, au contraire, nous envisagions l’immense potentiel de la science comme un moyen de mieux servir nos racines ?
Si le château n’était pas qu’un lieu ancien et coupé du monde, mais au contraire un lieu ouvert sur notre temps, un lieu de réconciliation entre le passé et l’avenir ?
C’est le pari qu’ont déjà fait de nombreux acteurs. C’est notamment le cas du propriétaire du Château de Millemont. Il rassemble des chercheurs autour de la problématique environnementale. Vaux-le-Vicomte, quant à lui, rend accessible régulièrement et en direct, sur les réseaux sociaux ses évènements.
Les châteaux peuvent aussi être des lieux pour se rencontrer, échanger, partager des idées, développer des projets et faire germer une saine innovation… La sauvegarde du patrimoine doit donc être mise au service de l’homme.
A nous de jouer !
Conclusion
Les pierres étaient citadelles de la patrie citoyenne et politique.
Elles seront la citadelle de notre patrie humaine et spirituelle.
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