Habituellement utilisé pour accompagner la promotion immobilière ou le développement
d’activités commerciales, le crowdlending consiste à solliciter des prêteurs particuliers pour contribuer à financer un projet via des plateformes en ligne.
Encore peu développé pour les projets de restauration du patrimoine, ce dispositif est une alternative intéressante au financement participatif de type don contre contrepartie car il permet de récolter des montants plus élevés, au-delà d’1 m€.
Tout comme un emprunt bancaire classique, les prêts octroyés dans le cadre du crowdlending sont assortis d’une durée et d’un échéancier de remboursement.
Plusieurs typologies de prêts sont possibles:
- Le Prêt à taux 0% : le prêteur prête une certaine somme, sans intérêt, il sera
remboursé du montant qu’il a prêté selon l’échéancier convenu. Ce type de prêts est
souvent affinitaire et va attirer des personnes partageant les missions du projet sans
recherche d’intérêts.
o Exemple : Restauration de la toiture d’une chapelle. Montant total des
travaux : 58 000 €, montant financé par le crowdlending : 54 000€.
Dans ce cadre, les ressources nécessaires au remboursement ne reposaient
pas sur un modèle économique, mais sur la collecte croissante du fonds de
dotation qui réalisait l’opération, couvrant largement les dépenses mais trop
étalées dans le temps par rapport au besoin de financement des travaux.
- Prêts à taux d’intérêt : c’est le dispositif le plus proche d’un emprunt bancaire
classique. Dans ce cas, le prêt est assorti d’un taux d’intérêt versé par l’emprunteur au
prêteur (taux en général plus élevés qu’auprès d’une banque) et d’un calendrier de
remboursement selon l’échéancier convenu.
o Exemple : Rénovation de 2 maisons au sein d’un corps de ferme du XVIIIe
siècle, en vue de les louer en séjour de courte durée. Montant total des
travaux : 500 000€, montant collecté via le crowdlending : 50 000€.
Dans ce cadre, les emprunts seront remboursés par le fruit des locations.
- Prêts obligataires. Cette typologie d’emprunt est réservée aux personnes morales
(associations, entreprises, collectivités) qui émettent des titres financiers
(obligations) assimilables à une dette auprès d’investisseurs personnes morales ou
personnes physiques (les obligataires). Cette dette est assortie d’intérêts et d’un
échéancier de paiement.
o Exemple : Réhabilitation d’espaces au sein d’un bâtiment du XVIIIe siècle afin d’y accueillir des élèves en internat. Montant total des travaux : montant levé par crowdlending : 390 000 €. Dans ce cadre, la dette peut être remboursée par les recettes provenant des frais de scolarité et de logement des élèves.
Le crowdlending est assorti d’un certain nombre de conditions. La première, pour
l’emprunteur, est d’avoir une capacité de remboursement avérée. Le recours au crowdlending doit donc s’accompagner de ressources permettant d’assurer les remboursements voire le paiement d’intérêts. Ce mode de financement n’est par conséquent pas approprié pour tout type de projets. Il permet surtout une avance de trésorerie dans le cadre d’un projet de restauration ou de lancement d’activités. Cela peut constituer également un amorçage utile pour solliciter un établissement bancaire traditionnel en complément de fonds propres.
Une difficulté reste de mise : il existe à ce jour encore très peu de plateformes de
crowdlending qui permettent de financer ce type de projets, au premier rang desquels on
peut citer Credofunding, développé pour du patrimoine religieux ou cultuel. On ne peut que
souhaiter que la réhabilitation du patrimoine immobilier devienne une cause portée par les
plateformes de crowdfunding immobilier ayant pignon sur rue.
Article publié dans Courrier du patrimoine n°72 (2021)